8162e séance – matin
CS/13170

Le Conseil de sécurité encourage la coopération régionale en Asie centrale et en Afghanistan

En Asie centrale, il importe de faire progresser la coopération régionale, interrégionale et internationale pour instaurer la paix et la stabilité à long terme et réaliser un développement durable des pays de la sous-région, a souligné, aujourd’hui, le Conseil de sécurité, dans une déclaration présidentielle, adoptée lors d’un débat auquel ont notamment pris part le Secrétaire général de l’ONU, M. António Guterres, et sept ministres des affaires étrangères.

Dans leur déclaration, lue par le Chef de la diplomatie du Kazakhstan, M. Kairat Abdrakhmanov, en sa qualité de Président du Conseil pour le mois de janvier, ses membres se sont félicités de l’intensification des dialogues et des efforts de coordination entre les pays d’Asie centrale -Afghanistan, Kazakhstan, Kirghizistan, Tadjikistan, Turkménistan et Ouzbékistan– au moyen de différentes instances et forums conjoints, y compris la tenue régulière de réunions de haut niveau.

Une situation d’autant plus nécessaire, a observé M. Guterres, que ces pays, tous privés de littoral, sont confrontés à l’épineuse question de l’amenuisement des ressources hydriques, alors que « près de 30% des glaciers spectaculaires du Tadjikistan ont fondu rien qu’au cours des 10 dernières années ».  « Le sort de la mer d’Aral est un terrible avertissement quant aux conséquences d’une mauvaise gestion des ressources en eau.  Nous devons faire de ces catastrophes écologiques le moyen de stimuler la coopération et l’action », a ajouté le Secrétaire général.

M. Guterres s’est donc félicité de constater que les gouvernements d’Asie centrale se sont lancés dans plusieurs initiatives transfrontalières qui font de l’interdépendance le moyen le plus sûr de surmonter leur isolement géographique.  Il en a voulu pour preuve le projet énergétique Asie centrale-Asie du Sud, un gazoduc reliant le Turkménistan à l’Afghanistan, au Pakistan et à l’Inde, de même qu’une nouvelle ligne électrique entre l’Ouzbékistan et l’Afghanistan. 

La trentaine d’intervenants à avoir pris la parole aujourd’hui ont parlé d’une seule voix pour reconnaître que le succès de la « connectivité » à l’œuvre dans la sous-région ne dépend pas seulement des investissements réalisés avec l’appui des bailleurs de fonds internationaux, mais aussi de la stabilité en Afghanistan, fragilisée par un conflit asymétrique qui met les forces gouvernementales aux prises avec les Taliban, et les groupes terroristes Daech et Al-Qaida. 

Le Vice-Secrétaire d’État des États-Unis, M. John Sullivan, a assuré que l’un des volets de la stratégie mise en place par le Président américain, M. Donald Trump, en Afghanistan consiste à tarir les sources de financement des Taliban pour les contraindre à se plier à un processus politique.

Exhortant ceux-ci à s’asseoir à la table des négociations, la représentante du Pakistan a déclaré que, grâce aux sanctuaires dont ils disposent à l’intérieur du pays, les « insurgés » n’ont nul besoin d’une aide extérieure pour mener leurs activités « déstabilisatrices ».  Aussi la délégation a-t-elle invité l’Afghanistan à chercher à l’intérieur de ses frontières la cause de ses problèmes plutôt que de tenter d’impliquer des pays voisins, en rejetant la notion de « sanctuaires extérieurs ». 

Le Ministre adjoint des affaires étrangères de l’Afghanistan, M. Hekanat Khalil Karzai, a reconnu que son pays figurait au cœur du lien indissociable entre sécurité et développement dans la région.  Après des « occasions manquées », les récentes visites du Président afghan, M. Ashraf Ghani, au Turkménistan et en Ouzbékistan ont permis d’inaugurer une nouvelle ère de coopération autour d’un programme commun de sécurité et de développement économique, s’est-il réjoui.

En outre, « le 28 février, nous convoquerons la seconde réunion du Processus de Kaboul, au cours de laquelle nous présenterons notre initiative pour promouvoir la paix et combattre le terrorisme », a annoncé le Chef de la diplomatie afghane, en demandant l’appui des pays de la région.  Et dans le prolongement de la seconde réunion du Processus de Kaboul, se tiendra, fin mars à Tachkent, la conférence internationale sur l’Afghanistan, a précisé quant à lui son homologue de l’Ouzbékistan, M. Abdulaziz Kamilov.

Pour sa part, le Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, M. Sergey Lavrov, a mentionné la participation de son pays aux grands projets économiques en cours en Asie centrale, précisant que les investissements consentis par Moscou dans la région s’élevaient à 20 milliards de dollars et l’aide bilatérale russe à 6 milliards rien qu’en 2017.

Au nombre des projets cités à plusieurs reprises aujourd’hui, figurent la voie ferrée du Couloir lapis-lazuli, qui relie l’Afghanistan, le Turkménistan, l’Azerbaïdjan, la Géorgie et la Turquie, ou encore l’oléoduc TAPI (Turkménistan, Afghanistan, Pakistan et Inde). 

Le Vice-Ministre des affaires étrangères des Pays-Bas, M. André Haspels, a choisi de donner un visage à l’esprit d’innovation qui souffle sur l’Asie centrale, en portant à l’attention du Conseil de sécurité la présence de Roya et Elaha Mahboob, deux sœurs afghanes qui ont créé une organisation permettant aux filles de son pays de se spécialiser dans la robotique, en particulier les langages de programmation. 

MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES

Établissement, en Afghanistan et en Asie centrale, d’un partenariat régional de référence faisant le lien entre sécurité et développement

Lettre datée du 2 janvier 2018, adressée au Secrétaire général par le Représentant permanent du Kazakhstan auprès de l’Organisation des Nations Unies (S/2018/7)

Déclaration du Président du Conseil de sécurité

Le Conseil de sécurité réaffirme son attachement à la souveraineté, à l’indépendance et à l’intégrité territoriale de l’Afghanistan et des États d’Asie centrale.

Le Conseil renouvelle son adhésion à l’appel lancé par le Secrétaire général pour que des mesures soient prises afin d’éviter les menaces pesant sur l’Afghanistan et l’Asie centrale, encourage le système des Nations Unies à donner à la prévention et au règlement des conflits une place centrale dans les activités qu’il mène dans la région et souligne l’importance de la diplomatie préventive, notamment à travers les dialogues constructifs avec les États Membres, pour assurer la stabilité, la sécurité et le développement à long terme.

Rappelant sa résolution 2344 (2017), le Conseil est conscient qu’il n’y a pas de solution purement militaire pour l’Afghanistan, souligne l’importance d’un processus de paix inclusif dirigé et contrôlé par les Afghans pour la prospérité et la stabilité à long terme du pays et exprime son plein appui aux efforts menés par le Gouvernement afghan pour instaurer la paix et la réconciliation, notamment par la coopération avec l’ensemble de la région, y compris les États d’Asie centrale, aux fins de la paix et de la sécurité. 

Le Conseil a conscience des mesures prises au niveau international pour faire avancer la paix et la stabilité en Afghanistan et demande à tous les pays de la région ainsi qu’à la communauté internationale de renouveler leurs efforts sincères pour réaliser la paix et la réconciliation. 

Le Conseil souligne qu’il importe de poursuivre les progrès en matière de réforme électorale afin d’assurer la tenue d’élections législatives crédibles et inclusives en 2018 et d’élections présidentielles en 2019.  Il se félicite de l’action menée par la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA) et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) à cet égard et les encourage à intensifier leur appui aux organes chargés d’administrer les élections afghanes. 

Le Conseil se déclare à nouveau préoccupé par la persistance des menaces que font peser sur la sécurité et la stabilité en Afghanistan les Taliban, y compris le Réseau Haqqani, ainsi que les groupes affiliés à Al-Qaida et l’EIIL (Daech) et autres groupes terroristes, groupes violents et extrémistes, groupes armés illégaux, criminels et les individus impliqués dans la production, le trafic ou le commerce de drogues illicites; fait observer à cet égard les menaces potentielles que cela représente pour la région, y compris les États d’Asie centrale; exhorte, à cet égard, tous les États à appliquer toutes ses résolutions pertinentes, y compris celles qui concernent la lutte contre le terrorisme, et à renforcer leur coopération internationale et régionale en matière de sécurité afin d’améliorer le partage d’information, le contrôle des frontières, l’efficacité des forces de l’ordre et de la justice pénale et, ainsi, de mieux contrer les menaces existantes, y compris celles que représente le retour des combattants terroristes étrangers. 

Le Conseil prend note des activités menées par le Comité créé par la résolution 1373 (2001) concernant la lutte antiterroriste et sa Direction exécutive afin d’évaluer et de surveiller l’application par l’Afghanistan et les pays de la région des résolutions 1373, 1624, 2178, 2396 et autres résolutions pertinentes relatives au terrorisme, et prend acte des recommandations du Comité, notamment en ce qui concerne la fourniture d’une assistance technique.

Le Conseil souligne qu’il importe de faire progresser la coopération régionale, interrégionale et internationale pour instaurer la paix et la stabilité à long terme et réaliser un développement durable en Afghanistan et en Asie centrale et appuie l’action conjointe menée par les pays de la région pour élargir la zone de paix, de coopération et de prospérité, y compris à travers différents mécanismes de coopération.

Le Conseil se félicite de la contribution des pays d’Asie centrale à la stabilité et au développement de l’Afghanistan ainsi que de l’intensification de leur coopération à long terme, de leurs dialogues et efforts de coordination, au moyen de différentes instances et forums conjoints, y compris la tenue régulière de réunions de haut niveau.

Le Conseil réaffirme qu’il importe de renforcer la participation pleine et effective des femmes aux prises de décision ainsi que les responsabilités qu’elles assument à cet égard, y compris dans les institutions et mécanismes nationaux, régionaux et internationaux de prévention et règlement des conflits, ainsi que dans la prévention du terrorisme et la lutte antiterroriste, et qu’il importe d’intégrer une démarche soucieuse de l’égalité entre les sexes à tous les débats concernant la pérennisation de la paix en Afghanistan et dans la région de l’Asie centrale, et appuie les engagements pris aux fins de l’application de sa résolution 1235 et ses résolutions ultérieures sur les femmes et la paix et la sécurité dans la région.  Le Conseil insiste sur la nécessité de renforcer, en Afghanistan, les politiques et mécanismes donnant aux femmes une autonomie politique et économique, d’accroître le nombre de femmes dans les forces de sécurité, et ce dans un environnement propice à leur sécurité et à leur développement, et d’atténuer la violence à l’égard des femmes en appuyant la fourniture de services aux victimes de violence sexuelle et sexiste.

Le Conseil souligne qu’il importe d’accorder l’attention voulue aux problèmes de protection des enfants dans le cadre des efforts de paix et de réconciliation en Afghanistan et appelle toutes les parties à prendre les mesures nécessaires à cette fin. 

Le Conseil se félicite que la MANUA et le Centre régional des Nations Unies pour la diplomatie préventive en Asie centrale ainsi que les Représentants spéciaux du Secrétaire général s’acquittent des mandats qu’il leur a confiés dans sa résolution 2344 (2017) et dans les documents S/2007/279 et S/2007/280 et qu’ils coopèrent étroitement pour faciliter la collaboration bilatérale et multilatérale entre les États d’Asie centrale et l’Afghanistan.

Le Conseil salue la participation de l’Afghanistan aux mécanismes de coopération régionale en matière de lutte contre le terrorisme en Asie centrale, notamment à la mise en œuvre du Plan d’action conjoint pour l’application de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, et soutient les activités menées par le Bureau de lutte contre le terrorisme et le Centre régional des Nations Unies pour la diplomatie préventive en Asie centrale à l’appui de la mise en œuvre du Plan d’action conjoint et de la Déclaration d’Achgabat du 13 juin 2017.

Le Conseil souligne qu’il importe que l’Afghanistan et les États d’Asie centrale coopèrent étroitement pour enrayer la nette augmentation de la culture, de la production, du commerce et du trafic de drogues illicites en Afghanistan, qui ressort de l’Enquête sur la production d’opium en Afghanistan publiée par l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime le 15 novembre 2017 et qui continue de faire peser une menace sur la paix et la stabilité dans la région et au-delà, et insiste sur la nécessité de renforcer l’appui régional et international au Plan afghan de lutte contre les stupéfiants.

Le Conseil salue les travaux menés à cet égard par l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime, demande aux États de renforcer la coopération internationale et régionale pour lutter contre la menace que la culture, la production, le trafic et la consommation de drogues illicites provenant d’Afghanistan font peser sur la communauté internationale et dont les Taliban et leurs associés tirent une part substantielle de leurs ressources financières, et d’agir conformément  au principe de responsabilité commune et partagée, y compris en coopérant dans la lutte contre le trafic de drogues illicites et de précurseurs chimiques, et se félicite de la coopération entre l’Afghanistan, les États d’Asie centrale et les organisations et mécanismes régionaux et internationaux compétents.

Le Conseil salue les efforts déployés par la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan et le Centre régional des Nations Unies pour la diplomatie préventive en Asie centrale, en collaboration avec l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime et d’autres organisations et instances régionales compétentes, pour aider les États d’Asie centrale et l’Afghanistan à lutter contre le problème des stupéfiants.

Le Conseil salue la détermination des pays d’Asie centrale et de l’Afghanistan à poursuivre leur coopération en matière de gestion et de sécurité des frontières, se félicite des efforts faits par les organismes des Nations Unies pour renforcer leurs capacités dans ce domaine et encourage les pays donateurs et les organisations régionales et internationales à faire de même. 

Le Conseil félicite les États d’Asie centrale de leur contribution aux activités de non-prolifération, notamment au Traité portant création d’une zone exempte d’armes nucléaires en Asie centrale, et les encourage à coopérer davantage pour prévenir, détecter et réprimer le trafic de matières nucléaires et d’autres matières radioactives. 

Le Conseil salue l’action menée dans la région pour renforcer le dialogue et la collaboration et pour atteindre les objectifs communs que sont le développement économique et la prospérité dans la région, et se félicite des initiatives nationales, sous-régionales et régionales prises dans les domaines des politiques, de l’infrastructure, du commerce, des finances et des relations interpersonnelles en Afghanistan, en Asie centrale et au-delà.

Le Conseil souligne que, pour aider l’Afghanistan à sortir durablement du conflit, il faut adopter une démarche globale et intégrée qui permette d’améliorer la cohérence des activités menées dans tous les secteurs, notamment dans les domaines de la politique, de la sécurité, du développement et des droits de l’homme, souhaite que les efforts faits en ce sens se poursuivent, notamment pour renforcer l’état de droit, et souligne qu’il importe, lorsqu’il y a lieu, d’adopter une démarche régionale qui permette de limiter les conflits et de renforcer l’efficacité et l’efficience des interventions.

Le Conseil encourage les entités compétentes du système des Nations Unies à œuvrer à la prévention des conflits et note à cet égard qu’il importe d’appréhender le conflit en Afghanistan dans sa globalité et de mettre la diplomatie préventive au service d’une paix et d’une prospérité durables en Afghanistan et dans l’ensemble de la région.

Le Conseil note qu’il faut optimiser l’efficience et l’efficacité des activités des Nations Unies en Afghanistan et en Asie centrale, notamment en renforçant la coordination à l’échelle du système.

Le Conseil salue les initiatives régionales de promotion des objectifs de développement durable prises par les organismes des Nations Unies compétents, appuie les activités du Programme spécial des Nations Unies pour les pays d’Asie centrale, dont l’Afghanistan est maintenant membre, et de la Conférence sur la coopération économique régionale concernant l’Afghanistan, qui favorisent la tenue d’un dialogue économique transfrontières, et encourage les États d’Asie centrale à les prendre davantage en main et à y contribuer activement.

Déclarations

M. ANTÓNIO GUTERRES, Secrétaire général de l’ONU, a souligné le rôle particulier des pays d’Asie centrale dans la paix, la stabilité et le développement en Afghanistan.  La sous-région a réalisé d’importants progrès en matière de développement durable au cours des dernières décennies, a relevé le chef de l’Organisation.  « Au Tadjikistan, par exemple, le taux de pauvreté a été divisé par 2, passant de 81% en 2003 à 31% en 2015. » 

Mais les pays de cette région, privés de littoral, ne pourront jamais réaliser seuls tout leur potentiel, a-t-il rappelé, en faisant observer que la croissance, la hausse des opportunités professionnelles et la prospérité dépendent d’une coopération et d’une intégration économiques accélérées.  

Or, bien que la Route de la soie soit l’une des voies commerciales les plus empruntées au monde depuis des siècles, les échanges entre pays d’Asie centrale ont décliné depuis leur accession à l’indépendance il y a près de 30 ans.  Les possibilités de commerce intrarégional sont importantes, et même des améliorations modestes peuvent entraîner des gains substantiels pour tous les habitants de la région, a-t-il dit. 

Lors de sa visite en Afghanistan, au Kazakhstan, au Kirghizistan, au Tadjikistan, au Turkménistan et en Ouzbékistan en juin dernier, le Secrétaire général a observé que de nouveaux efforts sont déployés pour mieux gérer les ressources en eau, essentielles au développement économique de la région. 

« Ces ressources subissent des pressions sans précédent, alors que près de 30% des glaciers spectaculaires du Tadjikistan ont fondu au cours des 10 dernières années seulement.  Le sort de la mer d’Aral est un terrible avertissement quant aux conséquences d’une mauvaise gestion des ressources hydriques.  Nous devons faire de ces catastrophes écologiques le moyen de stimuler la coopération et l’action », a analysé M. Guterres. 

Le Secrétaire général s’est donc félicité de constater que les gouvernements d’Asie centrale ont récemment commencé à intensifier leur coopération dans ce domaine par le biais de commissions et d’accords bilatéraux.  Ces développements sont porteurs d’importantes leçons pour l’Afghanistan, où l’agriculture représente près de la moitié de l’économie. 

Au cours de son déplacement en Asie centrale, M. Guterres s’est dit encouragé par l’évolution positive de la coopération énergétique, fondamentale pour promouvoir le développement et la sécurité. 

Plusieurs initiatives transfrontalières sont actuellement prévues ou en cours, notamment le projet énergétique Asie centrale-Asie du Sud, un gazoduc reliant le Turkménistan à l’Afghanistan, au Pakistan et à l’Inde, de même qu’une nouvelle ligne électrique entre l’Ouzbékistan et l’Afghanistan, a relevé le haut fonctionnaire. 

Selon lui, la hausse des échanges commerciaux est une condition préalable à la croissance, au développement durable et à la résilience contre les chocs économiques externes.  « Aussi devrions-nous nous appuyer sur les initiatives de la société civile dans ce domaine pour rapprocher les communautés de part et d’autre des frontières, y compris les organisations de femmes, qui servent de médiatrices pour atténuer les tensions locales et développent des projets d’infrastructure conjoints », a fait valoir M. Guterres. 

Il a, à cet égard, salué le programme ambitieux du Kazakhstan pour les étudiants afghans.  « Ces dernières années, plus de 500 étudiants afghans ont obtenu leur diplôme universitaire ou technique au Kazakhstan et près de 500 autres y terminent leurs cursus.  Le Kazakhstan a engagé 50 millions de dollars à l’appui de cette initiative. »

Les pays d’Asie centrale limitrophes de l’Afghanistan améliorent actuellement les infrastructures transfrontalières, tandis que l’Ouzbékistan a mis en place des vols directs entre Tachkent et Kaboul l’an dernier.  Plusieurs projets de chemins de fer et de lignes électriques sont à l’œuvre, créant des connexions physiques entre l’Afghanistan et ses voisins du nord, y compris le chemin de fer « Lapis Lazuli » reliant le Turkménistan à l’Afghanistan, a ajouté le Secrétaire général.

Pour lui, les problèmes sécuritaires continuent de façonner le débat sur l’Afghanistan et l’Asie centrale.  « La lutte du Gouvernement afghan contre l’extrémisme violent, le terrorisme et la criminalité transnationale organisée ont des répercussions sur l’ensemble de la région et au-delà.  Répondre à ces menaces ne peut pas être la seule responsabilité du Gouvernement afghan. 

Un contre-terrorisme efficace repose sur une coopération régionale et multilatérale fondée sur les droits de l’homme est indispensable », a préconisé M. Guterres.  Dans cette perspective, les cinq pays d’Asie centrale ont achevé la deuxième phase du Plan d’action conjoint pour la mise en œuvre de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies adoptée en 2011.  Ce plan régional met en commun les pratiques optimales et les leçons apprises, reflétant l’engagement commun des cinq pays de la sous-région à s’attaquer et à vaincre le terrorisme, avec le soutien des Nations Unies. 

Pour le Secrétaire général, la coopération régionale offre la possibilité de répondre à des préoccupations communes, notamment de lutter contre le financement du terrorisme, améliorer la sécurité aux frontières, favoriser le dialogue avec les institutions et les dirigeants religieux et lutter contre la traite des êtres humains et le trafic de drogue. 

La prochaine réunion du Processus de Kaboul pour la coopération en matière de paix et de sécurité sera l’occasion pour le Gouvernement afghan de définir sa vision d’un processus de paix et de sécurité mieux structuré et coordonné dans une perspective régionale, a annoncé le Secrétaire général.

M. KAIRAT ABDRAKHMANOV, Ministre des affaires étrangères du Kazakhstan, a rappelé la vision déjà exprimée par le Président Nursultan Nazarbayev visant à créer une « zone modèle » en Asie centrale, dédiée à la paix, la sécurité et la coopération, et à transformer cette région sans littoral en une région hautement connectée.  Contribuer à la paix en Afghanistan, c’est aussi contribuer à la prospérité dans toute la région, a ajouté le Ministre, avant de citer un proverbe kazakh: « Le cœur du bonheur se trouve dans l’unité. »

Le Ministre a ensuite rappelé la visite effectuée la semaine dernière en Afghanistan par une délégation du Conseil de sécurité.  Le Kazakhstan veut engranger un appui international pour la paix et la sécurité en Afghanistan, a-t-il expliqué, citant divers efforts susceptibles d’y contribuer, comme la nouvelle stratégie militaire américaine, le « Format » de Moscou ou les initiatives chinoises de la Route de la soie.

Le Kazakhstan a toujours été favorable au processus d’intégration en Asie centrale, a poursuivi M. Abdrakhmanov, qui a jugé encourageants les efforts actuels en ce sens, avec notamment l’adoption en novembre dernier à Samarkand d’un programme de coopération.  Il a souhaité que l’Afghanistan puisse s’y joindre. 

Une plus grande coopération permettrait de mieux surmonter les nombreux défis communs à la région, a ajouté le Ministre, qui s’est dit préoccupé par les activités des groupes terroristes comme Daech dans le nord de l’Afghanistan ou encore la production d’opium.  Le Kazakhstan souhaite renforcer sa coopération avec l’Afghanistan et les agences spécialisées comme l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) pour lutter contre la production et le trafic de stupéfiants dans le pays. 

Mais l’Afghanistan ne doit pas être vu seulement comme une source d’instabilité, a estimé M. Abdrakhmanov, pour qui il doit aussi être considéré comme un partenaire solide, étant donné son potentiel considérable.  C’est pourquoi le Kazakhstan se joint aux efforts légitimes des pays d’Asie centrale pour soutenir la paix en Afghanistan, tout en appelant la communauté internationale à contribuer à faire de la région une zone de coopération. 

Le Ministre a rappelé que la mission du Conseil avait identifié un certain nombre de questions de sécurité mais aussi de perspectives, comme cela a été détaillé lors de la présentation du compte rendu de la visite. 

Insistant sur la géographie commune, la complémentarité économique et liens culturels des États de l’Asie centrale, le Ministre a ensuite plaidé pour une approche intégrée gardant à l’esprit trois aspects.  Le premier tient au lien entre développement et sécurité, ce qui signifie que les investissements économiques dans la région sont aussi des investissements dans la paix et la stabilité en Afghanistan et dans toute l’Asie centrale. 

Le deuxième aspect est la coopération régionale face aux défis communs, qui requiert des efforts communs.  Le Ministre a de nouveau cité la lutte contre le terrorisme, mais aussi la coopération en matière de partage des ressources hydriques. 

Enfin, le troisième pilier réside en une approche coordonnée et transparente du travail des différentes agences des Nations Unies.  Le Ministre a rappelé à cet égard l’importance d’une plus grande efficacité de ce travail, tout en appelant les donateurs à augmenter leurs contributions et à assurer la responsabilisation des dons. 

M. SABAH KHALID AL HAMAD AL SABAH, Premier Ministre adjoint et Ministre des affaires étrangères du Koweït, a plaidé en faveur d’un plan à long terme pour le développement de l’Afghanistan, auquel les pays voisins seraient étroitement associés.  Il a salué le rôle joué par la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA), ainsi que les efforts du personnel de l’ONU déployé dans ce pays.  Mon pays continuera de coopérer avec la MANUA pour qu’elle bénéficie de toute l’assistance nécessaire, a-t-il affirmé. 

M. Al Sabah a demandé que les efforts de l’ONU dans la région soient centrés sur la diplomatie préventive et souligné l’importance du Centre régional des Nations Unies pour la diplomatie préventive en Asie centrale.  La détérioration de la sécurité en Afghanistan entrave les progrès économiques et le bon avancement du processus de paix, a-t-il fait observer, en appelant à la tenue d’élections transparentes et crédibles.  Il a rappelé que 40% de la population afghane vit sous le seuil de pauvreté.  Il a également dit son inquiétude devant les menaces terroristes et exhorté les pays de la région à œuvrer ensemble pour les vaincre.  Enfin, il a affirmé que l’Afghanistan ne devait pas être vu comme une menace et exhorté toutes les parties à œuvrer pour la stabilité durable de ce pays. 

M. JACEK CZAPUTOWICZ, Ministre des affaires étrangères de la Pologne, a jugé précieuse la diversification des liens économiques entre les pays d’Asie centrale, parce qu’elle permet de faciliter les échanges commerciaux mais aussi les pratiques optimales dans tous les domaines.  Les projets en cours dans la région sont d’excellents exemples, comme le chemin de fer « Lapis Lazuli », qui relie le Turkménistan à l’Afghanistan, et contribue à libérer l’Afghanistan de son isolement géographique, a-t-il ainsi estimé. 

Mais les projets les plus ambitieux peuvent être ralentis par l’insécurité, a prévenu M. Czaputowicz, qui s’est donc félicité du plan quadriennal qui a été adopté par le Gouvernement afghan en vue d’accélérer la réforme du secteur de la sécurité.  Il a ensuite salué la mission Soutien résolu, créée par l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN), et dont l’objectif est de contribuer à la mise en place d’un environnement propice à la sécurité.  Le Chef de la diplomatie polonaise s’est ensuite dit fier d’avoir participé à la Force internationale d’assistance à la sécurité (FIAS) dès 2002, le contingent de son pays ayant été l’un des plus significatifs et les plus actifs, sans compter l’aide financière consentie par la Pologne, que ce soit sur le plan bilatéral ou par le biais de la Banque mondiale. 

Après s’être félicité des activités de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA), le Ministre a estimé que les domaines prioritaires dans lesquels il est nécessaire d’investir à l’avenir en Afghanistan étaient le renforcement de la démocratie et de l’état de droit, l’appui au développement économique et le règlement de la question migratoire.

M. SERGEY LAVROV, Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, a déclaré que le nord de l’Afghanistan devenait un bastion du terrorisme international avec le soutien direct de « parrains locaux ».  Il a déploré l’afflux de combattants terroristes étrangers revenus de Syrie et d’Iraq et demandé une réponse forte contre le trafic de stupéfiants, qui alimente le terrorisme. 

Les tentatives de régler par la force la question de l’Afghanistan sont vouées à l’échec, a averti M. Lavrov, qui a ensuite détaillé les efforts de son pays pour rechercher une solution politique.  La Russie aide à la formation des forces de l’ordre afghanes, a rappelé le Ministre, qui a aussi apporté son appui aux efforts visant à établir un dialogue avec les Taliban. 

M. Lavrov a mentionné la participation de son pays aux grands projets économiques en cours en Asie centrale, précisant que les investissements russes dans la région s’élevaient à 20 milliards de dollars et que l’aide bilatérale russe avait été de 6 milliards de dollars en 2017.  Les défis de la région, notamment l’accès aux ressources hydrauliques, doivent être réglés par une action commune, a-t-il dit, en soulignant l’utilité de l’Union économique eurasienne pour renforcer les liens entre les pays d’Asie centrale.  Ces derniers ne doivent pas être placés devant un faux choix, se tourner vers le Sud ou bien vers le Nord, a-t-il dit.  Enfin, le Ministre a déclaré que les projets économiques ambitieux ne pourraient être réalisés que grâce à une stabilité régionale durable. 

M. JOHN SULLIVAN, Vice-Secrétaire d’État des États-Unis, s’est déclaré fier des progrès réalisés en Afghanistan dans le cadre de la stratégie mise en place par le Président américain Donald Trump, assurant qu’elle entraverait à l’avenir les avancées militaires des Taliban. 

Cependant, le conflit armé continue de déstabiliser le pays et de faire des ravages sur le plan humanitaire, a-t-il reconnu, en affirmant que c’est la raison pour laquelle des progrès doivent être accomplis dans la réforme du secteur de la sécurité et dans l’organisation d’élections transparentes et équitables. 

Après avoir rappelé que les États-Unis et leurs alliés avaient payé un lourd tribut en Afghanistan, M. Sullivan a déclaré que Washington ne permettrait pas que ce pays devienne un sanctuaire pour les terroristes. 

Il a affirmé qu’il fallait continuer de s’en tenir au principe suivant: une paix durable en Afghanistan doit être assurée et maintenue par les Afghans eux-mêmes, afin de faire comprendre aux Taliban qu’ils ne pourraient pas remporter de victoire militaire, et devaient se plier à un processus politique. 

Il est donc indispensable de tarir leurs sources de financement pour les contraindre à se soumettre à un tel processus, tout en menant, simultanément, une lutte efficace contre Daech. 

Le Vice-Secrétaire d’État a ajouté que dans le cadre de cette « approche unifiée », le Pakistan a un rôle à jouer et que, dès lors, ce pays « peut et doit » être un partenaire des efforts déployés par la communauté internationale.  Mais cela ne sera possible qu’avec le départ des terroristes se trouvant dans la région frontalière avec l’Afghanistan. 

« Il faut que les Taliban s’engagent sur la voie de la paix », a insisté M. Sullivan en conclusion.

M. ANDRÉ HASPELS, Vice-Ministre des affaires étrangères des Pays-Bas, a commencé par souligner la présence au Conseil de sécurité de Roya et Elaha Mahboob, deux sœurs afghanes qui ont créé une organisation qui permet aux filles afghanes de se spécialiser dans le domaine de la robotique, en particulier celui des langages de programmation.  « Les changements entre l’Afghanistan d’aujourd’hui et celui de l’époque des Taliban ne pourraient être plus grands », a-t-il noté, en rappelant qu’à l’époque les femmes étaient marginalisées au point de devenir « invisibles », alors que maintenant « elles peuvent étudier, voyager, réaliser des films et construire des robots ». 

En 16 ans, la vie s’est fortement améliorée en Afghanistan, mais il reste encore des obstacles à dépasser, a-t-il poursuivi en citant notamment la situation sécuritaire volatile dans le pays, l’accès limité à la justice et la corruption et l’insécurité qui sont un frein à la croissance économique.  Pour le représentant, ce sont ces conditions difficiles qui poussent les Afghans à quitter leur pays et à chercher des opportunités ailleurs.

C’est la raison pour laquelle les Pays-Bas soutiennent les efforts des autorités afghanes pour améliorer les conditions de vie dans le pays par le truchement d’une approche intégrée qui combine les aspects militaire, de développement et politique, a expliqué M. Haspels.

Il a également mis l’accent sur le rôle essentiel de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA) dans la coordination des efforts internationaux en Afghanistan.  À long terme cependant, seul un processus de paix et de réconciliation ouvert doit permettre de parvenir à la stabilisation en Afghanistan, a-t-il averti, un processus piloté par les Afghans. 

À cet égard, sa délégation espère que la réunion du Processus de Kaboul, qui aura lieu en février, sera l’occasion de faire des progrès en ce sens, ajoutant que les pays voisins ont une responsabilité de premier plan à jouer pour la réussite de ce processus. 

Parallèlement, les Pays-Bas encouragent les autorités afghanes à poursuivre les réformes et la lutte contre la corruption ainsi qu’à renforcer la bonne gouvernance et à garantir des élections crédibles. 

M. MARK FIELD, Ministre d’État pour l’Asie et le Pacifique du Royaume-Uni, a estimé que les partenariats étaient essentiels pour le développement de l’Asie centrale.  L’Afghanistan a fait des progrès considérables dans le règlement de ses défis, a-t-il dit.  Le Ministre a souligné le potentiel considérable de la coopération régionale pour régler les tensions et appeler à son intensification.  Il a affirmé que la contribution de son pays pour réduire la pauvreté en Afghanistan s’élevait à 750 millions de livres sterling jusqu’en 2020. 

Le Royaume-Uni a également formé 3 000 officiers afghans qui seront les dirigeants de l’armée de demain, a-t-il poursuivi.  Il n’y a pas de solution militaire, a noté M. Field,  en encourageant les pays de la région à appuyer les efforts de paix.  « La population afghane mérite la paix. »

Le Ministre britannique a invité le Président afghan, M. Ashraf Ghani, à tendre la main aux insurgés et à mettre sur les rails un véritable processus de paix.  Il a également plaidé pour la tenue, cette année, d’élections pacifiques et transparentes. 

Cette année pourrait être l’année où l’Afghanistan ouvre un nouveau chapitre de son histoire, a-t-il conclu, tout en invitant la communauté internationale à faire montre de patience. 

M. DOMINGO MITUY EDJANG, Secrétaire d’État au Ministère des affaires étrangères et de la coopération de la Guinée équatoriale, a condamné l’existence de sanctuaires terroristes en Afghanistan, un pays qui doit continuer de bénéficier du soutien de la communauté internationale.  Selon lui, l’approche privilégiée par les pays de la sous-région, qui considèrent que l’Afghanistan est un « partenaire » et s’efforcent d’œuvrer au rétablissement de la sécurité dans ce pays -dont dépend celle dans l’ensemble de la région-, est la bonne. 

M. Mituy Edjang s’est félicité de constater que, grâce à l’aide du Centre régional des Nations Unies pour la diplomatie préventive en Asie centrale, de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA) et des organisations régionales pertinentes, les capacités de la région ont été renforcées afin de relever l’ensemble des défis auxquels elle fait face, comme la lutte contre le trafic illicite de stupéfiants et la lutte contre le terrorisme.  Pour parvenir à une paix durable en Afghanistan, il est indispensable de privilégier une approche intégrée pour lutter contre la question de la production de pavot à opium, dans le cadre de laquelle le rôle des États limitrophes est indispensable, a ajouté M. Mituy Edjang.  En conclusion, celui-ci a lancé un appel pour qu’une aide essentielle continue d’être apportée au pays, dont « le développement est étroitement lié à celui de toute l’Asie centrale ». 

M. WU HAITAO (Chine) s’est félicité des efforts de paix du Gouvernement afghan, avant de rappeler les nombreux défis qu’il devait relever.  La communauté internationale doit lui apporter un soutien robuste en vue notamment d’œuvrer à la réconciliation du pays, a-t-il poursuivi. 

Le délégué de la Chine a également invité la communauté internationale à respecter les priorités de développement des Afghans, à renforcer les capacités des forces afghanes, à tenir ses promesses formulées vis-à-vis de l’Afghanistan et à intensifier la lutte contre le terrorisme. 

La stabilité et le développement de la région et de l’Afghanistan sont indissociables, a-t-il rappelé, avant de souligner l’importance de l’initiative « Ceinture économique de la Route de la soie ».  Le représentant chinois a mentionné la récente rencontre des Ministres des affaires étrangères chinois, pakistanais et afghan en vue notamment de resserrer les liens entre l’Afghanistan et le Pakistan et de promouvoir l’initiative précitée. 

La Chine souhaite œuvrer aux côtés de la communauté internationale pour la stabilité durable de l’Afghanistan, a-t-il conclu.

M. OLOF SKOOG (Suède) s’est félicité de l’engagement fort des pays d’Asie centrale en faveur du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et de son inclusion dans leurs stratégies de développement régionales.  Il a jugé qu’un engagement fort des États de la région était crucial pour un Afghanistan stable.  Ces États doivent œuvrer ensemble en vue d’une solution politique, a-t-il dit, ajoutant que le processus de paix devait être mené par les Afghans eux-mêmes. 

Le représentant a salué les efforts de paix du Gouvernement afghan et exhorté les Taliban à s’engager dans le dialogue avec ce dernier.  La tenue d’élections inclusives, crédibles et transparentes est cruciale pour la future stabilité du pays, a-t-il poursuivi, en souhaitant une forte participation des femmes afghanes.  Enfin, M. Skoog a précisé que l’aide de son pays en faveur de l’Afghanistan s’élèverait à un milliard de dollars sur la période 2015-2024. 

Rappelant que le Conseil de sécurité venait juste de se rendre à Kaboul, M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a salué la détermination des autorités afghanes dans la poursuite de la consolidation démocratique du pays.  La France reste toutefois préoccupée par le niveau très élevé d’insécurité et de violence en Afghanistan où les confrontations armées et les attaques terroristes continuent de déstabiliser fortement l’ensemble du pays. 

À cet égard, la France partage la détermination des autorités afghanes et de leurs alliés à lutter contre le terrorisme, y compris son financement.  M. Delattre a encouragé l’Afghanistan à se concentrer sur deux priorités pour 2018 qui sont la conduite d’élections locales et parlementaires libres et transparentes, saluant au passage les avancées dans les préparatifs de ces élections avec le soutien de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA); et la relance d’une dynamique menant à un processus de paix piloté par les Afghans. 

Sur ce dernier point, M. Delattre a expliqué qu’il suppose la relance du dialogue interafghan mais également un engagement sincère et un soutien sans ambiguïté de tous les pays voisins.

S’agissant de la coopération entre l’Afghanistan et l’Asie centrale, qui est « indispensable et porteuse de grandes opportunités », la France remercie le Kazakhstan d’avoir élaboré une déclaration présidentielle qui, pour la première fois, met en lumière ces liens particuliers. 

M. Delattre a d’ailleurs noté que « l’Afghanistan et l’Asie centrale partagent de nombreux défis en commun, qui sont autant de domaines dans lesquels une coopération régionale renforcée est nécessaire ».  À ce titre il a parlé du domaine de la sécurité, et notamment de la prévention de la radicalisation et plus généralement de la lutte contre le terrorisme, mais aussi de la lutte contre le trafic des stupéfiants. 

Au-delà, la France prône une approche globale en Asie centrale qui lie les objectifs de sécurité et de développement dans le cadre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

La dernière remarque du représentant portait sur l’accompagnement de la communauté internationale et plus particulièrement du soutien des Nations Unies à l’Afghanistan et à l’Asie centrale.  Ce soutien passe notamment par la MANUA et par le Centre régional des Nations Unies pour la diplomatie préventive en Asie centrale, a estimé M. Delattre qui a assuré le plein soutien de la France à l’action qu’ils mènent sur le terrain.

M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie) a applaudi les efforts déployés par le Gouvernement afghan pour promouvoir l’intégration régionale du pays, en vue de faire progresser la réalisation d’objectifs communs sur le plan économique.  Il s’est dit convaincu que les projets d’infrastructures partagées et les partenariats économiques en cours doivent être fondés sur le respect de la souveraineté des ressources naturelles de l’Afghanistan. 

Par ailleurs, la présence d’organisations terroristes dans la sous-région rend indispensable la mise en œuvre du Plan d’action conjoint pour l’application de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, a estimé M. Llorentty Solíz.  Rappelant qu’il n’existe pas de solution militaire au conflit afghan, il a apporté en conclusion son soutien au Processus de Kaboul pour la coopération en matière de paix et de sécurité. 

M. BERNARD TANOH-BOUTCHOUE (Côte d’Ivoire) a souligné les liens étroits entre sécurité et développement dans le contexte régional de l’Asie centrale et plus spécifiquement de la crise afghane.  Il convient, selon lui, d’appréhender les enjeux et les défis de la stabilisation de l’Afghanistan sous trois aspects qui sont politique et sécuritaire, économique et régional et international.

Sur le plan politique et sécuritaire, et face au niveau croissant des activités terroristes menées par les Taliban et la faction afghane de l’État islamique, il a demandé de renforcer les moyens de la communauté internationale pour circonscrire le niveau de violence dans le pays. 

La Côte d’Ivoire rappelle aussi à toutes les parties au conflit la responsabilité qui leur incombe de protéger les civils lors des opérations militaires, et demande que des mesures supplémentaires soient prises pour réduire le nombre de victimes civiles. 

Le représentant a salué l’adoption de la stratégie nationale afghane de paix et de réconciliation présentée par le Haut Conseil pour la paix, ainsi que les mesures prises par le Gouvernement pour mettre en œuvre le Plan d’action national afghan pour les femmes et la paix et la sécurité et la promotion des droits des femmes. 

Sur le plan économique, M. Tanoh-Boutchoue a salué les progrès réalisés par les autorités afghanes dans leur combat contre la corruption et la réduction de la dépendance de son économie vis-à-vis de l’aide extérieure, et les a encouragées à poursuivre leurs efforts de lutte contre le trafic de stupéfiants. 

En outre, la Côte d’Ivoire se félicite de la coopération économique au sein de l’Asie centrale et exhorte l’Afghanistan et ses voisins à promouvoir l’intégration économique, à travers des projets économiques régionaux.  Elle exhorte en outre les pays voisins à coopérer pour la stabilisation de l’Afghanistan.

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) a estimé que l’objectif d’une paix durable en Afghanistan, que son pays soutenait, supposait de créer un lien entre la sécurité et le développement d’une manière large et intégrée et avec l’appui de la communauté internationale.  Il a en ce sens cité trois aspects. 

En premier lieu, traiter des causes profondes des conflits en Afghanistan dépasse le domaine de la seule paix et sécurité, a déclaré le représentant.  Il faut investir dans le développement durable d’un pays qui compte une population très jeune dont 39% vit en dessous du seuil de pauvreté, une situation qui est évidemment exploitée par les groupes extrémistes et les organisations criminelles. 

À cet égard, le Pérou soutient les conclusions de l’examen stratégique de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA) sur la nécessité de renforcer les efforts visant à diminuer la dépendance internationale de l’Afghanistan. 

Le délégué a notamment mentionné l’importance de l’objectif de développement durable 16, relatif à l’état de droit, et a rappelé l’importance du respect du calendrier électoral, qui prévoit des élections législatives nationales en 2018 et la formation d’un nouveau gouvernement en 2019. 

En deuxième lieu, le représentant péruvien a mis l’accent sur la lutte contre le terrorisme en Afghanistan et son lien avec la criminalité internationale, y compris avec le trafic de drogue, alors que la production de stupéfiants a considérablement augmenté l’an dernier.  Il a appelé à une approche progressive incluant notamment le remplacement de la culture du pavot par des productions alternatives.

Enfin, le délégué a estimé que les associations régionales, sous diverses formes, pouvaient beaucoup contribuer à la sécurité collective, au développement et à la stabilité de leurs membres.  Citant en exemple la zone exempte d’armes nucléaires en Amérique latine, pionnière en la matière, et les organisations latino-américaines de coopération et d’intégration économique, il a mis en avant la croissance économique et la réduction de la pauvreté dans cette région, avant d’estimer que l’Afghanistan et les États de l’Asie centrale avançaient dans une direction comparable. 

Il a notamment salué la signature du traité faisant de l’Asie centrale une zone exempte d’armes nucléaires et a estimé que sa position centrale permettrait à l’Afghanistan de devenir un pilier de la stabilité et de la prospérité dans la région. 

M. TEKEDA ALEMU (Éthiopie) a déclaré que l’Afghanistan continue d’avoir besoin d’une aide de la communauté internationale au moment où ce pays consent des efforts dans le rétablissement de l’état de droit, dans la lutte contre la menace terroriste, dans le trafic ou le commerce de drogues illicites, ou encore dans la réforme du secteur de la sécurité. 

D’un Afghanistan sûr et stable, dépend en effet la stabilité de l’ensemble de la région, a souligné le représentant, avant de saluer le rôle de facilitateur joué par le Centre régional des Nations Unies pour la diplomatie préventive en Asie centrale, un rôle réaffirmé par la déclaration, en date du 11 décembre 2017, des ministres des affaires étrangères pays de la sous-région.

M. ABDULAZIZ KAMILOV, Ministre des affaires étrangères de l’Ouzbékistan, a souhaité que la situation en Afghanistan demeure tout en haut de l’ordre du jour de la communauté internationale.  Il a indiqué qu’il n’y avait pas d’alternative à des pourparlers de paix avec l’opposition armée, y compris les Taliban. 

Le Ministre a mentionné l’importance de la conférence internationale sur l’Afghanistan qui doit se tenir fin mars à Tachkent, dans le prolongement de la seconde réunion du Processus de Kaboul.  Cette conférence permettra de montrer que la communauté internationale est attachée à régler « le problème afghan », a-t-il affirmé, en soulignant l’implication de son pays à cette fin. 

M. Kamilov a mentionné les objectifs de cette conférence, parmi lesquels l’adoption d’un document final définissant les principes de base d’un règlement pacifique et les obligations du Gouvernement et de l’opposition armée, la réaffirmation par tous les participants de leur engagement contre le terrorisme et le lancement d’un appel à l’opposition armée pour qu’elle renonce à la violence et s’engage dans le processus de négociation. 

Le Ministre a notamment convié à cette conférence le Secrétaire général de l’ONU, la Haute Représentante de l’Union européenne et les Ministres des affaires étrangères de la Chine, de la Fédération de Russie, de l’Inde, de la République islamique d’Iran et du Pakistan. 

En conclusion, il a souhaité que le Conseil de sécurité apporte son soutien à cette conférence. 

M. ERLAN ABDYLDAEV, Ministre des affaires étrangères du Kirghizistan, a constaté que malgré les efforts « énormes » du Gouvernement afghan et l’appui considérable de la communauté internationale, la situation en Afghanistan demeure dangereuse et très tendue.  Il a estimé que pour réaliser la paix dans ce pays, les désirs de la population et du Gouvernement d’unité nationale ne suffiront pas, les membres permanents du Conseil de sécurité devant aussi atteindre un consensus. 

Il s’est inquiété de l’absence de progrès notables pour appuyer la réconciliation nationale et trouver une solution politique à la situation, dénonçant notamment le fait que les parties au conflit continuent de faire couler le sang et d’adhérer à une « tactique de préconditions », ce qui, a-t-il affirmé, rend le lancement des pourparlers de paix pratiquement impossible. 

Il a appelé la communauté internationale à élaborer une approche réaliste, appuyant par ailleurs la proposition de l’Ouzbékistan de tenir, en mars 2018 à Tachkent, une conférence internationale sur l’Afghanistan.

Le Ministre a ensuite affirmé que les pays d’Asie centrale étaient prêts à jouer un rôle actif pour consolider la paix et la stabilité en Afghanistan, ceux-ci présentant des avantages comparatifs ainsi que des économies potentiellement complémentaires. 

M. Abdyldaev s’est attardé sur les facteurs qui entravent le commerce, l’entreprenariat et la situation sociale et économique de la région, pointant notamment l’absence de points de contrôle entièrement fonctionnels le long des frontières.  Il a indiqué que les pays d’Asie centrale continuaient des faire des investissements conséquents pour améliorer l’infrastructure des transports routiers et ferroviaires, constatant cependant que ces États fonctionnaient pour l’instant sur la base d’une « approche par pays ». 

Pour faire avancer la sécurité et le développement de l’Asie centrale et de la région afghane, le Kirghizistan propose en outre que la prochaine réunion des ministres des affaires étrangères se tienne cet été sur les rives du lac Issyk-Koul.

Tournant ensuite son attention sur le problème de « l’opium afghan », M. Abdyldaev a estimé qu’outre les efforts de lutte contre la production illicite, le trafic de stupéfiants, le terrorisme et la radicalisation, il importe d’intégrer l’économie afghane avec celle des pays de la région en améliorant notamment l’infrastructure régionale, le commerce, l’investissement, le transit et les projets de transports. 

Après avoir brossé un tableau de la situation qui se dégrade en Afghanistan, notamment en termes de terrorisme, d’extrémisme, de crime organisé, de trafic de drogue et même de défis environnementaux, M. SIRODJIDIN ASLOV, Ministre des affaires étrangères du Tadjikistan, a appelé les pays de la région à prendre des mesures et des engagements forts pour la stabilisation de la situation par le truchement d’une coopération régionale accrue et de partenariats basés sur un système économique juste, efficace et mutuellement bénéfique.

Le Tadjikistan, « qui partage une longue frontière avec l’Afghanistan », porte le poids des défis sécuritaires et ne peut rester indifférent à la situation actuelle, a poursuivi le Ministre, citant les activités de groupes terroristes comme Daech, Ansar Allah, les Taliban ou le Mouvement islamique d’Ouzbékistan (MIO), ainsi que les flux de drogues, d’armes et de personnes. 

Pour sa délégation, la lutte contre le trafic de drogue et la consommation de stupéfiants fait intégralement partie de la lutte contre le crime organisé, le terrorisme international et l’extrémisme et doit se faire par la mise en œuvre de la politique étrangère, de mesures économiques, légales, techniques, opérationnelles et préventives. 

La coordination de telles activités en Asie centrale est de l’intérêt de tous les pays de la région, a poursuivi le Ministre, qui a appelé à plus de coopération entre leurs agences de lutte contre les stupéfiants.  Des efforts internationaux sont également nécessaires selon M. Aslov, qui a dénoncé le manque d’attention accordée à ce problème alors même que la production d’opium a fortement augmenté en Afghanistan au cours de l’année 2017.

Pour son pays, la stabilisation de la situation en Afghanistan passe par son développement économique et social mais aussi par la coopération régionale.  À ce titre, le Ministre a souligné l’importance de projets conjoints dans les secteurs du transport, de l’énergie et de la communication, y compris le projet CASA-1000 dont la mise en œuvre doit commencer au printemps 2018. 

Pour faciliter le commerce avec l’Afghanistan, le Tadjikistan, avec l’aide de la communauté internationale, a construit cinq ponts sur le fleuve Panj, et a créé deux zones économiques libres le long de la frontière afghane, a poursuivi le représentant.  Son pays s’apprête aussi à offrir 1 000 bourses d’études à des jeunes afghans d’ici à 2025.

Avant de conclure, M. Aslov a exhorté les agences onusiennes à renforcer leur coopération avec les organismes régionaux pertinents, notamment l’Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC) et de l’Instance régionale de lutte contre le terrorisme de l’Organisation de Shanghai pour la coopération.

M. HEKANAT KHALIL KARZAI, Ministre adjoint des affaires étrangères de l’Afghanistan, a indiqué que la stabilité et le développement de l’Afghanistan étaient inséparables de la stabilité et de la sécurité des pays voisins.  Reconnaissant l’importance de la coopération, il a déploré les « occasions manquées » au cours des dernières années visant à intensifier cette coopération. 

Cependant, les récentes visites du Président afghan Ashraf Ghani au Turkménistan et en Ouzbékistan ont permis d’inaugurer une nouvelle ère de coopération autour d’un programme commun de sécurité et de développement économique, a-t-il dit.  M. Karzai a indiqué que son pays menait la lutte contre le terrorisme au nom de toute la communauté internationale et mentionné les progrès enregistrés contre les Taliban, le Réseau Haqqani ou bien encore Daech. 

Ces 10 derniers mois, les forces spéciales afghanes ont conduit 2 000 opérations sécuritaires dans tout le pays, a-t-il précisé.  Il s’est félicité que soit désormais reconnue la nécessité de régler la question des sanctuaires terroristes régionaux, avant de souligner l’importance d’éradiquer le trafic de stupéfiants. 

« Le 28 février, nous convoquerons la seconde réunion du Processus de Kaboul, au cours de laquelle nous présenterons notre initiative pour promouvoir la paix et combattre le terrorisme », a-t-il affirmé, en demandant l’appui des pays de la région.  Le Ministre a souligné la nécessité que les initiatives régionales contribuent à renforcer les efforts de paix emmenés par les Afghans eux-mêmes, dans le cadre du Processus de Kaboul. 

Le Ministre a fait état des efforts inlassables de son pays pour promouvoir la coopération régionale, par le biais de la Conférence sur la coopération économique régionale concernant l’Afghanistan.  Les projets tels que le « Couloir lapis-lazuli de transit, commerce et transport » et les projets de raccordement ferroviaire de la Chine, du Kirghizistan, du Tadjikistan, de l’Afghanistan et de l’Iran amélioreront la connectivité régionale et faciliteront les mouvements des idées, des personnes et des biens, a-t-il affirmé. 

Enfin, M. Karzai a déclaré qu’il se présentait aujourd’hui l’occasion d’inaugurer une nouvelle ère de paix, de sécurité et de développement, que seul un engagement régional fort autorisera. 

Mme AKSOLTAN ATAEVA (Turkménistan) a souligné l’importance de la diplomatie préventive en Afghanistan, précisant que son pays accordait une attention toute particulière au Centre régional des Nations Unies pour la diplomatie préventive en Asie centrale.  Le Centre permet aux cinq États qui en sont membres de se lancer dans la recherche de solutions communes aux menaces qui se posent à eux, a-t-elle dit. 

La représentante a assuré que son pays s’était lancé dans le renforcement des relations amicales et de bon voisinage avec l’Afghanistan, en voulant pour preuve l’adoption d’un certain nombre de mesures destinées à redresser l’économie afghane, dont dépend le développement durable de l’ensemble de la région. 

C’est la raison, selon elle, pour laquelle le Turkménistan a prôné une « stratégie diplomatique et économique » en faveur de l’Afghanistan.  La coopération entre nos deux pays, a ajouté la déléguée, passe par la poursuite d’un partenariat plus large, qui repose sur une volonté d’intégration « de notre voisin du Sud ». 

Elle a déclaré que son gouvernement continuerait de maintenir la dynamique actuelle de coopération régionale.

M. ESHAGH AL HABIB (République islamique d’Iran) a indiqué que la sécurité en Afghanistan s’était détériorée depuis l’invasion américaine en 2001.  Près de 17 ans après cette invasion, l’Afghanistan, la région et le monde ne sont pas plus sûrs, a-t-il déploré.  « Cela est un fait et cela a toujours été le cas pour toutes les invasions qui ont eu lieu dans la région. »

Le délégué a indiqué que des investissements dans une coopération régionale durable étaient une « stratégie gagnant-gagnant », dont bénéficieront l’Afghanistan, l’Asie centrale et le monde, tout en privant les terroristes d’un terreau fertile. 

L’Iran est très désireux d’avoir comme voisin un Afghanistan prospère et stable, a-t-il dit, avant de souligner le soutien indéfectible de son pays pour le Gouvernement d’unité nationale afghan.  Il a précisé que son pays avait financé, à hauteur de 500 millions de dollars, plus de 300 projets en Afghanistan, avant de rappeler l’accueil par l’Iran, pendant plusieurs décennies, de millions de réfugiés afghans. 

Enfin, il a souhaité que la communauté internationale apporte un soutien accru à la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA). 

M. MARC PECSTEEN DE BUYTSWERVE (Belgique) s’est dit convaincu que l’Afghanistan et l’Asie centrale avaient « tout à gagner » d’une coopération plus poussée, d’une meilleure intégration des marchés et d’une interconnectivité accrue.  Soulignant le danger représenté par le retour des combattants terroristes étrangers de l’Iraq et de la Syrie, le délégué a plaidé pour un rôle actif de coordination de l’ONU pour y remédier. 

Une attention suffisante doit être accordée à la prévention de l’extrémisme violent, en particulier auprès des jeunes, a-t-il poursuivi.  Il a jugé urgente la coopération entre la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA) et le Centre régional des Nations Unies pour la diplomatie préventive en Asie centrale, en particulier dans le cadre de la lutte contre le trafic de stupéfiants et la traite des personnes. 

Les pourparlers de paix doivent mener à une paix durable, mais ne peuvent aboutir que s’ils sont soutenus unanimement par la communauté internationale et la région, a-t-il conclu. 

M. CHRISTOPH HEUSGEN (Allemagne) a affirmé que l’élaboration d’une stratégie complète pour avancer vers la paix en Afghanistan nécessitait que l’ensemble des efforts déployés en matière de sécurité, de stabilisation et de développement appuie le processus de paix et contribue à une solution politique. 

Il a préconisé l’adoption d’approches cohérentes qui fassent le lien entre les dimensions humanitaires, de paix et de développement, ainsi qu’une coopération bien coordonnée au niveau international et régional.  Il a expliqué que l’approche de l’Allemagne visait à répondre aux causes structurelles et aux besoins immédiats, précisant que l’appui civil fourni par son pays représente 430 millions d’euros par an. 

Le représentant a ensuite souligné que les principaux défis liés à la lutte contre le terrorisme transnational et le trafic illicite de stupéfiants ne pourraient être surmontés qu’en travaillant ensemble.  Il a estimé que le conflit en Afghanistan ne pourrait être résolu que grâce à un processus de paix intra-afghan appuyé par la communauté internationale et a indiqué que l’Allemagne se tenait prête à appuyer le lancement de pourparlers directs entre le Gouvernement afghan et les Taliban. 

Il a aussi espéré que la prochaine réunion du Processus de Kaboul, qui doit se tenir le 28 février, soit l’occasion d’élaborer une feuille de route « dirigée et appropriée par les Afghans » et de mettre en avant l’appui unifié des parties prenantes clefs. 

L’Allemagne a également lancé une initiative pour améliorer la gestion transfrontalière des ressources en eau et appuie des petits projets d’infrastructure dans les régions frontalières entre l’Afghanistan, le Pakistan, la Tadjikistan et l’Iran. 

Le délégué a qualifié d’encourageantes les ouvertures récentes en faveur de la coopération régionale, se félicitant notamment du fait que l’Ouzbékistan ait fait du renforcement de ses relations avec ses voisins une de ses priorités.  Il a ensuite annoncé qu’une nouvelle stratégie Union européenne-Asie centrale serait finalisée en 2019 avec une attention particulière accordée à l’économie et à la sécurité.

Estimant qu’une plus grande coopération entre les partenaires régionaux et internationaux s’imposait, M. Heusgen a par ailleurs appelé l’ONU à jouer un rôle majeur pour promouvoir la cohérence régionale en faveur d’une paix durable.

M. SYED AKBARUDDIN (Inde) a commencé par souligner l’impact de l’insécurité en Afghanistan sur son développement, en s’appuyant sur les dernières informations offertes par la Banque mondiale: « Entre 2013 et 2012, l’Afghanistan a enregistré un taux de croissance économique annuel de 9,6%.  L’an dernier, il était de 2,6%, ce qui est toujours mieux que les 2,2% enregistrés en 2016, lesquels surpassaient les chiffres des années 2014 et 2015. » 

L’an prochain, sous réserve que la situation sécuritaire ne se détériore pas davantage, le taux de croissance devrait atteindre les 3,2%.  Or, selon le représentant, il est regrettable qu’une partie disproportionnée des ressources disponibles en Afghanistan servent à y protéger les infrastructures plutôt qu’à développer davantage de projets dans le pays. 

M. Akbaruddin s’est dit convaincu qu’un des moyens de remédier à l’isolement géographique de l’Afghanistan est de concrétiser la connectivité entre l’Asie centrale et l’Asie du Sud.  C’est dans cette perspective que l’Inde a, en 2017, ouvert des couloirs aériens avec l’Afghanistan et œuvré à l’amélioration des échanges commerciaux avec ce pays et l’Iran au travers du port de Chabahar. 

En outre, de récentes visites en Inde du Président afghan, M. Ashraf Ghani, et du Chef de l’exécutif, M. Abdullah Abdullah, ont donné un nouvel élan au nouveau partenariat de développement conclu par les deux pays en septembre 2017, dans des domaines allant de l’éducation à l’eau, en passant par la santé l’agriculture et les énergies renouvelables.

Le représentant indien a rappelé qu’au cours d’un déplacement en Afghanistan, où il comptait inaugurer le nouveau parlement, le Premier Ministre, M. Narendra Modi, avait fait étape à Lahore, au Pakistan.  « Malheureusement, ces visites ont été suivies d’une attaque barbare et atroce contre l’aéroport de Pathānkot le 1er janvier 2016, perpétré et planifié par les mêmes cerveaux qui s’en prennent à l’esprit afghan chaque jour », a accusé le délégué, en affirmant que ces cerveaux faisaient une différence entre « bons » et « mauvais » terroristes.  « Ces esprits sont réticents à adhérer au mouvement dans lequel la région est engagée pour bâtir un avenir partagé pour nos peuples », a-t-il ajouté.

M. GÜVEN BEGEÇ (Turquie) a affirmé que la sécurité, la stabilité et la prospérité de l’Afghanistan sont d’une importance vitale pour l’Asie centrale.  C’est la raison pour laquelle les pays de la sous-région doivent se mobiliser pour aider Kaboul à relever les défis auxquels il fait face, qu’il s’agisse de la lutte contre le terrorisme, l’extrémisme violent, le trafic de stupéfiants. 

En Afghanistan, il ne saurait y avoir de sécurité sans développement, a fait observer le représentant, qui s’est donc félicité des initiatives récentes visant à renforcer l’interaction et la coopération entre l’Afghanistan et les pays limitrophes.  Il a tout particulièrement applaudi à la signature récente, à Achgabat, de l’accord du Couloir lapis-lazuli de transit, commerce et transport, qui consolide la coopération régionale dans ce domaine.

Pour sa part, la Turquie continuera de contribuer à la coopération régionale, y compris du Processus d’Istanbul « Au cœur de l’Asie », initié en 2011, et qui a réuni de manière constructive les pays d’Asie centrale pour les aider à réaliser leurs objectifs dans les domaines du développement économique, des échanges commerciaux et de l’investissement. 

Le représentant a ensuite souligné l’importance d’un processus de paix et de réconciliation dirigé par les Afghans eux-mêmes, déterminant pour la stabilité de long terme du pays, et auquel la Turquie s’efforcera de contribuer.  Il a en conclusion appelé l’ensemble des pays de la région et le reste de la communauté internationale à soutenir le Gouvernement afghan dans cet effort.

Mme MALEEHA LODHI (Pakistan) a affirmé que la situation en Afghanistan montrait combien un développement anémique alimentait l’extrémisme.  La sécurité demeure précaire dans le pays, a-t-elle dit.  Elle a souligné la priorité que constituait pour son pays le resserrement des liens bilatéraux avec l’Afghanistan.  Près de 50 000 étudiants afghans ont étudié au Pakistan, a-t-elle dit. 

Grâce aux sanctuaires dont ils disposent à l’intérieur du pays, les insurgés n’ont pas besoin d’une aide extérieure pour mener leurs activités déstabilisatrices, a-t-elle dit.  Elle a invité à se pencher sur ces sanctuaires à l’intérieur de l’Afghanistan plutôt de rechercher l’implication d’autres pays.  Ceux qui parlent de sanctuaires extérieurs doivent regarder les faits de plus près, a-t-elle dit. 

Ni le Gouvernement afghan ni les Taliban ne sont en mesure d’imposer une mesure militaire, a-t-elle poursuivi en soulignant l’importance d’une solution politique.  Elle a exhorté les Taliban à s’asseoir à la table des négociations, avant de souligner la participation du Pakistan à toutes les initiatives internationales concernant l’Afghanistan.  Le Pakistan a tout à gagner à la paix en Afghanistan, a-t-elle déclaré, ajoutant que son pays était également victime du terrorisme. 

Enfin, la déléguée a assuré que son gouvernement ne laisserait pas le territoire pakistanais être utilisé pour mener des attaques contre qui que ce soit. 

Mme JOANNE ADAMSON, de l’Union européenne, a déclaré que l’Asie centrale et l’Union européenne (UE) avaient un intérêt commun dans la sécurité et la prospérité de l’Afghanistan, et, par conséquent, le soutien régional et international au processus de paix piloté par les Afghans était essentiel.  Toute stratégie de stabilisation exige une approche régionale solide, selon elle.

À ce titre, l’Union européenne est prête à soutenir le processus intra-afghan, et plus spécifiquement le Processus de Kaboul, dont la prochaine réunion aura lieu le 28 février.  Elle attend des résultats tangibles lors de cette réunion pour ce qui est du règlement pacifique avec les Taliban.

Pour l’UE, une coopération régionale renforcée est la clef d’une paix durable et de la stabilité en Afghanistan et dans toute la région.  C’est la raison pour laquelle elle soutient les forums régionaux comme le Cœur de l’Asie - Processus d’Istanbul ou encore la Conférence de coopération économique sur l’Afghanistan, a précisé sa représentante. 

Elle considère en outre que le Centre régional des Nations Unies pour la diplomatie préventive en Asie centrale doit jouer un rôle de soutien important auprès des pays de la région dans leur lutte contre des défis communs d’ordre sécuritaire et de développement.

Dans ce contexte, la connectivité est un instrument du succès, et, par conséquent, l’UE appuie les efforts des pays de la région pour faciliter le commerce et l’approvisionnement énergétique en Afghanistan.  Citant à titre d’exemple la voie ferrée du Couloir lapis-lazuli, qui relie l’Afghanistan, le Turkménistan, l’Azerbaïdjan, la Géorgie et la Turquie, ou encore l’oléoduc TAPI (Turkménistan, Afghanistan, Pakistan et Inde), ainsi que le projet CASA-1000, la déléguée a tablé sur l’impact positif de ce type de projets pour l’Afghanistan mais aussi pour les intérêts de la communauté internationale puisque, à terme, cela pourrait signifier moins d’aide au développement et moins de flux migratoires pour la région.  Politiquement, cela pourrait aussi pousser les partenaires régionaux à s’engager positivement aux côtés de l’Afghanistan.

Par ailleurs, l’Union européenne a décidé d’apporter un soutien plus fort à l’Asie centrale dans la lutte contre le terrorisme.  Soulignant le lien entre terrorisme, crime organisé, y compris le trafic de stupéfiants utilisé pour financer le terrorisme, des problèmes qui touchent tous les pays d’Asie centrale, la représentante a estimé que ces problèmes ne peuvent être réglés que par une coopération politique, économique et sécuritaire accrue. 

À cet effet, l’UE soutient le programme du Bureau régional de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), qui s’inscrit dans sa propre stratégie 2013-2020 dans ce domaine, a encore précisé la déléguée.

M. KORO BESSHO (Japon) a souhaité que les membres du Conseil de sécurité prennent en compte les voix d’autres parties prenantes lors des discussions sur le renouvellement du mandat de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA). 

Estimant que seul un processus de paix authentique permettra de stabiliser le pays, le délégué a exhorté les acteurs régionaux à aboutir à des résultats tangibles lors de la deuxième réunion du Processus de Kaboul. 

Il a précisé que le but de la coordination de longue date entre son pays et l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) visait à établir des bureaux de liaison pour lutter contre le trafic de stupéfiants.  Un Afghanistan stable est dans l’intérêt du monde, a-t-il déclaré, en mentionnant l’engagement de son pays pour y parvenir. 

Enfin, M. Bessho a espéré que l’année 2018 voie des progrès décisifs du processus de paix en Afghanistan. 

M. ANDREA BIAGINI (Italie) a jugé qu’il fallait continuer d’appuyer les partenaires afghans pour renforcer la sécurité, mais qu’une approche plus large est nécessaire.  La prochaine réunion du Processus de Kaboul doit s’accompagner d’un nouvel engagement en faveur d’une paix dirigée par les Afghans eux-mêmes, a-t-il préconisé. 

Il a affirmé que son pays appuie des projets de lutte contre la production et le trafic de stupéfiants, tout en continuant de fournir une assistance dans le domaine civil. 

Le représentant a enfin salué les initiatives prises par le Centre régional des Nations Unies pour la diplomatie préventive en Asie centrale. 

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