8260e séance – matin
CS/13342

Syrie: L’Envoyé spécial dit devant le Conseil de sécurité l’urgence de mettre la diplomatie au service de la désescalade

L’Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Syrie, M. Staffan de Mistura, a appelé, ce matin, devant le Conseil de sécurité, à mettre d’urgence la diplomatie au service de l’appui à la désescalade, avertissant du risque d’une catastrophe régionale.

M. de Mistura a signalé que les confrontations internationales liées à la Syrie étant de plus en plus intenses et fréquentes, « une situation sans précédent depuis 1973 », et a longuement insisté sur l’importance de la désescalade, appelant notamment les parties prenantes à rétablir des règles du jeu en la matière.  Il a aussi dit avoir été encouragé par les discussions concrètes sur la désescalade qui se sont déroulées hier lors de la neuvième réunion de haut niveau d’Astana.

L’Envoyé spécial a appelé à suivre de très près l’évolution de la situation à Edleb, avertissant que si le même scénario que dans la Ghouta orientale s’y déroule, les conséquences seraient six fois plus graves, affectant 2,3 millions de personnes, la moitié déplacées, qui n’auraient nulle part où aller.  En outre, les escalades à Edleb, Daraa et dans les régions du nord-est qui ne sont pas sous le contrôle du Gouvernement risquent de menacer la paix et la sécurité internationales en raison de la présence de différentes forces internationales.

Il a également mis en garde contre toute interprétation des processus d’évacuation, qui se font sans la participation de l’ONU, comme l’ouverture vers une solution grâce à l’établissement d’une « carte simplifiée ».  L’acheminement des civils et des combattants vers le nord pourrait contribuer à reporter un conflit majeur à plus tard, a-t-il averti.

De retour d’une « tournée de consultations épuisante », l’Envoyé spécial a surtout appelé à relancer le processus de Genève, indiquant qu’en dépit de nettes divergences parmi les principales parties prenantes, des points communs subsistent cependant.  

Outre la nécessité d’une désescalade, ces points d’entente portent notamment sur la création d’un comité constitutionnel sous les auspices de l’ONU, l’établissement d’un environnement « sûr, calme et neutre », et le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de la Syrie.

Il a toutefois averti que ces points d’entente risquent de disparaître en raison de l’absence d’un dialogue international « sérieux », avertissant par ailleurs du risque d’un vide, faute de pourparlers intrasyriens.

Le manque de progrès réalisés par le processus de Genève a d’ailleurs été une source de préoccupation pour plusieurs délégations, notamment celle des États-Unis qui a déploré le refus de coopérer du régime syrien, ainsi que ses activités militaires accrues.  Le régime syrien de Bashar Al-Assad ne veut pas une solution politique mais bel et bien militaire, a-t-elle avancé.

La délégation américaine a également longuement parlé de la République islamique d’Iran, accusant ce pays d’avoir bâti un système de tirs en Syrie afin de viser Israël et mettant en garde contre la création d’un nouveau Hezbollah en Syrie.  La Fédération de Russie doit savoir que le rôle joué par l’Iran ne fait qu’aggraver la situation, a poursuivi la déléguée.  Les États-Unis ont également exhorté Moscou à empêcher la progression des milices iraniennes dans le sud du pays. 

« Si vous ne voulez pas nous aider à régler le problème, au moins ne nous gênez pas! » a rétorqué la Fédération de Russie qui a critiqué une déclaration prononcée sur le « ton de la confrontation ».

La délégation russe a notamment pointé « l’agression » des États-Unis, de la France et du Royaume-Uni contre la Syrie avertissant qu’elle avait durement limité la marge de manœuvre, insistant en outre sur l’importance pour les Syriens de se mettre d’accord sur le paramètre d’un accord et de ne pas imposer un processus artificiel ou de dates butoirs arbitraires.

En outre, les efforts des pays garants ne sont pas aidés par « les provocations d’acteurs extérieurs » qui ne font qu’alimenter le radicalisme des groupes qui combattent Damas, limitant ainsi la volonté de ces derniers à négocier, a également déploré la Russie qui a par ailleurs mis en garde contre une « réincarnation » de Daech dans les régions où se trouvent les forces américaines, une fois que les États-Unis se seront retirés.

Le Royaume-Uni a formulé l’espoir qu’une discussion en bonne et due forme, « sans polémique », puisse se dérouler dans la salle des consultations à l’issue de la réunion pour aider l’équipe de l’Envoyé spécial à avancer concrètement.

En premier lieu, a indiqué la représentante, il faudra définir la manière de protéger Edleb, et appeler les garants d’Astana à veiller à la sécurité de ses habitants pour éviter une catastrophe humanitaire.  Pour la délégation du Royaume-Uni, il importe aussi d’encourager la Syrie à rejeter la solution militaire et à interagir avec l’ONU pour identifier une solution politique. 

« Ce ne sont pas les acteurs occidentaux qui entravent le processus, comme l’affirme la Fédération de Russie, mais la Syrie », a souligné la représentante pour qui les frappes lancées, le 13 avril, par son pays, la France et les États-Unis ne doivent pas servir d’excuses pour empêcher le Gouvernement syrien de participer à un processus politique.

La République arabe syrienne est également intervenue pour accuser les États-Unis et le Royaume-Uni à chercher à se dédouaner de leur rôle dans le bain de sang en Syrie et de soutenir les groupes terroristes. 

« La lutte se poursuivra jusqu’à ce que les terroristes soient boutés hors du territoire syrien, et la Syrie n’épargnera aucun effort pour aboutir à une solution politique », a déclaré le représentant.

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT

Déclarations

Les circonstances d’une situation d’urgence persistent en Syrie, a déclaré M. STAFFAN DE MISTURA, Envoyé spécial du Secrétaire général pour la Syrie.  Il a rappelé que, le 13 avril, les États-Unis, le France et le Royaume-Uni avaient mené une série de frappes suite aux allégations d’utilisation d’armes chimiques dans la Gouta orientale.  Le 29 avril, des frappes ont été signalées contre des positions du Gouvernement syrien, certains médias avançant qu’Israël en était à l’origine.  Des frappes ont aussi été signalées le 8 mai, au sud de Damas, et Israël a été impliqué par Damas.  Ensuite, a-t-il poursuivi, Israël a dit avoir détecté « des activés iraniennes illégales » sur les hauteurs du Golan et, les 9 et 10 mai, Israël a mené des frappes contre des installations militaires syriennes et iraniennes dans le sud de la Syrie, affirmant riposter contre des tirs de roquette lancés par l’Iran depuis la Syrie.

Cette trajectoire est très préoccupante, les confrontations internationales liées à la Syrie étant de plus en plus intenses et fréquentes, « une situation sans précédent depuis 1973 », s’est alarmé M. de Mistura.  Il a aussi dit attendre les résultats de l’enquête de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) après sa visite à Douma, soulignant « l’importance primordiale » d’établir la responsabilité pour l’utilisation d’armes chimiques.

L’Envoyé spécial a ensuite fait état d’une situation préoccupante dans d’autres régions de la Syrie.  Il a expliqué que des évacuations semblables à celles qui se sont déroulées dans la Ghouta orientale se reproduisent dans l’est de Qalamoun, le Damas méridional et le nord de Homs: une escalade militaire est suivie de négociations, puis d’un accord définissant les modalités pour l’évacuation des civils et des anciens combattants qui ne veulent pas se retrouver sous le contrôle du régime syrien ou les garanties de protection de la Russie.  Des accords similaires ont été conclus à Fouah et à Kefraya mais dans le sens inverse: des civils et combattants envisageant d’être évacués de zones contrôlées par le Gouvernement après des années de siège.

Il a mis en garde contre toute interprétation de cette évolution comme l’ouverture vers une solution grâce à l’établissement d’une « carte simplifiée ».  L’acheminement des civils et des combattants vers le nord pourrait contribuer à reporter un conflit majeur à plus tard, a-t-il averti.  Il a appelé à suivre de très près l’évolution de la situation à Edleb, avertissant que si le même scénario que dans la Ghouta s’y déroule, les conséquences seraient six fois plus graves, affectant 2,3 millions de personnes, déplacées pour la moitié, qui n’auraient nulle part où aller.  En outre, les escalades à Edleb, Daraa et dans les régions du nord-est qui ne sont pas sous le contrôle du Gouvernement risquent de menacer la paix et la sécurité internationales en raison de la présence de différentes forces internationales.

M. de Mistura a ensuite dit avoir été encouragé par les discussions concrètes sur la désescalade qui sont déroulées hier lors de la neuvième réunion de haut niveau d’Astana à laquelle il a participé.  Il a aussi rapporté que les garants avaient obtenu l’appui des parties au groupe de travail pour la libération des détenus, des otages, le retour des dépouilles et l’identification des personnes disparues.

Poursuivant, l’Envoyé spécial a indiqué avoir mené, ces deux dernières semaines, une « tournée de consultations épuisante » dans plusieurs pays avec de nombreuses parties prenantes afin d’identifier les moyens de relancer le processus de Genève.  Il a fait état d’un tableau contrasté, caractérisé par de nettes divergences, mais aussi par des points communs notamment en ce qui concerne la nécessité d’une désescalade, la création d’un comité constitutionnel sous les auspices de l’ONU, l’établissement d’un environnement « sûr, calme et neutre », et le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de la Syrie.

Il a toutefois averti que ces points d’entente risquent de disparaître en raison de l’absence d’un dialogue international « sérieux », avertissant par ailleurs du risque d’un vide, faute de pourparlers intra-syriens.

M. de Mistura a également mentionné la Conférence de Bruxelles sur l’avenir de la Syrie et de la région, qui s’est tenue les 24 et 25 avril, et a fait part de son intention de renforcer la participation des femmes au processus politique.  Il a aussi indiqué que lors de cette réunion, la société civile avait soulevé de nombreuses préoccupations au sujet de la nouvelle loi numéro 10 et de ses implications pour les personnes déplacées et les réfugiés.  Il a indiqué avoir demandé des éclaircissements au Gouvernement syrien.

Revenant ensuite sur l’importante de la désescalade, il a appelé les parties prenantes à rétablir des règles du jeu en la matière.  Il faut aussi relancer le processus politique, tant en ce qui concerne le comité constitutionnel que les mesures initiales à prendre pour établir un environnement « sûr, calme et neutre », a-t-il indiqué, soulignant que la réussite du processus dépend notamment de l’interaction positive de l’ONU avec les parties syriennes.

Enfin, M. de Mistura a insisté sur l’importance que revêt une diplomatie « minutieuse », y compris au plus haut niveau.  Il a appelé à mettre d’urgence la diplomatie au service de l’appui à la désescalade, pour éviter les mauvais calculs et assurer une véritable communication sur la perception des menaces et les dilemmes sécuritaires qui, « si l’on n’y répond pas avec franchise », risquent de provoquer une catastrophe régionale, avec la Syrie en pleine ligne de mire.

Mme KELLEY A. ECKELS-CURRIE (États-Unis) a rappelé que les forces iraniennes ont lancé une attaque contre Israël depuis la Syrie la semaine dernière.  Elle a appuyé le droit à la légitime défense d’Israël, avant de mentionner l’objectif de la République islamique d’Iran en Syrie.  L’Iran a bâti un système de tirs en Syrie afin de viser Israël, a-t-elle accusé.

Elle a exhorté l’Iran à s’abstenir de toute provocation supplémentaire.  Les agissements de l’Iran ne servent pas les intérêts du peuple syrien, a-t-elle dit, en mettant en garde contre la création d’un nouveau Hezbollah en Syrie.  La Fédération de Russie doit savoir que le rôle joué par l’Iran ne fait qu’aggraver la situation, a poursuivi la déléguée.

Il n’y a aucun progrès à Genève, a-t-elle tranché.  La représentante des États-Unis a déploré le refus de coopérer du régime syrien de Bashar Al-Assad en vue d’une solution politique, ainsi que ses activités militaires accrues.  Le régime syrien a employé des armes chimiques plus de 50 fois depuis le début du conflit, a-t-elle également accusé.  Ce régime ne veut pas une solution politique mais bel et bien militaire, a-t-elle dit.

La déléguée a exhorté la Russie à empêcher la progression des milices iraniennes dans le sud du pays.  « Nous devons envoyer un message clair au régime d’Assad: seul un processus politique emmené par l’ONU permettra de régler la crise, a-t-elle conclu.  « Plus nous attendons, plus les risques de confrontation sont accrus. »

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie) a fait part de son appui à l’obtention d’un accord politique en dépit de l’effet destructeur de l’action récente des États-Unis, de la France et du Royaume-Uni.  Il a pointé le manque d’empathie exprimé par sa collègue des États-Unis à ce sujet, critiquant par ailleurs une déclaration prononcée sur le « ton de la confrontation » qui ne concorde pas avec le message de l’Envoyé spécial qui a appelé à « laisser travailler la diplomatie ».

Le représentant est revenu sur la réunion d’Astana, expliquant que la situation dans les zones de désescalade y avait été analysée, ainsi que la nécessité d’intensifier des efforts pour aider les Syriens à reprendre une vie normale et pacifique, et pour faciliter l’acheminement de l’aide et le retour des réfugiés.  Il a aussi salué le fait que l’Envoyé spécial ait manifesté son empressement à travailler avec le groupe de travail pour la libération des otages.  Il a insisté sur l’importance pour les Syriens de se mettre d’accord sur le paramètre d’un accord, mettant en garde contre l’imposition d’un processus artificiel ou de dates butoirs arbitraires.  L’agression des États-Unis, de la France et du Royaume-Uni contre la Syrie a toutefois durement limité la marge de manœuvre, a-t-il regretté.

Tournant ensuite son attention sur la situation sur le terrain, le représentant russe a indiqué que la liquidation des groupes terroristes progresse.  Cependant, les efforts des pays garants ne sont pas aidés par « les provocations d’acteurs extérieurs » qui ne font qu’alimenter le radicalisme des groupes qui combattent Damas, limitant ainsi la volonté de ces derniers à négocier.

Le représentant a indiqué que la paix revient dans les quartiers libérés d’Edleb et que certains services sociaux ont été rétablis dans la Ghouta orientale où plusieurs dizaines de milliers de personnes évacuées ont par ailleurs pu regagner leurs foyers.  Il a en revanche fait état d’une dégradation de la situation dans certains camps de réfugiés qui ne sont pas sous le contrôle du Gouvernement et à Raqqa où, a-t-il affirmé, la situation est catastrophique.  Mais la solution est simple, a-t-il ajouté, il faut rétablir la souveraineté de Damas sur ces territoires.

M. Polyanskiy a aussi parlé des combats menés pour déloger les terroristes qui se trouvent dans le camp de Yarmouk.  La semaine dernière, le territoire tenu par ces insurgés a été réduit.  À Deïr el-Zor, a-t-il poursuivi, l’armée syrienne a lancé une offensive contre l’EIIL et 4,5 kilomètres carrés ont été nettoyés, tandis qu’une opération de grande ampleur est en cours dans l’est pour liquider l’EIIL.

Il s’est toutefois inquiété du manque de respect manifesté par « certains acteurs internationaux » à l’égard de l’intégrité de la Syrie, avertissant que cela alimente les conflits et ne rapproche pas d’une solution politique.  Comment garantir qu’on ne verra pas de nouvelles agressions sous un prétexte imaginaire? a-t-il lancé, dénonçant un comportement « irresponsable ».  « Si vous ne voulez pas nous aider à régler le problème, au moins ne nous gênez pas! » s’est-il exclamé.

S’adressant ensuite directement à la représentante des États-Unis, il a demandé à savoir ce qui justifie la présence des forces américaines en Syrie et à connaître leur objectif.  Il a fait observer que les zones où se trouvent les troupes américaines sont devenues « le repère de terroristes ».  Qu’en est-il des centaines des combattants de l’EIIL retenus par les forces qui vous sont loyales?  Qu’en est-il de l’enquête, qu’elle est l’origine de ces personnes? a-t-il voulu savoir.  Il a mis en garde contre une « réincarnation » de l’EIIL dans ces régions une fois que les États-Unis auront quitté cette zone, « car il leur faudra bien la quitter un jour ».

M. KAIRAT UMAROV (Kazakhstan) a salué le fait que les représentants du Gouvernement syrien et de l’opposition, avec leurs États garants, aient confirmé unanimement, les 14 et 15 mai à Astana, la nécessité de continuer de faire des progrès.  Les parties avaient discuté, entre autres questions, des efforts nécessaires pour assurer le respect des accords conclus pendant les huit tables rondes à Astana.  Le représentant a ajouté que Genève devrait rester la principale plateforme internationale pour trouver et mettre en œuvre le règlement politique de la crise syrienne.  Il faut également continuer à soutenir les objectifs des pourparlers d’Astana et poursuivre les négociations de Genève tout en bénéficiant de la fusion de ces plateformes importantes afin de voir des résultats positifs, a-t-il suggéré. 

« Nous entendons beaucoup de questions et de craintes sur les perspectives d’Edleb qui devraient certainement être notre priorité », a poursuivi M. Umarov.   « Nous ne pouvons pas nous permettre une guerre à Edleb et nous demandons donc aux principales parties prenantes qui ont une influence sur les parties en conflit de mener des négociations aux niveaux national et local afin d’éviter toute tension », a encore prié le délégué du Kazakhstan qui a, avant de terminer, formulé le vœu de voir la Conférence de Bruxelles, tenue les 24 et 25 avril derniers, créer les conditions favorables à une résolution pacifique du conflit en Syrie. 

M. MA ZHAOXU (Chine) s’est félicité du dernier cycle du dialogue d’Astana et a souhaité l’avancement du processus de Genève.Seule une solution politique permettra une sortie de crise, a-t-il dit, ajoutant que l’ONU est le principal canal de médiation sur ce dossier.Il a exhorté le Conseil à rester uni avant d’appeler les principaux acteurs à jouer un rôle constructif.L’opposition doit s’engager dans le dialogue sans conditions préalables, a-t-il dit.Le délégué a rappelé la tenue d’une conférence sur la Syrie les 13 et 14 mai en Chine, marquée par des débats nourris sur les perspectives de solution politique en Syrie.

M. PEDRO LUIS INCHAUSTE JORDAN (Bolivie) a salué la tenue de la récente réunion à Astana, au Kazakhstan, « aux résultats positifs ».  Le processus d’Astana a permis une diminution de la violence, a-t-il dit.  Il a enjoint les acteurs concernés à garantir un accès humanitaire sans entrave et à protéger les civils en Syrie.  Les personnes déplacées doivent pouvoir regagner leurs foyers, a-t-il dit, en insistant sur l’importance du travail de déminage en Syrie.

Il a souligné la nécessité d’une désescalade à Edleb, avant de plaider pour des mesures permettant d’établir la confiance entre les parties en vue de l’avancement du processus politique. 

Enfin, le délégué bolivien a rappelé qu’il revient au peuple syrien de décider de son destin, sans ingérence extérieure.

Mme KAREN PIERCE (Royaume-Uni) a constaté que l’action de l’Envoyé spécial n’avait pas pu obtenir des résultats aussi rapidement que souhaité mais a néanmoins salué ces efforts.  Elle a insisté sur l’importance d’identifier les mesures à prendre pour aller de l’avant et a formulé l’espoir qu’une discussion en bonne et due forme, « sans polémique », puisse se dérouler dans la salle des consultations à l’issue de la réunion.

En premier lieu, a-t-elle indiqué, il faudra définir la manière de protéger Edleb, source de nombreuses préoccupations.  Elle a notamment appelé les garants d’Astana à veiller à la sécurité des habitants d’Edleb pour éviter une catastrophe humanitaire.

Elle a également jugé nécessaire d’encourager la Syrie à rejeter la solution militaire et à interagir avec l’ONU pour identifier une solution politique.  Ce ne sont pas les acteurs occidentaux qui entravent le processus, comme l’affirme la Fédération de Russie, mais la Syrie, a-t-elle souligné.

La représentante a ensuite appuyé l’appel lancé par l’Envoyé spécial pour renforcer la participation des femmes, ainsi que les propos des États-Unis concernant la République islamique d’Iran.

Revenant sur les frappes lancées par les États-Unis, la France et le Royaume-Uni, elle a fait observer que celles-ci avaient permis d’éviter une catastrophe humanitaire en empêchant le déroulement d’une autre attaque chimique. 

Ces événements ne doivent pas servir d’excuses pour empêcher le Gouvernement syrien de participer à un processus politique, a-t-elle souligné.  « Ce qu’il nous faut, a-t-elle de nouveau insisté, c’est une discussion très poussée et très détaillée en consultation pour aider l’équipe de l’Envoyé spécial à avancer concrètement. »

M. MOUNZER MOUNZER (République arabe syrienne) a dénoncé les allégations erronées proférées, selon lui, par les délégations des États-Unis et du Royaume-Uni.  Ces pays veulent se dédouaner de leur rôle dans le bain de sang en Syrie, a-t-il dit, en les accusant de soutenir les groupes terroristes.  Il a rappelé le passé impérialiste de ces deux pays, avant de se féliciter que son gouvernement ait contrecarré leurs visées à Alep et dans la Ghouta orientale.  « Vous ne vaincrez pas », a-t-il lancé à ces deux pays et à la France.

Il a rappelé la priorité accordée par son gouvernement au bon acheminement de l’aide humanitaire.  Les opérations militaires couronnées de succès des forces syriennes contre les groupes terroristes ont permis de réduire les souffrances des civils, a-t-il déclaré. 

Le délégué a accusé les États-Unis d’avoir agressé son pays et d’avoir appuyé l’agression israélienne en Syrie le 9 mai dernier.  Israël continue ses actes d’agression et bénéficie de l’appui des États-Unis, a-t-il tranché.  « La Syrie est prête à contrecarrer toute agression contre sa souveraineté. »

Il a remercié ses alliés et affirmé que la lutte se poursuivra jusqu’à ce que les terroristes soient boutés hors du territoire syrien.  Il revient au peuple syrien de décider de son destin, a-t-il déclaré, en ajoutant que son pays n’épargnerait aucun effort pour aboutir à une solution politique.

Reprenant la parole la représentante du Royaume-Uni s’est félicitée du fait que la République arabe syrienne ait affirmé ne vouloir épargner aucun effort pour identifier une solution politique au conflit.  Elle a demandé à la délégation d’affirmer que la Syrie fournira tout autant d’efforts pour dialoguer avec l’Envoyé spécial et le Conseil de sécurité pour garantir le succès du processus de Genève.  Une telle déclaration permettrait de débloquer énormément de choses, a–t-elle affirmé.

Le représentant de la République arabe syrienne a rappelé qu’une délégation syrienne travaille directement avec l’Envoyé spécial dans la perspective d’identifier une solution pacifique pour sortir de la crise.

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