8235e séance – matin
CS/13301

Conseil de sécurité: le nouvel Envoyé Spécial pour le Yémen plaide pour une solution politique à la guerre et à la crise humanitaire

La guerre au Yémen est devenue plus urgente au cours des dernières semaines a reconnu ce matin le nouvel Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Yémen, M. Martin Griffiths, lors d’une réunion d’information au Conseil de sécurité.  Il a toutefois tenu à souligner qu’une solution politique permettant de mettre fin à la guerre était « à portée de main ».  Le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, M. Mark Lowcock, a rappelé que la situation humanitaire dans le pays était la pire au monde, avec plus de 22 millions de personnes ayant besoin d’une aide urgente, dont 8,4 millions de personnes souffrant d’insécurité alimentaire.

Le peuple du Yémen a désespérément besoin de signes d’espoir indiquant que la guerre cessera bientôt, a plaidé M. Griffiths.  L’Envoyé spécial, qui a pris ses fonctions le 11 mars dernier, a expliqué avoir déjà pris le temps de rencontrer et d’écouter un certain nombre de Yéménites issus de toutes les parties et de nombreuses organisations civiques.  Il a ensuite annoncé son intention de présenter au Conseil un cadre de négociation « d’ici deux mois ».

Nous savons, a poursuivi M. Griffiths, que résoudre le conflit du Yémen implique que ses dirigeants s’entendent pour mettre leurs divergences de côté et pour les gérer non pas à travers l’affrontement, mais par le biais du dialogue et du débat.  « Placer les Yéménites au cœur de nos priorités n’est pas seulement approprié et juste, c’est aussi la seule façon de parvenir à la paix », a-t-il insisté.  D’après lui, un accord politique négocié, passant par un dialogue inclusif intra-yéménite, reste la seule façon de mettre fin au conflit et à la crise humanitaire.

À l’instar de son collègue, M. Lowcock a exhorté toutes les parties au conflit à prendre des mesures concrètes pour protéger les civils et faciliter l’accès humanitaire.  Tout en relevant des améliorations, il s’est dit préoccupé par les lenteurs des importations commerciales via les ports yéménites, en particulier les ports de Hodeïda et Salif.  Des mesures sont prises pour renforcer le mécanisme de vérification et d’inspection des Nations Unies qui examine les cargaisons dans les deux ports précités, a-t-il dit, en demandant l’accélération des importations via les ports yéménites. 

Le Secrétaire général adjoint a déploré que les aéroports au Yémen demeurent fermés au trafic civil, empêchant des milliers de patients gravement malades de se rendre à l’étranger pour recevoir des soins.  À moins que des mesures ne soient prises dans certains districts à haut risque, une nouvelle grave épidémie de choléra pourrait se déclarer, a par ailleurs mis en garde M. Lowcock.  Il a indiqué que les agences, ayant tiré les leçons de la précédente épidémie, positionnaient des fournitures et ressources en eau chlorée. 

 

L’Envoyé spécial s’est également dit préoccupé par le nombre croissant de missiles balistiques lancés contre l’Arabie saoudite, par l’intensification des confrontations militaires dans la province de Saada et les pertes parmi les civils.  Évoquant des rapports non vérifiés faisant état d’une augmentation des mouvements de forces au Yémen, il a dit craindre « que l’une de ces évolutions puisse faire échouer en un clin d’œil les efforts de paix », avant de rappeler l’importance stratégique de la stabilité au Yémen, cruciale pour son peuple, ses voisins et la communauté internationale.  « Il va falloir trouver une synergie efficace entre médiation et diplomatie », a-t-il conclu. 

Plusieurs des membres du Conseil ont, à l’image du Royaume-Uni, déploré les conséquences humanitaires du conflit, tout en estimant qu’il était possible de régler ce dernier « si nous avançons conjointement et rapidement ».  À la différence de la situation en Syrie, il peut y avoir un consensus entre membres du Conseil sur le Yémen, ont également estimé les États-Unis. 

Les États-Unis ne veulent toutefois pas récompenser les acteurs qui ont des agissements négatifs au Yémen.  « L’Iran doit cesser son ingérence », a déclaré leur représentante qui, comme plusieurs membres du Conseil après elle, a dénoncé les tirs de missiles contre l’Arabie saoudite par les houthistes, avant d’affirmer que le Conseil n’avait pas fait le nécessaire pour s’assurer que l’Iran respecte l’embargo sur les armes.  Dénonçant lui aussi les menaces des houthistes à l’encontre de l’Arabie saoudite et des pays de la région, le Koweït les a accusés de défier la communauté internationale.

Les nouveaux tirs de missiles contre l’Arabie saoudite sont inacceptables et éloignent la perspective d’une issue politique, a jugé la France, qui a appelé les parties à l’apaisement dans un contexte régional « extrêmement tendu ».  « L’unité de ce Conseil est d’une importance essentielle et nous avons –chacun d’entre nous et collectivement– un rôle à jouer à cet égard », a rappelé son représentant.

Pour sa part, la Fédération de Russie a condamné les frappes aveugles menées contre des civils et réitéré sa position de principe: les parties au conflit doivent s’abstenir de recourir à la force.  Mais en même temps, elle a insisté pour « ne pas ostraciser » et au contraire « inclure toutes les parties ayant une influence au Yémen », en souhaitant que le nouvel Envoyé Spécial « contrecarre la tendance actuelle ».

La solution à la crise se fonde sur « un cahier des charges très clair », a considéré, pour sa part, le représentant du Yémen, qui a appelé l’Envoyé spécial à mettre avant tout l’accent sur le respect des résolutions du Conseil par les houthistes.  « On ne peut pas accepter que la vie politique soit gérée par des milices », a-t-il insisté, estimant que, « si l’on accepte que celles-ci soient les garantes de la stabilité de la région, on pratique la politique de l’abîme ». 

Pour le représentant du Yémen, les milices houthistes iraniennes et leurs alliés ont essayé de compromettre ce cahier des charges et utilisé le chaos et la violence « pour imposer les desseins expansionnistes de l’Iran », qu’il a accusé de s’ingérer de façon flagrante dans les affaires intérieures du Yémen et d’autres pays de la région, et de chercher à les déstabiliser.  Il a aussi reproché au Conseil de sécurité de « n’avoir pas réussi à faire pression sur l’Iran ».

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT

Déclarations

M. MARTIN GRIFFITHS, Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Yémen, qui a pris ses fonctions le 11 mars dernier, a expliqué avoir déjà pris le temps de rencontrer et d’écouter un certain nombre de Yéménites, issus de toutes les parties et de nombreuses organisations civiques.  À cet égard, il a noté que les femmes étaient souvent « celles qui parlent avec le plus de clarté et de générosité ». 

« Les discours sur le Yémen sont nombreux et malheureusement souvent incendiaires », a reconnu M. Griffiths, pour qui la rhétorique sur le Yémen est impitoyable.  « Je sais comme vous que la paix devient possible quand nous arrivons à voir le bien chez nos ennemis, tout en voyant clairement les cruautés de la guerre », a-t-il déclaré. 

Nous savons, a poursuivi M. Griffiths, que résoudre le conflit du Yémen implique que ses dirigeants s’entendent pour mettre leurs divergences de côté et pour les gérer non pas à travers l’affrontement, mais par le biais du dialogue et du débat.  « Placer les Yéménites au cœur de nos priorités n’est pas seulement approprié et juste, c’est aussi la seule façon de parvenir à la paix », a-t-il insisté.

Dans son premier rapport préliminaire au Conseil de sécurité, a expliqué l’Envoyé spécial, il dira « ce qu’il craint » et tentera d’identifier des signes d’espoir.  Il a indiqué avoir l’intention de présenter d’ici deux mois au Conseil un cadre de négociation.

Au titre des « bonnes nouvelles », M. Griffiths a d’abord souligné qu’une « solution politique permettant de mettre fin à cette guerre est à portée de main ».  Toutefois, a-t-il averti, pour que les négociations soient couronnées de succès, il faudra de la patience et de la bonne foi entre les parties.  Tous les Yéménites aspirent à un Yémen stable et sûr, ayant un gouvernement responsable envers ses citoyens.

Le Gouvernement, s’est félicité l’Envoyé spécial, n’a ménagé aucun effort pour l’aider à comprendre ses positions et sa volonté de dialoguer.  Les réunions avec les dirigeants du mouvement Ansar Allah l’ont également encouragé et des commentaires semblables ont été faits par les dirigeants de divers partis yéménites. 

S’il ne s’est pas encore rendu dans le sud, M. Griffiths a dit avoir également commencé à s’entretenir avec des groupes du sud, dont les frustrations et aspirations ont été mises en relief par le conflit.  « Il n’y aura pas de paix au Yémen si nous n’écoutons pas les voix du sud », a-t-il mis en garde. 

« Mettre fin à une guerre n’équivaut pas à créer la paix et il en va de même pour le Yémen », a souligné l’Envoyé spécial.  « Nous devons d’abord nous concentrer sur la fin des hostilités ».  D’après lui, un accord politique négocié, passant par un dialogue inclusif intra-yéménite, reste la seule façon de mettre fin au conflit et à la crise humanitaire.  À ce sujet, M. Griffiths a demandé un accès sans entrave et sans conditions à toutes les parties prenantes.

L’Envoyé spécial a également relevé que le dialogue national, qui a inclus un très grand nombre de participants de la société civile, constituait un précédent décisif.  La société civile devra pleinement participer à la reconstruction des institutions étatiques, a-t-il ajouté.

Avant de passer aux « mauvaises nouvelles », M. Griffiths a rappelé que « l’heure la plus sombre précède l’aube ».  La guerre est devenue plus urgente au cours des dernières semaines, a déclaré l’Envoyé spécial, qui s’est notamment dit préoccupé par le nombre croissant de missiles utilisés, par l’intensification des confrontations militaires dans la province de Saada et les pertes parmi les civils.  Il a évoqué des rapports non vérifiés faisant état d’une augmentation des mouvements de forces au Yémen et a dit craindre « que l’une de ces évolutions puisse faire échouer en un clin d’œil les efforts de paix ». 

Le peuple du Yémen a désespérément besoin de signes d’espoir indiquant que la guerre cessera bientôt, a plaidé M. Griffiths.  Par exemple, avec l’assentiment des parties, nous avons travaillé à la réouverture de l’aéroport de Sanaa et au droit des Yéménites de voyager, a-t-il expliqué.  Il s’est par ailleurs inquiété des détentions pratiquées par toutes les parties. 

M. Griffiths a enfin rappelé l’importance stratégique de la stabilité au Yémen, cruciale pour son peuple, ses voisins et la communauté internationale.  « Il va falloir trouver une synergie efficace entre médiation et diplomatie », a-t-il conclu. 

M. MARK LOWCOCK, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, a rappelé que la situation humanitaire au Yémen était la pire au monde, avec plus de 22 millions de personnes ayant besoin d’une aide urgente, y compris 8,4 millions de personnes qui souffrent d’insécurité alimentaire.  Il a précisé que plus de 190 partenaires, principalement yéménites, apportaient une aide et a annoncé que, cette année, le Programme alimentaire mondial (PAM) prévoyait de porter secours à 10 millions de personnes par mois.  Il s’est félicité des quelque 2 milliards de dollars de contributions annoncés lors de la dernière conférence des donateurs au début du mois, avant de saluer les 930 millions de dollars donnés par l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis pour financer le Plan de réponse humanitaire. 

Le Secrétaire général adjoint a exhorté toutes les parties au conflit à prendre des mesures concrètes pour protéger les civils et faciliter l’accès humanitaire.  S’il y a eu des améliorations, il s’est dit préoccupé par les lenteurs des importations commerciales via les ports yéménites, en particulier les ports de Hodeïda et de Salif.  Des mesures sont prises pour renforcer le mécanisme de vérification et d’inspection des Nations Unies qui examine les cargaisons dans les deux ports précités, a-t-il dit, en demandant l’accélération des importations via les ports yéménites.  Il a déploré que les aéroports au Yémen demeurent fermés au trafic civil, empêchant des milliers de patients gravement malades de se rendre à l’étranger pour recevoir des soins. 

M. Lowcock a également dénoncé les obstacles bureaucratiques imposés par les autorités yéménites, les agents humanitaires continuant de faire face à des retards dans l’octroi des visas et à des fouilles aux différents points de contrôle.  Certains travailleurs humanitaires ont même été détenus, a-t-il fait observer.  « Si nous avons accès aux quelque 333 districts du Yémen, les restrictions et l’insécurité font que 1,2 million de personnes ayant besoin d’une aide vivent dans des zones inaccessibles pour les organisations humanitaires », a-t-il déploré.

À moins que des mesures ne soient prises dans certains districts à haut risque, une nouvelle grave épidémie de choléra pourrait se déclarer, a mis en garde M. Lowcock.  Il a indiqué que les agences, ayant tiré les leçons de la précédente épidémie, positionnaient des fournitures et ressources en eau chlorée. 

Le Secrétaire général adjoint s’est dit très préoccupé par les affrontements et les frappes pour la population civile, en particulier dans les provinces de Hodeïda, Taëz, Saada et Hajjah.  Il a déploré les pertes en vies humaines et l’augmentation des déplacements forcés.  « Près de trois millions de femmes et de filles courent le risque de violence sexuelle », a-t-il insisté.

M. Lowcock s’est dit en outre très préoccupé par les tirs de missiles contre l’Arabie saoudite à partir du Yémen, mettant en danger de nombreux civils.  Il a rappelé à toutes les parties leurs obligations en vertu du droit international et plaidé pour la retenue afin d’éviter toute escalade.  La réponse humanitaire, si elle peut beaucoup, ne pourra résoudre la crise, a-t-il conclu, en appelant les acteurs à œuvrer en vue d’un règlement durable. 

Mme KAREN PIERCE (Royaume-Uni) a rappelé qu’il ne sera possible de régler le conflit au Yémen que par la voie politique et a lancé un appel à l’action pour permettre à l’Envoyé spécial de mettre en œuvre le plan qu’il a présenté.  Déplorant les conséquences humanitaires désespérées du conflit, elle a néanmoins affirmé qu’il « n’en reste pas moins que c’est un conflit qu’il est possible de régler si nous avançons conjointement et rapidement ». 

La représentante a salué les récentes annonces de contributions financières, mais, a-t-elle souligné, les fonds ne suffisent pas et il faut déployer davantage d’efforts pour apporter au Yémen des produits commerciaux et trouver une solution au problème des taux de change.  Elle s’est également dite préoccupée par les problèmes d’accès aux zones tenues par les houthistes et par le sort des familles.

Les conséquences du conflit pour la stabilité régionale sont dangereuses, a averti la représentante, l’Arabie saoudite risquant d’être la cible de missiles, notamment dans des zones occupées par des civils.  Elle a ainsi appelé toutes les parties au conflit à honorer leurs obligations au regard du droit international humanitaire.  Enfin, elle a engagé l’Iran « à cesser toute activité de déstabilisation ».

Mme NIKKI R. HALEY (États-Unis) a dit espérer que toutes les parties dialogueraient avec l’ONU, estimant en outre qu’il pouvait y avoir un consensus entre membres du Conseil sur le Yémen, à la différence de la situation en Syrie.  Nous ne devons pas récompenser les acteurs qui ont des agissements négatifs au Yémen, a poursuivi la représentante, pour qui « l’Iran doit cesser son ingérence ».  Elle a dénoncé les tirs de missiles contre l’Arabie saoudite par les houthistes, avant d’affirmer que le Conseil n’avait pas fait le nécessaire pour s’assurer que l’Iran respecte l’embargo sur les armes. 

L’Iran ne respecte pas la résolution 2216 (2015), a affirmé Mme Haley.  « Les houthistes ne fabriquent pas des missiles balistiques et ont reçu l’aide des Iraniens », a-t-elle affirmé.  Elle a exhorté la communauté internationale à afficher un front uni face aux houthistes, lesquels sont, a-t-elle assuré, prêts à lancer d’autres missiles.  La représentante a en outre exhorté les parties à faire preuve de retenue et à œuvrer en vue d’un règlement négocié.  Nous devons changer les choses au Yémen, a-t-elle dit, en demandant un accès humanitaire sans entrave dans le pays. 

Mme Haley a dit appuyer le mécanisme de vérification et d’inspection des Nations Unies, avant de mentionner la contribution de 87 millions de dollars promise par son pays pour remédier à la crise humanitaire au Yémen.  Nous avons apporté notre soutien à la coalition de l’Arabie saoudite, qui doit faire attention pour ne pas faire de victimes civiles, a-t-elle poursuivi.  Enfin, elle a de nouveau exhorté le Conseil « à ne pas avoir peur » d’agir face aux provocations des houthistes et de leur allié iranien. 

M. CARL ORRENIUS SKAU (Suède) a insisté pour que l’Envoyé spécial poursuive son dialogue au Yémen, notamment avec les femmes.  Il a souligné la nécessité d’appuyer la reprise du processus politique sous l’égide des Nations Unies.  Le Conseil de sécurité doit « afficher un front uni » et appuyer le nouvel Envoyé spécial, a-t-il dit, ajoutant que toutes les parties devaient coopérer avec lui et mettre rapidement en œuvre des mesures de confiance.  La question du sud devra également être réglée dans le cadre de négociations, a estimé le représentant.

Sur la situation humanitaire, M. Orrenius Skau s’est référé aux mesures stipulées dans la déclaration présidentielle du Conseil du 15 mars dernier.  « Hélas, il est clair qu’elle n’est pas vraiment mise en œuvre », a-t-il regretté, notant qu’aucune évacuation humanitaire, même d’urgence, n’a été autorisée à ce jour et que les violations du droit humanitaire se poursuivent.  Il faut une véritable responsabilisation, a insisté le représentant, pour qui « le Conseil de sécurité doit exiger que ses décisions soient respectées ».  Enfin, la Suède ayant coorganisé la réunion de haut niveau relative aux annonces contributions pour le Yémen qui s’est tenue à Genève le 3 avril dernier, M. Orrenius Skau a remercié les donateurs qui ont promis plus de 2 milliards de dollars. 

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a souligné la gravité de la situation au Yémen et a jugé inacceptables les nouveaux tirs contre l’Arabie saoudite, lesquels éloignent la perspective d’une issue politique.  « Nous appelons les parties à l’apaisement dans un contexte régional extrêmement tendu », a-t-il déclaré. 

Le représentant a rappelé que la situation humanitaire continuait de se dégrader avant de saluer l’annonce du plan humanitaire de la coalition.  L’accès de l’aide humanitaire demeure notre principale préoccupation, a-t-il ajouté, en demandant un accès sûr et sans entrave pour l’aide humanitaire.  Il a en outre annoncé la tenue à Paris, d’ici à l’été, d’une conférence humanitaire sur le Yémen. 

Nous devons rester mobilisés pour soutenir une nouvelle dynamique politique, seule issue durable à ce conflit, a poursuivi M. Delattre, qui a exhorté les acteurs régionaux à jouer un rôle constructif au Yémen.  « L’unité de ce Conseil est d’une importance essentielle et nous avons –chacun d’entre nous et collectivement– un rôle à jouer à cet égard », a-t-il rappelé. 

Mme LISE GREGOIRE VAN HAAREN (Pays-Bas) a fait part de sa grande préoccupation face à l’impact des hostilités sur les civils notamment en l’absence d’un cessez-le-feu et averti contre les violations récurrentes des droits de l’homme et du droit international humanitaire.  Alors que la guerre se prolonge, a-t-elle poursuivi, rendre des comptes devient plus urgent, sans quoi un règlement politique négocié aura peu de chance d’aboutir.  Sur le plan de l’aide humanitaire, la représentante a appelé à la mise en œuvre totale de la déclaration présidentielle du 15 mars, notamment l’appel du Conseil pour un accès durable et sans entrave à tous les ports du Yémen aussi bien pour les biens humanitaires que commerciaux.  Elle a, de même, insisté pour que tous les biens soient acheminés vers les personnes dans le besoin.  En conclusion, elle a appelé toutes les parties au conflit à éviter toute escalade et à s’engager avec le nouvel Envoyé sans conditions préalables.  

M. MANSOUR AYYAD SH. A. ALOTAIBI (Koweït) a assuré l’Envoyé spécial du soutien de son pays en vue d’une issue pacifique au Yémen.  Il a condamné les tirs de missiles balistiques par les houthistes contre l’Arabie saoudite.  Les houthistes mettent au défi la communauté internationale, a-t-il dit, en dénonçant les menaces des houthistes contre l’Arabie saoudite et les pays de la région.  Il a rappelé que le Conseil a fait une déclaration à la presse pour condamner les tirs contre des villes saoudiennes.  Les houthistes ont continué de lancer des missiles et choisi l’escalade, a-t-il déploré, ajoutant que tous les États Membres devaient respecter l’embargo sur les armes prévu par la résolution 2216 (2015), a-t-il poursuivi.  Il a en outre rappelé la contribution de 250 millions de dollars apportée par son pays pour remédier à la situation humanitaire au Yémen. 

Le Conseil doit rester uni et ferme face à la crise yéménite, a déclaré M. Alotaibi, qui a jugé inacceptable que les ambitions de quelques-uns l’emportent sur le bien de tout un peuple et que les tirs de missiles contre l’Arabie saoudite se poursuivent.

M. KAIRAT UMAROV (Kazakhstan) a appelé à accroître l’aide humanitaire d’urgence et permettre un accès sans entrave partout au Yémen, où plus de deux millions de personnes sont encore déplacées.  Il a appelé toutes les parties à respecter leurs obligations en vertu du droit international humanitaire et assumer leurs responsabilités pour atténuer les souffrances à travers une coopération totale avec l’ONU et les agences humanitaires concernées.  Le Yémen, a rappelé le représentant, connaît la crise humanitaire la plus grave au monde avec plus de 22 millions de personnes nécessitant aide humanitaire et protection.  Il a salué la décision de la coalition de maintenir ouverts les ports, y compris ceux de Hodeïda et Salif, afin de permettre la circulation sans restriction de cargos humanitaires et commerciaux. 

Sur le plan politique, M. Umarov s’est dit alarmé par la résurgence de la situation inquiétante, notamment dans la province sud de Hodeïda.  De même, il a fait part de son inquiétude face aux frappes aériennes et affrontements qui ont connu une intensification dans les faubourgs de la province de Jaouf.  À cet égard, il a appelé toutes les parties à s’engager pour une cessation des hostilités. 

Le représentant a appelé le Conseil de sécurité à œuvrer davantage pour la résolution du conflit au Yémen avec pour objectif une stabilisation de la situation dans toute la région, estimant inacceptables les attaques de roquettes contre des cibles civiles sur le territoire de l’Arabie saoudite, un acte que le Kazakhstan condamne fermement. 

M. PAWEL RADOMSKI (Pologne) a souligné le besoin urgent de relancer le processus politique au Yémen.  D’après le représentant, la responsabilité principale de ce Conseil est de tracer la voie d’une solution pacifique au conflit.  « Les civils continuent de payer le prix des hostilités en cours », a-t-il rappelé.  Il a encouragé les acteurs régionaux ayant une influence sur les parties au conflit à les convaincre de coopérer avec le nouvel Envoyé spécial du Secrétaire général.

Si la Pologne a salué les résultats de la réunion de Genève sur les annonces de contributions, M. Radomski a constaté que la situation humanitaire au Yémen restait désespérée.  Il est crucial, a-t-il jugé, d’assurer le versement des salaires aux fonctionnaires à travers le pays.  De même, la fourniture de biens commerciaux et humanitaires doit être garantie.  Le représentant a ainsi exhorté toutes les parties au conflit à respecter pleinement les dispositions de la déclaration présidentielle du 15 mars dernier.

S’agissant des hostilités en cours, le représentant a appelé les parties prenantes à s’abstenir de prendre des actions qui pourraient aggraver la situation, y compris les tirs de missiles balistiques par les houthistes contre l’Arabie saoudite, et à coopérer pleinement avec le Groupe d’experts éminents sur le Yémen. 

M. WU HAITAO (Chine) a déploré la stagnation politique au Yémen, ainsi que la gravité de la situation humanitaire.  Seule une solution politique permettra de régler la crise, a-t-il dit, en demandant à l’ONU de poursuivre ses efforts.  Il a appelé le Conseil à rester uni, avant d’exhorter les parties à sortir de l’impasse actuelle.  Le représentant s’est félicité de la tenue de la récente conférence de donateurs et a indiqué que son pays avait d’ores et déjà fourni une aide humanitaire de 150 millions de renminbis au Yémen.  Enfin, il a assuré de l’engagement de son pays en vue de trouver une solution durable à la situation au Yémen. 

M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) a regretté l’escalade de la violence dans plusieurs provinces yéménites, qui ont récemment été le théâtre de raids aériens et d’affrontements armés.  Cette recrudescence des combats s’est soldée par 85 000 déplacements supplémentaires depuis le mois de décembre 2017, venus s’ajouter au plus de deux millions de personnes déplacées à l’intérieur du pays depuis le début du conflit, a-t-il déploré.  Face à la persistance de rapports faisant état de recrutements d’enfants comme combattants, à la situation humanitaire catastrophique dans laquelle se trouve la population du pays, dont 60% est actuellement en situation de précarité alimentaire, et à la propagation de l’épidémie de choléra, qui touche désormais presque 1,1 million de personnes, le représentant a appelé le Conseil à condamner « unanimement et avec fermeté » les agissements de ceux qui contribuent à la détérioration du conflit.  Il a également appelé le Conseil à faire pression sur les parties pour garantir le bon fonctionnement opérationnel des aéroports et ports maritimes, sources d’approvisionnement en nourriture clefs pour la population civile.  Enfin, M. Llorentty Solíz a appelé les parties à entamer un processus de négociations censé aboutir à terme à une transition politique ouverte.

M. THÉODORE DAH (Côte d’Ivoire) a déploré l’impasse politique actuelle et appelé à un règlement politique du conflit, à travers un processus inclusif réunissant tous les acteurs.  Les efforts internationaux déployés sur le plan politique en vue de trouver une issue pacifique seront totalement vains s’ils ne sont pas accompagnés de progrès significatifs sur le terrain, a-t-il poursuivi.  Le représentant a plaidé pour un cessez-le-feu intégral et la reprise des négociations politiques pour une paix durable.  Enfin, M. Dah a salué les efforts de l’ONU en vue de donner une nouvelle impulsion aux pourparlers de paix, avant de réaffirmer son attachement à l’unité et la souveraineté du Yémen. 

M. DAWIT YIRGA WOLDEGERIMA (Éthiopie) a jugé urgent de résoudre la crise au Yémen, appelant à « un soutien, une compréhension et de la patience de la part de toutes les parties, y compris le Conseil de sécurité ».  Ces éléments sont essentiels pour permettre au nouvel Envoyé spécial du Secrétaire général de mettre en œuvre son plan, a estimé le représentant.  Très préoccupé par la crise multidimensionnelle qui continue d’avoir un impact terrible sur les civils, celui-ci a demandé un accès sans entrave aux agences humanitaires. 

Pour l’Éthiopie, la seule solution possible est politique, à travers un dialogue intra-yéménite et dans le respect de l’intégrité territoriale et de la souveraineté du pays, conformément à la déclaration présidentielle du 15 mars dernier, a poursuivi M. Woldegerima.  Les parties doivent faire preuve de la volonté politique de travailler aux côtés de M. Griffiths.  Enfin, « la solidarité internationale observée au cours de la conférence d’annonces de contributions devrait continuer », par souci de la paix et de la stabilité dans la région et le monde entier, a conclu le représentant. 

M. ANATOLIO NDONG MBA (Guinée équatoriale) a vivement condamné les attaques meurtrières perpétrées le 25 mars dernier au moyen de missiles balistiques « probablement » lancés par des houthistes, contre cinq villes saoudiennes.  Ces agissements, a-t-il déclaré, prouvent que de telles armes sont tombées entre les mains d’acteurs « incontrôlables », au mépris de l’embargo sur les armes imposé au Yémen.  Le représentant a appelé le Conseil non seulement à condamner ces attaques, mais également à identifier et sanctionner les individus agissant en violation des résolutions du Conseil relatives à l’embargo.

Sur le plan humanitaire, le représentant a demandé à débloquer le plus rapidement possible les fonds nécessaires pour venir en aide aux 22,2 millions de Yéménites dans le besoin et en situation d’insécurité alimentaire, en raison de la persistance du conflit.

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a apporté son soutien à l’Envoyé spécial, avant de se dire préoccupé par le renforcement des tendances à l’escalade au Yémen.  Se félicitant des engagements pris lors de la récente conférence des donateurs, il a précisé que, grâce à des aéronefs russes, près de 70 tonnes d’aide avaient pu être livrées au pays.  L’assistance humanitaire seule ne pourra toutefois pas régler la situation, a poursuivi le représentant, qui a condamné les frappes aveugles menées contre des civils et réitéré la position de principe de son pays: les parties au conflit doivent s’abstenir de recourir à la force.  Il a dit espérer que l’Envoyé spécial contrecarrerait la tendance actuelle et a exhorté les acteurs à s’asseoir à la table des négociations.  Il ne faut pas ostraciser mais inclure toutes les parties ayant une influence au Yémen, a-t-il conclu. 

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) s’est dit très préoccupé par l’intensification des hostilités au Yémen et par la gravité de la situation humanitaire.  Les acteurs continuent de violer le droit international humanitaire, a-t-il déploré, en demandant que les responsables de ces violations soient sanctionnés.  M. Meza-Cuadra a dénoncé les tirs de missiles contre des centres urbains en Arabie saoudite, tirs qui pourraient constituer des crimes de guerre.  Il a ensuite souligné la nécessité d’un accès humanitaire sans entrave, avant de saluer la générosité des contributions annoncées pour financer le Plan de réponse humanitaire.  « Tous les ports du pays doivent rester ouverts », a-t-il insisté, avant de répéter qu’il n’existe pas de solution militaire au Yémen.  Rappelant qu’il était également Président du Comité des sanctions sur le Yémen (Comité 2140), M. Meza-Cuadra a déclaré qu’il continuerait à travailler en cette capacité en faveur de la paix dans le pays.

M. KHALED HUSSEIN MOHAMED ALYEMANY (Yémen) a rappelé que la crise dans son pays avait été causée par le coup organisé par les milices houthistes contre le Gouvernement légitime du Yémen il y a quatre ans.  Disant appuyer les efforts de l’Envoyé spécial du Secrétaire général, M. Griffiths, pour parvenir à une paix durable, il a assuré celui-ci de sa coopération. 

« La solution se fonde sur un cahier des charges très clair », a considéré le représentant pour qui, malheureusement, les milices houthistes iraniennes et leurs alliés ont essayé de compromettre ce cahier des charges et utilisé le chaos et la violence « pour imposer les desseins expansionnistes de l’Iran ».  « Si l’on accepte que ces milices soient les garantes de la stabilité de la région, on pratique la politique de l’abîme », a-t-il averti.  « On ne peut pas accepter que la vie politique soit gérée par des milices ». 

Pour M. Alyemany, la solution à la crise se fonde également sur les résolutions du Conseil de sécurité, notamment la résolution 2216 (2015) qui montre que le Conseil comprend la nature du problème.  Or, les houthistes ont refusé les mesures de confiance, a-t-il déploré.  « S’ils étaient vraiment conscients de la gravité de la situation humanitaire au Yémen, nous pourrions discuter aujourd’hui sous la houlette de l’Envoyé spécial », a-t-il ajouté.  Le représentant s’est dit convaincu que la normalisation de la situation ne sera possible que si l’on revient au fonctionnement institutionnel prévu par la Constitution.

M. Alyemany a ensuite appelé M. Griffiths à mettre avant tout l’accent sur le respect des résolutions du Conseil par les houthistes.  Les milices doivent se retirer des villes occupées et pillées, rendre les armes volées au Gouvernement, ne plus utiliser les missiles fournis par l’Iran en direction de l’Arabie saoudite et cesser le recrutement d’enfants, a-t-il précisé.  Le représentant a reproché à l’Iran de s’ingérer de façon flagrante dans les affaires intérieures du Yémen et d’autres pays de la région, accusant l’Iran de chercher à les déstabiliser.  « Le Conseil de sécurité n’a pas réussi à faire pression sur l’Iran », a-t-il critiqué.

La situation humanitaire au Yémen, sans précédent au XXIsiècle, continue de se détériorer, notamment dans les zones détruites par les houthistes qui utilisent la crise « pour se présenter comme victimes », a accusé M. Alyemany.  Pour le représentant, ce sont les mêmes houthistes qui sont responsables de l’accumulation de déchets dans les rues de Sanaa, qui risquent de déclencher une nouvelle flambée de choléra.  En conclusion, M. Alyemany a appelé le Conseil à « faire pression sur les houthistes qui continuent de rejeter le processus de paix ». 

 

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