8525e séance – matin
CS/13809

Conseil de sécurité: l’Envoyé spécial pour le Yémen parle des « acquis qu’il faut chérir même si ce n’est qu’un début »

L’Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Yémen a parlé aujourd’hui au Conseil de sécurité des « acquis qu’il faut chérir même si ce n’est qu’un début ».  M. Michael Griffiths participait à la réunion avec le Coordonnateur des secours d’urgence et la Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) qui ont attiré l’attention du Conseil sur un sombre tableau humanitaire émaillé de quelques éclaircies.

Entre le 11 et le 14 mai, a expliqué l’Envoyé spécial pour le Yémen, Ansar Allah a commencé le redéploiement de leurs forces depuis les ports de Hodeïda, Salif et Ras Issa, sous la supervision de l’ONU et en présence du général de corps d’armée Michael Lollesgaard de la Mission des Nations Unies, en appui à l’Accord sur Hodeïda (MINUAAH).  Cet « acquis qu’il faut chérir même si ce n’est qu’un début » marque la fin de la première phase de l’Accord qui, avec le mécanisme de mise en œuvre de l’échange de prisonniers et la Déclaration d’entente sur Taëz, fait partie de l’Accord de Stockholm signé le 13 décembre 2018 dans la capitale suédoise.

L’Envoyé spécial a exhorté le Gouvernement du Yémen et les houthistes à préserver l’élan dont « nous sommes témoins aujourd’hui » et à s’engager dans les prochaines phases de l’Accord, dont le redéploiement mutuel de forces à Hodeïda et le renforcement du rôle de l’ONU dans ses ports, sans quoi l’Accord de Stockholm et celui sur Hodeïda, resteront « précaires ».  Malgré l’importance de ces derniers jours, a-t-il prévenu, le Yémen est à un moment charnière entre guerre et paix.  Si le cessez-le-feu perdure, l’intensification du conflit dans d’autres parties du pays est alarmante et les acquis peuvent être rapidement réduits à néant, a-t-il averti.  Des attaques comme celle contre les installations de la société saoudienne ARAMCO peuvent facilement remettre en cause tous les acquis.  Trouver une solution politique est toujours un exercice d’équilibre difficile mais, a estimé M. Griffiths la mise en œuvre de l’Accord sur Hodeïda permettra d’ouvrir la voie à cette solution et à une paix durable.

Le temps presse.  Le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence a, en effet, alerté sur le fait que dix millions de Yéménites dépendent toujours de l’aide alimentaire d’urgence et qu’une épidémie de choléra a déjà touché près de 300 000 personnes cette année, contre 370 000 cas pour l’ensemble de l’année 2018.  Des défis continuent de se poser dans l’acheminement de l’aide, à commencer par la violence qui fait toujours rage dans plus de 30 secteurs du pays, a souligné M. Mark Lowcock.  Depuis le début du conflit, a renchéri la Directrice exécutive de l’UNICEF, 7 300 enfants ont été tués ou gravement blessés, et à l’heure actuelle, toutes les 10 minutes, un enfant meurt d’une cause évitable: la violence et le manque de nourriture ou de vaccins.  Quelque 360 000 enfants yéménites souffrent de malnutrition grave et 2,5 millions d’entre eux souffrent de retards de croissance « irréversibles », a précisé Mme Henrietta Fore, qui a aussi parlé des 3 000 enfants enrôlés par les parties, des 2,5 millions d’enfants déscolarisés, de la destruction d’une école sur cinq et de celle de la moitié des hôpitaux du pays. 

Malgré les difficultés rencontrées, a estimé le Coordonnateur des secours d’urgence, la communauté humanitaire a été en mesure de mener ce qui est la plus vaste opération humanitaire au monde, avec 130 agences qui œuvrent de concert à la fourniture d’une aide à 9,8 millions de personnes.  Mais actuellement, le problème le plus immédiat, c’est le financement: le Plan d’aide humanitaire des Nations Unies pour 2019 n’a reçu que 20% des ressources nécessaires.  M. Lowcock s’est dit impatient de se rendre à Riyad la semaine prochaine pour rencontrer des responsables saoudiens et émiriens et mettre la dernière main à des arrangements pour l’engagement commun d’un milliard de dollars qu’ils ont pris à Genève.

Le Gouvernement yéménite consent à d’énormes efforts pour alléger les souffrances de la population, a affirmé le représentant du Yémen.  Cinq mois se sont écoulés, a-t-il rappelé, depuis la signature de l’Accord de Stockholm et malheureusement les milices houthistes « l’ont instrumentalisé » pour commettre des crimes et des violations des droits des Yéménites dans les zones qu’ils contrôlent.  Le représentant a accusé les houthistes d’être des partenaires « peu fiables » et s’est étonné que l’ONU ait accepté « les arguments fallacieux » de gens qui ne peuvent pas être « pris au sérieux » dans la mesure où « ils ne prennent plus leurs propres décisions », « marionnettes » qu’ils sont aux mains du Gouvernement iranien.  Nous ne pouvons ignorer, a acquiescé son homologue des États-Unis, que les houthistes ont utilisé des armes sophistiquées pour menacer les voisins du Yémen.  Ces armes, a-t-il insisté, les houthistes ne les ont pas fabriquées.  Elles ont des caractéristiques iraniennes comme l’a reconnu le Groupe d’experts du Conseil de sécurité sur le Yémen.  Or, l’Iran n’a jamais donné d’explication « crédible » sur la manière dont de telles armes continuent à arriver au Yémen.  Cette violation des sanctions par l’Iran n’est pas seulement un mépris des résolutions du Conseil mais aussi un moyen de perpétuer le conflit, a conclu le représentant, après l’intervention du Président du Comité des sanctions et Représentant permanent du Pérou. 

La relance du processus politique demeure l’objectif prioritaire à atteindre, a martelé le représentant de la France.  Pour ce faire, il est crucial que les parties maintiennent leur engagement auprès de l’Envoyé spécial et du général de corps d’armée Michael Lollesgaard, « en jouant un rôle responsable et constructif ».  La relance des discussions sur un accord politique, global et inclusif est la seule véritable perspective pour mettre un terme au conflit et à la crise humanitaire.  La conclusion d’un tel accord exigera la participation de tous les pays de la région, y compris ceux du golfe Persique, dont l’Iran, a souligné la Fédération de Russie.  Aucune avancée ne sera possible sans « une position claire » de ce Conseil, a prévenu le représentant du Yémen, qui a également plaidé pour des pressions sur les milices houthistes pour qu’elles respectent enfin l’Accord de Stockholm.

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT

Déclarations

Dans son exposé sur la mise en œuvre de l’Accord sur Hodeïda, l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Yémen, M. MARTIN GRIFFITHS, a expliqué qu’entre le 11 et le 14 mai, Ansar Allah a commencé le redéploiement de leurs forces depuis les ports de Hodeïda, Salif et Ras Issa sous la supervision de l’ONU et en présence du général Michael Lollesgaard des Nations Unies.  Il a félicité le général et l’équipe de la Mission des Nations Unies en appui à l’Accord sur Hodeïda (MINUAAH) pour avoir confirmé que les forces d’Ansar Allah ont bien quitté les trois ports.

Ce progrès, a dit l’Envoyé spécial, va permettre à l’ONU de contribuer au travail de la « Yemen Red See Port Corporation » dans la gestion et la supervision des ports, y compris une surveillance accrue grâce au Mécanisme de surveillance et de vérification de l’ONU.  L’ONU est également prête à contribuer à l’amélioration de la productivité et de l’efficacité du port de Hodeïda.  Le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) va envoyer des équipes pour installer l’éclairage du port, améliorer les quais, réparer le phare et déminer les alentours du port à partir de samedi prochain.  Quelque 4 000 civils de Hodeïda seront mobilisés.

Grâce à l’engagement ferme des différentes parties et du rôle de chef de fil de la MINUAAH et du général de corps d’armée Lollesgaard, des premiers progrès ont été constatés, s’est réjoui M. Griffiths, qui a tenu à remercier Abdel Malik Al-Houthi pour son engagement, Ansar Allah pour avoir tenu leurs promesses, et le Président Abadrabbo Mansour Hadi pour son leadership.  C’est la preuve de leur sérieux et de leur engagement en faveur de la mise en œuvre de l’Accord sur Hodeïda. 

« Il nous faut chérir cet acquis même si ce n’est que le début », a estimé M. Griffith, qui a appelé les parties à préserver l’élan dont nous sommes témoins et à réaliser les prochaines phases de l’Accord dont le redéploiement mutuel de forces à Hodeïda et le renforcement du rôle de l’ONU dans les ports, sans quoi l’Accord de Stockholm, y compris celui sur Hodeïda, resteront précaires.  M. Griffiths a dit travailler avec les parties à une approche sur les forces de sécurité locales, parallèlement aux négociations sur les redéploiements.

Rappelant que l’objectif de l’Accord sur Hodeïda, notamment son volet économique, est d’améliorer la situation humanitaire, M. Griffiths s’est félicité de la réunion tenue hier à Amman entre les parties.  Il a notamment insisté sur l’importance des débats sur la manière de placer les recettes des ports au service du peuple du Yémen, sans oublier le versement des salaires.

Malgré l’importance des derniers jours, le Yémen est à un moment charnière entre guerre et paix.  Si le cessez-le-feu perdure, l’intensification du conflit dans d’autres parties du pays est alarmante, notamment à Dali.  C’est bien la preuve que les acquis peuvent être rapidement réduits à néant, a-t-il averti.  Il a également fait part de ses préoccupations face à l’attaque par des drones des installations de la société saoudienne ARAMCO.  Des actes de ce type peuvent facilement remettre en cause tous les acquis.  « Trouver une solution politique est toujours un exercice d’équilibre difficile », mais la mise en œuvre de l’Accord sur Hodeïda permettra d’ouvrir la voie à une solution politique et à une paix durable, a estimé M. Griffiths.  Il a espéré que les parties pourront entamer leurs négociations sur une solution politique le plus tôt possible. 

Il a rappelé, à cet égard, que les dernières négociations sur une solution politique remontent à trois ans.  Il faut donc espérer que les parties les reprendront au plus vite, maintenant que les bases sont jetées et que les éléments clefs d’une solution sont connus.  Ces négociations, a prévenu l’Envoyé spécial, supposent des concessions allant bien plus loin que ce qui s’est fait jusqu’ici.  Il faut, a-t-il souligné, un processus inclusif impliquant les femmes et les groupes du sud du Yémen.  À cet égard, il a salué le rôle du Groupe technique consultatif des femmes du Yémen. 

En conclusion, M. Griffiths a demandé aux membres du Conseil de sécurité de saluer les redéploiements des forces à Hodeïda et d’exhorter les deux parties à collaborer avec le général de corps d’armée Lollesgaard et avec lui-même pour parvenir rapidement à une solution politique.

« Le spectre de la famine rôde toujours » au Yémen, a alerté M. MARK LOWCOCK, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence.  Dix millions de Yéménites dépendent toujours de l’aide alimentaire d’urgence et une épidémie de choléra a déjà touché près de 300 000 personnes cette année, contre 370 000 cas pour l’ensemble de l’année 2018.  Fort heureusement, le nombre des nouveaux cas semble décliner ces derniers jours, bien qu’il soit encore trop tôt pour déterminer si cette tendance perdurera.  Par ailleurs, des défis continuent de se poser dans l’acheminement de l’aide, à commencer par la violence qui fait rage dans de nombreux secteurs.

Au cours du premier trimestre de cette année, plus de 900 pertes en vies humaines ont été enregistrées.  L’un des faits les plus marquants est que les civils risquent davantage d’être tués dans leurs propres maisons que partout ailleurs, a indiqué M. Lowcock.  Les combats ont également un impact sur les opérations de secours, a poursuivi le haut fonctionnaire, qui a expliqué que de nombreuses routes étaient impraticables, contraignant le personnel humanitaire à emprunter un réseau routier isolé et des sentiers montagneux souvent dans des zones dangereuses. 

Il faut désormais plus de 60 heures aux camions les plus lourds, dont ceux qui transportent l’aide, pour rallier Sanaa à Aden, soit quatre fois plus de temps que par le passé, a poursuivi le Secrétaire général adjoint, en précisant que l’un des principaux axes routiers qui rallie Aden à Sanaa a été fermé à la circulation.  En outre, de graves restrictions ont été imposées par les parties, 900 000 personnes ayant été touchées par des interruptions ou des retards dans la livraison de l’aide, le plus souvent dans les zones sous le contrôle d’Ansar Allah, une organisation avec laquelle des discussions sont en cours.  Des progrès ont été cependant faits, a souligné M. Lowcock, qui a notamment fait état du soutien apporté par les parties au conflit à la mission conjointe de l’ONU qui s’est rendue aux Red Sea Mills, pour la deuxième fois depuis septembre 2018. 

Des techniciens se trouvent actuellement sur place pour évaluer les dégâts, réparer les équipements et préserver ce qui peut l’être des grains.  Cela prendra probablement des semaines.

Après s’être inquiété de la détérioration du pétrolier Safer ancré au large de Hodeïda, qui n’a pas bénéficié de la moindre maintenance depuis 2015, au risque de rompre et de répandre 1,1 million de barils dans la mer Rouge, le Coordonnateur des secours d’urgence a indiqué qu’en dépit des difficultés rencontrées, la communauté humanitaire a été en mesure de mener ce qui est la plus vaste opération humanitaire au monde, avec 130 agences qui œuvrent de concert à la fourniture d’une aide à 9,8 millions de personnes.  En mars, le Programme alimentaire mondial (PAM) a pu aider 10,6 millions de personnes, soit plus que tout autre mois auparavant, a-t-il précisé.  En avril, une campagne de vaccination contre le choléra a touché 1,1 million de personnes à Sanaa, a encore indiqué le haut fonctionnaire.  

Nous avons pu confirmer de manière indépendante que l’aide parvient aux gens, s’est-il félicité.  Environ 94% des bénéficiaires contactés au hasard dans le cadre d’un sondage ont dit avoir reçu des paniers de vivres et 96% d’entre eux se sont dits satisfaits de la distribution.  Les organisations humanitaires ont bien fourni des services de santé dans 95% des établissements.  Les bénéficiaires ont aussi confirmé que les systèmes d’approvisionnement en eau soutenus par les agences étaient fonctionnels 84% du temps.  « L’une des questions que je me pose souvent est de savoir si nous contribuons à une réduction des souffrances et du risque de famine. »  Pour être clair, notre premier objectif était simplement de maintenir les gens en vie, a voulu le Coordonnateur des secours d’urgence. 

J’espère qu’il est évident que nous avons raisonnablement réussi, s’est-il réjoui: il n’y a pas eu de famine généralisée, du moins jusqu’à présent.  Mais nous commençons également à voir des résultats plus positifs et durables.  Il y a un an, les agences estimaient que 107 districts étaient menacés par la famine.  Aujourd’hui, la situation alimentaire et nutritionnelle s’est améliorée dans plus de la moitié de ces districts et un cinquième n’est plus du tout menacé par la famine, a déclaré M. Lowcock.

Le problème le plus immédiat, c’est le financement, a-t-il prévenu.  Les légères améliorations ne seront maintenues que si les donateurs continuent à financer l’opération de secours.  Le mois dernier, le Plan d’aide humanitaire des Nations Unies pour 2019 n’avait reçu que 6% des ressources nécessaires, rendant imminentes d’importantes coupes dans des activités essentielles.  À ce jour, 20% des ressources nécessaires ont été fournies.  Le Coordonnateur des secours d’urgence a tenu à remercier en particulier l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis pour leur financement depuis le mois dernier, qui, « si je comprends bien », découle de la promesse annoncée en novembre dernier.  Mais il reste encore un long chemin à parcourir.  M. Lowcock a donc appelé, une nouvelle fois, tous « nos donateurs » à décaisser intégralement les contributions annoncées à Genève en février dernier.  Il s’est dit impatient de se rendre à Riyad, la semaine prochaine, pour rencontrer des responsables saoudiens et émiriens et mettre la dernière main à des arrangements pour l’engagement commun d’un milliard de dollars qu’ils ont pris à Genève.

Le mois dernier, les élèves d’une école à Sanaa étaient assis dans leur salle de classe, en train d’apprendre, comme le ferait n’importe quel enfant de moins de 9 ans au monde, a relaté Mme HENRIETTA FORE, Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF).  Il était presque midi quand, soudain, une explosion a fait voler en éclats les fenêtres.  Du verre brisé et des éclats d’obus se sont engouffrés dans la classe.  Imaginez un peu la peur de ces enfants.  Imaginez l’horreur des parents, qui les avaient simplement envoyés à l’école pour qu’ils puissent avoir ce à quoi tout enfant de cet âge doit pouvoir prétendre, une éducation.  Imaginez la douleur des familles des 14 enfants qui n’ont jamais retrouvé le chemin de la maison ce jour-là.

Dans tout conflit, les enfants sont les premiers à souffrir et ce sont eux qui souffrent le plus, a souligné la Directrice exécutive, précisant que, depuis le début de la guerre au Yémen, 7 300 enfants avaient été tués ou sévèrement blessés.  Et il s’agit là des données que l’on a été en mesure de vérifier, a-t-elle averti.  Le nombre réel est très probablement plus élevé. 

À l’heure actuelle, les combats font rage dans 30 zones de conflit, au sein desquelles environ 1,2 million d’enfants vivent, a poursuivi Mme Fore.  Toutes les 10 minutes, un enfant meurt d’une cause évitable: la violence et le manque de nourriture ou de vaccins.  Quelque 360 000 enfants yéménites souffrent de malnutrition grave et 2,5 millions d’entre eux souffrent de retards de croissance irréversibles.  Le manque d’accès à la vaccination a fait que 151 enfants sont morts de diphtérie depuis août 2018.  Malgré les plus de deux millions de vaccins contre le choléra qui ont été distribués au cours de l’année écoulée, plus de 135 000 cas suspects et confirmés ont été signalés parmi les enfants, dont 3 300 ont succombé à la maladie depuis 2017, un chiffre qui augmentera à n’en pas douter avec la saison des pluies. 

À ce sombre tableau s’ajoutent également les 3 000 enfants enrôlés par les parties, 2,5 millions d’enfants déscolarisés, la destruction d’une école sur cinq et la destruction de la moitié des hôpitaux du pays.  En résumé, les systèmes dont dépendent les enfants et les familles s’effondrent, a conclu la Chef de l’UNICEF, ajoutant que le Yémen, l’un des pays les moins avancés au monde avant la guerre, avait perdu 20 ans de développement.  Combien de temps encore va-t-on oublier ce pays? s’est impatientée Mme Fore, pour qui les efforts humanitaires déployés par l’UNICEF ne font que traiter les symptômes de la catastrophe yéménite. 

Pour véritablement construire un avenir meilleur au Yémen, nous avons besoin de votre engagement et de votre influence pour mettre un terme à cette « guerre contre les enfants », a-t-elle dit aux membres du Conseil.  La Directrice exécutive a exhorté ces derniers à parler d’une même voix pour protéger les enfants yéménites.  Elle a également appelé l’ensemble des parties à faciliter un accès humanitaire immédiat et durable et à prévoir des journées de trêve pour permettre aux agents humanitaires de vacciner les enfants.  Enfin, Mme Fore a appelé l’Envoyé spécial des Nations Unies pour le Yémen, M. Martin Griffiths, à redoubler d’efforts pour trouver une solution politique au conflit.  Sans cela, a-t-elle dit, davantage d’enfants vont mourir.

Président du Comité du Conseil de sécurité créé en vertu de la résolution 2140 (2014), M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a parlé de la période allant du 1er février à ce jour, une période au cours de laquelle il s’est rendu à Amman, à Riyad, à Muscat et à Téhéran, du 30 mars au 5 avril, avec la plupart des membres de son Comité.  C’était, a-t-il souligné, la première visite de ce type effectuée par un président du Comité.  Cette visite, a-t-il estimé, a été un exercice important de sensibilisation à l’objectif et à l’ampleur des sanctions et de collecte d’informations de première main sur leur mise en œuvre.  Elle a aussi servi à encourager une meilleure interaction, un meilleur dialogue et une meilleure coopération entre le Comité, son Groupe d’experts et les pays de la région.  Tout le monde a pu se tenir au fait des derniers développements politiques, sécuritaires et humanitaires au Yémen. 

Dans toutes mes réunions avec les différents interlocuteurs et autorités, j’ai souligné, a dit le Président, l’importance qu’il y a à poursuivre le dialogue avec le Comité et à coopérer pleinement avec le Groupe d’experts.  Le partage d’informations entre les acteurs de l’ONU et le Groupe d’experts a aussi été encouragé.  À Muscat, les autorités ont noté que les efforts du Comité pour entrer en contact avec Ansar Allah étaient très importants.  Malheureusement le Comité n’a pas été en mesure de le faire malgré ses efforts et ceux des autorités d’Oman.

Les contacts que nous avons pris avec les différents interlocuteurs de la région sur les questions liées aux sanctions doivent se poursuivre ici à New York, a plaidé le Président, dont la visite dans la région a aussi servi à envoyer un message politique fort: le Conseil de sécurité et ses organes subsidiaires accordent la priorité à la situation au Yémen et suivent de près son évolution.  À ce jour, a conclu le Président, le Comité a agi sur trois des six recommandations contenues dans le rapport final du Groupe d’experts.  Les dernières recommandations ont été dûment approuvées par le Comité et feront naturellement l’objet d’un suivi. 

Enfin, après l’adoption de la résolution 2456 (2019) prorogeant le mandat du Groupe d’experts jusqu’au 28 mars 2020, le Comité a entendu le 10 mai dernier un exposé sur le programme de travail du Groupe qui doit d’ailleurs donner des informations actualisées le 28 juillet au plus tard, des informations dont le Comité discutera au mois d’août.

Mme KAREN PIERCE (Royaume-Uni) s’est avouée à la fois encouragée et effrayée par les exposés faits ce matin.  Elle a salué la diplomatie « méticuleuse » des Nations Unies qui a permis de parvenir aux développements récents dans la mise en œuvre de l’Accord sur Hodeida.  Il faut se féliciter des redéploiements des forces houthistes des trois grands ports à Hodeïda, a-t-elle estimé, en prenant note de l’engagement du Gouvernement du Yémen.  Mais il faut maintenant que les parties travaillent de façon constructive avec le général de corps d’armée Lollesgaard de la MINUAAH et que les négociations sur le volet économique de l’Accord sur Hodeïda avancent rapidement.

Pour ce qui est d’une solution politique au conflit, elle a espéré que les développements récents permettront de débloquer la situation.  Notant également les frappes avec des drones des installations pétrolières saoudiennes, elle a prévenu que de telles attaques ne peuvent que saper la confiance nécessaire pour parvenir à un règlement du conflit.  « Ce n’est vraiment pas le moment de se livrer à de telles provocations alors que nous sommes si proches d’une solution », s’est-elle impatientée.  Elle s’est attardée sur l’ampleur de la crise humanitaire et s’est dite « choquée ».  L’ONU, a-t-elle dit, doit pouvoir faire son travail sur le terrain et bénéficier d’un accès sans entrave aux populations.  Notant que 20% seulement des annonces de contributions à l’appel humanitaire ont été matérialisés, elle a sommé la communauté internationale de redresser la barre sans plus tarder.

M. JONATHAN R. COHEN (États-Unis) a salué « les premiers signes » de progrès depuis le mois de décembre mais, a-t-il prévenu, ces « bonnes nouvelles », ne doivent pas nous détourner de la réalité: il reste encore beaucoup à faire.  Les parties doivent continuer à travailler de bonne foi pour conclure un accord sur les forces de sécurité locales et se redéployer pleinement.  Elles doivent faire preuve de retenue pour que les combats ne menacent pas le cessez-le-feu et faciliter les efforts des Nations Unies.  « Quiconque bloque l’arrivée des observateurs de l’ONU au Yémen trahit le people yéménite », a souligné le représentant.  Nous avons trop souvent vu, s’est-il impatienté, les blocages succéder aux percées.  Le Conseil doit tenir les deux parties responsables de leurs actes si elles ne mettent pas en œuvre l’Accord de Stockholm. 

Les combats doivent cesser partout et pas seulement à Hodeïda, a martelé le représentant: les houthistes doivent cesser leurs attaques aux drones et l’Iran doit arrêter de leur fournir des armes.  Les attaques de cette semaine contre les installations pétrolières saoudiennes ne sont que le dernier exemple du caractère déstabilisant de ce genre d’initiatives.  Nous ne pouvons ignorer, a poursuivi le représentant, que les houthistes ont utilisé des armes sophistiquées pour menacer les voisins du Yémen.  Ces armes, a-t-il insisté, les houthistes ne les ont pas fabriquées.  Ces armes ont des caractéristiques iraniennes comme l’a reconnu le Groupe d’experts du Conseil de sécurité sur le Yémen.  Or, l’Iran n’a d’ailleurs jamais donné d’explication « crédible » sur la manière dont de telles armes continuent à arriver au Yémen.  Cette violation des sanctions par l’Iran n’est pas seulement un mépris des résolutions du Conseil mais aussi un moyen de perpétuer le conflit, a conclu le représentant.

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a salué le redéploiement des forces houthistes des ports de Hodeïda, Salif et Ras Issa, estimant que ces mouvements constituent un signal encourageant pour la mise en œuvre complète des accords conclus entre les parties yéménites.  Il a ensuite appelé les deux parties à respecter leurs engagements, sans chercher à tirer avantage des premiers mouvements de redéploiement.

Dans le même temps, a-t-il poursuivi, la France condamne fermement les attaques de drone menées hier contre des installations pétrolières saoudiennes, revendiquées par les houthistes.  Ces attaques sont inacceptables et interviennent à un moment où nous constatons sur le terrain des évolutions positives, a-t-il déploré.  Il a appelé à rester « vigilants et mobilisés », avant de souligner que le renforcement de la présence de l’ONU sur place est essentiel.  Il est également important que le reste des observateurs prévus par le mandat de la MINUAAH puissent continuer d’arriver rapidement.

M. Delattre a ensuite dit rester gravement préoccupé par la dégradation de la situation sur les plans humanitaire et sécuritaire, relevant que l’intensité des hostilités a augmenté partout sur le reste du territoire, notamment dans la province de Dalea qui fait face à une escalade militaire « préoccupante ».  Il a souligné que l’accès humanitaire et l’acheminement des biens commerciaux doivent être garantis par les parties, notant que plus de 24 millions de Yéménites ont besoin de cette aide.

Il a aussi attiré l’attention sur la situation des enfants du Yémen, premières victimes du conflit et également recrutés et utilisés à grande échelle.  Il a jugé impératif de protéger les écoles et d’inciter les enseignants et le personnel éducatif à poursuivre ou reprendre leur travail.

M. Delattre a par ailleurs souligné que la relance du processus politique demeure l’objectif prioritaire à atteindre et qu’il est, pour ce faire, crucial que les parties maintiennent leur engagement auprès de l’Envoyé spécial et du général de corps d’armée Lollesgaard, « en jouant un rôle responsable et constructif ».  La relance des discussions sur un accord politique, global et inclusif est la seule véritable perspective pour mettre un terme au conflit et à la crise humanitaire.  Le Conseil de sécurité, a-t-il insisté, ne doit pas se résoudre à laisser retomber l’espoir de Stockholm.

M. BADER ABDULLAH N. M. ALMUNAYEKH (Koweït) a mis l’accent sur l’évolution politique et sécuritaire au Yémen, en rappelant les résolutions 2451 et 2452 qui ont permis de créer un Mécanisme de surveillance et de vérification de la mise en œuvre de l’Accord sur Hodeïda.  Il a salué le fait que la phase 1 de cet Accord ait pu être mise en œuvre.  Mais les progrès sont lents, s’est-il impatienté à son tour, en citant les « nombreuses difficultés » dans l’échange des prisonniers.  Or, seule l’application de l’Accord de Stockholm permettra de déboucher sur une solution politique viable.  Le représentant a condamné les attaques contre les installations pétrolières saoudiennes et a estimé que de tels actes peuvent représenter une menace à la stabilité et la paix régionales.  Soulignant que l’objectif central de l’Accord de Stockholm est humanitaire, il a salué le fait que le Gouvernement yéménite a délivré les permis aux camions chargés de carburant.  En conclusion, il a exhorté toutes les parties à ne ménager aucun effort pour parvenir à la pleine mise en œuvre de l’Accord de Stockholm.

M. VLADIMIR K. SAFRONKOV (Fédération de Russie) a salué l’opérationnalisation de la première phase de redéploiement des forces à Hodeïda.  La tâche stratégique demeure inchangée: il s’agit de lancer un processus politique complet.  Le représentant a aussi insisté sur l’échange des prisonniers et sur la désescalade des tensions dans certaines zones.  Les efforts « impartiaux » de l’ONU ne seront couronnés de succès que s’ils se fondent sur la bonne volonté des parties, a-t-il souligné.  Il a encouragé les acteurs extérieurs à consolider leur approche dans la recherche d’un consensus et appelé le Conseil de sécurité à aider les parties.  Pour sa part, a-t-il assuré, la Fédération de Russie continuera d’aider l’ONU.  Le Yémen est frappé par une crise humanitaire d’urgence et la tâche prioritaire doit être de fournir une aide d’urgence, sans discrimination et quelle que soit la partie qui contrôle telle ou telle zone.  Il faut aussi, a conclu le représentant, garantir la participation de tous les pays de la région au processus politique, y compris ceux du golfe Persique, dont l’Iran. 

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a salué les faits nouveaux et encouragé les membres de la Coalition à réaffirmer leur ferme engagement à contribuer au processus visant la recherche d’une solution politique inclusive au Yémen.  Mais, a-t-il reconnu, la violence s’exacerbe dans certaines parties du pays et la méfiance s’accentue, ce qui sape les chances de succès du processus de paix.  Il a donc appelé toutes les parties à éviter les accusations réciproques, à procéder à l’échange de prisonniers et à mettre fin à toutes les provocations.

Compte tenu de la gravité de la situation humanitaire au Yémen, le représentant a insisté sur le fait que les ports et aéroports, ainsi que les voies terrestres doivent rester ouverts.  L’aide humanitaire ne saurait être conditionnée à des objectifs militaires.  Il a espéré que de nouveaux progrès contribueront dans les prochains mois à une amélioration de la situation, prêchant la réconciliation et la fin du conflit.

M. STEPHEN MAHLABADISHAGO NTSOANE (Afrique du Sud) a appelé les parties à mettre en œuvre l’Accord sur Hodeïda et à résoudre les problèmes d’interprétation du texte sur la présence d’une « force de sécurité locale » dans et autour de la ville.  Il a salué le redéploiement des parties dans les ports de Hodeïda, de Salif et de Ras Issa, ainsi que la décision des parties de se retirer de Hodeïda pour permettre l’acheminement de l’aide humanitaire.  Toutefois, M. Ntsoane a déploré la persistance des obstacles à la livraison de l’aide dans tout le pays.  Il a appelé les parties à respecter le droit international humanitaire et les bailleurs de fonds internationaux à tenir les promesses de contributions qu’ils ont faites à Genève.  Malheureusement, nous notons les rapports du Groupe d’experts selon lesquels « certaines parties tenteraient d’utiliser les médias sociaux pour détourner l’aide humanitaire », a-t-il déploré, appelant les parties concernées à mettre immédiatement fin à ces activités.  M. Ntsoane a enfin exhorté les parties au conflit à cesser les violences à l’encontre des femmes et des enfants.

M. MA ZHAOXU (Chine) s’est félicité du redéploiement des troupes qui a débuté à Hodeïda, avant d’appuyer les bons offices de l’ONU en faveur de la mise en œuvre des accords de Stockholm.  Depuis la signature de ces accords, le Conseil de sécurité a mis en place une Mission à Hodeïda, a rappelé le représentant, en l’encourageant à faire preuve d’unité dans son soutien au dialogue intrayéménite.  Il s’est dit gravement préoccupé par la terrible situation humanitaire, souhaitant que se matérialise l’aide promise.  La Chine a déjà envoyé 1 200 mètres cubes de riz depuis le début de l’année et s’apprête à un nouvel envoi, a indiqué le représentant.

M. GBOLIÉ DÉSIRÉ WULFRAN IPO (Côte d’Ivoire) a exhorté les parties au conflit au respect de leurs engagements et les a invitées à s’abstenir de toute action unilatérale susceptible de provoquer une reprise des hostilités.  Le représentant a insisté sur la nécessité pour le Conseil et les autres parties prenantes d’engager de nouvelles initiatives afin d’amener les belligérants à procéder à la mise en œuvre intégrale des autres dispositions de l’Accord de Stockholm, notamment l’échange de 15 000 prisonniers et la Déclaration d’entente sur Taëz pour l’ouverture de couloirs humanitaires.  Il s’est dit préoccupé par la crise qui affecte environ 22 millions de personnes dont 14 millions en situation d’insécurité alimentaire aiguë et exposées à la résurgence de maladies endémiques.  Il s’est aussi dit préoccupé par l’utilisation d’enfants soldats dans le conflit, favorisée par la déscolarisation de plus de deux millions d’enfants.  Le représentant a appelé au respect par toutes les parties au conflit du droit international notamment de la Convention relative aux droits de l’enfant qui interdit l’utilisation des mineurs dans les conflits armés.  Avant de terminer, M. Ipo a exhorté les belligérants à observer de façon intégrale le cessez-le-feu, condition indispensable à l’acheminement sûr et sans entrave de l’aide humanitaire et des produits de première nécessité aux populations meurtries par plusieurs années de guerre.

M. MARC PECSTEEN DE BUYTSWERVE (Belgique) a salué le début de redéploiement des troupes houthistes hors des ports de Hodeïda, Salif et Ras Issa, et a appelé les parties à mettre entièrement en œuvre l’Accord sur le retrait des forces et à résoudre les points de désaccord en suspens.  Il est primordial, à ses yeux, que la MINUAAH soit maintenant renforcée avec davantage de moniteurs et que le Mécanisme de vérification et d’inspection puisse s’installer dans le port.  La Belgique insiste auprès de toutes les parties pour la mise en œuvre de l’Accord de Stockholm dans son entièreté.

Prenant note des nouvelles discussions sous l’égide des Nations Unies qui ont débuté cette semaine entre les houthistes et le Gouvernement officiel sur la redistribution des revenus des trois ports de Hodeïda, il a rappelé que cela s’inscrit dans l’Accord de Stockholm pour lequel la Belgique plaide.  Il a appelé l’Envoyé spécial, M. Griffiths, à poursuivre la préparation des prochaines étapes dans le processus politique, soulignant que l’Accord sur Hodeïda revêt une importance particulière pour la situation humanitaire « mais que le cœur du conflit nécessite une solution politique durable et inclusive ». 

La Belgique appelle en outre à plus d’efforts pour améliorer la situation humanitaire « catastrophique », en exigeant que les parties facilitent l’accès de l’aide humanitaire et qu’elles respectent le droit international humanitaire.  En tant que Président du Groupe de travail sur les enfants dans les conflits armés, la Belgique, a dit le représentant, attend avec impatience le rapport de l’UNICEF et facilitera la négociation des conclusions sur la base de ce rapport.  Il a demandé à l’Envoyé spécial que des mesures sur la protection des enfants soient au cœur de tout processus de paix.

Mme JOANNA WRONECKA (Pologne) a salué la première phase de redéploiement des troupes dans les ports de Hodeïda, Salif et Ras Issa, en encourageant les parties à saisir cette opportunité pour œuvrer au renforcement de la confiance mutuelle.  Elle s’est également félicitée de constater que, depuis la signature de l’Accord de Stockholm, les niveaux des affrontements dans la province de Hodeïda avaient décliné, tout en se disant alarmée par la multiplication des foyers de violence dans d’autres secteurs du pays.  Elle s’est en outre déclarée très préoccupée par l’aggravation de la crise humanitaire, qui a été exacerbée par les épidémies de choléra et de diphtérie.  Elle a donc jugé « vitale » la réponse humanitaire pour la survie de millions de Yéménites et plaidé pour la recherche d’une solution politique au conflit, avec la participation de l’ensemble de la société yéménite. 

M. JUERGEN SCHULZ (Allemagne) a exprimé son soutien aux mesures déjà prises pour mettre en œuvre l’Accord de Stockholm, jugeant positive la première étape du retrait des troupes houthistes des trois ports de Hodeïda.  Les parties doivent s’abstenir de toute mesure susceptible de mettre en danger la reprise du processus politique, a-t-il demandé.  Le représentant s’est aussi inquiété vivement de la « déplorable » attaque de drone en Arabie saoudite.  Il a jugé essentiel de finaliser les négociations en cours, notamment les dispositions de l’Accord sur Hodeïda relatives aux questions économiques.  Maintenant que le mécanisme de contrôle a commencé à fonctionner, il est important, a-t-il ajouté, que la Mission des Nations Unies en appui à l’Accord sur Hodeïda soit dotée de moyens et personnels suffisants et puisse avoir l’accès nécessaire à l’accomplissement de son mandat.  Le représentant a aussi appelé à améliorer les installations du port de Hodeïda qui, a-t-il rappelé, est le seul point qui permet de relier la population du nord du pays.

La mise en œuvre de l’Accord de Stockholm est la plus grande priorité, a poursuivi le représentant, tout en invitant à ne pas perdre de vue la situation dans toute la région et dans tout le pays.  La violence a flambé partout dans le pays, a-t-il dit avec inquiétude.  Le représentant a donc appelé à reprendre le processus politique afin de tracer la voie à une solution politique complète et inclusive.  En ce qui concerne la situation humanitaire, il a appelé les parties à verser sans tarder les fonds promis à Genève pour éviter des trous dans les budgets et donc dans les opérations des programmes de l’ONU.  Il a aussi appelé le Conseil de sécurité et la communauté internationale toute entière à renforcer leur soutien à l’action humanitaire.  Enfin, il a remercié le Pérou d’avoir organisé le voyage du Comité des sanctions sur le terrain.

Mme AMPARO MELE COLIFA (Guinée équatoriale) a salué le redéploiement des forces houthistes des trois ports de Hodeïda, ainsi que le rôle de surveillance assumé par les forces onusiennes alors que la sécurité de ces ports est repassée sous le contrôle des garde-côtes.  Elle a appelé le Gouvernement du Yémen à prendre note de l’attitude positive des houthistes et de s’acquitter de ses engagements.  Elle s’est félicitée de la réalisation de cette première phase de l’Accord sur Hodeïda et a appelé toutes les parties à s’engager dans les prochaines étapes de l’Accord de Stockholm.

S’agissant de la situation humanitaire, la représentante s’est dite préoccupée par les difficultés d’accès à l’aide, à l’eau potable et aux médicaments qui touchent des millions de personnes, ainsi que par le risque d’une nouvelle épidémie de choléra.  Reprenant les chiffres avancés par le professeur Korbel, de l’Université de Denver, selon lesquels il y aurait eu 233 000 morts dans le conflit depuis mars 2015, dont 140 000 enfants, elle a dénoncé les obstacles érigés à l’aide humanitaire et exhorté le Gouvernement du Yémen et les houthistes à lever ces obstacles et à assurer la sécurité du personnel humanitaire.  Elle a félicité le Comité 2140 pour avoir organisé une visite dans les pays de la région afin d’obtenir « des informations de première main » sur l’état de mise en œuvre des sanctions.

M. JOSÉ SINGER WEISINGER (République dominicaine) a déclaré que la réunion d’Amman a jeté les bases de la gestion du port de Hodeïda, une ligne vitale pour le nord du Yémen.  Le représentant a appelé à la mise en œuvre intégrale des accords et jugé que le cri d’alarme lancé par M. Lowcock doit servir de guide « à notre action » au Yémen.  Préoccupé par l’épidémie de choléra et le nombre accru de victimes, il a lancé un appel pour un accès humanitaire sans entrave et sans condition tout en exigeant des donateurs d’honorer les promesses faites.  Il a aussi souligné l’importance d’un cessez-le-feu durable « car nous ne devons pas perdre de vue que, dans le reste du pays, la guerre se poursuit sans relâche ».  Il ne faut pas non plus oublier les déplacés dont beaucoup de femmes et d’enfants.  Le représentant a aussi constaté la négation de la protection des civils et a appelé les parties et leurs soutiens à tout faire pour les protéger. 

M. DIAN TRIANSYAH DJANI (Indonésie) a pris note, dans le cadre de la mise en œuvre de l’Accord sur Hodeïda, du retrait de troupes par les houthistes dans les trois ports, et du rapport de l’Envoyé spécial sur la réunion d’Amman concernant les revenus de ces ports.  Il a encouragé à poursuivre ces efforts par le déminage des ports et le retrait des armes lourdes, sous le contrôle de la Mission des Nations Unies en appui à l’Accord sur Hodeïda, en espérant que les étapes suivantes seraient la fin de toute manœuvre militaire dans la ville.  Il faut, a-t-il ajouté, que les revenus tirés des trois ports passent par la succursale de Hodeïda de la Banque centrale du Yémen, comme contribution au paiement des salaires. 

L’Indonésie appuie la poursuite des consultations entre le Gouvernement du Yémen et les houthistes pour résoudre le conflit, a indiqué le représentant, rappelant que l’Accord de Stockholm le demande.  Il a appelé les parties à libérer ou échanger des prisonniers et à progresser sur la question de la ville de Taëz.  Enfin, le représentant a exprimé sa préoccupation concertant la situation humanitaire au Yémen et demandé de s’atteler à la résoudre immédiatement.

M. ABDULLAH ALI FADHEL AL-SAADI (Yémen) a rappelé que cinq mois se sont écoulés depuis la signature de l’Accord de Stockholm, et que « malheureusement les milices houthistes l’ont instrumentalisé » pour commettre des crimes et des violations des droits des Yéménites dans les zones qu’elles contrôlent.  Il les a accusées d’avoir ouvert de nouveaux fronts.  Le Gouvernement yéménite, a-t-il dit, rappelle que l’Accord de Stockholm est fondé sur la confiance mutuelle des parties.  Dès lors, l’échec des houthistes à rétablir la confiance montre qu’ils sont « peu fiables » et « des marionnettes aux mains d’un Iran terroriste ».

Le Gouvernement, a prévenu le représentant, réaffirme son droit de vérifier tout ce qui sera mis en œuvre en vertu de l’Accord de Stockholm, y compris le redéploiement des forces houthistes des ports de Hodeïda et les rapports des garde-côtes qui prendront le contrôle de ces ports, une fois que les milices houthistes se seront vraiment retirées.

Notre position de principe est claire, a dit le représentant.  Elle est conforme aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et aux accords signés.  Nous rejetons toute mesure qui échapperait au contrôle prévu par le Conseil de sécurité et, en conséquence, toutes les mesures unilatérales prises par les houthistes qui tentent « d’éluder la première phase de l’Accord sur Hodeïda ».  Cet Accord, a souligné le représentant, prévoit la définition de mécanismes de surveillance, des zones de redéploiement et des comités conjoints de contrôle.  L’ONU aurait dû refuser « les arguments fallacieux » des houthistes qui ne peuvent pas être « pris au sérieux » dans la mesure où « ils ne prennent plus leurs propres décisions », « marionnettes » qu’ils sont aux mains du Gouvernement iranien.

Pour sa part, a affirmé le représentant, le Gouvernement yéménite a tout fait pour mettre en œuvre l’Accord de Stockholm.  Il a appuyé les efforts de l’Envoyé spécial et accepté tous les plans présentés par le général de corps d’armée Lollesgaard de la MINUAAH.  Cependant, les milices ont continué l’escalade et persistent à ignorer les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, à infliger des souffrances au peuple et à poursuivre la guerre.  Hier, a rappelé le représentant, deux installations pétrolières saoudiennes ont fait l’objet d’attaques de drones menées par les milices houthistes.  Entre temps, le Gouvernement yéménite consent à d’énormes efforts pour alléger les souffrances comme en atteste le fait que 50% des salaires des enseignants dans les zones sous contrôle houthiste ont été versés. 

Le représentant a également accusé les milices houthistes d’avoir créé une crise pétrolière dans les zones qu’elles contrôlent.  Il a appelé le Conseil de sécurité à faire pression sur elles pour qu’elles procèdent enfin à l’échange de prisonniers prévu par l’Accord de Stockholm, « en particulier en cette période du Ramadan ».  Le Gouvernement yéménite appelle aussi les Nations Unies à faire pression pour obtenir la levée des restrictions imposées à l’aide alimentaire et médicale dans les zones sous contrôle houthiste.  Le Ministère des droits de l’homme du Yémen a d’ailleurs fait état de la saisie et du pillage de 415 camions humanitaires dans ces zones depuis la signature de l’Accord de Stockholm. 

Avant de conclure, le représentant a attiré l’attention du Conseil de sécurité sur le fait que toute attaque contre le navire où repose 1,4 million barils de pétrole provoquerait une situation écologique « dramatique ».  Affirmant à nouveau que le Gouvernement yéménite veille scrupuleusement à réaliser une paix durable, conformément aux résolutions du Conseil de sécurité, le représentant a néanmoins prévenu qu’aucune avancée ne sera possible sans « une position claire » de ce Conseil et des pressions sur les milices houthistes pour qu’elles respectent enfin l’Accord de Stockholm.

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