Soixante-treizième session,
10e & 11e séances – matin & après-midi
AG/12068

Assemblée générale: leadership collectif et multilatéralisme, remparts contre la division, la montée des nationalismes et les conflits

Face à un monde de plus en plus fracturé où les institutions s’écroulent au lieu de protéger les peuples du recours à la force et des tempêtes économiques, la Présidente de la Lituanie a mis en garde contre la tentation de laisser les voix du nationalisme et de la division l’emporter sur le dialogue et la coopération.  Au troisième jour du débat général de l’Assemblée générale, les chefs d’État et de gouvernement ont vanté les mérites du leadership collectif, tout en reconnaissant leurs responsabilités dans le scepticisme qui entoure le multilatéralisme.

Pourquoi encore et toujours, année après année, comme dans une sorte de rituel, sommes-nous amenés à constater notre infidélité aux objectifs de la Charte des Nations Unies? s’est demandé le Président de Chypre, M. Nicos Anastasiades, dont le pays « souffre de 44 ans de violation flagrante du droit international ».  Pourquoi les décisions du Conseil de sécurité restent dans leur grande majorité « des attestations de violations »?  Face à quasiment toutes les crises majeures de ces 10 dernières années, a embrayé la Présidente de la Lituanie, Mme Dalia Grybauskaite, le Conseil de sécurité a été incapable de jouer un rôle utile et les organisations mises en place pour éliminer les armes de destruction massive sont « inoffensives » face aux dictatures.  Maintenant que la tendance de l’économie mondiale commence à s’inverser, l’Organisation mondiale du commerce (OMC) est paralysée, avec le risque que les tensions commerciales ne balayent les acquis de développement durable et de la réduction de la pauvreté. 

Les derniers flux migratoires, a poursuivi le Ministre des affaires étrangères de Djibouti, M. Mahmoud Ali Youssouf, ont fait émerger des tendances protectionnistes et la tentation palpable « du repli autarcique parfois autistique, bref une crise du multilatéralisme ».  Or, a plaidé le Premier Ministre de la Belgique, M. Charles Michel, le multilatéralisme, n’est pas « un concept creux vide de sens », mais plutôt la coopération, la négociation et la bataille des idées et des arguments plutôt que des armes.  « Qui ici peut croire que l’addition de 193 intérêts nationaux produirait comme par miracle une réponse à nos défis communs? ».  Aujourd’hui, dans nos débats et dans nos dialogues, s’est désolée, à son tour, Mme Jacinda Ardern, Première Ministre de Nouvelle-Zélande, nous sommes contraints de défendre l’existence même de nos institutions internationales au lieu d’en relever la pertinence et l’importance.  Pourtant, face aux nombreux défis auxquels nous faisons face, la nécessité d’une action collective et multilatérale n’a jamais été aussi évidente. 

Seul un leadership collectif et la primauté du multilatéralisme permettront de relever les défis du monde actuel, a acquiescé le Président chypriote, qui, s’agissant de la question de Chypre, n’a pas vu d’autres voies que le Plan en six points du Secrétaire général de l’ONU, espérant que la Turquie saisira cette occasion pour faire preuve de la détermination politique nécessaire à la conclusion d’un accord et pour contribuer concrètement à la stabilité régionale. 

Victime des ratés du multilatéralisme, le Président de l’État de Palestine, M. Mahmoud Abbas, a rejeté les États-Unis comme « unique médiateur » et demandé l’élargissement de la médiation à de nouveaux partenaires « au-delà même des membres du Quatuor ».  M. Abbas est revenu sur l’Initiative politique palestinienne qu’il a lui-même présentée au Conseil de sécurité en février dernier, laquelle propose l’organisation d’une conférence internationale de la paix qui aboutirait à la reconnaissance de l’État de Palestine en tant que Membre de plein droit des Nations Unies; la reconnaissance mutuelle de l’État de Palestine et de l’État d’Israël sur la base des frontières d’avant 1967; et la création d’un mécanisme international multilatéral pour aider les deux parties à résoudre les questions en suspens liées au statut final dont Jérusalem, les frontières, la sécurité, les colonies, les réfugiés, l’eau et les prisonniers.

Dans une dénonciation virulente de l’Accord final de Prespa, facilité par l’ONU, sur la question du nom, lequel fera l’objet d’un référendum ce dimanche 30 septembre, le Président de l’ex-République yougoslave de Macédoine, M. Gjorge Ivanov, s’est dit surpris par toutes ces grandes personnalités étrangères qui sont venues dire à son peuple que si l’Accord est rejeté, les portes de l’OTAN et de l’Union européenne resteront elles aussi fermées.  Pour parvenir à un accord véritable, viable et durable, il faut privilégier le dialogue contre les monologues, les arguments contre la force et le respect mutuel contre le déni, a tranché le Président, qui a dit ne pas comprendre pourquoi son peuple doit être privé du nom qu’il s’est choisi comme si « une banale région administrative grecque » avait plus de droits dans les relations internationales qu’un État souverain comme la « République de Macédoine ».

Aux premières loges du théâtre des migrations de l’Afrique du Nord vers l’Europe, le Premier Ministre de Malte, M. Joseph Muscat, a réclamé des accords institutionnels « à la Bretton Woods » entre les membres de l’Union européenne pour répondre et gérer collectivement les migrations, saluant au passage l’adoption imminente du pacte mondial sur les migrations qu’il a décrit comme un jalon important, mais « pas la fin de la route ».

S’il n’a pas directement répondu au Premier Ministre maltais, le Président du Conseil européen, M. Donald Tusk, a tenu à réitérer le soutien de l’Union européenne à l’Accord sur le dossier nucléaire iranien, « tant que l’Iran respectera ses engagements ».  Cet accord, a répété, le Premier Ministre israélien, M. Benjamin Netanyahu, alimente la « campagne de carnage » de l’Iran au Moyen-Orient.  Il a affirmé qu’au mois de mai dernier, son pays a remis à l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) les preuves des plans de l’Iran pour mettre au point l’arme nucléaire.  Le Premier Ministre israélien a réservé quelques scoops à l’Assemblée générale: l’existence d’un entrepôt atomique secret à Téhéran, dont l’AIEA a été informée, et celle d’une seconde installation de ce type dans un autre quartier de Téhéran qui « alimente son énorme machine de guerre » en Iraq, à Gaza, en Syrie, au Liban et en Arabie saoudite.  Le représentant de l’Iran a apporté un démenti formel aux allégations d’Israël.

Le Premier Ministre israélien a ajouté que l’accord sur le nucléaire iranien a eu la conséquence positive de rapprocher son pays de nombreuses nations arabes et nouer « des liens d’amitié et de complicité »,« inimaginables » il y a quelques années, contre la menace d’un ennemi commun.  Porté par le vent favorable qui souffle sur la Corne de l’Afrique, le Ministre des affaires étrangères de l’Éthiopie, M. Workneh Gebeyehu, a plaidé pour que le Conseil de sécurité envisage de lever les sanctions contre l’Érythrée. 

L’Assemblée générale poursuivra son débat de haut niveau demain, vendredi 28 septembre à 9 heures.

Suite du débat général

Mme DALIA GRYBAUSKAITĖ, Présidente de la Lituanie, a rappelé qu’il y a 100 ans, au lendemain de la Première Guerre mondiale qui a provoqué la chute des empires et offert une chance aux petites nations, comme la sienne, des institutions multilatérales ont été mises en place pour sauvegarder l’indépendance politique et l’intégrité territoriale de ces nations.  Mais quand le monde a été confronté à une autre crise grave, ces mêmes institutions ont failli et sont restées impuissantes devant le plongeon de l’humanité dans la Seconde Guerre mondiale.  Aujourd’hui, nous aimons à penser que nos institutions multilatérales, dont les Nations Unies, sont assez fortes pour s’opposer à l’agression et au mépris des règles internationales.  Mais parfois, a constaté la Présidente, la réalité nous montre autre chose: le monde est plus en plus fracturé et les institutions s’écroulent au lieu de nous protéger du recours à la force et des tempêtes économiques ».  Face à quasiment toutes les crises majeures de ces 10 dernières années, le Conseil de sécurité a été incapable de jouer un rôle utile compte tenu de l’incapacité de certains de ses membres de dépasser leurs intérêts nationaux et de renoncer au droit de veto.  Les organisations mises en place pour éliminer les armes de destruction massives sont « inoffensives » face aux dictatures qui développent armes nucléaires et armes chimiques, et utilisent des gaz contre leurs propres populations.  Maintenant que la tendance de l’économie mondiale commence à s’inverser, l’Organisation mondiale du commerce (OMC) est paralysée, avec le risque que les tensions commerciales dans le monde ne balayent les acquis de développement durable et de la réduction de la pauvreté. 

Nos institutions ne sont pas parfaites, a admis la Présidente.  Elles sont bureaucratiques, adeptes du gaspillage et non comptables de leurs actes.  Mais étant donné que nous les avons créées, il nous revient de les améliorer et de les adapter aux nouvelles réalités.  Avant de songer à les détruire, nous devons savoir par quoi nous voulons les remplacer, au risque d’être condamnés à vivre sur des ruines.  Nous ne pouvons pas, a averti la Présidente, rejeter la mondialisation parce que l’on en deviendrait que plus pauvre.  Mais il est vrai que cette mondialisation a un côté sombre qui exige une lutte contre les inégalités, l’exclusion et l’érosion des normes du travail.

Nous ne pouvons pas, a martelé Mme Grybauskaitė, laisser les voix du nationalisme et de la division l’emporter sur le dialogue et la coopération.  Pour tous les défis majeurs –le terrorisme, les changements climatiques ou encore l’autonomisation des femmes- il n’y a qu’un choix, le travail collectif.  Nous avons donc été trop silencieux, trop passifs et trop ignorants.  Nous devons, a estimé la Présidente, cesser de rejeter sur les institutions l’échec de nos politiques nationales.  Nous devons reconnaître que nous, États Membres, avons le pouvoir et les ressources de faire en sorte que les Nations Unies puissent vraiment défendre la liberté, l’égalité et l’humanité.  « Parce que nous sommes les Nations Unies, assumons la responsabilité de notre avenir et donnons à l’Organisation les moyens d’agir », a conclu la Présidente.

M. MOKGWEETSI ERIC KEABETSWE MASISI, Président du Botswana, s’est réjoui que son pays ait connu une transition démocratique sans heurt pour la cinquième fois depuis son indépendance en 1966, avec son arrivée au pouvoir le 1er avril dernier.  Il a rendu hommage à Kofi Annan, « icône », « qui aura consacré toute sa vie au bien de l’humanité ».  Le Président s’est réjoui du thème de cette soixante-treizième Assemblée, « Faire de l’ONU une organisation pour tous: une force mondiale fondée sur des responsabilités partagées, au service de sociétés pacifiques, équitables et durables ».  Le principe consistant à ne laisser personne de côté doit être notre aspiration à long terme, a-t-il déclaré.  Il est clair qu'aucun d'entre nous, grand ou petit, ne peut s’attaquer seul aux défis « gigantesques » du développement.  Nous devons donc agir pour renforcer le multilatéralisme et honorer les engagements pris par l’Assemblée générale et mettre en œuvre les partenariats pour le développement durable, a souligné le Président.

La communauté internationale doit continuer à aider les pays en tenant compte de leurs défis spécifiques.  Le Botswana, s’est expliqué le Président, est classé dans la catégorie des pays à revenu intermédiaire et pourtant, il se heurte à de nombreux défis en matière de développement.  Le Président a donc réitéré son appel à un appui international au renforcement du capital humain, à l’amélioration des infrastructures, à la redynamisation du secteur privé et à l’accès aux technologies.  Le Botswana a pris soin d’aligner sa Vision 2036 avec le Programme de développement durable à l’horizon 2030, tout comme l’ont fait l’Union africaine, avec son Agenda 2063, et la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), avec son Agenda de l’intégration.

Dans ce contexte, le Président a jugé « cruciale » la résolution de l’Assemblée générale sur le repositionnement du système des Nations Unies pour le développement.  Il a ensuite parlé des droits de l’homme, aux niveaux national et international, de la paix et de la sécurité internationales, des migrations internationales et de la lutte contre la corruption. 

Il a conclu en souhaitant une marche résolue vers la concrétisation des objectifs de développement durable.  Ne nous laissons pas décourager par les obstacles que nous ne manquerons pas de croiser sur notre chemin.  Après tout « Rome ne s’est pas construite en un jour », a dit le Président qui a appelé à des actions « audacieuses et transformatrices ».  Nous devons rester fermes dans la défense de notre mot d’ordre ne laisser personne de côté.  N’hésitons pas à faire preuve de leadership, assumons notre responsabilité collective et multiplions les partenariats entre tous les pays et tous les peuples du monde.

Avons-nous échoué? s’est interrogé M. NICOS ANASTASIADES, Président de Chypre.  Pourquoi encore et toujours, année après année, comme dans une sorte de rituel, nous sommes amenés à constater notre infidélité aux objectifs de la Charte?  Pourquoi les décisions du Conseil de sécurité restent dans leur grande majorité « des certifications d’attestation des violations »?  Pourquoi le droit international et les accords internationaux ne sont pas respectés?  Pourquoi nos stratégies pour créer des meilleures conditions de vie restent « des vœux pieux »?  Quand allons-nous enfin assumer nos responsabilités devant nos peuples et l’humanité tout entière? a lancé le Chef de l’État chypriote à ses pairs.

En tant que Président d’un petit pays qui souffre depuis 44 ans de violations flagrantes du droit international, il a expliqué « les causes bien connues » des résultats « inacceptables et décevants » dans la région et dans le monde.  Il a cité la primauté des intérêts expansionnistes, les investissements dans l’industrie de la guerre; la passivité devant les violations du droit international, le financement par certains États du terrorisme pour imposer leur fondamentalisme religieux et l’indifférence devant la famine, les taux de mortalité, les causes sous-jacentes des migrations massives et les changements climatiques. 

Malgré des aspirations distinctes voire des conflits d’intérêts, les États doivent, a estimé le Président, inverser la tendance à « la politique des affaires courantes » pour s’attaquer aux causes sous-jacentes d’une situation mondiale sans précédent.  Seul un leadership collectif et la primauté du multilatéralisme permettront de relever les défis, a insisté le Président chypriote qui a donc soutenu la réforme du Secrétaire général pour faire de l’ONU une organisation mieux à même de répondre aux exigences du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Le Président a adhéré à la vision du Secrétaire général sur la primauté de la diplomatie dans le rétablissement de la paix et le règlement des conflits.   

Quoique membre de l’Union européenne, Chypre, a-t-il rappelé, est l’épicentre d’une région marquée par une volatilité et une instabilité extrêmes.  Mais notre vision et notre ambition, a-t-il confié, est de devenir un phare de stabilité, de prévisibilité et de synergies pour une prospérité et une stabilité généralisées.  À cette fin, Chypre a renforcé ses liens historiques avec ses voisins dans des partenariats conformes à l’idée d’un multilatéralisme efficace mais qui ne sont en aucun cas exclusifs.  Le Président a donc souligné les multiples bénéfices qui découleraient d’une solution globale à la question de Chypre, pour les premiers concernés mais aussi pour toute la région.  Il a regretté que le processus de paix soit resté dans l’impasse depuis la Conférence sur Chypre en juillet 2017.  Il s’est voulu clair: seule une solution viable et opérationnelle, conforme au statut de Chypre comme membre de l’Union européenne et aux meilleures pratiques des pays démocratiques, Membres de l’ONU, peuvent créer les conditions d’une paix durable.  Le Président a insisté sur son engagement « ferme et véritable » en faveur d’une solution fondée sur les résolutions pertinentes des Nations Unies, les « acquis » de l’Union européenne et l’issue des négociations sur le cadre en six points que le Secrétaire général de l’ONU a élaboré comme base pour avancer.  Le Secrétaire général et sa mission de bons offices sont la seule et unique voie pour aller de l’avant, a insisté le Président, qui a espéré que la Turquie saisira cette occasion pour démontrer une détermination politique nécessaire à la conclusion d’un accord et pour contribuer concrètement à la stabilité régionale. 

M. GJORGE IVANOV, Président de l’ex-République yougoslave de Macédoine, s’est dit fier d’appartenir à un pays qui a toujours été du bon côté de l’histoire et qui, le 8 septembre 1991, a exercé de manière pacifique son droit à l'autodétermination, proclamant la « République indépendante et souveraine de Macédoine ».  Voilà où l'injustice a commencé, s’est indigné le Président, car nous avons été privés de notre droit d’user du nom que nous nous sommes choisi comme si une banale région administrative grecque avait plus de droits dans les relations internationales qu’un État souverain comme la « République de Macédoine ».  Mon pays est devenu Membre des Nations Unies, le 8 avril 1993, et pourtant, dans cette « communauté d’égaux devant la loi », la « République de Macédoine » a été admise comme « moins égale », avec une « dérogation » à sa personnalité juridique et une violation de son droit à l’autodétermination. 

Aujourd'hui, 25 ans plus tard, les discussions facilitées par les Nations Unies devraient prendre fin avec l’adoption de l’Accord final de Prespa qui, selon certains, devrait clore le différend avec la Grèce et ouvrir la voie de la « République de Macédoine » à son accession à l’Union européenne et à l’Otan.  L’Accord, a ironisé le Président, s’ouvre par un préambule « grandiloquent » qui rendrait jaloux les auteurs de la Déclaration universelle des droits de l’homme.  Mais l’Accord viole en réalité les principes et les normes universelles mentionnés dans son préambule, y compris le droit à la dignité humaine.  De tous les droits violés, le Président s’est attardé sur le droit à l’autodétermination qui dispose que seule la nation a le droit de déterminer sa destinée, sans ingérence extérieure.  Le droit à l’autodétermination, a-t-il interprété, est à l‘origine du droit des peuples à choisir leur propre nom et le nom de l’État qu’ils ont créé.  « Nous nous appelons Macédoniens depuis des siècles, bien avant la naissance des Nations Unies », a martelé le Président. 

Or, avec l’Accord de Prespa, la Grèce nous impose un nouveau nom.  Il est prévu, s’est-il emporté, que l’on amende notre Constitution et que la Grèce devienne le censeur de nos amendements constitutionnels.  La Grèce aurait ainsi le pouvoir permanent de surveiller comment nous nous appelons entre nous mais aussi comment vous, États Membres, vous vous adressez à nous.  La Grèce aurait le droit de renommer nos institutions, de modifier nos manuels scolaires et d’interdire à nos citoyens d’exprimer leur identité macédonienne.  C’est une censure du monde, une autocensure de notre conscience collective de Macédoniens et une violation flagrante du droit à l’autodétermination, a accusé le Président.  L’Accord de Prespa, s’est-il résigné, n’est que le fruit amer d’un arbre empoisonné depuis longtemps, du compromis préjudiciable de l’Accord intérimaire de 1995 qui lui-même se fondait sur les résolutions 817 et 845 du Conseil de sécurité.  Et c’est là, s’est exclamé le Président, le nœud du problème: le droit à l’autodétermination a été violé quand la « République de Macédoine » est devenue Membre des Nations Unies.  Le Président a affirmé que l’Accord intérimaire et l’Accord de Prespa ont été adoptés sans son consentement.  Mon pays est désormais prié de commettre « un suicide juridique et historique » et il faut se demander ce que cela veut dire pour le leadership mondial et la responsabilité partagée des Nations Unies.

« C’est la victoire sauvage d’Athènes à Mélos », a constaté le Président, en convoquant l’histoire.  L’Accord de Prespa nous place en effet devant le fait accompli: vous êtes plus petits, vous êtes plus faibles, vous devez donc vous soumettre à l’ultimatum d’Athènes.  Invoquant cette fois la Convention de Vienne sur le droit des traités, le Président a proclamé nul et non avenu l’Accord intérimaire de 1995.

Quant à l’Accord de Prespa qui fera l’objet d’un référendum, ce dimanche 30 septembre, M. Ivanov s’est dit surpris par toutes ces grandes personnalités étrangères qui sont venues dire à son peuple que si l’Accord est rejeté, les portes de l’OTAN et de l’Union européenne resteront elles aussi fermées.  Aidez-nous plutôt à débloquer le processus d’accession sans violer notre droit à l’autodétermination, a lancé le Président.

Les Grecs et les Macédoniens doivent apprendre à vivre ensemble malgré leurs profondes divergences.  Pour parvenir à un accord véritable, viable et durable, il faut privilégier le dialogue contre les monologues, les arguments contre la force et le respect mutuel contre le déni, a ajouté le Président.

M. TEODORO OBIANG NGUEMA MBASOGO, Président de la Guinée équatoriale, a jugé important d’atténuer les effets persistants du colonialisme où qu’ils soient.  En dépit des nombreuses résolutions des Nations Unies pour promouvoir la croissance et le développement économique durable, un fossé considérable existe toujours entre pays développés et pays en développement, alimentant les tensions et les conflits.  Les États doivent n’épargner aucun effort pour concrétiser les objectifs de développement durable.  Les migrations massives du Sud vers le Nord, et les mouvements terroristes ne sont que le résultat évident d’une pauvreté et d’un sous-développement aggravés par l’absence de solidarité internationale, a estimé le Président Obiang.

Membre non permanent du Conseil de sécurité, la Guinée équatoriale, a-t-il poursuivi, favorisera toujours la diplomatie dans la prévention et le règlement des conflits, tout en veillant au respect de l’intégrité territoriale de chaque État Membre, du principe de non-ingérence dans les affaires intérieures des États, de la souveraineté nationale.  Les interventions armées ne font rien pour la paix, a prévenu le Président qui s’est dit convaincu du bien-fondé de la réforme du Conseil de sécurité, lequel accuse une structure « obsolète ».  Il est tout à fait injuste que l’Afrique soit marginalisée dans les processus internationaux de prise de décisions.

Quant à son propre pays, le Président s’est montré optimiste, convaincu que l’émergence économique est désormais envisageable.  La proclamation du multipartisme a donné naissance à 18 partis politique pour moins de 1,5 million d’habitants.  Dorénavant, le mandat présidentiel est limité à deux mandats.  Le plan de développement économique et social adopté en 2000 a permis d’améliorer les infrastructures économiques de base, comme les ports, les hôpitaux, les systèmes d’assainissement et d’adduction d’eau et l’électricité.  Afin de surmonter les effets de la crise économique, le Gouvernement est en train de préparer la troisième phase de la conférence économique nationale et lance un appel aux donateurs pour qu’ils appuient les efforts de diversification de l’économie et l’industrialisation du pays. 

M. JOVENEL MOÏSE, Président d’Haïti, a posé une double question à l’Assemblée: « Comment optimiser les mécanismes du maintien de la paix et de la sécurité internationales? » et « comment traduire l’exigence de solidarité internationale en un système de coopération plus efficace, capable de promouvoir le développement durable et éradiquer la pauvreté dans le monde? »  Le Président a voulu jeter un éclairage sur la situation dans son pays un an après la clôture de la Mission de stabilisation (MINUSTAH) à laquelle a succédé la Mission pour l’appui à la justice (MINUJUSTH).  Dans un contexte de raréfaction des moyens et de la forte pression des besoins, la « Caravane du changement », a-t-il dit, est une stratégie novatrice visant à mettre toutes les ressources de l’État au service du peuple.  En dépit des avancées, le Président a reconnu que l’atonie de la croissance économique continue de peser lourdement sur la stratégie nationale de développement et de pérennisation de la paix.  Il a rappelé que les conséquences du tremblement de terre de 2010 ont représenté 120% du PIB et celles du cyclone Matthieu, 32%.

En juillet dernier, après l’application de la loi sur l’ajustement des prix de l’essence conclu avec le Fonds monétaire international (FMI), le pays a vécu « la fâcheuse et douloureuse » expérience d’un soulèvement populaire.  Haïti, qui ne produit pas de pétrole, doit en effet continuer à subventionner le prix des produits pétroliers.  Cette expression « violente » de mécontentement, a constaté le Président, a posé la question centrale des risques associés à l’extrême précarité socioéconomique et au manque de perspectives économiques.  Elle a aussi mis en relief la fragilité des acquis obtenus.  Un des enseignements tirés est que les réformes structurelles sont un processus de longue haleine.  

M. Moïse a estimé que le « soubresaut » a été, en grande partie, la résultante d’une vision « trop étriquée » de l’aide au développement laquelle ne permet pas toujours aux partenaires internationaux de reconnaître la nécessité d’une approche moins fragmentée, moins rigide, plus intégrée, plus cohérente, bref, beaucoup plus en adéquation avec les cinq Principes de Paris sur l’efficacité de l’aide et le Programme d’action d’Accra.  Le succès, a précisé le Président, est tributaire pour une large part de la capacité à obtenir des fonds additionnels pour relancer l’investissement public et surmonter les obstacles à la croissance.  Le Président a cité les objectifs prioritaires du Plan d’action rénové, avant d’appeler à un programme d’aide renouvelé, cohérent, substantiel, aligné sur les priorités nationales.

Haïti a reçu près de 11 milliards de dollars en dons et prêts entre 2006 et 2016 et toutes les infrastructures routière, électrique, numérique, sanitaire, scolaire, environnementale et hydraulique ne sont pas mises en place.  Le Président a donc insisté pour que l’on repense l’aide au développement.

M. SEBASTIÁN PIÑERA ECHEÑIQUE, Président de la République du Chili, a estimé que les trois grands défis de la communauté internationale identifiés par l’ancien Secrétaire général Kofi Annan, il y a 20 ans, sont toujours d’actualité.  La sécurité, le développement ainsi que les droits de l’homme et l’état de droit forment toujours le noyau de « notre ordre mondial », même s’ils se présentent sous des formes nouvelles.  Selon lui, l’ordre mondial en émergence, fondé sur la démocratie occidentale et l’économie de marché, a engendré de nouvelles tensions.  Les menaces à la paix et à la sécurité internationales persistent sous la forme du terrorisme, des conflits armés et du crime organisé transnational, a relevé le Président, et ont provoqué une crise migratoire à grande échelle.  Il s’agit d’un défi qui interpelle la communauté internationale dans son ensemble, a-t-il ajouté, y compris le Chili, qui s’est engagé à assurer des migrations sûres, ordonnées et régulières.  Il faut donc trouver un équilibre entre le « droit souverain des États » de réguler l’entrée des migrants sur leur territoire et le respect des droits fondamentaux, a considéré M. Echeñique.

Pour le Président chilien, le développement doit être exhaustif, inclusif et durable, à l’image des objectifs de développement durable et du Programme 2030.  Pour cette raison, le renforcement du multilatéralisme droit transcender les initiatives économiques récentes telles que le partenariat transpacifique ou la Coopération Asie-Pacifique.  Le « vrai » développement se mesure à l’aune du traitement des personnes les plus vulnérables et de la protection de l’environnement, a poursuivi M. Echeñique, pour qui il y va de la survie même de l’humanité. 

Notre génération est la première à souffrir des effets des changements climatiques, a-t-il rappelé, mais également la seule qui puisse encore en contrer les effets.  Pour sa part, le Chili a établi des aires de protection de la biodiversité, y compris des zones de protection marines, ainsi qu’une « route de l’énergie » verte, en plus de bannir l’usage des sacs plastiques.  Pour soutenir ces efforts, il a préconisé le recours à la technologie et au système multilatéral international.

Rappelant le trentième anniversaire du référendum qui a ouvert la voie au retour de la démocratie dans son pays, le Président Echeñique a déclaré la période de transition politique terminée.  Selon lui, le Chili doit maintenant se transformer en un pays développé, dans le respect des droits de l’homme et de l’état de droit.  Il a dénoncé le traitement infligé aux Vénézuéliens « privés de voix » par le Gouvernement « autoritaire et antidémocratique » du Président Maduro.  Une situation similaire à celle qui prévaut au Nicaragua et à Cuba, « pays frères » où les libertés ont été restreintes, a-t-il dit. 

Le Conseil de sécurité, héritage de la Seconde Guerre mondiale, n’est plus à même de répondre à ces défis, a considéré le Président, et sa composition ne reflète plus la réalité du monde, alors que l’Afrique, le Japon, l’Allemagne, l’Inde et l’Amérique latine en sont exclus. 

Après avoir vanté le modèle réussi de démocratie stable dans son pays, M. JULIUS MAADA BIO, Président de la Sierra Leone, a dit que si son gouvernement est prêt à optimiser le potentiel de développement, la communauté internationale doit continuer de jouer un rôle pour soutenir la démocratie.  « Nous appelons nos partenaires bilatéraux à nous aider à répondre aux attentes de notre peuple avec des fonds, une assistance technique et des liens commerciaux fructueux. »

Rappelant le thème de la soixante-treizième session de l’Assemblée générale, « Faire de l’ONU une organisation pour tous: une force mondiale fondée sur des responsabilités partagées, au service de sociétés pacifiques, équitables et durables », M. Maada Bio a souligné la nécessité d’une réforme urgente et impérative de l’ONU pour redresser en particulier l’injustice historique faite au continent africain.

Sur le plan national, le Président a dit que le Gouvernement donne la priorité à la création d’emplois, l’accès à une éducation de qualité, l’autonomisation des jeunes, des femmes et des personnes handicapées, la lutte contre la corruption et l’amélioration de la culture de responsabilité et de transparence, l’avènement d’un secteur public efficace et efficient, et le renforcement de la responsabilité civique et la cohésion nationale.

Il a énuméré les domaines dans lesquels le Gouvernement consacre ses efforts pour avoir une capacité de production d’énergie renouvelable de 60% d’ici à 2030 et générer de la croissance dans les zones rurales.  Le Gouvernement a une vision audacieuse pour la science, la technologie et l’innovation qui l’a conduit à créer la première direction de la technologie scientifique et de l’innovation.  « Nous sommes engagés dans la réforme de la justice pénale, nous avons lancé le programme d’éducation de qualité gratuite, nous nous sommes engagés à promouvoir une presse libre, à accroître un accès équitable à des soins de santé de qualité », a énuméré le Président Maada Bio.

« Jérusalem n’est pas à vendre », c’est en ces termes que M. MAHMOUD ABBAS, Président de l’État de Palestine, a commencé son bref tour d’horizon des développements politiques récents dans son pays.  Il a indiqué que le Parlement palestinien lui avait demandé de suspendre la reconnaissance d’Israël, jusqu’à ce que ce dernier reconnaisse formellement l’État de Palestine, d’après le tracé des frontières d’avant le 4 juin 1967.  Le Parlement palestinien, a-t-il poursuivi, lui a également demandé de saisir les différents tribunaux internationaux, dont la Cour pénale internationale (CPI), afin qu’ils ouvrent des enquêtes sur « les violations par Israël des traités, les agressions des forces d’occupation israéliennes et la terreur semée par les colons à l’encontre de notre peuple, de nos terres et de nos lieux saints ».  Ces décisions, a expliqué M. Abbas, l’obligent à reconsidérer aussi bien les accords préalablement conclus avec Israël que le futur de l’Autorité palestinienne, « désormais dépourvue d’autorité ».

Passant ensuite à la question des négociations de paix, M. Abbas a d’emblée exhorté le Président des États-Unis, M. Donal Trump, à revenir sur un certain nombre de ses décisions, dont la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël, le transfert des locaux de l’ambassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem, la suppression de la question des réfugiés palestiniens et des colonies de peuplement de l’agenda des négociations et, enfin, la classification de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) comme organisation terroriste, alors même que la plupart des pays du monde, y compris Israël, considèrent l’OLP comme la « seule représentante légitime du peuple palestinien ».

Le Président palestinien a appelé les pays qui ne l’ont toujours pas fait de reconnaître l’État de Palestine, dont le Royaume-Uni et les États-Unis.  « Je ne vois plus aucune raison valable au report de cette reconnaissance », a-t-il insisté.  En 2019, a poursuivi M. Abbas, il est prévu que l’État de Palestine préside le Groupe des 77 et la Chine, qui représente 134 États.  Dans ce contexte, il a exhorté les États Membres à étendre le statut de la Palestine à l’ONU –jusqu’ici considérée comme un État observateur– pour la durée de son mandat de présidente, afin de lui permettre d’exercer ses pleines responsabilités au nom du Groupe des 77.

Revenant sur la question des accords internationaux signés par l’État de Palestine, M. Abbas a estimé qu’Israël avait rompu l’intégralité des arrangements conclus.  « Soit Israël se conforme à ces accords, soit nous y renoncerons nous-mêmes », a-t-il mis en garde.  Il en va de même pour les États-Unis, a déclaré M. Abbas, pour qui l’administration américaine est également revenue sur l’ensemble des accords conclus.  Partant de ce constat, le Président palestinien a déclaré qu’il n’accepterait plus une médiation américaine unique dans le cadre du processus de paix.  À ses yeux, l’administration américaine « a perdu sa légitimité » en raison de ses décisions récentes.

M. Abbas a fait preuve de la même fermeté s’agissant des accords conclus entre l’Autorité palestinienne et le Hamas.  Soit le Hamas décide de les mettre pleinement en œuvre, a-t-il mis en garde, soit nous prendrons nos distances avec tout accord ou mesure conclu sans notre approbation et refuserons d’en assumer la responsabilité.

Sur la question des réfugiés palestiniens, le Président a appelé l’Assemblée générale à garantir son soutien continu, notamment financier, à l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA).

Concernant l’avenir des négociations de paix, M. Abbas a indiqué qu’il avait fait figurer en annexe de sa déclaration écrite d’aujourd’hui, à l’attention des États Membres, le texte intégral de l’Initiative politique palestinienne qu’il a lui-même présentée au Conseil de sécurité en février dernier.  

Cette Initiative propose l’organisation d’une conférence internationale de la paix, basée sur le principe du droit international et des résolutions pertinentes des Nations Unies.  La conférence se ferait avec la participation des deux parties, des acteurs régionaux, des membres permanents du Conseil de sécurité, du Quatuor pour le Moyen-Orient et de nombreux autres pays. 

Les résultats attendus de la conférence seraient les suivants: un accord sur la reconnaissance de l’État de Palestine en tant que Membre de plein droit des Nations Unies; la reconnaissance mutuelle de l’État de Palestine et de l’État d’Israël sur la base des frontières d’avant 1967; et la création d’un mécanisme international multilatéral pour aider les deux parties à résoudre les questions en suspens liées au statut final défini dans les Accords d’Oslo (Jérusalem, les frontières, la sécurité, les colonies, les réfugiés, l’eau et les prisonniers) et à mettre en œuvre les décisions prises selon un calendrier précis.

En second lieu, l’Initiative politique palestinienne propose que, durant la durée des négociations, toutes les parties s’abstiennent de prendre des mesures de nature à remettre en cause le résultat final.  Cela suppose, selon la proposition, la cessation de toutes les activités de colonisation, la suspension de toute décision liée à Jérusalem et le gel du transfert de l’ambassade américain dans la ville sainte.

Enfin, la proposition palestinienne demande la mise en œuvre de l’Initiative de paix arabe et la conclusion d’un accord régional pour donner suite à la signature d’un accord de paix entre Palestiniens et Israéliens.  Le cadre des négociations de ces accords serait également basé sur le principe de la solution des deux États, avec Jérusalem-Est comme capitale de la Palestine.  M. Abbas a tenu à préciser qu’il est question de tout Jérusalem-Est et non pas d’une « sous-partie ».

DONALD TUSK, Président du Conseil européen, a assuré que l’Union européenne appuyait sans réserve l’action des Nations Unies, ainsi que les efforts de compréhension et de solidarité entre pays.  « Nous devons doter les Nations Unies des capacités à accomplir ses différents mandats avec succès, en Syrie, au Venezuela, au Myanmar et dans bien d'autres endroits. »  L’UE a dit soutenir les différentes réformes de l’ONU, les qualifiant d'indispensables. Elle a souligné qu’elle assume elle-même de plus en plus de responsabilités en matière de sécurité.  Le Président du Conseil a d’ailleurs appelé la communauté internationale à prendre des mesures contre le recours accru à la désinformation, à la propagande et à l’ingérence dans les élections démocratiques.  « L’espace numérique est utilisé par des forces malicieuses à des fins néfastes et les pays de l’UE n’en sont pas les seules victimes », a prévenu M. Tusk, qui a invité l’ONU à se pencher sur ce problème. 

Saluant l’établissement de relations plus étroites entre Union africaine, Union européenne et l’ONU, il s’est félicité des investissements et des échanges commerciaux avec le continent africain.  « L’Afrique est un continent qui présente de nombreuses opportunités », a-t-il estimé.  En Libye en revanche, des passeurs organisant le trafic de migrants et « profitant de la vulnérabilité de certaines populations » doivent être rattrapés et traqués par la justice.  En attendant, l’UE mène à bien des actions de sauvetage en mer Méditerranée, a-t-il souligné avant de conclure sur ce chapitre que le travail collectif entre pays d’Europe et d’Afrique était la seule solution pour régler ce problème.

L’Union européenne, a poursuivi le Président du Conseil, est à la pointe des efforts internationaux de relocalisation de personnes déplacées, notamment en raison des combats en Syrie, qui se trouvent en Jordanie et au Liban, et en Turquie.  À cet égard, le projet de zone démilitarisée d’Edleb devrait être mis en œuvre pour éviter une catastrophe humanitaire plus grave.  « Un processus politique de fond est nécessaire pour trouver une solution à ce conflit », a-t-il ajouté.

Les répercussions des changements climatiques se font de plus en plus sentir; « hélas, nous ne prenons que lentement la mesure des conséquences sur la vie humaine », a encore déploré M. Tusk, qui a appelé tous les dirigeants à agir pour protéger les eaux de l’Antarctique.  « Il est toujours possible de protéger les espèces animales en créant des sanctuaires maritimes.  Ceux qui peuvent imaginer une planète sans pingouins, sans dauphins, devront aussi imaginer une planète sans êtres humains », a-t-il prévenu.  M. Tusk a enfin réitéré son soutien à l’accord sur le nucléaire iranien tant que l’Iran respectera ses engagements. 

Pour M. CHARLES MICHEL, Premier Ministre de la Belgique, la seule voie qui offre l’espoir d’un avenir meilleur pour toute l’humanité c’est la coopération et le dialogue.  Elle permet de répondre aux « replis revanchards », aux tensions économiques, et aux actions unilatérales qui peuvent entraîner l’irrémédiable.  Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, il a fallu de la clairvoyance et du courage pour apporter l’ébauche d’un ordre international fondé sur des règles, et conceptualiser l’émergence de l’Union européenne.  Depuis, l’Union européenne a connu une période de paix et de prospérité, a noté le Premier Ministre, rappelant que l’Union est le fruit d’un dialogue inlassable fondé sur une ambition qui « dépasse de loin la simple addition des intérêts nationaux », une ambition qui a su reconnaître que l’état de droit et la démocratie sont les remparts contre l’arbitraire ainsi que les meilleurs garants pour concrétiser les droits de chaque personne parce qu’ils sont aussi le refus de l’impunité.

« Le multilatéralisme n’est pas un concept creux vide de sens », mais plutôt la coopération, la négociation et la bataille des idées et des arguments plutôt que des armes, a martelé le Premier Ministre.  « Qui ici peut croire que l’addition de 193 intérêts nationaux produirait comme par miracle une réponse à nos défis communs? » a-t-il lancé, affirmant qu’il s’agit là d’une illusion, tout comme la « main invisible » du marché qui produirait la croissance et la prospérité pour tous.  Le capitalisme, s’est-il expliqué, a besoin de règles et le multilatéralisme aussi.  Le Premier Ministre a regretté que les accords internationaux puissent être jetés unilatéralement « aux orties », comme l’Accord de Paris et celui sur le nucléaire iranien.  L’histoire a toujours montré que la loi du plus fort ne protège personne.  Les négociations avec l’Iran ont été longues et il a fallu le courage de tous.  Cet Accord n’est pas parfait puisqu’il ne couvre pas le programme balistique iranien, mais ne faut-il pas plutôt ouvrir de nouvelles négociations multilatérales pour l’améliorer que de le rejeter alors que jusqu’ici l’Iran a respecté ses engagements?

Depuis 70 ans, l’ONU travaille de manière obstinée à l’amélioration d’un monde basé sur un socle commun de valeurs universelles.  Notre Organisation dispose d’un incommensurable potentiel, a estimé le Premier Ministre, saluant au passage l’action du Secrétaire général.  La Belgique, a-t-il dit, s’est engagée tout au long de son histoire à œuvrer pour la paix et à privilégier le consensus, une approche qu’elle souhaite maintenir à son entrée au Conseil de sécurité en tant que membre non permanent.  Elle entend agir pour la sécurité collective et la prospérité de la planète, en favorisant la diplomatie et les mécanismes d’alerte précoce pour anticiper les crises et conflits potentiels.  Abordant ensuite la question des opérations de maintien de la paix, le Premier Ministre a rappelé qu’elles devaient toujours s’inscrire dans un cadre politique crédible.  Chaque mission doit être évaluée régulièrement à l’aune de la concrétisation de la solution politique « au sens noble du terme », a-t-il estimé.

Vivre ensemble en paix et en harmonie, représente au Proche et au Moyen-Orient un enjeu existentiel, a noté le Premier Ministre qui « ne peut tolérer que des régions entières soient le terrain de jeu de puissances extérieures ».  Il a regretté que le processus de paix israélo-palestinien, 25 ans après les Accords d’Oslo, soit au point mort, et a réitéré le soutien de la Belgique à la solution des deux États.  La Belgique, a-t-il promis, restera mobilisée en faveur des efforts de non-prolifération, de l’économie numérique et de la révolution de l’intelligence artificielle qui apportent leur lot de craintes mais qui surtout offrent de nouvelles opportunités pour un monde meilleur à condition de les mettre au service de tous, a poursuivi M. Michel.  Il a également vanté les mérites du libre-échange et du commerce, affirmant que « le commerce est la prospérité, la prospérité, la paix », avant de se féliciter du récent accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada.

Dans la même veine, il a proposé un nouveau partenariat euro-africain.  Rappelant qu’avant 2050 le continent africain devrait compter 2,5 milliards d’habitants, il plaidé pour un partenariat plus ambitieux, « pour une alliance sacrée Afrique-Europe » qui se traduirait par des investissements, le commerce et les emplois dans les deux continents.  « Guérissons les blessures du passé et osons renoncer à la charité qui donne bonne conscience mais apporte son lot d’humiliation », a souhaité le Premier Ministre pour lequel il est possible, en 10 ans, de créer un accord de prospérité inégalée à travers un accord de libre-échange entre les deux continents.  Il a également appelé à la mobilisation générale et à l’appropriation du Programme de développement durable à l’horizon 2030, « parce que le compte à rebours est enclenché et ses résultats sont indispensables ».  À cet égard il s’est impatienté face à « l’entêtement de certains à nier la réalité des changements climatiques qui est du même ordre, à ses yeux, que l’entêtement de ceux qui niait que la Terre était ronde ».  Les catastrophes naturelles se succèdent toujours plus meurtrières et leurs conséquences risquent d’aggraver les conflits, a-t-il averti.  Face à ce défi existentiel pour nos enfants, nous avons une responsabilité partagée, a-t-il tranché. 

Abordant ensuite la question des migrations, il a estimé qu’il ne s’agit pas « d’être pour ou contre un phénomène inéluctable », mais de le gérer de manière ordonnée, à commencer par retirer les migrations des « griffes des passeurs » et éviter les pièges des populistes d’extrême gauche et d’extrême droite.  C’est dans cet esprit que la Belgique signera, à Marrakech, le pacte mondial pour les migrations.  En conclusion, le Premier Ministre a martelé que la paix est notre bien le plus précieux.  Elle exige du courage et de la vigilance à chaque instant.  Il faut que le devoir de mémoire serve notre lucidité pour être à la hauteur des défis de ce siècle qu’aucun pays ne peut surmonter seul. 

Quand j’ai pris la parole ici-même il y a trois ans, s’est remémoré M. BENYAMIN NETANYAHU, Premier Ministre d’Israël, mon pays se tenait seul parmi les autres nations.  Sur près de 200 États rassemblés dans cette enceinte, a-t-il poursuivi, seul Israël s’était opposé à l’accord nucléaire iranien, parce qu’il menaçait notre avenir et notre survie même et ouvrait la voie à un véritable arsenal.  Cet accord, a-t-il ajouté, alimentait également la « campagne de carnage » de l’Iran au Moyen-Orient, le tout sur la base d’un « mensonge », à savoir que l’Iran ne cherchait pas à mettre au point l’arme nucléaire.

L’an dernier, a rappelé M. Netanyahu, Israël a mené une attaque contre les archives nucléaires secrètes iraniennes.  Nous avons été en mesure de mettre la main sur de très nombreux documents et vidéos enfouis dans un bâtiment souterrain au cœur de Téhéran.  Au mois de mai dernier, a poursuivi le Premier Ministre, Israël a donné à l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) les preuves des plans de l’Iran pour mettre au point l’arme nucléaire.  Des mois se sont écoulés, a-t-il dit, et l’AIEA n’a toujours pas pris de mesures, n’a posé aucune question à l’Iran et n’a pas demandé d’inspecter un seul des nouveaux sites découverts dans ces archives secrètes. 

Face à cette inaction, a déclaré M. Netanyahu, j’ai décidé de vous révéler aujourd’hui une information qui n’a jamais été rendue publique.  Je divulgue pour la première fois que l’Iran dispose d’un entrepôt atomique secret à Téhéran, a-t-il dit, entrepôt qui sert à stocker des matériaux destinés à son programme nucléaire.  Cette information, le Premier Ministre affirme l’avoir déjà communiquée à l’AIEA en mai dernier.  Or, a-t-il ajouté, je souhaite également révéler aujourd’hui une nouvelle information que nous n’avions pas encore communiquée à l’AIEA: l’existence d’une seconde installation de ce type dans un autre quartier de Téhéran.  Permettez-moi de vous montrer exactement à quoi ressemble cet entrepôt secret, a déclaré M. Netanyahu, brandissant une photo de l’extérieur du site.  Ce bâtiment n’a l’air de rien, a-t-il commenté, ajoutant que, sur Google Earth, on peut constater qu’il est situé à 100 mètres à peine d’une usine de nettoyage de tapis.  Cette usine fait d’ailleurs un travail extraordinaire, a ajouté le Premier ministre.  « Mais maintenant, les tapis sont peut-être radioactifs. »

Depuis l’attaque israélienne sur les archives nucléaires secrètes de l’Iran, M. Netanyahu affirme que les autorités iraniennes n’ont eu de cesse de faire des allées et venues pour évacuer ce site.  Le mois dernier, a-t-il affirmé, 30 kg de matières radioactives ont ainsi été évacués et, selon lui, répandus un peu partout dans Téhéran pour essayer de cacher les preuves.  Les résidents de Téhéran sont en danger, a affirmé le dirigeant israélien, conseillant à ces derniers de faire l’acquisition, « pour quelques dollars sur Amazon », d’un appareil de mesure de la radioactivité.  Par ailleurs, les autorités iraniennes ont encore beaucoup de travail pour évacuer intégralement le site, a affirmé le Premier Ministre, car il contient au moins 300 tonnes de matériels et matériaux nucléaires.

Pourquoi l’Iran a-t-il conservé des archives atomiques et un entrepôt atomique secret? s’est interrogé M. Netanyahu, ajoutant que, lorsque la Libye et l’Afrique du Sud avaient renoncé à leur programme nucléaire, ils avaient commencé par détruire les archives.  L’Iran ne l’a pas fait et c’est bien la preuve qu’il n’a pas renoncé à son ambition de se doter de la bombe atomique.  « Ça n’arrivera pas, Israël ne les laissera pas faire », a-t-il mis en garde.

Le Premier Ministre a appelé le Directeur général de l’AIEA à inspecter ce nouvel entrepôt secret sans plus tarder, avant que les Iraniens n’aient fait place nette.  Tant que vous y êtes, a-t-il dit, en direction du Directeur général, allez également inspecter les autres sites dont nous vous avons parlé et dites-nous, une bonne fois pour toutes, la vérité sur l’Iran.

Il y a trois ans, a poursuivi le Premier ministre, j’ai posé une question depuis cette même tribune:  croyez-vous vraiment que couvrir la théocratie iranienne d’armes et de liquidités mettra fin à leurs ambitions?  Nombreux étaient pourtant, selon lui, ceux qui croyaient à l’époque que l’ouverture allait inciter le régime iranien à devenir plus modéré.  En réalité, a affirmé M. Netanyahu, l’Iran a utilisé cet argent pour alimenter son « énorme machine de guerre » en Iraq, à Gaza, en Syrie, au Liban et en Arabie saoudite.  « Est-ce cela la modération?  Est-ce cela la paix? » a-t-il demandé, avant d’ajouter que l’entreprise de déstabilisation iranienne s’étendait aussi en dehors du Moyen-Orient.  Le mois dernier, a affirmé M. Netanyahu, des agents iraniens ont été arrêtés pour avoir comploté des attentats terroristes aux États-Unis et en Europe.

Face à cela, a-t-il regretté, l’Europe continue de soutenir l’accord sur le nucléaire iranien.  La même semaine où l’Iran a été pris la main dans le sac, en train d’essayer de tuer des citoyens européens, a-t-il dit, les dirigeants européens ont proposé d’ouvrir leur portefeuille.  En tant qu’enfant d’historien, a-t-il déclaré, je dois poser la question: les dirigeants européens n’ont-ils rien appris de l’histoire?

M. Netanyahu a ensuite accusé l’Iran d’armer les terroristes à Gaza.  Au Liban, a-t-il ajouté, l’Iran ordonne au Hezbollah de construire des sites cachés pour transformer des projectiles rudimentaires en missiles précis, capables selon lui d’atteindre des cibles au cœur d’Israël avec une précision de 10 mètres.  Trois de ces sites de conversion de missiles, a-t-il affirmé photo à l’appui, sont placés le long de l’aéroport international de Beyrouth.  J’ai un message à faire passer au Hezbollah, a déclaré le Premier Ministre: « Israël sait aussi ce que vous êtes en train de faire et où vous le faites.  Nous exigerons que vous rendiez des comptes. »

Le dirigeant israélien a ensuite démenti ceux qui pensaient que les nouvelles sanctions américaines imposées à l’Iran n’auraient qu’un impact limité.  Il y a un an, a-t-il dit, l’économie iranienne était en pleine expansion.  Désormais, selon lui, l’économie iranienne et sa monnaie s’effondrent.  Imaginez ce qui va se produire avec les nouvelles sanctions américaines en novembre prochain? s’est interrogé M. Netanyahu, avant d’ajouter que le peuple iranien, bien loin de soutenir leurs dirigeants, se retournait désormais contre le régime des ayatollahs. 

Plutôt que de « cajoler les dictateurs iraniens », le Premier Ministre a appelé l’Europe à rejoindre Israël et les États-Unis dans leur lutte contre l’Iran.  Il a dans le même temps remercié le Président américain, M. Donald Trump, et son pays pour leur soutien indéfectible à Israël, comme en témoigne, selon lui, notamment la dénonciation américaine du manque d’impartialité de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) et du Conseil des droits de l’homme de l’ONU vis-à-vis d’Israël.

« Je me dois de vous faire un aveu », a ensuite déclaré le Premier Ministre.  Cela va peut-être vous surprendre, a-t-il dit, mais je dois reconnaître que l’accord iranien a eu une conséquence positive: Israël et de nombreuses nations arabes ont pu se rapprocher et nouer « des liens d’amitié et de complicité » qui auraient été « inimaginables » il y a quelques années, contre la menace d’un ennemi commun.  Il a dit se réjouir à l’avance d’étendre la paix au-delà de l’Égypte et de la Jordanie, à d’autres nations arabes voisines, y compris les Palestiniens.  « Je me réjouis de travailler avec Donal Trump pour y parvenir », a-t-il dit.

M. Netanyahu s’en est ensuite pris aux Nations Unies, qui accusent selon lui régulièrement Israël de racisme, d’apartheid et d’épuration ethnique.  « C’est toujours le même vieil antisémitisme, qui a simplement un nouveau visage et rien de plus », a-t-il affirmé.  Jadis, c’était les Juifs qui étaient persécutés, a-t-il affirmé.  « Aujourd’hui, c’est l’État juif qui est traîné dans la boue ».  À ses yeux, l’ONU taxe Israël de racisme pour avoir fait de l’hébreu sa langue nationale et pour avoir fait de l’étoile de David son drapeau.  « C’est une aberration », a-t-il lancé, ajoutant que, dans cette même enceinte, près de 100 pays n’ont qu’une seule langue officielle, alors même que de nombreuses minorités ethniques résident sur leur territoire.  « Nombreux sont ceux qui s’opposent encore à ce qu’Israël ait un État nation », a tranché le Premier Ministre.

S’agissant des Palestiniens, M. Netanyahu a accusé le Président Mahmoud Abbas de financer des terroristes qui assassinent des Juifs.  « Et après ça, vous nous traitez de racistes?  Ce n’est pas comme cela qu’on fait la paix », a-t-il mis en garde.  Le Premier Ministre a réaffirmé qu’Israël était un État juif, doublé d’une démocratie garantissant l’égalité des droits individuels de tous ses citoyens, qu’ils soient juifs ou musulmans.  Dans le reste du Moyen-Orient, où, selon le Premier Ministre, les minorités sont persécutées et les femmes sont maltraitées, « cela ne va pas de soi ».

M. JOSEPH MUSCAT, Premier Ministre de Malte, a affirmé d’emblée que les problèmes mondiaux exigent des solutions mondiales.  « Défendre une approche mondiale ne signifie pas pour autant que l’on aime son pays moins que les autres », a précisé le Ministre, expliquant qu’au contraire cela signifie qu’en travaillant ensemble on peut éviter que la doctrine de la loi du plus fort ne s’impose.  Pour trouver des solutions, il faut communiquer et se comprendre les uns les autres, ce qui permet de faire face aux problèmes de manière unie plutôt que dans la division ou seul.  Le Ministre s’est dit préoccupé par la tendance actuelle de certains pays de vouloir réagir « à l’intérieur de leurs frontières », affirmant qu’il n’existe pas de solutions locales à des questions mondiales au risque de conduire à l’implosion.  Au titre de ces menaces mondiales, il a cité la pollution par le plastique des mers et des océans et les phénomènes migratoires, deux questions auxquelles Malte est directement confrontée.  Pour être au centre de la Méditerranée, sur la route entre l’Afrique du Nord et l’Europe, Malte a accueilli des milliers de migrants au cours des quatre dernières années, a expliqué le Ministre, ajoutant que l’île a fait face à toute la complexité du phénomène bien avant qu’il ne fasse la une des journaux en Europe.  Quoiqu’en baisse, ce phénomène continue de préoccuper la population de Malte et beaucoup reprochent à la communauté internationale de n’avoir pas su trouver des solutions. 

Pour le Ministre, une approche unifiée permettrait d’arrêter les activités des gangs criminels de trafiquants de migrants, notamment en s’attaquant à leurs efforts de recrutement en ligne, leurs méthodes de paiement ainsi qu’à leur capacité d’acheter des bateaux.  Malte fait partie des pays qui ont le plus grand nombre de demandeurs d’asile par habitant, a souligné le Ministre, rappelant que malgré cela, sa réponse humanitaire reste pleinement conforme à ses engagements internationaux et appelant dans la foulée les autres États et acteurs non étatiques à faire de même.  Au cours des dernières semaines, et en raison du non-respect de ces règles par les autres, Malte a été obligée de réunir des nations qui partagent « sa conscience humanitaire » pour offrir refuge à des migrants à la dérive « sans en avoir l’obligation légale », a précisé le Ministre, martelant que « quand on peut compter sur la solidarité, il est possible de trouver des solutions à des questions complexes ».  Il a plaidé pour des accords institutionnels à la Bretton Woods entre les membres de l’Union européenne pour répondre et gérer collectivement les migrations, saluant au passage l’adoption imminente du pacte mondial sur les migrations qu’il a décrit comme un jalon important, mais « pas la fin de la route ».

Pour répondre aux défis actuels et regarder l’avenir, Malte est un fervent défenseur des économies digitales et du potentiel des nouvelles technologies, quoique consciente des problèmes que cela peut soulever.  À ce titre, le Ministre a mis l’accent sur la question de « la nature du travail de demain »: comment le concevoir et comment le rémunérer, comment maximiser son efficacité et quels nouveaux filets de sécurité doivent être mis en place par les États.  « C’est une conversation qui vient tout juste de commencer, mais qui va façonner le débat public tout au long de notre vie », a-t-il prédit.

M. MAMUKA BAKHTADZE, Premier Ministre de la Géorgie, a dénoncé l’occupation, il y a 25 ans aujourd’hui, de la « partie historique » de la Géorgie, avant le début, il y a 10 ans, d’une nouvelle « agression militaire » par la Fédération de Russie.  Du fait du « nettoyage ethnique » en cours, 10% de la population des régions de l’Abkhazie et de Tskhinvali demeure déplacée, s’est insurgé le Premier Ministre.  Déplorant la situation humanitaire et socioéconomique « désastreuse » dans ces régions, il a ajouté que la population est en diminution constante. 

Pour lui, l’intervention militaire de la Russie n’a pas pour motif la défense des intérêts de la population locale mais bien l’implantation de bases militaires sur le territoire de la Géorgie.  L’appui de la communauté internationale est d’une importance vitale, a considéré M. Bakhtadze, pour qui la protection des droits de l’homme et de l’état de droit est la seule façon d’assurer la paix et la sécurité internationales. 

Le Premier Ministre a exhorté la Russie à remplir ses obligations découlant du cessez-le-feu conclu en 2008, avec la médiation de l’Union européenne, et à quitter le territoire de son pays.  Après avoir réitéré son engagement à participer aux pourparlers de Genève, sous l’égide des Nations Unies, de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et de l’Union européenne, il a parlé d’une nouvelle initiative destinée à améliorer les conditions des vies des personnes vivant dans les territoires occupés.  S’adressant directement aux populations de ces régions, il s’est engagé à protéger les droits de tous les citoyens géorgiens.

Retraçant le chemin parcouru par son pays depuis la « restauration » de son indépendance, il s’est félicité des progrès réalisés par la Géorgie dans la « consolidation démocratique ».  Il s’est engagé à poursuivre les réformes entreprises dans les domaines de l’éducation, du développement durable, du système judiciaire, de la liberté de presse et des droits de l’homme.

M. Bakhtadze a déclaré en terminant que les relations entre la Géorgie et l’OTAN sont devenues « très dynamiques », un reflet, selon lui, de la contribution de son pays à « l’architecture internationale de la sécurité ».

Après avoir exprimé sa gratitude à l'Assemblée générale pour avoir procédé à une minute de silence en la mémoire du Président du Viet Nam disparu Nam Tran Dai Quang, M. NGUYEN XUAN PHUC, Premier Ministre du Viet Nam, a loué les Nations Unies, « grande organisation multilatérale », pour son « rôle énorme » dans la préservation de la paix dans le monde sous l’égide de sa Charte.  Il en a énuméré les succès: Convention sur l’interdiction des armes nucléaires, réformes des Nations unies; réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement; Programme de développement durable à l'horizon 2030. 

Compagnon de route de longue date des Nations unies, le Viet Nam déclare soutenir sans faille son système multilatéral.  Fort d’une croissance de plus de 6% au cours des 20 dernières années, le Viet Nam revendique sa place parmi les principaux pays exportateurs de produits alimentaires.  Depuis 2010, a expliqué le Premier Ministre, nous sommes devenus un pays en développement à revenu intermédiaire.  Le niveau des près de 100 millions de Vietnamiens a considérablement augmenté, notamment grâce à la multiplication des accords de libre-échange avec les pays du monde entier.

M. Phuc a mis en avant les efforts du Viet Nam en matière de justice, de développement durable, de protection de l’environnement et d’avancement des minorités.  « Nous sommes un des rares pays à réaliser avant la date butoir tous les objectifs du Millénaire pour le développement en avance, en particulier la réduction de la pauvreté ».  La Charte, a dit le Premier Ministre, reste un guide constant de la politique vietnamienne.  Concernant le règlement du conflit territorial en mer de Chine méridionale, le Viet Nam préconise une solution basée sur les directives de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer de 1982.

Pour le Viet Nam, a dit le Premier Ministre, l'usage ou la menace de la force est tout simplement une menace pour la paix, tout comme les changements climatiques et la pauvreté.  « Aucune nation du monde ne peut traiter ces problèmes seule, a fait remarquer le Premier Ministre, qui a souhaité que la réponse à ces défis soit collective et qu’un concept de « responsabilité duale » soit adopté de manière universelle.  En substance, il signifie que « chaque nation prenne davantage de responsabilités pour s'attaquer aux problèmes globaux », et que « chaque individu prenne davantage de responsabilités en tant que citoyen du monde ».

M. ANDREW HOLNESS¸ Premier Ministre, Ministre de la défense, de la croissance économique et de la création d’emplois de la Jamaïque, a dit que la croissance économique durable et inclusive et la création d’emplois sont des tâches difficiles pour son pays qui continue de faire face à un environnement économique mondial incertain et volatile.  Les défis des changements climatiques et les graves événements climatiques ont aussi eu un réel impact sur le rythme du développement.  En dépit de ces nombreux défis, la Jamaïque développe un consensus politique et social pour poursuivre sa politique d’indépendance économique.  Le pays renforce ses partenariats traditionnels et en noue de nouveaux avec ceux qui ont des vues similaires sur des problèmes trop grands pour être résolus isolément.  Le G7, le BRIC ou le G20 sont des lieux de choix pour traiter des problèmes auxquels font face les économies faibles. 

Le Premier Ministre a réclamé des stratégies efficaces pour renforcer le système financier international et identifier les sources de financement pour la mise en œuvre du Programme 2030 et des mesures d’adaptation et de résilience contre les changements climatiques et les catastrophes naturelles.  Le Premier Ministre a regretté que deux ans avant la date limite fixée par la Conférence de Copenhague pour mobiliser 100 milliards de dollars par an, les choses en soient encore là. 

Le Premier Ministre a réitéré son appel aux institutions financières internationales pour qu’elles sortent les pays du « piège du revenu intermédiaire » et pourquoi pas par une initiative spéciale en faveur des pays à revenu intermédiaire très endettés.  Il a espéré que la Réunion de haut niveau des Nations Unies sur ces pays, prévue vers la fin de cette année, trouvera des solutions à ces questions.  En attendant, la Jamaïque continuera de travailler avec ses partenaires comme le Canada pour offrir une plateforme dans laquelle les pays peuvent parler directement avec les acteurs du secteur privé, les institutions de développement et les régulateurs. 

En Nouvelle-Zélande, « faire cavalier seul », n’est pas une option, a affirmé Mme JACINDA ARDERN, Première Ministre de Nouvelle-Zélande.  Au vu des nombreux défis auxquels nous faisons face, dont la plupart sont de dimension internationale, la nécessité d’une action collective et multilatérale n’a jamais été aussi évidente, a souligné Mme Ardern.  Aujourd’hui, dans nos débats et dans nos dialogues, nous sommes contraints de défendre l’existence même de nos institutions internationales au lieu d’en relever la pertinence et l’importance pour les questions de l’heure.  C’est le cas des changements climatiques, a-t-elle poursuivi, soulignant que, pour ceux qui vivent dans le Pacifique Sud, l’impact des changements climatiques n’est pas une question académique ou même discutable: elle se vit!  Elle a mis en garde contre le prix de l’inaction.  Toute désagrégation du multilatéralisme ou atteinte aux objectifs fixés en matière climatique ne seront pas de simples notes apposées en bas de page de l’histoire mais bien une véritable catastrophe, a-t-elle averti.  C’est pourquoi, en Nouvelle-Zélande, l’heure est à l’action: « nous ne délivrerons plus de permis d’exploiter les hydrocarbures en mer ».  De plus, la Nouvelle-Zélande a fixé l’objectif « 100% d’énergie renouvelable à l’horizon 2035 », en plus de la mise en place d’un fonds pour les infrastructures vertes afin d’encourager l’innovation.  Le pays a aussi lancé une initiative de planter un milliard d’arbres au cours des 10 prochaines années.  C’est un programme ambitieux mais imposé par les changements climatiques.

Ces derniers doivent donner lieu à un « cri de ralliement », a plaidé la Première Ministre.  Les institutions internationales pour lesquelles nous nous sommes engagés ne sont pas parfaites, mais elles peuvent être réparées.  Ensemble, nous devons reconstruire et réaffirmer notre engagement en faveur du multilatéralisme, a insisté Mme Ardern, soulignant qu’étant au cœur de ce système multilatéral, l’ONU doit ouvrir la voie.  Elle a fait part de son ferme soutien aux efforts du Secrétaire général pour rendre les Nations Unies plus efficaces, plus réactives et plus modernes pour relever les défis d’aujourd’hui.  « Nous l’encourageons à se montrer ambitieux et nous nous tenons à ses côtés », a-t-elle dit tout en exhortant les États Membres à accompagner ces changements, à travers notamment une réforme du Conseil de sécurité.  Revitaliser notre système international passe également, a-t-elle conclu, par le renouvellement de notre engagement en faveur de nos valeurs universelles.      

Selon le Premier Ministre de Saint-Vincent-et-les Grenadines, M. RALPH E. GONSALVES, les leçons de l’effondrement « cataclysmique » de l’ordre économique, il y a 10 ans, ont été « déformées et manipulées », avec un effet « désastreux ».  Les difficultés économiques qui en ont découlé ont poussé les pays à se replier sur eux-mêmes et à abandonner les aspects les « plus nobles » de la coopération internationale, provoquant la montée du populisme et de l’intolérance.  « Les murs ne peuvent remplacer les ponts, et l’isolationnisme ne peut remplacer la coopération », a-t-il relevé.  Malgré ses « failles systémiques », l’ONU demeure la seule institution dotée de la capacité et de l’autorité nécessaires pour relancer la coopération mondiale pour le bien du plus grand nombre, a considéré M. Gonsalves. 

Les principes de non-intervention et de non-ingérence revêtent une importance particulière pour les petits États insulaires en développement, qui ne disposent pas de forces militaires conséquentes, a-t-il noté.  Il s’est insurgé devant les « assauts interventionnistes » contre Cuba et le Venezuela, et a appelé à la reprise du dialogue avec les États-Unis.  M. Gonsalves a mis en garde contre une intervention « injustifiée et illégale » contre le Gouvernement élu démocratiquement du Venezuela, prônant la mise en place d’une mission de réconciliation plutôt que des sanctions.

Estimant que les changements climatiques représentent une menace « existentielle » qui doit être combattue collectivement, il a décrié les accords sur le climat « vacillant vers l’insignifiance » en raison du mépris des plus grands émetteurs.  Pendant ce temps, les inondations, les sécheresses et les glissements de terrain continuent de provoquer des pertes en vies et des dégâts matériels dans toute la région, a dit le Premier Ministre, avant d’appeler à la reconnaissance de « l’exceptionnalisme » des petits États.  Il faut résister à « l’inconscience » des grands émetteurs, a poursuivi M. Gonsalves, qui a demandé le financement urgent et adéquat des mesures de résilience et d’adaptation. 

Pour sa part, Saint-Vincent-et-les Grenadines a intégré les objectifs de développement durable à ses plans de développement nationaux, a continué le Premier Ministre, en mettant l’accent sur l’énergie propre, la croissance économique et la biodiversité.  Il faut toutefois aller au-delà des mots, a-t-il prévenu.  Il a donc demandé un dialogue de haut niveau sur les mécanismes d’aide au développement.  Il s’est insurgé contre le « spectre des guerres commerciales », « impérialisme insidieux », qui constitue selon lui une « violation flagrante » du « droit au développement ».

Malgré sa participation aux activités des Nations Unies, il a considéré que la voix des petits États, y compris les petits États insulaires en développement, a toujours été passée sous silence au Conseil de sécurité.  C'est pourquoi la candidature de son pays a été endossée par les États Membres de la Communauté des Caraïbes, qui demandent que la composition du Conseil soit le reflet des réalités actuelles.  Il a estimé en terminant qu’il n’existe aucune raison pour laquelle l’ONU continue de refuser à Taiwan le droit de participer aux travaux de ses agences.

Je pourrais m’abstenir de faire un discours, a déclaré M. PETER M. CHRISTIAN, Président de la Micronésie, tant les deux orateurs précédents ont déjà énoncé tout ce que je souhaitais dire.  Mais, a-t-il ajouté, dans l’hilarité générale, je suis bien obligé de justifier mes frais de déplacement.

Après ce bref moment de légèreté, M. Christian a d’emblée dénoncé l’ordre mondial actuel, selon lui toujours régi par « la loi du plus fort », cependant que les plus petites économies, comme celles de la Micronésie, sont considérées par les pays riches comme de vulgaires « butins », des « trophées de guerre » ou encore des « dommages collatéraux ».

Le Président a appelé à améliorer les Nations Unies pour en faire une instance capable de remettre en cause la « guerre économique impérialiste » que se livrent les puissants, au détriment des petits.  « Nous devons adopter un comportement plus progressiste pour prendre en main nos propres affaires », a-t-il insisté. 

Abordant la question des changements climatiques, le Président a souligné que les Petits États insulaires du Pacifique, dont la Micronésie fait partie, seraient les premiers à disparaître de la surface de la terre.  Dans ce cadre, il a plaidé en faveur de la mise en œuvre du Protocole de Montréal, signé en 1987, pour lutter contre les émissions de substances qui appauvrissent la couche d'ozone.  M. Christian a appelé les pays qui n’ont pas encore ratifié l’Amendement de Kigali au Protocole de Montréal sur l’élimination des hydrofluorocarbures, à le faire et à mettre en œuvre les mesures qui s’imposent pour sauver la planète.  Le Président a en outre jugé que l’Accord de Paris sur le climat, s’il présente des lacunes évidentes, demeure le meilleur instrument dont dispose la communauté internationale.  Il s’est par conséquent déclaré déçu de voir certains pays se retirer de l’Accord.

Les petits États insulaires comme la Micronésie, a-t-il poursuivi, sont particulièrement attachés à la préservation des ressources marines, dont ils tirent l’essentiel de leurs revenus.  Il a donc salué l’engagement des nations du Pacifique à conclure des accords. 

L’ONU, a-t-il ajouté, doit se hisser à la hauteur des nouvelles menaces telles que les changements climatiques.  Or, le Conseil de sécurité n’a toujours pas examiné la question.  Si la Micronésie siégeait au Conseil, a-t-il affirmé, elle ferait un bien meilleur travail que certains des membres actuels.  Dans cette perspective, le Président a estimé que le Conseil devrait mieux refléter les réalités géopolitiques actuelles.

S’agissant du développement durable, le Président a estimé que le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), qui est censé aider les petits États insulaires en développement du Pacifique à mettre en œuvre le Programme 2030, devrait renforcer sa présence dans la région pour être mieux à même de remplir sa mission.

Enfin, M. Christian s’est dit encouragé par les initiatives récentes visant à instaurer la paix dans la péninsule coréenne et, par conséquent, à améliorer la sécurité et la stabilité de la région du Pacifique.

M. JOSÉ MÁRIO VAZ, Président de la Guinée-Bissau, a déclaré que nous vivons dans un village mondial où tout le monde est responsable et pas seulement de ce qui se passe à l’intérieur de son territoire.  La politique nationale d’un pays peut affecter tous les autres et cela exige le respect du principe de responsabilité partagée.  À cet égard, le Président a abordé la question de la réforme du Conseil de sécurité qui, pour assoir sa légitimité, doit assurer une meilleure représentation du continent africain. 

S’agissant de la situation dans son pays, le Président a rappelé que les recommandations de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ont été mises en œuvre, comme en témoignent la formation d’un Gouvernement d’union nationale, l’ouverture de l’Assemblée nationale, la prorogation du mandat des membres de la Commission nationale électorale et l’adoption du programme du Gouvernement dont le budget de l’État.

Pour la première fois dans l’histoire de la démocratie bissau-guinéenne, la session de l’Assemblée nationale est arrivée à son terme sans être interrompue par un coup d’État ou un autre incident du même acabit.  En conséquence, le 30 août dernier, le Conseil de sécurité a pris note de la consolidation de la stabilité politique.  Le Président a d’ailleurs appelé ce dernier, au nom de la justice et l’harmonie nationale, à lever les sanctions imposées contre des officiers de l’armée.  Ces décisions attendues depuis longtemps contribueraient à consolider les institutions démocratiques et à instaurer une paix durable dans notre pays, a souligné le Président. 

M. AZALI ASSOUMANI, Président des Comores, a voulu que l’on mène, cette année, les réformes « tant souhaitées » des principaux organes de l’ONU, dont le retard crée un sentiment d’injustice et de frustration parmi les régions les moins représentées.  Ces réformes, a-t-il insisté, doivent être concrètes afin de retranscrire de façon équilibrée la réalité géopolitique actuelle, notamment vis-à-vis du continent africain.  Sur ce plan, le Président a réitéré l’adhésion de l’Union des Comores au Consensus d’Ezulwini, sur l’attribution d’au moins deux sièges permanents, assortis du droit de veto, à l’Afrique.

Sur le plan national, M. Assoumani a indiqué que des évènements majeurs avaient marqué cette année un tournant décisif dans l’évolution sociopolitique de son pays.  Le Président a ainsi rappelé qu’en février dernier, il avait organisé des assises nationales sur le bilan des 42 années d’indépendance de l’Union des Comores.  Selon lui, cette initiative, impulsée par la société civile, a bénéficié de l’accompagnement de son gouvernement, mais aussi de l’Union africaine (UA), de la Ligue des États arabes et de l’Organisation internationale de la Francophonie et l’ONU.

Les conclusions de ce forum, a poursuivi le Président, ont fait ressortir la nécessité de redéfinir un nouveau cadre institutionnel capable de mettre le pays sur la voie du développement durable.  C’est à cette fin, a-t-il affirmé, qu’un référendum constitutionnel a été organisé le 30 juillet, suite auquel une nouvelle Constitution comorienne a été adoptée.

Dans la lignée de cet évènement, M. Assoumani a dit avoir décidé d’écourter son mandat et d’organiser, « en vertu de la nouvelle Constitution et dans les délais impartis », des élections régionales et nationales anticipées.  Le Président a appelé les partenaires au développement et amis de l’Union des Comores à accompagner le pays pour que les scrutins puissent se dérouler dans « la paix, la concorde et la transparence ».

S’agissant de « l’île comorienne de Mayotte », M. Assoumani a indiqué que des soulèvements populaires avaient conduit, en mars dernier, « les autorités de fait » à procéder à des « expulsions massives » de Comoriens issus des trois autres îles de l’archipel.  Les conditions de leur refoulement ont obligé son gouvernement à s’opposer à cette « décision unilatérale », d’autant plus que bon nombre des personnes expulsées étaient des adolescents abandonnés, dont les parents avaient déjà été chassés de Mayotte par le passé dans des conditions similaires.  Après le refoulement de leurs parents, ces adolescents, a déploré M. Assoumani, sont devenus aujourd’hui une réelle menace non seulement pour l’île mais aussi pour le reste de l’archipel, voire de toute la région.

Pour le Président, l’origine de « l’incompréhension » entre la France et l’Union des Comores vient de cette situation, à laquelle s’ajoute le choc ressenti par les Comoriens des trois autres îles de voir les conditions de détention difficiles de leurs concitoyens à Mayotte.  Dans le même temps, M. Assoumani s’est dit attaché à régler cette « situation malheureuse » par la voie du dilogue avec la France, pays avec lequel il a souligné avoir des « liens historiques et culturels ».  Il a dit faire confiance aux autorités françaises pour contribuer à régler ce « contentieux tout à fait désagréable entre partenaires » et qui « n’a que trop duré ».

Le monde change et évolue.  Il exige que notre organisation s’y adapte pour apporter davantage de cohérence dans ses approches et réponses, a préconisé M. RIVO RAKOTOVAO, Président par intérim de Madagascar.  La réalisation des objectifs de développement durable est un chemin assuré non seulement pour asseoir le développement mais aussi pour lutter contre les inégalités et garantir les droits humains en vue de la promotion de l’inclusion sociale, condition sine qua non, selon lui, d’une paix durable.  M. Rakotovao a également appelé à faire de la préservation de l’environnement une priorité si « l’on aspire » à éliminer de façon plus effective la pauvreté extrême et à veiller à la durabilité et à la viabilité de notre planète.  Tout en saluant l’initiative du Secrétaire général de convoquer l’année prochaine un sommet sur les changements climatiques, il a souhaité qu’une attention particulière soit accordée aux pays en développement.  Il a également plaidé en faveur de la condition des femmes et des filles qui « demeurent la centralité du devenir de l’humanité ».  Il a, par ailleurs, évoqué la question de la santé, offrant l’expérience concluante de son pays qui à force de « persévérer » et avec l’appui des partenaires, a pu mettre en œuvre un système de couverture sanitaire universelle.  Il a, en outre, souligné, non sans fierté, qu’avec le soutien de toute la famille des Nations Unies, Madagascar a été déclaré « cette année exempt de poliomyélite ».

Abordant la situation intérieure de son pays, il a indiqué que la « période que nous vivons aujourd’hui dans le pays témoigne en tout cas d’une volonté certaine de consolider les avancées du pays en matière de démocratie ».  Il a ajouté que parallèlement à cette phase « marquante de son apprentissage de la démocratie, le pays a pu rétablir l’équilibre macroéconomique.  Toutes les données témoignent d’une stabilité et d’une croissance révélatrices et méritent d’être soutenues et consolidées.  Cependant, a-t-il nuancé, Madagascar se trouve encore en « difficulté », rappelant que le pays ne pouvant plus être l’otage d’une « crise politique », et en conformité avec les dispositions de la Constitution, M. Hery Rajaonarimampianina Rakotoarimanana, Président de la République, a déposé sa démission.  Madagascar « sollicite » de tous les partenaires au développement un soutien dans le processus électoral actuellement en cours et dont l’issue est « source d’espérance pour le peuple malagasy », a conclu le Président.

M. MUHAMMAD JUSUF KALLA, Vice-Président de l’Indonésie, a déploré la disparition de Kofi Annan, « bâtisseur de la paix et véritable humaniste », avant de décrire un monde en proie à des problèmes complexes, « où les instabilités et les conflits sont toujours omniprésents », « où l’extrême pauvreté et les inégalités persistent » et où le nationalisme obtus prend souvent le dessus.

« En des temps semblables, la tendance est à tort de vouloir se tourner vers un leadership doté de superpouvoirs », a ironisé le Vice-Président.  Mais nul besoin d’appeler « les Avengers » ou la « Ligue des Justiciers ».  Nous, au sein de cette Assemblée, nous sommes les décideurs du monde.  Ensemble, nous avons le pouvoir des superhéros.  Nous devons exploiter notre volonté, notre courage, notre force, notre compassion, notre altruisme et notre humilité, a-t-il enchaîné.

Le Vice-Président a plaidé pour un écosystème de paix, de stabilité et de prospérité, et s’est dit impatient que son pays intègre le Conseil de sécurité, l’an prochain, en tant que membre non permanent.  La région Asie-Pacifique est en paix depuis cinq décennies, a remarqué le Vice-Président, et dans un contexte géopolitique toujours plus instable, il a souhaité que l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) s’intègre dans une aire indo-pacifique plus étendue.  « Avec les pays de l’ASEAN, nous parions sur le rassemblement des régions Inde et Pacifique dans un seul théâtre géostratégique. »

Regrettant que la réalisation de certains objectifs de développement durable aient pris du retard, le Vice-Président a voulu que le rythme s’accélère et que des décisions fortes soient prises en matière de financement, de renforcement des capacités et de transfert de technologie.

Enfin, il a fermement condamné toutes velléités séparatistes dans son pays et ceux qui les soutiendraient.  « L’Indonésie ne laissera aucun pays saper sa souveraineté territoriale », a prévenu le Vice-Président.  « Je répète: elle défendra fermement son intégrité territoriale. »

M. DANIEL KABLAN DUNCAN, Vice-Président de la Côte d’Ivoire, a déclaré que les défis et incertitudes auxquels notre monde est confronté aujourd’hui doivent amener les États Membres à avoir la même perception du rôle central et de l’utilité des Nations Unies dans la formulation de notre réaction collective.  « Ils doivent donc résolument se réapproprier l’Organisation universelle afin qu’elle demeure une organisation pour tous », a-t-il affirmé, en soulignant que l’une des priorités consiste à redonner aux Nations Unies toute son autorité morale.  Dans cette perspective, son pays estime qu’il est désormais temps de réformer le Conseil de sécurité afin qu’il soit le plus représentatif du monde actuel et plus efficace.  Selon M. Duncan, seul un Conseil réellement uni peut permettre à l’ONU de régler efficacement les grandes questions sécuritaires, telles que la lutte contre la prolifération nucléaire, le terrorisme, les crimes de masse et des crimes contre l’humanité.  Dans le même temps, nous devons convenir que la lutte contre le réchauffement climatique ne sera réussie que si nous acceptons de reconnaître qu’il s’agit d’une menace à la paix et à la sécurité internationales.

La responsabilité des Nations Unies pour un nouvel engagement en faveur de l’action devrait continuer à s’élargir au principe de la « responsabilité de protéger », qui est devenue une norme de droit international adoptée par tous les États Membres lors du Sommet mondial de 2005.  Poursuivant, le Vice-Président a déclaré qu’il faut se rendre à l’évidence qu’aucun système de sécurité collective ne sera viable si l’on ne cherche pas à éradiquer les principales causes des troubles sociopolitiques qui ont lieu dans nombre d’États, notamment l’extrême pauvreté.  C’est pourquoi la Côte d’Ivoire a invité la communauté internationale à appliquer les résolutions pertinentes adoptées au cours de ce « cycle » de conférences thématiques qui consacrent le refus d’une paupérisation généralisée et doivent permettre de lutter contre l’analphabétisme, les maladies endémiques, la famine, la malnutrition et toute autre disparité.  Pour sa part, Abidjan s’est donné les moyens au travers du deuxième plan national de développement 2016-2020, en vue de mobiliser les ressources nécessaires à hauteur de 60 milliards de dollars.  Évoquant en conclusion les défis migratoires, M. Duncan a estimé que pour y répondre, il fallait un engagement aussi bien des pays d’origine, des pays de transit que des pays d’accueil.

Saluant l’élection d’une femme à la tête de l’Assemblée générale, Mme EPSY CAMPBELL BARR, Vice-Présidente du Costa Rica, a souligné que son pays copréside avec le Royaume-Uni le Groupe des champions pour l’autonomisation économique des femmes.  Depuis 2017, s’est enorgueillie la Vice-Présidente, des policières costariciennes participent en tant qu’observatrices internationales à la Mission de vérification des Nations Unies en Colombie.  Le Costa Rica n’a pas d’armée, a-t-elle rappelé, et ses décisions ne passent pas par la modernisation d’arsenaux ni par son implication dans des alliances militaires stratégiques.  Au contraire, le pays s’attache au développement durable dans ses trois dimensions: sociale, économique et environnementale.  Mme Campbell Barr a défendu « une culture de la paix », fondée sur la promotion de la justice, la participation démocratique, les droits de l'homme et l’éducation.

« La situation au Nicaragua ne peut pas durer », a déclaré par ailleurs la dirigeante.  Le dialogue est suspendu et le Gouvernement a expulsé la mission du Bureau du Haut-Commissaire aux droits de l'homme.  La situation dans ce pays, a-t-elle averti, risque l’escalade, avec un impact direct sur la stabilité et le développement de l’Amérique centrale.  Elle a appelé la communauté internationale et le Secrétaire général à recourir à la diplomatie préventive et à la médiation face à ces graves évènements.  « Lorsqu’il s’agit de la vie et de la dignité des personnes, le silence fait de nous des complices! »

Passant à la situation au Venezuela, Mme Campbell Barr s’est inquiétée du manque de respect pour l’état de droit et les violations des droits de l'homme.  Elle a encore appuyé les efforts entrepris au sein du Conseil des droits de l’homme, et réitéré son engagement à surmonter de manière pacifique la grave crise que traverse ce pays.

Plaidant ensuite pour une vision commune, complète et à long terme sur le phénomène de la mobilité humaine, la Vice-Présidente s’est félicitée de l’adoption prochaine des pactes mondiaux pour les migrations et sur les réfugiés.  Elle a aussi mis l’accent sur la Décennie internationale des personnes d’ascendance africaine (2015-2024), avant de saluer la proclamation de la Décennie de l’agriculture familiale (2019-2028).

La dirigeante a souhaité que son pays, classé dans la catégorie des pays à revenu intermédiaire, puisse continuer d’accéder au financement pour relever les défis structurels qui continuent d’entraver son développement durable.  Dans le cadre de son pacte national pour la mise en œuvre des objectifs de développement durable adopté en 2016, le Costa Rica applique aujourd’hui un plan de « décarbonisation » assorti d’une série de transformations technologiques, qui, espère-t-il, servira de laboratoire pour l’économie mondiale.  Enfin, Mme Campbell Barr a indiqué qu’elle a signé cette semaine « l’Accord d’Escazú » ou Accord régional sur l’accès à l’information, la participation publique et l’accès à la justice sur les questions environnementales en Amérique latine et dans les Caraïbes.  

Le Premier Ministre du Népal, M. K.P. SHARMA OLI, a déclaré que, depuis 2006, le Népal est parvenu, par le dialogue, à mener à bien un processus de paix unique.  Il s’agissait de restructurer l’État afin de restituer la souveraineté au peuple népalais, et de « consolider » les progrès réalisés au sein d’une Constitution démocratique, adoptée en 2015.  Selon lui, la Constitution du Népal, républicaine et fédérale, incarne les droits et libertés du peuple népalais et prévoit la séparation des pouvoirs, l’état de droit, l’indépendance du pouvoir judiciaire et la représentation proportionnelle.  La mise en œuvre de la nouvelle Constitution s’est réalisée par la tenue d’élections fédérales, provinciales et locales, a précisé le Premier Ministre, et l’élection de 41% de femmes.  Ce succès « historique », qui met l’accent sur la justice sociale, a procuré au Népal la stabilité politique longtemps recherchée, a-t-il considéré, et prouvé que « le scrutin est plus fort que les balles ». 

Au terme de sa transition démocratique, le Gouvernement a mis en place une vision pour un Népal prospère, qui prévoit l’utilisation optimale de ressources naturelles et humaines, a poursuivi M. Oli.  Quant à la politique étrangère, il a déclaré qu’elle serait évaluée « au mérite » et sans a priori, tout assurant de son appui les peuples qui luttent pour leurs droits et leur liberté. 

Après trois ans, et malgré une économie performante, les efforts déployés pour mettre en œuvre le Programme de développement durable à l’horizon 2030 demeurent « insuffisants », a-t-il observé, ajoutant que les pays les moins avancés constituent le « champ de bataille » sur lequel se jouera son succès ou son échec.  Selon lui, seuls l’accès aux marchés, l’élimination des barrières commerciales, les investissements et les transferts technologiques peuvent contribuer à surmonter les obstacles structurels qui subsistent. 

Le fait que les pays les moins avancés soient les premiers à souffrir des effets des changements climatiques constitue une « désagréable ironie », a noté le Premier Ministre en se référant à la fonte des neiges sur les montagnes népalaises, véritables « châteaux d’eau du monde ».  « Nous devons agir de façon décisive pour assurer « la justice climatique », a-t-il poursuivi, tout en appelant à la mise en œuvre intégrale de l’Accord de Paris.   

S’agissant de la réforme des Nations Unies, M. Oli a estimé que la restructuration en cours représente une occasion unique de renforcer les activités de développement tout en améliorant l’efficacité de la prestation des services.  Il a endossé la Déclaration sur les opérations de maintien de la paix, estimant que les pays contributeurs de troupes doivent avoir l’occasion d’occuper des postes de commandement.

M. ENELE SOSENE SOPOAGA, Premier Ministre des Tuvalu, a salué le thème de cette session qui rappelle qu’aujourd’hui « nous avons plus que jamais besoin d’un leadership mondial responsable », un leadership qui valorise le multilatéralisme, la confiance et la responsabilité morale pour gagner le pari des objectifs de développement durable, et ceux relatifs aux changements climatiques et à la dégradation de l’environnement.  L’année 2018, a rappelé le Premier Ministre, a été marquée par la peur d’une guerre nucléaire, montrant par-là que certains n’ont rien appris des erreurs du passé.  En effet, le monde compte des armes nucléaires bien plus puissantes que celles qui avaient été lâchées sur Hiroshima et Nagasaki.  Dans le Pacifique, les essais nucléaires ont occasionné des dommages « inimaginables » à l’environnement et à la santé des populations.  Certaines des îles subissent les effets radioactifs, après plusieurs décennies.  Le Premier Ministre a prévenu que le succès des objectifs de développement durable dépendra de l’efficacité avec laquelle l’on s’attaquera aux changements climatiques car la tendance actuelle au réchauffement climatique annonce un avenir très sombre et particulièrement misérable pour les petits États insulaires en développement (PEID), en particulier les atolls comme Tuvalu.

Il faudra, a prévenu le Ministre, des investissements énormes dans les mesures d’atténuation et d'adaptation, « des investissements qui dépassent tout simplement nos capacités ».  Si l’Accord de Paris est une bouée de sauvetage, ses engagements ne sont que le tiers de ce qui est doit être fait pour éviter les conséquences « catastrophiques » des changements climatiques, lesquels sont « une menace directe pour notre existence et notre survie ».  Ils ne sont ni plus ni moins, a ajouté le Premier Ministre, qu’une « arme de destruction massive ».  L'ONU ne « peut et ne doit pas » laisser les plus grands pollueurs se dérober à leur devoir moral de réduire de toute urgence leurs émissions de gaz à effet de serre et de sauver les petits États insulaires comme Tuvalu avec une aide suffisante et adaptée.  Ce serait « une honte » pour l’humanité de voir des îles comme Tuvalu disparaître.  « Tuvalu ne cèdera jamais.  Nous nous battrons pour protéger et sauver notre île, notre peuple, notre culture et notre avenir », a promis le Premier Ministre.  

Je peux ressentir la souffrance des peuples, qui, dans le monde entier, sont persécutés, ou expulsés de leurs habitats, comme les Rohingya, a déclaré Mme SHEIKH HASINA, Première Ministre du Bangladesh.  Il est impossible, a-t-elle prévenu, d’édifier des sociétés justes et durables si l’on ignore ces situations.  Celle du Myanmar, a-t-elle dit, nous rappelle le génocide commis chez nous par les forces d’occupation pakistanaises en 1971, lors duquel près de 3 millions de Bengalis ont été tués et 10 millions ont dû s’enfuir en Inde.  « Nous sommes consternés par ce que les rapports de l’ONU nous disent, a poursuivi la Première Ministre, en appelant la communauté internationale à accorder toute l’importance requise à cette « injustice »:  plus d’un million de Rohingya ont fui au Bangladesh.  Nous essayons de les aider du mieux que nous pouvons mais les organisations internationales doivent nous aider à les reloger.  Comme l’origine de la crise vient du Myanmar, c’est aussi au Myanmar, a tranché la Première Ministre, de trouver la solution.  Elle a demandé l’application effective et immédiate des accords conclus entre le Myanmar et les Nations Unies.  Mme Hasina a aussi commenté le pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières qu’elle aurait souhaité plus vigoureux.  

Sur le plan national, elle s’est félicitée ce que la Banque mondiale ait inscrit son pays dans la catégorie des pays à revenu intermédiaire.  Nous sommes la quarante-troisième plus grande économie au monde, en termes de produit intérieur brut nominal et nous sommes maintenant reconnus comme un modèle de développement économique, s’est-elle enorgueillie.  La Première Ministre a aussi appuyé l’initiative de la Banque mondiale et de l’ONU sur l’eau, conformément au sixième objectif du Programme 2030.  

Le Premier Ministre a naturellement parlé de l’égalité entre les sexes, fière que son pays soit « probablement le seul pays au monde où tous les postes élevés au Parlement, Présidente de la Chambre ou chef de l’opposition, soient occupés par des femmes.  Soixante-douze pour cent des députés élus sont de femmes.  Mais le Bangladesh, qui compte une population de 160 millions d’âmes, fait partie des 10 pays les plus vulnérables aux changements climatiques.  Le pays est donc très attaché à l’Accord de Paris et consacre déjà 1% de son PIB aux mesures de résilience.  Le Bangladesh, que l’on décrivait comme un pays rongé par les catastrophes, les inondations et la famine, a fait des merveilles, a affirmé la Première Ministre.  Mon pays est un des pays asiatiques qui a dépassé de nombreux indicateurs de développement mais le voyage se terminera le jour où nous aurons un Bangladesh sans famine, sans analphabétisme et sans exploitation, a conclu la Première Ministre.

Alors que le monde fait aujourd’hui face à d’énormes défis, on nous demande d’agir et d’opérer de véritables changements, a déclaré M. PEDRO SÁNCHEZ PÉREZ-CASTEJÓN, Président du Gouvernement de l’Espagne.  « Le temps est venu de cultiver un leadership coopératif, fondé non seulement sur la volonté d’écouter les autres, mais aussi sur celle de comprendre leurs motivations. »  Personne n’a le monopole de la vérité, a ajouté le Président.  « Laissons derrière nous la décennie perdue de la crise économique », a-t-il lancé.  « Notre engagement a un nom, une date et des objectifs: le Programme de développement durable à l’horizon 2030. »

M. Sánchez Pérez-Castejón a rappelé que la dignité des êtres humains doit être au centre de toute action politique et que l’Espagne, qui est membre du Conseil des droits de l’homme jusqu’en 2020, appuie des initiatives qui renforcent les capacités de cet organe et du Haut-Commissaire aux droits de l’homme.  Soucieux de la parité, le Gouvernement espagnol compte 60% de femmes.  M. Sánchez Pérez-Castejón a dit avoir rejoint le Cercle des dirigeants promu par le Secrétaire général pour combattre l’exploitation et les atteintes sexuelles dans les opérations de l’ONU. 

Le dirigeant a salué l’adoption prochaine du pacte mondial sur les réfugiés.  En dépit de la crise économique, la grande majorité de la société espagnole n’a jamais tourné le dos à la tragédie de la migration et ne s’est pas laissée radicaliser par la fièvre du discours xénophobe, a-t-il dit fièrement.  « Si nous accueillons un bateau à la dérive en Méditerranée, avec 630 personnes à son bord, ce n’est pas seulement parce que le droit international l’exige, c’est aussi parce que c’est un impératif moral », a-t-il insisté.  Dans le même esprit, M. Sánchez Pérez-Castejón a appuyé le pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières.  Plutôt que de voir les pays « comme des forteresses », nous défendons les concepts de solidarité, d’humanité et de respect.  Il a préconisé le dialogue et la coopération avec les pays d’origine et de transit, en particulier les pays africains.

En phase avec le Programme 2030, le Président a annoncé que l’Espagne va lancer sa propre stratégie nationale de développement durable: combattre la violence sexiste, la pauvreté infantile, la « pauvreté énergétique »; promouvoir les soins de santé universels; les subventions et les bourses scolaires pour des opportunités égales et les droits des travailleurs.  Un fonds de coopération pour l’eau et l’assainissement en Amérique latine et dans les Caraïbes a été créé, dans lequel plus de 800 millions d’euros ont été investis. 

Je viens d’un pays dont 40% de la surface est menacée de désertification, a averti M. Sánchez Pérez-Castejón, engagé dans la lutte contre les effets des changements climatiques.  Hier, a-t-il signalé, il a annoncé que l’Espagne rejoindrait la coalition intitulée « Vers la neutralité carbone ». 

S’agissant de la menace posée par le terrorisme, il a jugé cruciaux le combat contre ses réseaux de financement, la coopération policière et judiciaire internationale, et l’échange d’informations et de renseignements.  Mais, selon lui, il faut également lutter contre la haine et la violence qui trouvent un écho dans tant de forums. 

Avant de conclure son long discours, M. Sánchez Pérez-Castejón a appuyé le rôle de la Cour pénale internationale (CPI), l’initiative franco-mexicaine pour limiter le recours au droit de veto en cas d’atrocités de masse, et la réforme du système des Nations Unies lancée par le Secrétaire général.  Plus spécifiquement, a-t-il ajouté, la décision du Royaume-Uni de quitter l’Union européenne (UE) signifie que Gibraltar va aussi quitter l’Union; il a souhaité profiter de cette occasion pour établir « une nouvelle relation » entre son pays, l’UE et Gibraltar.

Mme ANA BRNABIĆ, Première Ministre de Serbie, a déclaré que son pays s’avance en tant que société prospère, dynamique, créative, innovante et ouverte au sein de l'Europe.  On me demande souvent, a dit Mme Brnabić, pourquoi l’accession à l’Union européenne est notre objectif principal.  La réponse est que l’Union est un projet de paix qui a réussi.  Nous voulons et nous devons en faire partie pour consolider la paix, la stabilité et la prospérité dans les Balkans, une région troublée du monde parfois appelée poudrière de l’Europe. »

La Première Ministre s’est dite fière de ce qui a été fait en Serbie durant ces quatre dernières années.  La Serbie est aujourd’hui l’un des pays à avoir la plus forte croissance économique en Europe, une croissance caractérisée par l’arrivée massive des investissements étrangers.  Nous avons aussi renforcé l’état de droit, reformé le secteur judiciaire, les médias, instauré un dialogue franc avec la société civile, consolidé les institutions de lutte contre le crime organisé et la corruption, et assuré une justice équitable pour tous.

S’agissant de la question de la Province autonome de Kosovo et Metohija, la Serbie, a souligné la Première Ministre, a essayé l’année dernière de fermer la « boîte de Pandore », ouverte il y a 10 ans par la déclaration unilatérale d’indépendance des autorités de Pristina.  La Serbie s’engage aujourd’hui pour la paix et se comporte comme un adulte, a poursuivi la Première Ministre.  Nous avons signé l’Accord de Bruxelles depuis plus de cinq ans et l’avons mis en œuvre.  Pristina l’a également signé mais n’a même pas appliqué un seul de ses mots.  « Nous continuerons d’insister sur la pleine mise en œuvre de l’Accord et la création de la communauté des municipalités serbes », a prévenu la Première Ministre, en promettant « tolérance et patience ».

Elle a demandé à la communauté internationale de continuer de soutenir les efforts que la Serbie a initiés.  Pour parvenir au progrès dans le dialogue, nous avons besoin d’un appui total et clair de la communauté internationale, a-t-elle dit avant de conclure.

M. RUHAKANA RUGUNDA, Premier Ministre de l’Ouganda, a déclaré que son pays consacre une « quantité raisonnable de temps et de ressources » à la mise en œuvre du Programme 2030, précisant que 76% des objectifs de développement durable ont été intégrés au plan national de développement 2015-2020.  Cependant, le défi principal demeure un financement inadéquat même si l’Ouganda fait de son mieux pour mobiliser des ressources intérieures et extérieures.  Le Premier Ministre a appelé les partenaires au développement à honorer leurs engagements, ce faisant, à accorder la priorité aux besoins spécifiques des pays les plus vulnérables.  Il a aussi appelé la communauté internationale à rechercher des solutions communes aux défis régionaux et mondiaux, comme les conflits, la criminalité transnationale organisée, le terrorisme et l’extrémisme violent.

L’Ouganda, a poursuivi le Premier Ministre, reste attaché au multilatéralisme et estime que l’ONU doit devenir une organisation plus réactive et plus efficace si elle veut aider les États à réaliser les objectifs de développement durable.  Il est tout aussi essentiel que le Conseil de sécurité soit plus représentatif du monde actuel.

M. Ruhunga a ensuite parlé de la coopération Sud-Sud et, à l’approche de la Conférence ministérielle à Buenos Aires, il a souhaité que cette coopération soit élargie au commerce, aux investissements, aux infrastructures, au tourisme ou encore au maintien de la paix.  Justement, le Premier Ministre a estimé que l’ONU doit appuyer davantage les organisations régionales et sous-régionales.  Il s’est félicité de la coopération entre l’ONU et l’Union africaine dans le cadre de la Mission de l'Union africaine en Somalie (AMISOM), notant que depuis son déploiement, il y a 11 ans, des progrès notables ont été constatés, dont la libération de plus de 80% des zones contrôlées auparavant par les Chabab.  Aujourd’hui, la menace de la piraterie au large de la côte somalienne a disparu.

Le Premier Ministre a donc jugé particulièrement important de veiller à ce que la réduction des effectifs de l’AMISOM corresponde au degré d’efficacité des forces de sécurité somaliennes.  Se tournant vers le Soudan du Sud, il s’est félicité de l’Accord revitalisé sur le règlement du conflit, dans le cadre de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) à laquelle l’Ouganda appartient.  Le Premier Ministre est revenu à la situation de son pays qui abrite en ce moment 1,4 million de personnes, « un record mondial ».  Leur présence, a-t-il déploré, amplifie la vulnérabilité des communautés hôtes et épuise nos moyens.  Le Premier Ministre a dit attendre beaucoup du futur pacte mondial sur les réfugiés, en particulier ses dispositions sur un partage plus prévisible et plus équitable du fardeau.

M. LYONPO TSHERING WANGCHUK, Chef du Gouvernement par intérim du Bhoutan, a commencé sa déclaration en apportant son soutien aux réformes engagées par le Secrétaire général au sein de l’Organisation, qui devraient toutefois s’accompagner d’une réforme du Conseil de sécurité.  Il a ensuite annoncé que le Bhoutan est en voie de réaliser les objectifs de développement durable, conformément au modèle du « Bonheur national brut » adopté par son pays et qui fait du bien-être de la population la priorité des efforts de développement.  Le Bhoutan, a rappelé M. Wangchuk, est un petit pays sans littoral situé en plein cœur de l’Himalaya qui est aujourd’hui sur le point de quitter la liste des pays les moins avancés (PMA), après avoir mené à bien son second examen triennal au Comité des politiques du développement, en mars 2018.  Toutefois, le Bhoutan n’a toujours pas dépassé l’indice de vulnérabilité économique et continue de faire face à de sérieux défis en termes de diversité économique et d’exposition aux catastrophes naturelles.  Le Bhoutan espère quitter la liste des PMA de manière durable grâce à la consolidation de ses capacités productives et à une véritable résilience économique.  Le plan de développement national 2018-2023 est crucial à cet égard, puisqu’il s’agit du dernier plan du Bhoutan en tant que PMA. 

M. Wangchuk s’est attardé sur la question des changements climatiques, rappelant que son pays a été touché par des phénomènes extrêmes, comme des inondations jaillissant de lacs de glace, des précipitations, des vents violents et des glissements de terrains.  Il s’est toutefois dit rassuré de constater que les investissements consentis dans la protection de l’environnement portent des « fruits climatiques », se félicitant tout particulièrement de la couverture forestière qui s’étend sur 72,6% du territoire.  Enfin, le Chef du Gouvernement a abordé la situation politique dans son pays, expliquant que le second Gouvernement élu depuis la fin de la monarchie absolue en 2008 était parvenu au terme de son mandat en août dernier.  Les élections se tiendront donc le 18 octobre et « nous espérons que le prochain Gouvernement entrera en fonction au début du mois de novembre ».

M. ISMAËL OULD CHEIKH AHMED, Ministre des affaires étrangères et de la coopération de la Mauritanie, a rappelé que son pays a contribué à travers la récente organisation du trente et unième sommet de l’Union africaine (UA) à une vision globale pour combattre ce phénomène afin de libérer les peuples africains de la pratique « détestable » de la corruption.  La Mauritanie, a-t-il dit, a déjà pris une batterie de mesures et, dans le même temps, lancé la modernisation de ses infrastructures de base, sans compter les réformes pour le développement rapide des mines et du pétrole.  Le Ministre a aussi parlé du développement d’un code des investissements ambitieux et de la mise en place d’une zone économique de libre-échange à Nouadhibou.  La croissance économique devrait grimper à 4%, l’année prochaine et pour infléchir l’impact négatif des changements climatiques sur cette croissance, la Mauritanie a adopté une politique nationale sur les énergies renouvelables et les tempêtes de sable.  Nouakchott abrite aujourd’hui le siège de l’Agence panafricaine de la Grande Muraille verte.  Sur le plan politique, M. Ould Cheikh Ahmed a évoqué le dialogue ouvert entre la majorité et l’opposition mais aussi la société civile, lequel a permis d’aboutir aux amendements constitutionnels de 2017.  La question des droits de l’homme occupe une place centrale dans la politique nationale.

Sur le plan régional, la position géographique et particulière à la fois arabe et africaine a conféré au pays une responsabilité qu’il a assumée, comme en témoigne son rôle de premier plan dans l’établissement du G5 Sahel et dans la mise en place de sa Force conjointe qui combat aujourd’hui les organisations terroristes dans la région.  Forte de cet héritage, la Mauritanie souhaite édifier des relations de bon voisinage.  La Mauritanie, a-t-il poursuivi, suit avec intérêt la question du Sahara occidental et soutient les efforts des Nations Unies pour trouver une solution mutuellement acceptable, à même de renforcer l’intégration et la complémentarité économiques entre les États de l’Union du Maghreb arabe.

Mme AURELIA FRICK, Ministre des affaires étrangères du Liechtenstein, a souligné que c’est la dixième fois qu’elle s’exprime à cette tribune historique qui est, pour la première fois, présidée par une femme.  Elle a aussi remercié le Secrétaire général de l’ONU pour son engagement en faveur de l’égalité entre les sexes.  Les Nations Unies sont le projet le plus important du monde, car elles ont façonné la façon dont nous avons vécu ensemble depuis sept décennies.  Elles ont été créées sur la conviction que le monde ne pouvait pas se permettre un autre conflit armé et sur la foi collective dans un système de maintien de la paix et de la sécurité internationales, fondée sur des valeurs et des buts communs », a-t-elle rappelé.

Les Nations Unies ont aussi été le lieu où les normes des droits de l’homme ont été développées, la Déclaration universelle des droits de l’homme ayant ouvert la voie à cette trajectoire qui est une source d’inspiration.  « Le développement a été une des autres missions principales de ce bâtiment », a-t-elle déclaré, « ce qui a été couronné par le Programme 2030 ».  Les défis des changements climatiques illustrent parfaitement pourquoi les Nations Unies sont indispensables et tout cela nous mène à une seule conclusion: nous avons besoin de plus de Nations Unies, pas le contraire.  Mais l’ONU doit être plus coopérative, plus dynamique, plus représentative de l’époque que nous vivons et le Secrétaire général a raison de tirer la sonnette d’alarme.

La Charte est notre référence principale face aux défis d’aujourd’hui et nous devons travailler davantage pour rendre les Nations Unies plus fortes.  Remettre en question le commerce international va l’encontre de notre but commun, à savoir le respect des institutions auxquelles nous croyons.  Nous avons encore un Conseil de sécurité qui nous fait défaut.  « Nous devons prendre conscience de nos forces, à savoir le pouvoir de l’Assemblée générale.  C’est l’autorité juridique et politique nécessaire pour construire des institutions et mettre en place des politiques qui peuvent tout changer. »  En ce moment critique du conflit syrien, notre détermination à faire en sorte que ceux qui commettent des crimes seront punis influencera l’avenir du pays.  Une autre situation est celle des Rohingya et d’ailleurs la Cour pénale internationale (CPI) a déclaré sa compétence pour les crimes de déportation forcée.  De la Syrie, au Myanmar en passant par le Venezuela, la CPI est au centre des efforts pour combattre l’impunité.  La Ministre s’est dit fière d’être la Coordonnatrice de la Commission du secteur financier, dont le but est de définir une réponse pour les acteurs du secteur qui contribue à lutter contre l’esclavage moderne et à la traduction des coupables en justice.

Pour M. LEJEUNE MBELLA MBELLA, Ministre des relations extérieures du Cameroun, l’ONU est aujourd’hui le meilleur reflet du multilatéralisme qui est, plus que par le passé, la voie la plus appropriée pour répondre aux défis auxquels l’humanité fait face.  Le Ministre s’est dit convaincu que le rôle et l’avenir des Nations Unies restent tributaires de la volonté des États Membres de raffermir sa légitimité, sa démocratisation et sa représentativité, afin de ne laisser personne à la traîne.  Ceci passe nécessairement, selon lui, par la réforme de ses organes, au rang desquels le Conseil de sécurité.  À cet égard, il a estimé que l’on ne peut plus envisager la pérennisation de la marginalisation, notamment de l’Afrique qui demeure le seul continent à ne pas disposer d’un siège permanent au sein du principal organe en charge de la paix et la sécurité internationales.

Le Ministre a aussi abordé la question des mouvements migratoires qui devrait interpeler « notre conscience collective » et nous rappeler les impératifs d’une solidarité effective et d’une prospérité partagée.  Sur le plan de la sécurité collective, il a attiré l’attention sur la nécessité de ne pas reléguer au second plan la centralité du problème des armes légères et de petit calibre dans l’agenda international.  Il a tenu à rappeler, à cet égard, que plus de 90% des victimes de guerre dans le monde, et particulièrement en Afrique, sont tuées par ce type d’armes qui atterrissent de plus en plus entre les mains de groupes terroristes tels que l’État islamique, AQMI ou Boko Haram.  Le Ministre a rappelé, à cet égard, la première Conférence des États parties et signataires de la Convention de l’Afrique centrale pour le contrôle des armes légères et de petit calibre, abritée par son pays et au cours de laquelle, les États se sont engagés sans réserve à combattre la prolifération de ces armes.

Sur le plan économique, le Ministre a appelé à un soutien accru aux pays africains pour les aider à alléger le fardeau de la dette, à améliorer leurs capacités de production et enfin à faciliter l’accès de leurs produits aux marchés mondiaux à des conditions plus favorables.  Le Cameroun poursuit une vision à long terme, dont le but est de devenir pays émergent à l’horizon 2035.  Sur le plan environnemental, le Cameroun, pays du bassin du Congo et deuxième plus grand pays forestier d’Afrique, a pris « la courageuse » option de renoncer à la pleine utilisation de ses forêts.  Mais, a prévenu le Ministre, il faudra trouver des solutions urgentes et adéquates pour concilier les initiatives de préservation de l’environnement et les légitimes aspirations des populations au bien-être.  Dans la même veine, le Ministre a réitéré la nécessité d’une série d’actions urgentes en faveur de la sauvegarde du lac Tchad réduit aujourd’hui de plus de 90% de sa surface initiale.  Quant au volet politique, il a indiqué que la consolidation de la culture démocratique au Cameroun est un processus inéluctable, malgré les défis sécuritaires.  Grâce aux sacrifices de toute la nation camerounaise, conjugués aux efforts coordonnés des voisins du bassin du lac Tchad et l’appui des partenaires internationaux, la capacité de nuisance de la secte terroriste Boko Haram a été considérablement réduite, même s’il faut demeurer mobilisé jusqu’à son éradication totale.  Le Ministre a également fait part de la détermination de son pays à stabiliser les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest en proie aux revendications corporatistes des syndicats d’enseignants et d’avocats.  Le Cameroun, a-t-il conclu, s’emploie à restaurer la paix et la sécurité dans ces régions, dans « le respect des droits de l’homme et des lois et règlements de la République ».   

M. AUGUSTINE MAHIGA, Ministre des affaires étrangères de la République-Unie de Tanzanie, a d’emblée souligné l’importance d’un leadership et d’une gouvernance visionnaires, au niveau international, pour relever les défis du monde actuel.  C’est en répondant à ces défis, a dit le Ministre, que le multilatéralisme, à tous les niveaux d’intervention, en particulier aux Nations Unies, devient « essentiel ».  Agir seul et dans l’isolement minimise les chances d’obtenir les résultats escomptés.  La mondialisation et son réseau tortueux de relations a en effet rendu « inévitable » l’approche multilatérale.  Malheureusement ces derniers temps, le monde a été mis à rude épreuve: l’Organisation mondiale du commerce (OMC) ploie sous les attaques, les changements climatiques anéantissent vies et biens et l’édifice multilatéral mis en place après la Seconde Guerre mondiale se lézarde.  Les réformes sont nécessaires à la continuité, a souligné le Ministre, qui a insisté sur celle du Conseil de sécurité et la place que doit y occuper l’Afrique.  La crédibilité des Nations Unies, a-t-il souligné, repose sur un Conseil de sécurité représentatif et réactif.

La Tanzanie elle-même s’est lancée dans des réformes, a indiqué le Ministre, en parlant d’une lutte sans relâche contre la corruption et l’« incompétence » du service public.  Des mesures ont aussi été prises contre la drogue, la traite des êtres humains, le commerce illicite d’ivoire et l’extrémisme violent.  Face à la résistance des réseaux criminels, le pays n’a pas hésité à durcir son action laquelle, il est vrai, peut être perçue comme « restrictive ».  Quant au flux illicite des capitaux, la Tanzanie appelle la communauté internationale à créer un organe international sur la coopération fiscale pour traiter de la concurrence et de l’évasion fiscale.

Après s’être félicité de l’enquête menée sur les circonstances de l’attaque contre des Casques bleus tanzaniens, en décembre 2017, et de l’inclusion de ses conclusions dans la Déclaration d’engagements communs pour les opérations de maintien de la paix, le Ministre a rappelé que son pays abrite plus de 330 000 réfugiés burundais et congolais.  Il a demandé à la communauté internationale de faciliter le rapatriement volontaire des derniers réfugiés burundais et de présenter, pour ce faire, une évaluation « réaliste » de l’évolution politique et sécuritaire dans le pays.  S’agissant de la République démocratique du Congo (RDC), le Ministre a noté quelques progrès dans l’engagement du Gouvernement congolais à organiser les élections générales tant attendues plus tard cette année. 

M. MAHMOUD ALI YOUSSOUF, Ministre des affaires étrangères de Djibouti, a estimé que la crise du multilatéralisme, les tendances protectionnistes, la tentation palpable « du repli autarcique parfois autistique » sont les conséquences de l’idéologie qui a émergé dans de nombreux pays du Nord après le dernier flux migratoire.  Il s’est donc félicité que la communauté internationale se soit mobilisée et ait conçu des réponses et développé des plans d’action dans le cadre de processus intergouvernementaux particulièrement bien menés, dont le pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières et celui sur les réfugiés. 

S’agissant du Programme 2030, le Ministre a annoncé que son pays présentera bientôt son examen volontaire qu’il considère comme « une introspection salutaire ».  Pour aider les pays, il faudra non seulement penser à des stratégies de financement novatrices, à garantir un flux accru d’investissements directs étrangers mais aussi à maintenir les engagements pris en matière d’aide au développement. 

Mais la plus grande menace à la mise en œuvre du Programme 2030 est le conflit et la violence, a souligné le Ministre.  Contrastant avec le tableau sombre du monde, la Corne de l’Afrique, s’est-il réjoui, a connu une succession de développements historiques de nature à générer des dividendes pour la paix, la réconciliation et le développement économique.  Le Ministre a salué une nouvelle fois le rapprochement entre l’Éthiopie et l’Érythrée, avant d’informer l’Assemblée que les Présidents de Djibouti et de l’Érythrée se sont réunis le 17 septembre à Djeddah et ont convenu d’ouvrir un nouveau chapitre dans les relations entre ces deux « pays frères ».  Ils se sont mis d’accord pour poursuivre le dialogue en vue de trouver une issue pacifique aux questions en suspens, y compris le litige frontalier et les prisonniers de guerre. 

M. WORKNEH GEBEYEHU, Ministre des affaires étrangères de l’Éthiopie, a estimé qu’alors que le monde fait face à de graves menaces, le multilatéralisme et les Nations Unies n’ont jamais été aussi importants.  Les Nations Unies sont la seule organisation universelle où les idées de liberté, d’égalité et de justice restent aussi valident aujourd’hui que lors de sa conception, a-t-il déclaré.  « Je saisis l’opportunité pour vous assurer, qu’en tant que Membre fondateur des Nations Unies, nous continuerons à adhérer à ses idéaux et aux principes du multilatéralisme, alors que le monde fait face à des menaces sans précédent.  La contribution de l’Éthiopie dans les opérations de maintien de la paix est sans pareil », a-t-il estimé, « et nous restons entièrement engagés dans cette noble tâche ».

Le Ministre a rappelé qu’il y a six mois, un transfert du pouvoir pacifique a pris place en Éthiopie, ce qui a ouvert un nouveau chapitre dans l’histoire politique du pays, notamment en offrant des possibilités de changement réalistes.  La vision de notre gouvernement est de créer une société juste, paisible, équitable et durable.  Par le passé, le peuple éthiopien a démontré à maintes reprises sa résilience et sa force en temps d’adversité.  « Nous travaillons aujourd’hui à élargir et renforcer les réformes nécessaires pour promouvoir la gouvernance démocratique et l’état de droit, promouvoir la justice et l’économie, la transparence et la responsabilité et promouvoir la participation populaire et une démocratie efficace », a-t-il déclaré.

Selon le Ministre des affaires étrangères, au cours de ces six derniers mois, le nouveau Gouvernement a pris une série de mesures pour consolider la démocratie.  Ces efforts ne sont pas limités à l’Éthiopie, a-t-il noté: le Premier Ministre a lancé un processus de réconciliation avec les pays de la Corne de l’Afrique.  En effet, l’Éthiopie et l’Érythrée ont ouvert un nouveau chapitre dans leurs relations, mettant fin à deux décennies de conflit.  Au début du mois, l’Éthiopie, l’Érythrée et la Somalie se sont réunies à Asmara, puis à Djibouti pour ouvrir une nouvelle phase dans les relations entre Djibouti et l’Érythrée.  Plus récemment l’Éthiopie et l’Érythrée ont signé un accord de coopération, alors que les Présidents djiboutien et érythréen se serraient la main, mettant fin à un conflit de 10 ans.  Compte tenu de ces développements, il est temps que le Conseil de sécurité envisage de lever les sanctions contre l’Érythrée, a plaidé le Ministre. 

M. ROBERT DUSSEY, Ministre des affaires étrangères du Togo, s’est félicité de la pertinence du choix de la thématique de la session, à savoir, décentrer l’exercice des responsabilités au niveau des Nations Unies pour mettre l’institution en phase avec la réalité du monde.  La réforme des Nations Unies est une nécessité logique, a-t-il déclaré.  La planète est en souffrance, l’extrémisme violent et le terrorisme menacent le monde, et de nouvelles formes de responsabilité sont apparues.  « L’heure est, pour le dire dans le langage de l’épistémologue Thomas Kuhn, au changement de paradigme. »

Le Ministre a réitéré le soutien de son pays à la réforme profonde de l’Organisation, telle qu’engagée par le Secrétaire général.  Celle-ci a le mérite de reposer sur un processus ouvert et inclusif, prenant en compte la paix et la sécurité, le développement et la structure de gestion.  Sans la paix et la sécurité, pas de développement durable, a-t-il rappelé.  La réforme en cours devrait repositionner le système de développement des Nations Unies pour l’adapter aux nouvelles exigences liées à la mise en œuvre du Programme 2030.  Les Nations Unies doivent aider davantage à faire face au manque de développement du monde.  Le nouveau système de l’Organisation doit s’accommoder de la nécessité d’édifier un monde où chaque pays peut jouir d’une croissance soutenue, inclusive et durable.

Les défis auxquels l’Afrique fait face sont immenses, a-t-il rappelé: elle abrite des foyers du terrorisme, la pauvreté persiste, les conséquences des changements climatiques sont terribles, la migration précarise et décime un pan important de la jeunesse africaine.  « Le Gouvernement togolais engage toutes les parties prenantes à privilégier l’approche participative et la logique du consensus dans les négociations en cours et à œuvrer pour l’adoption d’un Pacte mondial pour les migrations sûres, ordonnées et régulières, à l’issue de la Conférence de Marrakech des 10 et 11 décembre 2018. ».  Les Nations Unies devraient jouer pleinement le rôle de coordination qui lui revient, en s’appuyant sur les organisations régionales et sous-régionales.  Le Ministre a souligné que les gouvernements africains ont pris conscience de la nécessité d’accélérer le processus d’intégration régional pour mutualiser les efforts de développement et les stratégies de lutte contre la pauvreté.  À cet égard, le Togo se réjouit de la désignation de son Président pour le pilotage du projet d’établissent du Marché unique africain de transport aérien en Afrique.  En ce qui concerne la réforme du Conseil de sécurité, le Ministre a estimé que la nouvelle approche axée sur une vision partagée des responsabilités recommande que les solutions aux problèmes de paix et de sécurité reviennent à tous les Membres des Nations Unies.  Ainsi, le Conseil de sécurité élargi serait plus efficace.  Enfin, le Ministre a rendu hommage à l’ancien Secrétaire général Kofi Annan.

Droit de réponse

Répondant au Premier Ministre israélien, le représentant de l’Iran l’a accusé d’avoir voulu détourner l’attention de l’Assemblée générale du traitement qu’Israël réserve aux Palestiniens.  C’est un régime, a dit le représentant, qui sème l’instabilité dans la région et qui constitue la menace la plus grave à la paix et à la stabilité dans la région déjà volatile du Moyen-Orient.  Par ses interventions, a diagnostiqué le représentant, M. Netanyahu confirme que c’est un menteur pathologique car la vérité est qu’Israël est un régime suprémaciste et l’ennemi de la démocratie au Moyen-Orient.  C’est un régime, a-t-il poursuivi, qui hait la démocratie et aucun mensonge, aucune publicité ne pourrait cacher la nature « haineuse » de ce régime dirigé par un « leader corrompu ».  Les « photos tirées de Google » que « ce comédien » a exhibées aujourd’hui ne sont qu’un tissu de mensonges, un mensonge qui est dans l’ADN d’un homme, a prévenu le représentant, qui devrait arrêter de menacer l’Iran.  

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