Session de 2017, Débat de haut niveau,
47e & 48e séances – matin & après-midi
ECOSOC/6865

L’ECOSOC clôt son débat de haut niveau et réitère l’engagement des États à mettre en œuvre « en toute efficacité et sans exclusive » le Programme 2030

Les rideaux sont tombés aujourd’hui sur le segment de haut niveau du Conseil économique et social (ECOSOC) qui, comme l’a fait hier son Forum politique de haut niveau pour le développement durable*, a adopté formellement la Déclaration ministérielle sur le thème de l’élimination de la pauvreté.

« Nous, ministres et hauts représentants, nous engageons à continuer de mettre en œuvre, en toute efficacité et sans exclusive, le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et à prendre des mesures audacieuses et porteuses de transformation pour mettre fin à la pauvreté partout dans le monde, en touchant les plus défavorisés en premier et en veillant à ne pas faire de laissés pour compte. »

Plusieurs intervenants ont expliqué leur position.  Les États-Unis ont prévenu que, selon leur entendement, la Déclaration ministérielle, un document non contraignant, ne crée ni d’obligations ni de droits.  Les pays doivent s’atteler à la mise en œuvre du Programme 2030, conformément à leur situation et à leurs spécificités, ont ajouté les États-Unis, appuyés par le Viet Nam.  L’Iran a d’emblée annoncé son intention d’assurer le suivi des objectifs de développement, « dans le respect des normes et valeurs nationales ».  La Fédération de Russie a regretté que pour la deuxième année consécutive, la Déclaration ministérielle n’ait pu être adoptée sans vote.  Cette tendance, a-t-elle mis en garde, aura des retombées négatives sur l’image du Forum politique de haut niveau et la promotion du développement durable.  Il faut redoubler d’efforts pour trouver une solution mutuellement acceptable et assurer le consensus, a-t-elle encouragé.

Comme hier avec le Forum politique de haut niveau, les 54 membres de l’ECOSOC ont, à leur tour, adopté la Déclaration ministérielle après des votes séparés, à la demande des États-Unis et d’Israël, sur le paragraphe 4 qui parle de l’autodétermination des peuples vivant sous occupation et le paragraphe 21 qui évoque l’Organisation mondiale du commerce (OMC).  Le premier a été adopté par 30 voix pour, l’opposition de l’Australie et des États-Unis et 18 abstentions; et le second par 32 voix pour, l’opposition des États-Unis et 16 abstentions.

Israël a dénoncé un libellé « contestable » dans le paragraphe 4, « une politisation » que les États-Unis ont également dénoncée.  Quant au paragraphe 21, ces derniers ont rejeté la référence à l’OMC.  Le Japon et l’Australie ont aussi douté d’un paragraphe « déséquilibré » et « trop concentré » sur les questions financières.  Le Mexique a dit ne pas comprendre l’hésitation de certaines délégations quand il s’agit de l’aide financière internationale.  Les États-Unis se sont en outre dissociés du consensus sur le paragraphe 7 qui parle de l’Accord de Paris et des changements climatiques.

Nous sommes, ont dit les États-Unis, déterminés à réduire les émissions de gaz à effet de serre, tout en assurant nos besoins énergétiques.  Le Président Donald Trump a annoncé la décision de se retirer de l’Accord de Paris mais il reste ouvert à une renégociation de la participation des États-Unis.  Les États-Unis ont aussi regretté l’absence de la question de la traite des êtres humains, dans la Déclaration ministérielle et se sont dits déçus que la question des droits des femmes et des filles n’ait pas été assez soulignée. 

Le Nigéria a plutôt déploré l’absence de la nécessaire lutte contre les flux financiers illégaux.  Au nom du Groupe des 77 (G77) et de la Chine, l’Équateur a réitéré les observations faites hier, tout comme le Venezuela et le Mexique.  Le Saint-Siège a vu dans la Déclaration ministérielle « un document équilibré » même s’il a précisé que l’avortement ne saurait faire partie de la santé génésique.  En outre, a insisté le Saint-Siège, le genre résulte de différences biologiques et non d’une construction sociale.  Pour le Viet Nam, le paragraphe 8 sur la diversité dans les villes et les établissements humains est un peu déconcertant car il ne correspond en rien aux discussions menées pendant cette session.

L’ECOSOC, qui termine ainsi son segment de haut niveau, a mené ses travaux parallèlement à son Forum politique de haut niveau pour le développement durable.  Le Forum s’est réuni pendant 10 jours et, outre ses tables rondes sur l’élimination de la pauvreté, il a examiné la mise en œuvre des 17 objectifs et 169 cibles du Programme 2030 dans 43 pays. 

Au nom de l’Alliance des petits États insulaires en développement (PEID), les Maldives ont dit avoir appris beaucoup du partage des expériences.  L’approche collective est la seule solution, ont-elles estimé.  Le Mexique a voulu que l’on garantisse l’indépendance des 15 scientifiques chargés de rédiger le premier rapport de mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Il s’est demandé pourquoi ils ont été convoqués à Long Island plutôt que d’être ici à Manhattan pour entendre les préoccupations des Etats membres.   

Entre le segment de haut niveau de l’ECOSOC et le Forum politique de haut niveau, ce sont 65 ministres qui se sont succédé à la tribune et 2 458 acteurs qui ont participé à quelque 147 manifestations parallèles et spéciales dont le Forum des entreprises.  Les grands groupes ont pris une part active aux rencontres, eux qui, identifiés en 1992 lors du Sommet de la Terre de Rio regroupent les peuples autochtones; les femmes; les enfants et les jeunes; les syndicats; les agriculteurs; les autorités locales, la communauté scientifique et technologique; le commerce et l’industrie; et les ONG.

Le Secrétaire général aux affaires politiques, M. Wu Hongbo, a estimé que les débats du Forum politique de haut niveau ont été l’occasion de transmettre  quelques grands messages.  Le premier est que l’élimination de la pauvreté doit rester la priorité pour assurer le développement durable.  Le deuxième est que le Programme 2030, le Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement, l’Accord de Paris et le Cadre de Sendaï sur la réduction des risques de catastrophes constituent un cadre d’ensemble pour éradiquer la pauvreté.  Le troisième est que le développement durable et ses trois piliers –économique, social et environnemental- sont devenus la norme, et le quatrième est qu’il faut assurer un suivi « participatif et inclusif » de la mise en œuvre des objectifs fixés.  

La Déclaration ministérielle, a conclu le Président de l’ECOSOC, M. Frederick Shava du Zimbabwe, nous poussera à accélérer la mise en œuvre du Programme 2030 et à mobiliser les ressources nécessaires, 3 000 milliards de dollars selon certains.  Il faudra, pour ce faire, changer les mentalités et réfléchir à la manière de concrétiser la promesse d’une croissance équitable et durable.  L’accès universel à la santé et à l’éducation seront la clef.

* Voir communiqué de presse ECOSOC/6864 du 19 juillet 2017
** E/2017/L.29–E/HLPF/2017/L.2

RÉUNION MINISTÉRIELLE DU FORUM POLITIQUE DE HAUT NIVEAU POUR LE DÉVELOPPEMENT DURABLE ORGANISÉ SOUS LES AUSPICES DU CONSEIL ÉCONOMIQUE ET SOCIAL (ECOSOC)

Déclarations

Au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), M. HUGO MARTINEZ, Ministre des affaires étrangères d’El Salvador, a réaffirmé la conviction et l’engagement de sa région à appliquer les 17 objectifs et 169 cibles du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Le représentant a vanté le rôle du premier Forum régional de la CELAC pour le développement durable qui a accouché d’un mécanisme de suivi, de mise en œuvre et de financement des objectifs aux niveaux régional et sous-régional.  À ce jour, 11 pays de la région se sont soumis à l’examen volontaire du Forum politique de haut niveau pour le développement durable, a souligné le Ministre qui a encouragé ces pays à partager les leçons apprises de leur expérience.  Il a souligné que les pays en développement ont toujours besoin de l’aide publique au développement (APD) notamment pour renforcer les capacités et a réitéré l’appel aux pays développés pour qu’ils consacrent 0,7% de leur PIB à cette aide.  Le Ministre a prié le système de développement des Nations Unies de veiller à l’application de cet engagement.  Il s’est dit favorable à des méthodes de travail multidimensionnelles pour procéder avec précision à la catégorisation des pays par revenu. 

Le Ministre a assuré que la CELAC mise tout sur l’accès à l’éducation et le transfert des technologies, tout en soulignant la nécessité de respecter le cadre de chaque État dans la mise en œuvre du Programme 2030.  Il n’a pas manqué de dénoncer les mesures économiques et financières unilatérales.

M. ERIC Y. TIARE (Burkina Faso) a déclaré que son gouvernement a adopté le Plan national de développement économique et social 2016-2020 qui intègre 83 cibles sur les 169 du Programme 2030, en vue d’une meilleure intégration de la croissance et de la transformation économiques, de la réduction des inégalités, de l’intégration sociale et de la durabilité environnementale.  Le Gouvernement a élaboré une politique nationale de protection sociale et du genre, une politique nationale de développement durable et un plan d’action pour accélérer les progrès dans la réduction de l’indigence, de la faim et de l’insécurité dans le cadre de l’opérationnalisation de ce Plan.

En matière de promotion de l’industrialisation durable et du développement d’infrastructures résilientes, les actions porteront notamment sur la relance des industries en difficulté, le développement des petites et moyennes industries agroalimentaires et de fabrication d’équipement et de production d’intrants, et la promotion de l’artisanat de production.  En outre, le Gouvernement exécute actuellement un programme d’urgence d’autonomisation des jeunes et des femmes des milieux urbain et rural d’une durée de trois ans qui, à son terme, créera près de 90 000 emplois directs et plus de 100 000 emplois indirects.

Mme MARIA RUBIALES DE CHAMORO (Nicaragua) a dit que la réalisation du Programme 2030 appelait le respect du principe de la responsabilité commune et différenciée.  La représentante s’est lancée dans l’énumération des réalisations de son pays qui « a beaucoup évolué ces dernières décennies ».  Elle a vanté le dialogue national avec toutes les parties prenantes et cité un taux de 49% pour la réduction de la pauvreté et de 5% pour la croissance économique, ces cinq dernières années.  Au niveau international, elle s’est positionnée contre les mesures coercitives unilatérales qui empêchent la réalisation du développement durable.

M. ODO TEVI (Vanuatu) a annoncé que son pays vient de mettre en place, en janvier dernier, un programme national de développement pour adapter les objectifs de développement nationaux au Programme 2030.  Le Vanuatu, qui a été classé comme le pays le plus exposé aux catastrophes naturelles, subit frontalement l’impact négatif des changements climatiques.  Or, a souligné le représentant, les ambitions de développement du pays sont freinées par le déficit technologique.  Il a donc plaidé pour une réforme du système de développement des Nations Unies et promis que son pays fera sa part pour améliorer son système de statistiques.

M. KHALIFA BIN ALI BIN ISSA AL-HARTHY (Oman) a déclaré que son gouvernement a créé un comité national pour coordonner le processus d’appropriation nationale des objectifs de développement durable.  Il s’est félicité que son pays, qui assure désormais une couverture médicale universelle à tous ses citoyens, ait une économie de plus en plus diversifiée car les autorités ont pris la décision de se défaire de la dépendance aux hydrocarbures. 

M. HAMISH COOPER (Nouvelle–Zélande) a indiqué que son pays a créé un fonds pour assister les enfants en situation difficile à travers le monde.  Le programme d’aide au développement néo-zélandais est essentiellement orienté vers les petits États insulaires en développement (PEID) du Pacifique.  Au niveau national, le Gouvernement néo-zélandais, qui assure la couverture médicale à tous ses citoyens, cible les maladies spécifiques telles que les affections cardiaques qui font l’objet de programmes particuliers et l’obésité infantile.  Le pays, qui est vulnérable aux catastrophes naturelles, s’emploie à renforcer ses infrastructures.  Le représentant a conclu en réitérant l’attachement de la Nouvelle-Zélande à la lutte contre la pêche illégale afin de contribuer à la réalisation de l’objectif de développement durable 14 sur les océans.

Mme GILLIAN BIRD (Australie) a annoncé, non sans fierté, que son pays va se soumettre à son premier examen volontaire national l’année prochaine.  Elle a assuré que l’Australie entend édifier des partenariats encore plus solides pour réaliser le Programme 2030 et, dans cette optique, elle accorde une importance particulière à l’égalité entre les sexes, dont la première mesure est de produire des données fiables ventilées par sexe. 

Mme ELISENDA VIVES BALMANA (Andorre) a martelé que le Programme 2030 doit être assumé et réalisé.  On ne peut pas faire machine arrière.  En dépit des obstacles comme le manque de ressources, Andorre a rédigé « un livre blanc » sur les objectifs de développement durable qui se focalise en particulier sur l’objectif relatif à l’égalité des sexes.  Le Gouvernement a d’ailleurs créé un observatoire pour le suivi de cette politique.  Il se focalise aussi sur la création d’emplois et a lancé, en 2016, un plan d’intégration des personnes handicapées et des groupes marginalisés dans le marché du travail.  Andorre accorde également une attention particulière au contrôle de la qualité des rivières.

M. KAIRAT UMAROV (Kazakhstan) a dit que son gouvernement accorde une importance particulière à l’égalité, à la lutte contre le terrorisme, aux droits de l’homme.  Il ambitionne de figurer parmi les 30 pays les plus avancés avant 2030.  En 2018, il se soumettra à l’examen volontaire du Forum politique de haut niveau.  En attendant, il continue de donner la priorité au développement des infrastructures d’où l’importance de la nouvelle « Route de la soie ».  Le représentant a invité l’assistance à venir à l’exposition 2017, en septembre à Astana, sur la technologie et l’énergie qui met l’accent sur les pays les moins avancés.  Il s’est enorgueilli du fait que le Kazakhstan est devenu un pays qui ne reçoit plus d’aide.  Bien au contraire, nous sommes devenus un pays donateur, a-t-il souligné.

M. MILOŠ VUKAŠINOVIĆ (Bosnie-Herzégovine) a dit que nous avons besoin d’une base ferme permettant la réalisation de l’égalité et de la prospérité dans le monde.  La pauvreté exige un ensemble de mesures sur la santé, les investissements dans les technologies, la croissance économique, la responsabilisation des institutions et l’intégration des jeunes et des femmes.  Les pays à revenu intermédiaire ont besoin de politiques qui consolident leurs acquis et les empêchent de retomber dans la pauvreté.  Ils ont également besoin de politiques pour la mobilisation de ressources internes et de partenariats forts.  Un monde débarrassé de la pauvreté n’est pas une utopie aussi longtemps que l’on travaillera ensemble, que l’on partagera les expériences et que l’on encouragera l’autonomie au niveau planétaire. 

« Mon pays a déclaré la guerre à la pauvreté », a indiqué d’emblée M. NEVILLE GERTZE (Namibie).  Il a expliqué que le nouveau plan de développement tient compte à la fois des objectifs de développement durable et de l’Agenda 2063 de l’Union africaine.  Pour assurer de bons résultats, le Gouvernement a mis en place un système de suivi, lequel permettra de compiler les données qui serviront au premier examen volontaire auquel le pays se soumettra l’année prochaine.  Le représentant n’a pas oublié de mentionner les changements climatiques qui affectent gravement son pays.  Il a plaidé pour le transfert de technologies.

M. COURTENAY RATTRAY (Jamaïque) a salué l’étude du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) qui a jugé que le programme national de développement de son pays était conforme à 91% aux objectifs de développement durable.  Il a indiqué que l’engagement de son pays en faveur du développement explique pourquoi l’Institut national des statistiques avait été choisi pour représenter les Caraïbes aux travaux qui ont débouché sur le Cadre d’indicateurs du développement durable approuvé par la Commission de statistique de l’ONU.   

M. MAHE’ULI’ULI SANDHURST TUPOUNIUA (Tonga) a souligné que le Cadre stratégique de développement des Tonga pour la période 2015-2025 a été élaboré avec l’assistance du PNUD.  Il a expliqué que son pays souffre de la rareté des données pouvant permettre de mener à bien des programmes de développement.  Le premier projet que les Tonga veulent réaliser est donc logiquement le renforcement de leur système de statistiques.  Mais cela ne peut se faire sans des partenariats, a-t-il prévenu, en appelant à l’assistance de la communauté internationale.

Mme PENNELOPE ALTHEA BECKLES (Trinité-et-Tobago) a déclaré que le Gouvernement a élaboré une stratégie de développement national « ambitieuse » conforme au Programme 2030 et appelant à la cohérence et à la participation de tous.  L’étape suivante est l’élaboration des indicateurs de performance.  Le Gouvernement veut également mobiliser toute la société pour mener une réforme institutionnelle.  La population est au centre de la stratégie qui veut mettre met fin à la discrimination, qui veut rendre possible l’accès de tous à l’éducation et à la santé et qui veut édifier un environnement et une société qui répondent aux besoins de tous et qui favorise la participation de tous.

Mme BESIANA KADARE (Albanie) a indiqué que son gouvernement a lancé un projet pilote en vue de l’élaboration de son plan de développement en tenant compte du Programme 2030.  Le représentant a souligné l’importance des technologies de l’information et de la communication pour atteindre les objectifs de développement durable.  Il a affirmé que la stratégie nationale a permis une croissance 3,7%, confirmée par le Fonds monétaire international (FMI), et un de taux de création d’emplois de 56%.  Mais le Gouvernement a reconnu la nécessité de déployer davantage d’efforts pour réduire l’écart entre les milieux urbain et rural et pour réaliser la parité puisque le Parlement n’a que 28% de femmes.  La représentante a tout de même souligné que dans 8 secteurs sur 22, les femmes sont majoritaires notamment et elles représentent aussi 20% des chefs d’entreprises.  Pour accélérer les efforts, le Gouvernement a mis en place un comité interministériel de suivi qu’il expliquera en détail à l’examen volontaire auquel le pays se soumettra en 2018.

M. ZOHRAB MNATSAKANYAN (Arménie) a déclaré que son gouvernement était en train de mettre en place son plan stratégique de développement et a lancé des initiatives stratégiques pour les partenariats public-privé, mis en place un système de levée de fonds pour le secteur privé et fait campagne pour la mobilisation de ressources et l’accès aux technologies.  Le représentant a salué le dynamisme de la société civile de son pays qui est « un partenaire important » du développement.  L’Arménie se soumettra à l’examen volontaire du Forum politique de haut niveau en 2018, a encore indiqué le représentant.

M. JOSÉ LUIS FIALHO ROCHA (Cabo Verde) a certes salué le fait que son pays vienne de sortir de la catégorie des pays les moins avancés (PMA).  Mais, a-t-il souligné, cette situation le prive aussi de l’accès aux financements préférentiels qui pourraient l’aider à réaliser les objectifs de développement durable.  Cabo Verde est pourtant un petit État insulaire en développement qui a toutes les vulnérabilités caractéristiques de ce type de pays.  Le représentant a donc plaidé pour des investissements directs étrangers plus conséquents et demandé aux Nations Unies de reconsidérer les critères de classement des États insulaires comme le sien. 

M. MODEST JONATHAN MERO (République-Unie de Tanzanie) a appelé au soutien du système de statistiques de la République-Unie de Tanzanie afin que celui-ci joue pleinement son rôle de collecte, traitement et diffusion des données devant servir à la bonne mise en œuvre et à l’évaluation des objectifs de développement durable.  Le représentant a souligné qu’il y a des objectifs de développement durable qui sont des catalyseurs de la mise en œuvre des autres mais cela ne veut pas dire, a-t-il prévenu, que certains objectifs sont plus importants que d’autres.  Il a appelé la communauté internationale à lutter contre l’évasion fiscale et les flux financiers illicites.  

M. MANSOUR AYYAD SH A ALOTAIBI (Koweït) a dit que son pays a toujours été engagé en faveur du développement durable, notamment à travers le Fonds koweitien pour le développement économique des pays arabes qui se présente comme un partenaire international clef.  Le Koweït est également engagé en faveur des actions humanitaires dans les pays affectés par les différentes crises.  Il a conclu en attirant l’attention sur le plan « Nouveau Koweït » qui s’appuie sur sept piliers pour un Koweït prospère.

M. ABDALLAH Y. AL-MOUALLIMI (Arabie saoudite) a dit accorder une grande importance aux ressources humaines et à la prospérité.  Le Royaume saoudien a adopté la Vision 2030 qui s’appuie sur une société vibrante, une économie prospère et des objectifs ambitieux.  Il a affirmé que son pays entend accroître la participation des femmes au marché du travail.  « Nous avons lancé plusieurs programmes pour assurer l’autonomisation des femmes », a insisté le représentant, avant d’annoncer que son pays se soumettra à l’examen volontaire du Forum politique de haut niveau en 2018. 

Mme MARIA HELENA LOPES DE JESUS PIRES (Timor-Leste) a expliqué que la paix, la justice et des institutions durables sont à la base de la stratégie de développement durable de son pays.  Elle a confirmé l’engagement d’accorder toute l’attention voulue à l’objectif de développement 14 relatif aux océans et au 5 relatif à la parité entre les sexes.  La représentante a dit avoir appris beaucoup des rapports nationaux de l’Afghanistan et du Togo.  Elle a jugé indispensable pour les pays en développement qu’ils bénéficient d’un pacte sur le financement international. 

M. CLAUDE STANISLAS BOUAH-KAMON (Côte d’Ivoire) a dit que son pays enregistrait une forte croissance économique depuis 2012 lui permettant de mettre en œuvre ses engagements nationaux et internationaux.  Il a reconnu que le défi reste de parvenir à une répartition équitable des richesses contribuant à un véritable développement social et à la protection de l’environnement.  La mise en œuvre du Plan national du développement 2012-2015 a permis un taux de croissance annuel moyen de 9,4%.  Le pays a réduit la pauvreté de 10% et augmenté sa production agricole, a-t-il dit avant de souligner le rôle de la Côte d’Ivoire dans la protection du milieu marin et côtier de la région.   

Mme NEDRA P. MIGUEL (Saint-Vincent-et-les Grenadines) a indiqué que les objectifs et cibles du programme national de développement sont alignés sur ceux du Programme 2030.  Le Gouvernement a également établi un programme « Faim zéro », calqué sur le modèle onusien et visant à éradiquer la faim à l’horizon 2020.  Ce programme est doté d’un fonds d’affectation spéciale qui se présente comme un partenariat public-privé.  

M. ALI ALEFEI MOUSTAPHA (Tchad) a parlé des projets d’infrastructure que son pays mène, notamment avec ses voisins, le Cameroun et le Soudan, afin d’ouvrir le Tchad à la mer.  Le Gouvernement entend également bâtir un secteur industriel pourvoyeur d’emplois.  La « Vision 2030 » du Tchad est un mélange entre le Programme 2030 et l’Agenda 2063 de l’Union africaine.  Cette vision va se décliner sous la forme de trois plans quinquennaux, dont le premier sera lancé après la cérémonie de mobilisation de fonds que le Tchad organise les 7 et 8 septembre prochains à Paris.

M. MOHAMMED SAHIB MEJID MARZOOQ (Iraq) a rappelé que l’occupation d’une partie de l’Iraq par le groupe terroriste Daech a donné lieu à la destruction des infrastructures nationales, au ralentissement de l’économie, aux déplacements des populations et à des dépenses supplémentaires pour financer l’effort de guerre.  Le pays s’est mobilisé pour libérer les territoires occupés, comme le prouve la libération récente de Mossoul.  Le représentant a donc appelé la communauté internationale à soutenir financièrement l’Iraq qui a mené une guerre contre un fléau qui affecte toute l’humanité.   

Mme LANA ZAKI NUSSEIBEH (Émirats arabes unis) a mis l’accent sur l’égalité homme-femme et l’émancipation des femmes et des filles.  L’objectif de développement durable 5 doit être la priorité, a-t-elle insisté, en rappelant que l’égalité entre les sexes est une condition sine qua non à la réalisation des autres objectifs du Programme 2030.

Mme CAROLINE ZIADE (Liban) a parlé d’une structure nationale, sous l’autorité du Premier Ministre, qui est chargée d’intégrer le Programme 2030 au plan national de développement.  La représentante a rappelé la signature le mois dernier d’un projet d’accord entre le Liban et le Coordonnateur résident des Nations Unies pour identifier les lacunes dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable au Liban.  Les conclusions de cette étude feront l’objet de lois et de décrets.   

M. KARMA CHOEDA (Bhoutan) a souligné les succès de son pays dans la lutte contre la pauvreté dont le taux est passé de 23 à 12% entre 2012 et 2017.  L’intégration des objectifs de développement durable aux plans nationaux de développement « a été facile », a affirmé le représentant, annonçant le lancement en 2018 du douzième plan quinquennal.  Il a aussi précisé que la Constitution consacre la protection de 70% du territoire.  

M. RIADH BEN SLIMAN (Tunisie) a indiqué que le plan national de développement est conforme en tout point au Programme 2030.  La Tunisie est fière d’avoir investi dans la protection sociale, l’éducation et la santé et entend désormais s’attaquer à l’amélioration des infrastructures.  Des réformes politiques sont aussi en cours pour renforcer la bonne gouvernance. 

M. ANDRII TRSYMBALIUK (Ukraine) a salué l’assistance du PNUD qui a permis l’adaptation des programmes nationaux aux objectifs de développement durable.  Il a évoqué le travail effectué par son gouvernement pour améliorer les conditions de vie dans les régions affectées par la catastrophe nucléaire de Tchernobyl.  Il a appelé la communauté internationale à aider le pays, avant d’insister sur le fait qu’aucun pays ne saurait se développer sans la paix et la sécurité.   

Mme EI KHIN AYE (Myanmar) a relevé que les changements climatiques sont un obstacle majeur au développement durable.  Elle a expliqué que de nombreux pays comme le Myanmar sont affectés par les conséquences de ce fléau qui détruit les avancées sociales et infrastructurelles.  Au Myanmar, le développement durable passe par l’éducation universelle et des programmes spécifiques de formation professionnelle afin de promouvoir l’insertion des jeunes dans le monde du travail.    

M. NIZAR AMER (Israël) a indiqué que la Knesset avait tenu cette année une première session dédiée spécialement à la mise en œuvre du Programme 2030.  En avril 2017, le Gouvernement a aussi organisé une conférence nationale rassemblant le secteur public, le secteur privé et la société civile pour discuter des moyens de forger des partenariats propices à la réalisation des objectifs de développement durable.  « Un voyage de 1 000 pas commence toujours par un seul pas », a conclu le représentant d’Israël avant d’estimer qu’avec le Forum politique de haut niveau, nous avons entamé de la meilleure manière le long chemin qui nous sépare du Programme 2030. 

M. DIONYSIOS KALAMVERZOS (Grèce) a dit que son pays était déterminé à réaliser tous les objectifs de développement durable, en traitant des liens entre les différents objectifs et cibles.  Il a appuyé la décision adoptée le 20 juin dernier par les États membres de l’Union européenne sur « un avenir durable ».  Il a précisé que la Grèce réfléchissait à la façon de mettre en œuvre le Programme 2030 dans les meilleures conditions et à la lumière de la situation financière particulière du pays.

M. ABDULLAH ABU SHAWESH, de l’État de Palestine, a cité la création d’un groupe national de haut niveau pour mettre en œuvre le Programme 2030.  L’État palestinien a mis en place une stratégie 2017-2022 qui a pour ambition d’identifier les obstacles et les progrès.  Mais, a rappelé l’observateur, l’occupation israélienne qui dure depuis 50 ans est un véritable frein au développement.    

M. HABIB MIKAYILLI (Azerbaïdjan) a expliqué que son gouvernement se concentre sur les populations les plus démunies.  Il mise tous ses efforts sur l’accès à la santé avec pour ambition d’atteindre le plus tôt possible la couverture médicale universelle.  Le représentant a réitéré la détermination de son gouvernement à éradiquer la pauvreté et à réaliser tous les objectifs de développement durable.

Mme ROUA SHURBAJI (République arabe syrienne) a parlé du terrorisme qui détruit l’économie de nombreux pays, y compris le sien.  Son gouvernement a déjà établi un programme de développement qui va permettre le relèvement du pays quand la crise sera surmontée, a-t-elle noté.  Elle a souligné que le développement durable n’est pas envisageable sans la paix et la sécurité.  Elle a aussi plaidé pour la levée des mesures économiques unilatérales imposées à son pays.

Mme RABIATOUGERAH, de l’Association internationale des conseils économiques et sociaux et institutions similaires (AICESIS), a appelé à la mise en place de systèmes de sécurité sociale efficaces, estimant que c’est un outil important pour éradiquer la pauvreté.  La lutte contre les inégalités s’inscrit dans la même logique, a-t-elle ajouté, avant de diviser en deux groupes les actions de lutte contre la pauvreté: le premier groupe devrait compter les initiatives visant l’éradication de la pauvreté telle qu’elle se manifeste aujourd’hui, et le deuxième, des actions pour prévenir d’autres formes de pauvreté.

M. CHUNGONG, de l’Union interparlementaire, a mis l’accent sur la priorité à accorder à la lutte contre les inégalités.  Il a jugé qu’inverser la tendance aux inégalités croissantes est indispensable pour mettre en œuvre le Programme 2030.  Il a appelé tous les parlements à évaluer la mise en œuvre des objectifs de développement durable dans leur pays respectif. 

M. OSCAR DE ROJAS, de l’Ordre souverain de Malte, a cité 200 projets menés par son organisation dans une centaine de pays, en s’appuyant sur le respect de la dignité des plus vulnérables et des plus marginalisés.  Il s’est attardé sur les programmes destinés à l’accueil des migrants et aux conséquences humanitaires de la crise des réfugiés.   

M. SERGEY KONONUCHENKO (Fédération de Russie) a attiré l’attention sur les travailleurs pauvres qui vivent pour beaucoup avec moins de 1,9 dollar par jour.  L’action de l’Organisation internationale du Travail (OIT) sera importante à ce sujet, a ajouté le représentant qui a indiqué que son gouvernement a mis en place un environnement propice pour résoudre cette question, en s’efforçant d’impliquer le secteur privé.  Le Gouvernement a élaboré une stratégie de prise en charge des travailleurs pauvres et lancé un mémorandum entre la société LOUKOIL et l’OIT.  Le représentant a aussi indiqué que lors de leur dernière réunion, les ministres du travail des BRICKS ont eu un dialogue sur les conditions de vie des travailleurs pauvres dans le monde.  Il a conclu non sans rappeler à l’Ukraine son obligation de ne pas politiser les débats du Forum politique de haut niveau.

M. VINICIUS CARVALHO PINHEIRO, de l’Organisation internationale du Travail (OIT), a indiqué que le travail décent est au centre d’une bonne mise en œuvre du Programme 2030.  Il s’est réjoui de ce que les engagements en matière de protection sociale aient été repris dans la Déclaration ministérielle.  Il a parlé d’une coalition internationale sur l’égalité des salaires qui sera présentée en septembre prochain à l’Assemblée générale.  Il a mis en garde contre les conséquences futures de la robotisation.

Mme DOREEN BOGDAN-MARTIN, de l’Union internationale des télécommunications (UIT), a regretté que plus de la moitié de la population mondiale n’ait toujours pas accès à une ligne, alors que les pays ont reconnu que l’insuffisance des infrastructures est un obstacle au développement des technologies de l’information et de la communication (TIC).  La représentante a en effet insisté sur le potentiel des TIC dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Elle a souligné à cet égard l’importance des partenariats.

Mme BOZKURT, de l’Institut international pour la démocratie et l’assistance électorale, a mis l’accent sur les liens entre la bonne gouvernance et une bonne mise en œuvre du Programme 2030.  L’objectif 5 sur l’égalité entre les sexes et le 16 sur la paix, la justice et les institutions responsables sont des moteurs et des accélérateurs des autres objectifs, a-t-elle insisté. 

M. FERIDUN H. SINIRLIOĞLU (Turquie) a expliqué que dans son pays, les personnes handicapées et les personnes âgées reçoivent une attention particulière dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Il a parlé d’une initiative qui vise à comparer les réalisations de la Turquie avec celles des pays du G20 et de l’Union européenne pour identifier les capacités et les lacunes.  Il a souligné le rôle « fondamental » de l’aide publique au développement (APD), en particulier pour les pays les moins avancés (PMA), les petits États insulaires en développement et les pays en développement sans littoral.  

Mme DE BOLT, de l’Organisation de l’aviation civile internationale, a souligné que le transport aérien est la pierre angulaire du développement économique.  Ce type transport comptabilise chaque année 3,5 milliards de passagers et un tiers des échanges.  Le volume du transport aérien devant doubler d’ici à 2030, elle a appelé les États à améliorer leurs systèmes pour accélérer la réalisation du Programme 2030.  

M. PAUL MASELI, de l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI), a dit que le thème de cette année est au centre des préoccupations de l’ONUDI en particulier l’objectif de développement 9 sur « l’industrie, l’innovation et l’infrastructure » qui représente une arme contre la pauvreté.  Cet objectif est en effet « essentiel » pour la création d’emplois décents.  Il est inclusif car il a une influence directe sur l’accès à la santé et l’intégration sociale.  Mais, a-t-il prévenu, l’objectif 9 ne sera probablement pas réalisé d’ici à 2030.  Les pays en développement doivent renforcer leurs capacités industrielles, améliorer leurs infrastructures et mobiliser des partenariats.

Mme CARLA MUCAVI, de l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), s’est dite préoccupée par le fait près de 200 millions de personnes souffrent toujours d’insécurité alimentaire, deux ans après l’adoption du Programme 2030.  Il faut, a-t-elle préconisé, des systèmes agricoles inclusifs et durables pour réaliser l’objectif 2 sur « l’élimination de la faim et la sécurité alimentaire ».  Les petits exploitants agricoles doivent pouvoir bénéficier de notre appui, s’agissant en particulier du renforcement de leurs capacités.

Mme NATELA MENABDE, de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), a voulu que la couverture médicale universelle ne soit pas considérée comme un luxe réservé aux plus nantis.  C’est un droit, a-t-elle martelé, déplorant que 400 millions de personnes dans le monde n’aient pas accès à la santé et soient de ce fait obligées de payer pour se soigner, ce qui contribue à les maintenir dans la pauvreté.  Avec les changements climatiques, a-t-elle argué, les risques de certaines maladies telles que le paludisme s’accentuent.  De plus, les problèmes agraires relatifs aux aléas climatiques conduisent à la baisse de la productivité et donc à la hausse du taux de malnutrition.  Ce sont là autant de problèmes de santé publique qui exigent des actions coordonnées et en synergie, a prescrit la représentante.

M. GARBULAND KHAN, de l’Organisation mondiale du tourisme (OMT), a dit qu’avec 1,2 milliard d’arrivées en 2016, et 6% de taux de croissance au premier trimestre de 2017, le tourisme est un important facteur de revenu et d’emploi dans le monde.  Il compte pour 10% du PIB mondial, 7% ou 1 700 millions de dollar des exportations mondiales et 30% des exportations de services, assurant un emploi sur sept dans le monde.  Aider le secteur du tourisme à adopter les principes de la durabilité est au cœur du mandat de l’OMT qui a intégré les objectifs de développement durable dans son travail.  L’OMT travaille en étroite collaboration avec les gouvernements, les partenaires publics et privés, les institutions financières et de développement, les organes des Nations Unies, les universités et l’industrie du tourisme pour améliorer la contribution du secteur à la réalisation des objectifs de développement durable.

Mme ISABELLE DURANT, de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), a évoqué les instruments que déploie son organisation pour faciliter le travail des femmes commerçantes.  À la quatorzième Conférence ministérielle de la CNUCED, l’an dernier à Nairobi, des normes ont été adoptées contre les subsides au secteur de la pêche, une mesure qui va aider des millions de petits pêcheurs à sortir de la pauvreté.  

Mme AVTYAN, d’ONUSIDA, a souligné que malgré les avancées dans la prévention, 19,5 millions de personnes vivent toujours avec le VIH/Sida dans le monde.  Elle s’est tout de même félicitée de voir que le nombre des morts liées au sida a diminué de moitié depuis 2005, même si 17 millions de personnes n’ont toujours pas accès à un traitement adéquat.  Pour la représentante, mettre un terme à cette épidémie d’ici à 2030 ne peut contribuer aux progrès dans les autres objectifs de développement durable.  L’élimination de la violence faite aux femmes est également un facteur crucial pour faire baisser les taux d’infection.  L’ONUSIDA entend recruter et former, en partenariat avec l’Union africaine (UA) deux millions de professionnels de la santé en Afrique.  Un projet qui va non seulement permettre de créer des emplois, mais aussi d’offrir de meilleurs services de santé aux populations.

Mme SOL GUEVA, du grand groupe des femmes, a prévenu que nous payons tous les conséquences des systèmes qui oppriment les femmes.   Nous avons besoin de changement pour réaliser la parité des sexes et l’autonomisation qui sont « indispensables » à la réalisation pleine et entière du Programme 2030.  Il faut plus d’espace pour la participation des femmes à tous les niveaux, a-t-elle insisté avant d’appeler à mettre fin à l’impunité dans les discriminations et la violence faites aux femmes. 

Mme URLABAMA, du grand groupe des enfants et des jeunes, a averti que les jeunes auront du mal à trouver des emplois décents si on ne met pas fin à toutes les discriminations.  Elle a fustigé le néolibéralisme qui favorise l’exclusion et fait courir des risques énormes à la planète.  Elle a appelé à de nouvelles mesures internationales en faveur des jeunes et a plaidé pour l’instauration d’un revenu minimum universel ainsi que pour la fixation d’un plafond pour les revenus les plus importants. 

Mme SPERKOVA, de OGT International, a estimé que l’échec en matière d’émancipation des femmes est le principal frein à la réalisation du Programme 2030.  Notant que la consommation d’alcool est le premier facteur de la violence domestique dans le monde, elle a vu là un « obstacle transversal » à la réalisation des objectifs de développement durable.  

En tant que l’un des groupes les plus « laissés pour compte », les peuples autochtones doivent être reconnus comme un groupe à part, « avec des droits », a affirmé M. SAPIT, du grand groupe des peuples autochtones.  La reconnaissance et la protection de nos terres, territoires et ressources est nécessaire pour éradiquer la pauvreté et la faim, et défendre le bien-être des peuples autochtones, qui représentent 15% de pauvres dans le monde, a-t-il estimé.  Dans le même temps, le représentant a souligné que les autochtones vivaient des « vies durables », basées sur une gestion durable des ressources et de faibles émissions de gaz à effet de serre.   

Le représentant a appelé à établir des mécanismes effectifs pour permettre la participation « pleine et entière » des peuples autochtones et des groupes marginalisés à tous les niveaux de la mise en œuvre du Programme 2030.  « Les soi-disant forums multipartites sont dominés par le secteur privé et les grosses ONG qui ne représentent pas les détenteurs de droits », a-t-il dénoncé.  Le représentant a également exprimé sa préoccupation face à l’attitude de certains États d’Asie qui, selon lui, ne coopèrent pas pleinement et empêchent certains groupes de s’exprimer dans le cadre des examens volontaires du Forum politique de haut niveau pour le développement durable.

Le représentant a par ailleurs appelé à ventiler les données et indicateurs de développement par groupe ethnique, ainsi qu’à garantir la participation des peuples autochtones au suivi de la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Il a enfin appelé les États Membres participant au Forum politique de haut niveau à adopter un « document final fort et centré sur l’action », « allant au-delà du simple rappel des engagements pris ».

L’ECOSOC doit continuer à se focaliser sur la justice sociale et les droits de l’homme pour réaliser les objectifs de développement durable, a estimé M. BRENT M. SHEA, Vice-Président de Ius Primi Viri, une ONG internationale basée à Rome et spécialisée dans les problématiques liés à l’éducation et aux droits de l’homme.  Le concept de justice sociale, a-t-il dit, inclut de « nombreuses dimensions » considérées comme « de plus en plus légitimes », y compris l’égalité entre les sexes, la santé, le bien-être et la lutte contre la faim et la pauvreté.  Selon le représentant, les objectifs de développement durable ont permis de définir la pauvreté comme un phénomène découlant de facteurs structurels et de processus sociaux, plutôt que comme un phénomène individuel.  Au lieu de blâmer les victimes de la pauvreté, a-t-il salué, les objectifs de développement durable vont contribuer à lutter le phénomène et à trouver des solutions, par des changements socioéconomiques structurels. 

La représentante du grand groupe des ONG a plaidé pour une plus grande participation de la société civile à la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Elle a invité les États Membres à présenter les actions des grands groupes lors des examens nationaux volontaires.  Elle a salué les 44 pays qui ont fait des présentations, notamment ceux qui ont favorisé la participation de la société civile.

M. SIVARAM CHELLURI, d’International Committee for peace and Reconciliation (ICPR), a rappelé que la pauvreté extrême est définie de la même manière  dans tous les pays par la Banque mondiale comme un revenu inférieur à 1,25 dollar par jour.  Pourtant on dit souvent que le monde a assez de ressources pour sortir tous les êtres humains de l’extrême pauvreté, a observé le représentant.  L’explication la plus fréquente de la persistance de la pauvreté est l’absence d’un système agréé de redistribution des richesses.  Mais il est également vrai que la croissance démographique incontrôlée fait pression sur les ressources mondiales, ce qui fait de la pauvreté « un fait accompli » pour beaucoup.

Il existe heureusement une perception largement partagée selon laquelle l’élimination de la pauvreté bénéficiera non seulement aux pauvres, mais à tous, a poursuivi le représentant.  Mais si les pauvres restent silencieux et attendent des riches la justice économique, ils risquent d’attendre longtemps, voire de léguer leur espoir à la génération suivante, maintenant ainsi le cycle de pauvreté, a poursuivi M. Chelluri, qui a cité Voltaire: «Le confort des riches dépend d’une offre abondante de pauvres ».

Après avoir rappelé que la lutte contre la pauvreté devait être traitée différemment pour les hommes et les femmes et que ces dernières devaient être associées aux décisions qui affectent le bien-être de leur famille et de la société, M. Chelluri a également estimé que certaines mesures de lutte contre la pauvreté sont contre-productives.  Il a en effet rappelé que certains pauvres ne saisissent pas les opportunités qui leur sont offertes de sortir de la pauvreté, mais attendent que d’autres prennent soin d’eux.  Cette pauvreté auto-imposée est une maladie contre laquelle « il n’existe pas actuellement de remède ».  Les programmes d’élimination de la pauvreté ne peuvent fonctionner que si l’on encourage les pauvres à faire leur part.

M. JAMIL AHMAD, du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), a expliqué que le monde enregistre un nombre important de morts évitables qui ont pour cause la mauvaise préservation de notre environnement.  Quelque 130 millions de tonnes de déchets chimiques sont déversées chaque année dans la nature, s’est-il alarmé, sans compter les milliers de tonnes de plastiques jetés à la mer.  Il faut prendre soin de l’environnent pour éradiquer la pauvreté, a-t-il prévenu, en expliquant que les fonds dépensés pour la réhabilitation des écosystèmes auraient pu servir à d’autres fins.

Les pauvres sont les plus vulnérables aux maladies, a souligné Mme DE WITT, de la Fédération internationale des étudiants en médecine.  Elle a expliqué que le fléau des maladies non transmissibles affecte en priorité les populations des pays à revenu intermédiaire et des pays les moins avancés (PMA), car elles n’ont pas les moyens d’améliorer la qualité de leur vie.  La couverture santé universelle est importante pour lutter contre ce fléau, mais les financements manquent.    

M. SANNA, du grand groupe des travailleurs et des syndicats, a dit que la mise en œuvre de systèmes de protection sociale est le meilleur moyen d’arriver à un environnement propice au développement durable.  Il a estimé que le respect du droit syndical aux niveaux national, régional et international permettrait d’accélérer la réalisation du Programme 2030.

Mme DE LA ROCHAIRE, de « Manif pour tous », a dénoncé la pratique des mères porteuses, femmes exploitées à des fins de reproduction.  L’instrumentalisation du corps de la femme est contraire à l’objectif 5 sur la parité entre les sexes et d’autonomisation des femmes.  Tous les intervenants à savoir les biologistes, les médecins, les avocats, les commerciaux tirent des profits hautement lucratifs de ce marché de la reproduction.  Tous, sauf la mère porteuse, a dénoncé la représentante.  La mère porteuse, a-t-elle insisté, est doublement victime, physiquement et psychiquement, de ce marché de la gestation qui au niveau mondial génère quelque 4 milliards de dollars.  La pratique de la mère porteuse est en fait une forme d’esclavage au regard de l’article 1 de la Convention de 1926 relative à l’esclavage.  « Toute mère porteuse est une victime. »

Mme DIAZ, du grand groupe du secteur privé et de l’industrie, a rappelé que l’économie en tant que moteur de la création d’emplois est le meilleur moyen de réaliser les objectifs de développement durable.  Elle a appelé à un environnement propice à un meilleur dialogue et une meilleure interaction entre tous les acteurs du développement durable, dont les entreprises et le secteur privé.

Mme PARMEGIANI, de « Legiao da Boa Vontade » (Gens de bonne volonté), a mis l’accent sur les liens entre l’accès à l’éducation et la lutte contre la pauvreté.  Citant une étude de l’UNESCO, elle a indiqué que l’accès universel à l’éducation primaire et secondaire permettrait de réduire de moitié le nombre de personnes vivant dans la pauvreté extrême et sortir ainsi de cette pauvreté près de 400 millions de personnes.  

Mme MAGDA EL HAITEM, des Volontaires, a argué que le volontariat peut être un facteur de cohésion sociale et de compréhension mutuelle.  Les volontaires travaillent dans le domaine du développement durable dans le monde entier, et sont, de ce fait, au cœur des partenariats pour mobiliser les citoyens en faveur des objectifs fixés.  Les gouvernements doivent faciliter l’essor du volontariat dans leur pays, a-t-elle plaidé.

La représentante d’« Entités d’éducatives et académiques » a appelé à la mobilisation des ressources nationales pour financer l’éducation.  Il faut éviter la privatisation de l’éducation car les acteurs privés ne recherchent que le profit.  Elle a souligné que l’éducation est cruciale pour promouvoir l’égalité entre les sexes, car elle permet de lutter contre les stéréotypes.

Mme LIZARDE, du grand groupe « financement et développement » des associations de la société civile, a estimé que les programmes de développement doivent impliquer tout le monde, y compris la société civile.  Elle a dénoncé la réduction de l’espace dévolue à la société civile alors que cette dernière mériterait plus et surtout des financements adéquats pour mener à bien ses missions.  Ce n’est pas l’argent qui manque, a-t-elle affirmé.  Ce qui manque, c’est une bonne redistribution des richesses.   

Mme SINO, de « Together 2030 » ou Ensemble 2030, a jugé urgent que tous les gouvernements mettent en place de réelles institutions pour mettre en œuvre le Programme 2030.  Elle a souligné le potentiel de la protection sociale et insisté sur le fait que l’élimination de la pauvreté exige de meilleures démarches.  Il faut accorder une attention particulière aux personnes handicapées, aux minorités et autres groupes vulnérables.

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