Soixante-douzième session,
19e séance – matin
CPSD/648

Le renforcement des capacités et la coopération dominent le débat de la Quatrième Commission sur le maintien de la paix

« Lorsque la vie des Casques bleus et de tous ceux qu’ils sont chargés de protéger est en péril, c’est la question des besoins qui devrait guider le maintien de la paix, pas celle des réductions budgétaires ».  Avec ces mots, le représentant du Pakistan a résumé le point de vue d’une majorité de délégations intervenues ce matin lors de la suite du débat de la Quatrième Commission (questions politiques spéciales et décolonisation) sur les opérations de maintien de la paix.

Comme l’avait déjà noté Chypre hier, en rappelant que le coût des 15 missions actuellement déployées autour de la planète ne représente que 0,5% des dépenses militaires mondiales, de nombreux États Membres ont reconnu l’efficacité limitée de certaines opérations et appuyé la volonté de réforme du Secrétaire général des Nations Unies, tout en rappelant que le succès des 100 000 Casques bleus actifs sur le terrain dépendait de facteurs autrement plus complexes.  « Les opérations de maintien de la paix n’ont jamais été aussi indispensables », a insisté le représentant de l’Éthiopie.

Certes l’architecture onusienne du maintien de la paix doit être revue pour améliorer la gestion, la planification et l’efficacité des opérations de maintien de la paix, mais pour nombre de délégations, la dimension politique ne peut être occultée pour autant.  Citant en exemple les succès de la Côte d’Ivoire, du Libéria ou encore d’Haïti, elles ont rappelé l’importance que le Conseil de sécurité définisse des mandats clairs, réalisables et suffisamment robustes pour être adaptés à chaque situation et donner aux Casques bleus la capacité d’action adéquate, en particulier pour s’acquitter de leur mission de protection des populations civiles.  La Turquie a notamment déploré que des soldats de la paix  soient « bunkérisés » ou que les intérêts politiques au sein du Conseil de sécurité empêchent la création de nouvelles opérations.

Plusieurs pays contributeurs de troupes, à l’instar du Brésil, ont aussi défendu une démarche beaucoup plus inclusive, avec des consultations élargies, les impliquant directement, aux côtés du Secrétariat général, du Conseil de sécurité, des pays hôtes et des organisations régionales.  « Nous avons tous un rôle à jouer », a notamment souligné le Rwanda, rappelant que les synergies évitent « la fragmentation », contrairement au « travail en vase clos » 

Autre facteur décisif pour le succès des opérations de maintien de la paix, le renforcement des capacités opérationnelles des contingents déployés, sur lequel ont beaucoup insisté les pays africains impliqués dans les missions au Soudan du Sud, au Mali, en République centrafricaine ou en République démocratique du Congo. Insistant sur l’importance d’une réflexion globale qui intègre des innovations, le Japon et la République de Corée ont notamment salué la mise en place d’un Système de préparation des moyens de maintien de la paix, tandis que les Philippines ont mis en avant la constitution de « petites équipes spécialisées » à déployer dans le cadre de ce nouvel outil.  La Turquie a rappelé de son côté ses efforts de formations pour faire face aux nouvelles menaces asymétriques du terrorisme, notamment sur les engins explosifs improvisés. 

Pour tous les États africains qui se sont exprimés lors de cette séance, le succès des opérations de maintien de la paix passe aussi par le renforcement des formations de leurs contingents et la fourniture d’équipements adaptés et modernes. Avec 3 000 hommes déployés, le Burkina Faso a reconnu souffrir de ce problème, demandant plus de soutien de la communauté internationale.  De son côté, le Gabon a insisté sur l’importance du facteur linguistique dans les opérations, particulièrement dans la chaîne de commandement.

La Tunisie, le Sénégal, le Rwanda, le Kenya ou encore l’Éthiopie ont aussi rappelé l’importance de la coopération entre les Nations Unies et l’Union africaine, citant en exemple la Mission d’observation militaire de l’Union africaine en Somalie (AMISOM) dont le mandat a été prorogé, mais qui pourrait voir ses effectifs diminués alors même que Mogadiscio a été frappé par un attentat du groupe terroriste Al-Chabab qui a fait plus de 300 morts le 14 octobre.

Confronté lui aussi à la menace terroriste, le Mali a reconnu que la mission onusienne qu’il abrite (MINUSMA) est « la plus dangereuse du monde ».  Son représentant a toutefois mis en avant le mandat robuste dont elle dispose, le soutien de l’opération française Barkhane et la création au niveau sous-régional d’une Force conjointe d’intervention aux côtés du Burkina Faso, de la Mauritanie, du Niger et du Tchad. 

Au-delà des capacités des contingents de Casques bleus, de nombreuses délégations ont enfin rappelé que la pérennisation des opérations de maintien de la paix dépendait aussi du renforcement des capacités régaliennes des États affaiblis par les conflits, et du traitement des causes profondes des crises.  Le Mali a ainsi insisté sur l’impératif de disposer d’une armée nationale à même de sécuriser l’ensemble de son territoire, pour y étendre son autorité et assurer la protection des populations civiles. 

Le représentant des Maldives a lui aussi défendu des opérations de maintien de la paix capables de renforcer les États, « pour qu’ils puissent gouverner, mais aussi maintenir une culture de la bonne gouvernance, conforme aux principes de la démocratie et inclusif du développement ».  Rappelant que les Casques bleus offrent aussi « un message de paix et d’espoir », il a dénoncé les mauvaises conduites, en particulier les abus sexuels qui minent leur crédibilité et la confiance des populations.  D’une seule voix, tous les États Membres ont défendu la politique de tolérance zéro prônée par le Secrétaire général des Nations Unies et la mise en place de son Pacte volontaire sur les violences sexuelles.

La Quatrième Commission achèvera son débat sur tous les aspects des opérations de maintien de la paix lundi 30 octobre, à partir de 15 heures.

ÉTUDE D’ENSEMBLE DE TOUTE LA QUESTION DES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX SOUS TOUS LEURS ASPECTS

Suite du débat général

M. NABEEL MUNIR (Pakistan) a rappelé que le Pakistan était un important pays contributeur de troupes, avec 172 000 soldats déployés dans 41 missions et 23 pays depuis 1960.  Il a estimé que la primauté de la politique, à laquelle appelle le Groupe indépendant de haut niveau chargé d’étudier les opérations de paix, ne peut pas être réalisée par les Casques bleus à eux seuls.  « Il n’y a pas de paix possible si on ne s’attaque pas aux causes profondes des conflits », a-t-il insisté, considérant que le maintien de la paix doit être consolidé via des solutions politiques et des processus de médiation.  À ses yeux, corriger la fragmentation des efforts et renforcer le pilier de la coopération sont cruciaux pour aboutir à une paix durable.  Notant que la nouvelle architecture de paix et de sécurité qui est proposée ne comprend pas un département du maintien de la paix, il a espéré que cela n’affecterait pas la nature, la cohérence et l’efficacité de cette mission.  « Transformer le maintien de la paix en imposition de la paix serait dangereux », a-t-il insisté.

Il a appelé à déployer les missions de maintien de la paix de manière effective et veiller à ce que leurs opérations soient en adéquation avec la réalité qui prévaut sur le terrain et dotées de priorités claires, d’un séquençage adéquat et de suffisamment de ressources humaines et matérielles.  De sorte à maintenir l’équilibre entre ressources et performance, il a jugé que des examens stratégiques des missions pourraient fournir des informations utiles.  Il a notamment estimé que lorsque la vie des Casques bleus et de tous ceux qu’ils sont chargés de protéger est en péril, c’est la question des besoins qui devrait guider le maintien de la paix, pas celle des réductions budgétaires.

Il a par ailleurs appelé à prêter attention aux préoccupations de pays contributeurs de contingents, engageant notamment le Secrétariat à ne pas décider des lignes directrices des missions derrière des portes closes, rappelant que tous s’accordent sur l’efficacité de la coopération triangulaire.  Il a déploré que lors des renouvellements et mises en œuvre des mandats, la possibilité d’amener de nouvelles idées et de nouveaux cadres de travail demeure sous-utilisée.  Il a indiqué que le Pakistan et le Royaume-Uni avaient organisé des consultations informelles pour identifier des propositions concrètes destinées à nourrir le processus du Comité des 34.  C’est dans ce même contexte que le Pakistan a proposé avec le Maroc de créer un groupe informel des pays contributeurs de troupes et de police.

Il a conclu en assurant que le Pakistan soutenait la politique de tolérance zéro concernant les abus sexuels et prenait ses responsabilités à cœur en la matière, son pays ayant été parmi les premiers pays contributeurs de troupes à signer le Pacte volontaire du Secrétaire général.  Il a jugé important de mener des consultations auprès des pays contributeurs de troupe lors de l’élaboration des normes et des mécanismes estimés à éliminer ce fléau.  Soulignant que les Casques bleus se trouvent derrière les plus grands succès de l’ONU, il a en outre estimé qu’il ne fallait pas accorder à ces allégations « une attention disproportionnée » pour ne pas ternir l’histoire du maintien de la paix.

M. BENJAMIN KRASNA (Israël) a constaté que les conflits sont plus complexes qu’auparavant, citant l’influence grandissante d’acteurs non étatiques appuyés par des États, un soutien qui, selon lui, modifie complètement la réalité des conflits asymétriques.  Il s’est ensuite dit encouragé par le retour de la Force des Nations Unies chargée d’observer le dégagement (FNUOD) dans le camp de Fouar.  Il a précisé qu’Israël continuera de travailler avec la FNUOD pour appuyer son redéploiement progressif dans la zone de séparation, dans le respect de la résolution 2294 du Conseil de sécurité.  Il a souligné que cet effort de redéploiement doit prendre en compte le retour de l’ensemble des postes de la FNUOD le long de la frontière israélo-syrienne, appelant par ailleurs la Force à appuyer la remise en œuvre de l’Accord sur le dégagement de 1974.  Il a vu dans la FNUOD un outil essentiel pour prévenir les tensions et limiter les malentendus le long de la frontière, regrettant toutefois que cette année ait été marquée par « des retombées de tirs » depuis la Syrie, vers Israël.  Il a aussi souligné que le rôle de la FNUOD sera d’autant plus important « si la violence en Syrie s’arrête ».

Le représentant a ensuite estimé que le renouvellement du mandat de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) doit contribuer à renforcer la visibilité, la présence et l’efficacité de cette force.  Il a tout de même souligné que la FINUL ne devait pas se contenter d’une interprétation et d’une mise en œuvre partielle de son mandat, avertissant du risque de résurgence du conflit.  Préoccupé par les efforts continus déployés par le Hezbollah pour renforcer ses capacités militaires, « avec l’appui de l’Iran », le représentant israélien a appelé la FINUL à prendre toutes les mesures nécessaires pour veiller à ce que sa zone d’opération ne soit pas utilisée pour commettre des activités hostiles.  Il a aussi appelé à se méfier du calme apparent qui règne au sud du Liban, le Hezbollah étant, selon lui, en train d’y accumuler des armes qu’il positionne volontairement dans des zones densément peuplées pour menacer Israël, tout en « prenant la population du sud-Liban en otage ».  À cet égard, Israël considère indispensable que la FINUL fasse des rapports réguliers et impartiaux au Conseil de sécurité pour refléter les violations répétées de ses résolutions et la réalité du terrain.  Il suffit de lire les déclarations des dirigeants du Hezbollah pour se rendre compte de l’écart entre la réalité et ce qui est rapporté, a-t-il souligné.

En matière de renforcement des capacités des missions, le représentant a par ailleurs fait savoir qu’Israël avait organisé en début d’année un atelier sur la médecine d’urgence.  Il a aussi appelé à la pleine mise en œuvre de la politique de tolérance zéro.

M. TAKESHI AKAHORI (Japon) a noté que des approches innovantes avaient été mises en place ces dernières années pour faire face aux insuffisances en matière de capacité, notamment via le Système de préparation des moyens de maintien de la paix.  Le représentant a indiqué que son pays co-accueillait, avec le Canada, la prochaine Réunion des Ministres de la défense sur le maintien de la paix des Nations Unies, à Vancouver, estimant qu’elle sera une importante opportunité de poursuivre les discussions.  Il a indiqué que lors de la réunion préparatoire qui a eu lieu à Tokyo en août, organisée en collaboration avec le Bangladesh, l’accent avait notamment été mis sur les défis dans le développement et le maintien des mécanismes de coordination pour la formation et le renforcement des capacités, l’importance d’une évolution après la formation, les besoins de capacités médicales ainsi que la nécessité d’augmenter le personnel féminin.

Lors de son intervention, le représentant a particulièrement insisté sur le besoin de formation et de renforcement des capacités, qui, a-t-il estimé, doivent se faire de manière innovante.  Les soldats de la paix doivent être déployés avec les capacités adéquates, au bon moment, a-t-il souligné, notant que le Secrétariat avait fait des progrès grâce au Système de préparation des moyens de maintien de la paix et la Cellule stratégique de constitution des forces et de planification des moyens.  Néanmoins, des efforts doivent encore être mis en œuvre par toutes les parties prenantes, notamment les pays fournisseurs de troupes, les pays donateurs, le Conseil de sécurité et le Secrétariat, a-t-il estimé.  Le délégué a également souligné que l’innovation est requise pour faire le meilleur usage des ressources limitées, et pour combler efficacement les insuffisances en matière de capacités. Le représentant a ensuite salué les efforts réalisés pour les déploiements de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), citant de nouveau le Système de préparation des moyens de maintien de la paix et la Cellule stratégique de constitution des forces et de planification des moyens.  Il a aussi appelé à étendre la coopération triangulaire, ainsi que la résolution 2378 du Conseil de sécurité.

Mme NG CHUIN SONG (Singapour) a d’abord rappelé que, depuis 1989, son pays avait déployé plus de 2 000 de ses ressortissants dans les forces armées et les forces de police des Nations Unies.  Outre ces contributions aux efforts de terrain de l’ONU, Singapour participe aux initiatives multilatérales d’appui à la paix, nommément au groupe de forces multinationales 151 pour le Golfe d’Aden  (Combined Task Force 151) et la Coalition contre l’EIIL depuis 2014, a-t-elle indiqué.  Plus récemment, nous avons déployé une équipe médicale en Iraq, et nous avons développé, en collaboration avec le Département des opérations de maintien de la paix, une application Web « Avis de perte », qui contribuera à améliorer les rapports médicaux de toutes les missions de paix de l’ONU, a encore souligné la représentante.  Elle a d’autre part assuré du plein appui de son pays à la mise en œuvre du plan d’action conjoint 2016-2020 de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) avec l’ONU, en particulier son volet paix et développement.  La coopération parmi les organisations régionales et sous-régionales, l’ONU et les États Membres est nécessaire pour maintenir la paix et la stabilité régionale, a estimé Mme Song.  

M. ALI NASSER MOHAMED (Maldives) a reconnu la nécessité d’une réforme urgente de la manière dont sont organisées et cordonnées les opérations de maintien de la paix, leur personnel formé, en particulier sur les droits de l’homme.  « Il y a un besoin critique de renforcer les règles d’engagement, en particulier pour la protection des civils », a-t-il ajouté, soulignant l’importance que les Casques bleus « reçoivent des formations adéquates, un niveau suffisant de supervision et une information précise sur le droit international humanitaire ».

Le représentant a estimé que la réforme devait s’assurer que les opérations de maintien de la paix étaient en mesure de « créer les conditions d’une paix durable, où les conflits peuvent être résolus, mais leurs causes profondes également traitées, en satisfaisant toutes les parties prenantes ».  Il a appelé pour l’inclusion, d’abord et avant tout, d’un renforcement des capacités des États, pour qu’ils puissent gouverner, mais aussi « maintenir une culture de la bonne gouvernance, conforme aux principes de la démocratie, et inclusive du développement ».  « Construire les capacités d’un État, c’est aussi important pour construire une architecture institutionnelle qui porte une vision partagée pour le pays et qui mobilise des soutiens à cette vision », a encore déclaré le représentant.  

Pour lui, « l’héritage le plus important des Casques bleus, et donc des Nations Unies, c’est de laisser des institutions qui inspirent l’unité nationale, offrent les dividendes de la paix dans tous les coins du pays, en cultivant et renforçant une culture de paix, de respect et de tolérance ».

M. MACHARIA KAMAU (Kenya) a tout d’abord insisté sur l’importance des partenariats régionaux et le renforcement des mécanismes de sécurité régionale. Abordant ensuite la question de Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS), il a estimé qu’elle souffrait de problèmes structurels fondamentaux et de dysfonctionnement.  Il a demandé que son mandat soit réévalué pour améliorer l’implication des forces régionales, réclamant une meilleure coopération entre la MINUSS, le Gouvernement de transition du Soudan du Sud et la force de protection régionale.  Il a souhaité que cela permette de créer les conditions d’une participation inclusive au processus de décolonisation de paix, dont le dialogue et la médiation politique.  Il a rappelé que la légitimité des Casques bleus reposait sur le consentement des pays hôtes et de la population locale.

Concernant la situation sécuritaire en Somalie, il a fait part de sa vive préoccupation, évoquant le dernier attentat perpétré à Mogadiscio le 14 octobre qui a fait quelques 350 morts et plus de 500 blessés qui, a-t-il souligné, rappelle l’ampleur de la menace constituée par le groupe terroriste Al-Chabab.  Il a salué la prorogation du mandat de la Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM), redoutant toutefois qu’une réduction des troupes ne favorise la résurgence du groupe Al-Chabab.  Il a rappelé que son pays contribuait financièrement et avec des troupes à la mission et demandé que sa stratégie soit revue.  Il a appelé la communauté internationale à renforcer ses partenariats avec l’Union africaine et à lui fournir le soutien financier indispensable pour permettre à l’AMISOM d’exécuter pleinement son mandat.

Concluant sur les mauvaises conduites du personnel des opérations de maintien de la paix, en particulier les abus sexuels, il s’est félicité qu’aucun Casque bleu kenyan n’en ait été auteur.  Il a rappelé l’engagement de son pays pour « éradiquer totalement ce vice », indiquant que son pays signerait bientôt le pacte du Secrétaire général des Nations Unies sur les abus sexuels.  

M. TORE HATTREM (Norvège) a déclaré que le déroulement pacifique des élections au Libéria et l’achèvement réussi de l’opération en Côte d’Ivoire sont une source d’optimisme pour l’avenir des opérations de maintien de la paix.  Il a estimé que chaque opération de maintien de la paix doit être dotée d’une stratégie politique claire, ce qui nécessite unité entre les membres du Conseil de sécurité et une véritable volonté politique de la part des gouvernements hôtes et des parties au conflit.  À moins de bénéficier d’un appui politique et diplomatique constant, l’ONU ne pourra pas réussir, a-t-il averti.  Il s’est ensuite félicité des changements proposés en matière de planification, de gestion et d’appui aux missions, saluant notamment la création de divisions régionales conjointes pour appuyer la direction stratégique des missions.

Le représentant a ensuite souligné que la sécurité des Casques bleus est essentielle pour assurer une mise en œuvre effective des mandats, notamment en ce qui concerne la protection des civils.  Il a estimé que les environnements de plus en plus complexes et difficiles dans lesquels ces derniers sont déployés exigent que chaque mission soit dotée d’un plan d’urgence pour la gestion de crise, ainsi que d’un équipement technologique adéquat.  M. Hattrem a aussi appelé à poursuivre les efforts pour renforcer la capacité des Casques bleus à faire face aux actes de violence sexuelle commis dans le contexte d’un conflit, précisant que la Norvège collabore à la rédaction d’un manuel de l’ONU sur ce problème.  Il a par ailleurs appelé à un meilleur équilibre entre les sexes au sein des forces armées et des forces de police

Poursuivant, le délégué a aussi jugé nécessaire de poursuivre les efforts de renforcement du rôle de la police de l’ONU, soulignant que l’établissement d’un niveau minimum de capacité au sein de la chaîne de justice pénale est essentiel pour assurer la réussite des missions, sans oublier le fait que la prévalence de plus en plus importante du crime transnational organisé et du terrorisme appelle à renforcer plus encore l’expertise locale.  Il a souhaité que le concept d’équipe spécialisé, lancé par la Norvège et l’ONU pour la première fois en Haïti, soit développé davantage.  Il a expliqué que ces équipes permettent aux États Membres de déployer des groupes d’experts capables de fournir un appui ciblé dans des domaines qui exigent des compétences particulières, notamment la violence sexuelle et sexiste ou le crime organisé.  Le représentant a aussi appelé à ce que le Cadre d’orientation stratégique concernant le rôle de la police dans les opérations internationales de maintien de la paix soit finalisé et mis en œuvre dès que possible.  Il a par ailleurs appelé à renforcer la relation entre l’ONU et les organisations régionales, notamment l’Union africaine.

Pour M. GEBREHIWOT (Éthiopie) le rôle des opérations de maintien de la paix n’a jamais été aussi « indispensable » et leur renforcement, aussi « urgent et critique ».  « Il est temps de passer à l’action » a déclaré le délégué, en saluant les pas encourageants du Secrétaire général pour mettre en œuvre les recommandations du Groupe indépendant de haut niveau chargé d’étudier les opérations de maintien de la paix.  Cependant, nous avons encore un long chemin à parcourir, a estimé le représentant, qui a aussi indiqué le soutien de son pays aux projets de réforme du pilier paix et sécurité initiés par le Secrétaire général.  Il a particulièrement souligné la priorité donnée à la prévention et au maintien d’une paix durable, ainsi que le renforcement de l’efficacité et la cohérence des opérations de maintien de la paix.  Le représentant a dit croire en la vision du Secrétaire général, qui mise sur une réduction des barrières bureaucratiques, une meilleure transparence et responsabilité, et un basculement de l’attention vers le terrain, estimant que cette approche renforcera la capacité de l’organisation à répondre rapidement aux évolutions de l’environnement sécuritaire global. Cependant, a-t-il averti, si certaines choses relèvent effectivement de la responsabilité et des tâches du Secrétaire général, il y a des questions importantes liées aux structures et aux finances qui nécessitent l’approbation des États Membres.

Poursuivant, le délégué a ensuite insisté sur l’importance des partenariats entre les Nations Unies et les organisations régionales et sous-régionales, en particulier l’Union africaine.  Pour lui, la signature de l’accord conjoint pour renforcer le partenariat en matière de paix et de sécurité est une preuve claire que la coopération entre les Nations Unies et l’Union africaine atteint un plus haut niveau.  « C’est aussi très encourageant de constater qu’il y a des progrès modestes concernant un soutien logistique et financier prévisible, durable et flexible pour soutenir les opérations de maintien de la paix de l’Union africaine, autorisées par le Conseil de sécurité », a-t-il fait savoir.  À cet égard, il s’est dit encouragé que la résolution 2378 du Conseil de sécurité accorde de la considération aux étapes pratiques et aux conditions nécessaires par lesquelles l’Union africaine peut mener des opérations de maintien de la paix.

M. NOAGA EDOUARD OUÉDRAOGO (Burkina Faso) a rappelé la place qu’occupe son pays parmi les pays contributeurs aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies, avec environ 3 000 personnels déployés dans sept théâtres d’opérations.  Il a ajouté qu’en dépit des efforts fournis, son pays rencontre des difficultés importantes, essentiellement liées à l’insuffisance de matériels et d’infrastructures de formation, à l’insuffisance également d’équipements pour les déploiements rapides, « et surtout à l’insécurité ».  Il a souligné que, depuis 2015, le Burkina Faso est victime d’attaques terroristes sur son territoire, « en particulier au nord malgré la mise en place d’un dispositif de sécurisation déployé le long de la frontière avec le Mali ».  Pour le représentant, la préoccupation sécuritaire du Burkina Faso doit être partagée avec les Nations Unies, « afin que des solutions idoines et pérennes soient trouvées ». 

Notant qu’en Afrique le maintien de la paix et de la sécurité a pris une autre dimension avec la montée en puissance du terrorisme, il a salué la mobilisation des États africains du Liptako-Gourma et du G5 Sahel en vue de mettre en place une force multinationale pour lutter efficacement contre ce fléau.  Ma délégation est convaincue qu’une véritable articulation entre le mécanisme de l’ONU et les mécanismes régionaux dans le cadre des opérations de maintien de la paix pourraient renforcer leurs actions afin de les rendre plus réactives et efficaces sur le terrain, a-t-il estimé.  Il a salué, dans ce  contexte, la volonté par l’ONU de doter les opérations de la paix d’un mandat plus robuste de la protection des civils et des missions elles-mêmes.  D’autre part, le délégué a appuyé la résolution du Conseil de sécurité adoptée le 2 août dernier visant à empêcher les terroristes de se procurer des armes ou les moyens d’en fabriquer.

M. RAOUL BAZATOHA (Rwanda) a fait part de son appui aux initiatives de réformes du pilier paix et sécurité entrepris par le Secrétaire général, ainsi que de changements dans la culture de travail.  Il s’est particulièrement félicité d’une meilleure intégration entre les départements, divisions régionales et bureaux d’appui.  « Plutôt que de travailler en vase clos, les synergies peuvent réduire la fragmentation et la redondance qui empêche l’ONU de travailler de manière cohérente et souple », a-t-il estimé, qualifiant par ailleurs d’essentielle la collaboration entre départements qui œuvrent dans une même région.

S’alignant sur les recommandations du Groupe indépendant de haut niveau chargé d’étudier les opérations de maintien de la paix, M. Bazatoha a réaffirmé la primauté des processus politiques lors de la planification et de l’exécution des opérations de maintien de la paix.  Il a aussi demandé des directives claires et cohérentes du Conseil de sécurité, ainsi que des consultations avec les pays fournisseurs de troupes avant le renouvellement des mandats.  « Nous devons veiller à ce que nos contributions soient reflétées dans le contenu des mandats », a déclaré le délégué.  Il a aussi souhaité des consultations approfondies avec les chefs de mission, particulièrement les commandants des forces armées et les chefs de police, mettant en évidence la valeur de leur commentaire.

M. Bazatoha a ensuite souligné l’importance de la collaboration avec les organisations régionales.  Il a noté une dépendance de plus en plus importante vis-à-vis de l’Union africaine pour traiter les défis plus pressants, mais a constaté qu’il n’y avait pas eu d’augmentation de l’appui financier.  « Nous souhaitons que les Casques bleus aient des ressources appropriées, mais il en va de même pour les soldats de l’Union africaine », a-t-il indiqué, insistant par ailleurs sur l’importance de la prévention et sur la participation des femmes, qui lorsqu’elles sont présentes, sont vecteurs de progrès et de changements.

En tant que pays fournisseurs de troupes et nation qui a connu les graves lacunes des Nations Unies, nous avons une bonne expérience en matière de protection des civils lors des conflits, a-t-il poursuivi.  Le délégué a insisté sur l’entrainement des soldats pour qu’ils soient bien préparés, citant en exemple le travail de l’académie militaire de Gako, ainsi que sur une bonne compréhension des besoins des civils grâce à une connaissance en temps réel de la situation, à l’image de ce que font les soldats de la paix rwandais à Bangui.  « Il faut protéger les civils à tout prix, comme le font nos soldats de la paix à Juba » a déclaré le délégué.  Il a en outre souligné que « les soldats de la paix doivent répondre aux normes de conduite les plus élevées » et qu’à cet égard, les soldats rwandais se comportent aussi de manière exemplaire au Darfour.

M. GORGUI CISS (Sénégal), a observé que les opérations de maintien de la paix continuent à se heurter à des défis politiques, sécuritaires, stratégiques et opérationnels, dans un environnement en constante évolution. I l a salué la vision d’une réforme globale de l’architecture de paix et de sécurité du Secrétaire général, sa politique de tolérance zéro vis-à-vis des abus sexuels et l’engagement des femmes dans les missions de maintien de la paix.  Tous les États Membres de l’ONU, l’Assemblée générale, le Conseil de sécurité et les pays fournisseurs de troupes doivent lui accorder leur soutien, a-t-il affirmé.

Le représentant a ensuite constaté qu’en l’absence de paix durable, les opérations de maintien de la paix déployées dans des environnements hostiles rencontreront plus de difficultés à s’acquitter de leur mandat.  Il a estimé qu’un engament politique précoce du Conseil de sécurité avant le déploiement et pendant toute la durée de vie des missions était nécessaire pour faire avancer et soutenir un règlement politique des conflits.

M. Ciss, a mis en évidence la coopération entre le Conseil de sécurité et l’Union africaine, citant les consultations conjointes d’Addis-Abeba et la signature du Cadre commun ONU-Union africaine pour un partenariat renforcé en matière de paix et de sécurité, Il a estimé que cette collaboration avait connu un nouvel élan grâce au leadership du Secrétaire général et du Président de la Commission de l’Union africaine. 

Le délégué a par ailleurs insisté sur l’importance de la planification et la conduite des opérations de maintien de la paix.  Il a demandé au Conseil de sécurité de persévérer pour élaborer des mandats plus clairs, réalistes, en tenant compte des environnements difficiles.  La définition des mandats doit se faire sur la base d’informations objectives et complètes, a-t-il ajouté.  Il a aussi appelé au renforcement du dialogue triangulaire, question fondamentale sur laquelle il faut se pencher davantage pour renforcer l’esprit de partenariat et de confiance mutuelle.

Il a aussi indiqué que son pays avait activement participé aux efforts dans la recherche de mécanismes de financement durables, prévisibles et flexibles pour les opérations de paix de l’Union africaine.

M. ALEX GIACOMELLI DA SILVA (Brésil) a appelé à adopter une approche intégrée lors de l’élaboration des mandats de manière à promouvoir la stabilisation, le dialogue, la réconciliation et le développement.  Il a aussi jugé nécessaire d’améliorer l’efficacité des troupes sur le terrain et faire en sorte qu’elles aient les moyens nécessaires pour mener à bien leur mandat.  Estimant crucial l’inclusion des pays contributeurs de troupes au stade des processus de décision des opérations de maintien de la paix, le Brésil a soutenu l’institutionnalisation de discussions entre ces pays, le Secrétariat et le Conseil de sécurité avant de définir le mandat des missions.  Une coordination d’autant plus importante, a ajouté le délégué, lorsque des coupes budgétaires drastiques sont appliquées à ces missions en menaçant potentiellement la sécurité des troupes.  Il a ensuite réitéré son soutien à la participation accrue des femmes aux opérations de maintien de la paix, ainsi qu’à la politique de tolérance zéro concernant les abus sexuels perpétrés par le personnel de l’ONU.  Il s’est par ailleurs dit fier que le Brésil ait signé le Pacte volontaire du Secrétaire Général sur la prévention de l’exploitation et des abus sexuels.  Enfin, en accord avec le rapport du Groupe indépendant de haut niveau chargé d’étudier les opérations de paix, le Brésil a appuyé la mise en place d’un budget des missions politiques spéciales séparé du budget régulier.  Une mesure qui, selon le délégué, améliorera l’efficacité et allégera les pressions budgétaires sur des activités cruciales comme le développement ou les droits de l’homme.

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou) s’est félicité que le Secrétaire général ait fait siennes les propositions de mettre l’accent sur la prévention des conflits, de promouvoir une coordination plus effective entre le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale et d’utiliser plus efficacement les ressources humaines et logistiques.  Le Pérou salue également la demande d’une collaboration plus étroite entre le Conseil de sécurité, le Département des opérations de maintien de la paix et les pays contributeurs de troupes, de même qu’une définition claire des mandats des missions.

Le représentant a ensuite fait savoir que le Pérou donne la priorité à la protection des civils en zone de conflit, en particulier aux femmes, aux enfants et aux personnes âgées.  Il a estimé judicieux de favoriser le rapprochement entre les contingents et les populations locales, afin de connaître leurs besoins et de créer une relation de confiance.  En outre, le Pérou soutient totalement la politique de tolérance zéro envers le personnel de l’Organisation qui a commis des abus sexuels.  Préoccupé par la volatilité des environnements dans lesquels opèrent ces opérations, le délégué a souligné qu’elles doivent recevoir les moyens nécessaires pour s’y adapter et améliorer leur efficacité, y compris par l’utilisation de technologies. Pour sa part, le Pérou s’est engagé à fournir du personnel compétent et discipliné, a indiqué le représentant, précisant que son pays participait depuis 1958 aux Opérations de maintien de la paix avec 7 000 soldats.

M. MOHAMAD SURIA BIN MOHAMAD SAAD (Malaisie) a noté que les opérations de maintien de la paix avaient évoluées en des missions complexes, qui imposent d’énormes efforts pour fournir de l’assistance au processus politique, établir des autorités de transition, étendre l’aide et le secours humanitaire, ainsi que la réintégration des anciens combattants et la prévention des violations des droits de l’homme.  Le représentant a indiqué que sa délégation ne croyait pas en une approche uniforme et qu’il fallait tenir compte des composantes de chaque mission, de l’environnement et des défis.  Il a aussi demandé à ce que des efforts soient faits pour développer des approches globales et stratégiques impliquant les communautés, insistant par ailleurs sur l’importance de la participation du pays hôte.  Il a d’ailleurs appelé que les Nations Unies et le pays hôte travaillent ensemble et adoptent « l’approche gouvernementale » qui se focalise sur le bien-être des citoyens.

Après avoir indiqué que la Malaisie avait déployé, au fil des ans, 31 000 militaires et policiers, M. Saad a estimé que les soldats de la paix méritaient des efforts en termes de capacité et de formation, afin de leur permettre d’atteindre les meilleurs standards professionnels, de conserver un haut niveau de préparation et de s’acquitter de leur tâche.  Concernant les abus sexuels, le représentant a indiqué que les forces armées malaisiennes, en collaboration avec le Royaume-Uni et le Département des opérations de maintien de la paix avaient organisé une formation sur le sujet en août dernier.  « Il ne fait aucun doute que le personnel déployé dans des lieux volatils et périlleux doit être équipé avec des aptitudes adéquates et des compétences de survie », a-t-il estimé.

Mme YOLANNIE CERRATO (Honduras) a fait part de sa disposition à augmenter sa présence au sein des opérations de maintien de la paix.  Elle s’est dite confiante dans la capacité de la diplomatie préventive et du dialogue effectif entre les parties à prévenir les conflits et parvenir à une paix durable.  La déléguée a souligné les efforts réalisés pour appliquer la résolution 1325 (2000) sur les femmes et la paix et la sécurité, selon laquelle les femmes doivent être des agents actifs dans le maintien et la construction de la paix, et ceux du Secrétariat pour que les États Membres déploient 15% de femmes dans leurs contingents.  Rappelant que la paix et le développement sont liés, le Honduras a estimé qu’il n’est pas envisageable de réaliser les objectifs de développement durable dans un contexte de guerre, de conflit ou d’instabilité.

Mme NGUYEN PHUONG NGA (Viet Nam) a rappelé le rôle crucial des opérations de maintien de la paix, qui ont permis « de sauver six millions de vie ». Reconnaissant l’évolution du contexte et les nouveaux défis posés aux opérations de maintien de la paix, elle a soutenu la volonté de réforme de l’architecture du maintien de la paix engagé par le Secrétaire général.  Elle a cependant insisté sur la nécessité de poursuivre les consultations de manière inclusive et transparente avec le Conseil de sécurité, les pays contributeurs de troupes et les organisations régionales et sous-régionales, dont elle a mis en avant le rôle essentiel. 

Elle a ensuite rappelé l’importance de définir des mandats clairs pour chaque mission, en conformité avec la réalité de la situation sur le terrain et les ressources disponibles.  Elle a également demandé une amélioration de la redevabilité des missions et de leur processus de prise de décisions.  « Le renforcement des capacités, l’entrainement avant le déploiement, l’usage de nouvelles technologies sont de la plus grande importance », a-t-elle insisté.

La représentante a aussi mis en avant le besoin de renforcer la sécurité du personnel onusien déployé, ainsi que l’importance de la discipline de ce personnel. Elle a soutenu la politique de tolérance zéro concernant les abus sexuels, saluant les efforts du Secrétaire général des Nations Unies pour éradiquer ces comportements.  Elle a rappelé que son pays participait au maintien de la paix, en particulier au Soudan du Sud, insistant également sur une implication plus forte des femmes dans les opérations de maintien de la paix.

M. NOËL DIARRA (Mali) a souligné la volatilité de l’environnement sécuritaire dans lequel évolue aujourd’hui la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), marquée par des attaques asymétriques.  Il a rendu hommage aux Casques bleus qui payent « un lourd bilan » pour rétablir la stabilité dans son pays, soulignant que la MINUSMA était « la mission la plus dangereuse au monde ».  Il a insisté sur l’importance du mandat robuste qui lui avait été confié, en soutien du processus de décolonisation de paix en cours, et parallèlement au redéploiement des forces de défense et de sécurité maliennes sur tout le territoire.  Il a exprimé sa gratitude aux pays contributeurs de troupes et de matériels, soulignant toutefois que la MINUSMA avait besoin d’équipements « adaptés à la hauteur du défi sécuritaire du théâtre des opérations », caractérisée par la « recrudescence des attaques terroristes ».  Il a mis en avant la création de la Force conjointe du G5 Sahel, par le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Tchad, soulignant qu’elle constituait un moyen efficace de lutter contre le terrorisme, le crime organisé et les trafics en tous genre, y compris d’êtres humains, dans la région du Sahel.

Le représentant a rappelé que la sécurité et la stabilité de son pays à long terme relevait de la responsabilité des forces armées du Mali, insistant sur le renforcement des capacités opérationnelles des forces armées nationales, pour réaliser leur tâche régalienne de protection des populations civiles et sécuriser l’ensemble du territoire.  Il a également insisté sur le rétablissement et l’extension progressifs de l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire, afin d’écarter la menace terroriste.

M. CHEON KYEONGJIN (République de Corée) a rappelé qu’avec 100 000 Casques bleus déployés sur 15 missions, la demande globale était « immense » et qu’elle allait rester « élevée » au regard de la situation au Mali, au Soudan du Sud, et en République centrafricaine.  Il a apporté son plein soutien à la volonté de réforme du Secrétaire général, insistant notamment sur la nécessité de créer des opérations pérennes sur le long terme, qui prennent en considération la situation locale et l’objectif d’une paix durable dans les pays hôtes, plutôt qu’une simple résolution temporaire des conflits.  S’il a reconnu une situation « déplorable » au Soudan du Sud, au Mali et en République centrafricaine, il a rejeté les « discours pessimistes », soulignant les succès d’autres missions comme en Côte d’Ivoire ou en Haïti.  Il a ensuite estimé que pour les missions qui s’étendent sur le long terme, une planification séquentielle était nécessaire.  « Les mandats trop ambitieux, pour résoudre des conflits extrêmement compliqués, peuvent créer de la frustration et finalement remettre en cause la coopération entre le Secrétariat, les pays contributeurs de troupes, le Conseil de sécurité et les pays hôtes », a-t-il noté.  Il a souligné l’importance de la communication continue entre ces différents acteurs, insistant particulièrement sur celle avec les pays hôtes et les populations locales.

Le représentant a par ailleurs affirmé que pour permettre aux missions de mettre en œuvre leur mandat, les États Membres devaient leur fournir les outils indispensables, notamment les troupes, les équipements, la formation et la technologie nécessaire.  Il a salué l’initiative du Secrétaire général des Nations Unies de créer le Système de préparation des moyens de maintien de la paix.  Il a aussi rappelé les efforts de son pays pour renforcer sa coopération dans les domaines de l’entrainement, de l’information et des stratégies de communication des missions.  Il a cité en exemple des formations spécifiques mise en place sur la protection des civils.

M. MICHEL XAVIER BIANG (Gabon) s’est félicité des réformes initiées par le Secrétaire général, insistant sur la nécessité d’améliorer la cohérence et l’efficacité des opérations de maintien de la paix.  Il a insisté aussi sur le besoin de donner aux missions une stratégie globale, tenant compte de « toutes les dimensions de la paix »: prévention des crises, développement durable, règlement des conflits et pérennisation de la paix.  Il a demandé que des efforts particuliers soient déployés dans le domaine de la prévention, avec le renforcement des mécanismes d’alerte et de médiation des Nations Unies.

Rappelant le rôle de son pays au sein des opérations de maintien de la paix, il a particulièrement mis en avant son investissement dans la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA).  Il a détaillé une nouvelle stratégie mise en place par son Gouvernement pour ses contingents de Casques bleus, qui met l’accent sur la formation rigoureuse des soldats aux normes et valeurs onusiennes, la mise à jour des manuels d’entrainement pour intégrer l’évolution des règles internationales, et l’adaptation aux équipements militaires les plus modernes. 

Abordant la question des mauvaises conduites du personnel des opérations de maintien de la paix, il a réitéré son appui à une politique de tolérance zéro, en particulier pour les abus sexuels.  Il a précisé que son pays avait signé en septembre dernier le Pacte volontaire du Secrétaire général des Nations Unies sur les abus sexuels.

Il a poursuivi en estimant qu’une reforme viable de l’architecture de paix des Nations Unies devait « nécessairement intégrer le renforcement du partenariat entre les Nations Unies et les organisations régionales, qui ont l’avantage de connaître mieux le terrain ».  « La concertation et la mise en place de stratégies communes dans les situations de crise est indispensable », a-t-il encore ajouté, appelant la communauté internationale à soutenir l’Union africaine et ses opérations, « par un financement prévisible, stable et adéquate ».

Enfin, le représentant a insisté sur la nécessité de prendre en compte le facteur linguistique dans les opérations de maintien de la paix, « notamment dans le choix des commandants ».  « L’application du multilinguisme, à tous les niveaux de la chaîne de commandement et en fonction de l’environnement, aidera à l’établissement d’un dialogue constructif avec le pays hôte et la création d’un climat de confiance », a-t-il expliqué, ajoutant que cela rendrait les opérations de maintien de la paix « plus performantes sur le terrain ».

Mme MARINA NIKODJEVIC (Serbie) a souligné le besoin de renforcer le multilatéralisme pour faire face aux crises internationales.  À cet égard, elle a considéré les réformes envisagées de l’architecture de maintien de la paix comme un grand pas en avant étant donné la complexité du mandat des différentes missions des Nations Unies.  Assurant la communauté internationale que la Serbie est engagée à participer au système de sécurité collective des Nations Unies et qu’elle a contribué concrètement à ses activités, elle a rappelé que 350 Casques bleus serbes sont actuellement déployés dans huit missions.  Elle a aussi affirmé que son pays continuait à appliquer la résolution du Conseil de sécurité 1325 sur « Les Femmes, la paix et la sécurité » et qu’il a même récemment adopté un second plan d’action national pour assurer sa pleine mise en œuvre.  « J’ai la fierté de vous dire que le nombre de femmes serbes participant à des opérations de maintien de la paix a augmenté de 12% », a-t-elle précisé.  Elle a enfin rappelé que la Serbie continuait d’être le « pays hôte » de la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK) qui reste à ses yeux un élément essentiel pour maintenir la stabilité de la « province ».  « Compte tenu de l’instabilité du Kosovo et la confiance que les Serbes et autres populations non-albanaises témoignent envers la MINUK, nous considérons que la mission doit continuer d’être engagée dans toutes les questions relevant de son mandat », a-t-elle affirmé. 

M. ZAMBRANO (Équateur) s’est félicité des mesures prises pour faire face aux contextes de plus en plus difficiles dans lesquels opèrent les missions, mettant en évidence l’importance de la coopération triangulaire pour relever les défis.  Il a ensuite souligné que la paix est une condition sine qua non au développement, notant que certains pays et régions restaient empêtrés dans des cycles permanents de violence et de conflits, tandis que d’autres avaient atteints un bon niveau de développement.  Il a demandé de respecter les principes de la Charte, d’élaborer des mandats clairs et d’appuyer les capacités des opérations de maintien de la paix.  Il a dit son appui à la protection des civils, « à condition que les mandats soient bien définis et ne nuisent pas aux principes de non-ingérence et de souveraineté ».  Il a également demandé à revoir à la hausse l’appui logistique, financier et humain et a souligné l’importance de la participation des femmes, indiquant que son pays cherchait à atteindre la parité dans ses contributions aux missions.  Le représentant a insisté sur le fait que le personnel des opérations de maintien de la paix devait se comporter de façon irréprochable.  « Il faut éviter que des comportements négatifs isolés aient des incidences négatives sur l’ensemble des opérations », a-t-il toutefois estimé, affirmant son appui à la politique de tolérance zéro. 

M. RUBEN FAJARDO (Philippines) a appuyé l’évaluation de l’efficacité des opérations de maintien de la paix, ainsi que les améliorations apportées pour assurer le déploiement rapide d’unités dans un délai de un à trois mois.  Il a salué le Système de préparation des moyens de maintien de la paix, indiquant que son pays avait développé de petites équipes spécialisées pour combler les besoins dans certains domaines spécifiques. Il a rappelé le besoin de formation et de renforcement des capacités des contingents déployés, ainsi que la nécessité de disposer de mandats clairs et crédibles adaptés face à des environnements de plus en plus complexes.

Il a salué la politique de tolérance zéro pour lutter contre les abus sexuels.  Il a demandé que des enquêtes soient menées dans des délais rapides, pour identifier les responsables et assister les victimes.  « C’est la clef pour regagner la confiance des populations et renforcer la crédibilité des Casques bleus », a-t-il insisté, soulignant également le rôle que peuvent jouer les femmes dans les opérations de maintien de la paix.  Il a fait part du soutien de son pays à l’objectif du Secrétaire général d’avoir 15% de femmes dans les chaines de commandement des missions.  Après avoir appelé à doter les missions de moyens financiers et matériels adaptés aux objectifs fixés, le représentant a souligné l’importance de la coopération régionale.

M. NASREDDINE NAOUALI (Tunisie) a tout d’abord indiqué que son pays contribue à cinq missions de maintien de la paix, avec 218 personnes.  Constatant ensuite que la nature des conflits a évolué, il a approuvé les efforts lancés par la communauté internationale pour identifier de moyens nouveaux de les prévenir et d’y faire face.  Il a notamment attiré l’attention sur la nécessité d’améliorer la capacité des Nations Unies à faire face aux conflits sur le plan opérationnel.  Le représentant a aussi appelé à renforcer la coopération triangulaire entre le Secrétaire général, le Conseil de sécurité et les pays fournisseurs de troupes lors la planification et la mise en œuvre des mandats, plaidant par ailleurs pour que les missions soient dotées des ressources nécessaires.  Il a aussi invité à s’intéresser à la période après conflit et à augmenter les capacités pour assure la sécurité du personnel des opérations de maintien de la paix.

Poursuivant, le représentant a estimé nécessaire d’augmenter la participation des femmes dans les opérations de maintien de la paix et d’assurer le respect des droits de l’homme et de tous les instruments internationaux.  La Tunisie apprécie la coopération entre le Conseil de sécurité et l’Union africaine en matière de résolution pacifique des conflits, a-t-il par ailleurs signalé, en ajoutant qu’il fallait préserver le capital de confiance de l’organisation en matière de paix, sécurité et développement.

M. EFE CEYLAN (Turquie) a rappelé que les opérations de maintien de la paix restaient une activité phare et en jouaient un rôle central pour protéger les civils et faire reculer la violence.  Il a  souligné l’évolution des environnements des missions, asymétriques, qui posent des risques pour l’exécution des mandats, citant en exemple la multiplication des attaques terroristes.  Les Nations Unies doivent protéger les civils quand les États échouent à le faire, en accroissant l’adaptabilité des opérations de maintien de la paix et dans le respect des principes de ces opérations et de la Charte des Nations Unies, a-t-il demandé.

Le représentant a déploré que les attaques contre les Casques bleus se multiplient alors qu’ils sont retreints dans leur mouvement, parfois dans un mode « de bunkerisation ».  Il a insisté sur la nécessité pour les contingents de bénéficier de la confiance des populations locales et des pays hôtes, en particulier quand ils évoluent dans des zones où l’autorité de l’État est très faible.  Il a rappelé que la réussite des opérations de maintien de la paix reposait aussi sur l’appui de la communauté internationale, demandant à ce qu’elle soit plus unie et soulignant la nécessité de consensus au sein du Conseil de sécurité pour un véritable appui politique aux missions.

« Le maintien de la paix ne remplace pas les solutions politiques », a poursuivi le représentant qui a plébiscité des approches à plus long terme et plus d’efforts de diplomatie préventive, citant les exemples de réussite en Côte d’Ivoire, au Libéria et en Haïti.  Il a aussi appelé à redoubler d’efforts dans le domaine de la consolidation de la paix, la qualifiant « d’essentielle ».  Il a ensuite indiqué que les recommandations du Groupe indépendant de haut niveau chargé d’étudier les opérations de maintien de la paix avaient « créé un élan » et montré « la primauté des solutions politiques, de la prévention et des médiations ».

Le délégué a rappelé que le Comité spécial des opérations de maintien de la paix était le forum unique pour l’amélioration de ces opérations, soutenant son dernier rapport et demandant que ce cadre consensuel soit pris en compte par le Secrétaire général pour sa réforme.  Il a aussi appelé à d’avantage de dialogue avec les États Membres ».  Il a par ailleurs fait savoir que son pays adhérait à la politique de tolérance zéro, soulignant que les Casques bleus turcs servaient partout dans le monde et participaient aux efforts de formation et d’assistances techniques, en particulier pour déployer des forces de police et des formations sur les engins explosifs improvisés.

Il a conclu en répondant aux mises en cause de la délégation de Chypre, estimant qu’elle devait « assumer ses responsabilités ».

M. NECTON D. MHURA (Malawi) a indiqué que son pays participait aux opérations de maintien de la paix depuis 1994, et avait notamment déployé des bataillons en République démocratique du Congo par le truchement de la MONUSCO.  Constatant que le maintien de la paix est une entreprise onéreuse, il a salué les efforts de ses partenaires pour leur appui en termes de formation et de matériel.  Il a noté combien les soldats de la paix continuent à se heurter à des difficultés, et sont ciblés par les ennemis de la paix.  « Des hommes et des femmes ont réalisé le sacrifice ultime et ces attaques démoralisent les acteurs engagés dans le maintien de la paix », a-t-il déploré.  Il a demandé au Conseil de sécurité de revoir certains principes utilisés traditionnellement, notamment la question de l’utilisation de la force. « Nous travaillons dans des environnements dangereux avec des groupes armés qui utilisent des tactiques terroristes.  Face à ces menaces, il ne suffit plus de protéger par notre simple présence, il faut réagir avec détermination au niveau opérationnel », a-t-il estimé.

Le représentant a aussi dénoncé les abus sexuels, les qualifiant d’actes ignobles, précisant que son pays a signé le Pacte volontaire et continuera à insister sur le volet conduite et discipline dans la formation militaire.  Malawi veut aussi revoir à la hausse le nombre de soldats féminins qui ont un « rôle central à jouer dans le maintien de la paix ».  Enfin, il a demandé à ce que les opérations de maintien de la paix remboursent en temps et en heure des pays fournisseurs de troupes, estimant que cela renforcera la confiance et leur partenariat avec le Conseil de sécurité.  Il a ajouté qu’il est fondamental d’octroyer les ressources selon le bon ordre de priorité.  « Il sera impossible de protéger tout le monde si les soldats de la paix n’ont pas suffisamment d’outils de surveillance ou de mobilité et des moyens d’atteindre les populations sur le terrain », a-t-il notamment commenté.

Mme AGNES COUTOU, Comité international de la Croix-Rouge (CICR), a noté que les conflits armés contemporains devenaient plus difficiles à résoudre et avaient un impact dévastateur, particulièrement sur les civils.  Alors que les mandats s’étendent, les soldats de la paix ont un devoir clair de protéger les civils, leur tâche couvrant l’évacuation médicale, la protection des camps de civils, l’assistance à la police nationale, services judiciaires et pénitentiaires, a expliqué la représentante, ajoutant que cette tâche peut aussi requérir des actions robustes.  Malheureusement, les ressources et capacités sont sous pression, a-t-elle dit. 

Elle a appelé au respect du cadre légal applicable, expliquant que les environnements complexes augmentent la probabilité d’avoir recours à la force, et qu’il est donc essentiel que les forces des Nations Unies respectent le droit international et usent de leur influence pour inciter les parties au conflit à faire de même, ainsi que les organisations régionales et sous-régionales.

Constatant ensuite que la détention de personnes par les missions de maintien de la paix était une réalité, elle a souligné que ces dernières devaient être prêtes à honorer leurs obligations juridiques en la matière, et d’avoir des infrastructures adaptées pour fournir des conditions de détention conformes au droit international.  Elle a regretté que les activités des missions restent sous-financées, avec des manques de capacités en terme logistique, d’infrastructure et de ressources humaines.  Elle a aussi demandé qu’une attention spéciale soit accordée au principe de non-refoulement.

Enfin, la représentant du CICR a estimé que différentes approches de protection des civils devaient être combinées, « mais non embrouillées », pour parvenir à la meilleure protection possible.  Elle a indiqué que le CICR a encouragé les missions à prendre en compte les visions des populations exposées à des risques dans la mise en œuvre des mandats de protection.  Le Comité a aussi permis, en 2016, à plus de 18 000 soldats de la paix, de suivre des formations sur le droit international humanitaire avant leur déploiement.

Droits de réponse

Utilisant de son droit de réponse, le représentant de la République islamique d’Iran a déploré que « le représentant du régime israélien » ait fait référence à son pays, se livrant à « une tentative futile de détourner l’attention des actes criminels et de sa politique d’agression contre les peuples palestiniens, libanais, syriens et d’autres peuples de la région ».  « Ce régime qui a recours à tous types d’atrocité et de politiques criminelles, comme les agressions, les occupations, les assassinats, le terrorisme d’État, la torture, les enlèvements, le meurtre d’enfants, de femmes et de personnes âgées palestiniennes sans défense, et qui aide aussi Daech, ne peut pas se dépeindre en chantre de la paix et de la sécurité », a-t-il déclaré.

À son tour, le représentant d’Israël a affirmé que « l’Iran est le principal sponsor du terrorisme dans le monde, accusant ce pays de continuer de disséminer l’extrémisme et de déstabiliser le Moyen-Orient », a-t-il ajouté.  « Une fois de plus, l’Iran a estimé qu’il pouvait mentir, sans parler de ses propres actions », a-t-il déploré.

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