8330e séance – après-midi
CS/13463

Daech: le Conseil de sécurité face aux menaces du retour des combattants terroristes étrangers et de l’expansion du réseau souterrain

Le Chef du Bureau de lutte contre le terrorisme des Nations Unies a averti, cet après-midi devant le Conseil de sécurité, que Daech continue de présenter un défi mondial sérieux, notamment en raison de la menace « complexe » que représentent le retour et la relocalisation des combattants terroristes étrangers, phénomène auquel il convient d’ajouter la transformation du califat en un « réseau clandestin », et les activités des filiales régionales du groupe terroriste.

Avant son intervention, les membres du Conseil de sécurité ont observé une minute de silence pour honorer la mémoire de l’ancien Secrétaire général, Kofi Annan.

Venu présenter le septième rapport du Secrétaire général sur la menace posée par Daech et l’action de l’ONU pour aider les États Membres à y remédier, M. Valdimir Voronkov a indiqué que si le flux de ces combattants en direction de l’Iraq et de la Syrie s’est arrêté, le flux inverse, « bien que plus lent que prévu », est lui aussi à craindre, notamment en raison de l’expertise acquise par ces combattants en matière de fabrication d’engins explosifs et de la difficulté de prédire la croissance du réseau mondial.

M. Voronkov a aussi fait savoir que face à l’ampleur du phénomène, le plan de renforcement des capacités destiné à endiguer le flux des combattants terroristes étrangers a été mis à jour et comporte désormais 40 projets, dont la moitié sont consacrés au retour et à la relocalisation des combattants terroristes étrangers.

À ce tableau, il faut également ajouter, selon la Directrice exécutive de la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme, les problèmes que pose le statut unique des combattants terroristes étrangers, notamment pour l’établissement des preuves nécessaires aux procédures judiciaires.  C’est pour cela que certains n’ont reçu que des peines légères, a déploré Mme Michèle Coninsx qui a suggéré aux États de définir des stratégies de poursuites judiciaires appropriées pour les hommes, femmes et enfants rentrant des zones de conflit. 

S’agissant des stratégies et programmes de réhabilitation et de réintégration de ces combattants, la Sous-Secrétaire générale a affirmé que peu d’éléments attestent de leur efficacité.  Sans compter le risque de radicalisation dans les centres de détention où sont incarcérés les combattants de retour, ni les risques associés à la sortie de prison d’anciens combattants susceptibles de reprendre des activités terroristes. 

Les membres du Conseil de sécurité ont également entendu l’auteure d’une étude sur l’engagement des femmes et des mineurs par Daech insister sur « l’urgence » d’identifier et de clarifier le statut de ces deux groupes, qu’ils soient détenus ou déplacés.  « Nous sommes persuadés que les femmes jouent un rôle déterminant dans la diffusion de l’idéologie et de la postérité de Daech », a notamment averti Mme Joana Cook de King’s College London.  Daech, qui se présente comme une organisation « idéologiquement pure », a-t-elle expliqué, a obtenu le soutien des femmes au travers d’une propagande qui s’appuie sur des éléments de langage et une imagerie qui exaltent leurs droits, leur autonomisation, et un sentiment d’appartenance au califat. 

Les femmes qui se retrouvent dans l’orbite de Daech sont le plus souvent discriminées dans leur pays de provenance, opprimées ou abandonnées par leurs communautés d’appartenance, a indiqué la chercheuse.  Or Daech leur donne une vision d’avenir en contribuant à l’avènement de ce « proto-État », et elles ont la conviction de pouvoir devenir des « citoyennes » à part entière et des travailleuses du secteur public, de même que des mères et des femmes.

De son côté, le Secrétaire d’État des affaires étrangères et du Commonwealth du Royaume-Uni, M. Jeremy Hunt, qui présidait la séance, s’est soucié du sort des mineurs qui représenteraient, selon lui, 40% des étrangers à s’être rendus dans le califat et qui, a-t-il supputé, souffrent sans doute de stress post-traumatique.  

« Il faut à tout prix éviter que ces jeunes deviennent la prochaine génération de terroristes », a-t-il plaidé, se faisant l’écho des appels des autres membres du Conseil qui ont insisté sur l’importance de la prévention et de la lutte contre la radicalisation.

Le Kazakhstan s’est particulièrement préoccupé de l’arrivée de combattants venus de Syrie et d’Iraq dans le nord de l’Afghanistan dans le but, a-t-il affirmé, de faire de ce pays un tremplin pour créer un califat mondial.

Face à cette situation, M. Voronkov a d’ailleurs indiqué que les autorités afghanes préconisent l’organisation, l’an prochain à Kaboul, d’une conférence de haut niveau, pour élaborer une stratégie régionale de lutte contre le terrorisme, qui accorderait une attention particulière à l’Afghanistan.

De leur côté, les États-Unis ont invité les États Membres à mettre en œuvre cette résolution 2396 (2017), notamment en utilisant des technologies de pointe pour assurer le contrôle des voyageurs et empêcher aux terroristes de se déplacer.  La délégation a aussi plaidé pour l’utilisation de régimes des sanctions du Conseil de sécurité pour entraver les soutiens des groupes terroristes.

De nombreux appels ont également été lancés pour tarir les sources de financement du terrorisme à l’instar de la France qui a demandé la mise en œuvre des engagements pris dans le cadre de « l’Agenda de Paris » adopté en avril dernier.  De même que le Koweït, cette délégation a aussi appelé à continuer de lutter contre l’utilisation d’Internet par les groupes terroristes, pointant notamment « la diffusion d’une intervention de près d’une heure d’al-Baghdadi sur Telegram le 22 août ».

« Nous devons éliminer les causes profondes du terrorisme par la mise en œuvre de solutions politiques en Syrie et en Iraq », a par ailleurs préconisé la déléguée française, avant que son homologue russe n’avertisse qu’avec l’affaiblissement de Daech en Syrie, Al-Qaida pourrait devenir la nouvelle menace à la résolution pacifique du conflit que connaît ce pays.

MENACES CONTRE LA PAIX ET LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES RÉSULTANT D’ACTES DE TERRORISME

Septième rapport du Secrétaire général sur la menace que représente l’État islamique d’Iraq et du Levant (Daech) pour la paix et la sécurité internationales et sur l’action menée par l’Organisation des Nations Unies pour aider les États Membres à contrer cette menace (S/2018/770)

Déclarations

M. VLADIMIR VORONKOV, Secrétaire général adjoint et Chef du Bureau de lutte contre le terrorisme des Nations Unies, a indiqué que Daech continue de présenter un défi sérieux, notamment en raison de sa transformation en un « réseau clandestin », des activités de ses filiales régionales et de la menace « complexe » que représentent les combattants terroristes étrangers relocalisés ou qui regagnent leur pays d’origine.  Bien que le soi-disant califat ait connu des pertes importantes, il demeure une source de préoccupation notable, a-t-il indiqué en soulignant qu’il compte 20 000 membres en Iraq et en République arabe syrienne, selon les évaluations.  En outre, Daech a décentralisé sa structure de gouvernance afin d’atténuer les effets d’éventuelles pertes.  S’agissant de son noyau, M. Voronkov a estimé qu’il pourra survivre en Iraq et en Syrie sur le moyen terme en raison du conflit en cours et des défis liés à la stabilisation.

Le Chef du Bureau de lutte contre le terrorisme a ensuite parlé de la complexité du retour et de la relocalisation des combattants terroristes étrangers.  Si le flux de ces combattants en direction de l’Iraq et de la Syrie s’est arrêté, le flux inverse, « bien que plus lent que prévu », représente un défi sérieux.  En outre, il est difficile de prédire la menace croissante que représente le réseau mondial de Daech.  Le rapport relève, par exemple, le danger que représente l’expertise acquise par ces combattants en matière de fabrication d’engins explosifs.

Le Secrétaire général adjoint a également averti de la difficulté de détecter les financements de Daech du fait du caractère désormais souterrain du réseau.  De plus, Daech cherche toujours à étendre sa présence en Afghanistan.  Il semble que la menace terroriste émanant de ce pays vers l’Asie centrale augmente.  M. Voronkov a aussi parlé du précédent troublant que représente l’utilisation, par la filiale Jamaah Ansharut Daulah, de familles entières pour mener des attaques kamikazes en Indonésie.  En Europe, a-t-il ajouté, c’est l’étendue du volume de messages commercialement cryptés et la radicalisation dans les prisons qui sont particulièrement préoccupantes.

Pour ce qui est de la contribution du système de l’ONU au renforcement de la lutte contre le terrorisme, il a indiqué que les organes concernés mettent l’accent sur le phénomène des combattants terroristes étrangers.  Il a précisé que le plan de renforcement des capacités destiné à endiguer le flux de ces combattants a été mis à jour pour mettre l’accent sur les priorités de la résolution 2396 (2017) du Conseil de sécurité.  Ce plan comporte désormais 40 projets, dont la moitié sont consacrés au retour et à la relocalisation des combattants terroristes étrangers.

Il a également souligné que la lutte contre la menace posée par Daech repose en grande partie sur la coopération internationale, le partage d’information et le renforcement de capacités.  En outre, la sophistication croissante des méthodes utilisées par les terroristes exige des contremesures, notamment technologiques, tout autant complexes.  C’est uniquement par le biais d’une réponse multilatérale soutenue et concertée qu’il sera possible de faire face au fléau du terrorisme, a-t-il affirmé.

M. Voronkov a ensuite fait le point sur son déplacement en Afghanistan la semaine dernière, au cours duquel il a notamment participé à une conférence organisée par la Commission indépendante afghane pour les droits de l’homme.  Il a précisé avoir mis l’accent, dans son discours, sur l’importance de la solidarité avec les victimes du terrorisme, puis avoir rencontré un groupe de victimes venu des quatre coins du pays.  « Elles m’ont posé des questions simples, mais auxquelles il est difficile de répondre », a-t-il reconnu.  « Pourquoi, en dépit de toutes les mesures préventives déployées par la communauté internationale, les terroristes sont-ils toujours capables de collecter des fonds, des armes et des munitions pour perpétrer leurs actes horribles? »

M. Voronkov a aussi indiqué que, pendant son déplacement, le Président Ghani, entre autres, lui avait indiqué que les efforts de lutte contre le terrorisme doivent être envisagés dans la perspective régionale du processus de réconciliation et de paix afghan.  Il a d’ailleurs été préconisé d’organiser, l’an prochain à Kaboul, une conférence de haut niveau, pour élaborer une stratégie régionale de lutte contre le terrorisme, qui accorderait une attention particulière à l’Afghanistan.  Le Gouvernement afghan a également discuté de ses priorités en matière de lutte contre le terrorisme, notamment l’évolution de la menace que représentent les combattants terroristes étrangers, la gestion des frontières, la sécurité aérienne, la lutte contre l’extrémisme violent et les liens entre le terrorisme et la criminalité organisée.

Mme MICHÈLE CONINSX, Sous-Secrétaire générale et Directrice exécutive de la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme, a assuré que la menace de Daech continue d’évoluer et de poser des défis aux acteurs engagés pour y faire face.  Parmi ces défis, elle a évoqué la transformation actuelle de Daech en réseau clandestin; les activités de ses groupes affiliés à travers le monde; et enfin la menace potentielle posée par le retour ou la relocalisation des combattants terroristes étrangers.  Justement, Mme Coninsx a souligné que depuis l’adoption de la résolution 2178 (2014) qui se focalisait sur la prévention des voyages des combattants terroristes étrangers vers des zones de conflit, l’intérêt a depuis changé et concerne désormais la relocalisation ou le retour de ces combattants vers leur pays d’origine, vers leur pays d’appartenance et parfois vers des pays tiers. 

La Direction exécutive du Comité contre le terrorisme (DECT) a ainsi relevé que même si le nombre des combattants retournant des zones de conflit n’est pas aussi élevé que cela avait été escompté, leur statut unique pose tout de même un ensemble de défis aux États Membres.  Il leur est notamment difficile d’effectuer un examen de la situation des combattants qui reviennent et de leur famille, comme cela avait été demandé par la résolution 2396 (2017) du Conseil de sécurité.  De même, des problèmes de preuves se posent dans les procédures judiciaires intentées contre ces combattants.  Dans certains cas, a expliqué Mme Coninsx, il faut revoir le cadre juridique.  De plus, les procureurs et enquêteurs doivent acquérir des connaissances spécialisées pour pouvoir notamment utiliser des techniques d’enquêtes liées aux technologies modernes.  Ils doivent se baser souvent sur des preuves produites par les militaires ou alors sur des preuves numériques conservées dans des serveurs à l’étranger. 

« Le renforcement de la coopération judiciaire et de l’assistance judiciaire mutuelle devient donc vitale. »  La Directrice exécutive a aussi suggéré aux États de définir des stratégies de poursuites judiciaires appropriées pour les hommes, femmes et enfants rentrant des zones de conflit.  Mme Coninsx a souligné que même si certains États ont établi des stratégies et programmes de réhabilitation et de réintégration, il y a peu d’éléments attestant de leur efficacité.  Elle a parlé du risque de radicalisation dans des centres de détention où sont incarcérés les combattants de retour, avant de recommander des études approfondies sur la sécurité dans les prisons, les risques liés aux prisonniers extrémistes et le développement de méthodes alternatives non privatives de liberté.

La Sous-Secrétaire générale a également mentionné les risques associés à la sortie de prison d’anciens combattants terroristes après qu’ils aient purgé leur peine.  Les États sont préoccupés en effet de voir certains d’entre eux reprendre des activités terroristes.  Certains n’ont d’ailleurs reçu que des peines légères, à cause de preuves insuffisantes pour établir leur implication dans des activités terroristes dans des zones de conflit.  Face à ces obstacles, Mme Coninsx a préconisé le renforcement de la collecte de données et le partage d’information, y compris des leçons apprises, afin de s’assurer que les programmes de réhabilitation et de réintégration s’appuient sur des méthodologies appropriées et sont mises en œuvre en accord avec les lois locales et le droit international. 

Mme Coninsx a ensuite proposé certaines mesures que les États pourraient adopter en réponse à la menace terroriste.  Par exemple, l’utilisation des technologies de pointe pour la surveillance des frontières, et l’établissement de bases de données biométriques pour le suivi des voyageurs.  C’est dans ce contexte que la DECT a publié deux documents, l’un sur « les pratiques pour un partage responsable de données biométriques », l’autre sur « les bonnes pratiques en matière de protection des infrastructures critiques contre les attaques terroristes ». 

Le Comité contre le terrorisme continue aussi d’établir des partenariats avec le secteur privé, notamment dans le domaine des technologies de l’information et des communications, à la fois avec les « grands noms » du domaine et avec les petites et moyennes entreprises.  Le Comité œuvre de concert avec l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) et l’Association internationale des procureurs et poursuivants (AIPP) afin d’établir un guide pour les demandes de preuves électroniques hors des frontières nationales, y compris pour les entreprises privées fournissant des services de communication.  Un guide pratique à l’attention des États Membres sur ce dernier point sera du reste publié en septembre prochain, a promis Mme Coninsx. 

Mme JOANA COOK, de « King’s College London », a présenté un rapport sur l’engagement stratégique, tactique et opérationnel des femmes et des mineurs par Daech, élaboré avec sa collègue Mme Gina Vale, en soulignant que c’est un phénomène qui exige une attention « immédiate et urgente ».  Leur recherche a en effet démontré que, dans 80 pays, 13% des 41 490 combattants étrangers affiliés à Daech sont des femmes et 12% des mineurs, dont 730 enfants nés dans des théâtres de conflit.  « Ces chiffres sont sans précédent pour une organisation terroriste, et soulignent aussi le besoin de prendre en considération les réseaux plus étendus de personnes affiliées avec de tels groupes au-delà des simples combattants », a-t-elle fait observer.  Elle s’est dite persuadée que les évaluations actuelles sont largement sous-estimées, dans la mesure où seuls 26 des 80 pays concernés fournissent des statistiques à la fois pour les hommes, les femmes et les mineurs, « ce qui signifie que nous n’avons pas de compréhension complète de l’ampleur du phénomène ».  Ainsi, ces chiffres excluent-ils les individus ayant été empêchés de se rendre en Iraq et en Syrie, et les femmes et mineurs vivant dans ces deux pays qui ont pu être affiliés à Daech de leur plein gré ou sous la contrainte. 

La raison pour laquelle tant de femmes sont attirées par Daech, c’est que cette organisation, qui se présente comme « idéologiquement pure », leur donne une opportunité, une participation supposée aux enjeux, et une vision d’avenir en contribuant à l’avènement de ce « proto-État », a expliqué Mme Cook.  Les femmes qui se retrouvent dans l’orbite de Daech sont le plus souvent discriminées dans leur pays de provenance, opprimées ou abandonnées par leurs communautés d’appartenance.  Or avec Daech, elles ont la conviction de pouvoir devenir des « citoyennes » à part entière et des travailleuses du secteur public, de même que des mères et des femmes.  Daech a obtenu le soutien de femmes au travers d’efforts de recrutement spécifiques dans le cadre d’une propagande menée dans plusieurs langues, qui s’appuie sur des éléments de langage et une imagerie qui exaltent leurs droits, leur autonomisation, un sens profond de leur place dans le monde, et un sentiment d’appartenance au califat.  Cette propagande exploite également des griefs personnels et politiques, conditionne leur participation à des obligations religieuses, et propose des services divers en échange de mariages arrangés. 

S’agissant des mineurs, les efforts d’endoctrinement scolaire jouent un rôle prépondérant, assortis d’un entraînement obligatoire dans les camps militaires, dans le but de les reprogrammer pour les combats et de les accoutumer à la violence.  Le rapport a identifié trois catégories de mineurs affiliés à Daech: les enfants âgés de moins de 4 ans, dont la plupart sont nés dans les territoires contrôlés par Daech; les enfants âgés de 5 à 14 ans, qui semblent avoir été pour la plupart emmenés sur place par leurs parents ou leurs tuteurs; et les adolescents âgés de 15 à 17 ans, qui ont le plus souvent effectué le voyage indépendamment. 

La chute du califat, aussi significative soit-elle, ne veut pas dire que ses activités ou son influence ont pris fin.  En effet, 7 366 affiliés de Daech, soit 20% de cette population, sont rentrés dans les pays dont ils sont ressortissants, ou semblent être en cours de rapatriement.  Toutefois, à peine 4% des rapatriés sont des femmes, soit à peine 256, contre 1 180 mineurs, ce qui reflète une certaine hiérarchie des priorités par les États Membres.  C’est la raison pour laquelle il est urgent d’identifier et de clarifier le statut des femmes et des mineurs en dehors des personnes de retour, qu’ils soient détenus ou déplacés.  « Nous sommes persuadés que les femmes jouent un rôle déterminant dans la diffusion de l’idéologie et de la postérité de Daech », a souligné Mme Cook.

M. JEREMY HUNT, Secrétaire d’État des affaires étrangères et du Commonwealth du Royaume-Uni, a indiqué que les actions de Daech avaient fait plus de 35 000 morts, rappelant dans la foulée la création de la coalition mondiale pour chasser cette organisation du territoire qu’elle occupe et libérer des millions de personnes de son joug.  Mais Daech n’a pas été vaincu, et les causes de son émergence attendent toujours un remède, a-t-il averti.  M. Hunt a souligné que Daech profite de la faiblesse des États et n’a pas besoin de réseau centralisé pour lancer des attaques partout dans le monde.  Il a aussi fait savoir que quelque 900 personnes ayant des liens avec le Royaume-Uni s’étaient rendues vers le califat, dont 40% sont revenues et 20% ont été tuées. 

Le Ministre a appelé à traiter les causes fondamentales qui sont à l’origine de l’émergence de Daech en privilégiant la stabilité et la réconciliation en Iraq et en Syrie.  Il a aussi fait observer que 40% des étrangers à s’être rendus dans le califat étaient des mineurs qui, a-t-il supputé, souffrent sans doute de stress post-traumatique.  Il faut à tout prix éviter que ces jeunes deviennent la prochaine génération de terroristes, a-t-il plaidé.  Le Secrétaire d’État a ensuite appelé le Conseil de sécurité à envisager de nouvelles mesures pour combattre Daech, insistant notamment sur l’importance de la prévention et de la lutte contre la radicalisation.

Mme NIKKI R. HALEY (États-Unis) a rappelé que son pays avait formé une coalition de 77 États pour lutter contre Daech.  Elle a salué le succès de leurs actions mais a prévenu que le combat n’était pas terminé et qu’il ne fallait pas donner à Daech la possibilité de se réformer.  Depuis la libération de Raqqa, s’est-elle félicitée, 300 millions de dollars ont été mobilisés pour un fonds de stabilisation qui a notamment permis le déminage des zones libérées pour permettre le retour des populations.  Elle a prévenu que vaincre Daech en Syrie et en Iraq ne peut se faire facilement car leur idéologie s’est répandue dans d’autres pays comme en Afghanistan et au Nigéria.  Il faut donc mettre la pression sur des parties en conflit pour arriver à mettre un terme aux conflits qui perdurent.

« Il ne faut pas oublier les menaces d’Al-Qaida qui continue de planifier des attentats à travers le monde comme cela se voit au Yémen », a aussi souligné Mme Haley, tout en rappelant que même si Daech ne contrôle plus de vastes territoires, le groupe terroriste se cache désormais dans des territoires où il ne se sent pas menacé.  La représentante a également rappelé que les États-Unis avaient montré la voie en négociant la résolution 2396 (2017) pour empêcher les voyages des terroristes.  Elle a invité chaque État Membre à mettre en œuvre cette résolution, par exemple en utilisant des technologies de pointe pour assurer le contrôle des voyageurs et empêcher aux terroristes de se déplacer.  Elle a aussi plaidé pour l’utilisation de régimes de sanctions du Conseil de sécurité pour entraver les soutiens des groupes terroristes.  Elle a terminé en promettant que les États-Unis continueront d’être une force dans l’effort mené contre Daech et Al-Qaida, jusqu’à ce que ces derniers soient vaincus. 

M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) a réitéré que le terrorisme ne peut ni ne doit être associé à une religion, une nationalité, une civilisation ou un groupe ethnique.  Il s’est dit très préoccupé du problème des combattants étrangers revenant dans leur pays.  Les combattants terroristes étrangers n’ont pas surgi subitement, a-t-il déclaré en soulignant qu’ils sont le produit d’un processus de radicalisation idéologique et, sur le terrain, d’un entraînement militaire pour le maniement des armes.  Il a noté, dans le rapport du Secrétaire général, que ce sont des familles entières qui sont ainsi impliquées.  Pour remédier à cette situation, il a prôné la mise en œuvre de mesures favorisant le développement, l’inclusion et le dialogue, ainsi que la mise en application des piliers 1 et 2 de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies et des résolutions 2178 (2014) et 2396 (2017).

Le représentant a également plaidé pour la lutte contre le blanchiment d’argent et pour entraver les capacités des organisations terroristes et criminelles à mobiliser des ressources économiques et financières.  La communauté internationale doit concentrer ses efforts sur les enquêtes pour savoir si les groupes terroristes ont accès à des paradis fiscaux.  Il faut aussi renforcer les capacités des États à lutter contre le blanchiment d’avoirs et le financement du terrorisme.  De manière générale, il a demandé de renforcer les capacités nationales en termes de prévention et de lutte, dans le respect de la souveraineté, de l’indépendance et de l’intégrité territoriale des États, avant de souligner l’importance de la justice et de la condamnation des responsables.  Il a conclu en exprimant à nouveau son soutien à la Stratégie et à ses quatre piliers.

Mme ANNE GUEGUEN (France) a appelé à la poursuite de l’action sur le terrain de la Coalition internationale pour mener à bien la lutte contre Daech en Iraq et en Syrie.  C’est pour prévenir toute résurgence que notre action militaire se double d’un volet civil pour stabiliser durablement les zones libérées de Daech, a-t-elle expliqué, en appelant à la mobilisation du système onusien à cette fin.  « Nous devons éliminer les causes profondes du terrorisme par la mise en œuvre de solutions politiques en Syrie et en Iraq. »  Elle a également souligné la nécessité de faire en sorte que les crimes graves commis en Syrie et en Iraq ne restent pas impunis. 

S’agissant de la lutte contre le financement du terrorisme, priorité de la France, la déléguée a demandé la mise en œuvre des engagements pris dans le cadre de « l’Agenda de Paris » adopté en avril dernier.  Mme Gueguen a ensuite appelé à la poursuite de l’action contre l’utilisation d’Internet par les groupes terroristes, beaucoup restant encore à faire, « comme le montre la diffusion d’une intervention de près d’une heure d’al-Baghdadi sur Telegram le 22 août ».  « Pour faire face à la menace diffuse que constitue le retour ou la relocalisation des combattants terroristes étrangers, nous devons renforcer les mesures de détection, de prise en charge et de suivi des personnes à risque, via un partage d’information constant. »  Enfin, elle a insisté sur le rôle fédérateur que l’ONU doit continuer de jouer dans le combat contre le terrorisme. 

M. KAREL JAN GUSTAAF VAN OOSTEROM (Pays-Bas) a mis en garde contre toute « lassitude » dans la lutte antiterroriste, la menace posée par Daech n’ayant pas diminué.  « Alors que les groupes affiliés à Daech se renforcent dans le monde, nous devons nous concentrer sur la prévention et la résilience des communautés locales. »  S’agissant du rôle des femmes et des enfants qui peuvent être, à la fois, auteurs et victimes d’actes de terrorisme, son pays, avec les États-Unis, a dressé une liste des bonnes pratiques à adopter face au retour des familles des combattants terroristes étrangers.  Ces bonnes pratiques devraient être entérinées lors d’une réunion ministérielle ici, à New York, le 26 septembre. 

Estimant que l’impunité s’agissant du terrorisme ne doit jamais l’emporter, M. van Oosterom s’est dit en faveur de la création d’un tribunal spécialisé pour juger les crimes internationaux telle que proposée par la Mission de l’ONU en Iraq.  Le délégué a enfin appuyé les efforts visant à amasser des éléments de preuve s’agissant des crimes commis par Daech en Iraq et en Syrie. 

M. FRANCISCO TENYA (Pérou) a constaté que Daech tente de maintenir son influence par le biais d’Internet pour continuer de perpétrer des attentats, de lever des fonds et de recruter des combattants.  Il a appelé à promouvoir le développement de la pensée critique dans l’espace numérique, notamment chez les jeunes.  Le représentant s’est ensuite préoccupé de la situation des combattants terroristes étrangers.  Il a réclamé des stratégies complètes en matière de justice pénale, qui privilégient le respect des droits de l’homme, et qui mettent aussi l’accent sur la protection des droits des enfants, notamment dans le contexte des familles de combattants sur le retour ou en cours de relocalisation.  « Il faut aussi veiller à ce que les prisons ne deviennent pas des lieux de radicalisation et de recrutement. »

Le délégué s’est ensuite soucié de la capacité qu’a Daech de lever des fonds grâce à l’exploitation de puits de pétrole dans l’est de la Syrie et de l’imposition de taxes par la force.  Il importe par ailleurs d’accorder plus d’attention aux liens entre le terrorisme et la criminalité organisée, a-t-il recommandé.  « Il est crucial d’approfondir notre compréhension de cette dynamique », a-t-il insisté.  Enfin, il a appelé l’ONU à encourager une plus grande coopération entre les États Membres pour faire face à la menace du terrorisme.

M. BADER ABDULLAH N. M. ALMUNAYEKH (Koweït) a souligné que Daech menace toujours la paix et la sécurité internationales, puisque le groupe compte encore 20 000 combattants et s’est transformé en réseau international clandestin.  À cela s’ajoutent les connaissances acquises par les terroristes qui rentrent dans leur pays d’origine.  Il faut donc renforcer le partage d’informations et coopérer davantage pour empêcher aux groupes terroristes de tirer parti de la technologie, et notamment de l’Internet, a-t-il prôné.

Le représentant a aussi plaidé pour que soient prises des mesures appropriées en matière de surveillance des frontières et pour que soient menés des efforts visant à tarir les sources de financement des groupes terroristes.  Le délégué a également réclamé que les auteurs des crimes de Daech fassent l’objet de poursuites judiciaires. 

M. WU HAITAO (Chine) a déploré les attentats récents commis en Syrie et en Afghanistan.  Face au défi du terrorisme, il a souhaité que la communauté internationale agisse de façon coordonnée.  Il faut d’emblée renforcer le consensus international et adopter une politique de tolérance zéro pour combattre les terroristes, où qu’ils se trouvent.  Dans cette lutte, a-t-il précisé, il faut veiller à respecter la souveraineté des États et les principes de la Charte des Nations Unies; il faut aussi s’abstenir d’établir un lien entre le terrorisme et un groupe religieux particulier. 

Concrètement, le représentant a appelé à entraver le déplacement des terroristes, d’où l’importance du renforcement de la surveillance des frontières et du partage d’informations entre États.  En outre, étant donné que le cyberespace est le lieu de recrutement utilisé par ces groupes terroristes, la communauté internationale doit empêcher les terroristes d’utiliser Internet pour diffuser leur idéologie.  Les agences des Nations Unies doivent appuyer les efforts des pays en développement à cet effet, a suggéré la Chine.

Mme JOANNA WRONECKA (Pologne) a constaté que malgré ses pertes, l’EIIL demeure une menace en raison de la relocalisation des combattants terroristes étrangers.  Elle a appelé à poursuivre les efforts pour stopper la création et l’expansion de cellules affiliées à l’EIIL dans différentes régions du monde.  Elle a aussi réclamé des efforts pour tarir les flux de financement de l’EIIL, notamment en ciblent les sociétés dans lesquelles ses membres auraient des placements et en renforçant « l’intelligence financière » des États Membres.  Ces derniers doivent aussi honorer leur engagement de geler les avoirs des entités qui figurent sur les listes de sanctions concernant l’EIIL et Al-Qaida.

S’agissant du problème que pose le retour des combattants terroristes étrangers et de leur famille, la déléguée a réclamé des efforts pour renforcer la collecte et le partage de données, ainsi que pour élaborer des stratégies notamment lors de la sortie de prison des personnes accusées de terrorisme.

La représentante a ensuite fait observer que les femmes et les filles sont particulièrement vulnérables à la traite, l’exploitation et la violence sexuelle et sexiste et qu’il importe donc de mettre en place des mesures adéquates pour aider les femmes victimes du terrorisme.  La participation systématique des femmes aux programmes de prévention de l’extrémisme violent doit être encouragée, de même que celle des dirigeants religieux et des jeunes.

M. KAIRAT UMAROV (Kazakhstan) a constaté que l’affaiblissement de l’EIIL s’était traduit en une réorientation de ses militants qui privilégient désormais un « djihad autonome » mené dans leur lieu de résidence avec les moyens du bord lors de différents évènement politiques, sportifs, religieux ou culturels.  Il a noté que de telles tactiques sont exacerbées par le retour de combattants terroristes étrangers dotés d’une expertise dans l’utilisation de mines et d’explosifs et la conduite d’opérations militaires en zones urbaines.

Il a indiqué que l’Asie centrale fait face à une menace notable en raison de la présence de groupes terroristes dans le nord de l’Afghanistan constitués, notamment de militants venus de Syrie et d’Iraq qui cherchent à faire de l’Afghanistan un tremplin pour créer un califat mondial.  Le processus est facilité par la dissémination d’une idéologie terroriste qui cherche à radicaliser les segments les plus vulnérables des sociétés des pays d’Asie centrale, a-t-il indiqué.  Le représentant a aussi signalé que l’autorité d’Al-Qaida et de ses « branches régionales » croit en raison de l’affaiblissement des positions de l’EIIL.

Face à cette situation, le représentant a appelé les États Membres à adopter le Code de conduite pour réaliser un monde libre de terrorisme qui a été initié par le Kazakhstan.  Il importe aussi de mettre un terme au trafic de drogues et à l’exploitation illégale des ressources naturelles et du patrimoine culturel, mais aussi de partager les meilleurs pratiques en matière de lutte contre le financement du terrorisme et de l’identification des menaces dans le cyberespace.  Le délégué a aussi parlé de l’importance du partage des informations biométriques et de la suppression des idées terroristes sur Internet.  Des mesures s’imposent également pour combattre « l’autoradicalisation » et prévenir le recrutement par des organisations extrémistes.

M. CARL ORRENIUS SKAU (Suède) a relevé que Daech, s’il a essuyé de nombreux revers militaires, reste un acteur dans un certain nombre de conflits, notamment en Afghanistan et en Libye.  Il a en outre indiqué que la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 est un élément essentiel de la lutte contre l’extrémisme violent.  Mon pays, qui a entrepris des réformes importantes pour lutter contre le financement du terrorisme, se joindra à tous les efforts régionaux et internationaux en la matière, a-t-il assuré.

Le délégué s’est par ailleurs dit préoccupé par l’impunité qui continue de prévaloir s’agissant des actes de violence sexuelle et sexospécifique, en particulier l’esclavage sexuel, commis par les organisations terroristes.  Il a ensuite détaillé les efforts de son pays dans la lutte contre le terrorisme, mentionnant la création en début d’année du Centre suédois pour prévenir l’extrémisme violent qui fournit un appui précieux aux municipalités suédoises.  « Toutes les mesures de lutte antiterroriste doivent respecter le droit international, le droit humanitaire et des droits de l’homme et le droit s’appliquant aux réfugiés », a-t-il rappelé en concluant son intervention.

Mme MAHLET HAILU GUADEY (Éthiopie) a conseillé de ne pas crier victoire dans la lutte contre le terrorisme après la défaite de Daech en Iraq et en Syrie.  Elle a rappelé que ce groupe terroriste se transforme en un réseau clandestin, et souligné le gros défi que posent les actions de ses groupes affiliés et des combattants étrangers retournant des zones de conflit.  Il faut donc s’assurer de la pleine mise en œuvre des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et, plus important encore, renforcer la collaboration et la coopération à tous les niveaux entre États et avec les entités non étatiques, a-t-elle recommandé. 

En Afrique de l’Est, elle a noté que les Chabab, un groupe affilié à Al-Qaida, continue de poser des défis sérieux en Somalie et dans toute la Corne de l’Afrique.  Elle a noté que des affiliés de Daech ont vu le jour en Somalie, dirigés depuis le Puntland.  De même, Daech en Libye reste une menace à la paix dans le pays et dans toute la région.  Les terroristes en Afrique du Nord seraient même directement impliqués dans le trafic de drogue et d’êtres humains.  L’État islamique dans le Grand Sahara, Boko Haram et l’État islamique en Afrique de l’Ouest sont également des défis dans la sous-région.

C’est pourquoi l’Éthiopie juge crucial de restaurer la paix et la stabilité en Libye, au Mali et dans le bassin du lac Tchad, afin d’empêcher à ces groupes terroristes d’avoir des sanctuaires.  Il est tout aussi important, a poursuivi Mme Hailu, d’arriver à une gestion appropriée de la sécurité en Somalie, notamment dans le contexte de la transmission des responsabilités de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISON) aux forces de sécurité nationales.  En faveur des pays en développement qui ont la volonté de s’engager dans cette lutte, la représentante a plaidé pour un soutien technique dans le cadre du renforcement de leurs capacités. 

M. HOUADJA LÉON KACOU ADOM (Côte d’Ivoire) a noté avec préoccupation qu’en dépit de ses revers militaires et stratégiques, Daech représente toujours une menace sérieuse à la paix et à la sécurité dans le monde.  Ainsi, un nombre important de combattants affiliés à ce groupe reste très actif en Somalie, dans le grand Sahel, en Afrique de l’Ouest et en Afrique du Nord, notamment en Égypte et en Libye, où l’on dénombre 3 000 à 4 000 combattants terroristes étrangers.  Face à cette situation, notre pays, a indiqué le représentant, exhorte à la solidarité et à la coopération entre tous les acteurs. 

M. Kacou Adom a salué à cet égard la signature, le 23 février dernier, du Pacte mondial de coordination contre le terrorisme, cadre de coopération entre les chefs des entités des Nations Unies chargées de la lutte contre le terrorisme et la prévention de l’extrémisme violent.  Le délégué a également salué le renforcement de la coopération entre le Bureau de lutte contre le terrorisme et la DECT.  « La Côte d’Ivoire est d’avis que les mouvements terroristes ne nous laissent d’autre choix que la mutualisation de nos moyens de lutte, dans le cadre de stratégies de lutte cohérentes et ordonnées », a-t-il ajouté en conclusion.

M. JOB OBIANG ESONO MBENGONO (Guinée équatoriale) a constaté que Daech demeure une menace mondiale, étant devenu un réseau clandestin qui continue de perpétrer des attaques meurtrières, parfois en utilisant des familles entières.  Il a indiqué qu’en Afrique, la présence croissante de combattants venus d’Iraq et de Syrie renforce la coopération de Daech avec Boko Haram ou Al-Qaida au Maghreb islamique.  Il a aussi parlé de l’essor de la circulation des armes légères et de petit calibre depuis la chute du régime libyen.  Il a souhaité une meilleure coordination des efforts de la communauté internationale, ainsi qu’entre la DECT et le Bureau de lutte contre le terrorisme.

Le représentant a appelé à éliminer les refuges et les angles morts dont profitent les terroristes.  Il faut combattre la stratégie expansionniste de Daech, veiller à la protection des frontières, notamment maritimes, et tarir les sources de financement du terrorisme, a-t-il ajouté.  Il a aussi appelé la DECT et le Bureau à agir de manière conjointe en Afrique.  Le représentant a par ailleurs insisté sur la nécessité de privilégier le développement et la paix durables, seul moyen de véritablement s’opposer à l’entreprise de radicalisation. 

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a proclamé le « morcellement de la tour de Babel du terrorisme mondial », même si des cellules dormantes continuent de prospérer.  Il a noté qu’après le coup porté à leur principale source d’approvisionnement que fut la contrebande d’hydrocarbures, les groupes terroristes se sont orientés vers d’autres secteurs lucratifs en investissant notamment dans l’hôtellerie, le tourisme, l’aquaculture, la construction, le pharmaceutique, ainsi que le trafic de stupéfiants notamment en provenance d’Afghanistan.  Il a aussi indiqué que Daech continue de recevoir des fonds d’organisations caritatives et religieuses.

Le représentant s’est ensuite félicité de la libération de plus de 1 400 localités qui étaient sous le contrôle de Daech en Syrie, grâce notamment à l’action de l’armée syrienne et au soutien de la Fédération de Russie.  Il a cependant prédit une augmentation des cellules dormantes de Daech dans le pays, notamment avec des recrutements d’enfants.  Il a aussi annoncé de probables attentats prochains dans la région d’Edleb.  En plus, le groupe terroriste reste actif en Afghanistan, a-t-il noté.

Avec la défaite de Daech en Syrie, la Fédération de Russie souhaite que justice soit rendue.  Mais, a prévenu M. Nebenzia, « il ne faudrait pas que des gens s’arrogent des prérogatives judiciaires sur le territoire syrien ».  Il a notamment décrié l’arrestation de supposés terroristes par des intervenants non gouvernementaux, se demandant qui avait bien pu s’arroger cette prérogative et disant attendre des réponses sur ce sujet avant le prochain rapport du Secrétaire général, dans six mois.  Il a expliqué que des organes judiciaires russes sont présents en Syrie et ce, avec l’accord des autorités du pays.

Le représentant s’est ensuite demandé comment « cette bande de coupeurs de têtes avait pu se constituer un arsenal robuste pendant 7 ans, et ce, malgré un embargo qui les frappait ».  Même si le rapport mentionne le pillage des arsenaux de villes conquises et la fabrication d’engins improvisés, il a dit avoir des informations faisant état de « fourniture d’armes depuis l’étranger, et parfois avec le soutien de services secrets de certains pays ».  Une conférence sur l’armement des groupes terroristes, prévue les 3 et 4 septembre à Moscou, se penchera sur la question, a-t-il promis.  M. Nebenzia a aussi souligné qu’Al-Qaida semble reprendre du poil de la bête grâce à des revenus estimés entre 40 et 50 millions de dollars par mois.  Ce qui fait craindre qu’avec l’affaiblissement de Daech en Syrie, Al-Qaida pourrait devenir la nouvelle menace à la résolution pacifique du conflit que connaît ce pays.  Enfin, il a plaidé pour le renforcement de la coopération entre les entités étatiques spécialisées de lutte contre le terrorisme, la seule voie pour éradiquer ce fléau.  Mais, a-t-il averti, une telle coopération doit être exempte de toute idéologie.

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