8261e séance – après-midi
CS/13343

Guinée-Bissau: malgré des progrès, les membres du Conseil de sécurité restent circonspects quant à la fin de l’impasse politique

Un peu moins de trois mois après le renouvèlement du mandat du Bureau intégré des Nations Unies en Guinée-Bissau (BINUGBIS), le 28 février dernier, les délégations du Conseil de sécurité ont noté, cet après-midi, des progrès politiques concrets en vue de mettre fin à l’impasse politique et institutionnelle qui prévaut dans le pays depuis bientôt trois ans.  

Le Sous-Secrétaire général aux affaires politiques, M. Tayé-Brook Zerihoun, a ainsi souligné des progrès encourageants, tandis que le Président de la formation Guinée-Bissau de la Commission de consolidation de la paix (CCP), M. Mauro Vieira (Brésil) a parlé d’une évolution « positive » de la situation. 

Le délégué du Royaume-Uni a néanmoins souligné que « ce n’est qu’avec des progrès continus que l’on sera convaincu de la réalité des avancées », rejoint dans sa prudence par la représentante de la France qui a relevé que « l’histoire récente du pays invitait à tempérer toute forme d’optimisme ».

Il est vrai que de nombreuses délégations se sont inquiétées de la vulnérabilité de la Guinée-Bissau face au trafic de stupéfiants et à la criminalité transnationale organisée qui mettent à mal les institutions et le tissu social du pays.  M. Zerihoun a aussi tenu à préciser que la période jusqu’aux élections législatives, prévue en novembre, tout comme celle jusqu’à la présidentielle de 2019, seront cruciales et marquées d’incertitudes.  Il a donc misé sur une attention et un engagement permanents de la part de la communauté internationale.

Le représentant de la Guinée*Bissau a de son côté rappelé que ces 24 dernières années, son pays avait tenu cinq élections législatives, connu une guerre civile et deux coups d’État, et qu’il en est désormais à son vingtième Premier Ministre.

Ainsi, a relevé le Sous-Secrétaire général, le Premier Ministre de consensus, M. Aristides Gomes, a prêté serment le 16 avril et un décret a fixé la date des élections législatives au 18 novembre 2018.  En outre, une séance de l’Assemblée nationale a eu lieu le 19 avril, une première depuis deux ans, permettant d’approuver la nomination du Président et du Secrétaire exécutif de la Commission nationale électorale et de fixer la fin du mandat de l’Assemblée à novembre prochain.  De plus, avec la facilitation de la la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), un nouveau Gouvernement est entré en fonctions le 24 avril dernier, formé de 26 membres dont 4 femmes. 

Ces avancées ont été possibles grâce à un accord entre les deux principaux partis politiques, le Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC) et le Parti du renouveau social (PRS), avec la facilitation de l’Église catholique.  Cette embellie est aussi à mettre à l’actif de la pression constante de la CEDEAO sur les acteurs politiques, notamment l’imposition de sanctions à l’encontre d’individus bloquant le processus de dialogue.

M. Zerihoun a tout de même souligné que des aspects des Accords de Conakry de 2016 restent encore lettre morte.  Par exemple, des discussions entre les acteurs politiques devraient conduire à la tenue d’une table ronde nationale.  De plus, les Accords prévoient une série de mesures, dont la révision de la Constitution, la signature d’un pacte de stabilité, la réforme des lois électorale et des partis politiques, la réforme des secteurs de la défense, de la sécurité et de la justice, et l’élaboration d’un programme de développement, a rappelé le représentant de la Guinée équatoriale qui est également Président du Comité des sanctions sur ce pays.    

La convocation des législatives pour le 18 novembre prochain a suscité de nombreux espoirs de la part des orateurs.  Ils ont été nombreux à appeler la communauté internationale à se mobiliser pour combler le déficit de 5,7 millions de dollars sur les 7,7 prévus pour le scrutin.  Le Président de la formation Guinée-Bissau a dit son intention de se rendre en Guinée-Bissau, probablement en juillet, pour consulter les parties prenantes sur la manière dont la CCP peut appuyer les efforts du pays, en particulier en prévision des élections.  Des élections pour lesquelles les délégations ont souhaité voir participer toute la société civile, notamment les femmes.

Pour plusieurs intervenants, l’avenir du pays dépend aussi des moyens qui seront mis en œuvre pour combattre le trafic des stupéfiants et le crime organisé.  C’est pourquoi le Directeur exécutif de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), M. Yuri Fedotov, intervenant par visioconférence depuis Vienne, a indiqué que son organisme appuie le pays dans le renforcement des capacités et l’appui à la police judiciaire et aux unités interservices d’élite et dans l’acquisition de techniques de profilage et le partage d’informations.  Il a aussi appelé à appuyer la lutte contre les flux financiers illicites et à renforcer la capacité des forces de l’ordre à réprimer les crimes maritimes.  Il a déploré que le financement des activités de l’ONUDC en Guinée-Bissau ait été drastiquement réduit en 2017.

Par ailleurs, après la résolution 2404 (2018) adoptée en février dernier, le Conseil avait demandé au BINUGBIS, entre autres, de « recentrer son action sur les capacités politiques à l’appui des bons offices du Représentant spécial du Secrétaire général pour la Guinée-Bissau et de simplifier sa structure de gestion ».  M.  Zerihoun a donc confirmé que ces activités avaient été réorientées en ce sens.  Le Département des affaires politiques a ainsi mené une mission d’évaluation dans le pays du 24 au 31 mars, dont les résultats vont éclairer le rapport du Secrétaire général sur l’éventuelle reconfiguration du BINUGBIS.

Le délégué de la Fédération de Russie a précisé que tout accord sur l’avenir politique du pays doit se fonder sur les aspirations de ses citoyens, sans pression de l’étranger.   

Des délégations ont rendu hommage au « P5 de la Guinée-Bissau », à savoir la CEDAO, l’Union africaine, l’Union européenne, les Nations Unies et la Communauté des pays de langue portugaise.  Le représentant de la Guinée-Bissau a également salué la nomination d’un citoyen brésilien comme nouveau Représentant spécial du Secrétaire général pour la Guinée-Bissau.

LA SITUATION EN GUINÉE-BISSAU

Déclarations

M. TAYÉ-BROOK ZERIHOUN, Sous-Secrétaire général aux affaires politiques, a indiqué que depuis l’adoption de la résolution 2404 (2018)du Conseil de sécurité, le 28 février dernier, texte qui prolongeait d’une année supplémentaire le mandat du Bureau intégré des Nations Unies en Guinée-Bissau (BINUGBIS), des progrès encourageants ont été faits pour mettre fin à l’impasse politique et institutionnelle qui prévaut depuis bientôt trois ans dans le pays.  Ainsi, au Sommet des chefs d’État de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), le 14 avril dernier, le Président de la Guinée Bissau, M. José Mârio Vaz, a pris un certain nombre d’engagements qu’il a depuis mis en œuvre.

Ainsi, le Premier Ministre de consensus, M. Aristides Gomes, a prêté serment le 16 avril et un décret a fixé la date des élections législatives au 18 novembre 2018.  En outre, une séance de l’Assemblée nationale a eu lieu le 19 avril, une première depuis deux ans, permettant d’approuver la nomination du Président et du Secrétaire exécutif de la Commission nationale des élections et de fixer la fin du mandat de l’Assemblée à novembre prochain.  De plus, avec la facilitation de la CEDEAO, un nouveau Gouvernement est entré en fonctions le 24 avril dernier, formé de 26 membres dont 4 femmes.  Ces avancées ont été possibles grâce à un accord entre les deux principaux partis politiques, le Parti africain pour l'indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC) et le Parti du renouveau social (PRS), avec la facilitation de l’Église catholique.  Cette embellie est aussi à mettre à l’actif de la pression constante de la CEDEAO sur les acteurs politiques, notamment l’imposition de sanctions à l’encontre d’individus bloquant le processus de dialogue.

M. Zerihoun a tout de même souligné que des aspects de l’Accord de Conakry restent encore lettre morte.  Par exemple, des discussions entre les acteurs politiques devraient conduire à la tenue d’une table ronde nationale.  Le premier conseil des ministres, tenu le 10 mai dernier, était consacré à la préparation des élections.  Un budget établi par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) prévoit 7,7 millions de dollars pour ce scrutin.  Le pays hôte a apporté 1,8 million dans la cagnotte et le PNUD a octroyé 200 000 dollars.  Des fonds urgents sont donc attendus pour combler le déficit de 5,7 millions, fonds qui serviront à couvrir notamment l’enregistrement des électeurs (2,8 millions de dollars) et les coûts du déroulement du scrutin (2,9 millions de dollars).  Le Sous-Secrétaire général a appelé la communauté internationale à apporter les fonds restants pour éviter un autre renvoi des élections.

Il a par ailleurs fait part de son inquiétude quant au trafic de drogue et aux activités relatives à la criminalité organisée.  Après l’adoption de la résolution 2404, le 28 février dernier, on a noté cinq saisies de stupéfiants à l’aéroport de Bissau, mais, pour certains, ces saisies constituent la partie visible de l’iceberg.

M. Zerihoun a aussi indiqué que les activités du BINUGBIS avaient été réorientées vers les nouvelles directives fixées par la résolution 2404.  Le Département des affaires politiques (DPA) a ainsi mené une mission d’évaluation dans le pays du 24 au 31 mars.  Par exemple, il a été convenu que les ressources dévolues à l’état de droit et aux institutions de sécurité seront reversées aux bons offices du Représentant spécial et au soutien des élections, ainsi qu’au fonctionnement de la nouvelle composante de lutte contre le trafic des stupéfiants et du crime organisé au sein de la Mission.  Un déploiement de la police des Nations Unies est également envisagé.  Les résultats de cette mission d’évaluation vont éclairer le rapport du Secrétaire général sur l’éventuelle reconfiguration du BINUGBIS, a noté M. Zerihoun qui a précisé que la période jusqu’aux élections législatives, tout comme celle jusqu’à la présidentielle de 2019, seront cruciales et marquées d’incertitudes.  Il a donc misé sur une attention et un engagement permanents de la part de la communauté internationale.

Intervenant par visioconférence depuis Vienne, M. YURI FEDOTOV, Directeur exécutif de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), a indiqué que l’Unité de lutte contre la criminalité transnationale organisée, établie dans le cadre de l’Initiative Côte de l’Afrique de l’Ouest, avait enquêté sur 70 affaires de trafic de drogue, débouchant sur la condamnation de 113 personnes et la saisie de 71 kilogrammes de cocaïne et de 1 353 kilogrammes de marijuana.  De son côté, le Projet de communication aéroportuaire a permis d’arrêter, à l’aéroport de Bissau, en l’espace de cinq jours, cinq personnes qui cherchaient à transporter clandestinement de la drogue.  Il a vu dans ces faits des exemples des effets positifs du renforcement des capacités de la justice pénale.

M. Fedotov a ensuite indiqué que l’ONUDC avait mis sur pied un ensemble de mesures d’appui technique pour la Guinée-Bissau qui identifient clairement les domaines d’action.  Il a notamment cité le renforcement des capacités et l’appui à la police judiciaire et aux unités interservices d’élite moyennant notamment la collecte de données, l’acquisition de techniques de profilage et le partage d’informations.  Il a aussi appelé à appuyer la lutte contre les flux financiers illicites et à renforcer la capacité des forces de l’ordre à réprimer les crimes maritimes.  Les 88 îles de l’archipel de Bijagos exposent notamment la Guinée-Bissau à des activités criminelles en raison de la difficulté à contrôler cette vaste étendue d’eaux territoriales, a-t-il expliqué.

La criminalité transnationale organisée, a-t-il relevé, présente un danger évident pour la Guinée-Bissau et la région.  Il a ajouté que la lutte contre le trafic de drogue et le démantèlement des réseaux criminels nécessitent une assistance spécialisée et des fonds.  Il a déploré que le financement des activités de l’ONUDC en Guinée-Bissau ait été drastiquement réduit en 2017.  Face à la réticence des bailleurs de fonds au vu de la situation politique actuelle en Guinée-Bissau, M. Fedotov a exhorté la communauté internationale à permettre à l’ONUDC de fournir un appui complet au pays pour combattre les menaces liées à la drogue et à la criminalité.

M. MAURO VIEIRA (Brésil), Président de la formation Guinée-Bissau de la Commission de consolidation de la paix (CCP), a insisté sur l’évolution « positive » de la situation en Guinée-Bissau où le Président José Mário Vaz a nommé M. Aristides Gomes, comme nouveau Premier Ministre « consensuel » et confirmé que les élections législatives se tiendront bien le 18 novembre, les membres du nouveau Gouvernement ayant prêté serment le 26 avril dernier.  Après près de trois ans d’impasse politique, le Parlement a convoqué une séance extraordinaire le 19 avril pour élire le nouveau leadership de la Commission électorale.  C’est là une étape importante qui a permis de dépasser les blocages dans les préparatifs électoraux.  Le 3 mai, le Président du Comité d’organisation de la Conférence nationale pour la consolidation et le développement en Guinée-Bissau a présenté au Président du pays le rapport « Au nom de la paix », un document élaboré après un long processus de consultations nationales impliquant plus de 3 000 personnes dans le pays et dans la diaspora.  Le document examine une série de questions liées à la consolidation de la paix et vise à contribuer à la réconciliation nationale. 

Entre temps, a indiqué le Président de la formation, la Commission de consolidation de la paix a ouvert dès le début de cette année son nouveau portefeuille pour la Guinée-Bissau, composé de six projets évalués à 7,3 millions de dollars et s’étalant sur la période allant de janvier 2018 à juin 2019.  Lundi dernier, le Président de la formation a dit avoir convoqué une réunion où plusieurs exposés ont été faits et où les participants ont pris note des progrès enregistrés dans le pays.  Le Président a pris soin d’insister sur l’importance qu’il y a à continuer d’appuyer l’élan positif du moment et sur la nécessité de mettre en œuvre les autres dispositions de l’Accord de Conakry, y compris l’adoption du pacte de stabilité.  Il a rendu hommage au « P5 de la Guinée-Bissau », à savoir la CEDAO, l’Union africaine, l’Union européenne, les Nations Unies et la Communauté des pays de langue portugaise. 

Le Président de la formation n’a pas caché les défis dont le financement des élections et l’actualisation du fichier électoral.  Il a parlé du projet signé entre le PNUD et le Gouvernement d’une valeur totale de 7,7 millions de dollars.  Ces derniers ont déjà mis la main à la poche et l’Union européenne s’apprête à faire de même.  Mais il faut des fonds additionnels, a prévenu le Président de la formation en lançant un appel à la communauté internationale.  Il a dit son intention de se rendre en Guinée-Bissau, probablement en juillet, pour consulter les parties prenantes sur la manière dont la Commission de consolidation de la paix peut appuyer les efforts du pays, en particulier en prévision des élections. 

M. ILAHIRI ALCIDE DJÉDJÉ (Côte d’Ivoire) a déclaré qu’en dépit des signes positifs, les énormes défis à relever exigent l’appui et l’accompagnement continus de la communauté internationale afin de surmonter les obstacles à une paix définitive en Guinée-Bissau.  Il s’agit de la réalisation des prochaines étapes de l’Accord de Conakry, en l’occurrence l’organisation d’une table ronde pour le dialogue national, la signature d’un pacte de stabilité, et l’organisation des élections législatives.  Sur ce point, il convient de prendre en compte les objectifs prioritaires clairs assignés par la résolution 2404 (2018) au BINUGBIS, notamment en ce qui concerne les élections.  Le représentant a appelé les donateurs et la communauté internationale à créer les conditions techniques nécessaires à l’organisation d’élections législatives ouvertes, justes et crédibles.  Par ailleurs, la coopération entre le BINUGBIS et les organisations régionales, notamment la CEDEAO, et les partenaires internationaux devra se poursuivre afin d’aider à stabiliser le pays, a recommandé la Côte d’Ivoire. 

L’un des défis importants auxquels est confrontée la Guinée-Bissau a trait aux questions sécuritaires à l’intérieur du pays et aux frontières.  Relever ce défi passe nécessairement par la mise à jour de la législation en la matière et des mécanismes nationaux permettant de combattre plus efficacement la criminalité transnationale organisée, notamment le trafic de drogue et le blanchiment d’argent qui menacent la sécurité et la stabilité de la Guinée-Bissau et de la sous-région.  Dans cette optique, le Conseil de sécurité, à travers sa résolution 2404 (2018), encourage une implication plus conséquente de l’ONUDC afin de lutter énergiquement contre ces fléaux.  À cet égard, M. Djédjé a rappelé l’existence du Plan d’action régional de la CEDEAO pour l’Afrique de l’Ouest pour la période 2016-2020 dont la mise en œuvre a pour objectif de contribuer, entre autres, à la réduction de la toxicomanie, du trafic de stupéfiant et de la criminalité dans la sous-région.  Il importe également de garder à l’esprit qu’une mauvaise gestion de la question sécuritaire pourrait négativement impacter le processus politique en cours, a mis en garde le représentant.  Dans cette perspective, il lui est paru essentiel de procurer à l’ONUDC les moyens nécessaires à l’accomplissement de sa mission afin de contribuer à une sortie de crise réussie.

M. ANATOLIO NDONG MBA (Guinée équatoriale) a estimé que le Conseil de sécurité avait des raisons d’être optimiste.  Le 16 avril dernier, le Président José Mário Vaz a envoyé « un message d’espoir » à son peuple, aux amis de la Guinée-Bissau et à la communauté internationale en nommant M. Aristides Gomes Premier Ministre de consensus.  Cette nomination, a-t-il rappelé, a été le fruit de négociations ardues menées sous les auspices de la CEDEAO et de l’Union africaine.  La mission principale du nouveau Gouvernement, a souligné M. Ndong Mba, est de tenir, dans les délais prévus, des élections législatives transparentes et inclusives.  À cette fin, le Fonds électoral doit pouvoir disposer de 7,7 millions de dollars, comme cela a été convenu entre le Gouvernement et le PNUD.

De plus, les Accords de Conakry prévoient une série de mesures, dont la révision de la Constitution, la signature d’un pacte de stabilité, la réforme des lois électorale et des partis politiques, la réforme des secteurs de la défense, de la sécurité et de la justice, et l’élaboration d’un programme de développement.  Sur ce dernier point, le délégué a appelé les donateurs et les institutions financières internationales, dont la Banque mondiale, à accompagner la Guinée-Bissau.  Les exemples du Libéria et de la Sierra Leone prouvent qu’avec des efforts, la volonté politique, la solidarité et la coordination internationale, il est possible d’arriver à une solution pacifique et durable pour ce pays, a-t-il conclu.     

M. JONATHAN GUY ALLEN (Royaume-Uni) a dit que « ce n’est qu’avec des progrès continus en Guinée-Bissau que l’on sera convaincu de la réalité des avancées », prônant des mesures unifiées pour une réforme constitutionnelle, conformément à l’Accord de Conakry.  Il a aussi invité les autorités à faciliter la participation au processus politique des femmes et de la société civile dans son ensemble.  Le Royaume-Uni salue en outre le rôle positif joué par la CEDEAO et invite le Conseil de sécurité à lui apporter son soutien, a-t-il poursuivi avant de souligner la nécessité de mettre l’accent sur le trafic de drogue qui menace la sécurité du pays et de toute la région.  Pour la délégation, la désignation d’un nouveau Représentant spécial arrive à point nommé, car il aura pour tâche de mettre en œuvre les recommandations de la résolution de février qui apporte des modifications dans le mandat du BINUGBIS.  Il a aussi salué le travail de son prédécesseur dont le travail aura permis d’arriver aux avancées déjà constatées.

Mme AMY NOEL TACHCO (États-Unis) a espéré que la nomination du Premier Ministre, M. Aristides Gomes, soit le signe d’un tournant positif pour la Guinée-Bissau, tout en estimant nécessaire de demeurer prudent et de veiller à ce que les dirigeants du pays honorent leurs engagements.  Elle a notamment cité la promotion de l’unité et la préparation de l’élection présidentielle, avant d’appeler à la création d’un programme de fourniture de services.  Elle a aussi salué la tenue prochaine du forum sur les femmes et la paix qui doit se tenir à la fin du mois en Guinée-Bissau.  Puis la représentante s’est félicitée des avancées réalisées par l’ONUDC pour appuyer la lutte contre le trafic de drogue et la criminalité transnationale organisée, souhaitant des succès similaires à l’avenir.  Deux mois après le renouvèlement du mandat du BINUGBIS, elle a constaté des progrès politiques concrets et a appelé le Bureau à travailler davantage avec la CEDEAO.

M. JOAKIM VAVERKA (Suède) a dit que toutes les parties prenantes doivent maintenant travailler pour organiser les élections du 18 novembre dans les temps et de manière transparente, et pour mettre en œuvre l’Accord de Conakry.  Concernant les élections, il a jugé essentiel de régler le problème du manque de financement pour l’inscription des électeurs et l’organisation du scrutin.  La Mission de la CEDEAO en Guinée-Bissau aura également un rôle important dans l’organisation des élections, selon le représentant.  Il a ajouté qu’en dépit des progrès récents, des changements réels doivent être faits.  À cet égard, la fonction de bons offices du Représentant spécial sera cruciale pour aller de l’avant.  Il a aussi encouragé l’élaboration de rapports stratégiques et axés sur les résultats par le Bureau intégré des Nations Unies pour la consolidation de la paix en Guinée-Bissau (BINUGBIS) afin que le Conseil puisse assumer pleinement son rôle en prenant des décisions basées sur une compréhension globale de la situation sur le terrain et sur la meilleure façon de soutenir le pays.

Ceci est d’autant plus important que la situation dans le pays reste fragile, a poursuivi la délégation qui a craint que la fragilité actuelle soit exacerbée par la situation économique.  Cette année, la récolte de noix de cajou semble être moins bonne que l’année dernière.  Pour cette raison, « nous estimons qu’il serait important qu’une évaluation du risque et une analyse de conflit soient menées ».  La Commission de la consolidation de la paix a un rôle important à jouer en convoquant une réunion des acteurs et en contribuant à l’analyse des menaces et des défis, a estimé la Suède.  Les six points de la feuille de route et l’Accord de Conacry restent pertinents, et représentent l’unique voie légitime vers l’avant.  Ils doivent être pleinement mis en œuvre.  Afin de combattre les causes du conflit en Guinée-Bissau, il sera important de se focaliser sur la réconciliation et le dialogue politique, et de renforcer l’état de droit par des institutions fortes et inclusives qui sont des facteurs importants de la paix, a conclu la délégation.

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a estimé que le bon déroulement, le 18 novembre prochain, des élections législatives sera un signe de bon augure pour la réussite de l’élection présidentielle prévue en 2019.  Il a aussi salué la nomination des quatre membres de la Commission électorale nationale, insistant toutefois sur la nécessité de fournir un financement adéquat au processus.  Le délégué s’est par ailleurs inquiété de la vulnérabilité de la Guinée-Bissau face au trafic de stupéfiants et à la criminalité transnationale organisée qui mettent à mal les institutions et le tissu social du pays.  Il a appelé à prévenir la création de réseaux terroristes et à renforcer les capacités institutionnelles dans le domaine de la sécurité et de la justice.

Le représentant a aussi appelé à résoudre les causes sous-jacentes du conflit.  Il a relevé que la majorité de la population vit dans la pauvreté et a averti que cette situation pourrait s’aggraver en cas de chute de la production de noix de cajou, principale exportation du pays.  Il a insisté sur l’importance de garantir la prévisibilité et la stabilité des fonds consacrés à l’appui aux efforts de la Guinée-Bissau dans le domaine de l’octroi de services, de l’éducation, de la santé et de la justice, entre autres.  Le délégué a aussi souhaité que les projets lancés par la CCP privilégient le développement durable du pays.

Mme ANNE GUEGUEN (France) a indiqué qu’un an et demi après les accords de Conakry, la nomination de M. Aristides Gomes, comme Premier Ministre de consensus, atteste de la volonté des parties de sortir durablement de l’impasse politique.  Elle a estimé que ces avancées politiques récentes mettent en valeur les actions coordonnées de la communauté internationale et des organisations régionales pour résoudre la crise bissau-guinéenne.  La France est convaincue que la solution au conflit passera par la concertation et l’engagement des acteurs locaux.  À cet égard, a ajouté Mme Gueguen, le format dit P5 local Bissau -à savoir l’Union africaine, l’Union européenne, les Nations Unies, la CEDEAO et la Communauté des pays de langue portugaise- offre une plateforme de coordination privilégiée qu’il convient de maintenir et de soutenir.

La représentante a également jugé crucial que l’engagement entier de la communauté internationale demeure, « l’histoire récente du pays invitant en effet à tempérer toute forme d’optimisme ».  Il est donc particulièrement important, a-t-elle souligné, d’envoyer collectivement le bon message au lendemain de la nomination du Premier Ministre de consensus, en rappelant que la communauté internationale demeure déterminée à participer au processus de résolution pérenne du conflit.

M. DAWIT YIRGA WOLDEGERIMA (Éthiopie) a salué l’amélioration de la situation en Guinée-Bissau, notamment la nomination d’Aristides Gomes comme Premier Ministre ou encore la formation d’un nouveau Gouvernement inclusif.  Le représentant a également rendu hommage au rôle de la CEDEAO en soulignant, au passage, le rôle que peuvent jouer les organisations régionales dans la résolution des crises.  L’Éthiopie espère que tous les acteurs politiques nationaux continueront à respecter l’Accord de Conakry et invite la communauté internationale à apporter son soutien aux prochaines législatives, a dit le représentant.

M. BADER ABDULLAH N. M. ALMUNAYEKH (Koweït) a indiqué que depuis l’Accord de Conakry des mesures concrètes ont été prises par toutes les parties pour mettre en œuvre cet Accord.  Il a notamment salué la nomination du Premier Ministre de consensus et la perspective de tenir, en novembre prochain, des élections législatives.  Le BINUGBIS doit pour sa part veiller à leur bon déroulement, a-t-il estimé, avant d’insister sur la nécessité de bien financer le processus.  Le représentant a aussi salué les initiatives prises par la CCP pour appuyer le rôle des femmes ainsi que les mesures prises par les organisations régionales, la CEDEAO notamment, pour appuyer le pays.  Il a notamment parlé de la tenue de la conférence sur le renforcement des institutions du pays qui est prévue cette année.

Mme LISE GREGOIRE VAN HAAREN (Pays-Bas) a salué les développements positifs sur le terrain, dont la nomination par consensus du Premier Ministre et la formation d’un Gouvernement inclusif.  Ces mesures démontrent la bonne volonté des acteurs politiques clefs, a-t-elle dit, en insistant sur le rôle critique joué par les organisations de femmes pour sortir de l’impasse politique en Guinée-Bissau. Elle a aussi jugé cruciale la tenue d’élections législatives et présidentielle libres et transparentes.  La déléguée des Pays-Bas a ensuite exhorté le Conseil à soutenir l’engagement actif de la CEDEAO en Guinée-Bissau.  Le Conseil doit rester engagé dans le pays, a-t-elle poursuivi, en appelant à la pleine mise en œuvre de l’Accord de Conakry.  Elle s’est dite préoccupée par la nomination du Ministre d’État, M. Botche Cande, qui figure sur la liste des individus frappés de sanctions.  « Cette nomination nous rappelle que la situation demeure fragile en dépit des améliorations politiques », a-t-elle conclu.

M. ZHANG DIANBIN (Chine) a appelé les donateurs et les partenaires internationaux à poursuivre leur soutien à la Guinée-Bissau dans le but d’améliorer la vie des populations.Il a plaidé pour que le BINUGBIS, le PNUD et l’ONUDC apportent un appui ciblé au pays.La Chine insiste aussi sur l’importance de trouver des « solutions africaines aux problèmes africains » et souhaite que le nouveau Représentant spécial maintienne le dialogue entre les parties bissau-guinéennes.

M. DIDAR TEMENOV (Kazakhstan) a salué les récents développements positifs en Guinée-Bissau, se félicitant de la nomination d’un nouveau Premier Ministre de consensus, de la formation d’un nouveau Gouvernement inclusif et de la tenue des élections législatives, le 18 novembre prochain.Le Kazakhstan salue aussi les bons offices de l’ancien Représentant spécial, M. Modibo Touré, ainsi que les efforts de médiation de la CEDEAO sous l’égide des Présidents du Togo et de la Guinée. La prolongation du mandat de la Mission de la CEDEAO en Guinée-Bissau, jusqu’au 30 juin 2018, est tout aussi louable au vu de son rôle dans la stabilisation du pays.Le représentant a invité la communauté internationale à apporter un soutien technique, financier et logistique à l’organisation du scrutin législatif et à appuyer la participation des femmes et des jeunes au processus politique.

Le Kazakhstan reste toutefois préoccupé par le trafic des stupéfiants et par les activités de criminalité transnationale organisée en Guinée-Bissau.C’est pourquoi son représentant a invité les autorités du pays à renforcer les secteurs judiciaire et de sécurité et à donner un nouvel élan à leur coopération avec le BINUGBIS, l’ONUDC et Interpol.

M. PEDRO LUIS INCHAUSTE JORDÁN (Bolivie) a salué la nomination d’un Premier Ministre de consensus et la mise en place de nouvelles structures gouvernementales en Guinée-Bissau.  Il faut consolider les Accords de Conakry qui permettent la participation de tous les acteurs de la société à la recherche d’une solution politique durable, dans le respect de la souveraineté, de l’indépendance et de l’intégrité territoriale du pays, a-t-il insisté.  Ainsi le dialogue inclusif joue-t-il un rôle essentiel dans le cadre de la feuille de route du 10 septembre 2016. 

Avant tout, a relevé le délégué, le Gouvernement et le Parlement ont besoin d’un appui technique et financier pour renforcer les mécanismes électoraux en vue de la tenue des élections législatives, en 2018, et présidentielle, en 2019.  D’autre part, la lutte contre le trafic de stupéfiants, la criminalité transnationale organisée et l’impunité doivent représenter des priorités, et les Nations Unies ont un rôle fondamental à jouer pour promouvoir le développement et l’état de droit.  Le représentant a souhaité que le BINUGBIS puisse continuer de créer des opportunités de dialogue, en plus d’offrir une coopération technique dans le secteur de la sécurité.  Enfin, il a souligné l’importance de renforcer les liens entre la formation Guinée-Bissau de la CCP et le Conseil de sécurité.

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a salué la nomination du nouveau Premier Ministre et la formation d’un Gouvernement inclusif.Il s’est aussi félicité de l’éventualité de consultations nationales pour la révision constitutionnelle qui est une étape d’une grande importance pour la stabilité du pays.Le représentant a par ailleurs salué les efforts de lutte contre la drogue en Guinée-Bissau.Il a précisé que tout accord sur l’avenir politique du pays doit se fonder sur les aspirations de ses citoyens, sans pression de l’étranger.Ce n’est qu’à ce prix, a-t-il argué, que les efforts pour la sortie de crise pourraient être couronnés de succès.

Mme JOANNA WRONECKA (Pologne) s’est félicitée de l’évolution positive de la situation en Guinée-Bissau, évoquant notamment la formation d’un Gouvernement inclusif dirigé par un Premier Ministre de consensus, M. Aristides Gomes.  Elle a aussi salué la réouverture de l’Assemblée nationale, l’élection du Président de la Commission électorale nationale et l’annonce de la tenue des élections législatives en novembre 2018.  La déléguée a toutefois constaté que le trafic de drogue et le crime organisé continuent de présenter une grave menace pour la paix et la stabilité du pays.  Elle a donc appelé les dirigeants de la Guinée-Bissau à les combattre en coopération avec l’ONUDC, la CEDEAO et le BINUGBIS.

M. FERNANDO DELFIM DA SILVA (Guinée-Bissau) a indiqué que 18 mois après la signature de l’Accord de Conakry, son pays a un Premier Ministre consensuel ainsi qu’un Gouvernement inclusif.  Il a indiqué que le grand défi de ce dernier sera de préparer les prochaines élections législatives prévues le 18 novembre.  L’Accord, a-t-il ajouté, exige également la conduite de plusieurs réformes institutionnelles car « il ne suffit pas de mener de bonnes élections pour consolider automatiquement la stabilité institutionnelle ».

Souhaitant donner une image plus précise de la longue crise institutionnelle qu’a traversée le pays, le représentant a indiqué que ces 24 dernières années, la Guinée-Bissau avait tenu cinq élections législatives, avait subi une guerre civile et avait été secouée par deux coups d’État.  Quant à M. Aristides Gomes, il est le vingtième à assumer les fonctions de Premier Ministre.

Pour réaliser l’ensemble des objectifs de Conakry, a enchaîné le représentant, le Gouvernement et le Parlement auront besoin de l’implication de la communauté internationale, notamment pour une assistance technique et pour mener une consultation électorale.  Le Gouvernement aura aussi besoin d’une aide financière pour assurer les préparatifs techniques du processus électoral, à commencer par la mise à jour et l’inscription des nouveaux électeurs sur les listes électorales.  M. Da Silva a ensuite salué la nomination d’un citoyen brésilien comme Représentant spécial du Secrétaire général pour la Guinée-Bissau, y voyant un renouveau d’espoir pour son pays.

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