8269e séance – matin
CS/13356

Mark Lowcock demande le soutien du Conseil de sécurité pour pouvoir accéder à deux millions de personnes dans les zones les plus désespérées de Syrie

Le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, M. Mark Lowcock, a demandé au Conseil de sécurité, ce matin, d’apporter son soutien aux efforts des humanitaires qui tentent d’aider environ deux millions de personnes se trouvant dans des zones difficiles d’accès, telles que le nord de la province de Homs ou encore Douma et le sud de Damas qui sont parmi « les zones les plus désespérées du pays ».

M. Lowcock, qui présentait le rapport* mensuel du Secrétaire général sur la situation humanitaire en Syrie, a ainsi plaidé pour un « accès sûr, sans entrave et durable » aux régions difficiles à atteindre pour fournir une aide à des gens qui sont dans une situation de grand besoin.  À peine six convois interinstitutions ont pu y accéder depuis le début de l’année, apportant de l’aide à 169 000 personnes, soit moins de 20% des personnes que l’ONU souhaite aider.

Il a rappelé que l’ONU mène en Syrie l’une des plus vastes opérations humanitaires et qu’elle sauve ainsi des vies chaque jour.  Une campagne de vaccination a récemment permis d’immuniser 325 000 enfants contre la rougeole et 1,3 million d’autres de moins de 5 ans contre la poliomyélite. 

Des convois humanitaires de l’ONU, qui ont reçu l’approbation du Gouvernement pour opérer dans des zones sous son contrôle, ont apporté de la nourriture à plus de deux millions de personnes rien que le mois dernier, a-t-il poursuivi.  Les convois transfrontaliers, s’inscrivant dans le cadre de la résolution 2393 (2017), ont permis pour leur part d’apporter de la nourriture à près de 850 000 personnes.

S’agissant de la Ghouta orientale, région qui a fait l’objet de nombreuses réunions du Conseil de sécurité ces cinq derniers mois et qui a été au cœur de la résolution 2401 (2018), il a indiqué qu’après en avoir repris le contrôle, le Gouvernement syrien avait demandé l’aide de l’ONU pour les populations locales.  Le Coordonnateur des secours d’urgence a donc ordonné le déblocage de 16 millions de dollars dans le cadre du fonds humanitaire dédié à la Syrie.  L’ONU a aussi demandé des visas pour faire venir du personnel supplémentaire dans la région, dont certains ont été obtenus.

Au cours des deux derniers mois, des organisations humanitaires locales, nationales et internationales ont travaillé dans les sites voisins des zones abritant les déplacés de la Ghouta orientale, offrant à ces derniers de la nourriture, de l’eau, des abris, des services médicaux et une protection.  M. Lowcock a souhaité que cette collaboration soit maintenant étendue à la Ghouta orientale où des gens essayent de reconstruire leur vie.

Le Secrétaire général adjoint a indiqué que si l’ONU apporte son assistance également par le biais du Croissant-Rouge arabe syrien, elle-même n’a eu l’autorisation de se rendre dans la Ghouta orientale qu’une seule fois depuis la mi-mars.  Cette visite, le 14 mai, a permis de constater une reprise des services d’électricité, d’éducation et de santé et la réouverture de quelques boutiques et marchés.  Mais, a-t-il noté, il est clair que de nombreux besoins restent insatisfaits et de nombreuses infrastructures civiles sont détruites.  Selon les autorités, plus de 10 000 personnes venant de la province de Rif-Damas sont retournées dans la Ghouta orientale au cours des deux dernières semaines.

Cette réalité, ajoutée aux besoins de près de 200 000 personnes restées sur place au cours des violences, rend encore plus crucial l’accès à la Ghouta orientale.  Le Gouvernement a d’ailleurs déjà approuvé un plan interinstitutions d’assistance devant bénéficier à 70 000 personnes à Damas dans le cadre du plan bimensuel.  Mais le convoi n’a pu se déplacer à cause de l’absence d’autorisation, a noté M. Lowcock qui a donc demandé au Gouvernement syrien de faciliter l’accès à la Ghouta orientale: les besoins doivent être évalués, tandis que l’assistance et la protection doivent être renforcées.

Pour ce qui est de la zone d’Afrin, le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires a parlé d’une situation humanitaire « hautement complexe ».  L’ONU et d’autres organisations continuent d’apporter leur assistance aux déplacés venus d’Afrin qui sont établis à Tell Rifaat et ailleurs.  Une récente mission d’évaluation a permis de constater que la plupart des centres de santé reste fermée et que l’essentiel du personnel a dû fuir.  De même, de nombreuses écoles, des marchés et des boulangeries ne fonctionnent pas.  L’ONU est préoccupée face aux informations selon lesquelles des déplacés sont interdits de quitter le site de Tell Rifaat, même si certains seraient apparemment retournés à Afrin ces derniers jours. 

Le camp de Yarmouk et ses environs, au sud de Damas, a connu des combats acharnés le mois dernier, ce qui a conduit à des pertes en vies humaines et au déplacement de près de 6 000 personnes, la plupart étant des réfugiés palestiniens.  L’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) indique qu’à peine 100 réfugiés sont restés dans ce camp.  En outre, les organisations humanitaires n’ont pas été en mesure d’entrer à Yarmouk, mais l’UNRWA a été autorisé, hier, à faire une rapide évaluation des besoins aux environs de Yalda.  « Un convoi interinstitutions dans la région est une première priorité », a réclamé M. Lowcock qui a demandé également au Gouvernement syrien d’y laisser entrer ce convoi. 

Passant à la situation à Rakban, M. Lowcock a indiqué que les discussions se poursuivent encore sur les moyens d’y apporter de l’aide en toute sécurité.  Les agences humanitaires travaillent avec les autorités syriennes, les États-Unis, la Fédération de Russie et le Croissant-Rouge arabe syrien pour arriver à un accord sur le passage d’un convoi humanitaire.

Pour ce qui est de Raqqa, l’ONU et ses partenaires continuent d’y apporter de l’aide, notamment par des rations alimentaires mensuelles, des articles ménagers, de l’eau, un soutien psychosocial pour les enfants et des soins de santé primaires.  Même si 135 000 personnes ont pu retourner dans la ville de Raqqa, la sécurité y reste un défi du fait de nombreux engins explosifs, a prévenu M. Lowcock. 

À Edleb, les frappes aériennes se poursuivent ainsi que des affrontements entre groupes armés, ce qui accentue les souffrances des personnes déplacées et des communautés d’accueil, sachant que plus de 80 000 déplacés sont arrivés dans la région depuis le mois de mars.  En outre demain, pour la première fois depuis deux mois, le premier convoi humanitaire interinstitutions va se rendre dans la campagne située au nord de Homs, pour apporter de l’aide à près de 93 000 personnes, car l’autorisation gouvernementale a été accordée dimanche dernier. 

De manière générale, le Coordonnateur des secours d’urgence a relevé que la violence dirigée contre les centres de santé et le personnel médical reste le « sinistre label » du conflit en Syrien.  En effet, 92 attaques ont été recensées au cours des quatre premiers mois de l’année, des attaques qui ont fait 89 morts et 135 blessés.  Il a promis revenir un peu plus tard sur cette question, avec plus de détails.

* S/2018/484

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