SC/13177

Déclaration à la presse faite par le Conseil de sécurité sur le Mali

On trouvera ci-après le texte de la déclaration à la presse faite, aujourd’hui, par le Président du Conseil de sécurité pour le mois de janvier, M. Kairat Umarov (Kazakhstan):

Le 23 janvier 2018, les membres du Conseil de sécurité ont entendu un exposé du Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, Jean-Pierre Lacroix, sur la situation au Mali.

Les membres du Conseil se sont félicités que le Gouvernement malien et les groupes armés des coalitions Plateforme et Coordination se soient de nouveau engagés à s’acquitter rapidement, d’ici à la fin de mars 2018, des obligations que leur impose l’Accord et qu’ils n’ont pas encore honorées, en adoptant un calendrier révisé établi d’un commun accord à la dernière réunion du Comité de suivi de l’Accord tenue à Bamako les 15 et 16 janvier 2018.  Ils se sont félicités que le Centre Carter ait été désigné Observateur indépendant, comme prévu dans l’Accord, et ont invité toutes les parties à coopérer pleinement avec lui.  Ils se sont félicités que, conformément à l’Accord et comme demandé dans la résolution 2364 (2017), une commission d’enquête internationale ait été créée, et ils ont invités toutes les parties à coopérer pleinement avec elle.

Les membres du Conseil ont exprimé d’une même voix leur impatience face aux retards qui continuaient d’entraver la mise en œuvre intégrale des principales dispositions de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali (« l’Accord »). Ils ont souligné qu’il était urgent que la population du Nord du Mali et d’autres parties du pays bénéficie de dividendes de la paix tangibles et visibles afin de préserver l’intérêt de l’Accord et d’empêcher que les acquis puissent être remis en cause.  Ils ont insisté sur le fait qu’il importait de faire des progrès sur le fond avant la tenue des élections prévues au Mali en 2018.  Ils ont mis l’accent sur le fait qu’il incombait au premier chef à toutes les parties à l’Accord de faire résolument des progrès dans l’application de ses dispositions.

Les membres du Conseil ont souligné, dans ce contexte, qu’il importait de prendre immédiatement des mesures concrètes pour s’acquitter intégralement et sans délai des principales dispositions de l’Accord, notamment de faire ce qui suit : faire avancer la décentralisation, y compris en tenant des consultations où les parties examineraient la législation existante et où le consensus serait renforcé et en adoptant une législation portant création d’une police territoriale régionale; assurer le fonctionnement des administrations provisoires dans le Nord du Mali, y compris en leur fournissant les moyens humains, financiers et techniques nécessaires à l’exécution de leur mandat; faire avancer les processus de cantonnement et de désarmement, de démobilisation et de réintégration, y compris en établissant des critères d’admission et des quotas de réintégration appropriés et en présentant des listes définitives de candidats, et faire avancer la réforme du secteur de la sécurité afin de parvenir au redéploiement progressif des forces armées et des forces de sécurité reconstituées au Mali ; mettre en place le Mécanisme opérationnel de coordination à Kidal et à Tombouctou ; garantir la participation à part entière des femmes, à égalité avec les hommes.

Les membres du Conseil ont rappelé que tout acte faisant obstacle à la mise en œuvre de l’Accord, y compris en provoquant des retards persistants, ou menaçant cette mise en œuvre, donnait maintenant lieu à désignation aux fins de sanctions, en application de la résolution 2374 (2017), entre autres critères de désignation. Ils ont pris note de la création du Comité des sanctions et du Groupe d’experts créé en application de la résolution 2374 (2017), et demandé à tous les acteurs de coopérer pleinement avec eux.  Ils ont fait part de leur intention de suivre la situation de près et de répondre par des mesures appropriées si les parties n’honoraient pas les engagements pris dans le calendrier susmentionné.

Les membres du Conseil ont exhorté toutes les parties, ainsi que les forces internationales présentes au Mali, à s’acquitter des obligations que leur impose le droit international applicable et à mettre un terme à toutes les violations des droits de l’homme et atteintes à ces droits.  Ils ont encouragé le Gouvernement malien à continuer de s’employer à lutter contre l’impunité, avec l’aide de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), et à établir, en collaboration avec tous les acteurs concernés, un projet de loi visant à appuyer la réconciliation nationale, comme annoncé par le Président Ibrahim Boubacar Keïta.

Les membres du Conseil ont réaffirmé leur plein appui au Représentant spécial du Secrétaire général pour le Mali et Chef de la MINUSMA, Mahamat Saleh Annadif, à l’équipe de médiation internationale dirigée par l’Algérie, ainsi qu’à la MINUSMA et aux forces françaises qui l’appuient.  Ils ont souligné que le Représentant spécial du Secrétaire général devrait continuer de jouer un rôle central pour ce qui est de soutenir et de superviser l’application de l’Accord par le Gouvernement malien et les groupes armés des coalitions Plateforme et Coordination.  Ils ont demandé à tous les membres du Comité de suivi de l’Accord et aux autres partenaires internationaux de renouveler leur appui en faveur de la mise en œuvre de l’Accord.

Les membres du Conseil ont réaffirmé leur ferme attachement à la souveraineté, à l’indépendance et à l’intégrité territoriale du Mali.  Ils ont souligné qu’il n’y aurait pas de paix et de sécurité durables dans la région du Sahel si l’Accord n’était pas appliqué de façon intégrale, efficace et inclusive.

 

 

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