Forum sur le suivi du financement du développement,
1e & 2e séances – matin & après-midi
ECOSOC/6834

L’ECOSOC entame son forum sur le financement du développement marqué par le lancement du premier rapport interorganisations sur le financement du développement

Le Conseil économique et social (ECOSOC) a entamé, aujourd’hui, son Forum annuel sur le suivi du financement du développement, marqué par la présentation du premier rapport de l’Équipe spéciale interorganisations sur le financement du développement (E/FFDF/2017/2).

Ce Forum réunit des représentants d’États Membres, d’organisations internationales et du secteur privé pour discuter des voies et moyens de financer le Programme de développement durable à l’horizon 2030, notamment en suivant les recommandations du Programme d’action d’Addis-Abeba qui a permis d’initier un nouveau partenariat global pour le financement du développement durable en établissant des mesures incitatives pour des investissements dans des domaines clefs.

Cette première journée de travail a notamment été l’occasion pour M. Wu Hongbo, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales et Président de l’Équipe spéciale interorganisations sur le financement du développement, de présenter le premier rapport de cette instance chargée du « suivi et de l’examen des décisions touchant au financement du développement et des moyens de mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 ».  

Ce document avertit notamment que malgré les progrès signalés dans les sept domaines d’action du Programme d’action d’Addis-Abeba, ainsi que les améliorations annoncées pour 2017 et 2018, la conjoncture mondiale difficile, l’atonie de la croissance et les crises humanitaires ont entravé les efforts, tant individuels que collectifs.  Si des solutions aux différents problèmes ne sont pas trouvées, l’aboutissement du Programme de développement durable à l’horizon 2030 se verra compromis, à commencer par l’élimination de la pauvreté extrême, ce qui, a averti M. Wu, aura un impact certain sur les pays les moins avancés.

Alors que l’aide publique au développement (APD) se situait, l’an dernier, autour de 142 milliards de dollars, le Premier Vice-Président pour le Programme de développement durable à l’horizon 2030, les relations avec les organismes des Nations Unies et les partenariats du Groupe de la Banque mondiale, M.  Mahmoud Mohieldin, a souligné que, quoiqu’essentielle, celle-ci ne sera jamais suffisante pour réaliser les objectifs de développement durable.

Citant les chiffres de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), il a averti qu’il manque 2.5 billions de dollars par an pour pouvoir réaliser le Programme de développement durable.  Aussi, au lieu de consacrer des milliards de dollars à l’APD, M. Mohieldin a recommandé de consacrer des billions de dollars à des investissements de tous genres, ainsi qu’au renforcement des capacités.  Mais pour se faire, a-t-il indiqué, les banques multilatérales de développement devront changer leur mode de travail et leur approche en matière de financement du développement.

L’Administrateur par intérim du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), M. Tegegnework Gettu, a, pour sa part, jugé fondamental d’accompagner les investissements à long terme par des mesures d’assistance afin de renforcer la résilience des plus pauvres et des plus vulnérables.

Il est toutefois difficile de songer au redressement économique mondial sans une embellie du commerce international, a commenté le Directeur général adjoint de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), M. Yonov Frederick Agah, qui a souligné que le commerce ne peut devenir le moteur de la croissance que lorsque de bonnes politiques sont mises en œuvre. 

Le Président du Conseil du commerce et du développement de la CNUCED, M. Christopher Onyanga Aparr, a pour sa part, fait observer que l’aide apportée aux réfugiés s’est traduite par une baisse des investissements dans les économies africaines.

Au cours du débat général, la représentante de l’Équateur, s’exprimant au nom du Groupe des 77 et la Chine, s’est dite alarmée par la tendance croissante au protectionnisme de certains pays développés et a appelé à un système commercial multilatéral équitable, non discriminatoire, et règlementé par l’OMC.  Elle a également réclamé une plus grande coopération internationale pour combattre les flux financiers illicites.

De son côté, le Vice-Ministre des affaires étrangères du Bélarus, M. Valentin Rybakov, s’est inquiété de la situation des pays les moins avancés (PMA) qui s’émancipent et se retrouvent dans la catégorie des pays à revenu intermédiaire, où ils ne peuvent plus bénéficier de l’aide publique au développement (APD), limitant ainsi leurs possibilités de développement.

L’après-midi a été marquée par la tenue de deux tables rondes interactives sur les thèmes « Promouvoir la cohérence des politiques dans la mise en œuvre du Programme d’action d’Addis-Abeba » et « Inégalités et la croissance inclusive ».

Le Forum reprendra ses travaux demain, 23 mai, à 10 heures, avec trois tables rondes consécutives.  Le débat général se poursuivra à partir de 16 h 30.

FORUM SUR LE SUIVI DU FINANCEMENT DU DÉVELOPPEMENT

Déclarations liminaires

Dans ses remarques d’ouverture, le Président du Conseil économique et social (ECOSOC), M. FREDERICK MUSIIWA MAKAMURE SHAVA, a rappelé qu’avec l’adoption, en 2015, du Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement, le cadre global du financement du développement avait été fixé pour soutenir les objectifs de développement durable à l’horizon 2030.  Vu le contexte difficile actuel que traverse le monde, la réalisation de ces objectifs de développement durable rend l’application du Plan d’Addis-Abeba encore plus importante, a-t-il souligné.  « Le monde nous regarde et attend beaucoup de cette réunion », a notamment affirmé le Président de l’ECOSOC.

M. Shava a indiqué que la présente réunion de haut niveau avec les institutions de Bretton Woods permettra aux différents acteurs du financement du développement de dialoguer, favorisant ainsi la cohérence et la coopération de leurs actions respectives.  Il a estimé que la forte représentation des parties prenantes illustre les liens solides qui ont été tissés dans cette enceinte au fil des 15 dernières années, depuis l’adoption du Consensus de Monterrey.  Cette réunion, a-t-il ajouté, est aussi une plateforme pour une action concrète.  Ses conclusions et recommandations intergouvernementales comprennent une panoplie de mesures et d’actions politiques qui peuvent changer la trajectoire de l’économie mondiale et venir en aide aux pays dans leur réalisation des objectifs de développement durable.  Le Président de l’ECOSOC a en outre indiqué que le document final de cette réunion de haut niveau souligne clairement que « notre engagement pour la coopération multilatérale dans le domaine du développement durable » est plus crucial que jamais.

Dans un message vidéo, la Vice-Secrétaire générale de l’ONU, Mme AMINA J. MOHAMMED, a rappelé que le Programme d’action d’Addis-Abeba, le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et l’Accord de Paris sur les changements climatiques établissent une feuille de route pour un avenir meilleur pour tous.   Elle a invité le Forum à examiner des questions clefs telles que l’importance des investissements à long terme et les mesures urgentes à prendre pour améliorer le bien-être des pauvres et des personnes vulnérables. 

La Vice-Secrétaire générale a estimé que le Forum doit être l’occasion de réaffirmer l’engagement collectif en faveur du développement durable, voyant dans cette réunion entre l’ONU et les organisations de développement le meilleur mécanisme de prévention de nouvelles crises.  Elle a exhorté les États Membres à rechercher et à forger des partenariats significatifs, soulignant qu’un véritable partenariat mondial pour le développement durable doit être fondé sur les principes d’égalité, de solidarité et le respect des droits de l’homme.  Elle a aussi appelé les pays en développement à renforcer la coopération Sud-Sud et la coopération triangulaire.  Mme Mohammed a assuré que l’ONU, pour sa part, allait continuer de s’atteler à renforcer la cohérence du système de développement international, afin d’assurer le succès de toutes les initiatives qui concourent à la réalisation des objectifs de développement durable.

Intervenant elle aussi par message vidéo, Mme CHRISTINE LAGARDE, Directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), a souligné l’importance de financer le développement de manière adéquate. Elle a estimé que la coopération entre les institutions est essentielle pour réussir, saluant au passage les bonnes relations qu’entretiennent le FMI et les Nations Unies.  Mme Lagarde a déclaré que la seule façon d’atteindre les objectifs de développement durable était de privilégier une communication et une collaboration ouvertes entre partenaires.  Le Programme d’action d’Addis-Abeba est d’une importance capitale à cet égard, et le FMI s’efforce de son côté de faire progresser le Programme de développement durable de plusieurs façons.

Mme Lagarde a expliqué que le FMI apporte son appui aux pays en développement en les aidant à élargir leurs sources de revenus au niveau national, en y appuyant le renforcement des capacités, ainsi qu’en accentuant sa coopération avec les Nations Unies dans le domaine fiscal.  Le Fonds entend également renforcer la lutte contre les flux financiers illicites, le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme en procédant à des évaluations systémiques des risques.  La Directrice générale a aussi fait savoir que le FMI s’est engagé auprès de petits États pour les aider à renforcer leur résilience face aux catastrophes naturelles et aux changements climatiques.  Le Fonds entend en outre continuer de travailler avec divers acteurs, publics et privés, pour promouvoir la viabilité de la dette et développer des instruments innovants de gestion de la dette publique.  Elle a enfin constaté que le rapport de l’Équipe spéciale interorganisations sur le financement du développement indique que des progrès majeurs ont déjà été accomplis, même si cette coopération se doit d’être renforcée pour obtenir de meilleurs résultats.

M. MAHMOUD MOHIELDIN, Premier Vice-Président pour le Programme de développement durable à l’horizon 2030, les relations avec les organismes des Nations Unies et les partenariats du Groupe de la Banque mondiale, a souligné que cette réunion doit être l’occasion de prendre la mesure des progrès réalisés dans le financement de la réalisation des objectifs de développement durable et la lutte contre la pauvreté extrême.  Pour avoir participé à la rédaction du rapport sur les progrès de l’Équipe spéciale interorganisations sur le financement du développement, M. Mohieldin a affirmé que la Conférence d’Addis-Abeba avait permis d’engager une conversation conjointe entre la Banque mondiale et d’autres banques multilatérales pour identifier comment elles pouvaient contribuer au financement des objectifs de développement durable en facilitant la mobilisation des ressources financières.  Rappelant que l’aide publique au développement (APD) se situait, l’an dernier, autour de 142 milliards de dollars, il a souligné que, quoiqu’essentielle, celle-ci ne sera jamais suffisante pour réaliser les objectifs de développement durable.  À ce titre, il a d’ailleurs noté qu’en 2015, l’APD correspondait au tiers de ce que l’Allemagne investit chaque année dans son secteur de la santé.  Il a aussi cité les chiffres de l’UNCTAD, selon lesquels il manque 2,5 billions de dollars par an pour pouvoir réaliser le Programme de développement durable.

Face à cette situation, a-t-il enchaîné, la Banque mondiale suggère, au lieu de consacrer des milliards de dollars à l’APD, de consacrer des billions de dollars à des investissements de tous genres, qu’ils soient public-privé ou  nationaux–mondiaux, ainsi qu’en renforcement des capacités.  Mais pour ce faire, a-t-il indiqué, les banques multilatérales de développement devront changer leur mode de travail et leur approche en matière de financement du développement.

M. Mohieldin a indiqué que depuis la Conférence d’Addis-Abeba, les banques de développement examinent la manière la plus efficace d’utiliser chaque dollar dépensé, comment mobiliser de nouvelles ressources, ainsi que le meilleur moyen d’utiliser le levier de l’APD pour attirer des ressources supplémentaires, à la fois publiques et privées.  Il a ensuite brossé un tableau des différentes actions menées par la Banque mondiale en ce sens, notamment les ressources nouvellement allouées à son Fonds pour les nations les plus pauvres, à hauteur de 75 milliards de dollars.  Elle met aussi l’accent sur la mobilisation des ressources internes, notamment par le biais de la fiscalité, y compris dans les pays qui dépendent de l’APD.  Il a expliqué qu’une telle approche permet aux pays en développement de réduire leur dépendance ainsi que les déficits de financement, précisant que c’est un domaine où la Banque mondiale coopère étroitement avec le FMI et d’autres banques de développement.  La Banque mondiale continue aussi d’investir dans les connaissances et programmes qui visent à promouvoir les actions mondiales en termes de lutte contre les changements climatiques, les réponses aux crises ainsi qu’à appuyer l’infrastructure financière mondiale.

Enchaînant, M. Mohieldin a fait savoir que la Banque mondiale accorde aussi la priorité à la mobilisation des ressources du secteur financier privé, ainsi qu’à l’élaboration d’instruments de partage des risques.  « Le but n’est pas de dé-risquer des projets, mais de dé-risquer le pays tout entier », a-t-il expliqué, et pour cela, la Banque travaille avec les gouvernements pour appuyer la règlementation et la réforme afin d’améliorer la viabilité financière des projets.  Il a en outre fait observer que la Conférence d’Addis-Abeba avait permis de réaliser que le développement a besoin d’un apport de capital privé, mais qu’il importe toutefois d’élaborer un processus mené par les pays et qui serve les intérêts des pays et des peuples les plus pauvres.

M. YONOV FREDERICK AGAH, Directeur général adjoint de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), a souligné l’importance que revêt le commerce pour la croissance économique des États.  Il a déploré le fait que 2017 soit la sixième année consécutive à enregistrer une baisse des échanges multilatéraux.   Il est difficile de songer au redressement économique mondial sans une embellie du commerce international, a-t-il argué, en soulignant que le commerce devient le moteur de la croissance lorsque de bonnes politiques sont prises et mises en œuvre.  Il a, de ce fait, plaidé pour l’harmonisation des politiques commerciales dans le monde.  À ce titre, l’intégration des pays en développement dans le système commercial multilatéral a été fondamentale pour ce secteur, a-t-il indiqué.  

Pour M. Agah, la prévisibilité, la sécurité et l’équité sont également des qualités importantes pour un système multilatéral qui fait face à de nombreux remous.  C’est pourquoi l’OMC a pour vocation d’assurer l’arbitrage en cas de litige commercial entre ses membres, en appliquant des normes auxquelles tous ont adhéré.  Il a expliqué que c’est ce qui s’est passé en 2008 lorsque la crise financière et économique n’a pas été suivie par un regain de protectionnisme.  Il a ensuite appelé au renforcement du système commercial multilatéral afin d’appuyer la mise en œuvre du Programme d’action d’Addis-Abeba et des objectifs de développement durable.

M. CHRISTOPHER ONYANGA APARR, Président du Conseil du commerce et du développement de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), a vu dans la montée des populismes et la colère contre les migrants une remise en cause de l’avenir de la mondialisation.

Il s’est inquiété de la fragilisation de l’économie mondiale, marquée par un ralentissement de la croissance qui était de 2,2% en 2015, ainsi que par les taux de croissance faibles ou négatifs enregistrés dans certaines grandes économies.  Cette situation l’a amené à s’interroger sur la fiabilité à venir de l’investissement dans le développement, ainsi que sur les risques associés en termes d’aide publique au développement (APD).  M. Aparr s’est aussi inquiété du creusement des inégalités, de l’augmentation de la dette dans les économies en développement, ainsi que des derniers chiffres de l’APD, expliquant que l’aide apportée aux réfugiés s’est traduite par une baisse des investissements dans les économies africaines.

Poursuivant, M. Aparr a indiqué que lors de la dernière Conférence de la CNUCED, qui a eu lieu en juillet dernier, les pays en développement ont défendu une mondialisation plus participative, contrairement à la « mondialisation de l’exclusion » qui a laissé de côté les pays les moins avancés (PMA).  Il a souligné que la CNUCED prône une mondialisation plus respectueuse des processus de financement du développement durable, plus juste et plus inclusive.  Cela ne peut se faire que si les populations qui ont été marginalisées dans l’économie mondiale y sont désormais incluses, a indiqué M. Apaar pour qui de nombreuses options se présentent aux pays en développement pour mieux attirer les investissements, faire entendre leurs voix lors des débats sur la gouvernance mondiale ou encore combler le fossé numérique.

M. Aparr a en outre indiqué que la quatorzième Conférence de la CNUCED a permis de déboucher sur la création de deux nouveaux groupes d’experts, le premier portant sur le financement du développement et le second sur la réduction de la fracture numérique. 

Mme YVONNE TSIKATA, Vice-Présidente et Secrétaire générale du Groupe de la Banque mondiale, a fait le compte rendu de la réunion du Comité du développement qui s’est tenue le 22 avril dernier.  Les participants ont relevé que l’économie mondiale connaissait une certaine embellie et ont appelé à adopter des politiques qui favorisent à la fois l’inclusion et la croissance durable, tout en tenant compte des vulnérabilités financières, de la création d’emplois et des opportunités économiques pour tous.  Ils ont invité la Banque mondiale et le FMI à soutenir la mise en œuvre de telles politiques, à œuvrer à la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et à protéger les plus vulnérables.

Le Comité a également débattu de la question des inégalités, l’occasion pour les participants de souligner que la réduction de celles-ci est nécessaire pour assurer un développement durable.  Ils ont aussi salué les efforts de la Banque mondiale qui a pris des mesures pour être plus solide et plus efficace, notamment dans le cadre des réformes de politiques opérationnelles et administratives et de sa stratégie des ressources humaines.  Sur ce dernier point, les participants à la réunion ont salué les progrès réalisés en matière de diversité et d’inclusion au sein du personnel de la Banque mondiale.

Mme PATRICIA ALONSO-GAMO, Secrétaire adjointe du Comité monétaire et financier international (CMFI), a noté que les économies émergentes et les pays en développement montrent des signes positifs, mais a jugé nécessaire de poursuivre les flux de financement pour pérenniser cette tendance, disant craindre que ces pays ne connaissent les mêmes problèmes que les économies des pays développés.  Aussi, a-t-elle appelé à renforcer la résilience de l’économie mondiale et l’inclusion. 

Mme Alonso-Gamo a ensuite expliqué que la stratégie proposée par le CMFI repose sur des politiques structurelles fiscales, une priorité accordée à l’éducation et aux actions en faveur des chômeurs, ainsi que sur des mesures pour améliorer la gestion de la dette pour éviter d’en faire porter le fardeau aux générations futures.  Le CMFI invite aussi à lutter contre les mesures de repli et appelle à aider les pays qui font face à des crises migratoires ou autres. 

Poursuivant, la Secrétaire adjointe du CMFI a indiqué que le Fonds monétaire internationale (FMI) a l’intention de mettre à jour de sa boîte à outil et de mettre en place un nouveau mécanisme pour faire avancer la gouvernance du FMI et donner des résultats dans les plus brefs délais.  Il faut œuvrer de concert pour améliorer le sort des populations et pour leur permettre de pleinement participer à l’économie mondiale, a martelé la représentante du CMFI qui a assuré que le Fonds continuera à aider les pays à faible revenu en leur accordant une assistance financière et technique. 

M. WU HONGBO, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales et Président de l’Équipe spéciale interorganisations sur le financement du développement, a présenté le premier rapport de l’Équipe spéciale interorganisations sur le financement du développement, document qui porte sur le « Suivi et examen des décisions touchant au financement du développement et des moyens de mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 ». 

Il a expliqué que l’Equipe spéciale interorganisations rassemble pas moins de 50 agences, programmes et bureaux des Nations Unies, y compris les Commissions économiques régionales et d’autres institutions internationales importantes.  Son rapport indique qu’il y a eu des avancées dans les sept domaines d’action du Programme d’action d’Addis-Abeba.  Néanmoins, en 2016, des facteurs économiques liés, notamment, au faible prix des commodités, à la faiblesse des échanges commerciaux et à des flux de capitaux volatiles, ainsi que des facteurs politiques et environnementaux, à commencer par des crises humanitaires à large échelle, ont eu un impact dû aux efforts de mise en œuvre au niveau national.

Il a averti que malgré les améliorations annoncées pour 2017 et 2018, la trajectoire de croissance actuelle ne permettra pas d’éliminer la pauvreté extrême d’ici à 2030, ce qui aura un impact certain sur les pays les moins avancés.

Néanmoins, a enchaîné M. Wu, le Programme de développement mondial comporte des éléments nécessaires pour relancer la croissance mondiale et de la rendre plus inclusive et durable.  Pour ce faire, une combinaison d’actions nationales et internationales pourrait modifier la trajectoire prise par l’économie mondiale et soutenir les pays en développement.

L’une des mesures de première importance serait, par exemple, d’augmenter les investissements de qualité sur le long terme, notamment en mobilisant les investissements privés et en renforçant les investissements publics en faveur des infrastructures et des objectifs de développement durable.  M. Wu a signalé que la croissance économique ne pourra pas, à elle seule, permettre d’éradiquer la pauvreté, d’où la nécessité d’adopter des mesures ciblées pour veiller à ce que personne ne soit laissé de côté.  Il a ajouté que la mise en place de seuils de protection sociale peut directement améliorer la vie des pauvres et des plus vulnérables, ajoutant que la vulnérabilité doit aussi être résolue aux niveaux macroéconomique et mondial en comblant notamment les écarts du filet de sécurité financière.

 Le rapport préconise aussi l’adoption de politiques sur les investissements et les vulnérabilités au genre afin de contribuer à l’autonomisation des femmes et à l’égalité des sexes. 

M. Wu a ensuite fait savoir que le prochain rapport de l’Équipe spéciale tiendra compte des enseignements tirés de la mise en œuvre du Programme d’action d’Addis-Abeba au niveau des pays.  M. Wu a enfin souligné que les efforts nationaux ne seront pas suffisants, et qu’un environnement mondial favorable peut permettre de réaliser les objectifs de développement durable, à condition que la coopération internationale soit de mise.

M. MUKHISA KITUYI, Secrétaire général de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), qui intervenait par visioconférence, a appelé à centrer les actions sur la mise en œuvre des programmes et des engagements pris à Addis-Abeba et à Doha.  Il a appelé à mettre sur pied des instruments de financement du développement novateurs, mais aussi à renforcer les investissements dans les infrastructures.  M. Kituyi a également jugé nécessaire de consacrer plus d’efforts pour établir de véritables partenariats avec le secteur privé, rappelant que la CNUCED œuvre en ce sens.  Il a toutefois évoqué l’existence de risques réels liés aux partenariats public-privé et a appelé à ne pas les ignorer.

M. TEGEGNEWORK GETTU, Administrateur par intérim du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a constaté que les deux premières années de mise en œuvre des objectifs de développement durable laissent voir que les pays font de plus en plus d’efforts pour mobiliser des flux financiers en faveur du développement durable.  Il a jugé fondamental d’accompagner les investissements à long terme par des mesures d’assistance afin de renforcer la résilience des plus pauvres et les plus vulnérables.  Il faudra également, a—t-il prescrit, mettre sur pied des filets de sécurité sociale, en droite ligne des recommandations du Programme d’action d’Addis-Abeba.  M. Gettu a aussi engagé à prendre des mesures d’assistance en faveur des plus vulnérables, en tenant notamment compte des vulnérabilités nationales comme, par exemple, l’accueil de réfugiés.  Il a également appelé la communauté internationale à adopter des démarches novatrices afin de mieux gérer les risques et faire face à différents types de chocs. 

Poursuivant, M. Gettu a souligné que la mobilisation des ressources nationales est au cœur même du financement des objectifs de développement durable.  Il a, dans ce contexte, salué les efforts tendant à renforcer la coopération internationale en matière fiscale, à travers, notamment, le projet d’« Inspecteurs des impôts sans frontières », une initiative conjointe de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et du PNUD qui vise à aider les pays en développement à renforcer leurs capacités en matière de vérification fiscale.

Mme SHAMSHAD AKHTAR, Secrétaire exécutive de la Commission économique et sociale des Nations Unies pour l’Asie et le Pacifique (CESAP), qui s’exprimait au nom des cinq commissions régionales de l’ONU, a souligné que l’adoption de politiques budgétaires et fiscales bien ficelées permettrait de promouvoir le développement et de réduire les inégalités.  Elle a indiqué que les commissions régionales ont annoncé la tenue de consultations sur la mise en œuvre du Programme d’action d’Addis-Abeba et formulent aussi des recommandations en termes de conseil fiscal, notamment.  À ce titre, elle a indiqué que la Commission économique pour l’Europe met en place des normes pour l’élaboration de partenariats public-privé.

Mme Akhtar a ensuite indiqué que les quatre domaines prioritaires, dans les travaux des commissions régionales, sont la promotion de la mobilisation des ressources nationales, notamment par le biais de la fiscalité ; le renforcement des recettes publiques; l’investissement dans les infrastructures notamment pour lutter contre l’impact des changements climatiques, et, enfin, l’inclusion financière et l’accès des PMA aux financements et aux prêts.

Pour ce qui est des domaines où un consensus existe, Mme Akhtar a appelé à travailler au niveau multilatéral pour éviter un nivellement par le bas en matière de réformes fiscales, ainsi qu’au renforcement des défenses sociales. Elle a également parlé des préoccupations face au déclin de l’aide au développement, insistant sur le fait que la coopération Sud-Sud ne doit pas détourner les pays développés de leurs engagements en matière d’APD.  Les commissions insistent, enfin, sur l’importance de promouvoir les partenariats public-privé dans la réalisation du développement.

Débat général

M. NEVEN MIMICA, de l’Union européenne (UE), a insisté sur l’importance de tenir compte du Programme d’action d’Addis-Abeba pour assurer la réalisation des objectifs de développement durable, et de respecter les accords multilatéraux tels que l’Accord de Paris.  Il a indiqué que l’UE entend établir un nouveau consensus européen pour le développement, précisant que celui-ci sera signé le mois prochain afin d’aligner la politique de développement de l’UE au Programme de développement durable à l’horizon 2030. 

Le représentant a souligné que l’UE et ses États membres demeurent les plus importants contributeurs en matière d’APD, avec 75,5 milliards de dollars déboursés en 2016.  Un autre plan de l’UE, le Fonds européen pour le développement durable, qui doit être lancé l’automne prochain, entend apporter un soutien technique en faveur des pays en développement, notamment dans le cadre des changements climatiques.  En outre, l’UE a investi 12 millions d’euros en 2016 et compte consacrer 17 millions d’euros en 2017 à la collaboration fiscale en faveur des pays en développement.  Le délégué a ajouté que l’Union européenne est déterminée à rendre sa coopération au développement plus efficace. 

Pour M. IGOR CRNDAK, Ministre des affaires étrangères de la Bosnie-Herzégovine, a vu dans le Programme de développement durable un instrument universel unique pour renforcer la croissance durable et assurer le respect des droits de l’homme aux plans national, régional et mondial.  Il a également indiqué que le Programme d’action d’Addis-Abeba reconnait, quant à lui, l’importance d’établir un nouveau cadre mondial pour appuyer la réalisation des objectifs de développement durable.  Il a reconnu le chemin difficile et les défis nombreux et a appelé à prendre des mesures ambitieuses pour accélérer les programmes nationaux, en mettant notamment l’accent sur le développement industriel.  Le Ministre a notamment appelé les banques multilatérales de développement à aider davantage les pays dans la préparation de projets bien ficelés qui permettent d’attirer des partenariats publics-privés.  La Bosnie-Herzégovine a d’ailleurs bénéficié de l’expertise de l’ONU pour mettre en place un plan sur deux ans pour appuyer la réalisation des objectifs de développement durable.  Le pays a en outre d’ores et déjà ratifié l’Accord de Paris, consciente de la dimension environnementale du développement durable.

Le Ministre, a par ailleurs souligné que tout succès sur la route du développement durable nécessite de faire preuve de flexibilité et d’appuyer le  transfert de technologies et de connaissances.

M. DULCIDIO DE LA GUARDIA, Ministre de l’économie et des finances du Panama, a déploré que le nom de son pays ait été injustement associé par un scandale fiscal international.  Il a souligné que des enquêtes approfondies avaient démontré que cette affaire touche 26 pays dont la plupart sont membres du G20.  Pour sa part, le Panama a engagé des réformes et souhaiterait que les réformes fiscales à l’échelle internationale se fassent au niveau de l’ONU.  Le Ministre a déploré le fait que les pays développés continuent de façonner le modèle fiscal international, et a plaidé pour l’adoption de mesures fiscales capables de favoriser l’essor des économies des pays en développement.

M. TEUEA TOATU, Ministre des finances et du développement économique de Kiribati, a expliqué que son pays et les autres petits États insulaires en développement (PEID) font face à des obstacles structurels liés notamment à leur petite taille et à leur isolement du reste de la communauté internationale, ce qui, a-t-il expliqué, les empêche de bénéficier des avantages du commerce international.  Il a également indiqué que les populations de ces pays tirent l’essentiel de leurs revenus économiques de l’océan, mais que leur existence est aujourd’hui menacée par les effets négatifs des changements climatiques. 

Le Ministre a assuré que le Gouvernement de Kiribati entend œuvrer en faveur du développement, mais a averti que le pays fait face à des contraintes financières importantes et attend donc l’appui de la communauté internationale.  Où sont donc ces ressources financières censées aider les plus vulnérables? a-t-il lancé, déplorant que les engagements des donateurs ne soient pas toujours respectés. 

M. NABINDRA RAJ JOSHI, Ministre de l’industrie du Népal, a indiqué que son pays commence à intégrer les objectifs de développement durable dans ses politiques, mais fait face à des difficultés pour financer ses programmes de développement durable.  Il a fait savoir que le Népal entend changer cette situation d’ici 2030, ce qui exigera des investissements énormes.

Le Ministre a parlé du rôle important que joue le secteur privé dans le processus de développement du Népal, et a expliqué que le Gouvernement népalais avait misé sur l’adoption de mesures destinées à faciliter les investissements privés.  Le régime fiscal est en train d’être modernisé et des efforts sont également consacrés à la lutte contre la corruption.  Le Ministre a souligné qu’il n’était pas possible de réaliser le Programme de développement durable en dépendant uniquement des formes traditionnelles de financement du développement, comme cela ressort du Programme d’action d’Addis-Abeba.  Il a ensuite appelé la communauté internationale à redoubler d’efforts pour traduire ses engagements en actes.

M. MIGUEL ANGEL MOIR SANDOVAL, représentant de la présidence du Guatemala, a appelé à lutter contre la pauvreté dans le monde et à favoriser la prévention.  Il a souhaité l’élaboration de modèles novateurs en matière d’aide publique au développement, basés sur une coopération plus poussée.  Il a expliqué que le Guatemala souhaite réduire ses niveaux de pauvreté extrême et estime que pour ce faire, l’APD doit correspondre aux besoins réels du pays.  Le Gouvernement guatémaltèque est également d’avis qu’il importe de définir les priorités en matière de développement pour permettre la mobilisation des ressources, y compris privées.

M. TEVITA LAVEMAAU, Ministre des finances et de la planification des Tonga, a appelé à mobiliser davantage de ressources pour renforcer la coordination de la mise en œuvre des objectifs de développement durable aux niveaux régional et national.  Il a souhaité que la question des changements climatiques soit considérée parmi les plus importantes.  La Conférence sur les océans, qui se tient le mois prochain au Siège des Nations Unies, sera une occasion cruciale de discuter de cette question, a-t-il espéré, soulignant l’impact que le financement en faveur des océans aurait pour les pays du Pacifique dont le développement, a-t-il expliqué, est tributaire de l’économie bleue.

M. VALENTIN RYBAKOV, Vice-Ministre des affaires étrangères du Bélarus, s’exprimant au nom des pays à revenu intermédiaire, a signalé que les pays à revenu intermédiaire font face à de nombreux obstacles sur la voie du développement.  Il a estimé que les problèmes de ces pays doivent interpeller tous les autres groupes de pays, notamment au vu du fait que les pays les moins avancés (PMA) qui s’émancipent, et se retrouvent dans la catégorie des pays à revenu intermédiaire, ne peuvent plus bénéficier de l’aide publique au développement (APD), ce qui limite leurs possibilités de développement.

Le Ministre a souligné que l’APD demeure cruciale pour les pays à revenu intermédiaire, non seulement en raison des obstacles auxquels ils sont confrontés, mais aussi du fait que l’accès à des prêts concessionnels leur est refusé.  M. Rybakov a ensuite parlé du rôle des technologies et de l’innovation pour ces pays, plaidant pour des transferts de technologies qui leur soient favorables.  Il a aussi appelé à un mode de classement plus transparent et plus nuancé qui aille au-delà du revenu par habitant, et qui tienne compte de toutes les dimensions de la pauvreté ainsi que de l’index sur le développement humain, entre autres.  Il a ensuite invité l’ONU à renforcer sa coopération avec ce groupe de pays.

M. CHRISTIAAN REBERGEN, Vice-Ministre de la coopération internationale des Pays-Bas, a déclaré que la promesse de laisser ne personne de côté doit être le fil conducteur de l’engagement collectif de la communauté internationale.  Il s’est interrogé sur le meilleur moyen de servir les personnes les plus vulnérables, une question, a-t-il relevé, à laquelle tente de répondre le Programme d’action d’Addis-Abeba.  Le Vice-Ministre a ensuite fait savoir que les Pays-Bas avaient créé une banque de développement néerlandaise dans laquelle le Gouvernement a investi 9 milliards de dollars. 

M. Rebergen a par ailleurs souligné que l’ONU n’était pas l’acteur le plus important dans le processus de développement, mais doit jouer son rôle en matière d’élaboration de normes.  Il a également appelé à établir un moratoire sur l’adoption de documents finaux jusqu’à ce que la mise en œuvre des documents d’ores et déjà adoptés dans le domaine du développement durable ait été réalisée

Mme CAROLA IÑIGUEZ, Sous-Secrétaire générale pour les organisations internationales de l’Équateur, qui s’exprimait au nom du Groupe des 77 et de la Chine, s’est félicitée du texte élaboré par les cofacilitateurs du Forum, mais a fait part de la déception du G77 pour qui ce texte se limite aux minima et n’est pas tourné vers l’avenir.  Elle a notamment pointé du doigt le langage utilisé pour les questions liées aux changements climatiques, au commerce, à la coopération internationale en matière de développement et aux transferts de technologies.  Pour le Groupe des 77, le langage utilisé dans ces domaines marque un retour en arrière aux progrès réalisés. 

« Le financement du développement est la clef de la réalisation des objectifs de développement durable à l’horizon 2030 », a poursuivi la représentante qui a insisté sur l’importance des flux financiers réguliers et prévisibles, en particulier pour les pays en développement.  En tant que telles, la mobilisation et l’affectation des ressources financières et non financières sont essentielles pour lutter contre la pauvreté et réaliser le développement durable dans ses trois dimensions, a-t-elle indiqué.  Le G77 demande une plus grande coopération internationale pour combattre la lutte contre les flux financiers illicites et va d’ailleurs suivre de près la mise à jour du Groupe d’experts pour les questions fiscales. 

Mme Iñiguez a ensuite indiqué que le G77 est alarmé par la tendance croissante au protectionnisme de certains pays développés et appelle au respect d’un système de commerce international équitable, non discriminatoire, règlementé par l’OMC et conforme au Programme d’action de Addis-Abeba.  Il faut des moyens équilibrés pour permettre aux pays en développement de pleinement participer au commerce mondial et d’accéder aux marchés.  Par conséquent, a indiqué Mme Iñiguez, le G77 demande à la communauté internationale de poursuivre les négociations dans le cadre du Programme de Doha et d’accorder la priorité à la lutte contre les inégalités et les déséquilibres du système du commerce international en adoptant des instruments juridiquement contraignants.

En outre, le Groupe appelle à adopter davantage de mesures liées aux changements climatiques, en tenant notamment compte des besoins spécifiques des pays en développement où l’impact des changements climatiques se fait particulièrement ressentir sur leur développement.

Enfin, a indiqué la représentante, le Groupe des 77 note le besoin urgent de canaliser l’assistance technique, de renforcer les capacités en fonction des besoins et contraintes spécifiques des pays en développement et de réduire les écarts en termes d’infrastructure technologique.  Mme Iñiguez a insisté sur le rôle essentiel que joue, à ses yeux, la coopération Nord-Sud pour pousser la croissance économique durable et a exhorté les pays développés à honorer leurs engagements pris en matière d’aide publique au développement.

Déclarations

M. FREDERICK MUSIIWA MAKAMURE SHAVA, Président du Conseil économique et social, a constaté que le Programme d’action d’Addis-Abeba et l’Accord de Paris avaient permis d’augmenter les efforts déployés à l’intention des pays dont les besoins sont les plus importants.  Il a estimé qu’il incombe aux représentants des gouvernements de veiller à ce que leurs institutions travaillent de manière cohérente pour réaliser le Programme 2030, en dépit des différences que peuvent avoir ces dernières en terme de mandats, de gouvernance et d’expertise.

M. Shava a signalé qu’au cours des deux dernières décennies, le monde avait fait des progrès notables pour réduire la pauvreté et combler les écarts économiques entre les pays, bien que l’inégalité demeure élevée dans le monde.  Il a également indiqué qu’il avait été démontré que la lutte contre l’inégalité ne doit pas forcément se faire au détriment de l’efficacité. Il a par ailleurs souligné qu’investir dans des infrastructures inclusives et résilientes est particulièrement important pour combattre l’inégalité en termes d’accès au marché, à la finance et à la technologie, entre autres.  Le Président de l’ECOSOC a aussi réclamé l’élaboration de cadres politiques orientés vers des investissements à long terme de manière à atténuer les risques liés à une augmentation de l’investissement dans l’infrastructure d’un nombre circonscrit de pays et limité à des secteurs présentant un potentiel de liquidité.

M. HERVÉ DE VILLEROCHE, Vice-Doyen du Conseil des administrateurs du Groupe de la Banque mondiale, a indiqué que la Banque mondiale entend consacrer pas moins de 75 milliards de dollars par an en faveur des pays en développement.  Le Groupe de la Banque mondiale est prêt à s’engager pour la réalisation des objectifs de développement durable, mais des efforts durables sont également nécessaires au niveau politique. En effet, il faut d’abord créer un environnement d’affaires propice à la croissance du secteur privé, a-t-il prôné.  M. de Villeroche a également jugé nécessaire d’élargir l’assiette fiscale nationale, mais aussi d’élaborer une stratégie à moyen terme qui nécessite des coupes budgétaires, une réduction des droits de douane, et un remaniement des exemptions fiscales.  Il a aussi expliqué que la Banque mondiale entend être plus proactive pour la prise en charge de réfugiés ainsi que dans le contexte des catastrophes naturelles.  Il faudrait en outre mobiliser les ressources en dehors de l’APD traditionnelle, a-t-il indiqué.

M. HAZEM BEBLAWI, Directeur exécutif du Fonds mondial international (FMI) pour le Bahreïn, l’Egypte, l’Iraq, la Jordanie, le Koweït, le Liban, la Libye, les Maldives, l’Oman, le Qatar, la Syrie, les Emirats arabes unis et le Yémen, a estimé nécessaire d’examiner si le Groupe de la Banque mondiale, le FMI et la CNUCED avaient réussi à aligner leurs politiques avec le Programme de développement durable à l’horizon 2030 afin d’aider les États Membres à réaliser les objectifs de développement durable et de promouvoir l’impératif mondial en faveur d’une croissance inclusive.  Il a aussi indiqué que le FMI réfléchi à la manière d’aborder la reprise économique mondiale. 

Pour M. Beblawi il existe un parallèle entre le relèvement économique mondial et le séquençage des actions prises par les institutions et les parties prenantes pour promouvoir le programme d’Addis-Abeba.  Il a reconnu qu’il existe des risques de revers et de conséquences inattendus, constatant néanmoins que deux ans après Addis-Abeba, les progrès sont réels.

M. CHRISTOPHER ONYANGA APARR, Président du Conseil du commerce et du développement de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), a plaidé pour la promotion des investissements étrangers directs (IED) en faveur des pays en développement, notamment les PMA.  Il a appelé les banques de développement, le secteur privé et la communauté internationale à adopter des mesures renforcées pour surmonter les obstacles au développement des PMA, jugeant également nécessaire que les donateurs rendent compte de leurs obligations en matière d’APD. Il a aussi précisé que les investissements directs étrangers sont complémentaires à l’APD, et ne doivent pas être considérés comme un substitut.  Pour appuyer l’essor des pays en développement, M. Aparr a appelé l’ONU à se pencher sur le problème des flux financiers illicites. Il a aussi réclamé une plus grande stabilité des systèmes financiers et commerciaux internationaux.  Il a en outre fait savoir que la CNUCED s’engageait à approfondir ses partenariats afin de favoriser la réalisation des objectifs de développement durable. 

Débat interactif 1 sur le thème « Promouvoir la cohérence des politiques dans la mise en œuvre du Programme d’action d’Addis-Abeba »

Animé par Mme SARA EISEN, journaliste à la télévision CNBC, ce premier débat a permis de présenter des propositions de politiques qui pourraient favoriser la mise en œuvre du Programme d’action d’Addis-Abeba, et partant, la réalisation des objectifs de développement durable.

M. FRANK HEEMSKERK, Directeur exécutif pour Chypre, Israël et les Pays-Bas au Groupe de la Banque mondiale, a suggéré que les Nations Unies continuent de favoriser la cohérence des politiques de développement tout en appuyant la participation du secteur privé à la réalisation des objectifs de développement durable.  Il a souligné que le Programme d’action d’Addis-Abeba ne peut véritablement servir de levier au développement que si les États établissent des normes de fonctionnement qui favorisent les investissements.  De même, la communauté internationale doit veiller à ce que l’aide au développement soit utilisée à bon escient.

M. DAOUDA SEMBÈNE, Président du Conseil du Comité exécutif de liaison avec la Banque mondiale, les Nations Unies et d’autres organisations internationales au sein du FMI, a relevé que les perspectives de croissance pour les pays en développement s’avèrent plus pessimistes que le FMI ne projetait.  Dans ce contexte, le Fonds apporte un appui aux politiques nationales de ces pays, notamment en œuvrant au renforcement des capacités, en soutenant la mobilisation des ressources nationales et en aidant ces pays à établir des systèmes financiers plus stables. 

M. Sembène a indiqué que depuis 2015, les prêts concessionnels en faveur des pays en développement avait augmenté de 50%, précisant que les plus vulnérables comme ceux affectés par l’épidémie d’Ébola ou ceux frappés par des catastrophes naturelles peuvent obtenir des emprunts du FMI à un taux nul.  De manière générale, a ajouté le panéliste, le FMI entend travailler au renforcement des filets de sécurité sociale et s’investir pour la réalisation de tous les objectifs de développement durable.

M. NABEEL MUNIR, Vice-Président de l’ECOSOC, a fait observer que les pays sont généralement organisés en ministères qui gèrent, chacun, un secteur distinct de la vie nationale.  Il a indiqué qu’avec le besoin d’intégration relatif aux objectifs de développement durable, il est désormais question de développer des cadres financiers intégrés au niveau des pays.  Changer les institutions et les mentalités n’est pas aisé, a-t-il reconnu, d’où l’importance de l’appui international pour instaurer de nouvelles politiques.  Il a préconisé d’aligner les mécanismes régionaux au Programme d’action d’Addis-Abeba, de même que les politiques nationales.  La mise en œuvre du Programme d’action d’Addis-Abeba et du Programme de développement durable à l’horizon 2030 exige également que les principales institutions internationales de développement réorientent leurs priorités stratégiques, a-t-il ajouté, soulignant que le dialogue et la coopération sont essentiels pour effectuer ces mutations.

Au cours des discussions, le représentant du Kenya, s’exprimant en sa qualité de Président de la Commission de consolidation de la paix, a relevé que le Programme d’action d’Addis-Abeba appelle clairement à appuyer la consolidation de la paix en mobilisant des financements en faveur de pays sortant de conflit.  De même, ce Programme d’action insiste aussi sur un appui financier renforcé en faveur des pays en développement, a renchéri le représentant de l’Indonésie.

Son homologue du Royaume-Uni a salué de son côté les progrès réalisés en terme de collaboration fiscale internationale, appelant à la multiplication de ce genre d’initiative multilatérale.

Le représentant de la Chambre de commerce internationale a vivement interpelé les États afin qu’ils mettent sur pied les conditions nécessaires à l’essor du commerce, y compris le commerce électronique.  Pour que cela soit efficace, a toutefois expliqué le représentant de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), il faudrait que les pays en développement aient déjà les capacités productives qui leur permettent de tirer parti des avantages du commerce international.  

Débat interactif 2 sur le thème « Inégalités et croissance inclusive »

La deuxième table ronde de cet après-midi portait sur « Les inégalités et la croissance inclusive » et a débouché sur un débat sur les questions relatives aux moteurs des inégalités et de la croissance ainsi que sur les mesures à prendre pour favoriser la productivité et l’impact des politiques fiscales dans la lutte contre les inégalités ont été abordées.

Mme PATIENCE BONIWE KUNENE, Directrice exécutive du Groupe de la Banque mondiale chargée de l’Angola, du Nigéria et de l’Afrique du Sud, a expliqué que l’organisation au sein de la Banque mondiale était un facteur important pour expliquer ses réactions face aux différentes formes d’inégalité.  Pour elle, la question de l’accès aux services des organisations internationales, des gouvernements ou encore du secteur privé est cruciale lorsqu’on parle d’inégalités.  Elle s’est inquiétée des inégalités qui persistent dans le domaine de la connectivité, ainsi que dans le commerce.  En la matière, elle a d’ailleurs soulevé la question de savoir quelle part du commerce mondial émane de l’Afrique pour souligner des inégalités criantes existent toujours.  Mme Kunene, a par ailleurs, fait savoir que la Banque mondiale cherche à améliorer les données dont elle dispose en les ventilant par objectifs de développement durable.  Elle a également jugé impératif d’évoluer sur la question du partage de prospérité, une question prioritaire pour la Banque mondiale.

Lui succédant, Mme NANCY GAIL HORSMAN, Directrice exécutive du Fonds mondial international (FMI) chargée de Antigua et Barbuda, des Bahamas, la Barbade, Belize, le Canada, la Dominique, la Grenade, l’Ireland, la Jamaïque, St Kitts et Nevis; Sainte-Lucie et Saint-Vincent-et-les Grenadines, a expliqué que la question des inégalités avait poussé certains à remettre en question le cadre multilatéral existant, constatant que dans la plupart des pays avancés et dans certaines économies émergentes, les inégalités se sont creusées au cours des dernières années.  Elle a signalé que les changements technologiques sont l’un des principaux facteurs de la chute des revenus dans certaines économies, ajoutant que pour répondre à ces inégalités, le FMI propose des conseils politiques dans ses programmes.  Il encourage notamment les autorités à adopter des mesures pour accroitre la productivité comme l’investissement dans les structures productives ou encore l’éducation, la formation professionnelle et la mise sur pied de structures fiscales adaptées.  Mme Horsman a également mis l’accent sur l’importance de la cohérence et de la coordination des actions dans le contexte multilatéral.

Lui emboitant le pas, M. MASAAKI KAIKUZA, Directeur exécutif du FMI, a indiqué que les conseils politiques que le FMI dispense à tous ses États membres avaient enregistré des succès, imputant cette réussite au fait que cette approche repose sur une prise en compte des spécificités des pays et sur l’appropriation de politiques suggérées par les pays concernés eux-mêmes.  Il a également soulevé le problème du manque de capacité de certains pays pour la mise en œuvre des politiques préconisées.  Il a estimé important de surveiller l’efficacité des programme de développement, tout en reconnaissant que cela peut s’avérer difficile parce qu’ils ont parfois des effets à long terme.  Pour y remédier, le FMI a mis en place un système de jalon ce qui est utile tant pour les donateurs ou bailleurs de fonds et pour les pays bénéficiaires.  M. Kaizuka a également mis l’accent sur l’importance d’adopter des politiques sociales en vue des reformes du secteur du travail.

M. JUERGEN SCHULZ, Vice-Président de l’ECOSOC, a constaté que les écarts se creusent entre riches et pauvres et cela en dépit des progrès réalisés dans la lutte contre la pauvreté extrême et des taux de croissance élevés enregistrés dans certains pays émergents.  « Selon OXFAM, huit milliardaires possèderaient la même richesse que la moitié la plus pauvre de notre planète! », s’est-il indigné en insistant sur le fait que par le problème de l’inégalité à de multiples facettes, à commencer par le genre, le revenu, la richesse, les opportunités, l’accès à l’éducation et à la santé ainsi qu’aux technologies.  Il a ajouté que le creusement des inégalités affecte à la fois la pauvreté dans le monde et la justice sociale, ainsi que la stabilité et la dignité humaines. 

Fort de ce constat M. Schulz a estimé qu’à moins de prendre en compte toutes les facettes des inégalités, on risque de compromettre les chances de succès du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Pour cela, a-t-il indiqué, il faut prévoir des politiques et règlementations permettant à tout un chacun de tirer parti de la croissance économique.  Il a notamment estimé qu’assurer une croissance inclusive durable importe de veiller, entre autres, à ce que les pays en développement soient pleinement représentés dans les institutions financières et économiques internationales.  Il a également insisté sur l’importance de disposer de données fiables et ventilées par sexe, race, ethnicité, statut économique et handicap afin de pouvoir définir des politiques sur mesure. 

Questions

Quelle part du PIB devrait être allouée à la protection sociale ? a lancé la représentante du Ghana qui a par ailleurs dénoncé l’approche du modèle unique pour le développement qui contribue, selon elle, à l’exclusion de la croissance. En réponse un  directeur exécutif du FMI a indiqué que le Fonds fixe des objectifs indicatifs pour chaque pays et essaye de déterminer le montant minimum à investir dans les dépenses sociales. 

Quel peut être l’impact de la technologie sur la création et la concentration de la richesse? Comment inverser le creusement des inégalités et faire face aux défis numériques pour parvenir à une croissance inclusive? a demandé à son tour le représentant du Costa Rica qui s’est aussi interrogé sur le rôle que peuvent jouer les organisations multilatérales pour réduire les inégalités entre les sexes.

À cela, le Directeur exécutif du FMI chargé des États-Unis, a affirmé que l’inclusion des femmes dans le secteur financier permet d’engranger de meilleurs résultats, les hommes/femmes font d’ailleurs l’objet d’une nouvelle initiative du Fonds qui va dérouler un programme pilote dans ce domaine, a ajouté le Président du Comité exécutif du FMI, tandis que une représentante de la Banque mondiale a encouragé le soutien aux entreprises de femmes.

La représentante du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), a de son côté insisté sur la nécessité d’investir dans les enfants.  « L’absence d’investissements dans l’enfance peut engendrer des pertes énormes en termes de croissance future », a-t-elle notamment indiqué, regrettant la modeste part d’investissements consacrés aux enfants dans le Programme de développement durable.  Selon les estimations de l’UNICEF, pour chaque dollar investit dans l’enfance il y a un retour sur investissement de $30, ce qui est énorme lorsqu’on sait que la moitié des pauvres du monde ont moins de 18 ans, a-t-elle affirmé.

Pour sa part, le représentant de Citigroup a noté que le volume de l’appui du secteur privé ne permet toujours pas de combler le déficit de financement du développement durable.  Sans programme d’atténuation des risques, l’engagement du secteur privé restera trop faible a-t-il averti, appelant à identifier les bonnes pratiques pour combattre la corruption.  Citigroup a d’ailleurs mis en place une initiative dans ce sens, en partenariat avec des sociétés innovantes dans le domaine de l’intelligence artificielle.  Une autre intervention a mis en avant le mérite des entrepreneurs sociaux dans le secteur privé pour remédier aux inégalités. 

Lui emboitant le pas, la représentante de la société civile, qui s’exprimait au nom de la coalition pour la transparence financière, a recommandé de mettre en place un organe sur la fiscalité au sein des Nations Unies, rappelant en outre que l’évasion fiscale et le blanchiment d’argent pillent les ressources des pays en développement. 

En effet, dans le domaine de la technologie financière, il faut une règlementation pour éviter le blanchiment d’argent et la corruption, afin d’attirer les investissements en réduisant les risques, a reconnu le Directeur exécutif du FMI chargé des États-Unis.

Le représentant du Libéria a pour sa part insisté sur l’importance des données pour la lutte contre les inégalités afin de mieux identifier les problèmes et définir des politiques appropriées.

Enfin, une autre directrice exécutive de la Banque mondiale a souligné l’importance de disposer d’institutions fortes qui permettent un accès aux services, imputant par ailleurs à une mauvaise gouvernance le nombre important de pauvres qui vivent dans certains pays riches.

 

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