8362e séance - matin
CS/13524

Un Conseil de sécurité divisé réfléchit aux meilleurs moyens de consolider le régime de non-prolifération, mis à mal par de multiples violations

À l’initiative des États-Unis, le Conseil de sécurité s’est, ce matin, réuni au plus haut niveau pour réfléchir aux moyens de donner pleinement effet à ses résolutions relatives à la non-prolifération des armes de destruction massive.  Entre les six chefs d’État, deux chefs de gouvernement et sept ministres des Affaires étrangères présents autour du « fer à cheval » -la table du Conseil-, les divergences de vues n’ont pas manqué.

Plusieurs des orateurs se sont félicités des progrès accomplis vers la dénucléarisation de la péninsule coréenne et du dégel des relations entre les deux Corées –une question qui fera demain l’objet d’une séance séparée–, notamment le Chef de la diplomatie du Kazakhstan, M. Kairat Abdrakhmanov, qui en a attribué le mérite aux « efforts personnels » de M. Trump. 

Le consensus, en revanche, n’était pas de mise s’agissant de l’Iran.  Le Président des États-Unis, M. Donald J. Trump, a justifié le retrait, le 8 mai dernier, de son pays du Plan d’action global commun, « cet accord horrible et déséquilibré », pourtant destiné à garantir la nature exclusivement pacifique du programme nucléaire iranien et que le Conseil avait approuvé à l’unanimité par la résolution 2231 (2015) du 20 juillet 2015, six jours après sa signature.  Accusant Téhéran d’utiliser des fonds « issus » de cet accord pour développer clandestinement son programme d’armements nucléaires, M. Trump a en outre confirmé que les sanctions unilatérales imposées par Washington prendraient toute leur force à partir de novembre, et seraient suivies d’autres, « plus sévères que jamais ».  « Tout pays qui contournera ces sanctions sera confronté à des conséquences regrettables », a-t-il menacé.

Pourtant, le Conseil de sécurité, qui a su se montrer « exemplaire et uni » sur le dossier nord-coréen, l’avait aussi été sur l’Iran, a rappelé le Président de la France, M. Emmanuel Macron, « mais c’était en 2015 ».  Constatant la divergence des trajectoires des États signataires du Plan d’action global commun depuis lors, il a fait valoir que l’objectif reste pourtant le même: « empêcher [ce pays] de se doter de l’arme nucléaire ».  Pour la France, « même imparfait », le Plan d’action reste « déterminant » à cet égard, un point dont sont également convenus les Ministres des affaires étrangères de la Chine et de l’Éthiopie, MM. Wang Yi et Workneh Gebeyehu Negewo.  « Alors qu’une grave crise de confiance a été rouverte par la réimposition des sanctions extraterritoriales américaines, Téhéran continue de respecter ses obligations nucléaires », a fait observer M. Macron, appuyé notamment par le Premier Ministre des Pays-Bas, M. Mark Rutte, et la Ministre des affaires étrangères de la Suède, Mme Margot Wallström.

En revanche, le Chef de la diplomatie du Koweït, M. Sabah Khaled Alhamad Alsabah, s’est lancé dans une diatribe contre l’Iran, accusé d’avoir fait du territoire du Yémen une véritable « rampe de lancement » pour les milices houthistes, qui se seraient livrés à des tirs de missiles balistiques « sans précédent » en direction de l’Arabie saoudite.  Il a souligné la nécessité pour le Conseil de sécurité d’assumer ses responsabilités vis-à-vis de ce pays. 

C’est le succès limité de l’ensemble du régime de non-prolifération nucléaire et notamment du Traité sur la non-prolifération (TNP) qu’a regretté le Vice-Président de la Côte d’Ivoire, M. Daniel Kablan Duncan, alors que le Président de la Guinée équatoriale, M. Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, dénonçait « l’hypocrisie » qui règne sur cette question, tout en rappelant que l’Afrique est exempte de toutes armes de destruction massive. 

De même, les Présidents de la Bolivie, M. Evo Morales, et du Pérou, M. Martin Vizcarra Cornejo, ont rappelé que le continent sud-américain était lui aussi une zone exempte d’armes nucléaires, et ce, depuis la signature en 1967 du Traité de Tlatelolco, et appelé à la mise en place d’une zone similaire au Moyen-Orient.  Le Ministre des affaires étrangères russe, M. Sergey Lavrov, a regretté l’absence de progrès en ce sens, tandis que M. Alsabah soulignait qu’Israël devait adhérer au TNP et placer toutes ses installations nucléaires sous la supervision de l’Agence internationale de l’énergie atomique, « en particulier dans la mesure où il s’agit du dernier État de la région à ne pas l’avoir encore fait ».

Autres armes de destruction massive visées par les mesures de non-prolifération, les armes chimiques ont été au centre de plusieurs interventions, en particulier pour leur utilisation en Syrie.  Mme Theresa May, Première Ministre du Royaume-Uni, a ainsi regretté l’exercice de son droit de veto par la Fédération de Russie pour empêcher l’établissement des responsabilités dans ce dossier, un regret repris à son compte par le Chef du Gouvernement néerlandais. 

À l’inverse, M. Lavrov a rejeté les tentatives de « certains pays occidentaux » qu’il a accusés de chercher à instrumentaliser l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques, en rappelant que Damas avait procédé à la destruction totale de son stock d’armements chimiques, conformément à la résolution 2118 (2013) du Conseil.  Il a en revanche incriminé des groupes terroristes qui ont en leur possession des substances toxiques, en arguant qu’ils auraient appris à les synthétiser dans des laboratoires, ajoutant que « les services secrets américains le savent de longue date ».  M. Lavrov a de plus rappelé l’offre de coopération faite par Moscou pour enquêter sur l’incident de Salisbury, où un agent neurotoxique a été utilisé et dont le Royaume-Uni rend la Russie responsable.  M. Lavrov s’est interrogé sur les raisons pour lesquelles cette offre est restée pour l’heure lettre morte. 

« Fruit des drames du XXe siècle, arrivé à maturité dans les années 1990, le régime de non-prolifération repose sur des concessions mutuelles, des interdépendances et une confiance réciproque », a résumé M. Macron. 

Toutefois, la confiance seule ne peut garantir un succès durable sans une stricte mise en œuvre de tous les instruments juridiques existants et des régimes de sanctions imposés par ce Conseil, a fait observer le Chef de la diplomatie kazakhe.  C’est pourquoi le Kazakhstan, conscient que « l’application asymétrique » du TNP porte atteinte à la confiance entre puissances nucléaires et non nucléaires, propose d’élaborer un système juridiquement contraignant de garanties qu’offriraient les puissances nucléaires aux États qui renonceraient volontairement à leur arsenal, ainsi qu’à ceux qui ne sont pas des puissances nucléaires, pour encourager ces derniers à ne jamais acquérir l’arme nucléaire.

MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES

Non-prolifération des armes de destruction massive

Déclarations

M. DONALD J. TRUMP, Président des États-Unis, s’est félicité de la tenue de cette réunion sur la lutte contre la prolifération des armes de destruction massive et de leurs vecteurs.  Son pays, a-t-il dit, prend des « mesures audacieuses » pour contrer de telles menaces, rappelant que les États-Unis avaient renoncé de longue date à leurs armes biologiques et chimiques.  En outre, nous avons condamné récemment l’utilisation par le régime syrien d’armes chimiques contre son propre peuple, des attaques rendues possibles grâce aux alliés de Bashar Al-Assad, à savoir la Fédération de Russie et l’Iran, a accusé M. Trump. 

C’est aussi, a ajouté le Président, l’une des raisons pour lesquelles Washington s’est retiré du Plan d’action global commun, un « accord horrible et déséquilibré », qui permet à l’Iran de continuer sur la voie de la conception d’une bombe atomique.  Téhéran, a-t-il fait valoir, utilise des fonds « issus » de cet accord pour développer son programme d’armements nucléaires.  Suite à leur retrait, les États-Unis ont continué d’imposer des sanctions à titre national à ce pays, qui prendront toute leur force à partir de novembre, et ils en imposeront de nouvelles, « plus sévères que jamais », a-t-il annoncé, en avertissant que « tout pays qui contournera ces sanctions sera confronté à des conséquences regrettables ». 

Le Président a néanmoins remercié l’Iran, ainsi que la Russie et la Syrie qui, « à ma demande », ont « ralenti considérablement » l’attaque en préparation contre la province d’Edleb.  M. Trump a en outre remercié la Turquie d’avoir « négocié la retenue ».  « Tout ce qui peut aider à sauver des centaines de milliers de vies sera fait et nous sommes prêts à contribuer à cet effort », a-t-il assuré. 

Pour sa part, le Gouvernement américain est déterminé à façonner un « avenir plus juste et meilleur », a poursuivi M. Trump, qui a ensuite accusé la Chine de tenter de s’immiscer dans les « élections de mi-mandat » aux États-Unis « pour m’empêcher de remporter les élections, alors que nous gagnons à tous les niveaux », y compris sur le plan économique.  Il a attribué cette attitude présumée de la Chine à sa propre volonté de s’opposer à sa politique commerciale chinoise.

Le Président s’est ensuite félicité que la République populaire démocratique de Corée (RPDC) n’ait pas procédé à des essais nucléaires depuis septembre 2017 ou à des tirs de missiles balistiques depuis novembre de la même année.  Tout en saluant les progrès accomplis par Pyongyang, il a souligné l’importance de les consolider, en « mettant en œuvre les résolutions du Conseil de sécurité jusqu’à une dénucléarisation complète de la péninsule ».  Nous avons constaté des violations du régime de sanctions par certains États, en particulier le transfert illégal de matériaux d’un navire à l’autre, a poursuivi le Président, et ce, alors que « la sécurité de la péninsule dépend du respect intégral des résolutions du Conseil de sécurité ». 

Après avoir fait l’éloge du dirigeant de la RPDC, M Kim Jong Un, « un homme que j’ai appris à connaître et à estimer » et qui « veut la paix dans son pays », M. Trump a annoncé « d’excellentes nouvelles en provenance de la RPDC » dans les mois à venir, à la suite de « nombreuses choses » qui se passent « derrière la scène, inconnues des médias », mais « très positives ».  Pour que la « promesse de la paix » soit tenue, et nos efforts couronnés de succès, nous avons besoin de tous les États présents dans cette salle, a-t-il exhorté en conclusion.

M. EMMANUEL MACRON, Président de la France, a d’entrée évoqué « Nos divisions de l’an passé » sur les dossiers du nucléaire iranien et de l’usage d’armes chimiques par le régime syrien, avant de s’interroger: « Que voulons-nous, nous, États membres du Conseil de sécurité, encore faire ensemble? »  Fruit des drames du XXe siècle, arrivé à maturité dans les années 1990, le régime de non-prolifération repose sur des concessions mutuelles, des interdépendances et une confiance réciproque, a-t-il exposé, avant d’ajouter: « Notre responsabilité, c’est de préserver et de renforcer ce régime ».

Constatant que, sur le dossier nord-coréen, le Conseil de sécurité avait su se montrer « exemplaire et uni », M. Macron a apporté son soutien à l’initiative prise par le Président des États-Unis de dialoguer avec le Président du Parti du travail de Corée, tout en invitant le Conseil à ne perdre de vue que la RPDC continue de représenter une menace nucléaire et balistique pour le monde.  « La France attend du régime de Pyongyang des gestes concrets, démontrant sa volonté réelle de s’engager dans un processus de démantèlement de son programme nucléaire et balistique de façon complète, vérifiable et irréversible », a-t-il averti.

Si le Conseil a été uni sur la question de l’Iran, avec l’adoption de la résolution 2231 (2015), M. Macron a rappelé que « c’était en 2015 » et que, depuis lors, les trajectoires des États signataires du Plan d’action global commun avaient été divergentes.  L’objectif reste pourtant le même, a-t-il fait valoir: empêcher l’Iran de se doter de l’arme nucléaire.  Pour la France, le Plan d’action, même imparfait, reste déterminant à cet égard.  « Alors qu’une grave crise de confiance a été ouverte par la réimposition des sanctions extraterritoriales américaines, Téhéran continue de respecter ses obligations nucléaires », a également fait observer M. Macron. 

Pour le Président, cette situation doit être confortée par un respect du Plan d’action et de la résolution précitée, « et qui vaut pour tous les membres de l’ONU, et pas seulement pour la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni ».  Il a appelé à bâtir une stratégie de long terme pour la gestion de cette crise, « qui ne peut se réduire à une politique de sanctions et de containment ».  Les bases d’une nouvelle négociation doivent être posées sur l’encadrement du nucléaire iranien au-delà de 2020-2030, sur la question de l’augmentation de la portée et de la précision de son arsenal de missiles et sur la stabilité régionale, a précisé M. Macron. 

De même, le Conseil a été uni sur la question des armes chimiques en Syrie, « mais en 2013 », a rappelé le Président, qui a déploré le manque d’unité depuis lors sur l’élimination des armes chimiques syriennes et a rappelé que des armes chimiques avaient été utilisées en Syrie par le régime syrien et par Daech, mais aussi qu’un agent chimique avait été utilisé en Asie pour assassiner un membre de la famille du dirigeant nord-coréen, et qu’un agent neurotoxique avait été utilisé cette année sur le territoire du Royaume-Uni, « donc de l’Union européenne ».  Concernant cette dernière, il a dit partager l’analyse britannique selon laquelle il n’y a pas d’autre explication plausible que celle de la responsabilité de la Russie.  M. Macron a aussi rappelé le lancement en janvier 2018 d’un partenariat international contre l’impunité de l’utilisation d’armes chimiques. 

La France travaillera inlassablement à l’unité de ce Conseil sur les questions de non-prolifération, a affirmé le Président, pour qui « nous devons rester unis, c’est une rare condition de notre légitimité en tant que membres permanents et non permanents ».  M. Macron s’est notamment dit préoccupé par le développement de missiles intercontinentaux par la RPDC, l’assistance balistique apportée au Hezbollah et aux houthistes du Yémen et par l’intérêt des groupes terroristes pour les armes de destruction massive.  « La France continuera de respecter strictement ses engagements au titre du régime de non-prolifération », a-t-il conclu.

M. ANDRZEJ DUDA, Président de la Pologne, a rappelé que tout usage d’arme chimique constituait un crime, « que ce soit un régime non démocratique qui l’utilise à grande échelle contre sa propre population pour renforcer son pouvoir ou son utilisation terroriste par un État contre des individus à l’étranger et sur qui un certain État veut se venger ».  Et si c’est un crime, alors les criminels doivent répondre de leurs actes devant la justice. 

« Notre inaction ne peut qu’encourager les auteurs de tels actes », a poursuivi le Président, qui a dit espérer que le nouveau mécanisme de sanctions de l’Union européenne, qui a été élaboré en droite ligne des directives de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), permettrait d’exercer les pressions appropriées sur les auteurs actuels et futurs et les dissuader de commettre de telles actions inacceptables.  M. Duda a souligné que, comme de coutume, la Pologne présenterait un projet de résolution à l’Assemblée générale sur la Convention sur les armes chimiques. 

Concernant la prolifération des armes nucléaires, la Pologne souhaite que tout accord visant le contrôle des programmes nucléaires garantisse que ces derniers ne visent que des objectifs pacifiques.  Des mesures de contrôle des exportations doivent donc être mises en place par tous les pays impliqués dans le commerce de matières nucléaires, chimiques et biologiques à but pacifique, afin de maintenir le niveau de contrôle approprié de ces biens à usage double. 

M. Duda en a profité pour saluer le rôle que joue l’Agence internationale de l’énergie atomique pour contrôler minutieusement les engagements pris par la République islamique d’Iran.  Pour le Président, il faut s’efforcer de garantir que le programme nucléaire iranien demeure pacifique et que le pays respecte ses engagements en matière nucléaire pris dans le cadre du Plan d’action global commun.  Pour la Pologne, les divergences de vues entre l’Union européenne et les États-Unis sur le Plan d’action global commun ne devraient pas mettre en péril la solidité des relations transatlantiques, lesquelles sont cruciales pour la sécurité de l’Europe.  Il a dit comprendre la justification donnée par les États-Unis pour imposer de nouveau les sanctions à l’Iran, notamment au vu de la politique de ce pays et de ses activités au Moyen-Orient. 

La Pologne salue en outre la perspective de dénucléarisation de la péninsule coréenne.  M. Duda a précisé que les étapes décisives étaient toujours attendues et que la paix durable ne pouvait être effective sans une dénucléarisation complète, vérifiable et irréversible de la RPDC.  Avant que cela ne soit fait, la communauté internationale se doit de garder une pression réelle et conséquente sur le pays, y compris en soutenant le régime de sanctions de l’ONU.  En ce qui concerne l’Europe centrale et de l’Est, le Président a relevé que le Mémorandum de Budapest avait été clairement violé au cours des dernières années et que des armes à usage double avaient été par exemple déployées aux frontières de la Pologne. 

Pour répondre à toutes ces menaces, la Pologne prône la mise en œuvre complète de tous les traités et normes du droit international, ainsi que le soutien et une confiance totale dans le travail des mécanismes internationaux responsables de la prévention de l’usage de ces armes de destruction massive.

M. TEODORO OBIANG NGUEMA MBASOGO, Président de la Guinée équatoriale, a déclaré que son pays n’avait aucune intention d’acquérir des armes de destruction massive, ajoutant que la promotion du régime de non-prolifération devait demeurer une priorité de la communauté internationale.  Il a regretté que le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires n’ait pas permis l’élimination des armes nucléaires, avant d’appeler au respect intégral des instruments internationaux sur la non-prolifération et d’exhorter les États détenteurs de telles armes à éliminer leur arsenal. 

M. Obiang Nguema Mbasogo a déploré « l’hypocrisie » qui règne sur cette question de la non-prolifération, les actions prises étant éloignées de la rhétorique.  Certains États sont en effet engagés dans une véritable course aux armements, a-t-il regretté.  Il a appelé à la poursuite des négociations en vue de l’adoption des instruments internationaux pour une élimination complète et irréversible des armes nucléaires, ajoutant que l’énergie nucléaire devait être utilisée exclusivement à des fins pacifiques. 

Le Président a ensuite rappelé que l’Afrique ne comptait aucune arme de destruction massive.  Face aux conflits qui font rage sur ce continent, il a plaidé pour un soutien robuste à l’Union africaine et son noble objectif de faire taire les armes, invitant à cet égard le Conseil à « concrétiser » son soutien à l’organisation régionale.

M. EVO MORALES AYMA, Président de la Bolivie, a d’abord rappelé que son pays appartient à une région exempte d’armes nucléaires, avant d’exhorter tous les autres États à œuvrer à la mise en place de zones comparables dans le reste du monde.  Les États Membres de l’ONU, a-t-il souligné, sont contraints de respecter l’ensemble des dispositions de la Charte des Nations Unies, y compris l’obligation de privilégier le règlement pacifique des différends et des conflits par l’entremise de la médiation. 

Dans ce contexte, nous devons pouvoir « reléguer aux oubliettes de l’histoire » les armes de destruction massive, a affirmé le Chef d’État, qui a encouragé les membres du Conseil à se pencher sur les « véritables causes » de la guerre dans le monde.  Il en a voulu pour exemple le cas de l’Iran: en 1953, a-t-il accusé, les États-Unis ont fomenté un coup d’État dans ce pays, avant de soutenir, pendant des décennies, un gouvernement autoritaire jusqu’à la révolution de 1979, laquelle a permis à Téhéran de reprendre le contrôle de ses propres ressources pétrolières.  M. Morales a saisi cette occasion pour dénoncer le retrait des États-Unis du Plan d’action global commun.

Quant au Moyen-Orient, a poursuivi le dirigeant, il a été le « théâtre de trois des pires agressions » commises à l’époque contemporaine: l’invasion de l’Iraq, l’intervention en Libye, et la guerre civile en Syrie.  Ce dernier conflit est l’aboutissement direct des deux premiers, qui ont été menés pour renverser les gouvernements légitimes et ont facilité l’épanouissement de terroristes dans la région, a martelé M. Morales.  Poursuivant, il a dénoncé la « propagande » américaine menée au nom de la justice, de la démocratie et des droits de l’homme.  Si la démocratie intéressait les États-Unis, ils n’auraient pas planifié de coup d’État a-t-il lancé.  S’ils s’intéressaient aux droits de l’homme et à la justice, ils seraient parties à la Cour pénale internationale, ne se retireraient pas du Conseil des droits de l’homme, « et ne sépareraient pas des enfants de leurs parents ».  Ce mépris du multilatéralisme est en réalité motivé par des intérêts purement géopolitiques, a tranché le Président bolivien, avant de faire l’éloge du « principe de non-ingérence ».

M. MARTIN VIZCARRA CORNEJO, Président du Pérou, a rappelé le front uni affiché par ce Conseil sur la question des armes de destruction massive tout au long de son histoire.  Il a exhorté les États Membres à rejoindre le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires adopté en 2017 et a rappelé que l’Amérique latine était une zone exempte d’armes nucléaires depuis le Traité de Tlatelolco.  Ces armes ne doivent plus exister, a-t-il lancé, en marquant l’attachement du Pérou pour le régime de non-prolifération. 

M. Vizcarra Cornejo a salué les efforts du Président des États-Unis visant à une dénucléarisation complète et irréversible de la péninsule coréenne, avant de plaider pour la mise en œuvre du Plan d’action global commun sur le programme nucléaire iranien, endossé par le Conseil dans sa résolution 2231 (2015).  Il a condamné l’emploi d’armes chimiques en Syrie, ainsi que lors de l’attaque de Salisbury, au Royaume-Uni.  Dans bien des cas, c’est la perception d’une insécurité qui entraîne une course aux armements, a-t-il noté en invitant à dissiper cette perception en investissant dans la coopération internationale.  « La technologie doit être au service de la paix, non pas de la déshumanisation et de la destruction », a-t-il ajouté. 

M. DANIEL KABLAN DUNCAN, Vice-Président de la Côte d’Ivoire, a dressé un tableau sombre de la situation mondiale menaçante du fait du développement rapide des programmes nucléaires et balistiques, qui a entraîné une prolifération d’armes de destruction massive.  Ces armes alimentent la violence et les conflits, menacent la stabilité de régions tout entières et font ainsi de la question de la non-prolifération un objectif de survie pour l’humanité. 

En effet, a poursuivi M. Duncan, malgré tous les efforts déployés par la communauté internationale pour réaliser un monde exempt d’armes nucléaires, notre univers reste malheureusement sous leur menace permanente, ainsi que de celle des armes biologiques et chimiques.  Il est dénombré, à ce jour, plus de 14 500 armes nucléaires dans le monde, qui font courir le risque d’un conflit nucléaire aux conséquences humanitaires et environnementales irréversibles, a-t-il rappelé.  Il y a vu un défi réel pour notre organisation commune, avant de déplorer la propension des États à investir toujours davantage dans la modernisation de leurs arsenaux nucléaires et très peu dans l’élimination de ces armes et de leurs vecteurs.  Le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires, considéré comme la pierre angulaire du régime de non-prolifération est aujourd’hui mis à rude épreuve et fait l’objet de divergences profondes lors de sa Conférence d’examen tous les cinq ans, a-t-il également regretté.

Pour M. Duncan, le problème du nucléaire, la situation au Moyen-Orient- notamment en Syrie, avec les allégations d’utilisation d’armes chimiques- l’usage de missiles balistiques au Yémen ainsi que la question de la dénucléarisation dans la péninsule coréenne, constituent de vrais nœuds gordiens.  Ces situations « nous interpellent sur la nécessité de mettre la lutte contre la prolifération des armes de destruction massive, au cœur de nos priorités », a-t-il déclaré, en exhortant le Conseil de sécurité à continuer à assumer ses responsabilités en matière de non-prolifération. 

La Côte d’Ivoire appelle à la mise en œuvre des résolutions pertinentes du Conseil ainsi qu’à l’application des différents instruments juridiques internationaux en matière de désarmement et de non-prolifération.  À cet effet, M. Duncan a invité les États Membres à s’acquitter, avec l’appui de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), de leurs obligations internationales, découlant de la Convention sur l’Interdiction de la mise au point, de la fabrication, du stockage et de l’emploi des armes chimiques et de leur destruction.  Pour sa part, la Côte d’Ivoire, qui est partie à tous les traités et conventions importants dans le domaine de la non-prolifération, a intégré dans ses lois nationales toutes les obligations découlant de ces instruments juridiques internationaux, a expliqué le Vice-Président. 

Dans le domaine du désarmement, M. Duncan a estimé que l’approche « étape par étape » n’avait pas produit les effets escomptés.  C’est pourquoi il a appelé les États dotés de l’arme nucléaire à envisager une nouvelle approche.  Il a, par ailleurs, estimé que l’espace extra-atmosphérique, considéré comme « un bien commun pour l’humanité », mérite « notre attention soutenue » et requiert l’adoption urgente d’un instrument contraignant, pour le préserver de toute courses aux armements et éviter ainsi sa militarisation. 

Le Vice-Président a également évoqué la nécessité de se doter d’un instrument plus contraignant dans le domaine des armes biologiques et a appelé à l’universalisation de la Convention sur l’interdiction des armes chimiques. 

S’agissant enfin du nucléaire iranien, M. Duncan a indiqué que son pays appuyait la mise en œuvre du Plan d’action global commun, jugé « dans l’ensemble satisfaisant ».  Il a, en conclusion, réaffirmé l’attachement de son pays au multilatéralisme et au droit international. 

Mme THERESA MAY, Première Ministre du Royaume-Uni, qui a brossé un historique rapide des progrès accomplis dans l’élimination des armes de destruction massive au cours des décennies passées, a ensuite rappelé que ces progrès avaient été remis en cause au cours des 17 derniers mois, notamment en pointant du doigt l’utilisation d’armes chimiques en Syrie.  Elle a célébré l’indispensable « leadership » pour faire une différence en ce domaine, en se félicitant de celui démontré par le Président des États-Unis sur le dossier de la dénucléarisation de la péninsule coréenne.  Mme May a cependant jugé nécessaire de maintenir les sanctions imposées à Pyongyang.

S’agissant de l’Iran, la Première Ministre a aussi rappelé son soutien au Plan d’action global commun, tout en dénonçant le comportement de l’Iran, ses tirs de missiles balistiques et le transfert d’armes et de technologies militaires sophistiquées au Hezbollah au Liban et aux forces houthistes au Yémen, en violation des résolutions du Conseil de sécurité.  Abordant la situation en Syrie, elle a regretté que la Fédération de Russie ait exercé son droit de veto à plusieurs reprises pour empêcher l’établissement des responsabilités dans les attaques à l’arme chimique commises dans ce pays.  Les « partisans du régime syrien » doivent user de leur influence pour empêcher que de telles attaques ne se reproduisent, a-t-elle souligné. 

L’érosion des normes en vigueur en matière de non-prolifération a également été constatée à Salisbury, au Royaume-Uni, où une attaque à l’arme chimique a été commise par des éléments russes, a accusé Mme May.  « Moscou cherche à dissimuler ces méfaits », mais un membre permanent du Conseil de sécurité ne peut pas se dissocier du consensus existant autour des armes chimiques, a-t-elle ajouté.  Tous les États Membres doivent appliquer la règlementation en vigueur et les experts chargés d’évaluer l’état de mise en œuvre des sanctions imposées par le Conseil de sécurité doivent être dotés des ressources nécessaires.  « Nous ne pouvons pas laisser ce cadre s’affaiblir en raison des violations répétées constatées récemment », a conclu Mme May.

M. MARK RUTTE, Premier Ministre des Pays-Bas, a retracé les développements positifs s’agissant du contrôle des armes de destruction massive, notant que le Traité sur la non-prolifération avait permis de limiter à moins de 10 le nombre des pays détenant l’arme nucléaire.  « Il est encourageant que les Ministres des affaires étrangères des États-Unis, de la Fédération de Russie et du Royaume-Uni aient rappelé leur soutien et engagement en faveur de ce Traité », a-t-il commenté. 

M. Rutte a constaté les développements positifs relatifs à la République populaire démocratique de Corée (RPDC), avant de souligner que le but ultime demeure l’abandon « total, vérifiable et irréversible » par ce pays de ses armes de destruction massive.  Il a salué les efforts des Présidents des États-Unis et de la République de Corée pour une dénucléarisation de la péninsule coréenne et a rappelé l’importance d’une pleine mise en œuvre des sanctions visant la RPDC. 

Le Plan d’action global commun relatif au programme nucléaire iranien, adopté en 2015 et entériné par ce Conseil dans sa résolution 2231 (2015), est un bon exemple de la manière dont ce Conseil et la communauté internationale peuvent travailler main dans la main sur le dossier de la non-prolifération, a poursuivi le Premier Ministre.  Il a ajouté que l’Iran respectait ses engagements dans le cadre de ce Plan d’action.  « Tant que cela sera le cas, nous continuerons de nous acquitter de nos engagements », a-t-il assuré.

M. Rutte s’est néanmoins dit préoccupé par le rôle de l’Iran dans la région, son programme d’armes balistiques, son soutien au Hezbollah et son rôle en Syrie et en Iraq.  Ces défis doivent être relevés, a-t-il dit.  Il ne saurait y avoir d’impunité s’agissant de l’emploi d’armes chimiques, a-t-il poursuivi, en mentionnant un emploi possible à Edleb, en Syrie.  « Nous devons parler haut et fort, prendre des mesures et appuyer fermement l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques afin que les responsables soient traduits en justice. »  S’agissant de l’attaque de Salisbury, le Premier Ministre a réaffirmé sa confiance dans les enquêtes britanniques.  « Les conséquences dévastatrices de l’emploi d’armes de destruction massive soulignent le besoin urgent d’agir », a-t-il conclu.

M. SABAH KHALED ALHAMAD ALSABAH, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères du Koweït, a réitéré la position de principe de son pays en faveur de la non-prolifération des armes de destruction massive.  Celles-ci ne sont malheureusement plus une « menace hypothétique » au Moyen-Orient, a-t-il ajouté, en donnant pour preuve l’« horreur » des attaques à l’arme chimique commises en Syrie par des acteurs étatiques et non-étatiques, mais aussi les tirs de missiles balistiques « sans précédent » effectués par les milices houthistes en direction de l’Arabie saoudite, dont la population civile et le patrimoine religieux sont en péril.  Le Chef de la diplomatie koweïtienne a souligné la nécessité pour le Conseil de sécurité d’agir et d’assumer ses responsabilités vis-à-vis de l’Arabie saoudite, en annonçant que sa délégation était disposée à œuvrer à l’élaboration de mesures de réponses adéquates. 

Par ailleurs, tout en constant que l’Agence internationale de l’énergie atomique avait confirmé le respect par la République islamique d’Iran de ses obligations au titre du Plan d’action global commun, le Ministre s’est dit préoccupé des conclusions rendues par l’ONU concernant le soutien continu, y compris financier, apporté par Téhéran à des milices et des groupes armés opérant dans les pays arabes.  Il s’est dit tout particulièrement alarmé de l’interférence de l’Iran au Yémen, dont le territoire se serait selon lui « transformé en une rampe de lancement » pour les missiles balistiques visant les pays voisins et qui menacent la navigation dans le détroit de Bab al-Mandab et la mer Rouge. 

Le Ministre a ensuite souligné l’attachement des États arabes à l’universalisation du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), en appelant les trois coauteurs de la résolution sur le Moyen-Orient adoptée lors de la Conférence d’examen de 1995 à assumer leurs responsabilités en vue de faciliter l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires dans cette région.  « Nous soulignons aussi qu’Israël doit accéder au TNP et placer toutes ses installations nucléaires sous la supervision et la surveillance de l’AIEA, en particulier dans la mesure où il s’agit du dernier État de la région à ne pas l’avoir encore fait », a-t-il déclaré.

M. WANG YI, Conseiller d’État et Ministre des affaires étrangères de la Chine, a estimé que le Conseil de sécurité devait s’acquitter de ses tâches de manière efficace et respecter les principes de non-ingérence et de respect de la souveraineté nationale.  Le Conseil doit promouvoir le consensus et mettre de côté les considérations politiques, dans l’intérêt de tous les États Membres, a-t-il ajouté.  Il a proposé de renforcer le régime de non-prolifération, en plaidant notamment pour son universalisation.  Les groupes terroristes ne doivent pas avoir accès à des armes de destruction massive, a-t-il insisté, appelant à une coopération accrue entre les pays, ainsi qu’au renforcement de leurs capacités. 

« Le Plan d’action global commun est une victoire du multilatéralisme », a poursuivi M. Yi.  Même imparfait, il demeure un accord viable, a-t-il dit, en appelant les pays à penser à l’intérêt de long terme sur ce dossier.  Il a ensuite rappelé que la Chine appuyait les efforts diplomatiques s’agissant de la péninsule coréenne, notamment ceux entrepris lors du Sommet de Singapour, en vue de parvenir à une paix durable. 

La Chine respecte traditionnellement les principes de non-ingérence et de respect de la souveraineté nationale, a par ailleurs déclaré M. Yi, affirmant qu’elle n’avait jamais dérogé à ces principes.  C’est pourquoi il a rejeté les accusations proférées contre la Chine et exhorté les autres pays à respecter la Charte et à ne pas s’immiscer dans les affaires intérieures de la Chine.

M. SERGEY V.  LAVROV, Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, a plaidé en faveur d’une coopération constructive entre les membres du Conseil de sécurité pour agir contre les violateurs du régime de non-prolifération.  Il a considéré comme justifiées les mesures de sanctions prises en cas de transferts d’armements vers des organisations terroristes, avant de dire que tous les facteurs devaient être pris en considération à cette fin. 

M. Lavrov a ensuite regretté le retrait des États-Unis du Plan d’action global commun, signé par l’Iran et le groupe E3/UE+3 (Allemagne, Chine, États-Unis, Fédération de Russie, France, Royaume-Uni et Union européenne) et entériné par le Conseil de sécurité dans sa résolution 2231 (2015).  Ce retrait constitue selon lui une « menace pour le régime de non-prolifération ».  Le Ministre a également mis en garde contre une montée des tensions au Moyen-Orient, sans parler des conséquences que ce retrait pourrait avoir sur la dénucléarisation de la péninsule coréenne.  M. Lavrov a également reproché aux États-Unis de n’avoir toujours pas signé le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICEN), avant de constater l’absence de progrès par les signataires de ce Traité pour créer une zone exempte d’armes nucléaires au Moyen-Orient.

Le Ministre a ensuite mis en garde contre toute frappe illégitime contre le régime syrien, affirmant que Damas avait détruit l’ensemble de son arsenal chimique.  En revanche, des groupes terroristes ont en leur possession des substances toxiques, a-t-il soutenu, en arguant qu’ils auraient appris à les synthétiser dans des laboratoires et en ajoutant que « les services secrets américains le savent de longue date ». 

Malheureusement, a poursuivi M. Lavrov, certains pays occidentaux cherchent à instrumentaliser l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) en refusant de coopérer avec la Fédération de Russie pour mener des enquêtes.  Il en a voulu pour exemple le cas de Salisbury, en posant la question suivante: « Si l’on ne veut pas coopérer avec nous, c’est peut-être que l’on a quelque chose à cacher? » « On ne peut rien exclure », a tranché le Ministre, en priant les membres du Conseil de ne pas oublier les tentatives passées de « manipuler » l’OIAC.  Le droit d’ouvrir des enquêtes est une prérogative du Conseil de sécurité, a-t-il martelé, avant de rappeler la proposition russe de mettre en place un « mécanisme de vérification du respect » de la Convention sur l’interdiction de la mise au point, de la fabrication et du stockage des armes biologiques ou à toxines et sur leur destruction, une proposition que les États-Unis auraient selon lui « enterrée ».  Il a rappelé en conclusion l’importance du dialogue entre Moscou et Washington, « les deux principales puissances nucléaires ».

M. WORKNEH GEBEYEHU NEGEWO, Ministre des affaires étrangères de l’Éthiopie, a déclaré que le récent sommet de Singapour entre le Président des États-Unis et le dirigeant de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) permettait de nourrir l’espoir d’une dénucléarisation de la péninsule coréenne.  Il a, dans le même temps, plaidé pour une mise en œuvre des sanctions frappant la RPDC. 

Le Plan d’action global commun relatif à l’Iran est une réussite importante du multilatéralisme, a poursuivi le Ministre, qui a toutefois dit comprendre les difficultés qui s’attachent à la mise en œuvre de la résolution 2231 (2015).  « Si le retrait des États-Unis est un défi sérieux, l’engagement des autres pays signataires est crucial pour la pleine mise en œuvre de ce Plan d’action », a-t-il commenté.  M. Gebeyehu a en effet jugé que la pleine application dudit Plan d’action était vitale pour l’architecture internationale de non-prolifération.  Enfin, le Ministre a rappelé l’engagement inébranlable de son pays en faveur du régime de non-prolifération des armes de destruction massive. 

M. KAIRAT ABDRAKHMANOV, Ministre des affaires étrangères du Kazakhstan, a réitéré le ferme engagement de son pays en faveur de la non-prolifération des armes de destruction massive depuis son accession à l’indépendance en 1991, ce que la réunion phare de la présidence kazakhe du Conseil de sécurité sur ce sujet en janvier dernier avait déjà rappelé.  Il s’est félicité des mesures de confiance prises de part et d’autre dans le cadre du « dégel » intercoréen et du Sommet de Singapour, « en raison de vos efforts personnels », a souligné le chef de la diplomatie kazakhe à l’adresse du Président des États-Unis. 

Toutefois, la confiance seule ne peut garantir un succès durable sans une stricte mise en œuvre de tous les instruments juridiques existants et des régimes de sanctions imposés par ce Conseil, a fait observer M. Abdrakhmanov.  « Sans vouloir minimiser le rôle du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP), il est clair que le monde a besoin d’un cadre juridique plus solide contre les armes de destruction massive », a estimé le Ministre, pour qui la mise en œuvre asymétrique du Traité porte atteinte à la confiance entre puissances nucléaires et non nucléaires.  L’entrée en vigueur, le plus rapidement possible, du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICEN) devrait également être l’une des pierres angulaires de l’architecture globale de non-prolifération, a poursuivi M. Abdrakhmanov.  Pour sa part, en ouvrant l’an dernier une banque d’uranium faiblement enrichi de l’Agence internationale de l’énergie atomique sur son territoire, le Kazakhstan a fait une contribution supplémentaire au renforcement du régime de non-prolifération, s’est-il enorgueilli.

« Comment, dès lors, mettre en œuvre la non-prolifération et le désarmement au travers des mesures du Conseil de sécurité? », s’est demandé le Ministre.  Tout d’abord, cet organe devrait œuvrer à son unité en vue d’adresser au monde un signal sans ambiguïté au sujet de sa détermination sur ces questions, a-t-il fait valoir.  Il est également vital de donner l’assurance que tous les régimes de sanctions sont des mesures provisoires, « et non une fin en soi ».  « Mon Président a également suggéré l’option que le retrait du TNP soit rendu extrêmement difficile par l’adoption d’une résolution du Conseil de sécurité, qui aurait de sérieuses conséquences pour toute violation du Traité », a rappelé M. Abdrakhmanov.  De même, le Kazakhstan a également proposé d’élaborer un système juridiquement contraignant de garanties qu’offriraient les puissances nucléaires aux États qui renonceraient volontairement à leurs armes nucléaires, ainsi qu’à ceux qui ne sont pas des puissances nucléaires, pour encourager ces dernières à ne jamais acquérir l’arme nucléaire.  Il a en outre proposé de renforcer la coopération des zones exemptes d’armes nucléaires en organisant une réunion de haut niveau « interzones » à Astana l’an prochain. 

Enfin, « compte tenu des critiques visant un régime de non-prolifération affaibli en Syrie », le Kazakhstan est fermement convaincu que le Conseil doit faire preuve d’unité dans ses efforts inlassables pour chercher une solution globale aux questions de l’établissement des responsabilités et des poursuites judiciaires sans déléguer cette prérogative à d’autres structures, sous peine de polariser et de politiser encore davantage, a conclu M. Abdrakhmanov.

Mme MARGOT WALLSTRÖM, Ministre des affaires étrangères de la Suède, a jugé préoccupant leur retrait de plusieurs instruments multilatéraux par les États-Unis « un pays que nous avions toujours considéré comme un partenaire important ».  Le Plan d’action global commun est une « réussite historique » et l’exemple concret d’efforts diplomatiques efficaces, a-t-elle poursuivi, ajoutant que l’Iran respectait ses obligations contractées dans ce cadre.  À cette aune, elle a profondément regretté le retrait unilatéral des États-Unis de cet accord, « une décision qui rend le monde moins sûr » et sape « dangereusement » les efforts de non-prolifération.  « Franchement, quelle est l’alternative à cet accord? », a-t-elle demandé.

« Avec nos partenaires de l’Union européenne, nous veillerons à atténuer les conséquences négatives des politiques américaines et la Suède, au même titre que l’Union européenne, continuera d’entretenir des relations larges et de nouer un dialogue avec l’Iran, y compris sur la question des droits de l’homme », a assuré la Ministre.  Si elle a indiqué que le rôle de l’Iran dans la région ainsi que son programme balistique sont clairement sources de préoccupation, elle a estimé que ces questions devaient être traitées séparément du Plan d’action et non au détriment de cet instrument. 

Mme Wallström a ensuite appuyé les efforts diplomatiques en vue de régler la situation dans la péninsule coréenne, avant de qualifier de « détestable » toute utilisation d’armes chimiques.  Dans ce droit fil, la Ministre a appuyé la décision de l’OIAC d’identifier les responsables d’un tel emploi en Syrie, « même si la création d’un mécanisme par ce Conseil aurait été préférable ».  Elle a par ailleurs exhorté la Russie à coopérer dans le cadre de l’attaque de Salisbury.  « Les armes de destruction massive constituent de toute évidence une menace mondiale à laquelle nous devons répondre de concert », a conclu la Ministre. 

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