8426e séance – matin
CS/13625

La possibilité d’une fin négociée au conflit afghan n’a jamais été aussi concrète, déclare le Représentant spécial

Le Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Afghanistan, M. Tadamichi Yamamoto, a appelé, ce matin, devant le Conseil de sécurité, à des pourparlers formels entre le Gouvernement afghan et les Taliban, en vue d’une « fin négociée » au conflit, dont la possibilité n’a jamais été aussi « concrète » en 17 ans.  Le Directeur exécutif de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) a pris la parole lors de ce débat, qui a vu une trentaine de délégations également s’exprimer. 

Venu présenter le dernier rapport* sur la situation en Afghanistan, le Représentant spécial a insisté sur la phase « délicate » d’espoir et de risque que connaît le pays, alors que l’élection présidentielle est prévue en 2019.  Lors de la Conférence ministérielle de Genève du 28 novembre dernier, le Président afghan Ashraf Ghani a proposé un plan de paix et une équipe chargée de négocier directement avec les Taliban a été nommée, a noté M. Yamamoto. 

Le Représentant spécial a estimé que la prochaine étape clef serait désormais une rencontre entre représentants du Gouvernement et les Taliban, ou, tout du moins, une initiative formelle en faveur de ce qui est appelé dans la médiation de « pourparlers à propos de pourparlers ».  La structuration de « contacts sporadiques » en « pourparlers formels » permettra de s’éloigner d’une « logique de guerre », a-t-il argué. 

M. Yamamoto a également souligné la nécessité, rappelée lors de la Conférence précitée, que les efforts internationaux, « y compris ceux des acteurs régionaux », soient congruents avec les efforts de paix conduits par les Afghans.  La réitération de ce consensus clef est importante, alors que plusieurs initiatives sont menées pour faire avancer le processus, a affirmé le Représentant spécial. 

M. Yamamoto a ainsi mentionné la récente nomination d’un Envoyé spécial des États-Unis pour la paix et la tenue d’une réunion de paix à Moscou le 9 novembre, alors que les pays voisins, a-t-il poursuivi, ont exprimé leur soutien « au processus de paix qui semble émerger ».  Pour assurer l’avenir pacifique de l’Afghanistan, les opportunités actuelles doivent être exploitées et les risques doivent être contrôlés, a conclu le Représentant spécial. 

De son côté, le Président du Comité du Conseil de sécurité créé par la résolution 1988 (2011) a indiqué que des exceptions aux sanctions frappant les Taliban ont été accordées pour encourager des individus à se joindre audit processus.  À Moscou, la première exigence des Taliban a été la levée des sanctions, a-t-il noté.  Le délégué de l’Inde a jugé que l’action de ce Comité, qui refuse notamment d’inscrire sur sa Liste de nouveaux dirigeants des Taliban, est en deçà des attentes de la communauté internationale. 

Mme Ghizaal Haress, de la Commission indépendante de contrôle de l’application de la Constitution, a, elle, mentionné l’espoir soulevé par les négociations, mais aussi les inquiétudes entourant la participation des femmes et des jeunes.  Tout effort de paix devra impérativement inclure des mécanismes de représentation de « tous » les Afghans, femmes et minorités en particulier, a renchéri le délégué de l’Union européenne. 

Si la perspective de paix est maintenant à portée de main, le délégué de l’Afghanistan a mis en garde contre tout « dévoiement ou instrumentalisation de ce processus, par quiconque ».  Dans ce contexte, un soutien régional « sincère et tangible » est « impératif », a souligné le délégué afghan, en citant le Pakistan, compte tenu de la « marge de manœuvre » de ce pays auprès de certains dirigeants taliban. 

Le délégué pakistanais a déclaré que le pays a tout à gagner dans le rétablissement de la paix chez son voisin, jugeant prometteurs les derniers développements.  Toutes les parties doivent faire preuve de souplesse pour progresser, a-t-il déclaré.  Défendant un processus de réconciliation « par et pour les Afghans », le délégué de la Chine a exhorté les Taliban à revenir à la table des négociations, tandis que son homologue des États-Unis les a appelés à mettre en place une équipe de négociateurs. 

La déléguée du Royaume-Uni a, elle, indiqué que les Taliban vivent dans un « Afghanistan d’hier que personne ne souhaite revoir », en exhortant le Conseil à envoyer un signal clair et fort en ce sens.  Tout processus parallèle aux efforts de paix des Afghans risque de saper les progrès et de renforcer les Taliban, a-t-elle en outre affirmé, appuyée par la représentante de la France. 

Le délégué russe a indiqué que c’est dans le but d’un « processus de paix conduit par les Afghans eux-mêmes » que la Russie a organisé la Conférence de Moscou. 

« L’ampleur des problèmes qui se posent nécessite plus que jamais un effort international solidaire et concerté », a-t-il déclaré, en appelant à des efforts accrus contre le trafic de stupéfiants.  À ce propos, le Directeur exécutif de l’ONUDC, M. Yury Fedotov, a indiqué que la surface cultivée de pavot à opium a chuté de 20% comparé au record de 2017.  Quant à l’éradication, elle demeure « insignifiante », a-t-il affirmé, se limitant à 400 hectares dans quatre provinces. 

*A/73/624–S/2018/1092

LA SITUATION EN AFGHANISTAN (S/2018/1092)

Déclarations

M. TADAMICHI YAMAMOTO, Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Afghanistan, a rappelé que le 20 octobre dernier quatre millions d’Afghans ont voté lors des élections parlementaires et devront faire, l’année prochaine, un choix politique crucial lors de l’élection présidentielle.  Il a indiqué que les préparatifs et la sécurité des élections parlementaires ont été assurés par les Afghans, avec une simple assistance internationale.  Il y a eu 108 incidents sécuritaires ayant fait 400 victimes civiles, soit le nombre le plus élevé de victimes civiles en une seule journée électorale depuis 2009. 

M. Yamamoto a déploré les « irrégularités majeures » ayant entaché ces élections, avant d’exhorter les institutions compétentes à y remédier en prévision de l’élection présidentielle.  Il est plus important de conduire des élections crédibles plutôt que d’organiser des élections à la hâte, sans mettre en œuvre des réformes dignes de ce nom et apprendre du passé, a-t-il dit, en soulignant l’importance de l’élection présidentielle pour l’avenir du pays. 

Le Représentant spécial a ensuite évoqué la conférence ministérielle qui s’est tenue à Genève le 28 novembre, au cours de laquelle la communauté internationale a notamment réaffirmé son appui pour le pays sur une base de responsabilités partagées.  La poursuite d’un appui international a été promise dans le cas de la conclusion d’un accord de paix avec les Taliban. 

« La possibilité d’une fin négociée au conflit n’a jamais été aussi concrète au cours des 17 dernières années que maintenant. »  Côté afghan, un plan de paix a été avancé par le Président Ashraf Ghani lors de la conférence précitée, une équipe chargée de négocier directement avec les Taliban a été nommée, alors que le 9 décembre le nouveau chef du Haut Conseil de la paix a été nommé.  M. Yamamoto a précisé qu’à Genève les participants ont rappelé que les efforts internationaux, « y compris ceux des acteurs régionaux », devaient être congruents avec les efforts de paix conduits par les Afghans. 

La réitération de ce consensus clef est importante, alors que plusieurs initiatives sont menées pour faire avancer le processus, a-t-il continué.  « Par exemple, l’Envoyé spécial des États-Unis pour la paix a engagé activement les différentes parties concernées et une réunion s’est tenue à Moscou le 9 novembre, au cours de laquelle les parties régionales participantes ont discuté de la paix. »  Plusieurs pays, y compris les pays voisins, ont en outre exprimé leur soutien « au processus de paix qui semble émerger ». 

Encouragé par ces développements, le Représentant spécial a insisté sur la phase « délicate » en cours, qui devra ménager un espace politique aux acteurs principaux afin qu’ils formulent leurs positions et réagissent auxdits développements.  La prochaine étape clef serait une rencontre entre représentants du Gouvernement et les Taliban, ou, tout du moins, une initiative formelle en faveur de ce qui est appelé dans la médiation de « pourparlers à propos des pourparlers », a-t-il poursuivi.  M. Yamamoto a espéré que l’élan actuel permettra de rassembler les parties afin qu’elles commencent à explorer les moyens de remédier à l’ensemble des points à l’ordre du jour afin de parvenir à un règlement pacifique. 

Rappelant le besoin que les « contacts sporadiques » se structurent en « pourparlers formels », M. Yamamoto a indiqué que les efforts en cours pourraient aboutir à un changement.  « Alors que combattre et discuter est souvent la réalité lors des premières étapes d’un processus de paix, il est également vrai que les actions sur le champ de bataille peuvent avoir des conséquences sur l’avancement dudit processus. »  Le Représentant spécial a exhorté toutes les parties au conflit à œuvrer pour réduire le niveau de violence, en particulier celle qui vise les civils.  « Je les exhorte à encourager la confiance et la tenue du dialogue.  J’appelle en particulier les pays de la région à contribuer à la création d’un environnement propice aux pourparlers de paix, permettant au peuple afghan de résoudre ses différends par le biais de négociations. »

En passant de contacts à des pourparlers, nous pouvons commencer à nous éloigner d’une logique de guerre pour nous consacrer à la possibilité de la paix, a-t-il déclaré.  Grâce à un tel changement, nous pouvons commencer à envisager les dividendes d’un Afghanistan stable au sein d’une région riche de promesses, plutôt que de continuer de craindre les menaces émanant d’un pays instable, a poursuivi le Représentant spécial, en insistant sur la phase d’espoir actuelle.  Il a rappelé que toute phase voyant des « adversaires » commencer à s’engager dans des discussions est porteuse de risques.  Pour l’avenir pacifique du pays, les opportunités actuelles doivent être exploitées et les risques doivent être contrôlés, a déclaré le Représentant spécial. 

Enfin, M. Yamamoto a indiqué qu’il y a eu 8 000 victimes civiles dans le pays entre le 1er janvier et le 30 septembre 2018, un chiffre comparable à celui de l’année dernière, avant d’appeler au financement du plan de réponse humanitaire pour l’Afghanistan, pays qui demeure l’un des plus pauvres au monde et est touché de plein fouet par les changements climatiques. 

M. YURY FEDOTOV, Directeur exécutif de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), a estimé que des efforts redoublés de la communauté internationale, en plus d’un engagement régional, étaient nécessaires pour surmonter les défis sérieux qui se posent en Afghanistan en matière d’insécurité, de pauvreté et d’état de droit.  L’opium illicite et l’économie informelle figurent parmi ces défis, comme l’a identifié le Communiqué de Genève, qui appelle à « des efforts accrus de lutte contre la corruption et les stupéfiants illicites ».  D’après l’Enquête sur la production d’opium en Afghanistan, la production globale cultivée demeure la deuxième plus élevée depuis le début de la surveillance de cette culture, en 1994, a constaté le haut fonctionnaire. 

La surface cultivée a chuté de 20% comparé au record de 2017, de même que les récoltes de pavot à opium, mais les deux peuvent être attribuées à la sécheresse dévastatrice que l’Afghanistan a connue ces derniers temps, a nuancé M. Fedotov.  Quant à l’éradication, elle demeure « insignifiante », a-t-il affirmé, relevant qu’elle se limitait à 400 hectares dans quatre provinces, en comparaison de 750 hectares dans 14 provinces en 2017.  « Par conséquent, plus de 5 000 tonnes d’opium sont potentiellement disponibles pour la production d’héroïne exportable.  Les niveaux continuellement élevés de l’offre ont fait chuter les prix au plus bas », s’est en outre alarmé le Directeur exécutif.  Le prix payé au producteur a chuté de 56% comparé à 2017, mais, avec 604 millions de dollars, cette culture représente près de 3% du Produit intérieur brut (PIB) de l’Afghanistan, a-t-il encore précisé.

Par ailleurs, a poursuivi le Directeur exécutif, l’Afghanistan demeure une source importante de haschich, 22% de la production mondiale saisie en 2016 l’ayant été dans ce pays.  Ses habitants sont les premières victimes de cette production excessive, qui contribue à des taux élevés de toxicomanie parmi la population, a souligné M. Fedotov.  Il a reconnu que le Gouvernement afghan a pris des mesures pour renforcer la résilience face aux flux financiers illicites et promouvoir la bonne gouvernance.  « Celles-ci comprennent la règlementation du système bancaire, la création d’une agence officielle d’approvisionnement; la numérisation de plusieurs processus, dont l’enregistrement des actes fonciers et la déclaration des biens; le Haut Conseil pour l’état de droit et la lutte contre la corruption et le Centre pour la justice et l’anticorruption; le nouveau Code pénal; et la loi contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme », a-t-il énuméré. 

Le haut fonctionnaire a assuré le Conseil de sécurité que l’ONUDC s’efforçait de prêter assistance au Gouvernement afghan dans le contexte du Cadre de responsabilité mutuelle de Genève, dans le domaine de l’anticorruption, de la gouvernance, de l’état de droit, et des droits humains ».  Notre bureau à Kaboul, a-t-il dit, soutient aussi les autorités pour identifier des « cibles communes » dans le cadre d’une « stratégie antinarcotiques régionale ». 

M. KAIRAT UMAROV (Kazakhstan), intervenant en tant que Président du Comité du Conseil de sécurité créé par la résolution 1988 (2011), a rappelé que l’objectif principal de cet organe est de dissuader les Taliban et leurs alliés de continuer d’apporter leur soutien à Al-Qaida et de conduire des attaques contre le Gouvernement afghan au moyen de sanctions tels que le gel des avoirs, l’interdiction de voyager et un embargo sur les armes.  Il a expliqué que le régime afghan entend aussi favoriser le processus de paix et de réconciliation en accordant des exceptions au cas par cas pour encourager des individus à se joindre au processus.  Pour que ce régime de sanctions reste efficace et crédible, a-t-il ajouté, il est essentiel que les personnes visées demandent une dérogation de leur interdiction de voyager dans les délais. 

Le Président du Comité a ensuite indiqué que lors de la Conférence de Moscou, qui s’est tenue le 9 novembre, la première exigence des Taliban a été la levée des sanctions.  Il a noté que la participation de la communauté internationale a permis, cette année, de lancer un processus de discussion, appelé le « Processus de Kaboul », accompagné par des réunions de responsables religieux en Indonésie et en Arabie saoudite, et des conférences de Moscou et de Tachkent, cette dernière ayant été marquée par la participation des pays d’Asie centrale. 

M. Umarov a ensuite déploré que la période des combats de 2018 ait été aussi sanglante que celle de 2017, les Taliban ayant poursuivi leurs attaques d’ampleur contre les positions militaires, marquée notamment par des poses d’engins explosifs improvisés, des attentats et des enlèvements contre rançon.  Il en va de même pour ce qui est de la présence de l’EIIL, malgré les lourdes pertes subies par le groupe dans le nord du pays.  Le Président a aussi indiqué que le recrutement de jeunes gens par des organisations terroristes reste préoccupant et que le niveau de violence provoque de très nombreuses victimes civiles y compris lors de raids aériens. 

Il a fait savoir que les forces afghanes ont eu du mal à repousser les attaques des Taliban contre les capitales en province mais qu’elles demeurent confiantes grâce au soutien que leur apportent les forces internationales.  Al-Qaida continue, par ailleurs, de travailler étroitement avec les Taliban qui tirent leur financement essentiellement des taxes imposées sur la drogue et l’extraction illégale des ressources naturelles comme l’onyx, le marbre, la chromite, le talc, les pierres précieuses et l’or. 

M. Umarov a ensuite indiqué que les sanctions ne pourront augmenter que lorsque les informations nécessaires auront été rassemblées et qu’auront été identifiés les lieux où les Taliban ont investi le produit de leurs activités illégales.  Il a estimé qu’il existe de nombreuses possibilités d’appliquer de nouvelles sanctions et a invité les États Membres à jouer un rôle plus dynamique pour préserver et mettre à jour la liste des personnes visées par les sanctions, notant que l’efficacité globale du régime de sanctions dépend de la coopération entre le Gouvernement afghan et ceux de la région.  Le Président du Comité a également jugé possible d’étendre la liste des personnes ciblées par le régime de sanctions pour atteindre des individus n’y figurant pas encore. 

Mme GHIZAAL HARESS, membre de la Commission indépendante de contrôle de l’application de la Constitution, a fait le point sur les récents développements politiques en Afghanistan.  Le 20 octobre dernier, s’est-elle félicitée, quatre millions d’Afghans sont allés voter lors des élections parlementaires, y compris des femmes, soit 34% de l’électorat, et des jeunes, malgré les menaces et les tentatives d’intimidation. 

Mme Haress a vu dans cette forte participation citoyenne une réalisation majeure et de bon augure pour l’instauration d’institutions démocratiques conformes à la Constitution.  Il faudra néanmoins relever les défis rencontrés en octobre avant l’élection présidentielle d’avril 2019, a-t-elle prévenu, citant par exemple les cas de violence qui ont eu lieu avant et le jour même de l’élection, conduisant certains bureaux de vote à rester fermés.  D’autres ont dénoncé la « mauvaise performance » de la Commission électorale indépendante, notamment des problèmes techniques et organisationnels, comme avec les machines biométriques.  « Des milliers de plaintes ont été déposées auprès de la Commission pour les plaintes électorales », a-t-elle affirmé, jugeant « vital » d’y donner suite avant la prochaine échéance électorale.

Si les récents accords politiques avec les Taliban ont donné de l’espoir à beaucoup d’Afghans, ces négociations ont aussi suscité des inquiétudes au sujet de la participation des femmes et des jeunes dans tout processus de paix qui en découlerait, a expliqué Mme Haress.  Soulignant que l’article 22 de la Constitution afghane garantit l’égalité femmes-hommes devant la loi, la représentante a salué les avancées majeures dans ce domaine au cours de dernières années, notamment en termes d’accès à l’éducation, la santé et l’emploi. 

« Malgré le rôle important joué par les femmes pour encourager le changement social dans le pays, l’inégalité entre les sexes et de nombreux obstacles à leur participation effective persistent », a toutefois regretté l’intervenante.  Compte tenu du passé taliban en Afghanistan, leur inclusion est pourtant essentielle si l’on veut parvenir à une paix durable tout en évitant le retour au règne de l’extrémisme.  Par conséquent, a-t-elle insisté, il faut que le gouvernement veille à lever les obstacles qui existent toujours à la participation des femmes tant dans la sphère publique que politique; c’est là une « une priorité non négociable ». 

Depuis l’adoption de la Constitution afghane en 2004, on assiste, a reconnu Mme Haress, à des progrès modestes en matière d’état de droit et de gouvernance démocratique mais aussi de droits de l’homme.  « Mais ces progrès sont remis en cause par des suggestions répétées d’amender la Constitution en vue d’accommoder les revendications des Taliban », a-t-elle averti, avant de rappeler que la Constitution n’autorise des amendements aux droits fondamentaux qu’à condition de les améliorer.  Or, selon elle, « les amendements demandés par les Taliban ne s’inscrivent pas dans cette logique et conduiraient à renoncer à certains droits et libertés pour lesquels nous nous sommes battus pendant 17 ans ». 

« Apporter des modifications à la Constitution afin de négocier la paix est une ligne rouge que nous ne devons pas franchir », a-t-elle tranché appelant le Conseil de sécurité à garantir que tout pourparler ou négociation de paix soit conforme à la Constitution.

M. MAHMOUD SAIKAL (Afghanistan) s’est enorgueilli des progrès « soutenus » accomplis par les forces de sécurité et de défense nationales dans leur combat contre les « organisations terroristes régionales et globales ».  D’après lui, elles auraient, au prix d’un « sacrifice élevé », maintenu les éléments terroristes à distance à travers tout le pays.  Les Taliban et leurs affidés n’ont pas fait d’avancées concrètes « où que ce soit ».  « Les attaques pour capturer des territoires, y compris des capitales provinciales, se sont soldées par des pertes massives dans les rangs ennemis », a assuré le représentant, ce qui expliquerait pourquoi ces groupes et les « combattants terroristes étrangers » ont franchi de nouveaux paliers dans la brutalité, en multipliant les attaques contre les cibles civiles.  Face à ces atrocités, le peuple afghan, a poursuivi M. Saikal, continue de s’engager en faveur de la paix et de la démocratie, comme en témoigne le fait que plus de 45% des électeurs enregistrés se sont rendus aux urnes le jour des élections parlementaires, en dépit des violences et des menaces. 

Le représentant a ensuite fait état d’un processus de consultations qui a culminé avec la formation d’une équipe de négociateurs et d’un Conseil consultatif pour fournir une orientation stratégique sur les divers aspects des pourparlers de paix, une fois qu’ils auront débuté.  À l’en croire, plusieurs pays d’Asie centrale ont reconnu que « la perspective de paix est maintenant à portée de main ».  « Laissez-moi réaffirmer au Conseil de sécurité que la paix que nous recherchons doit être durable, avec des opportunités politiques, sociales et économiques accrues pour notre peuple.  Une paix qui protège les droits de l’homme, en particulier ceux des femmes, et consolide les gains obtenus au cours des 17 dernières années », a déclaré M. Saikal.  « Toute dévoiement ou instrumentalisation d’un tel processus, par quiconque, ne serait pas toléré par le peuple afghan, qui a payé un lourd tribut au cours des 40 années de conflits imposés ».  Dans ce contexte, un soutien régional « sincère et tangible » est « impératif », a souligné le délégué, en citant nommément le Pakistan, compte tenu de sa marge de manœuvre auprès de certains dirigeants taliban.  À cet égard, a-t-il observé, le Plan d’action Afghanistan-Pakistan pour la paix et la solidarité (APAPPS), entré en vigueur en avril dernier, constitue un cadre important de lutte antiterroriste, « même si les progrès ont été jusqu’à présent élusifs ». 

Alors que, samedi dernier, l’Afghanistan, le Pakistan et la Chine se sont réunis au niveau des Ministres des affaires étrangères pour le deuxième tour de la Plateforme du dialogue trilatéral, la délégation afghane a souhaité que des progrès visibles soient accomplis au cours des semaines et des mois à venir, sur la base des nouveaux engagements consentis de part et d’autre. 

Après avoir sollicité l’aide de la communauté internationale pour aider son pays à faire face à la sècheresse, M. Saikal a vanté les progrès accomplis dans le domaine de la coopération économique régionale, en soulignant que la semaine dernière, le Président Ghani avait inauguré le Couloir lapis-lazuli.  Ce projet de grande envergure rouvre l’ancienne route commerciale en direction de la Turquie et des marchés européens, laquelle traverse le Turkménistan, l’Azerbaïdjan, la Géorgie.  À l’approche du Nouvel an, deux questions demeurent d’une importance cruciale pour l’Afghanistan.  Tout d’abord, la transition politique doit être importante, inclusive et appuyée par le peuple afghan, en vue de donner lieu à un nouveau Parlement et à un nouveau gouvernement.  Ensuite, le processus de paix doit permettre que le pays reste sur la trajectoire du progrès, de la démocratie et du développement, a conclu le représentant. 

Mme LISE GREGOIRE VAN HAAREN (Pays-Bas) a déploré que 17 ans après la chute du règne des Taliban, et en dépit des progrès réalisés, le peuple afghan ne peut toujours pas jouir des droits fondamentaux inscrits dans la Constitution.  Pour cette raison, elle soutient les efforts de la MANUA et du Gouvernement afghan pour vaincre les défis afférents, notamment en matière de droits de l’homme, de justice et de sécurité pour les civils. 

La représentante a ensuite émis le vœu de voir une grande et pleine participation des femmes et des jeunes à l’élection présidentielle du 19 avril prochain, en tant que candidates et électrices.  Dans ce contexte, elle a encouragé le Gouvernement afghan à tirer les leçons apprises du dernier scrutin législatif.  Elle a aussi appelé le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et la MANUA à soutenir ce processus, en aidant notamment à l’amélioration des vérifications biométriques, à la formation des personnels chargés d’organiser les élections et à l’éducation des électeurs.

La déléguée a par ailleurs pressé les Taliban à accepter l’offre du Gouvernement afghan visant à tenir des négociations directes pour la paix.  Il n’y a pas d’alternative à un appropriation nationale du processus de paix, a-t-elle dit, ajoutant que les Pays-Bas soutiennent les efforts du Président Ghani dans la préparation de ces négociations.  Ils réaffirment aussi que le communiqué de Genève a le soutien de la communauté internationale, à côté des autres accords visant à réformer le pays, a conclu la représentante. 

M. KAIRAT UMAROV (Kazakhstan) a rappelé que son pays avait organisé deux visites de terrain en Afghanistan, en octobre 2017 et janvier 2018, qui ont permis au Conseil de sécurité de mieux comprendre la situation en cours dans ce pays.  Tout en saluant la tenue des élections législatives en octobre dernier, le représentant s’est dit inquiet de la forte violence qui a marqué cette phase électorale et a jugé nécessaire d’en tirer les leçons avant la présidentielle d’avril 2019, à la fois en termes d’organisation et de sécurité.  Il a salué les résultats de la Conférence de Genève, et a apporté son soutien au Processus de Kaboul lancé en février ainsi qu’aux initiatives régionales, dont la Conférence de Tachkent et celle de Moscou.  Il a souligné que pour aboutir, tous ces efforts devraient être conduits par les Afghans. 

Poursuivant, il a indiqué que malgré les mesures importantes prises par les autorités, la situation sécuritaire demeure instable dans le pays.  Il s’est notamment préoccupé du nombre élevé de victimes civiles dû aux raids aériens et des attaques lancées par les forces antigouvernementales, ainsi que du recrutement de jeunes gens par des organisations terroristes, des attaques contre les écoles et les organisations médicales et des abus sexuels à l’encontre des enfants.  Il a également noté que la menace posée par l’EIIL reste un problème.  La drogue constitue toujours, elle aussi, un problème important, malgré un déclin de la production en novembre, attribué à la sécheresse qui frappe la plupart des régions afghanes, et à la baisse des prix de l’opium. 

Le représentant s’est dit convaincu qu’une coopération économique étroite avec les pays de la région renforcera la stabilité de l’Afghanistan et facilitera le processus de réconciliation en offrant de nouvelles possibilités pour les jeunes afghans.  Pour ce faire, il a appelé à renforcer les liens entre sécurité et développement en investissant dans les infrastructures et les moyens de transports régionaux.  Il a également jugé nécessaire de revoir l’approche régionale, en déployant des efforts concertés; et de renforcer le rôle des Nations Unies par une meilleure coordination et transparence entre le Secrétariat et les agences, au Siège et sur le terrain, surtout compte tenu de la réduction de l’aide au développement.

M. RODNEY M. HUNTER (États-Unis) a évoqué la récente Conférence ministérielle qui s’est tenue à Genève et dit qu’il fallait mettre fin au conflit.  « La paix est possible en Afghanistan », a-t-il assuré, en appelant la communauté internationale à agir pour que la paix devienne réalité.  Le délégué a en outre mentionné la récente nomination d’un Envoyé spécial des États-Unis pour la paix, avant d’exhorter les Taliban à mettre en place une équipe de négociateurs en vue de pourparlers directs avec le Gouvernement afghan.  Il a souligné la nécessité d’un appui économique robuste pour le pays et d’un partage des coûts dans la fourniture de l’aide internationale. 

La prochaine élection présidentielle devant être crédible, le représentant a souhaité que les irrégularités ayant entaché les dernières élections parlementaires soient corrigées.  La MANUA doit veiller à hiérarchiser ses priorités et à assurer la transparence de l’élection présidentielle.  Le délégué s’est dit préoccupé par le niveau inacceptable de violence dans le pays et a appelé à la professionnalisation et à l’inclusivité des forces afghanes.  Enfin, il a réitéré l’appui à long terme de son pays pour un Afghanistan prospère et pacifique. 

M. OLOF SKOOG (Suède) a appuyé fermement l’invitation du Président Ghani à des pourparlers de paix sans condition et a exhorté les Taliban à s’y engager de manière constructive.  Il est essentiel, a-t-il estimé, que le processus de paix continue d’être le fait des Afghans et mené par eux.  Il doit aussi, a-t-il ajouté, être inclusif et impliquer les groupes qui, par tradition, n’ont pas de voix dans la société, comme les minorités ethniques.  La participation pleine et effective des femmes est fondamentale, a encore estimé le représentant. 

Représentant deux tiers de la population, les jeunes aussi doivent avoir un rôle central dans tout accord sur l’avenir de leur pays.  S’adressant à la communauté internationale dont l’appui est toujours nécessaire, il a exhorté toutes les parties prenantes, en particulier les pays voisins de l’Afghanistan, à appuyer le Processus de Kaboul et la Mission de l’ONU, à veiller à ce que le processus de paix soit le plus inclusif possible et que son résultat soit conforme aux acquis de ces 17 dernières années, en matière de droits de l’homme et de libertés fondamentales, en particulier ceux des femmes.  En tant que l’un des plus grands et des plus anciens partenaires au développement de l’Afghanistan, la Suède examinera soigneusement ces questions, en recalibrant sa coopération au développement. 

Compte tenu des problèmes connus lors des élections législatives, le représentant a jugé crucial que les préparatifs de l’élection présidentielle, prévue l’année prochaine, les corrigent tous.  L’assistance technique de la Mission de l’ONU est, à cet égard, cruciale, tout comme la participation des femmes.  La coopération avec ONU-Femmes et d’autres acteurs est essentielle à la mise en œuvre du Plan d’action national pour les femmes et la paix et la sécurité, a insisté le représentant. 

Il a conclu sur la dégradation de la situation humanitaire et a dit attendre avec impatience la réunion en formule Arria que le Conseil a prévue vendredi prochain, pour en discuter plus avant. 

Mme KAREN PIERCE (Royaume-Uni) a indiqué qu’une nouvelle génération est en train d’émerger en Afghanistan.  Les Taliban vivent dans un « Afghanistan d’hier que personne ne souhaite revoir », a-t-elle déclaré, en exhortant le Conseil à envoyer un signal clair et fort en ce sens.  Elle a ensuite affirmé que les Afghans méritent une élection présidentielle crédible et transparente, avant d’insister sur la nécessité que le processus de paix soit emmené par les Afghans eux-mêmes.  Tout processus parallèle risque de saper les progrès et de renforcer les Taliban, a-t-elle affirmé, demandant que ces autres efforts viennent en complément des efforts du Gouvernement.  Pour que les sanctions soient crédibles, les procédures doivent être rigoureuses et les demandes d’exceptions doivent se faire dans les délais prévus, a-t-elle poursuivi.  Enfin, la déléguée a indiqué que l’année 2019 sera à marquer d’une pierre blanche en Afghanistan. 

M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a félicité le Gouvernement et la population d’Afghanistan qui ont permis le bon déroulement des élections en octobre en se rendant aux urnes malgré les menaces et la violence.  En novembre la Conférence de Genève est venue confirmer le soutien international à l’Afghanistan et alors que l’année s’achève il convient de se concentrer selon lui sur le processus de paix pour mettre fin à quatre décennies d’instabilité.  À cette fin, tous les dirigeants politiques doivent donner la priorité à l’intérêt national et non aux intérêts particuliers et redoubler d’efforts avant la tenue du scrutin présidentiel en avril prochain. 

Le Conseil de sécurité doit redoubler d’efforts pour appuyer le pays dans la tenue de ces élections dans les délais prévus.  Le représentant a cependant exprimé sa préoccupation quant à la situation sécuritaire et à l’augmentation des victimes civiles liées aux frappes aériennes.  Il a appelé les parties à cesser de prendre les civils pour cible et à respecter pleinement le droit international humanitaire et aussi suggéré d’investir massivement dans l’éducation, pour que la génération future soit mise à l’abri des extrémismes, souhaitant que ces efforts puissent accompagner les efforts de paix. 

Mme JOANNA WRONECKA (Pologne) a estimé que la bonne tenue des élections parlementaires d’octobre en Afghanistan, dans des circonstances pourtant difficiles, avait démontré l’attachement de millions d’Afghans aux fondements démocratiques du pays.  Elle a encouragé le Gouvernement et les institutions concernées à améliorer encore davantage le processus électoral dans la perspective de la future élection présidentielle.  Tout en soulignant le lien étroit entre sécurité et développement, la représentante a salué la volonté de la communauté internationale de continuer à appuyer le développement du pays, telle qu’exprimée lors de la Conférence de Genève sur l’Afghanistan, en novembre dernier. 

La représentante s’est toutefois dite préoccupée par la détérioration de la situation sécuritaire dans la province de Ghazni, où l’armée afghane est en butte à une opposition croissante de la part d’éléments antigouvernementaux, dont les Taliban.  En tant que membres de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN), la représentante a indiqué que la Pologne était prête à appuyer l’armée afghane, dans le cadre de la mission Soutien résolu de l’OTAN en Afghanistan.  Elle a en outre appelé le Gouvernement afghan à redoubler d’efforts pour répondre à la menace des mines antipersonnel, restes explosifs de guerre et engin explosif improvisé. 

Enfin, la représentante a insisté pour que l’intégralité des États Membres respecte les procédures du Comité des sanctions mis en place par la résolution 1988 (2011).

Pour Mme ANNE GUEGUEN (France), la tenue des élections législatives au mois d’octobre illustre les progrès réalisés ces dernières années en Afghanistan.  Dans la perspective de l’élection présidentielle d’avril 2019, la consolidation d’un processus électoral libre, crédible et transparent doit se poursuivre, a estimé la représentante, appelant à corriger les « faiblesses identifiées lors des élections législatives ».  À ce titre, elle a suggéré que la Commission électorale indépendante devait continuer à assurer la participation la plus large de la population aux élections et à créer les conditions d’un scrutin juste, libre et transparent « car la confiance envers des institutions crédibles et des représentants légitimes est un gage de la paix ».  La France veillera à ce que l’Union européenne continue d’accompagner ces efforts, de même que les Nations Unies et l’OTAN.

Passant aux efforts de paix, Mme Gueguen a relevé que la gravité de la situation sécuritaire et le coût humain du conflit doivent inciter à redoubler d’efforts pour parvenir à une paix durable en Afghanistan.  Ce processus doit être inclusif, conduit par les Afghans et pour les Afghans, et se concrétiser par une paix négociée avec les Taliban, en vue d’une stabilité durable, a-t-elle estimé.  Pour la France cela signifie que les parties expriment les conditions acceptables et nécessaires d’un exercice intégré du pouvoir, dans le cadre institutionnel prévu par la Constitution.  Elle prend note des avancées enregistrées, notamment grâce à l’initiative du Président Ghani, qui a proposé « une vraie feuille de route », et la France réitère son appel aux Taliban afin qu’ils répondent à l’offre de paix mise sur la table.  Par ailleurs, il est indispensable que l’ensemble des États de la région soutiennent sans ambigüité ce processus et que les efforts de la communauté internationale soient concertés et non concurrents, a précisé Mme Gueguen.

S’agissant de la lutte contre les stupéfiants, elle a estimé que la baisse enregistrée cette année n’est que conjoncturelle, et que la persistance du trafic de drogues alimente l’insurrection talibane et les groupes terroristes comme la Wilayat Khorassan de Daech.  Consciente de l’ampleur de la tâche et de la nécessité d’une approche collective, dans le cadre du principe de responsabilité partagée, la France compte sur le Gouvernement afghan pour poursuivre les efforts importants qui sont nécessaires pour endiguer la production et le trafic de drogues, avec le soutien de l’ONUDC er de la communauté internationale, notamment au sein du Pacte de Paris.

M. ANATOLIO NDONG MBA (Guinée équatoriale) a rappelé que l’amélioration de la sécurité reste le principal défi pour l’Afghanistan, une condition essentielle pour la stabilité du pays et son développement socioéconomique au sens large.  S’agissant du processus politique, il a partagé l’avis de Kaboul et de la Conférence de Genève, à savoir qu’il doit être conduit par et pour les Afghans, « sous leur contrôle absolu ».  À cet égard, il a salué la participation de la population, notamment des femmes, aux dernières élections parlementaires, et encouragé le Gouvernement à faire en sorte qu’elles participent à toutes les étapes du processus de paix. 

Le représentant a pris note des grandes avancées dans le programme de réformes politique, économique et sociale du Gouvernement afghan, y compris sur le plan fiscal, tout en insistant sur la nécessité de renforcer la protection juridique des femmes et des filles afghanes contre la violence.  Il a ensuite souligné l’importance de la coopération régionale et les efforts de certains pays d’Asie centrale pour contribuer à la stabilisation et au développement de l’Afghanistan.  Sur le plan international, le délégué s’est félicité de la tenue de la Conférence de Genève, le mois dernier, et de l’engagement continu de la communauté internationale vis-à-vis des Forces nationales de défense et de sécurité, afin notamment de combattre le terrorisme.  En dernier lieu, il a appelé la communauté internationale à appuyer la stratégie nationale afghane de lutte contre les stupéfiants. 

Mme VERÓNICA CORDOVA SORIA (Bolivie) a salué la tenue d’élections parlementaires dans 32 provinces de l’Afghanistan, le 20 octobre dernier.  Les électeurs ont pris part au scrutin de manière disciplinée, s’est-il félicité, à l’exception de quelques incidents sécuritaires qui n’ont cependant pas empêché 4,2 millions d’Afghans de se rendre aux urnes, dont 30% de femmes.  Tout en saluant cet élan démocratique, la représentante a plaidé en faveur d’une plus grande participation des femmes aux prises de décisions politiques et à la vie économique du pays. 

Dans la perspective de l’élection présidentielle du 19 avril 2019, la déléguée bolivienne a également appelé à mettre fin aux attaques terroristes violentes.  Elle a ainsi déploré les 8 050 victimes civiles des Taliban et de Daech recensées entre janvier et septembre 2018, dont 2 798 ont trouvé la mort des suites de ces attaques.

Dans ce cadre, la représentante a salué la tenue et les conclusions de la Conférence de Genève sur l’Afghanistan, qui s’est tenue les 27 et 28 novembre derniers, au cours de laquelle la communauté internationale a réaffirmé son engagement en faveur de la paix et du développement du pays. 

Mme MAHLET HAILU GUADEY (Éthiopie) s’est dite fortement préoccupée par les actes de violence ayant pris délibérément pour cible des civils afghans tout au long du processus électoral.  Elle a réitéré son appui au Président Ghani pour qu’il mène des négociations directes avec les Taliban, un processus selon elle largement soutenu par les Afghans eux-mêmes et la communauté internationale.  Dans ce cadre, la représentante a appelé les Taliban à participer « sincèrement » et « sans précondition » à des pourparlers directs avec le Gouvernement du pays. 

La représentante a ensuite salué le déroulement des élections parlementaires en Afghanistan.  Elle s’est toutefois dit préoccupé par l’ampleur des incidents sécuritaires survenus le 20 octobre, de nature à mettre en péril l’élection présidentielle à venir.  La représentante a par conséquent appelé les responsables politiques à renforcer la confiance des Afghans dans le processus électoral.

Enfin, la déléguée a appelé la communauté internationale à continuer de soutenir le développement économique du pays, comme elle s’y est engagée, en novembre dernier, lors de la Conférence de Genève sur l’Afghanistan.

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a salué la participation accrue des femmes au scrutin parlementaire du 20 octobre dernier, par rapport à l’élection présidentielle de 2014.  Il a jugé important que le taux de participation des femmes aux élections atteigne 30% des votants. 

Parallèlement, le représentant a condamné la persistance d’attaques terroristes contre la population civile et s’est dit préoccupé par le « haut degré de fragmentation politique », qui favorise, selon lui, l’instabilité et l’insécurité dans le pays.

À l’approche de la prochaine élection présidentielle, le délégué péruvien a appelé les dirigeants politiques à faire preuve de « maturité », en évitant d’exacerber les différends et en rejetant toute violence, au profit du dialogue interafghan.  Il a également appelé les autorités du pays à procéder au comptage des voix en toute transparence. 

Le représentant a enfin rappelé la tenue, fin novembre, de la Conférence de Genève sur l’Afghanistan, qui a réaffirmé l’engagement de la communauté internationale en faveur de la paix et du développement du pays. 

Pour M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie), la Conférence de Genève a montré l’importance accordée par la communauté internationale à la paix et la stabilité en Afghanistan.  Aussi a-t-il exprimé son inquiétude face à la dégradation continue de la situation, accompagnée d’un nombre élevé de victimes et de pertes au sein de la population et des forces armées.  Le renforcement de l’État islamique (EI), qui trouve de nouveaux combattants parmi les anciens de l’Iraq et de la Syrie et continue de vouloir renforcer sa présence, se traduit par la recrudescence des attentats.  Sa propagande et l’usage qu’il fait des moyens de communication, conjugués à ses aspirations expansionnistes constituent « une véritable menace au sein de l’Asie centrale ».  La Russie attend à cet égard des réponses à ses questions sur l’utilisation « d’hélicoptères secrets » pour déplacer les combattants de l’EI, a-t-il insisté.

Par ailleurs, le représentant a appelé la région et le reste du monde à lutter contre le trafic des stupéfiants et à renforcer les efforts.  La Russie est prête à agir dans le cadre du Pacte de Paris contre l’opium afghan et pour les projets de développement alternatif dans la province du Badakhshan (nord-est).  Malheureusement, a-t-il poursuivi, « la présence militaire de grande ampleur depuis 17 ans des forces internationales n’a pas permis de stabiliser la situation et la violence est encore plus aiguë et témoigne qu’il n’y a pas de solution militaire, seul un accord général avec le concours de tous permettra d’aboutir ».  Le processus de paix doit être conduit par les Afghans eux-mêmes et c’est dans ce but que la Russie a organisé la conférence de Moscou, afin de lancer un dialogue direct.  L’ampleur des problèmes qui se posent nécessite plus que jamais un effort international solidaire et concerté, a-t-il conclu.

M. ZHAOXU MA (Chine) a rappelé les conclusions de la Conférence ministérielle de Genève, avant d’appeler à la bonne tenue de la prochaine élection présidentielle.  La Commission électorale indépendante devra à ce titre tirer les enseignements des dernières élections parlementaires, a-t-il estimé.  Le délégué a appuyé un processus de réconciliation « par et pour les Afghans » et exhorté les Taliban à revenir à la table des négociations.  Il a par ailleurs appuyé la récente conférence qui s’est déroulée à Moscou.  Le délégué a ensuite mentionné les rencontres tripartites entre l’Afghanistan, la Chine et le Pakistan, ayant conduit à des accords sur la sécurité régionale, la stabilité et le développement et à une amélioration des relations entre l’Afghanistan et le Pakistan.  Enfin, le délégué a indiqué que l’aide de la Chine à l’Afghanistan s’élève à 600 millions de renminbi. 

M. KACOU HOUADJA LÉON ADOM (Côte d’Ivoire) a encouragé les forces engagées en Afghanistan à renforcer davantage les opérations conjointes avec les Forces de défense et de sécurité afghanes dans les provinces les plus affectées par l’insécurité.  À cet égard, il a noté avec satisfaction l’engagement des pays contributeurs à la mission « Soutien résolu » de maintenir leur présence dans le pays ainsi que leurs promesses de financement jusqu’en 2024.  Le représentant a en outre appelé à la mise en œuvre du Plan d’action Afghanistan-Pakistan pour la paix et la solidarité qui pourrait contribuer à résoudre le problème sécuritaire dans la région. 

Par ailleurs, la Côte d’Ivoire, « qui a toujours privilégié le dialogue dans le règlement des conflits », exhorte les Taliban à s’engager résolument, dans le cadre du Processus de Kaboul, dans les pourparlers de paix directs et sans condition préalable, en vue du règlement politique de la crise et d’une paix durable en Afghanistan.  M. Adom a été d’avis également qu’une plus grande implication des femmes dans le processus lui garantirait toutes les chances de succès.  Enfin, préoccupé par la situation des déplacés internes et des réfugiés, il a encouragé la communauté internationale à maintenir son soutien financier au Plan d’aide humanitaire pour l’Afghanistan. 

M. CHAUDHRY TIPU USMAN (Pakistan) a déploré que l’année écoulée n’ait pas permis de réduire la violence, ni les victimes de l’instabilité causée par le « cercle vicieux » de l’intervention des forces militaires internationales et la guerre civile.  Au contraire: des milliers d’Afghans ont encore perdu la vie dans des attaques insurgées, des opérations terroristes de grande ampleur et des campagnes aériennes intensives, a-t-il déploré, notant par ailleurs qu’à ce stade, et malgré son engagement, les efforts de la communauté internationale n’ont mené nulle part. 

Le représentant a noté que les espoirs d’un règlement négocié avaient été encouragés par le cessez le feu du mois de juin, salué par les Afghans eux-mêmes et par les partenaires régionaux et internationaux.  Il pourrait, a-t-il dit, s’agir d’un tournant dans la longue histoire de violence dans le pays.  Selon lui, ce dont l’Afghanistan a besoin c’est de mobiliser les parties afin d’entamer des négociations en vue d’une solution durable.  À cet égard il a salué la constitution d’une équipe de négociations annoncée par le Président Ghani, ainsi que la tenue de pourparlers directs entre les Taliban et les États-Unis.  Ces réunions, ainsi que la Conférence de Moscou, sont des ouvertures prometteuses, a-t-il estimé, et le Pakistan se félicite également des derniers pourparlers entre l’émissaire spécial américain et les Taliban qui se sont tenus à Abu Dhabi aujourd’hui.  Le représentant a appelé toutes les parties à faire preuve de souplesse pour progresser, soulignant que son pays avait tout à gagner dans le rétablissement de la paix chez son voisin.  Les deux pays s’efforcent d’ailleurs d’améliorer leurs relations bilatérales et de renforcer leur coopération économique, aussi le Pakistan continue de faciliter le transit des produits afghans et représente plus de 60% de l’ensemble de leurs exportations.

M. MARC-ANDRÉ BLANCHARD (Canada) a salué le succès de la récente Conférence de Genève sur l’Afghanistan, qui témoigne, selon lui, du soutien continu de la communauté internationale au peuple et au Gouvernement afghans dans leurs efforts pour instaurer la paix et la prospérité.  Le Canada exhorte les Taliban à répondre à l’offre de paix du Gouvernement afghan et à négocier la paix.  « Si le Canada est élu pour siéger au Conseil de sécurité en 2021-2022, vous pourrez compter sur nous pour appuyer le maintien et l’élargissement de l’engagement multilatéral pour une paix durable en Afghanistan et dans la région », a promis le représentant. 

M. Blanchard a également tenu à mettre en évidence le soutien du Canada pour l’inclusion de femmes et de filles afghanes dans les processus de prise de décisions.  « Aucun pays ne peut obtenir une véritable paix et la prospérité sans la pleine participation de tous ses citoyens, en particulier des femmes et des filles ainsi que des minorités ethniques et religieuses », a-t-il fait valoir en expliquant que c’est la raison pour laquelle le Canada a établi un partenariat avec Oxfam Canada dans le cadre du projet « Amplify Change ».  Abordant ensuite les leçons à tirer des récentes élections législatives, il a salué le courage à la fois le peuple et les responsables électoraux afghans pour avoir défié les actes d’intimidation, ainsi que le personnel de sécurité qui a appuyé le processus électoral. 

M. CHRISTOPH HEUGSEN (Allemagne) a salué l’adoption du Cadre de responsabilité mutuelle de Genève, tout en reconnaissant qu’il restait encore beaucoup à faire, notamment sur le plan sécuritaire, en Afghanistan.  Après s’être dit encouragé par la forte participation aux élections parlementaires d’octobre, le représentant a pointé des insuffisances dans le processus électoral, notamment en ce qui concerne le dépouillement des bulletins.  Satisfait de la désignation récente d’une équipe de négociateurs de paix par le Gouvernement afghan, il a appelé les Taliban à faire de même.  Pour la délégation allemande, les processus de paix doivent être inclusifs, des études ayant prouvé que la participation des femmes à toutes les étapes renforce de 35% les chances que dure un accord de paix. 

Évoquant la sécheresse qui frappe l’Afghanistan, M. Heugsen a annoncé que, en tant que nouveau membre élu du Conseil de sécurité, sa délégation mettrait l’accent sur la question des changements climatiques au cours de son mandat.  Il a également souligné que, aux côtés de l’Indonésie, l’Allemagne sera porte-plume des résolutions sur la situation en Afghanistan pendant les deux prochaines années. 

M. STEFANO STEFANILE (Italie) a rappelé que chaque jour, les forces afghanes et le Gouvernement d’union nationale combattent le terrorisme et la violence extrémiste qui cherchent à perturber les efforts de paix et de stabilité.  Saluant la Conférence ministérielle de Genève et l’engagement réitéré des autorités afghanes et de la communauté internationale, le représentant a souligné une prise de conscience partagée sur le fait que dans la lutte contre la corruption, les réformes engagées n’ont pas toutes été pleinement engagées.  D’ici à la conférence de 2020, le document final identifie distinctement les domaines dans lesquels des progrès sont attendus. 

Dans le même esprit, il a salué la tenue des élections législatives en octobre et la volonté des Afghans, en particulier des femmes, d’y participer malgré les intimidations et les menaces et il a espéré que ces élections serviraient « de brouillon » au scrutin présidentiel prévu en avril 2019.

La seule solution viable et pérenne au conflit est un processus de paix et de réconciliation conduit par les Afghans eux-mêmes, comme le souhaitent urgemment les Afghans et la communauté internationale.  L’Italie soutient à cet effet pleinement le Processus de Kaboul initié en février par le Président Ghani et relève le rôle que peuvent jouer les partenaires internationaux, en particulier ceux de la région, pour créer des conditions propices à la paix. 

Mais ces négociations ne pourront être menées à n’importe quel prix: elles doivent inclure l’ensemble des composantes de la société notamment les femmes et les minorités.  Les femmes notamment doivent pouvoir jouer un rôle actif dans les négociations et veiller à ce que leurs droits soient protégés.

M. MAHMADAMIN MAHMADAMINOV (Tadjikistan) a déclaré, qu’en tant que voisin, partageant 1 400 km de frontière, des liens culturels, historiques et linguistiques proches, « les Tadjiks ne peuvent regarder leurs frères et sœurs de l’autre côté de l’Amu Darya souffrir à cause de l’instabilité des dernières décennies. »

En dépit des progrès, de nombreux défis persistent encore en Afghanistan, notamment le terrorisme, le crime transnational organisé et le trafic de la drogue.  Ces phénomènes, tout comme le regain d’activité des groupes terroristes dans certaines parties du nord de l’Afghanistan mettent en péril le développement de la région, a prévenu la délégation, appelant à un renforcement de la coopération régionale et internationale en matière de lutte contre ces phénomènes. 

Le représentant a également indiqué que le Président tadjik, M. Emomali Rahmon, n’avait jamais cessé de plaider activement pour plus d’actions concertées et d’approches régionales en vue d’apporter le développement et la prospérité en Afghanistan.  Il a toujours considéré que la Conférence sur la coopération économique régionale concernant l’Afghanistan ainsi que le Processus d’Istanbul que le Tadjikistan présidera en 2019 sont des plateformes importantes en matière de coopération régionale. 

À ce titre, afin de faciliter le commerce entre les deux pays, le Tadjikistan a créé deux zones franches le long de sa frontière avec l’Afghanistan.  En plus des centaines de citoyens afghans étudiant au Tadjikistan, le Gouvernement prévoit d’en accueillir un millier d’ici à 2025.  Il assure également la formation des gardes-frontières afghans et autres spécialistes, via le centre de formation des gardes frontaliers de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), sis à Douchanbe, capitale du Tadjikistan, a indiqué le représentant. 

M. KORO BESSHO (Japon) a salué le succès de la conférence interministérielle sur l’Afghanistan, tenue en novembre dernier à Genève, sous les auspices des Nations Unies et du Gouvernement de l’Afghanistan.  Il a dit particulièrement apprécier le fait que, pour la première fois, la question de la réconciliation ait été ajoutée à l’agenda de cette Conférence, en plus de celles de la réforme et du développement.  Sur le même plan, sa délégation apprécie avec « respect », la détermination avec laquelle les citoyens afghans ont choisi leurs parlementaires, en dépit de la situation sécuritaire difficile.  « Des élections libres, justes et transparentes sont le socle de la démocratie », a-t-il souligné, avant d’appeler le Gouvernement à évaluer tous les défis qui se sont posés lors de ces élections parlementaires, afin de prendre toutes les mesures qui s’imposent dans le cadre de l’élection présidentielle à venir. 

Sur un autre plan, le représentant a déclaré être préoccupé par les sévères inondations qui frappent l’Afghanistan et plongent des millions de personnes dans une crise humanitaire et l’insécurité alimentaire.  Il a indiqué que son gouvernement avait récemment décidé une nouvelle assistance de 13 millions de dollars en réponse à cette catastrophe naturelle, en plus des 15 autres millions déjà consacrés, cette année, à l’amélioration des infrastructures d’irrigation et de gestion de l’eau dans le secteur agricole et des 17 millions destinés à l’immunisation contre les maladies infectieuses, dont la poliomyélite. 

M. FERIDUN HADI SINIRLIOĞLU (Turquie) a indiqué que son pays a promis une contribution de 60 millions de dollars pour la période 2018-2020 en appui aux forces de sécurité afghanes.  Il a jugé impératif que les engagements pris lors de la Conférence ministérielle de Genève se concrétisent.  Le délégué a précisé que l’aide totale de son pays pour le relèvement de l’Afghanistan s’élève à 1,1 milliard de dollars, la majeure partie de cette somme étant consacrée à l’éducation.  « Plus de 700 000 Afghans ont accès à une éducation dans les 85 écoles construites par la Turquie. »  Il a en outre défendu un processus de paix emmené par les Afghans, dont il a mentionné le désir de paix et de démocratie.  Un dialogue accru entre les pays de la région est également crucial, a conclu le délégué de la Turquie. 

M. BAKHTIYOR IBRAGIMOV (Ouzbékistan) a rappelé que son pays participe aux différents forums de négociations sur l’Afghanistan, mais réaffirme que le Gouvernement de Kaboul est la partie principale devant conduire les efforts de paix; seul un processus conduit par les Afghans pour les Afghans pourra conduire à une solution pacifique durable. 

L’Ouzbékistan estime par ailleurs que la communauté internationale devrait investir en Afghanistan pour développer son économie future, encourager la stabilité sociale et soutenir la jeune génération; pour sa part il apporte son aide et son soutien au pays notamment via les grands projets régionaux d’infrastructures de transport et le développement du commerce avec son voisin.  Il a créé une zone économique sans taxe pour faciliter le commerce entre les deux pays et le porter progressivement à un milliard de dollars. 

M. DAVID GREGORY YARDLEY (Australie) a tenu à féliciter le « peuple afghan, pour son courage et sa détermination » durant les élections parlementaires du 20 octobre dernier, en dépit des menaces, des violences et des défaillances administratives.  Dans ce contexte, l’Australie exhorte le Gouvernement afghan à résoudre rapidement ces défaillances à l’approche de l’élection présidentielle, afin d’en assurer la crédibilité, la transparence, de façon qu’elle reflète la volonté du peuple afghan. 

L’Australie soutient par ailleurs l’initiative du Président Ghani, visant au dialogue avec les Taliban, ainsi que les efforts des Nations Unies pour réunir les parties afghanes à ce dialogue.  Sa délégation est dans ce contexte très « déçue » que les Taliban aient refusé de s’engager avec le Gouvernement et préféré continuer leurs campagnes sanglantes contre le « peuple afghan ».  Elle les appelle à cesser cette violence et à entamer des discussions, a dit le représentant. 

Il a également indiqué que son pays avait promis en mars dernier de verser 39 millions dollars sur trois ans, en soutien aux groupes vulnérables touchés par le conflit et les déplacements.  Ce chiffre porterait l’aide totale de l’Australie à l’Afghanistan à 89 millions depuis 2014.  Lors de la conférence interministérielle pour l’Afghanistan de Genève, l’Australie a annoncé une aide d’urgence de 5 millions supplémentaires, destinée à répondre aux besoins de 1,4 million d’Afghans, au bord de la famine, a-t-il dit. 

M. TANMAYA LAL (Inde) a déclaré que les attaques en Afghanistan sont responsables du quart de toutes les victimes du terrorisme dans le monde.  Malgré les outils à sa disposition, ce Conseil a été incapable ou bien alors non désireux de remédier à la cause profonde de ce défi, a-t-il dit, ajoutant que les « sanctuaires des réseaux terroristes » sont bien connus. 

L’action du Comité des sanctions du Conseil, qui refuse d’inscrire sur sa liste de nouveaux dirigeants des Taliban et de geler les avoirs d’un leader taliban qui a été tué, est en deçà des attentes de la communauté internationale, a regretté le délégué de l’Inde.  Partisan d’un processus de paix emmené par les Afghans eux-mêmes, il a déclaré que tout progrès requiert la fin de la violence terroriste, la répudiation de tout lien avec le terrorisme international et le respect des droits des Afghans. 

Pour M. SERGE CHRISTIANE de l’Union européenne, tout effort de paix devrait impérativement inclure des mécanismes de représentation de « tous » les Afghans, femmes et minorités en particulier.  La société civile est également un acteur clef et l’Union européenne, tout en soutenant le processus de paix, considère que la paix ne saurait être signée à n’importe quel prix ni au détriment des progrès enregistrés ces 17 dernières années.  Tout effort de paix international est bienvenu, mais afin de garantir la prééminence des Afghans, les pourparlers directs entre le Gouvernement et les Taliban ne peuvent tarder davantage, a-t-il insisté. 

La communauté internationale doit donc veiller à promouvoir le Processus de Kaboul initié par le président Ashraf Ghani.  À propos des réformes, alors que l’UE a annoncé à Genève un train de mesures d’appui de 474 millions d’euros, le représentant a estimé que le pays doit maintenant se concentrer non seulement sur l’adoption de réformes mais sur leur mise en œuvre: des efforts ont été faits pour favoriser les affaires mais la lutte contre la corruption doit apporter des résultats pour accroître la confiance des Afghans dans leurs autorités. 

Dans le domaine des droits humains il importe de renforcer la protection des femmes et des enfants et de prévenir la torture et les mauvais traitements.  Le représentant a regretté à cet effet que la loi sur la protection de l’enfance ait été récemment rejetée pour la quatrième fois par le Parlement. 

L’UE se félicite de la tenue des législatives en octobre cependant le scrutin a été fâcheusement affecté par des problèmes d’organisation et d’ordre technique sans compter les nombreuses allégations de fraude à grande échelle, a-t-il noté: il faudra impérativement en tirer les leçons avant la présidentielle de l’année prochaine et il a appelé sur ce point la communauté internationale à soutenir également les deux processus, électoral et de paix. 

Enfin, l’UE demeure vivement préoccupée par la situation sécuritaire dans le pays, en particulier par le niveau élevé de victimes civiles, qui dépasse les 8 000 entre le 1er janvier et la fin de septembre et les graves violences à l’encontre des enfants.  Le représentant a appelé les parties à respecter le droit international humanitaire et à garantir la protection des civils et celle des personnels médicaux et de leurs moyens d’agir – transports et hôpitaux notamment. 

De même le rôle vital des agences de développement et organisations humanitaires doit être pleinement préservé afin de répondre aux besoins les plus urgents de la population la plus vulnérable. 

M. JEROEN COOREMAN (Belgique) a appelé à tirer les leçons des élections législatives du 20 octobre qui ont marqué une nouvelle étape dans la consolidation de la démocratie: le Gouvernement et les institutions doivent maintenant veiller à avoir de l’élection présidentielle ordonnée inclusive et crédible l’an prochain.  Parallèlement aux graves menaces à la sécurité, il convient selon lui de résoudre les problèmes logistiques et techniques et d’investir dans la transparence, a-t-il insisté.  Les attaques ignobles commises contre les écoles et les établissements médicaux pendant la période pré-électorale soulignent davantage l’importance de respecter le droit international humanitaire. 

S’agissant de la recherche de la paix, le processus de Kaboul doit constituer la base du processus global et inclusif, dirigé et contrôlé par les Afghans.  Le représentant a appelé les Taliban à répondre à l’offre de paix « sans précédent » du Président Ghani et à engager des pourparlers directs.  Le Gouvernement peut aider en établissent une équipe de négociation inclusive, a-t-il noté.  Enfin, en tant qu’allié inconditionnel de l’Afghanistan par le biais de l’Union européenne et de l’OTAN, la Belgique a décidé d’augmenter de façon significative sa contribution à la mission de l’OTAN et de contribuer à la formation de l’armée afghane.

Mme MIRGUL MOLDOISAEVA (Kirghizstan) a réitéré sa préoccupation concernant la situation sécuritaire en Afghanistan qu’il faut continuer de résoudre par le biais de la coopération internationale et sous régionale, afin de mettre un terme aux activités des groupes terroristes et autres organisations criminelles transnationales.  À ce titre, la délégation se réjouit des initiatives d’appropriation nationale adoptées par les autorités afghanes, comme le Processus de Kaboul pour la paix et la coopération sécuritaire ou encore l’offre de discussion faite aux Taliban. 

Le Kirghizstan considère d’ailleurs l’Afghanistan comme un important partenaire et accorde une grande importance à la coopération avec lui.  Pour cette raison, il se déclare prêt à étudier la possibilité d’accueillir des étudiants afghans dans ses institutions.  Actuellement le Gouvernement kirghize, avec ses partenaires afghans et internationaux, met en œuvre un projet pilote visant à recevoir dans ses institutions, des enfants et familles de langue kirghize vivant dans le Grand et le Petit Pamir en Afghanistan. 

Par ailleurs, sur proposition du Kirghizstan, il a été évoqué avec la MANUA, l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et les pays d’Asie centrale, la création et l’établissement à Bichkek, capitale du Kirghizstan, d’un centre de recherche et de coopération régionale sur l’Afghanistan.  Il servirait de plateforme destinée aux hommes politiques, experts et scientifiques pour discuter des questions et recommandations relatives au développement de l’Afghanistan. 

Pour M. ESHAGH AL HABIB (République islamique d’Iran), l’amélioration de la situation politico-sécuritaire et le développement socioéconomique de l’Afghanistan ne peuvent se faire qu’avec le soutien international.  À cet égard, la récente Conférence de Genève sur l’Afghanistan a démontré l’appui inconditionnel de la communauté internationale aux efforts de paix, de stabilité et de prospérité de l’Afghanistan, a relevé le représentant. 

Saluant le succès des élections législatives d’octobre dernier, et cela en dépit des menaces sécuritaires, il s’est dit confiant que l’Afghanistan continuera à consolider les bases de sa démocratie, et a insisté pour que cette tendance se confirme lors de l’élection présidentielle en avril 2019, avant d’assurer le soutien de l’Iran à ce processus.

La délégation iranienne se félicite en outre des efforts renouvelés en vue de la réconciliation et de la paix en Afghanistan, soulignant le fort consensus tant sur le plan national que régional et mondial sur le fait qu’il n’existe pas de solution militaire « dans ce pays ».  Le temps est venu pour une solution politique inclusive, a tranché le représentant, précisant qu’elle doit venir du Gouvernement afghan et de son peuple et doit être menée par eux. 

« Les formats complémentaires de Kaboul, de Tachkent et de Moscou attestent du fait qu’il faut saisir cette opportunité maintenant », et la communauté internationale devrait faciliter le dialogue intra-afghan ainsi que des pourparlers inclusifs, a estimé M. El Habib pour lequel le soutien international et l’inclusion sur le plan local et régional sont la clef du succès. 

Il a aussi appelé à prendre en compte les causes profondes de l’instabilité et de l’insécurité en Afghanistan depuis près de 40 ans maintenant, en citant la présence sur son territoire de forces étrangères « ce qui a traditionnellement créé un terrain de recrutement pour les extrémistes ».  C’est la raison pour laquelle l’Iran exige un retrait « responsable et selon un calendrier arrêté » de ces forces étrangères, « indépendamment de leur mandat et de leur structure ».  Pour la délégation iranienne, « au lieu de déployer des forces étrangères, il faudrait tout faire pour soutenir et renforcer le militaire et les forces de sécurité du pays ».

Constatant aussi que le terrorisme et le trafic de drogue se sont toujours mutuellement renforcés, l’Iran préconise de toute urgence une stratégie à deux volets pour les combattre simultanément compte tenu de l’augmentation des activités terroristes et de la production d’opium dans le pays.

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