Soixante-douzième session, 
20e séance – après-midi  
AG/SHC/4205

La Troisième Commission dialogue avec le Haut-Commissaire aux droits de l’homme, qui présente un vaste panorama des activités de ses services

Dans de le cadre de son examen de la protection et la promotion des droits de l'homme, la Troisième Commission a dialogué aujourd’hui avec le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, M. Zeid Ra’ad Al Hussein, qui a présenté un vaste panorama des activités de ses services, tout en annonçant que c’était sans doute la dernière fois qu’il se présentait devant la Commission.

En détaillant quelques-unes des activités menées par les 57 présences du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme sur le terrain de par le monde -bureaux nationaux ou régionaux, services intégrés aux opération de maintien de la paix ou dans les équipes de pays– M. Zeid a mis en avant aussi bien la lutte contre les féminicides que les efforts pour réaliser le droit à l’alimentation, en passant par la lutte contre les violations des droits des migrants et des réfugiés et les enquêtes sur des violations graves des droits de l'homme dans certains pays.

Le Haut-Commissaire est aussi revenu sur les pressions que subit son bureau, ajoutant qu’aucun pays n’avait de bilan irréprochable en matière de droits de l’homme et dénonçant au passage un « groupe régional d’États puissants qui se croient au-dessus de tout reproche » dans ce domaine.

M. Zeid a notamment abordé la question des migrants et de leurs droits, revenue ensuite lors de l’échange avec les délégations.  Il a expliqué que ses services avaient mis au point un guide à destination des États afin de partager les bonnes pratiques et formaient les fonctionnaires qui se trouvent en première ligne, y compris ceux de la force navale de l’Union européenne en Méditerranée.  Il a aussi insisté sur le cas de la Libye et du travail de ses service en lien avec la Mission d’appui des Nations Unies en Lybie (MANUL) sur les « graves et choquantes » violations des droits des migrants dans le pays. 

Le Haut-Commissaire s’est aussi attardé sur l’exode massif de la population de musulmans rohingya qui fuient le Myanmar pour le Bangladesh et a expliqué qu’il avait envoyé une équipe rapide sur le terrain pour faire la lumière sur de possibles violations des droits de l’homme.  De même, une équipe a été envoyée en Angola pour interroger les personnes qui fuient la République démocratique du Congo, notamment les provinces du Kasaï.

M. Zeid a en outre déploré que certains pays ne lui garantissent pas l’accès à des territoires où il a besoin de se rendre pour surveiller la situation des droits de l’homme, pointant du doigt notamment la Fédération de Russie, qui a refusé l’accès de son bureau à la Crimée, au motif que la mission du Haut-Commissariat n’avait pas de compétences à se rendre sur ce territoire, ce dernier « n’appartenant plus à l’Ukraine ».  De même, face au refus de la République arabe syrienne de coopérer, le Haut-Commissariat a dû établir une équipe d’enquête sur la Syrie entre Beyrouth, Amman et Genève pour pouvoir continuer à surveiller la situation des droits de l’homme dans le pays.  Le Haut-Commissaire s’est aussi dit préoccupé par le phénomène des représailles contre les personnes qui coopèrent avec les Nations Unies, d’autant qu’un rapport du Secrétaire général a alerté sur ce problème.

Plusieurs pays se sont montrés critique vis-à-vis du travail du Haut-Commissariat, insistant sur ce qu’ils considèrent comme des dépassements de son mandat par le Haut-Commissaire et ses services.  Ainsi le Venezuela a dénoncé des rapports utilisés « à des fins politiques » et la Chine a insisté sur la nécessaire impartialité qu’implique le travail du Bureau du Haut-Commissaire, qui ne devait pas « se mêler des affaires internes » des pays, insistant sur le respect de la souveraineté des pays.  L’Érythrée a également dénoncé un « deux poids deux mesures » dans le fonctionnement du système des droits de l’homme.

Les États-Unis ont, quant à eux, déploré que des pays qui violent massivement les droits de l’homme puissent siéger au Conseil des droits de l’homme, citant notamment l’élection aujourd’hui même de la République Démocratique du Congo à cet organe.

D’autres États ont pour leur part souligné l’importance de l’indépendance du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, comme la Norvège et la Suisse, tout en jugeant vital que les organes des droits de l’homme des Nations Unies soient suffisamment financés pour accomplir leur mission.

La Troisième Commission poursuivra demain à 10 heures sa discussion générale sur la protection et la promotion des droits de l'homme.

PROMOTION ET PROTECTION DES DROITS DE L’HOMME (A/72/40 ET A/C.3/72/9 (à paraître))

Questions relatives aux droits de l’homme, y compris les divers moyens de mieux assurer l’exercice effectif des droits de l’homme et des libertés fondamentales

Situations relatives aux droits de l’homme et rapports des rapporteurs et représentants spéciaux

Déclaration liminaire du Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, suivie d’une période de questions

M. ZEID RA’AD AL HUSSEIN, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, a déclaré être fier que ses services, en dépit des tourments qui secouent le monde, continuent d’assister les États, les institutions nationales et la société civile.  Il s’est proposé de mettre l’accent sur certaines des activités des 57 bureaux locaux du Haut-Commissariat, à savoir: 15 bureaux de pays, 13 composantes droits de l’homme au sein d’opérations de maintien de la paix, 12 bureaux régionaux et 17 conseillers des droits de l’homme dans les équipes de pays des Nations Unies.

Le Haut-Commissaire a cité en premier lieu le Cambodge, où son plus ancien bureau de terrain a aidé les autorités à lancer divers programmes touchant notamment à la réforme et l’amélioration du système de justice transitionnelle, du Code pénal ou de la détention préventive.  Il a également permis la formation de juges et d’avocats et assistera également le Gouvernement dans le contexte des élections de 2018 et après, a indiqué M. Zeid.

Le Bureau régional de l’Amérique centrale s’est, pour sa part, consacré à la question du féminicide, un thème jugé prioritaire en 2010 au regard de crimes liés au genre commis au Panama et à El Salvador.  Dans l’année qui a suivi, le Bureau régional a mis en place un outil destiné aux enquêtes pour féminicide à El Salvador.  Ce protocole modèle, élaboré après de larges consultations, a été adopté par les systèmes de justice et est étudié dans les programmes de formation administrative dans toute la région latino-américaine.  Il circule en particulier en Argentine, au Costa Rica, au Panama et à El Salvador.  Avec le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), le Bureau régional a organisé une formation en ligne sur la base de ce document avec l’Argentine et avec 220 fonctionnaires qui ont affaire aux cas de féminicide partout en Amérique centrale.

Le Haut-Commissariat est également très engagé dans la protection des migrants, a expliqué M. Zeid.  Il a ainsi pu mette au point un guide et une compilation de bonnes pratiques à l’adresse des États et d’autres parties prenantes.  Il a, dans ce cadre, organisé des missions de surveillance sur le terrain sur les frontières européennes, notamment en Bulgarie, en France, en Grèce, en Italie et dans l’ex-République yougoslave de Macédoine.  Le Bureau régional du Haut-Commissariat pour l’Europe travaille activement avec les États concernés pour leur fournir toute l’assistance technique voulue et dispense des formations sur les droits de l’homme des migrants et sur le respect des droits de l’homme dans l’application de la loi aux différents fonctionnaires concernés, y compris les membres de la force navale de l’Union européenne en Méditerranée. 

Le Haut-Commissariat travaille en outre sur cette question des migrants avec les autres partenaires des Nations Unies et des gouvernements de toutes les régions, notamment pour qu’ils prennent en compte la question des migrants dans l’adoption de leurs divers programmes.  Le Haut-Commissariat a ainsi publié un rapport avec la Mission d’appui des Nations Unies en Libye (MANUL) sur les graves et choquantes violations des droits de l’homme des migrants en Libye et s’est rendu à Nauru, dans les íles Manus et en Papouasie-Nouvelle-Guinée, afin de partager ses préoccupations avec le Gouvernement de l’Australie et lui faire des recommandations.

En réponse à l’exode massif des musulmans Rohingya qui fuient le Myanmar pour le Bangladesh, le Haut-Commissariat a envoyé une équipe rapide sur le terrain afin de faire la lumière sur de possibles violations des droits de l’homme, alors même que la Mission d’établissement des faits créée par le Conseil des droits de l’homme fait son travail.  Le Haut-Commissariat cherche à se coordonner avec les acteurs humanitaires au Bangladesh pour trouver une réponse intégrée à la crise humanitaire en cours. 

Toujours dans le domaine humanitaire, une équipe a été envoyée en Angola pour interroger les personnes qui fuient la République démocratique du Congo, notamment les provinces du Kasaï, là aussi en coopération avec le groupe d’experts internationaux établi par le Conseil des droits de l’homme.  Une autre équipe a été envoyée au Venezuela dans le contexte des manifestations qui embrasent tout le pays.

M. Zeid s’est attaché à décrire de nombreuses autres activités du Haut-Commissariat.  Ainsi, celui-ci est actif dans le domaine du droit à l’alimentation et a entrepris dans ce contexte un travail au Malawi, où les conseillers de l’équipe de pays du Haut-Commissariat appuient le Gouvernement et les Parlementaires pour la mise en œuvre des recommandations du Rapporteur spécial sur le droit à l’alimentation.  Au Mali, c’est dans le domaine du maintien de la paix et le combat contre l’extrémisme qu’il intervient, notamment au sein de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA).  Sa Division des droits de l’homme y veille notamment à ce que des enquêtes soient diligentées en cas de sérieuses allégations de violations des droits de l’homme et appuie le mécanisme national de justice transitionnel, en plus de conseiller les parties à l’accord de paix de 2015.

En ce qui concerne les comptes à rendre en cas de violations graves, le Haut-Commissariat continue d’apporter son soutien à la Commission d’enquête internationale indépendante sur les violations des droits de l’homme en Syrie, établie par le Conseil des droits de l’homme et qui recense les crimes commis dans ce pays depuis 2011.  Face au refus de la République arabe syrienne de coopérer en accordant un accès à son territoire, le Haut-Commissariat a établi une équipe sur la Syrie basée à Beyrouth (Liban), à Amman (Jordanie) et à Genève (Suisse) et continue de surveiller la situation des droits de l’homme avec l’aide de ses conseillers, de ses équipes de pays et acteurs humanitaires. 

Toujours à propos de la Syrie, le Haut-Commissariat assurera l’opérationnalisation du mécanisme international, indépendant et impartial créé par l’Assemble générale pour documenter les crimes commis en Syrie, a indiqué M. Zeid, ajoutant que ces exemples ne sont qu’un bref aperçu des activités menées par son bureau, en plus de son investissement dans l’Examen périodique universel, dont le troisième cycle commence cette année, et du soutien aux institutions nationales des droits de l’homme. 

Singapour a observé que le Haut-Commissaire n’avait pas, cette année, présenté de rapport annuel à l’Assemblée générale, contrairement aux années précédentes.  Singapour a souhaité en connaître la raison et savoir s’il entendait poursuivre cette méthode.  Au nom du Groupe des États d’Afrique, l’Égypte a posé la même question.

La Chine a insisté sur l’importance d’un respect de la Charte des Nations-Unies, ainsi que de la souveraineté et l’intégrité territoriale des États, « sans se mêler de leurs affaires internes ».  Elle a mis l’accent sur les risques d’une approche à « deux poids, deux mesures » et sur la nécessité de respecter les mécanismes interétatiques ainsi que les différences culturelles.  Elle a en outre insisté sur la nécessaire impartialité qu’implique le travail du Bureau du Haut-Commissaire.  Elle a également demandé quelles mesures pouvaient être prises pour améliorer la représentation des pays en développement au sein du Haut-Commissariat.

Dans le même ordre d’idées, plusieurs États ont critiqué ce qu’ils considèrent comme des dépassements de son mandat par le Haut-Commissaire et ses services.  Le Venezuela a ainsi précisé qu’il entendait continuer à coopérer avec le Haut-Commissariat à condition qu’il s’acquitte de son rôle dans le strict respect du mandat que lui a confié l’Assemblée générale.  Il a aussi jugé que le Bureau du Haut-Commissaire avait publié des rapports qui utilisent des situations à des fins politiques, notamment celui du 30 août dernier sur le Venezuela.  Dans ces conditions, il a jugé « incroyable » que les États-Unis se présentent comme « référence morale » en matière des droits de l’homme.

De même, Cuba a dit soutenir les travaux du Haut-Commissaire, mais a demandé comment il pourrait éviter de politiser son action et d’appliquer des principes qui n’ont pas fait l’objet de concertation avec les États.  Cuba demande en particulier à disposer de plus d’informations sur les modifications envisagées par le Bureau du Haut-Commissaire en termes de fonctionnement.  En son nom propre, l’Égypte s’est dite, elle aussi, préoccupée de l’inclusion dans les activités du Haut-Commissariat de thématiques non appuyées au plan international, comme la question de la peine de mort ou des discriminations sur la base de l’orientation sexuelle.

L’Érythrée, qui accueille un bureau du Haut-Commissariat, a assuré le Haut-Commissaire de toute sa coopération, mais insisté sur le fait que tous les droits doivent être mis en œuvre.  La délégation constate aussi que le « deux poids, deux mesures » et la politisation persistent dans le domaine des droits de l’homme, notamment avec des pays de sa région connus pour violer les droits de l’homme, mais qui font adopter des résolutions contre l’Érythrée au Conseil des droits de l’homme.

Le Bélarus s’est réjoui du renforcement du potentiel des États dans la mise en œuvre de la coopération technique qui, selon lui, n’est pas utilisée au mieux dans les travaux du Haut-Commissariat. Saluant le dialogue substantiel établi par celui-ci avec les gouvernements, les organisations internationales et la société civile, le Bélarus a jugé que la fonction de suivi spécifique aux pays devrait continuer de jouer un rôle central dans les travaux du Haut-Commissariat, à condition toutefois qu’elle ait un aspect pratique et soit utile.  Or, a-t-il dit, il est souvent empreint de considérations politiques, estimant que le rapport du Rapporteur spécial sur le Bélarus en était la preuve.

La République arabe syrienne a, elle aussi, appelé le Haut-Commissariat à se conformer à son mandat en respectant la souveraineté des États.  Le Haut-Commissariat doit également faire état des violations commises par les groupes armés et leur soutien en Syrie, et documenter par ailleurs les crimes commis au Yémen par l’Arabie saoudite, estime la République arabe syrienne. 

La République populaire démocratique de Corée (RPDC) a, elle aussi, appelé le Haut-Commissaire à respecter les principes de son mandat et à s’assurer que les droits de l’homme ne sont pas exploités à des fins politiques.  Elle constate que la question des femmes coréennes enlevées par la République de Corée n’est ni abordée ni résolue par le Haut-Commissariat, alors que ces enlèvements constituent des violations des droits de l’homme.  La RPDC souhaite donc savoir ce que le Haut-Commissaire compte faire pour résoudre cette question.

La Fédération de Russie a constaté qu’en dépit de progrès significatifs dans le domaine de la défense des droits de l’homme, il restait un éventail de défis comme la croissance du radicalisme et le terrorisme.  Elle a également regretté que certains États utilisent la problématique des droits de l’homme pour promouvoir leurs intérêts.  À ce sujet, elle a noté que l’incompréhension montait entre le Haut-Commissariat et les États à la suite d’accusations non fondées, « teintées de politique », et d’informations « visiblement fausses ».  

D’autres États ont, pour leur part, souligné l’importance de l’indépendance du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme.  Ainsi la Norvège a salué cette indépendance et l’appui que le Haut-Commissariat prodigue aux États.  Mais elle a jugé vital que les organes des droits de l’homme des Nations Unies soient suffisamment financés pour accomplir leur mission, d’autant qu’ils représentent aussi un outil utile pour prévenir les conflits.  La Suisse s’est, elle aussi, inquiétée du sous-financement chronique du Haut-Commissariat, qui impacte ses activités.  Or, a-t-elle souligné, pour qu’il puisse pleinement accomplir son rôle, les États Membres doivent s’engager pour le renforcement de sa base financière.  Elle a aussi demandé au Haut-Commissaire comment, selon lui, le Conseil des droits de l’homme pouvait parvenir à mieux remplir son mandat et quelles étaient ses attentes à l’égard des États en la matière.

L’Indonésie a souhaité avoir des informations sur les activités menées par le Haut-Commissariat pour mettre en œuvre le droit au développement.  Il a également voulu savoir comment éviter la politisation des questions des droits de l’homme.  L’Iran a dit soutenir toute initiative qui permettrait de rationaliser le fonctionnement du Bureau du Haut-Commissaire, à condition que ce soit fait en toute transparence et sans motivation politique.  À ce sujet, il a souhaité avoir des informations sur ce qu’envisage le Haut-Commissaire pour renforcer ses capacités dans les pays dépourvus de toute présence des Nations Unies.

Le Maroc a abordé le cas des migrants et notamment l’importance d’une défense de leurs droits et de la lutte contre la xénophobie.  Il a demandé au Haut-Commissaire quelle était la contribution de ses services à ce processus et comment il entendait proposer de protéger les droits des migrants.  Le Maroc estime par ailleurs que les procédures spéciales représentent un outil de soutien et d’accompagnement des États en matière de promotion des droits de l’homme et a demandé au Haut-Commissaire quelles mesures il pourrait prendre pour améliorer la perception desdites procédures spéciales.

Le Qatar a déploré les « mesures unilatérales contraires au droit international » dont le pays est victime, affirmé que les pressions qu’il subit violent les droits de l’homme et la Charte de l’ONU, mais ajouté qu’elles ne pourraient pas empêcher le pays de poursuivre sa marche vers les droits de l’homme.

Le Brésil a insisté sur la nécessité de veiller à ce que toutes les personnes, partout dans le monde, puissent vivre dans la dignité et a déploré que les droits des personnes d’ascendance africaine ne soient pas abordés dans le rapport du Haut-Commissaire et a appelé à un redoublement d’efforts pour protéger les droits de ces populations.

L’Argentine a jugé très important de redoubler d’efforts en faveur des populations marginalisées et notamment à travers des financements suffisants des organes de défense des droits de l’homme.  Elle a demandé au Haut-Commissionnaire s’il pensait que le cadre juridique existant était suffisant pour protéger et promouvoir l’exercice de tous les droits de l’homme.

Plusieurs questions ont concerné le Conseil des droits de l’homme.  La Lettonie, qui s’est par ailleurs félicitée que le Bureau du Haut-Commissaire reste indépendant, a ainsi souhaité savoir quels changements le Haut-Commissaire envisageait pour renforcer la crédibilité du Conseil des droits de l’homme qui lui semble laisser à désirer.  Les États-Unis ont insisté sur le fait que les États qui violent les droits de l’homme n’ont pas leur place au sein du Conseil des droits de l’homme.  Le fait que des pays comme le Venezuela et le Burundi continuent de vouloir en être membres inquiète la délégation américaine, qui a regretté l’élection ce matin de la République démocratique du Congo audit Conseil.  Les États-Unis aimeraient savoir comment la communauté internationale devrait procéder pour empêcher que les principaux États violeurs des droits de l’homme se fassent élire au Conseil.  Le Japon, qui a rappelé que 2018 marquerait le soixante-dixième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme et que, dans cette perspective, l’ONU envisageait des réformes dans ce domaine, a souhaité savoir quelles mesures permettraient de rendre le Conseil des droits de l’homme plus efficient.

Élu aujourd’hui par l’Assemblée générale en tant que membre du Conseil des droits de l’homme pour la période 2018-2020, le Népal a, lui, remercié les délégations qui ont appuyé sa candidature et assuré de sa disponibilité à travailler avec le Haut-Commissaire.  L’Australie a, elle aussi, rappelé son élection ce matin même au Conseil des droits de l’homme, avant de demander au Haut-Commissaire sa position sur les mesures à prendre pour améliorer les relations entre États et société civile quant à la protection des droits de l’homme.  Elle a rappelé son opposition à la peine de mort et a déploré le retour en arrière de certains pays à ce sujet.   

L’Ukraine a réaffirmé son soutien aux travaux du Haut-Commissaire et s’est dite encouragée par la récente résolution sur la situation en Ukraine, jugeant que ses dispositions devraient être accrues.  À cette lumière, il a souhaité savoir quelles mesures permettraient un accès libre à la péninsule de Crimée.

L’Union européenne a souligné le rôle du Haut-Commissariat face aux violations des droits de l’homme et aux attaques contre ceux qui les défendent.  À cet égard, elle a souhaité savoir comment l’action du Haut-Commissariat aux droits de l’homme contribuait au programme du Secrétaire général en matière de prévention.

Le Royaume-Uni a dit soutenir le principe de ripostes d’urgence en cas de crise. À cet égard, il a souhaité savoir comment les États Membres pouvaient l’aider davantage et s’assurer que les droits de l’homme restent un élément clef pour soutenir l’édification de sociétés pacifiques. 

Le Cameroun a salué les efforts du Haut-Commissariat pour renforcer les capacités techniques et l’assistance aux États Membres dans la protection des droits de l’homme.  Mais, selon lui, beaucoup reste à faire pour la promotion des droits économiques, sociaux et culturels.  Il a également souligné que la situation d’insécurité posée par les groupes terroristes dans le bassin du lac Tchad compliquait sa tâche dans ce domaine.

L’État de Palestine s’est félicité que le Haut-Commissariat ait envoyé des lettres à plus de 150 entreprises ayant des activités dans le Territoire palestinien occupé afin de renseigner sa banque de données.  Il a souhaité savoir quelles autres entités effectuent des activités commerciales dans le Territoire occupé et si le Conseil des droits de l’homme publiera cette base de données à sa prochaine session.

Le Libéria, pays qui a reçu une forte attention de la part du Haut-Commissariat, a espéré que ce dernier continuerait d’apporter des réponses adéquates à la situation des droits de l’homme dans le pays.  Autre pays ayant reçu une assistance technique du Haut-Commissariat, l’Éthiopie a souhaité savoir quels programmes sont affectés par les contributions volontaires ciblées et de quelle manière ils le sont.  La délégation souhaite aussi savoir si le Haut-Commissaire a des recommandations à faire dans le cadre du Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières.

La Libye s’est félicitée de la visite du Haut-Commissaire sur son territoire et a espéré qu’elle mette en lumière les besoins du pays en matière de justice et de protection des droits de l’homme.  Mettant les violations à l’égard des migrants sur le compte de réseaux criminels qu’elle n’est pas en mesure de contrer, elle a estimé que le volume de l’aide internationale face à ce problème n’était pas à la hauteur des besoins. 

L’Azerbaïdjan a souhaité savoir ce que fait le Haut-commissaire pour les droits des personnes déplacées à l’intérieur de leur pays.

Dans ses réponses, M. ZEID RA’AD AL HUSSEIN, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, s’est dit fier de travailler pour un Haut-Commissariat qui subit autant de pressions, à la fois de la part des États et sur le terrain.  La situation est « compliquée », a-t-il souligné, ajoutant que l’on ne peut imaginer les pressions que subit son bureau.  Il a ajouté qu’aucun pays n’était exempt de reproches en termes des droits de l’homme et qu’aucun n’avait de bilan irréprochable.  Par ailleurs, et puisque personne n’est parfait, même le Haut-Commissariat fait des erreurs.  Il en a fait, a reconnu M. Zeid, qui s’est dit prêt à les reconnaître chaque fois que cela se produira.

À propos du rapport annuel devant l’Assemblée générale, M. Zeid a expliqué qu’il avait présenté ce rapport au Conseil des droits de l’homme en début d’année.  Mais, compte tenu du travail énorme que cela représente pour les équipes de terrain, il a souhaité préserver ses ressources.  Toutefois, si cette formule ne convient pas aux États Membres, il est prêt à réexaminer sa méthode.

Concernant la représentation géographique dans les effectifs du Haut-Commissariat, M. Zeid a rappelé qu’en 2016, environ 18% des nominations de personnels avaient profité à des personnes issues de pays sous-représentés ou pas du tout représentés. Il s’est engagé à augmenter ce chiffre.  S’agissant de la parité entre les sexes, en 2016 encore les chiffres indiquent que 59% des effectifs du Haut-commissariat sont des femmes, a précisé le Haut-Commissaire, s’engageant aussi à travailler vers une parité parfaite. 

Concernant le rééquilibrage entre tous les droits au sein des travaux du Haut-Commissariat, M. Zeid a assuré que tout était fait pour que les droits sociaux et économiques soient une réalité pour tous et qu’il continuerait de travailler en ce sens.  Pour lui, la meilleure manière de mettre tous les droits en avant, c’est d’abord de reconnaître leur interconnectivité, comme le stipule d’ailleurs la Déclaration et le Programme d’action de Vienne.  Concernant plus spécifiquement le droit au développement, le Haut-Commissaire a déclaré, sans donner plus de détails, que tout est fait par son bureau pour le rendre opérationnel.

À propos des migrants, le Haut-Commissaire a expliqué que son bureau avait déjà apporté des contributions à la préparation du Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières.  Il a aussi défendu une approche basée sur les droits de l’homme dans les politiques des États et une intégration de la problématique des migrants dans les deux pactes.  Le Haut-Commissariat a également élaboré des directives sur les migrants et une compilation de bonnes pratiques, a-t-il dit.  Par ailleurs, le Haut-Commissariat travaille aussi pour les personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays, comme le montre la mission qu’il a envoyée au Bangladesh. 

Concernant la question sur les financements à but précis, M. Zeid a dit souhaiter que le Haut-Commissariat soit financé autrement que par ce mode.  Il souhaite réduire la part de ces contributions dans le budget.

À propos de la coopération des États avec les mécanismes des droits de l’homme et les fonctionnaires du Haut-Commissariat, M. Zeid s’est déclaré satisfait que le nombre de pays ayant envoyé des invitations aux procédures spéciales ait atteint 110 États Membres et un non-membre.  Pourtant, a-t-il déploré, en dépit de ces chiffres, il reste des États qui ne tiennent pas leurs promesses ou restent rétifs à toute coopération. 

Répondant à l’Argentine, M. Zeid a confirmé que certains groupes de personnes ne disposaient pas d’instruments spécifiques pour la protection de leurs droits.  C’est pourquoi son bureau travaille sur la question de personnes âgées avec l’Assemblée générale des Nations Unies. 

Concernant la question de la composition du Conseil des droits de l’homme, M. Zeid a déclaré qu’une résolution de l’Assemblée générale devrait se pencher sur cette question.  

Le Haut-Commissaire s’est aussi dit préoccupé par le phénomène des représailles contre les personnes qui coopèrent avec les Nations Unies, d’autant qu’un rapport du Secrétaire général a alerté sur ce problème.  Il est nécessaire que les États coopèrent avec le Sous-Secrétaire général aux droits de l’homme sur cette question, a encore déclaré le Haut-Commissaire.  Cette coopération est également primordiale pour garantir un accès au Haut-Commissariat dans les territoires où il a besoin de se rendre pour surveiller la situation des droits de l’homme.  Cette coopération a manqué avec la Fédération de Russie, qui a refusé l’accès à la Crimée, au motif que la mission du Haut-Commissariat n’avait pas de compétences à se rendre en Crimée, car ce territoire n’appartenait plus à l’Ukraine, mais à la Russie, a-t-il ainsi expliqué. 

Répondant enfin à la question de la RPDC, il a dit avoir reçu une lettre en ce sens et préoccupante sur cette question.  Le Haut-Commissaire va engager des discussions avec les parties prenantes, a-t-il aussi assuré.

M. Zeid a également assuré que les violations des droits de l’homme commises par les groupes terroristes sont bel et bien documentées par la communauté internationale et par son bureau.  Cela dit, le Haut-Commissariat n’est pas composé de surhommes et ceux-ci essaient de remplir le mandat qui lui est donné par les États Membres.

Par ailleurs, a assuré M. Zeid, le Haut-Commissariat ne fait pas de différence entre les petits États et les grands États et ne les traite pas en fonction de leur taille, même s’il constate qu’il y a un groupe régional d’États puissants qui se croient au-dessus de tout reproche en matière des droits de l’homme. 

Concluant le dialogue avec les délégations, M. Zeid a également déclaré que, compte tenu que c’est probablement la dernière fois qu’il se présente devant cette Commission, 21 ans après sa première venue à New York et après avoir siégé à la Troisième Commission en 1996, il tenait à dire que le Haut-Commissariat se tiendrait toujours aux côtés de ceux qui en ont besoin.  Il a en outre remercié tous les personnels du Haut-Commissariat qui travaillent sur le terrain. 

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