8587e séance – matin
CS/13900

Afghanistan: À l’approche de l’élection présidentielle de septembre, le Conseil de sécurité entend des appels à garantir la participation des femmes

Ce matin, le Conseil de sécurité a tenu une réunion d’information sur l’Afghanistan qui faisait suite à la récente « mission de solidarité » sur le terrain d’une délégation de haut niveau des Nations Unies, centrée sur la question « femmes, paix et sécurité ».  La délégation, qui était en Afghanistan du 20 au 21 juillet, était dirigée par la Vice-Secrétaire générale de l'ONU, Mme Amina J. Mohammed, et comprenait la Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix, Mme Rosemary DiCarlo, la Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour la population, Mme Natalia Kanem, et la Directrice exécutive d’ONU-Femmes, Mme Phumzile Mlambo-Ngcuka.

La Vice-Secrétaire générale de l’ONU a informé les membres du Conseil des détails de la visite de cette délégation de haut niveau exclusivement féminine, qui avait pour but d’attirer l’attention sur la situation en Afghanistan avant l’élection présidentielle prévue pour le 28 septembre ainsi que sur l’évolution du processus de paix, en mettant un accent particulier sur le rôle et la participation des femmes.

Les femmes afghanes ont payé le prix fort pendant ce conflit vieux de presque 40 ans, a déploré la Vice-Secrétaire générale tout en relevant des progrès importants accomplis au cours des 18 dernières années.  Les femmes occupent désormais des postes de responsabilité dans les Ministères de la défense, des affaires étrangères et de l’intérieur, tandis que la fonction publique est composée de 27% de femmes et que certains maires et gouverneurs de provinces sont des femmes.  De plus, la Commission électorale indépendante et la Commission du contentieux électoral ont chacune à leur tête une femme.

Faisant de son côté le point de l’avancement des préparatifs électoraux, Mme DiCarlo a indiqué que le budget global des élections avait été arrêté à 149 millions de dollars, dont 90 millions seront couverts par le Gouvernement afghan et 59 millions par la communauté internationale.  La représentante des États-Unis a annoncé que son pays avait déjà versé 29 millions de dollars à ce titre. 

En ce qui concerne les électeurs, il y a 500 000 personnes de plus inscrites sur les listes électorales, dont 36% de femmes, grâce au dernier exercice d’enregistrement mené par les autorités afghanes, a salué Mme DiCarlo, précisant que le nombre total d’électeurs inscrits était estimé à 9,6 millions.  La Commission électorale indépendante tente, en outre, de doter le pays de nouveaux systèmes pour la vérification biométrique des électeurs comme pour la transmission électronique des résultats, ce qui permettrait de limiter les risques de fraude et les difficultés observées après les élections de 2018.  Les autorités afghanes sont également en train de prendre les mesures de sécurité nécessaires pour assurer le bon déroulement de la campagne électorale, a précisé la Secrétaire général adjointe, un constat confirmé par le représentant afghan. 

À l’heure actuelle, il y a 18 candidats au poste de président, dont trois ont d’ores et déjà choisi une femme comme future vice-présidente, a poursuivi Mme DiCarlo.  À neuf semaines des élections, elle a encouragé la Commission électorale indépendante à finaliser le recrutement du personnel pour le décompte des voix, ainsi que l’acquisition du matériel technique.

La séance du Conseil, ce matin, a été l’occasion pour la plupart de ses membres de réitérer leur soutien au Plan national d’action femmes, paix et sécurité et de défendre les droits civiques et politiques des Afghanes qui risquent encore d’être remis en cause, comme l’a fait remarquer la représentante de la société civile afghane, Mme Jamila Afghani, qui faisait partie des 11 femmes présentes dans la délégation du Gouvernement afghan aux pourparlers intra-afghans de Doha, les 7 et 8 juillet.  Pour elle, les droits des femmes risquent d’être sacrifiés pour un accord politique négocié ou après qu’un tel accord soit passé.  Mais, a-t-elle mis en garde, « les femmes afghanes ne sont plus celles d’il y a 30 ans »: elles connaissent leurs droits à la fois au titre de la Constitution du pays et  celui des conventions internationales.  Elles attendent d’ailleurs un soutien de la communauté internationale pour pouvoir exercer ces droits à la fois en tant que candidates et électrices au prochain scrutin, et en tant que parties prenantes à part entière aux pourparlers de paix, desquels,elles se sont senties exclues lors des négociations bilatérales entre les États-Unis et les Taliban. 

L’Allemagne, qui a coorganisé la réunion de Doha avec le Qatar, et qui copréside avec le Pérou le Groupe informel d’experts chargé de la question des femmes et de la paix et de la sécurité, était l’une des nombreuses délégations à exiger, ce matin, que les femmes afghanes soient présentes à la table des négociations de paix et pour que leurs droits soient pris en compte.  L’Afghanistan, a résumé la Vice-Secrétaire générale, se trouve à un carrefour crucial: la voix des femmes, en particulier celle des victimes, doit être entendue dans le processus de paix et au-delà. 

Allant dans le même sens, les délégations européennes ont encouragé l’Afghanistan à mettre pleinement en œuvre le Plan national d’action femmes, paix et sécurité et ont rappelé l’importance du programme Spotlight de l’Union européenne pour renforcer la lutte contre les violences à l’égard des femmes et favoriser ainsi leur autonomisation et l’égalité entre les sexes.  Comme l’a dit le représentant russe, le rendez-vous électoral de septembre 2019 doit être un facteur de renforcement et d’unification de la société afghane et un moyen de consolider la place de la femme au sein de la société.  Son homologue afghan a également affirmé que tout règlement doit passer par la reconnaissance du rôle des femmes dans le pays et dans la garantie que leurs droits et les acquis institutionnels des 18 dernières années soient protégés.  Il a fait valoir la formation récente du groupe des amis des femmes afghanes, chargé notamment de promouvoir une participation significative des femmes.  La délégation américaine a fait une mise au point circonstanciée pour dire d’une part que les États-Unis ne négocient pas avec les Taliban au nom du Gouvernement afghan, avec lequel il existe un processus parallèle, et d'autre part que le Président Trump exclut toute solution militaire à ce conflit de longue date. 

Enfin, concernant la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA), le délégué afghan a plaidé en faveur d’un renouvellement de son mandat pour un an minimum en suggérant que la Mission centre son action sur les prochaines élections et le processus de paix.

LA SITUATION EN AFGHANISTAN

Déclarations

La Vice-Secrétaire générale de l’ONU, Mme AMINA J. MOHAMMED, a exprimé ses plus sincères condoléances au Gouvernement et au peuple afghans pour les terribles attentats perpétrés hier, et qui ont fait de nombreuses victimes parmi les femmes et les enfants.  Cela constitue, selon elle, « un affront à notre humanité » et un crime au regard du droit international humanitaire.  Elle a rappelé qu’elle vient à peine de rentrer d’Afghanistan où elle s’est rendue en compagnie de la Secrétaire générale adjointe au Département des affaires politiques et de la consolidation de la paix, ainsi que les responsables d’ONU-Femmes et du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP).  Il était question pour ces hautes fonctionnaires de l’ONU d’évaluer les progrès accomplis depuis la visite du Secrétaire général dans le pays il y a deux ans, et d’explorer le soutien que l’ONU peut apporter au programme Femmes, paix et sécurité.

La Vice-Secrétaire générale a indiqué que les femmes afghanes avaient payé le prix fort pendant ce conflit vieux de presque 40 ans: sous le gouvernement taliban, les femmes et les filles n’avaient pas accès à l’éducation, aux services de santé et n’étaient pas protégées contre la violence extrême; elles ne pouvaient même pas participer à la vie politique ou publique.  Au cours des 18 dernières années, des progrès importants ont été accomplis, a souligné, cependant, Mme Mohammed en relevant que les femmes occupent désormais des postes de responsabilité dans les Ministères de la défense, des affaires étrangères et de l’intérieur, tandis que la fonction publique est composée de 27% de femmes et que des femmes sont maires et gouverneurs de provinces.  Elle a rappelé que pour les élections cruciales prévues en septembre, des femmes sont à la tête de la Commission électorale indépendante et de la Commission du contentieux électoral.  Selon elle, il est essentiel pour la légitimité du système politique que toutes les parties prenantes, y compris le Gouvernement, les dirigeants politiques, les candidats et les partis contribuent à créer un environnement favorable à un processus électoral crédible. 

Sur le plan sécuritaire, Mme Mohammed a rappelé qu’en 2018, le pays avait connu le plus grand nombre de victimes civiles depuis que la MANUA avait commencé à tenir des registres en 2009.  Au cours des cinq premiers mois de cette année, plus de 100 000 personnes ont été déplacées par le conflit, or ces déplacements augmentent le risque de violence sexiste.  Dans les zones où les Taliban ont repris le contrôle, des rapports font état de crimes d’honneur, de lapidations et d’autres atteintes aux droits des femmes, a encore expliqué Mme Mohammed.

Elle a ensuite souligné combien sont importantes et urgentes la paix, la sécurité et la stabilité économique.  Au cours de leur voyage, les responsables onusiennes ont d’ailleurs entendu un appel fort des femmes afghanes à la paix, à « une paix qui préserve leurs droits durement acquis et ne revienne pas sur ce qui a été accompli », a-t-elle précisé.  « Toutes les femmes à qui nous avons parlé souhaitaient une paix inclusive centrée sur les femmes, ainsi que sur les victimes et les survivantes », a témoigné Mme Mohammed, ajoutant que les femmes afghanes, comme toutes les femmes du monde, doivent jouer un rôle dans les décisions qui affectent leur avenir. 

Selon elle, l’inclusion n’est pas seulement la bonne chose à faire pour les femmes et les filles, mais c’est le seul moyen de parvenir à une paix durable.  Et comme l’a dit une femme: « C’est une illusion de penser que vous allez priver les gens de leurs droits et croire que vous aurez alors une vraie paix ».  La Vice-Secrétaire générale a estimé pour que la paix soit durable, il faudra du temps et une intégration de l’ensemble du pays, des femmes et des victimes.  Construire une culture de la paix signifie aussi s’attaquer aux violations et aux divisions du passé, a-t-elle observé en constatant que le pays a besoin de faire son deuil.

L’Afghanistan a fait de grands progrès pour les femmes depuis la chute des Taliban, a-t-elle poursuivi en citant les plus de trois millions d’enfants qui sont retournés à l’école, sachant que 9 enfants sur 11 sont maintenant scolarisés.  De même, les investissements dans la réduction de la mortalité maternelle sauvent des milliers de vies.  L’Afghanistan a fait plus pour investir dans le leadership des femmes que de nombreux pays disposant de plus de moyens, a remarqué Mme Mohammed qui a aussi noté que les femmes, et en particulier les jeunes femmes, se lèvent pour reprendre la place qui leur revient dans tous les domaines de la société.  Par exemple, Mme Mohammed a cité les propos d’un entrepreneur qui a créé des centaines d’emplois pour les femmes dans une usine et un marché: « lorsque nous autonomisons une femme, nous autonomisons une génération. »  Elle a noté que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 est très prometteur pour la vie des Afghans.  Au niveau du système des Nations Unies, 24 agences travaillent en partenariat stratégique avec le Gouvernement sur des questions allant de la sécurité alimentaire à la loi sur la qualité de l’eau, en passant par l’état de droit, tout en prenant des risques pour leur vie, a-t-elle noté. 

La Vice-Secrétaire générale a mis l’accent sur la réalisation de l’objectif de développement durable 5 (égalité entre les sexes) qui sera essentielle pour que les femmes aient accès à l’éducation, aux soins de santé et à un travail décent, et pour qu’elles soient représentées dans tous les domaines de la société et dans tous les processus décisionnels politiques et économiques, y compris au Gouvernement et dans les négociations de paix. 

Quant à l’objectif 16 (paix, justice et institutions fortes), sa mise en œuvre sera également essentielle pour la tenue d’élections libres, équitables et crédibles, l’instauration de la confiance dans les institutions de l’État et la facilitation de la réconciliation et de la réintégration des anciens combattants après la signature de tout accord de paix, a dit Mme Mohammed.  Elle a relevé qu’à court terme, 6,3 millions de personnes ont besoin d’une aide humanitaire urgente en Afghanistan, or, à la moitié de l’année, le plan de réponse humanitaire ne bénéficie que d’un financement de 27%.  

Pour Mme Mohammed, l’Afghanistan est à un carrefour important.  Il faut donc, selon elle, que les voix des femmes, en particulier des victimes, soient entendues à la table du processus de paix et au-delà.  Au cours de notre visite, s’est-elle félicitée, nous avons vu « d’énormes motifs d’espoir » et nous sommes reparties avec un grand optimisme pour un avenir en Afghanistan qui soit meilleur.

Notre message au peuple afghan, a déclaré Mme ROSEMARY DICARLO, Secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et de la consolidation de la paix, est de faire en sorte que la future élection présidentielle, prévue le 28 septembre, soit crédible et respecte le calendrier fixé.  Elle a toutefois précisé que l’ONU continuerait à fournir une assistance technique à l’Afghanistan pour la conduite de ces élections.  Mme DiCarlo a salué les progrès de la Commission électorale indépendante et de la Commission des plaintes électorales dans la préparation des élections.  Elle a indiqué que, en plus de son appui technique, l’Organisation avait dépêché deux personnes non inscrites sur les listes électorales afghanes au sein de chacune des deux commissions.  Les personnes déployées par l’ONU ont acquis une expérience solide au sein de commissions similaires en Bulgarie, au Ghana, au Kenya et au Népal, a-t-elle précisé.

La Secrétaire générale adjointe a en outre indiqué que le budget global des élections avait été arrêté à 149 millions de dollars, dont 90 millions seront couverts par le Gouvernement afghan et 59 millions par la communauté internationale.  Quant au collège électoral, plus de 500 000 électeurs supplémentaires, dont 36% de femmes, se sont inscrits sur les listes électorales à la suite du dernier exercice d’enregistrement récemment conclu par les autorités afghanes, a salué Mme DiCarlo, précisant que le nombre total des électeurs enregistrés sur les listes était évalué à 9,6 millions.  La Commission électorale indépendante tente en outre de doter le pays de systèmes de vérification biométrique des électeurs et de transmission électronique des résultats, ce qui permettrait de limiter les risques de fraude et les défis observés après les élections de 2018.

Parallèlement, la Secrétaire générale adjointe a précisé que les autorités étaient en train de prendre les mesures de sécurité nécessaires pour le déroulement de la campagne électorale et dans les bureaux de vote.  Le manque de sécurité a, en effet, empêché certains électeurs d’exercer leur droit de vote par le passé, a mis en garde Mme DiCarlo, appelant les autorités à assurer la sécurité de tous les électeurs, y compris les femmes et les personnes résidant dans des zones à risque.

Mme DiCarlo a précisé qu’il y avait à l’heure actuelle 18 candidats au poste de président, dont trois d’entre eux ont choisi une femme pour occuper le futur poste de Vice-Président du pays.  À près de neuf semaines des élections, elle a encouragé la Commission électorale indépendante à finaliser le recrutement du personnel pour le décompte des voix, ainsi que l’acquisition du matériel technique.  Elle a également appelé les candidats à faire preuve de retenue dans leur discours pour éviter d’attiser les tensions.

S’agissant du processus de paix, la Secrétaire générale adjointe a indiqué que les discussions entre les États-Unis et les Taliban se poursuivaient et qu’un calendrier avait été fixé pour la tenue de conférences de paix intra-afghanes, dans la lignée de celle qui a eu lieu à Doha, les 7 et 8 juillet derniers.  Parallèlement, l’appui régional au processus s’est intensifié, a-t-elle salué.  L’objectif, a précisé Mme DiCarlo, est de commencer des négociations formelles entre les deux parties afin de parvenir à un règlement du conflit.

Mme JAMILA AFGHANI de la Ligue internationale des femmes pour la paix en Afghanistan (WILPF-Afghanistan), une organisation qui travaille pour la paix en œuvrant dans les domaines de l’égalité, la justice et la démilitarisation, a expliqué qu’en 22 ans de travail en tant que leader féministe, elle a formé plus de 6 000 imams et 10 000 femmes pour qu’elles deviennent des militantes des droits de l’homme sur la base de la modération, de la justice sociale, de la tolérance, de la parité et de la participation sociale.  Plus récemment, elle a commencé à mettre sur pied des alliances entre les jeunes filles et femmes afghanes réduites au silence pour combler les écarts dans le contexte de la réconciliation en cours et pour assurer une paix durable bénéficiant à tous les Afghans.  Elle a mis l’accent sur trois domaines: l’impact des questions de genre sur le conflit, l’importance d’élections libres et justes, et l’impératif d’une participation significative des femmes aux pourparlers de paix.

Le conflit afghan a provoqué la mort et le déplacement de plus de deux millions de personnes, dont plus d’un million qui se sont réfugiés dans d’autres pays, a rappelé l’intervenante, en précisant qu’au cours des trois premiers mois de 2019, plus de 110 000 Afghans avaient été déplacés, ce à quoi s’ajoute l’impact de la sécheresse et des inondations qui ont frappé le pays en 2018.  La situation humanitaire en Afghanistan est alarmante et exige une attention immédiate, a prévenu Mme Afghani.

Elle a expliqué qu’à cela s’ajoutent les violences basées sur le genre, du fait d’acteurs étatiques et non étatiques: plus de 60% des femmes afghanes en ont été victimes, selon elle.  Trop souvent encore les femmes hésitent à dénoncer ces violences en raison du risque de stigmatisation et de représailles.  Mme Afghani a également fait état d’attaques visant écoles, personnel éducatif et centres de soins, ainsi que de raids nocturnes sur des foyers, d’enlèvements et de recrutement des jeunes garçons pour les entraîner dans la violence armée.  Elle a encore dénoncé les violences commises sur les journalistes et la torture des détenus. 

De plus, alors que les femmes et les jeunes représentent la majorité de la population afghane, ils ne jouent toujours qu’un rôle marginal dans la vie politique du pays, a-t-elle regretté en appelant à faire changer les choses.  C’est pourquoi des élections libres et justes sont essentielles, a-t-elle plaidé, en rappelant que jusque-là les scrutins avaient été entachés par la violence.  Pour les élections à venir, il va falloir garantir la pleine participation de tous électeurs afghans, a-t-elle exigé.

L’ONU et d’autres parties prenantes doivent intervenir pour réduire le fossé entre le Gouvernement afghan et les Taliban et pour assurer la participation des femmes au processus de paix, a ensuite demandé Mme Afghani.  Même si les États-Unis et d’autres partenaires ont rapidement cherché à faciliter un accord de paix négocié en septembre 2018, il y avait une absence claire de femmes dans ce processus, selon elle.  La militante a donc revendiqué fermement la pleine participation des femmes aux élections et aux pourparlers de paix à l’avenir.

Sur une note plus positive, Mme Afghani a rappelé que lors des derniers pourparlers de paix à Doha, 11 femmes afghanes avaient participé en démontrant leur attachement aux intérêts nationaux face aux risques de politisation de ces pourparlers par des acteurs nationaux, régionaux et internationaux.  Elles ont directement exprimé leurs demandes aux Taliban, a-t-elle fait remarquer.  « Les femmes afghanes ne sont plus celles d’il y a 30 ans », selon Mme Afghani: elles connaissaient leurs droits à la fois au titre de la Constitution afghane qu’à celui des conventions internationales. 

Elle a invité la communauté internationale à rester à leur côté à ce moment crucial pour garantir l’exercice de leurs droits, arguant que ceux-ci risquent d’être sacrifiés pour un accord de paix politique ou après qu’un accord soit passé.  Elle a sommé les États Membres à exiger publiquement la participation des femmes, tant au niveau des élections en tant que candidates, électrices et observatrices, qu’à la table de négociations des pourparlers de paix.

Au Conseil de sécurité, Mme Afghani a demandé d’exiger des procédures claires pour assurer l’engagement des femmes afghanes d’origines diverses dans les pourparlers de paix et dans le règlement du conflit.  De plus, le Conseil devrait garantir l’organisation et la facilitation des élections prévues pour cette année et veiller à ce que la sécurité des femmes électrices et candidates soit assurée, a-t-elle suggéré.  Enfin, Mme Afghani a demandé aux Nations Unies de tout faire pour que le cessez-le-feu soit respecté et que le sang arrête de couler en Afghanistan.

M. CHRISTOPH HEUSGEN (Allemagne) a estimé que les messages de la Vice-Secrétaire générale et de la Secrétaire générale adjointe sont entendus dans le pays et aux Nations Unies: il faut focaliser l’attention sur les femmes dans le processus de paix en Afghanistan.  Quels que soient les résultats du processus politique, tout ce qu’on a déjà accompli doit être préservé et aller bien au-delà, a encouragé le représentant.  Nous avons entendu aussi Mme Djamila Afghani nous rappeler les défis actuels, notamment le fait que les femmes et les enfants doivent survivre dans cette situation de violence, a dit le représentant en citant notamment les violences sexuelles et sexistes, un domaine où il y a encore énormément à faire.  Le représentant a rappelé que trois femmes étaient candidates au poste de vice-président, mais remarqué qu’aucune ne se présente à l’élection présidentielle.  S’il a jugé réconfortant que la représentante de l’Afghanistan soit une femme, il a estimé que cela ne suffisait pas pour autant.  S’agissant des négociations de Doha avec les Taliban, il a appelé à veiller à ce que les femmes se tiennent à la table des négociations pour que leurs droits soient pris en compte.  Elles doivent être traitées sur le même pied d’égalité, a-t-il insisté en appelant aussi à faire cesser les crimes contre elles.  La présence de plus en plus nombreuse de femmes à la MANUA peut également changer la donne, a estimé le représentant allemand.

M. DIAN TRIANSYAH DJANI (Indonésie) a souligné qu’il y avait eu de nombreux appels d’Afghanes demandant que leurs droits ne soient pas sacrifiés dans le chemin qui mène à un accord de paix.  Selon lui, une meilleure participation des femmes aux processus de paix et de réconciliation donnera plus de chances d’aboutir à une paix durable.  La délégation a encouragé le Gouvernement à finaliser la phase II de son Plan national d’action sur les femmes, la paix et la sécurité pour la période 2019-2022.  Enfin, le représentant a déploré le fait que les attentats se poursuivent dans le pays en dépit du processus de paix.  Il a condamné les attentats d’hier dans plusieurs provinces d’Afghanistan en soulignant que la violence et l’extrémisme n’ont pas leur place dans la religion.

M. HAITAO WU (Chine) a dit qu’il était préoccupé par la situation humanitaire en Afghanistan.  La communauté internationale doit aider le pays à se préparer à l’élection présidentielle notamment dans le domaine du renforcement des capacités, a-t-il recommandé.  Reconnaissant que les femmes soient encore plus vulnérables en cas de conflits armés, le représentant a demandé à la communauté internationale d’aider à accroître la participation des femmes dans le processus politique afghan, tout en tenant compte des spécificités culturelles locales.  Le Pakistan jouera un rôle crucial pour garantir le renforcement de la paix en Afghanistan, a estimé le délégué qui a rappelé la réunion sur l’Afghanistan tenue à Beijing entre la Fédération de Russie, les États-Unis et la Chine, à laquelle s’est joint le Pakistan.  Les quatre pays ont convenu, au terme de ce sommet, de la nécessité de parvenir à une solution politique pour résoudre la situation en Afghanistan, en mettant en œuvre un processus multilatéral qui inclut toutes les parties prenantes.  Ils ont salué les réunions de Moscou et de Doha pour trouver une solution politique et pour contribuer à la paix en Afghanistan.  Les parties afghanes doivent être à la hauteur des attentes de paix, a exhorté le représentant qui a appelé établir un cadre de paix rapide.  Celui-ci devra se traduire en transition rapide en gérant la situation sécuritaire et en prévoyant des modalités acceptables par les Afghans.  Il faut réduire la violence, établir un cessez-le-feu permanent et inclure toutes les parties prenantes, a-t-il résumé. 

M. NICOLAS DE RIVIÈRE (France) a présenté les condoléances de la France aux familles des victimes des attentats qui ont touché Kaboul, hier et insisté sur la protection des femmes qui, a-t-il relevé, demeurent les premières victimes du conflit et des atteintes considérables à la protection des civils.  Il a appelé l’Afghanistan à mettre pleinement en œuvre le plan d’action « femmes, paix et sécurité » et rappelé également l’importance du programme Spotlight de l’Union européenne (UE) pour renforcer la lutte contre les violences à l’égard des femmes et favoriser ainsi l’autonomisation des femmes et l’égalité entre les sexes.

S’agissant du processus de paix, le représentant a souhaité qu’il soit inclusif en plaidant pour une pleine participation directe et significative des femmes aux discussions de paix.  Il s’est félicité des progrès réalisés lors de la réunion de Doha des 7 et 8 juillet où plusieurs femmes ont été intégrées à la délégation du Gouvernement afghan.  Il a rappelé que la France avait accueilli à Paris, en juin dernier, une délégation de 15 femmes afghanes, dont trois étaient présentes à Doha, pour échanger sur leur rôle dans le processus de paix et suivre des formations à la négociation. 

À deux mois de l’élection présidentielle, M. de Rivière a jugé essentiel de poursuivre les efforts en faveur d’une pleine participation des femmes à la vie politique afghane et aux processus électoraux.  Au titre des progrès, il a noté que les femmes représentent 35% de l’électorat pour la présidentielle de septembre, soit une augmentation de 8% par rapport aux élections législatives d’octobre 2018.  Il a tout de même déploré le fait qu’aucune femme ne soit candidate, relevant que les femmes sont toujours confrontées à de nombreuses difficultés pour mener une campagne, comme l’intimidation, les menaces physiques et le manque de moyens financiers.  Enfin, il a énoncé trois priorités: redoubler d’efforts pour la protection des civils, y compris du personnel humanitaire et médical; faire aboutir les efforts pour atteindre une paix négociée et durable en Afghanistan; assurer la tenue et le bon déroulement de l’élection présidentielle qui devra être libre, transparente, crédible et inclusive.

Mme KAREN PIERCE (Royaume-Uni) a exprimé ses condoléances à la Tunisie suite au décès du Président Beji Caid Essebsi et a transmis ses condoléances au Gouvernement afghan et aux familles des victimes des attentats d’hier à Kaboul.  Elle a rappelé que l’ONU et l’Union européenne allaient redoubler d’efforts dans la lutte contre les violences à l’égard des femmes en Afghanistan grâce à l’Initiative Spotlight.  D’ailleurs, l’Envoyé spécial du Royaume-Uni s’est rendu à Kaboul pour encourager la participation des femmes à la vie politique, a dit Mme Pierce avant de mentionner la réunion qui s’est tenue à Doha avec les Taliban, les 7 et 8 juillet, à laquelle 25% des participants non-talibans étaient des femmes.  La représentante a invité à appuyer les efforts déployés actuellement par l’Afghanistan et les États-Unis pour parvenir à une solution politique au conflit afghan.

Le Conseil de sécurité et la communauté internationale doivent appuyer le processus de paix afghan en garantissant la participation de toutes les parties, en particulier des femmes, a-t-elle ajouté, arguant que toute solution politique doit se fonder entre autres sur la parité hommes-femmes.  Pour le Royaume-Uni, les élections à venir en Afghanistan seront cruciales et marqueront un jalon important dans l’appropriation nationale du processus politique afghan.  Elle a espéré que ces élections permettraient de garantir la pleine participation des femmes en tant qu’électrices et candidates.  Tous les acteurs politiques doivent agir de façon constructive afin que ces élections soient pacifiques et inclusives, a recommandé la représentante, en saluant l’engagement pris par le Taliban à Doha de ne pas attaquer les écoles.  En conclusion, Mme Pierce a déclaré que le Royaume-Uni était fermement engagé à appuyer le peuple et le Gouvernement afghans dont l’objectif est de garantir un avenir prospère à tous les Afghans.

Après avoir rappelé la condition des femmes afghanes ces dernières années, M. TIEMOKO MORIKO (Côte d’Ivoire) a remarqué que leur contribution aux processus de paix et leur participation à la vie politique restaient encore faibles, « en raison des pesanteurs liées à l’inégalité des sexes ».  Alors que les pourparlers en cours nourrissent l’espoir d’une paix en Afghanistan, le représentant a souhaité que les acquis actuels des femmes afghanes dans les domaines politiques et économiques soient préservés.  Il a ainsi salué l’augmentation du nombre de femmes dans le secteur de l’enseignement, dans le système judiciaire, ainsi que dans l’armée et la police.  Le délégué a aussi salué la nomination de deux femmes à la tête de la Commission électorale indépendante et de la Commission des plaintes électorales, « deux institutions clefs dans l’organisation de l’élection présidentielle du 28 septembre 2019 ».

M. VLADIMIR K. SAFRONKOV (Fédération de Russie) a fait remarquer que « quand on aide les femmes afghanes, on aide l’Afghanistan ».  Il a toutefois reconnu que la situation est difficile et complexe avec l’augmentation des victimes de la violence, dont les enfants, les femmes et des éléments des forces de sécurité.  La communauté internationale doit prendre des mesures pour endiguer cette tendance, a ajouté le représentant qui est préoccupé par la présence de Daech en Afghanistan et par le recrutement des jeunes par ce groupe.  Il a aussi déclaré qu’il était inquiet du trafic de stupéfiants utilisé pour financer le terrorisme en Afghanistan et appelé la communauté internationale à prendre des mesures pour lutter contre ce fléau.  La Fédération de Russie va continuer sa coopération avec l’Afghanistan pour éradiquer la menace à la paix notamment la menace de Daech, a-t-il dit.

Pour la Fédération de Russie, une fenêtre d’opportunité pour la paix s’ouvre en Afghanistan avec la convergence de l’appui international.  C’est un pas dans la bonne direction mais ce processus ne doit pas être un « concours de vanité » entre les pays, a-t-il dit, arguant que l’objectif doit être un processus rassemblant tous les éléments de la société afghane.  S’agissant du Format de Moscou, le représentant a souhaité que les discussions se poursuivent afin notamment de rétablir la confiance entre les parties.  Il faudra intégrer au processus toutes les forces du pays dont les femmes, a-t-il dit.  S’agissant de la réunion de Doha, il a voulu qu’elle se poursuive et qu’elle entende la volonté de tous les Afghans pour la paix.  Pour ce qui est de la réunion tripartite -Russie, États-Unis, Chine-, elle doit continuer, a-t-il dit en saluant l’intégration du Pakistan dans ce cadre et en proposant d’inclure aussi l’Iran.  Il faut en effet, selon lui, tenir compte du rôle que peut jouer Téhéran.  Le représentant a appelé à garder à l’esprit le relèvement postconflit de l’Afghanistan.  Pour ce qui est de l’élection présidentielle de septembre 2019, elle doit être un facteur de renforcement et d’union de la société, a-t-il souhaité en recommandant qu’elle soit un moyen de renforcer la place de la femme au sein de la société. 

M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a présenté ses condoléances au Gouvernement et au peuple afghans après les attaques terroristes survenues hier à Kaboul.  Le quotidien du peuple afghan pâtit de cette violence depuis 40 ans, a noté le représentant en appelant le Conseil de sécurité à intensifier ses efforts pour appuyer le processus politique en Afghanistan et assurer la tenue de l’élection présidentielle dans les délais prévus.  On ne peut parler de processus politique sans parler de la femme afghane, a-t-il estimé, en demandant à garantir les droits civiques et politiques des Afghanes.

Pour le Koweït, il ne saurait y avoir de paix et de stabilité dans la région sans négociations diplomatiques.  Le représentant a donc appelé toute les parties à s’y engager de manière constructive « car il n’existe pas de solution militaire au conflit afghan », dont le règlement passe en premier lieu par la réconciliation nationale.  Le représentant a pris note des rencontres bilatérales entre l’Afghanistan et certains pays de la région et a salué les efforts internationaux, dont ceux menés par les États-Unis, ainsi que les développements positifs faisant suite à la réunion interafghane de Doha.  Il faut aujourd’hui miser sur l’éducation en Afghanistan, a poursuivi le représentant, pour consolider les acquis et faciliter le développement et la reconstruction du pays.

M. MARIUSZ LEWICKI (Pologne) a estimé qu’en dépit des difficultés rencontrées par les femmes afghanes, les progrès accomplis en Afghanistan sont impressionnants.  La communauté internationale et notamment les Nations Unies sont là pour contribuer à l’émergence d’un Afghanistan stable et prospère, a-t-il dit.  Le représentant a plaidé pour que les femmes participent au processus de paix, en demandant qu’elles soient intégrées dans la résolution de conflit et dans les efforts de consolidation de paix, ce qui permettra que la paix soit plus pérenne selon lui.  Disant appuyer les efforts pour la paix en Afghanistan, le représentant a voulu que la communauté internationale aide à garantir la participation des femmes dans les pourparlers de paix.  Il s’est, par ailleurs, inquiété des violences que subissent les femmes en Afghanistan, appelant la justice à jouer son rôle dans la lutte contre les violences sexuelles et sexistes.  Le représentant a demandé des considérations spéciales pour les femmes handicapées en Afghanistan.  Enfin, il a souligné le rôle positif que jouent les dirigeants religieux dans la promotion des droits des femmes. 

Mme CHERITH NORMAN-CHALET (États-Unis) a présenté ses condoléances au Gouvernement tunisien suite au décès du Président, et au Gouvernement et au peuple afghan suite aux attaques terroristes qui ont frappé Kaboul hier.  Les femmes ont un rôle clef à jouer pour appuyer un règlement durable du conflit afghan, a-t-elle confirmé.  Cette semaine, a-t-elle rappelé, le Président Donald Trump a rappelé qu’il n’y pas de règlement militaire à la guerre en Afghanistan, raison pour laquelle les efforts des États-Unis se concentrent sur un règlement politique négocié.  Mme Chalet a insisté sur le fait que les États-Unis ne cherchent pas un accord de retrait mais plutôt un accord de paix global pour faire en sorte que l’Afghanistan ne soit plus jamais une plateforme du terrorisme mondial.

Mme Chalet a rappelé que les États-Unis et les Taliban étaient parvenus à un accord de principe, en janvier, pour dire que tout accord global de paix doit traiter quatre questions qui sont liées entre elles: la lutte antiterroriste, la présence de troupes étrangères, le dialogue interafghan menant à des négociations interafghanes, ainsi qu’un cessez-le-feu permanent et global.  Nous avons continué à parler en détail de ces questions avec les Taliban et notamment à Doha le mois dernier, a-t-elle ajouté tout en précisant que les États-Unis ne négocient pas avec les Taliban au nom du Gouvernement ou du peuple afghans.  Pendant que les négociations avec les Taliban se poursuivent, les États-Unis engagent un dialogue parallèle avec le Gouvernement afghan, a-t-elle expliqué, dans le but de faciliter les négociations entre les Afghans pour que ces derniers parviennent ensemble à un règlement politique.  Le Secrétaire d’État Mike Pompeo a fixé la date ambitieuse du 1er septembre pour qu’un accord-cadre soit conclu entre les Taliban et les Afghans après les négociations.

Les États-Unis continuent à encourager le Gouvernement afghan à tout faire pour la tenue d’élections transparentes et crédibles, et leur Envoyé spécial n’a eu de cesse de réclamer que les femmes afghanes puissent participer à ces élections à la fois comme candidates et comme électrices.  Comme l’a fait remarquer la représentante, les Afghans se rassemblent déjà pour la paix et la conférence interafghane pour la paix, qui a eu lieu à Doha début juillet, a illustré cette mobilisation. 

En 2001, les conditions pour les femmes étaient déplorables en Afghanistan alors qu’aujourd’hui la situation a beaucoup évolué, avec 27% de femmes en poste dans la fonction publique y compris à des postes de ministre, et un taux de scolarisation des filles bien plus élevé à tous les niveaux éducatifs.  Les États-Unis partagent la volonté de la communauté internationale de protéger ces acquis des femmes et des minorités ethniques alors que les Afghans continuent de rechercher la paix, a dit Mme Chalet. 

En conclusion, la représentante a noté que les donateurs qui soutiennent la tenue des élections en Afghanistan avaient déjà commencé à décaisser les fonds nécessaires, dont 29 millions de dollars par les États-Unis.

M. XOLISA MABHONGO (Afrique du Sud) a souhaité que l’élection présidentielle de septembre en Afghanistan soit crédible, inclusive, juste, pacifique et transparente.  Alors que le pays se trouve dans une situation critique, ces élections constituent une étape cruciale pour renouveler la confiance du peuple afghan dans le processus de paix, a-t-il estimé.  Il a salué la tenue, en début d’année, d’une conférence nationale sur les femmes afghanes et la paix, ainsi que la déclaration adoptée dans ce contexte et soumise au Président de la République.  Le délégué a également invité toutes les parties en conflit en Afghanistan à respecter le droit international humanitaire, avant de dénoncer le recrutement et l’utilisation des enfants dans le conflit.  Selon la délégation, la paix durable dans le pays dépend de la participation des femmes et des jeunes au processus de paix.

M. NARCISO SIPACO RIBALA (Guinée équatoriale) a déclaré que sa délégation s’était toujours penchée sur le processus de paix en Afghanistan surtout en cette veille de l’élection présidentielle.  Ce scrutin doit être crédible et inclure tout le monde, a-t-il souhaité, arguant que les résultats doivent être acceptés par toutes les parties prenantes.  Les femmes doivent y jouer un rôle capital, a-t-il ajouté.  Le représentant a également exhorté le Gouvernement afghan à faire participer les femmes aux prises de décisions et au processus de paix, et à garantir leurs droits.  Les femmes doivent être au cœur des efforts de paix, a encore martelé le représentant qui a placé son espoir dans les nombreuses réunions internationales sur l’Afghanistan et leur capacité à renforcer le processus de paix dans le pays.  Évoquant la dernière réunion tenue dans ce cadre à Doha, avec les parties afghanes, le délégué a annoncé qu’il était favorable à un processus de paix inclusif y compris avec l’opposition.  Il a espéré que les parties honorent leurs engagements dont celui de protéger les civils.  Ce processus de paix doit être renforcé par l’appui des Nations Unies et la présence de la communauté internationale, a-t-il dit avant de conclure en exprimant sa préoccupation du fait des attaques contre les civils et des violences sexuelles et sexistes en Afghanistan. 

Mme KAREN VAN VLIERBERGE (Belgique) a déclaré que le récent dialogue intra-afghan facilité par le Qatar et l’Allemagne est une étape importante, mais reconnu que la route est encore longue.  Elle a plaidé pour une participation significative et égale des femmes à toutes les étapes du processus de paix, ainsi que pour un soutien aux efforts nationaux et internationaux pour la paix avec appropriation des Afghans et un processus dirigé par eux.  Une paix juste et durable n’est pas possible quand la moitié de la population est exclue, a-t-elle aussi déclaré.  L’élection présidentielle en octobre sera une nouvelle étape vers la consolidation d’un Afghanistan démocratique, a espéré la déléguée en souhaitant que les Afghanes puissent se présenter comme candidates, être représentées dans les institutions électorales et voter en toute sécurité.

Il serait bon que tous les candidats se prononcent durant la campagne sur les droits des femmes, a suggéré la déléguée qui a ensuite lancé un message aux Taliban:« condamnez le terrorisme, abandonnez la voie militaire, choisissez la voie politique et investissez dans le processus de négociations.  Il n’y a pas d’alternative. »  La Belgique qui a donné 2 millions d’euros à ONU-Femmes en décembre 2018 pour aider les autorités afghanes à appliquer la résolution 1325 (2000), attend maintenant le lancement de la deuxième phase de ce Plan d’action sur la base des leçons tirées de la première phase, en particulier en ce qui concerne le rôle de la société civile. 

M. NAPOLEÓN DAVID BERAS HERNÁNDEZ (République dominicaine) a exprimé ses condoléances au peuple tunisien après le décès du Président Beji Caid Essebsi, ainsi qu’au Gouvernement et au peuple afghans à la suite des attentats terroristes d’hier.  Il a pris note du rapprochement opportun entre les dirigeants politiques afghans et talibans qui se sont réunis à Doha il y a quelques jours, dans le contexte des pourparlers de paix et dans l’objectif de mettre fin à la violence.  Le Groupe informel d’experts sur les femmes, la paix et la sécurité s’est réuni pour examiner la situation des femmes en Afghanistan, a rappelé le représentant, qui a insisté sur la pleine participation des femmes aux élections de septembre.  Soulignant la résilience des Afghanes, le délégué a toutefois condamné les violences dont elles sont toujours victimes.  La République dominicaine, a-t-il dit, exhorte le Gouvernement afghan et les Taliban à garantir la pleine participation des Afghanes aux pourparlers de paix. 

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a salué la visite en Afghanistan de Mme Mohammed et de ses homologues, effectuée à un moment opportun à l’approche de l’élection présidentielle de septembre, élection qui, a-t-il dit, doit se tenir dans un esprit de dialogue, de tolérance, d’inclusion et de respect mutuel.  Il a salué la « nomination historique » de femmes à la tête de la Commission électorale indépendante et de la Commission du contentieux électoral, jugeant à cet égard essentiel de promouvoir la participation des femmes à la vie politique du pays et aux processus de paix et de réconciliation.  « La participation des femmes est indispensable à la résolution des conflits, au maintien et à la consolidation de la paix », a-t-il insisté.

Le représentant a dit espérer que le Gouvernement afghan continue de mettre en œuvre le Plan d’action national sur les femmes, la paix et la sécurité ainsi que le Programme d’émancipation économique des femmes.  Selon le représentant, il est aussi nécessaire de renforcer l’accès à la justice et de lutter contre l’impunité afin que les victimes puissent bénéficier de services de protection et d’aide juridique adéquats et que les auteurs d’actes de violence soient traduits en justice.  À cette fin, le Conseil devrait renforcer la prise en compte des questions de genre et le programme femmes, paix et sécurité, notamment dans l’élaboration des mandats et le suivi des recommandations.   Le délégué a conclu en encourageant le rapprochement des travaux des organisations de femmes avec ceux du groupe informel d’experts sur les femmes, la paix et la sécurité que son pays copréside avec l’Allemagne.

L’élan en faveur de la paix en Afghanistan est de plus en plus fort, a affirmé M. MOHAMMAD WALI NAEEMI (Afghanistan), ajoutant que son gouvernement était tout autant déterminé à mettre fin au conflit, qui dure depuis maintenant plusieurs décennies.  Cependant, tout règlement doit passer par la reconnaissance du rôle des femmes dans le pays, a-t-il précisé.  « Leurs droits et les acquis institutionnels des 18 dernières années doivent être préservés et protégés », a insisté M. Naeemi. 

De son côté, le Gouvernement poursuit ses efforts de promotion du rôle des femmes dans la paix et le développement, a poursuivi le représentant, mentionnant la formation récente du Groupe des amis des femmes afghanes.  Ce Groupe, a-t-il précisé, s’efforcera de mettre en valeur les rôles essentiels joués par les femmes dans la société, de souligner l’importance de la consolidation des acquis des 18 dernières années et de promouvoir une participation significative des femmes, conformément à la résolution 1325 (2000) du Conseil.

Par ailleurs, M. Naeemi a réitéré l’engagement de son gouvernement à organiser des élections « transparentes, libres et sûres », à la date prévue par la Commission électorale indépendante, le 28 septembre prochain.  Un plan de sécurité a été mis au point pour que le scrutin présidentiel se déroule dans un environnement sécurisé, a-t-il indiqué.

Plus généralement, les forces de sécurité afghanes ont empêché les groupes terroristes de gagner du terrain à travers le pays, a déclaré M. Naeemi, des efforts qui se poursuivent parallèlement aux négociations de paix en cours.  « À cet égard, nous continuons d’appeler les Taliban à honorer leur engagement en faveur de la paix dans les faits et non pas uniquement en paroles », a-t-il dit, en référence aux attentats meurtriers d’hier.  À ses yeux, seule une « double approche mêlant pressions et incitations » sera à même de créer un environnement propice à la conclusion d’un accord global.

Malgré les difficultés qui subsistent, un nouvel Afghanistan démocratique et en plein développement a vu le jour ces 18 dernières années, a affirmé le représentant, mentionnant les réformes entreprises en matière de sécurité, de gouvernance, de lutte contre la corruption, d’autonomisation des jeunes et des femmes, de promotion de la croissance économique et de renforcement des institutions publiques.

Dans ce cadre, le représentant a plaidé en faveur d’un renouvellement du mandat de la MANUA pour une période d’un an au minimum.  Il a souhaité que la Mission centre son action sur les prochaines élections et le processus de paix.  L’engagement de la communauté internationale et de l’ONU envers le peuple afghan est essentiel pour protéger et préserver les acquis, a conclu le représentant.

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