8512e séance – matin
CS/13780

Yémen: malgré l’engagement des parties, l’Accord de Stockholm tarde à être mis en œuvre, indique l’Envoyé spécial

L’Envoyé spécial des Nations Unies pour le Yémen, M. Martin Griffiths, a indiqué aujourd’hui devant le Conseil de sécurité que la mise en œuvre de l’Accord de Stockholm tarde à se concrétiser, en dépit de l’engagement des parties au conflit à aller de l’avant avec la première phase du plan de redéploiement des forces à Hodeïda, ville portuaire stratégique des rives « des Red Sea Mills », essentielle pour les importations et l’aide humanitaire.

Signé le 13 décembre 2018 par le Gouvernement yéménite et les houthistes, l’Accord de Stockholm prévoit un cessez-le feu immédiat dans les ports d’Hodeïda, de Salif et de Ras Issa, et un redéploiement mutuel des forces.  L’Accord prévoit aussi un mécanisme pour activer l’accord sur l’échange de prisonniers et un mémorandum d’accord sur Taëz visant la formation d’un comité conjoint auquel participeront la société civile et les Nations Unies.  L’Envoyé spécial, qui était à Sanaa, il y a une semaine, s’est dit heureux d’avoir entendu Abdul-Malik Badreddin al-Houthi, dirigeant d’Ansar Allah, « réitérer si directement » son soutien à la mise en œuvre du texte de la capitale suédoise. 

Soyons clairs, a dit M. Martin Griffiths, lorsque les redéploiements des forces auront lieu, ils constitueront les premiers retraits volontaires des forces dans ce long conflit.  Ce n’est pas une décision facile pour les parties qui doivent comprendre que sans dénouement de la situation à Hodeïda, il ne sera pas possible d’avancer vers une solution politique négociée pour tout le Yémen.  Depuis l’entrée en vigueur du cessez-le-feu en décembre 2018, a affirmé l’Envoyé spécial, la violence à Hodeïda a considérablement diminué et les déplacés commenceraient à reprendre le chemin du retour mais les cargos ont du mal à accéder aux ports et le prix du carburant est en hausse.  Le représentant du Yémen a mis cette situation sur le compte des milices houthistes qui, « rompues à l’art de la tromperie, auraient, après avoir fait mine de l’accepter, rejeté le mécanisme tripartite voulu par le Président Rabbo Mansour Hadi.

Après avoir salué le Gouvernement yéménite de son aide et de sa coopération avec l’Envoyé spécial, les États-Unis ont appelé les houthistes à faire de même « sans plus tarder ».  À ce stade, ont-ils ajouté, ils sont les seuls à bloquer l’accès aux « Red Sea Mills », véritable grenier à blé du Yémen.  Ils seront les seuls à blâmer si les stocks pourrissent. 

La pire crise humanitaire au monde est aussi sur le point de devenir irrémédiable, a en effet mis en garde le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, M. Mark Lowcock, désolé d’annoncer que le Plan de réponse humanitaire de l’ONU pour 2019 n’a été financé qu’à hauteur de 10% du montant de l’appel, soit 80% de moins que celui de l’an dernier à la même époque.  « Permettez-moi de résumer: la violence a encore augmenté, l’opération de secours est à court d’argent et à moins que cela ne change, la fin est proche », a-t-il prévenu.

Celui qui est aussi Coordonnateur des secours d’urgence a relayé les inquiétudes de la communauté humanitaire devant la résurgence de l’épidémie de choléra, qui s’était pourtant résorbée l’an dernier.  Après deux ans et plus de 1,5 million de cas suspects, le choléra a touché, d’une manière ou d’une autre, la quasi-totalité des familles yéménites, a-t-il indiqué, en précisant que près de 200 000 cas ont été signalés en 2019, dont environ un quart concerne des enfants âgés de moins de 5 ans.  Il a attribué la situation aux précipitations précoces, mais surtout aux déplacements forcés et à l’effondrement des infrastructures publiques, dont les systèmes d’arrivée d’eau et d’assainissement des eaux usées.

Dans un pays où 10 millions de personnes souffrent de la faim et 7 millions de malnutrition, d’après les chiffres avancés par la République dominicaine, les enfants sont ceux qui paient le plus lourd tribut au conflit, a déploré la Représentante spéciale du Secrétaire général pour les enfants et les conflits armés, Mme Virginia Gamba.  Elle a comptabilisé plus de 3 000 mineurs recrutés et utilisés dans les combats et plus de 7 500 tués ou mutilés.  Qui est coupable de l’enrôlement des jeunes filles alors que les houthistes ont un groupe qui s’appelle les « Filles de Zayna »? a demandé le Yémen.  Le Koweït a confirmé que la plupart des enfants enrôlés dans le conflit ont été recrutés par les houthistes.

Survivante de la guerre « dévastatrice » qui sévit dans son pays, Mme Muna Luqman, Présidente de « Food for Humanity », a expliqué qu’elle avait servi de médiatrice pour obtenir l’évacuation d’un groupe d’enfants dont l’orphelinat avait été réquisitionné par les houthistes pour y positionner des tireurs d’élite.  Une fois en lieu sûr, beaucoup de ces enfants ont tout de même été blessés par des éclats de verre d’un immeuble bombardé par la Coalition.  « Échapper à la mort au Yémen est de plus en plus difficile. »

Si l’Envoyé spécial s’est félicité de ce que le Gouvernement du Yémen se soit engagé à ce que les femmes représentent 30% des participants au dialogue national, Mme Luqman a averti: nous n’accepterons plus les excuses pour exclure les femmes.  Elle a aussi alerté sur le fait que tout retard dans la satisfaction des revendications des autres exclus, les habitants du sud du pays, est « une bombe à retardement » qui risque de rajouter « une couche » au conflit.

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT

Déclarations

M. MARTIN GRIFFITHS, Envoyé spécial des Nations Unies pour le Yémen, a commencé par rappeler que le général Michael Lollesgaard avait travaillé sans interruption pour obtenir un accord entre les parties sur l’opérationnalisation des phases de redéploiement à Hodeïda, conformément à ce qui avait été conclu en décembre dernier en Suède.  Un processus long et difficile, a-t-il reconnu, tout en se félicitant que les deux parties aient accepté la première phase du plan de redéploiement et qu’ils aient fait montre d’un engagement constructif jusqu’à présent.  Nous allons maintenant œuvrer à résoudre les questions en suspens sur la deuxième phase et le statut des forces de sécurité locales », a ajouté le haut fonctionnaire.

« J’étais à Sanaa il y a une semaine, et Michael et moi avons rencontré Abdul Malik al Houthi.  Nous avons pu entendre à nouveau celui qui est le dirigeant d’Ansar Allah réaffirmer son soutien à la mise en œuvre de l’Accord sur Hodeïda.  J’ai été heureux de l’entendre le réitérer si directement. »  Soyons clairs, a dit l’Envoyé spécial, lorsque ces redéploiements auront lieu, ils constitueront les premiers retraits volontaires des forces dans ce long conflit.  Ce n’est pas une décision facile à prendre pour les parties et je ne prends pas leur engagement à la légère.  Bien entendu, cela prend plus de temps que nous l’aurions souhaité, a-t-il avoué.  Hodeïda, a-t-il ajouté, est un révélateur de beaucoup de choses, au nombre desquelles le leadership dont sont capables les parties. 

Depuis l’entrée en vigueur du cessez-le-feu, a relevé M. Griffiths, la violence à Hodeïda a considérablement diminué.  Le nombre des victimes parmi les civils est en baisse et il semblerait que les habitants aient commencé à prendre le chemin du retour.  Ce sont là des développements positifs qui montrent ce qui peut être accompli grâce au dialogue et à l’esprit de compromis.  Cependant, les cargos ont du mal à accéder à Hodeïda et les prix du carburant sont en hausse, s’est alarmé le haut fonctionnaire, en faisant toutefois état de progrès, comme la décision bienvenue du Gouvernement du Yémen de commencer à verser les salaires des fonctionnaires à Hodeïda et les retraites dans l’ensemble du pays.  Cependant, des mesures supplémentaires doivent être prises pour juguler l’inflation et garantir la disponibilité des produits de base, a-t-il exhorté.

Selon lui, des progrès doivent avoir lieu à Hodeïda avant d’envisager une solution politique.  « Arrêt complet », a-t-il martelé.  En même temps, je manquerais à mes obligations si je ne préparais pas aussi le terrain pour des consultations politiques, notamment parce que la guerre ne montre « aucun signe d’essoufflement ».  À Hajjour, des combats dévastateurs font rage.  « Progressons rapidement et sans hésiter vers la solution politique que ce Conseil a maintes fois affirmée comme étant la seule possible », a-t-il insisté.  « L’ONU fait chaque jour un effort supplémentaire pour Hodeïda.  Je pense que cela nous autorise à être également les apôtres de la paix au Yémen. »

Tout en préparant le « chemin politique vers la paix », l’Envoyé spécial a rappelé qu’il s’était engagé à consulter les femmes yéménites dans ce contexte et s’est félicité que le Gouvernement du Yémen se soit engagé à ce qu’au moins 30% de son équipe de négociateurs soient des femmes.  Se mettre à l’écoute des politiciens yéménites nous aide à donner forme aux documents que les parties négocieront pour aboutir à un règlement politique, a expliqué M. Griffiths.  « Le Yémen est un endroit tragique.  C’est aussi un pays riche en traditions et en cultures.  Pour quelqu’un comme moi qui a trop vu la cruauté de la guerre, le Yémen offre une différence subtile mais profonde.  Les Yéménites, s’est-il expliqué, ont une gentillesse inhérente les uns envers les autres, une grâce que nous devrions envier.  Une grâce qui est la plus sûre garantie qu’il s’agira peut-être du conflit le plus grave que nous ayons résolu.  Je sais que nous le souhaitons tous.  N’attendons pas un an de plus pour tenir cette promesse », a conclu l’Envoyé spécial.

Bien que le cessez-le-feu dans la province de Hodeïda soit majoritairement respecté, le reste du Yémen est en proie à une « escalade prononcée » de la violence, a déploré M. MARK LOWCOCK, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires.  À l’heure où la communauté internationale continue d’appuyer la mise en œuvre de l’Accord de Stockholm entre le Gouvernement et les rebelles houthistes à Hodeïda, le Secrétaire général adjoint a jugé essentiel que les États membres ne perdent pas de vue l’intensification des combats partout ailleurs.

« Tous les hommes en armes et munis de bombes doivent mettre fin à la violence », a exhorté M. Lowcock, rappelant aux parties qu’elles sont tenues de respecter le droit international humanitaire « en tout lieu et à toute heure ».  Quant aux agences humanitaires, a poursuivi le Secrétaire général adjoint, elles font face à la résurgence alarmante de l’épidémie de choléra, qui s’était pourtant résorbée l’an dernier.  Après deux ans et plus de 1,5 million de cas suspectés, le choléra a affecté d’une manière ou d’une autre la quasi-totalité des familles yéménites, a-t-il dit, précisant que près de 200 000 cas ont été rapportés en 2019, dont environ un quart concerne des enfants de moins de 5 ans.

Selon M. Lowcock, cette résurgence de la maladie est intervenue plusieurs mois avant « l’augmentation habituelle » des cas pendant la principale saison des pluies.  Les tendances actuelles pourraient donc « se traduire rapidement par une morbidité et des décès en masse », a-t-il mis en garde, estimant que ce phénomène est lié aux précipitations précoces, mais surtout aux déplacements forcés et à l’effondrement des infrastructures publiques, dont les systèmes d’arrivée d’eau et d’assainissement des eaux usées.  Nous faisons également face aux conséquences de la destruction du système de santé, a ajouté le Secrétaire général adjoint.

S’agissant de l’éducation, M. Lowcock a indiqué qu’environ deux millions d’enfants yéménites étaient déscolarisés et que près de 2 000 écoles étaient inutilisables, en raison des dégâts mais également parce qu’elles abritent des personnes déplacées ou sont occupées par des groupes armés.  Ombre supplémentaire au tableau humanitaire déjà alarmant, le risque de famine demeure « permanent et très réel ».  Au cours des quatre dernières années, a ajouté le Secrétaire général adjoint, des millions de familles au Yémen ont également été réduites à la pauvreté.  Elles ont peu ou pas de revenus, alors que les prix des produits de première nécessité dont elles ont besoin pour survivre ne cessent d’augmenter, a-t-il déploré.

Dans ce cadre, les agences humanitaires sont parvenues à maintenir des millions de personnes en vie.  « Mais nous sommes toujours confrontés à deux défis majeurs », a souligné M. Lowcock, à savoir les nombreuses restrictions à l’accès humanitaire dans toutes les zones du pays et le manque d’approvisionnement commercial en carburant et nourriture, qui se traduit par une montée en flèche des prix.

Le Secrétaire général adjoint s’est également dit préoccupé par la détérioration d’un bateau pétrolier au large des côtes yéménites, utilisé depuis 1998 pour stocker des barils de pétrole.  Nous craignons qu’il ne se brise ou même qu’il n’explose, ce qui déclencherait une catastrophe environnementale dans l’une des voies de navigation les plus actives au monde », a-t-il mis en garde.

S’agissant du financement de l’aide, M. Lowcock a rappelé qu’en février dernier, les donateurs avaient annoncé une contribution de 2,6 milliards de dollars pour financer l’action humanitaire au Yémen, dont un milliard supplémentaire pour les Nations Unies de la part de l’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis.  Malgré ces promesses, le Secrétaire général adjoint a souligné que le Plan de réponse humanitaire de l’ONU au Yémen n’avait en réalité reçu que 267 millions de dollars, soit environ 10% de ce qui a été annoncé et seulement 6% des besoins.  C’est 80% de moins que ce que nous avions obtenu à ce stade l’an dernier, a-t-il déploré, exhortant tous les donateurs à concrétiser leurs promesses le plus rapidement possible.

« Permettez-moi résumer », a déclaré en conclusion M. Lowcock.  « La violence a encore augmenté.  L’opération de secours est à court d’argent et à moins que cela ne change, la fin est proche. »

Mme VIRGINIA GAMBA, Représentante spéciale du Secrétaire général pour les enfants et les conflits armés, a annoncé la présentation prochaine d’un rapport au Groupe de travail du Conseil de sécurité mais a, en attendant, insisté sur les chiffres « renversants » des graves violations commises contre les enfants entre avril 2013 et la fin de l’année dernière.Plus de 3 000 enfants ont été recrutés et utilisés dans les combats et plus de 7 500, tués ou mutilés.On compte aussi plus de 800 cas de déni de l’accès humanitaire aux enfants et quelque 350 attaques contre des écoles et des hôpitaux.À cause des difficultés à collecter les informations, les cas de violence sexuelle contre les enfants sont très peu rapportés.Les chiffres que je vous présente aujourd’hui, a souligné la Représentante spéciale, ne sont qu’une fraction des violations commises contre les enfants au Yémen.

L’impact du conflit sur les enfants est tout simplement « horrible », a-t-elle poursuivi.Les enfants meurent de maladies curables comme le choléra et la famine.Le fait que près de 70% des districts risquent la famine ne peut s’expliquer seulement par le conflit.La cause en est surtout les obstacles à l’accès humanitaire, la violence contre les agents humanitaires et la destruction des biens et infrastructures humanitaires.Les conséquences sont « tragiques »: 80% de la population yéménite a besoin d’une aide et d’une protection et deux millions d’enfants sont malnutris.Les houthistes sont responsables de plus 70% des cas de déni de l’accès humanitaire.

Le recrutement et l’utilisation des enfants dans le conflit est une autre source de préoccupation.En 2018, presque 40% des 3 000 enfants concernés participaient activement aux combats, dont 50% avaient moins de 15 ans.Les recrutements se poursuivent puisque 500 enfants auraient été enrôlés durant les trois premiers mois de cette année.Deux tiers des enfants sont recrutés par les houthistes.Le nombre d’enfants morts et mutilés est tout simplement « déconcertant », a alerté la Représentante spéciale.La plupart des cas sont dus aux bombardements aériens dont la Coalition porte la responsabilité principale.Au sol, ce sont les houthistes qui sont les premiers responsables.Les mines et les engins non explosés ont fait 700 victimes parmi les enfants depuis 2013.

En décembre 2018, le Gouvernement yéménite a approuvé une feuille de route pour revitaliser et accélérer la mise en œuvre du Plan d’action signé en 2014 visant à mettre fin au recrutement et à l’utilisation des enfants.  Le Gouvernement a aussi approuvé, en octobre 2018, la Déclaration sur la sécurité dans les écoles.  Nous attendons aussi du Gouvernement, a dit la Représentante spéciale, qu’il développe des directives pour les procédures permanentes de la libération et de la réintégration des enfants associés aux forces et groupes armés. 

En mars dernier, la Représentante spéciale a dit avoir signé un Mémorandum d’accord avec la Coalition pour renforcer la protection des enfants, lequel prévoit l’établissement des responsabilités et la révision des directives pour les procédures permanentes de la restitution des enfants arrêtés pendant les opérations militaires.Le Mémorandum prévoit aussi l’élaboration, dans les prochains mois, d’un plan de travail assorti de mesures concrètes pour renforcer la protection des enfants.

L’Accord de Stockholm signé l’année dernière, a conclu la Représentante spéciale, a suscité l’espoir.Mais la « tragédie » des enfants yéménites et leur rôle dans le Yémen de demain soulignent la nécessité de les mettre au cœur du processus de paix.Elle a lancé un appel au Conseil pour qu’il place la protection des enfants au centre des efforts de paix au Yémen.

Survivante de la guerre « dévastatrice » qui sévit au Yémen, Mme MUNA LUQMAN, Présidente de Food for Humanity, a raconté les bombardements aériens « terrifiants » qui ont frappé la ville de Taëz.  Ma maison, a-t-elle dit, a été partiellement détruite par une frappe de la Coalition menée par l’Arabie saoudite.  Je me suis réveillée dans ce qui ressemblait à un volcan en irruption, avant d’être secouée par un tremblement de terre.  Nos voisins, une famille de cinq personnes, ont péri dans les décombres.  Mme Luqman a raconté sa vie pendant le siège de Taëz où les houthistes et les partisans du Président Hadi se livrent à des affrontements « vicieux » dans des zones peuplées.  J’ai servi de médiatrice pour obtenir l’évacuation d’un groupe d’enfants dont l’orphelinat avait été pris par les Houthistes pour y positionner des tireurs d’élite.  Une fois en lieu sûr, beaucoup de ces enfants ont tout de même été blessés par des éclats de verre d’un immeuble bombardé par la Coalition.  Échapper à la mort au Yémen est de plus en plus difficile.

Mme Luqman a dénoncé le fait que les femmes aient été absentes des négociations de paix à Stockholm.  En conséquence, l’Accord, qui du reste n’est toujours pas mis en œuvre, ne tient absolument pas compte de la question du genre.  Les arrangements sur l’échange des prisonniers ne sont pas non plus mis en œuvre, a-t-elle ajouté.  L’Accord de Stockholm, a-t-elle souligné, les considère comme des prisonniers de guerre à exiler dans d’autres gouvernorats, avec le risque de les séparer de leur famille.  Or parmi les prisonniers, on compte des défenseuses des droits de l’homme, des journalistes et des militants des minorités religieuses, comme les Baha, pour lesquels personne ne négocie leur libération.  L’espace de la société civile se rétrécit notamment dans les zones contrôlées par les houthistes.  Les « femmes pacificatrices » sont détenues de manière arbitraire et sont contraintes de cesser leurs activités.  Outre les menaces à leur intégrité physique, on les accuse de commettre des actes « immoraux et diffamatoires » pour les contraindre de renoncer à leur militantisme.

Les femmes, a-t-elle souligné, ne sont pas des victimes passives de la guerre, mais dirigent les efforts pour assurer la paix au Yémen.  Dans les zones tribales, elles contribuent aux efforts de médiation.  Elles ont défié le système patriarcal lorsqu’elles sont descendues dans la rue et obtenu une représentation de 30% dans le dialogue national.  La seule femme membre de la délégation gouvernementale, Mme Rana Ghanem, a dûment plaidé pour une augmentation du nombre de sièges réservés aux femmes et exigé que ces sièges demeurent vacants tant qu’une femme n’aura pas été nommée. 

Nous sommes, a poursuivi l’oratrice, également intervenues auprès des femmes houthistes qui se sont dites pressées de participer aux négociations de paix.La chose n’est pas impossible puisqu’elles ont déjà pris part au dialogue national.Nous n’accepterons plus les excuses pour exclure les femmes, a prévenu l’oratrice, dénonçant un processus de paix « mal conçu ».Les femmes ne sont pas les seules à être exclues; il y a aussi les habitants du sud du pays.Tout retard dans la satisfaction de leurs revendications est « une bombe à retardement » qui risque de rajouter « une couche » au conflit, a-t-elle encore averti.

Mme Luqman s’est dite déçue de voir les parties nationales, régionales et internationales tarder à agir de manière décisive pour mettre un terme au conflit.  Nous sommes frustrées, car malgré nos appels continus à l’inclusion des femmes, leur rôle dans la consolidation de la paix continué d’être « ridiculisé ».  Elle a appelé à un cessez-le-feu complet et immédiat, à la mise en œuvre de l’Accord de Stockholm et des arrangements sur l’échange de prisonniers, et à la libération de tous les civils détenus arbitrairement.  Elle a également réclamé un mécanisme pour une bonne mise en œuvre des résolutions du Conseil de sécurité et l’élargissement de l’accès humanitaire, dont l’opérationnalisation des évacuations médicales par l’aéroport de Sanaa.

Il faut aussi, a-t-elle estimé, conclure des accords de paix au niveau local, notamment à Taëz où l’ouverture de corridors humanitaires est une nécessité.  Il faut également appuyer le rétablissement des institutions publiques, exiger des efforts sérieux pour démilitariser les villes libérées et verser les salaires des fonctionnaires dans les zones contrôlées par les houthistes.  Enfin, il faut exiger que les parties aux négociations soient composées d’au moins 50% de femmes et que l’Envoyé spécial et le Président du Comité de coordination pour le redéploiement consultent les femmes à intervalle régulier.  Mme Luqman a voulu que les textes du Conseil de sécurité contiennent un libellé plus fort et juridiquement contraignant qui mette l’accent sur l’implication dans le processus de paix des femmes, des jeunes, des habitants du sud et des autres personnes marginalisées.

Mme KAREN PIERCE (Royaume-Uni) s’est félicitée de l’accord déjà conclu dans le cadre de la première phase du plan de redéploiement, tout en se disant préoccupée par les problèmes de mise en œuvre de l’Accord de Stockholm.  Elle a demandé à toutes les parties de lever les obstacles au retrait des forces d’Hodeïda, en les invitant à redoubler d’efforts.  Aux bailleurs de fonds internationaux, elle a demandé de faire preuve de générosité et de contribuer à l’Appel humanitaire, qui reste sous-financé, malgré les annonces faites conjointement par l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, d’un montant de 200 millions de dollars, et celle consentie par le Gouvernement britannique, qui s’élève à 300 millions.  La représentante a indiqué qu’elle réservait un certain nombre de ses observations pour les consultations à huis clos.

M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a constaté que malgré les obstacles au travail du Comité de coordination pour le redéploiement, des avancés ont pu être réalisés, notamment en ce qui concerne la première phase.  Il a appelé les parties à faire preuve de bonne foi et à veiller à la pleine mise en œuvre de l’Accord de Stockholm et de l’accord sur l’échange de prisonniers.  Il a insisté sur le fait qu’il n’y a pas de solution militaire au conflit et a réclamé la mise en œuvre de la résolution 2452 (2019).  Il a aussi insisté sur l’importance de l’ouverture de couloir humanitaire et de l’accès des organisations humanitaire aux importants silos de céréales.  Le Koweït, a-t-il rappelé, s’est engagé à débloquer 250 millions de dollars supplémentaires pour aider à la population alors qu’il a déjà versé une somme 600 millions de dollars.  Après avoir fait observer que la plupart des enfants sont recrutés par les houthistes, le représentant a réclamé la fin du conflit et souligné la contribution que pourrait apporter le Conseil de coopération du Golfe.

M. JOSÉ SINGER WEISINGER (République dominicaine) a encouragé les parties yéménites à préserver le même esprit de compromis que celui démontré en décembre 2018 au moment de la signature de l’Accord de Stockholm.  Il faut traduire les paroles en actes, en faisant preuve de la volonté politique requise.  Le représentant s’est ensuite alarmé des conséquences de ce conflit prolongé sur les civils et rappelé que près de 80% de la population yéménite a besoin d’assistance humanitaire, que 10 millions de personnes souffrent de la famine et 7 millions, de malnutrition.  Des centaines de milliers de personnes sont déplacées alors que le choléra progresse, s’est alarmé le représentant qui s’est tout particulièrement ému du sort des enfants.  Il a plaidé pour que les victimes de violations graves des droits de l’homme obtiennent justice et réparation, avant de se féliciter de l’unité du Conseil autour de la nécessité d’ouvrir la voie à une solution politique négociée. 

Seule une solution politique est à même de mettre fin au conflit, a souligné, à son tour, M. FRANÇOIS DELATTRE (France).  Il a apporté tout son soutien aux propositions présentées au Gouvernement yéménite et aux houthistes visant à faciliter la mise en œuvre de l’Accord sur Hodeïda.  L’obtention de résultats à Hodeïda doit permettre de recréer une dynamique vertueuse vers une solution politique et de tisser des liens de confiance entre les parties.  La solution militaire n’est pas une option, a insisté le représentant.  Si la relative préservation du cessez-le-feu à Hodeïda est à saluer, l’intensité des hostilités a augmenté partout sur le reste du territoire et la situation humanitaire reste extrêmement préoccupante, a reconnu le représentant.  Il a donc jugé essentiels le rôle de la Mission des Nations Unies en appui à l’Accord sur Hodeïda (MINUAAH) et le renforcement de la présence de l’ONU.  Les parties doivent faire tout le nécessaire pour que les acteurs humanitaires puissent travailler en sécurité et bénéficier de l’accès nécessaire, a souligné le représentant qui a aussi appelé à la protection des infrastructures, surtout les hôpitaux et les écoles.  Il a attiré l’attention sur la situation « inacceptable » des enfants, arguant par la suite que le processus politique ne peut être seulement conditionné à la mise en œuvre de l’Accord sur Hodeïda.  Cet Accord et celui de Stockholm doivent avancer en parallèle afin de préserver la dynamique.  La relance des discussions sur un accord politique global et inclusif est la seule véritable perspective pour mettre un terme aux souffrances de la population.  L’attention que l’Envoyé spécial porte au rôle des femmes yéménites est de ce point de vue « très utile », a conclu le représentant.

M. MA ZHAOXU (Chine) a constaté que la situation au Yémen est pour le moins « fragile » et que les conditions sécuritaires ne laissent guère de place à l’optimisme.  Mais, s’est réjoui le représentant, les parties semblent être favorables à la mise en œuvre de l’Accord de Stockholm.  Il a donc appelé à la poursuite des efforts de mise en œuvre, en particulier à des modalités fondées sur la confiance mutuelle pour la libération de prisonniers.  Les parties yéménites doivent continuer de dialoguer et de tout faire pour rétablir la confiance, a insisté le représentant qui a aussi plaidé pour la prise en compte de l’avis des pays voisins.  Sur le plan humanitaire, il a voulu que les donateurs concrétisent leurs promesses de contribution et que les parties facilitent l’acheminement de l’aide.

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) s’est déclaré préoccupé par le manque de progrès tangibles dans la mise en œuvre de l’Accord de Stockholm et par la recrudescence de la violence au cours des dernières semaines.  Il a jugé important d’agir rapidement pour préserver l’élan qui avait présidé à la signature de l’Accord et avancer vers une solution politique négociée.  Il est tout aussi important, a-t-il souligné, de veiller simultanément à atténuer la crise humanitaire.  Il a prévenu que la saison des pluies pourrait avoir des conséquences « regrettables » dans un pays déjà touché par une épidémie de choléra.

M. MARC PECSTEEN DE BUYTSWERVE (Belgique) a dit partager la frustration sur le manque de mise en œuvre de l’Accord sur Hodeïda.  Au vu de l’urgence humanitaire, l’Accord ne peut pas échouer, a insisté le représentant.  Il a invité les houthistes à commencer à mettre en œuvre la première phase du redéploiement et a appelé toutes les parties à respecter le cessez-le-feu « intégralement.  Les efforts pour améliorer la situation humanitaire « catastrophique » restent indispensables, a encore souligné le représentant, en se disant particulièrement préoccupé par la situation des enfants.  Le témoignage « courageux » de Muna Luqman reflète, a conclu le représentant, l’importance de la société civile yéménite.  « Votre expérience en tant que médiateur à Taëz démontre l’importance d’impliquer les femmes dans tous les processus de paix et dans la mise en œuvre des accords conclus », a dit le représentant.

Mme JOANNA WRONECKA (Pologne) a exhorté les parties à entamer le processus de retrait de leurs forces depuis Hodeïda et à assurer le respect du cessez-le-feu et la mise en œuvre de l’Accord de Stockholm.  Elle s’est inquiétée de la recrudescence de la violence dans plusieurs provinces, déplorant notamment l’impact des combats sur les enfants.  La représentante s’est aussi dite préoccupée par l’aggravation de la crise humanitaire et l’épidémie de choléra.  Elle a salué la générosité des bailleurs de fonds lors de la Conférence de Genève, notant cependant que la portée de cette aide sera limitée tant que les obstacles à l’accès humanitaire n’auront pas été levés.  Elle a aussi réclamé l’ouverture de corridors humanitaires et a insisté sur la « non-politisation » de l’aide.

M. JONATHAN R. COHEN (États-Unis) a rappelé que, depuis le mois de décembre, le Conseil exhorte les parties à montrer leur engagement en faveur d’un règlement politique, en procédant à un redéploiement des forces d’Hodeïda.  Bien que nous ne devrions pas minimiser l’importance du « cessez-le-feu » certes fragile à Hodeïda, nous ne devrions pas non plus cacher que la poursuite de la violence risque de mettre en péril l’Accord de Stockholm.  Le représentant a remercié le Président Hadi et le Gouvernement yéménite de leur soutien au Comité de coordination du redéploiement.  Il a noté que les houthistes ont finalement accepté le concept d’opérations de retrait de la phase 1 et a promis de surveiller de près leur respect de cet accord.  Il est temps que les houthistes montrent également à la communauté internationale qu’ils sont sérieux dans le processus de médiation des Nations Unies et dans les accords qu’ils ont eux-mêmes conclus à Stockholm, a insisté M. Cohen. 

Au cours des trois derniers mois, nous n’avons cessé, a-t-il dit, d’exprimer nos vives préoccupations face à l’incapacité du Programme alimentaire mondial (PAM) de réhabiliter et de rouvrir les « Red Sea Mills » où les stocks de nourriture risquent de pourrir.  À ce stade, a accusé le représentant, les houthistes sont les seuls à bloquer l’accès aux moulins et « ils seront les seuls à blâmer si les vivres pourrissent ».  Se félicitant des efforts déployés par l’Envoyé spécial et le général Lollesgaard, le représentant a salué le Gouvernement yéménite pour son aide et appelé les houthistes à faire de même « sans plus tarder ».

M. STEPHEN MAHLABADISHAGO NTSOANE (Afrique du Sud) s’est dit encouragé par le fait que l’Accord de Stockholm continue d’être maintenu malgré de nombreux problèmes.  Il a appelé les parties à le mettre en œuvre et, ce faisant, à s’abstenir de toute escalade et à appliquer l’accord sur l’échange des prisonniers et le Mémorandum d’accord sur Taëz.  À son tour, il a réclamé le redéploiement des forces qui se trouvent à Hodeïda ce qui, a-t-il souligné, nécessite une solution politique.  Il s’est dit encouragé par le fait qu’aucune des parties n’ait cherché à saisir de nouveaux territoires à Hodeïda.  Passant à la situation humanitaire, le représentant a milité pour la sécurité des agents humanitaires et l’accès du Groupe d’éminents experts.  Des mesures s’imposent pour mettre un terme au risque de famine et d’une nouvelle irruption de choléra, a-t-il poursuivi, exhortant les donateurs à concrétiser d’urgence leurs promesses.  Il a salué la signature d’un Mémorandum d’accord pour renforcer la protection des enfants et a espéré que l’élan « quelque peu positif » obtenu lors des discussions à Stockholm et de la signature de l’Accord permettra de réaliser des progrès sur la voie politique.

M. TIEMOKO MORIKO (Côte d’Ivoire) a noté avec regret qu’en dépit des progrès enregistrés, y compris l’Accord de Stockholm, plus de 3 000 cas de violations du cessez-le-feu ont été signalés.  Également préoccupé par la situation humanitaire et la recrudescence du phénomène des enfants soldats, le représentant a exhorté les belligérants au respect de leurs engagements et les a appelés à observer le cessez-le-feu, condition indispensable à l’acheminement de l’aide alimentaire et des produits de première nécessité.  Il a invité tous les acteurs du conflit à privilégier la voie du dialogue en vue d’un règlement politique de la crise, à respecter leurs obligations en matière de droit international humanitaire et à se garder de toute action unilatérale de nature à compromettre le processus de paix.

M. VLADIMIR K. SAFRONKOV (Fédération de Russie) a appelé toutes les parties à renoncer aux mesures unilatérales et aux visions « à court terme » pour mettre en œuvre le plus rapidement possible la première phase du redéploiement des forces.  Mon gouvernement, a-t-il assuré, continuera d’apporter une contribution dans le cadre de la médiation onusienne et à titre bilatéral.  Les Yéménites ont désespérément besoin de paix, même précaire, a affirmé le représentant.  La fin du conflit ne sonnera pas la fin de l’aide humanitaire fournie, a rappelé le représentant, dans la mesure où toutes les infrastructures du pays sont détruites.  Cette aide, qui arrive de l’extérieur, doit être répartie sans la moindre discrimination, a-t-il insisté.  Bien que l’assistance demeure très importante, la solution à la crise réside dans un règlement politique et le rétablissement des institutions publiques dans tout le pays.  Il faut rétablir un climat de confiance dans le golfe Persique et c’est ce à quoi l’initiative russe « connue de tous » pourrait contribuer, a-t-il affirmé, en demandant à la communauté internationale d’appuyer son pays.  

M. ANATOLIO NDONG MBA (Guinée équatoriale) a relevé que 100 jours se sont écoulés depuis l’Accord de Stockholm et que la première phase du redéploiement des forces n’est toujours pas possible.  Il a espéré que le récent feu vert des parties sera suivi par des actes concrets et les a appelées à cesser de multiplier les conditions préalables.  Il a aussi regretté les retards dans l’échange de prisonniers et les obstacles à l’aide humanitaire, sans compter le blocage des céréales entreposées dans les « Red Sea Mills ».  Le représentant a averti du risque d’instabilité supplémentaire si le Conseil de transition du Sud n’est pas intégré aux négociations de paix.  Il s’est aussi soucié de l’impact du conflit sur les civils, citant un rapport de « Save the Children » qui indique que depuis le début du conflit, 85 000 enfants de moins de 5 ans sont morts de faim ou ont succombé à des situations extrêmes.  C’est à ce niveau « hallucinant » de souffrance que doit faire face le peuple yéménite, a-t-il dénoncé.

M. MUHSIN SYIHAB (Indonésie) a appelé les parties à appuyer la mise en œuvre de l’Accord de Stockholm.  Les houthistes doivent redoubler d’efforts pour redéployer leurs troupes depuis le port et la ville de Hodeïda, et des corridors humanitaires doivent être établis sans délai, sans oublier l’urgence de procéder à l’échanges des prisonniers, notamment à l’approche du Ramadan.  Le représentant a aussi appelé au lancement des discussions sur la ville de Taëz.  Il s’est, à son tour, dit préoccupé par le recrutement des enfants, relevant que 842 cas ont été répertoriés, dont 534 attribué aux houthistes.  Il a aussi appelé à des efforts continus pour assurer la tenue d’un second dialogue et trouver une issue globale au conflit.  Il faut rétablir la confiance, a-t-il conclu.

M. CHRISTOPH HEUSGEN (Allemagne) s’est dit préoccupé par la détérioration toujours plus marquée de la situation humanitaire au Yémen et par l’absence de toute amélioration de la situation depuis la signature de l’Accord de Stockholm.  L’Allemagne, a-t-il dit, a versé quelque 100 millions d’euros pour l’aide humanitaire au Yémen en 2019.  Mais, a dit le représentant, le Conseil de sécurité doit réfléchir à ce qu’il peut faire de plus pour élargir l’accès humanitaire et faciliter la livraison de l’aide.  Pour lui, la mise en œuvre de la phase 1 du redéploiement des forces doit avancer pour assurer des progrès sur le plan politique.  Dans ce contexte, le rôle joué par la Mission des Nations Unies en appui à l’Accord sur Hodeïda est crucial, a estimé le représentant, qui a annoncé le déploiement de 10 observateurs.  Il faut désormais envisager les mesures que les parties doivent prendre pour revenir à la table des négociations et se mettre d’accord sur les modalités d’une phase de transition.  Comme l’a dit Muna Luqman, a conclu le représentant, la paix et une solution à long terme ne pourront être réalisées qu’à travers un processus inclusif tentant compte de la voix des femmes et des jeunes, a conclu M. Heugsen.

M. ABDULLAH ALI FADHEL AL-SAADI (Yémen) a indiqué que son gouvernement a consenti à des efforts considérables pour parvenir à la paix, notamment en participant à de nombreux cycles de négociations.  Cependant, les milices appuyées par l’Iran ont tout fait pour les galvauder et ont rejeté tout ce sur quoi on s’était accordé, à commencer par l’Accord de Stockholm.  Le représentant a accusé les houthistes de refuser la paix et de profiter de la souffrance des enfants du Yémen pour mettre en œuvre un projet « dynastique et sectaire ».  La traitrise est une des caractéristiques de ces milices, a-t-il lancé, les accusant aussi d’entraver l’acheminement des médicaments pour le choléra dans les zones touchées et regrettant par ailleurs que M. Lowcock n’ait pas attiré l’attention sur le fait que le choléra est en hausse dans les zones contrôlées par les houthistes.

S’agissant de la situation à Hodeïda, le représentant a indiqué que le mécanisme tripartite voulu par le Président Hadi a été rejeté par les milices qui donnent des garanties verbales mais qui refusent de les mettre en œuvre.  Le représentant a également affirmé que l’équipe gouvernementale risque sa vie pour participer aux réunions organisées par le général Lollesgaard, en territoire houthiste.  Les milices ont visé, la semaine dernière, un convoi dans lequel le général était en route pour les « Red Sea Mills ».

Selon le représentant, le nombre de violations commises par les houthistes ne cesse d’augmenter.  Ces milices intensifient leurs attaques contre l’armée et utilisent le territoire d’Hodeïda pour saper l’autorité du Conseil de sécurité.  Les accusant également de manipuler l’accord sur la libération des prisonniers, le représentant s’est ensuite attardé sur les mesures prises pour sauver l’économie et mettre un terme à la dévaluation « catastrophique » de la monnaie nationale.  Des mesures ont été prises pour verser les salaires des fonctionnaires de Hodeïda.

Après avoir salué les promesses faites à la Conférence de Genève, le représentant a parlé du travail de la chambre basse du Parlement et de la signature par le Gouvernement, d’une feuille de route contre l’enrôlement et le recrutement des enfants.  S’adressant à la Représentante spéciale du Secrétaire général, il a demandé qui est coupable de l’enrôlement des jeunes filles alors que les houthistes ont un groupe qui s’appelle les « Filles de Zayna ».  Il a aussi accusé ces derniers d’entraver l’accès des fonctionnaires de l’ONU.  Il est important d’identifier clairement les responsables de l’échec de l’Accord de Stockholm, a-t-il souligné.

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