8464e séance – matin
CS/13705

Yémen: devant le Conseil de sécurité, l’Envoyé spécial dit entrevoir la possibilité de passer d’une « logique de guerre à une logique de paix »

L’Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Yémen, M. Martin Griffiths, a indiqué, ce matin, devant le Conseil de sécurité, que les progrès enregistrés dans la mise en œuvre des accords conclus à Stockholm en décembre 2018 permettent d’envisager le passage d’une « logique de guerre à une logique de paix » au Yémen, dont la situation humanitaire demeure catastrophique, comme l’a rappelé le Coordonnateur des secours d’urgence, M. Mark Lowcock.  La plupart des délégations ont, elles aussi, insisté sur l’importance de préserver la dynamique observée dans le pays en vue de parvenir à une solution politique et d’agir efficacement sur le front humanitaire.

À l’entame de son propos, l’Envoyé spécial a détaillé la mise en œuvre des différents accords conclus en Suède, mentionnant en premier lieu, l’Accord sur Hodeïda, qui a constitué une « percée » s’agissant d’une ville qui est le « centre de gravité de la guerre ».  Les parties ont convenu de procéder à un redéploiement depuis les ports de Saleef et de Ras Isa dans un premier temps, suivi par un redéploiement depuis le port de Hodeïda et d’autres zones critiques de la ville dans une phase 2, a-t-il déclaré.

Même si certaines échéances n’ont pu être respectées, les parties ont fait preuve d’un engagement constant dans la mise en œuvre de l’Accord, a poursuivi M. Griffiths, qui a dit néanmoins ne pas se faire « d’illusions » sur les défis qui subsistent.  Notant les signes d’une activité civile accrue à Hodeïda, l’Envoyé spécial a indiqué que les habitants de la ville ont d’ores et déjà bénéficié concrètement de la décrue des hostilités prévue à Stockholm.

« L’accord sur la phase 1 du redéploiement mutuel des forces de Hodeïda est le signe que les parties sont engagées à préserver cet élan et capables de mettre en œuvre leurs engagements pour les traduire en progrès tangibles », a-t-il dit.  M. Griffiths a noté en outre que les parties ont accru leurs efforts en ce qui concerne le suivi de l’accord d’échange de prisonniers, une proposition pour une première phase de mise en œuvre en vue d’une libération totale étant en discussion.

Les parties ont réaffirmé leur engagement en faveur de la Déclaration d’entente sur Taëz agréée à Stockholm, a déclaré l’Envoyé spécial, tout en soulignant la nécessité de voir des « progrès tangibles » sur ce dossier.  Enfin, M. Griffiths a invité les membres du Conseil à se projeter au-delà des accords conclus à Stockholm, qui ne sont qu’une « étape préliminaire », en vue de se consacrer à la recherche d’une solution politique.  Notre responsabilité dans la préservation de la dynamique observée est « écrasante », a-t-il conclu.

De son côté, le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, M. Mark Lowcock, a dépeint un tableau « sombre » en indiquant que 80% de la population, soit 24 millions de personnes, ont besoin d’une aide humanitaire et de protection, 10 millions de personnes étant au bord de la famine.  Si la violence a baissé à Hodeïda, à la suite de l’Accord de Stockholm, elle a augmenté dans certaines zones de front, notamment à Hajjah, a poursuivi M. Lowcock.  

Le Coordonnateur des secours d’urgence a indiqué que l’opération de secours du Yémen, « la plus importante au monde », menée l’an dernier, a été financée par les donateurs, en particulier l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis qui, en 2018, ont financé à 83% le plan de réponse humanitaire.  Enfin, en prévision de la tenue, la semaine prochaine, à Genève, de la Conférence de haut niveau d’annonces de contributions, M. Lowcock a appelé les États Membres à se montrer généreux.  « J’aimerais pourvoir dire, à la fin de l’année 2019, que le Yémen n’est plus la pire crise humanitaire au monde », a-t-il conclu.

Si les délégations ont unanimement reconnu la nécessité de remédier à la crise humanitaire, elles ont enrevanche affiché quelques divergences sur la mise en œuvre des accords conclus en Suède.  Tout en soulignant la nécessité de parvenir à une solution politique, la délégation de la Guinée équatoriale a estimé que la situation dans le pays va dans « le bon sens », tandis que les délégués de la France et de la Belgique ont fait état de « progrès tangibles », même si la situation reste encore fragile à Hodeïda.  « Nous comprenons qu’il ne faut pas s’attendre à un résultat immédiat, mais nous avons envie de croire que nous entrons dans une nouvelle phase du règlement du conflit », a appuyé le délégué de la Fédération de Russie.

Aucun progrès tangible n’a été observé à Hodeïda, a en revanche affirmé le délégué du Koweït, en déplorant la mise en œuvre partielle des résolutions du Conseil sur la situation au Yémen.  Il a également souhaité que la phase 2 dans le redéploiement des forces se déroule selon un calendrier bien défini, en soulignant la nécessité de « passer des paroles aux actes ».  Son homologue de la République dominicaine, s’il a dit comprendre l’attention portée à Hodeïda, a invité à ne pas oublier les autres parties du pays en proie au conflit.

Alors que mon gouvernement est déterminé à mettre fin aux souffrances de son peuple et à entamer la reconstruction d’un « Yémen fédéral nouveau », les « putschistes » n’ont pas fait montre d’un véritable désir de paix et de dialogue, préférant se livrer à des « tergiversations », en violation de leurs obligations découlant de l’Accord de Stockholm, a déclaré le délégué yéménite.  Il a ainsi accusé les milices putschistes de continuer de violer le cessez-le-feu en vue de torpiller cet Accord, faisant état de 1 177 violations à Hodeïda, de 80 civils tués, et de 83 blessés depuis sa signature. 

Le délégué a donc appelé le Conseil de sécurité à faire pression sur les houthistes pour qu’ils mettent en œuvre l’Accord dans des délais acceptables, exigeant la remise en liberté des prisonniers, y compris ceux qui sont assignés à résidence.  Enfin, il a appelé les pays donateurs et les organisations internationales à renforcer leur appui et à honorer les promesses de contributions qu’ils feront dans le cadre du Plan d’action humanitaire 2019, le 26 février prochain.

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT

Déclarations

M. MARTIN GRIFFITHS, Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Yémen,  qui s'exprimait par visioconférence, a évoqué les progrès significatifs accomplis dans la mise en œuvre des accords de Stockholm.  Les parties sont en effet parvenues à un accord sur la phase 1 du redéploiement mutuel des forces de la ville Hodeïda.  Sous la direction du général Mark Lollesgaard, les parties ont convenu de procéder à un redéploiement depuis les ports de Saleef et de Ras Isa dans un premier temps, suivi par un redéploiement depuis le port de Hodeïda et d’autres zones critiques de la ville dans une deuxième phase.  « Cela facilitera l’accès aux « Red Sea Mills », a-t-il espéré, avant d’exhorter les parties à s’accorder sur les détails de la phase 2.  Malgré le fait que certaines échéances n’ont pu être respectées, les parties ont fait preuve d’un engagement constant dans la mise en œuvre de l’Accord, a salué M. Griffiths.  « Mais je ne me fais pas d’illusions sur les défis qui subsistent. »

L’Envoyé spécial a détaillé l’élan observé sur le dossier yéménite, depuis la percée qu’a été l’accord conclu en décembre 2018 à Stockholm.  Évoquant un « tournant majeur », il a dit que cela avait montré au peuple yéménite que quelque chose se passe.  M. Griffiths a mentionné les signes d’une activité civile croissante à Hodeïda, ajoutant que les habitants de la ville ont d’ores et déjà bénéficié concrètement de la décrue des hostilités prévue à Stockholm.  « L’accord sur la phase 1 du redéploiement mutuel des forces de la ville Hodeïda est le signe que les parties sont engagées à préserver cet élan.  Cela démontre que les parties sont capables de mettre en œuvre leurs engagements pour les traduire en progrès tangibles.  Cela renforce la confiance entre les parties.  Cela témoigne d’une véritable volonté politique. »  L’Envoyé spécial a indiqué qu’existe désormais la possibilité de passer d’une « logique de guerre à une logique de paix », ajoutant que ces redéploiements sont cruciaux pour la bonne mise en œuvre des efforts humanitaires.

Les parties ont en outre accru leurs efforts en ce qui concerne le suivi de l’accord d’échange de prisonniers, ce qui comprend les prisonniers et détenus, les personnes disparues ou bien encore les personnes arbitrairement détenues.  Le Comité de supervision de l’application dudit accord, au sein duquel siègent des représentants du Gouvernement et d’Ansar Allah, s’est réuni une deuxième fois en Jordanie début février.  Une proposition pour une première phase de mise en œuvre en vue d’une libération totale est en discussion, a-t-il dit, en exhortant les parties à œuvrer pour que des milliers de familles puissent être de nouveau réunies.

L’Envoyé spécial a indiqué que les parties ont réaffirmé leur engagement en faveur de la Déclaration d’entente sur Taëz, tel qu’agréé à Stockholm.  « Nous avons besoin de petits pas », a-t-il dit, en reconnaissant la valeur hautement symbolique de cette ville au cœur du conflit.  « Nous devons maintenant assister à des progrès tangibles. »

Si Hodeïda était et est le « centre de gravité » de la guerre, notre intérêt premier, le réel centre de gravité de cette guerre, doit être une solution politique, a déclaré M. Griffiths.  « La mise en œuvre de l’Accord sur Hodeïda nous permet désormais de nous projeter au-delà des accords conclus à Stockholm. »  Il a insisté sur la nécessité de discuter désormais de l’avenir et de se concentrer sur la recherche d’une solution politique.  Pour lui, le début d’une discussion sur des arrangements politiques et sécuritaires serait un pas en avant majeur.  Ce serait une importante déclaration d’intention des parties qu’elles sont prêtes, enfin, à mettre un terme à ce conflit.

« L’Accord de Stockholm a toujours été une étape préliminaire, ce n’est pas la fin de l’histoire », a affirmé M. Griffiths.  Enfin, l’Envoyé spécial a souligné la responsabilité « écrasante » de préserver la dynamique créée à Stockholm en vue de régler le conflit.

M. MARK LOWCOCK, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, a indiqué que sur la base d’éléments de preuve encore plus solides qu’auparavant, l’examen des besoins humanitaires pour le Yémen dépeint un tableau sombre.  Il a indiqué que 80% de la population, soit 24 millions de personnes, ont besoin d’une aide humanitaire et de protection.  Environ 20 millions de personnes ont besoin d’aide pour trouver de quoi se nourrir, dont 10 millions qui sont au seuil de la famine et 240 000 qui font face à des « niveaux catastrophiques » de faim.  Il s’est aussi alarmé du fait que près de 20 millions de personnes n’aient pas accès à des soins médicaux appropriés et que 18 millions n’aient pas suffisamment d’eau potable.  De plus, 2 millions d’enfants souffrent de malnutrition aiguë et 3,3 millions de personnes sont toujours déplacées.  « Ces chiffres sont considérablement pires que l’année dernière », a-t-il alerté.

Si la violence a baissé à Hodeïda, à la suite de l’Accord de Stockholm, elle a cependant augmenté dans certaines zones de front, notamment à Hajjah, a indiqué M. Lowcock.  De plus, l’économie continue de s’effondrer: le rial yéménite perd de nouveau en valeur, le taux de change étant à présent de 600 rials pour un dollar américain, et, de ce fait, le coût de la nourriture augmente.  En bref, la situation est réellement mauvaise, a-t-il souligné.  À cela s’ajoute le fait que les agences humanitaires manquent d’argent et que les ressources actuelles devraient être épuisées d’ici à la fin du mois de mars, dans six semaines.

Le Coordonnateur des secours d’urgence est ensuite revenu sur certaines des avancées réalisées, l’an dernier, par l’opération de secours du Yémen, « la plus importante au monde ».  Il a notamment indiqué que sur les 107 districts qui faisaient face à une insécurité alimentaire extrême début 2018, 45 d’entre eux n’étaient plus au stade de préfamine à la fin de l’année, grâce à l’ampleur, la synchronisation et la rapidité de l’aide humanitaire.  De plus l’UNICEF, l’OMS et des ONG, qui ont travaillé en lien avec les institutions publiques, ont réussi à enrayer la plus importante épidémie de choléra de l’histoire moderne en réduisant le nombre de cas d’un million en 2017 à environ 370 000 en 2018.  Et l’an dernier, les programmes de nutrition ont traité 310 000 enfants souffrant de malnutrition aigüe, soit 20 000 enfants de plus que ceux pour qui ces programmes étaient planifiés.

M. Lowcock a indiqué que ces opérations avaient été rendues possibles par les donateurs qui, en 2018, ont financé à 83% le plan d’aide humanitaire.  Il a notamment cité la contribution de 930 millions de dollars de l’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis, versée en un seul paiement en début d’année.  Sans cela, rien n’aurait été possible, a-t-il commenté.

Les agences humanitaires font également face à des obstacles autres que le financement, a enchaîné le Secrétaire général adjoint en citant les problèmes des longs délais dans l’octroi de visas, des restrictions de mouvement ou encore les délais imposés dans les importations et les entraves bureaucratiques.  Il s’est surtout inquiété du fait que l’environnement opérationnel devient de plus en plus restrictif dans le nord du Yémen, ainsi que de l’adoption, l’an dernier par le Gouvernement du Yémen, du Décret 75, qui entrave les importations commerciales de carburant nécessaire pour le fonctionnement des pompes à eau et des générateurs des hôpitaux.  À compter d’hier, a-t-il précisé, quatre navires transportant l’équivalent de 15 jours d’importations de carburant sont bloqués en raison du Décret 75.  Il a par ailleurs espéré que dans les prochains jours, une mission d’évaluation pourra enfin atteindre les « Red Sea Mills ».  Il a également averti du risque de détournement de l’aide, tout en précisant que son Bureau continue de coordonner un programme de suivi qui couvre l’ensemble du Plan d’aide humanitaire pour 2018.

« Donc, bien que colossaux, les défis opérationnels au Yémen peuvent être gérés », a-t-il conclu.  Mais il n’en va pas de même pour les défis liés au financement.  Sans ressources supplémentaires, les opérations devront être stoppées au moment où le nombre de personnes ayant besoin d’aide est plus important que jamais, a-t-il averti, soulignant que les agences humanitaires visent à venir en aide à 15 millions de personnes en 2019, soit la moitié de la population du pays.  La mise en œuvre des programmes de secours et de protection prévus par le plan d’aide humanitaire coordonné par l’ONU, publié aujourd’hui même, coûtera 4 milliards de dollars.  Ce plan, a-t-il insisté, est une bouée de secours pour des millions de Yéménites.

À l’approche de la tenue, la semaine prochaine, à Genève, de la Conférence d’annonces de contributions, M. Lowcock a appelé les États Membres qui y participeront à faire des promesses généreuses.  « J’aimerais pourvoir dire, à la fin de l’année 2019, que le Yémen n’est plus la pire crise humanitaire au monde », a-t-il confié.

Mme KAREN PIERCE (Royaume-Uni) s’est félicitée des progrès accomplis ce week-end sur la première phase du redéploiement de combattants hors des villes portuaires de Saleef et Ras Issa, se disant impatiente de savoir ce qu’il va se passer s’agissant de Hodeïda.  Il est évident que les acteurs humanitaires doivent disposer d’un accès sans entrave aux entrepôts de vivres pour porter assistance aux populations locales.  Il est absolument crucial, a poursuivi Mme Pierce, que les engagements pris par les parties en vertu de l’Accord de Stockholm se traduisent par des mesures concrètes sur le terrain.  Mme Pierce a aussi encouragé les parties à prendre part aux prochains pourparlers.  Pour ce qui est du processus politique dans son ensemble, des mesures « graduelles et prudentes » sont sans doute la meilleure voie à suivre, a estimé la représentante britannique, avant de souhaiter plein succès à la prochaine Conférence d’annonces de contributions pour le Yémen.

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a estimé, après les votes de deux résolutions et le déploiement de la Mission des Nations Unies en appui à l’Accord sur Hodeïda (MINUAAH) sur le terrain, qu’il était essentiel que les parties prenantes restent engagées en faveur de l’application des accords de Stockholm et garantissent la sécurité et la sûreté du personnel de cette Mission.  S’il a noté des progrès tangibles, notamment l’accord conclu le week-end dernier dans le cadre du Comité de coordination du redéploiement, et l’avancée prise par les discussions sur l’échange de prisonniers, le représentant a toutefois fait état d’une situation encore fragile à Hodeïda, tandis que les opérations militaires se poursuivent dans le reste du pays.  Sans compter la persistance de la menace liée aux transferts balistiques, a mis en garde M. Delattre.

Le représentant a aussi rappelé que les quelques progrès accomplis sur le plan politique ne doivent pas faire oublier le caractère préoccupant de la situation humanitaire dans le pays.  « Sur le terrain, il devient urgent de permettre l’accès aux « Red Sea Mills » et de trouver ensuite très rapidement un accord pour que l’axe névralgique entre Sanaa et Hodeïda puisse être emprunté par les acteurs humanitaires », a commenté le représentant.  La France, a-t-il annoncé, fera cette année une nouvelle contribution au plan de réponse humanitaire et une autre à la Facilité de soutien à la paix, présentée en janvier dernier à Berlin.  L’aboutissement à une solution politique demeure l’objectif à atteindre, a plaidé en conclusion M. Delattre, en soulignant l’importance de relancer les discussions sur un cadre politique global.

Mme JOANNA WRONECKA (Pologne) a insisté sur l’importance de mettre en œuvre l’Accord sur Hodeïda, citant notamment l’urgence de procéder au redéploiement des forces.  Elle s’est dite encouragée par les « progrès importants » réalisés par les parties au courant du week-end et a salué la conclusion d’un accord sur la phase 1 du redéploiement mutuel des forces.  Elle s’est cependant alarmée de la récente recrudescence de la violence dans l’ensemble du Yémen.

La représentante s’est également souciée du fait que l’Accord de Stockholm n’ait pas encore débouché sur une amélioration de la situation humanitaire dans le pays, notant qu’il n’est toujours pas possible d’accéder aux « Red Sea Mills » et que la route principale reliant le port de Hodeïda à Sanaa demeure bloquée.  Elle a appelé les parties à accorder la priorité à l’ouverture de couloirs humanitaires et à autoriser la circulation de biens humanitaires et commerciaux importés, de carburant notamment.  Elle a également appelé à redoubler d’efforts en ce qui concerne l’échange de prisonniers et le règlement de la situation à Taëz.

M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a déploré la mise en œuvre partielle des résolutions du Conseil de sécurité sur la situation au Yémen, ajoutant qu’aucun progrès tangible n’a été observé à Hodeïda.  Le Comité de coordination du redéploiement (RCC) n’a pas pu s’acquitter de ses tâches, a-t-il dit, en souhaitant que la phase 2 se déroule selon un calendrier bien défini.  Il a indiqué que la volonté politique sera cruciale pour passer de la parole aux actes et régler la crise yéménite.

Le représentant a également souligné l’importance de mettre en œuvre les accords de Stockholm pour alléger la situation humanitaire, qui ne cesse de se dégrader.  Il a recommandé notamment d’œuvrer en vue de la levée du blocus des « Red Sea Mills ».  Enfin, le délégué a exhorté les États Membres à augmenter leurs efforts en vue du relèvement du Yémen, notant que son pays, ainsi que l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et les États-Unis notamment, avaient participé à plus de 80% du financement du Plan d’aide humanitaire pour le Yémen l’an dernier.

M. MA ZHAOXU (Chine) a estimé que le Conseil de sécurité devrait continuer de jouer un rôle positif auprès des parties yéménites pour les aider à mettre intégralement en œuvre l’Accord de Stockholm.  Or, les difficultés concrètes rencontrées dans son application persistent sur le terrain, a noté le représentant avant d’encourager les parties à surmonter leurs divergences par le biais du dialogue et à faciliter le déploiement de la MINUAAH.  Si les parties sont tenues de garantir la sécurité du personnel de la Mission, celle-ci doit prendre en compte les préoccupations du pays hôte, a souligné le représentant.  La Chine a dit attendre avec impatience la tenue de la Conférence d’annonces de contributions en faveur du Yémen, qui se tiendra le 26 février prochain.

M. DIAN TRIANSYAH DJANI (Indonésie) a jugé urgent d’établir des couloirs humanitaires et a exhorté les parties à redoubler d’efforts à cette fin.  Il est également essentiel d’autoriser l’accès du personnel humanitaire aux « Red Sea Mills », a-t-il estimé, arguant qu’on ne peut se permettre de perdre des denrées capables de nourrir 3,5 millions de personnes.  C’est « un point non négociable » aux yeux de l’Indonésie.

Le représentant a aussi appelé au plein respect de l’Accord sur Hodeïda, soulignant que sa mise en œuvre devrait ouvrir la voie à un processus politique qui, a-t-il estimé, pourrait être reproduit ailleurs dans le pays.  Il a ensuite salué le fait que les parties soient parvenues à un accord concernant la phase 1 du redéploiement mutuel des forces.  M. Djani a ensuite appelé les parties à faire preuve de retenue et à désamorcer les tensions au-delà de Hodeïda, y voyant un aspect central de la mise en œuvre de l’Accord de Stockholm.

M. MARTHINUS VAN SHALKWYK (Afrique du Sud) s’est félicité des progrès accomplis ce week-end par les membres du Comité de coordination du redéploiement, avant d’exprimer sa préoccupation devant l’ampleur de la crise humanitaire et sécuritaire au Yémen.  Pour parvenir à une solution de long terme, les parties doivent s’engager en faveur d’un processus politique, a-t-il recommandé.  Il a aussi appelé les parties à tout mettre en œuvre pour faire tenir l’accord de cessez-le-feu et appliquer pleinement l’Accord sur Hodeïda.  « Nous réitérons que le conflit ne pourra être résolu par des moyens militaires, et que les parties doivent s’engager de manière constructive et de bonne foi pour surmonter les obstacles et trouver une solution politique au conflit », a insisté la délégation.  Le représentant a également prié les parties de permettre l’acheminement sans entrave de l’aide humanitaire aux populations en détresse, en particulier au port de Hodeïda, par lequel transite l’essentiel de l’aide alimentaire.

M. JOSÉ SINGER WEISINGER (République dominicaine) a souligné les progrès accomplis sur le plan politique au Yémen, avant de dénoncer les provocations susceptibles d’entraver lesdits progrès.  Il a, en outre, salué les progrès enregistrés dans le parachèvement de la liste de prisonniers.  L’objectif ultime est de parvenir à une solution politique, a-t-il dit.  S’il a compris l’attention portée à Hodeïda, le délégué a invité la communauté internationale à ne pas oublier les autres parties du Yémen, dans lesquelles le conflit fait rage.  M. Singer Weisinger a qualifié de « catastrophique » la situation humanitaire dans le pays et espéré que les progrès accomplis puissent déboucher sur un allègement des souffrances.  Enfin, il a salué le fait que le Conseil parle d’une seule voix sur ce dossier.

M. MARC PECSTEEN DE BUYTSWERVE (Belgique) a rappelé qu’il est primordial que l’Accord de Stockholm soit respecté et mis en œuvre dans des délais réalistes, en particulier s’agissant du port de Hodeïda.  S’il s’est félicité de l’accord trouvé sur la première phase du redéploiement pendant la dernière réunion du Comité de coordination du redéploiement, le représentant n’en a pas moins jugé que la situation reste fragile.  Aussi a-t-il appelé toutes les parties à la retenue et à se concentrer sur la mise en œuvre de l’Accord en toute bonne foi.  Avec la mise en œuvre du plan de redéploiement, il sera encore plus important d’assurer la sécurité du personnel de l’ONU, a prévenu la Belgique, en se disant prête à soutenir les « mesures qui s’imposent ».

Par ailleurs, le représentant a jugé indispensables les efforts visant à améliorer la situation humanitaire catastrophique, rappelant que les besoins d’assistance dans le cadre du Plan d’aide humanitaire pour 2019 s’élèvent à 4 milliards de dollars, dont la moitié est destinée à de l’aide alimentaire.  Particulièrement préoccupé des rapports du Groupe d’experts sur le recrutement d’enfants dans le conflit, M. Pecsteen de Buytswerve a appelé toutes les parties à prendre des mesures efficaces et urgentes pour mettre fin à ce fléau.

M. JONATHAN R. COHEN (États-Unis) a souligné l’engagement de son pays pour un règlement de la crise au Yémen, en prenant note des développements s’agissant du port de Hodeïda.  Il a déploré le manque d’accès aux « Red Sea Mills », en mettant en garde contre un pourrissement des stocks de blé, qui ne ferait qu’aggraver une situation humanitaire déjà critique.  Malgré les progrès, le conflit perdure, a déclaré le délégué, en assurant de nouveau de la volonté de son pays de parvenir à une solution politique.

M. TIEMOKO MORIKO (Côte d’Ivoire) a déploré les violations récurrentes du cessez-le-feu et a jugé urgent d’engager de nouvelles initiatives afin d’amener les protagonistes à mettre concrètement en œuvre l’Accord de Stockholm.  Il a aussi invité les parties belligérantes à finaliser au plus vite les dispositions relatives au mécanisme d’échanges de prisonniers.

Le représentant s’est ensuite préoccupé de la grave crise humanitaire qui sévit au Yémen.  Il a exhorté les parties prenantes yéménites à continuer d’œuvrer pour parvenir à la levée des obstacles qui entravent l’acheminement de l’aide.  Il a salué le projet d’organiser, le 26 février, à Genève, une Conférence d’annonces de contributions.  La Côte d’Ivoire salue par ailleurs l’opérationnalisation du Comité de coordination du redéploiement.  Elle encourage les acteurs au conflit yéménite à s’abstenir de toutes actions susceptibles de provoquer une reprise des hostilités, notamment à Hodeïda.

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) s’est félicité des progrès accomplis dans le cadre de la première phase de redéploiement des forces sous la direction du général Lollesgaard.  « Nous comprenons qu’il ne faut pas s’attendre à un résultat immédiat, mais nous avons envie de croire que nous entrons dans une nouvelle phase du règlement du conflit », a-t-il déclaré, en rappelant que son pays avait, dès le début de la crise, prôné un règlement politique plutôt que militaire.  Il s’est dit préoccupé par le sort de millions de Yéménites, qui souffrent de malnutrition, et par l’ampleur des destructions endurées par les infrastructures civiles, dont la reconstruction représentera un coût colossal.  Convaincu de la nécessité de fournir une assistance humanitaire de toute urgence, le représentant a estimé que l’aide qui parvient au Yémen doit être distribuée à toute la population, quelles que soient les forces qui contrôlent les différents territoires. 

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a souligné la complexité de la mise en œuvre des accords conclus en Suède, en raison de la défiance dont font preuve les parties.  Il a salué la bonne volonté des parties yéménites s’agissant de la ville de Hodeïda, en appelant à la finalisation de la phase 2 de l’accord de redéploiement des forces.  Les parties doivent œuvrer au renforcement de la confiance en vue de la libération des prisonniers, a-t-il prôné.  Il est également urgent de remédier à la situation humanitaire qui ne cesse de s’aggraver, a-t-il déclaré, en appelant les parties yéménites à œuvrer pour la levée des entraves à l’acheminement de l’aide humanitaire.  Enfin, le délégué du Pérou a résolument plaidé pour une solution politique au Yémen.

M. CHRISTOPH HEUSGEN (Allemagne) a lancé un appel aux parties yéménites pour qu’elles mettent intégralement en œuvre l’Accord de Stockholm et finalisent la deuxième phase de l’accord de redéploiement des forces, qui ne sera achevé « qu’avec un port et une ville non militarisés ».  Il s’agit maintenant pour lui de faire avancer le processus politique, en commençant un nouveau tour de pourparlers.  Ceux-ci devront porter sur les questions suivantes: l’échange de prisonniers politiques; le déminage de Hodeïda, de Saleef et de Ras Issa; et les mesures de stabilisation à prendre pour le reste du Yémen.

Après avoir assuré que l’Allemagne maintiendrait son engagement en faveur de ce pays, notamment par le biais de la Facilité de soutien à la paix, le représentant a évoqué la crise humanitaire très grave.  M. Heusgen s’est dit tout particulièrement préoccupé de l’absence d’accès aux « Red Sea Mills », dont les abords sont infestés de mines.  Il a également demandé aux parties d’œuvrer à la réouverture de l’axe Hodeïda-Sanaa.  Sa délégation a annoncé, en conclusion, qu’elle contribuerait « de manière substantielle » à la Conférence d’annonces de contributions qui se tiendra en faveur du Yémen le 26 février prochain, en vue de financer l’assistance humanitaire, les besoins étant chiffrés à 4 milliards de dollars pour 2019.

M. ANATOLIO NDONG MBA (Guinée équatoriale) a rappelé que tout règlement du conflit doit passer par la table des négociations.  Les accords de Stockholm sont une lueur d’espoir, a-t-il dit, en notant une réduction des hostilités.  Il a jugé nécessaire la consolidation des progrès observés, en appelant les parties à continuer de mettre en œuvre les accords précités.  « Si la situation va dans le bon sens, nous ne devons pas baisser nos efforts », a-t-il déclaré en invitant à agir en vue d’une solution politique.  Le représentant a précisé que les actions menées en faveur de la paix devaient bénéficier à la totalité du territoire yéménite.  Enfin, le délégué a invité l’Envoyé spécial à poursuivre ses efforts « avec l’enthousiasme qui le caractérise ».

M. ABDULLAH ALI FADHEL AL-SAADI (Yémen) a commencé par dénoncer le « régime iranien », qui s’efforce, selon lui, de déstabiliser la région en soutenant des milices armées et en attisant les haines intercommunautaires.  Le Gouvernement yéménite, a-t-il assuré, est pour sa part attaché à mettre fin aux souffrances de son peuple et à entamer la reconstruction d’un « Yémen fédéral nouveau ».  De leur côté, a-t-il estimé, les « putschistes » n’ont pas fait montre d’un véritable désir de paix et de dialogue, préférant se livrer à des « tergiversations », en violation de leurs obligations découlant de l’Accord de Stockholm.  Le représentant a réitéré l’engagement de son gouvernement à honorer ses obligations, notamment s’agissant de la deuxième phase de redéploiement des forces afin de permettre un accès aux « Red Sea Mills ».

Mais les milices putschistes, a-t-il accusé, continuent de violer le cessez-le-feu en vue de torpiller cet Accord.  M. Al-Saadi a fait état de 1 177 violations à Hodeïda, de 80 civils tués, et de 83 blessés depuis la signature de l’Accord.  Les houthistes, a-t-il soutenu, prennent les « Red Sea Mills » pour cible afin d’exacerber la souffrance du peuple yéménite, et ce, au mépris le plus complet de l’ONU.  Il s’est dit en effet préoccupé par l’incapacité, depuis septembre dernier, des personnels humanitaires à parvenir à ces meuneries, où des tonnes de céréales entreposées risquent de pourrir.  « Cinq tonnes ont d’ailleurs été détruites par le feu », a déploré le délégué.  M. Al-Saadi a donc appelé le Conseil de sécurité à faire pression sur les houthistes pour qu’ils mettent en œuvre l’Accord dans des délais acceptables, exigeant la remise en liberté des prisonniers, y compris ceux qui sont assignés à résidence.

Il s’est aussi ému de l’arrestation de cadres bancaires à Aden, accusés d’avoir ouvert des comptes en faveur de petits commerçants.  Le Gouvernement yéménite, a-t-il souligné, accorde une importance de premier plan à la situation humanitaire de tous ses citoyens, et des mesures diverses ont été adoptées, bien que les houthistes détournent l’aide apportée dans les régions qu’ils contrôlent.  En conclusion, le représentant a appelé les pays donateurs et les organisations internationales à renforcer leur appui et à honorer les promesses de contributions qu’ils feront dans le cadre du Plan d’aide humanitaire 2019, le 26 février prochain.

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