Soixante-douzième session,
7e et 8e séances - Matin et après-midi
AG/SHC/4198

Promotion de la femme: la Troisième Commission relève des avancées, des défis et un engagement collectif nécessaire pour assurer le développement durable

La Troisième Commission, chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles, a entamé aujourd’hui l’examen de la question de la promotion de la femme. Au cours des discussions, il est vite apparu qu’en dépit de l’engagement des États, des instruments existants et d’avancées réelles, beaucoup restait encore à faire, compte tenu des défis identifiés.

La discussion a également permis aux États de présenter les mesures prises nationalement pour promouvoir les femmes et de réaffirmer leurs engagements à lutter contre toutes les formes de discriminations ou de violences à l’égard des femmes, en relevant des défis qui représentent non seulement un danger ou au moins des obstacles pour les femmes, mais aussi pour les objectifs communs de la communauté internationale, et notamment le Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Ainsi, la Secrétaire générale adjointe et Directrice exécutive adjointe d’ONU-Femmes, Mme Lakshmi Puri, a dressé un bilan mitigé de la suite donnée à la quatrième Conférence mondiale sur les femmes et à la vingt-troisième Session extraordinaire de l’Assemblée.

Mme Puri a affirmé que l’année écoulée avait permis de consolider les acquis en faveur de l’égalité des genres et l’autonomisation des femmes et des filles.  À titre d’exemple, un Groupe de haut niveau du Secrétaire général sur l’autonomisation économique des femmes a été créé et le Secrétaire général a lancé le mois dernier sa stratégie systémique qui vise à parvenir à une parité dans les niveaux élevés de responsabilité d’ici à 2021 et à une généralisation en 2028.

Mais, tout en présentant plusieurs rapports à la Troisième Commission,  Mme Puri a aussi relevé certains défis, comme l’urgence d’une action visant à éliminer les violences commises à l’encontre des femmes migrantes et à répondre à la dimension sexospécifique des migrations. 

Tout en reconnaissant elle aussi des avancées, la Rapporteuse spéciale sur les violences faites aux femmes, ses causes et conséquences, Mme Dubravka Šimonović, a pris note du débat existant entre les différents acteurs sur la nécessité de se doter d’un nouvel instrument international juridiquement contraignant tourné vers la protection des femmes, et plus spécifiquement sur la violence faite aux femmes, compte tenu des lacunes observées en la matière, notamment le manque de définition de la violence basée sur le genre.  Le débat interactif qui a suivi son intervention a confirmé ces divergences entre États, également divisés sur l’opportunité d’une cinquième conférence des Nations Unies consacrée aux femmes.

Pour la Présidente du Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes, Mme Dalia Leinarte, des progrès vont être possibles, grâce notamment à l’adoption par le Comité de sa recommandation générale no°35 qui étend désormais la définition de la violence faite aux femmes, à toutes les formes basées sur le genre, de façon à renforcer la compréhension des types de violences auxquelles elles sont soumises.

La quarantaine de délégations qui se sont exprimées aujourd’hui ont ensuite souligné l’étendue du phénomène auquel il leur faut faire face: selon les statistiques données par l’Union européenne, pas moins d’un tiers des femmes de la planète, toutes couches sociales confondues, ont été confrontées à la violence sous diverses formes, physique, psychologique, économique, comportementale ou sexuelle, dans leurs foyers, à l’école dans la rue et en ligne.  Dans les pays en développement, un tiers des filles sont mariées avant d’avoir atteint 18 ans, et un neuvième avant leurs 15 ans, sans oublier les mutilations génitales féminines dont elles sont victimes.

À ces situations de violences, s’ajoute le fait avéré que les femmes et filles accèdent plus difficilement que les hommes et les garçons à l’emploi, l’éducation, aux services de base, à la terre, au crédit ou aux postes à responsabilités, alors que bien souvent, elles sont aussi productives et entreprenantes que leurs homologues masculins, ont reconnu séparément l’Égypte au nom du Groupe des États d’Afrique, et l’Équateur, au nom du Groupe des 77 et la Chine.

L’injustice de cette situation est reflétée dans un rapport d’ONU-Femmes, qui montre que les femmes représentent 62% de la population active de la région d’Asie de l’Est et du Pacifique mais que l’écart salarial entre les hommes et les femmes y demeure élevé, avec des taux atteignant 42% en Asie du Sud-Est, contre 24% à l’échelle mondiale, comme l’a relevé la Thaïlande au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN).

Le tableau n’est néanmoins pas toujours sombre.  Ainsi, dans la région des Caraïbes, le taux d’accès des femmes aux études secondaires et tertiaires est plus élevé que celui des hommes.  De fait, l’écart entre les sexes sur le marché de l’emploi est réduit, a fait valoir le représentant d’Haïti.

Quoiqu’il en soit, les délégations ont toutes convenu que les discriminations dont souffrent les femmes ont des effets néfastes et font peser des menaces sur les droits de l’homme, les droits des femmes et sur le développement économique dans son ensemble.  Les hommes y ont d’ailleurs intérêt.  Une délégation a fait observer que des salaires plus élevés pour les femmes profitent à tous les membres du foyer, hommes et garçons inclus.

Dans ce contexte, tous les intervenants ont réaffirmé leur ferme engagement dans la mise en œuvre des instruments internationaux existants en matière de protection des droits des femmes, notamment la Déclaration et le programme d’action de Beijing, les document finals de la quatrième Conférence des Nations Unies sur les femmes, le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et son objectif 5 portant sur l’égalité entre les sexes, et bien entendu la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes. 

La Troisième Commission poursuivra son débat général sur la promotion de la femme demain, vendredi 6 octobre, à partir de 10 heures.

PROMOTION DE LA FEMME (A/72/38)

Promotion de la femme (A/72/93, A/72/134, A/72/207 et A/72/215)

Suite donnée aux textes issus de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes et de la vingt-troisième session extraordinaire de l’Assemblée générale (A/72/203 et A/72/220)

Dialogue avec la Secrétaire générale adjointe et Directrice exécutive adjointe d’ONU-Femmes

Mme LAKSHMI PURI, Secrétaire générale adjointe et Directrice exécutive adjointe d’ONU-Femmes, a noté que l’année écoulée avait permis de consolider la mise en œuvre des engagements globaux en faveur de l’égalité des genres et l’autonomisation des femmes et des filles.  En 2016, a-t-elle relevé, le Groupe de haut niveau du Secrétaire général sur l’autonomisation économique des femmes a été au centre des efforts d’accélération des progrès visant à la participation économique totale et entière des femmes.

Le travail de ce Groupe amplifie les recommandations issues de la soixante et unième session de la Commission de la condition de la femme.  À cet égard, a précisé Mme Puri, les femmes continuent de rencontrer des problèmes persistants alors qu’elles cherchent à entrer dans un monde du travail en changement.  Il est donc impératif de mettre en œuvre les recommandations de la Commission car, a-t-elle souligné, on ne peut attendre 2030 pour atteindre l’égalité des genres et l’autonomisation des femmes et des filles. 

Pour cette même raison, ONU-Femmes s’est associée à l’Organisation mondiale du Travail (OIT) et à l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) pour lancer, voilà deux semaines, la Coalition internationale pour un salaire égal.  À l’appui des lois et des régulations soutenant le principe d’une égalité de salaire entre hommes et femmes, cette initiative regroupe une série d’acteurs afin de soutenir les efforts, dans ce sens, menés par les gouvernements, les employeurs, les travailleurs et leurs organisations, ainsi que d’autres parties prenantes, a expliqué Mme Puri.

L’accent mis sur les résultats en faveur de femmes et des filles a été au centre des travaux du Forum politique de haut niveau de 2017, a poursuivi la Secrétaire générale adjointe, qui s’est félicitée que cette instance ait insisté sur l’intégration, dans un souci de cohérence, des stratégies d’égalité des genres dans les dispositifs nationaux de développement durable.

Indiquant avoir attentivement écouté les interventions de plus de 190 chefs d’État et de gouvernement, ministres et autres responsables gouvernementaux à l’occasion du débat général de cette soixante-douzième session de l’Assemblée générale, Mme Puri s’est dite encouragée par l’attention accordée aux questions de l’égalité des genres et de l’autonomisation des femmes, ce qui, selon elle, confirme l’importance qu’attachent les États Membres aux droits des femmes et aux opportunités qui leur sont offertes. 

ONU-Femmes a inclus dans son action l’impératif de la mise en œuvre de son Plan stratégique 2018-2021, a encore indiqué Mme Puri.  Ce Plan, a-t-elle expliqué, traite notamment des normes et des stéréotypes qui empêchent les femmes de parvenir à l’égalité.  Soucieux de sa mise en œuvre, le Secrétaire général a lancé, le mois dernier, sa Stratégie systémique sur la parité des genres, qui vise à parvenir à une parité dans les niveaux élevés de responsabilité d’ici à 2021 et à une généralisation en 2028, a souligné la Directrice exécutive, ajoutant que le rapport sur l’amélioration de la situation de femmes dans le système de l’ONU fournissait des recommandations complémentaires à cette Stratégie. 

Mme Puri a encore précisé que le rapport du Secrétaire général sur les mesures prises et les progrès relatifs dans le cadre du suivi de la Déclaration politique et du Plan d’action de Beijing et des textes issus de la vingt-troisième Session extraordinaire de l’Assemblée générale visait à soutenir cette dernière dans le contrôle de l’intégration par les gouvernements des perspectives sexospécifiques dans leurs travaux. 

Observant que l’objectif 5 de développement durable appelle à l’élimination de toutes les formes de violences faites aux femmes et aux filles, la Secrétaire générale adjointe a noté que le rapport du Secrétaire général sur les violences à l’égard des travailleuses migrantes mettait en lumière le besoin urgent d’une action visant à éliminer ces violences et à répondre à la dimension sexospécifique des migrations. 

La Directrice exécutive d’ONU-Femmes a enfin évoqué le rapport du Secrétaire général sur l’amélioration du sort des femmes et des filles en milieu rural, lequel, a-t-elle expliqué, reflète les efforts des États Membres, du système des Nations Unies et d’autres acteurs pour répondre aux défis que rencontrent les femmes et les filles en zones rurales, particulièrement les plus pauvres et les plus vulnérables.  À cet égard, elle a souligné que la recommandation 34 émise, en mars 2016, par le Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes contribuait à guider les États Membres dans leurs obligations concernant les femmes et leurs droits.  

Mme Puri a conclu son intervention en souhaitant que les engagements pour l’égalité de genre, l’autonomisation des femmes et les droits des femmes et des filles soient mis en œuvre d’une manière plus vigoureuse et systématique, avec l’appui des gouvernements et des autres acteurs impliqués.  Appelant les membres de la Troisième Commission à agir comme des catalyseurs vis-à-vis de leurs collègues des autres commissions et des instances intergouvernementales pour renforcer l’attention sur les perspectives sexospécifiques, elle a annoncé qu’ONU-Femmes présenterait au cours du mois d’octobre à la Deuxième Commission le rapport du Secrétaire général sur les femmes dans le développement.

Lors d’un bref échange avec la Secrétaire générale adjointe, le Royaume-Uni a dit appuyer la réalisation de la parité au sein du système des Nations Unies, tout en rappelant qu’il restait encore des progrès concrets à faire dans ce domaine.  Pour sa part, le Guyana a dit attendre avec impatience la coopération régionale entre ONU-Femmes et les pays de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), dont certains ont récemment subi de graves dommages du fait des ouragans.  Ces événements ont eu tendance à affecter les allocations budgétaires, y compris celles prévues pour les droits des femmes, a fait remarquer le Guyana.

Dans ses réponses, Mme PURI a déclaré que, au-delà même d’ONU-Femmes, des efforts étaient en cours dans d’autres instances des Nations Unies pour assurer l’intégration de la dimension de genre dans l’élaboration des politiques.  Un lien doit être fait avec l’objectif 5 du Programme de développement durable à l’horizon 2030, relatif à l’égalité des genres, a-t-elle dit.

Au sein du système de Nations Unies, plusieurs instances sont très proches de l’objectif de parité, a poursuivi Mme Puri, qui a toutefois averti qu’il ne s’agissait pas seulement d’une « question de numéros ».  Il s’agit de transformer les Nations Unies en un modèle pour les gouvernements et le secteur des entreprises.  Si l’Organisation des Nations Unies ne pouvait pas démontrer cela, qui le ferait, a-t-elle demandé. 

S’adressant ensuite directement à la délégation du Guyana, la Directrice exécutive d’ONU-Femmes a déclaré que son bureau travaillait en étroite coopération avec la CARICOM, y compris pour ce qui des ait des efforts à fournir en matière de résilience après les ouragans.

Dialogue avec la Présidente du Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes

Mme DALIA LEINARTE, Présidente du Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes, qui participait pour la première fois à un dialogue interactif avec la Troisième Commission, a indiqué que, ces 12 derniers mois, le Comité s’était penché sur diverses questions relevant de son mandat, notamment la manière de renforcer les impacts positifs du Programme de développement durable à l’horizon 2030 sur les femmes.  Le Comité a également adopté récemment sa recommandation no°35 sur la violence basée sur le genre et travaillé au renforcement des organes de traité.

 S’agissant du Programme 2030, le Comité a encouragé les États à lui présenter des rapports sur les efforts déployés pour atteindre les objectifs de développement durable, notamment dans leurs réponses à la liste de questions que le Comité adopte au cours de ses présessions, avant l’examen des rapports nationaux.  Le Comité a également contribué à formuler la méthodologie de sélection des indicateurs permettant d’évaluer l’égalité entre les sexes.  Il a dans ce cadre travaillé avec ONU-Femmes, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), la Banque mondiale et l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) pour développer ces indicateurs, a précisé Mme Leinarte.  Le Comité a aussi fait des propositions au Forum de haut niveau sur le développement durable, compte tenu de l’influence qu’a désormais acquis le Programme 2030 pour réaliser les droits des femmes.

S’agissant de la violence basée sur le genre, avec l’adoption de la recommandation générale no°35, le Comité actualise sa recommandation no°19 datant de 1992, a expliqué Mme  einarte.  La nouvelle recommandation étend la portée de la violence faite aux femmes, pour l’englober à toutes les formes basées sur le genre, de façon à renforcer la compréhension des types de violences auxquelles elles sont soumises.  Il faut en réalité comprendre que ces violences sont la conséquence ou sont liées à des types de violences sociales et non plus personnelles, a poursuivi la Présidente du Comité.  Parmi ces violences, il y a les discriminations.  La recommandation sous-entend donc de lutter contre les stéréotypes ou l’abrogation de toute loi qui excuse toute forme de violence faite aux femmes ou y incite.  Pour la première fois dans l’Histoire, ces violences peuvent être assimilées à la torture, a dit la Présidente. 

Sur le processus de renforcement des organes de traité, le Comité a tenu une réunion avec 71 États parties au cours de laquelle il les a informés de l’état de la mise en œuvre de la résolution 68/268 de l’Assemblée générale sur le renforcement des organes de traités.  Alors que ces organes évoluent et que le nombre de ratifications ne cesse de grandir, il se fait jour une plus grande demande de procédure de communications, a expliqué Mme Leinarte.  Malheureusement, ce nombre croissant de ratifications et de demandes d’enquête ne s’accompagne pas de ressources financières supplémentaires, a regretté la Présidente du Comité, qui a dit compter sur les États pour accroître leurs contributions financières. 

Lors du débat interactif avec la Présidente du Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes, le Japon s’est dit en accord avec les recommandations du Comité, notamment celles qui préconisent le renforcement des partenariats avec les instances gouvernementales et la société civile.  Il a souhaité savoir si le Comité avait pris l’initiative d’autres partenariats. 

La Suisse a félicité le Comité pour son travail et l’a encouragé à contribuer aux travaux du Forum politique de haut niveau sur le développement durable.  Elle s’est dite convaincue qu’un débat inclusif avec la société civile permettrait de mettre en œuvre les mesures préconisées par le Comité.  Préoccupée par les intimidations auxquelles la société civile reste confrontée, la Suisse a souhaité connaître les moyens à la disposition du Comité pour améliorer les outils dont dispose celle-ci et ainsi améliorer sa participation aux sessions du Comité.

La Slovénie a souligné son attachement à l’autonomisation des femmes et à leur égalité.  Elle estime que la Convention joue un rôle essentiel pour codifier les normes internationales en la matière.  Elle est toutefois préoccupée par la tendance actuelle qui veut que l’on porte atteinte de la Convention.  Elle a donc souhaité connaître les observations du Comité à cet égard et les conséquences de cette situation sur son travail.

L’Union européenne a encouragé les États parties à la Convention à lever leurs réserves.  Elle a aussi regretté les retards pris dans les présentations des rapports au Comité et dans leur examen.  L’Union européenne a souhaité en outre connaître les caractéristiques principales des violences transnationales faites aux femmes, y compris sur le plan technologique.

Le Royaume-Uni s’est dit très favorable à l’égalité des genres au plan national et international et s’est engagé à élargir l’application de la Convention à tous ses territoires d’outre-mer.  Dans ce cadre, il a souhaité en savoir davantage sur la mise en œuvre de la Convention dans la perspective de la réalisation des objectifs de développement durable à l’horizon 2030. 

Les Maldives ont exprimé leur soutien au Plan mondial contre les violences faites aux femmes, tout en reconnaissant que les mesures législatives ne suffisent pas.  Il faut rechercher les facteurs sous-jacents et cultiver une culture d’autonomisation, estime ce pays, qui a souhaité avoir des renseignements supplémentaires sur la méthodologie du Comité.

L’Irlande s’est félicitée que la procédure simplifiée mise en place par le Comité permette de tenir chaque État partie à la Convention responsable de l’évolution de la situation quant à l’égalité des genres et l’autonomisation des femmes et des filles.  Elle a souhaité connaître le point de vue de la Commission sur cette procédure simplifiée.  Le Liechtenstein a demandé comment améliorer l’efficacité dans la présentation des rapports.

État partie depuis 1984 à la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, l’Espagne apprécie le travail en cours visant à actualiser la recommandation générale no 19 -laquelle porte sur la violence à l’égard des femmes et date de 1992- en mettant l’accent sur la violence sexiste.  Elle a demandé comment s’effectuait la coordination entre le Comité et les autres organes des Nations Unies concernés, telles ONU-Femmes, pour faciliter la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Dans ses réponses, Mme LEINARTE a estimé que la procédure simplifiée de la présentation de rapport souffre d’un manque d’informations diversifiées et fiables.  Avec cette procédure, les États peuvent se rendre à Genève devant le Comité sans rapport écrit, a-t-elle expliqué.  Le Comité prépare une série de questions sans avoir eu de rapports écrits ni même d’informations sur lesquelles se baser.  Or, sans ces informations, le Comité ne peut préparer des questions pertinentes.  C’est la raison pour laquelle le Comité a décidé de repousser cette procédure, même s’il reconnaît que cette forme de présentation peut être constructive.  Il faudra assurer une meilleure coordination avec ONU-Femmes pour savoir comment aborder ce dialogue avec les États parties, a estimé la Présidente. 

Pour ce qui est de l’interaction entre le Comité et les mécanismes régionaux, Mme Leinarte a expliqué qu’une discussion sur ce thème avait déjà commencé avec la Commission de la condition de la femme, plusieurs mécanismes américains de lutte contre les discriminations touchant les femmes ainsi qu’avec la Rapporteuse spéciale sur les violences faites aux femmes, ses causes et conséquences, Mme Šimonovic.  Ce genre de discussion représente un début de coopération que le Comité souhaite systématiser, avec pour but d’avoir une déclaration commune sur la question des violences et discriminations faites aux femmes.  Une telle déclaration pourrait être précieuse, par exemple pour aider les États qui hésitent encore à ratifier la Convention du Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique, dite Convention d’Istanbul, a encore expliqué Mme Leinarte.  Enfin, elle a estimé à titre personnel qu’au lieu de chercher à avoir un nouvel instrument international sur les femmes, il serait préférable d’appliquer le cadre existant.  Les indicateurs d’évaluation que le Comité a aidé à élaborer pourront également être un bon instrument de mise en œuvre des cadres existants, a-t-elle aussi déclaré. 

Dialogue avec la Rapporteuse spéciale sur les violences faites aux femmes, ses causes et conséquences

Mme DUBRAVKA ŠIMONOVIĆ, Rapporteuse spéciale sur les violences faites aux femmes, ses causes et conséquences, a expliqué que son dernier rapport présenté, en juin dernier, au Conseil des droits de l’homme avait porté sur les services intégrés et les mesures de protection pour les femmes victimes de violences ou risquant d’en subir, dans un contexte où trop d’États perçoivent encore ces services comme des engagements volontaires et non des obligations au regard des droits de l’homme.  Le rapport contenait une série de recommandations, notamment la collecte de données sur les féminicides, les mesures de protection et le nombre de centre d’accueil et d’abris pour les femmes.

La Rapporteuse spéciale a également indiqué qu’au cours des deux dernières années, elle avait travaillé avec nombre de parties prenantes, dont des États Membres, des organisations de la société civile ou encore l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) pour développer des observatoires du féminicide.  À cet égard, elle a appelé les États qui ont ce genre de statistiques à les publier dans le contexte de la Journée Internationale pour l’élimination de la violence faite aux femmes.

Se tournant vers ses efforts pour renforcer la coopération entre divers mécanismes mondiaux et régionaux orientés vers la protection des femmes, Mme Šimonović a indiqué avoir rencontré le Secrétaire général pour lui proposer une institutionnalisation de cette coopération.  Le Secrétaire général l’a acceptée et demandé à ONU-femmes de la rendre opérationnelle.  Mais, compte tenu que cela demandera de nouvelles ressources financières, la Rapporteuse spéciale a lancé un appel aux États Membres pour qu’ils les fournissent.  Elle a aussi expliqué qu’elle avait approché le Fonds de contributions volontaires sur les violences faites aux femmes, qui a pour mandat de travailler avec les divers organes chargés de la question des violences faites aux femmes, dont le Rapporteur spécial.  Dans le cadre de sa coopération avec le Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes, elle a assisté à sa soixante-septième session et participé à l’élaboration d’une nouvelle recommandation générale.

La Rapporteuse spéciale a également abordé la question de l’adéquation du cadre international portant sur les violences faites aux femmes, évoquée dans un rapport présenté, il y deux ans, par son prédécesseur et sur laquelle elle est elle-même revenue dans un récent rapport présenté au Conseil des droits de l’homme.  Ce rapport a été élaboré sur la base de consultations menées avec tous les acteurs pertinents aux niveaux régional et international.

Il ressort de ce rapport que nombre d’acteurs sont favorables à un nouvel instrument international tourné vers la protection des femmes et plus spécifiquement sur la violence faite aux femmes, a expliqué Mme Šimonović.  Pour la Rapporteuse spéciale, un tel instrument permettrait entre autres de combler le vide juridique sur le manque de définition de la violence basée sur le genre.  D’autres acteurs en revanche n’y sont pas favorables, arguant qu’il suffit de renforcer les mécanismes existants et de leur pourvoir des ressources adéquates pour leur fonctionnement, a-t-elle reconnu.  Dans ce contexte, et même si la recommandation no°35 du Comité a beaucoup élargi la définition de la violence basée sur le genre, Mme Šimonović a jugé nécessaire de discuter de cette question au plan international, suggérant aussi l’idée d’un protocole facultatif à la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, qui serait consacré à cette question spécifique.

La Suisse a estimé que le cadre juridique actuel n’était pas suffisamment mis en œuvre, d’autant que la violence et les discriminations touchent encore les femmes dans un grand nombre de pays.  C’est pourquoi la Suisse a récemment ratifié la Convention d’Istanbul du Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique.

Autre partie à la Convention d’Istanbul, l’Union européenne a souhaité avoir le point de vue de la Rapporteuse spéciale sur l’utilité que pourrait avoir une cinquième conférence des Nations Unies sur les femmes.  Le Cameroun s’est dit sceptique sur la nécessité d’un nouvel instrument dédié aux droits des femmes et a souhaité savoir quel visage la Rapporteuse spéciale pensait donner à sa recommandation no 100 portant sur l’organisation de cette éventuelle cinquième conférence des Nations Unies sur les femmes.  Le Brésil en revanche a plaidé en faveur d’une telle conférence.

Prenant note du projet d’élaboration d’un nouvel instrument juridique pour traiter des violences faites aux femmes, les États-Unis ont toutefois estimé que la préparation d’une nouvelle convention risquerait de réduire la portée des instruments déjà existants.  Observant que certaines recommandations de la Rapporteuse spéciale n’ont pas fait l’objet d’un accord universel, ils ont noté que le rapport de cette dernière parlait d’écarts normatifs dans les cadres juridiques existants.  Ils ont souhaité savoir ce que sont précisément ces écarts.

Partisane elle aussi de l’utilisation des cadres existants, l’Australie a souhaité savoir comment ils pourraient améliorer les services d’assistance aux femmes victimes de violences.  L’Estonie estime, elle aussi, que les mécanismes actuels doivent être utilisés pour lutter contre les violences faites aux femmes.  De même, les Maldives appuient les appels de la Rapporteuse spéciale en faveur d’une utilisation rigoureuse des instruments juridiques existants et se prononcent, au-delà des législations, pour une culture d’autonomisation des femmes.

L’Espagne a rappelé qu’elle participait activement à toutes les instances internationales mettant l’accent sur l’amélioration du système de protection des femmes et des filles face aux violences qui leur sont faites.  Elle soutient aussi l’initiative Spotlight de l’Union européenne et de l’ONU ainsi que le cercle de dirigeants réunis par le Secrétaire général pour lutter contre les abus sexuels commis par les forces de maintien de la paix.  D’accord avec la Rapporteuse spéciale pour dire que l’application des normes existantes constitue la priorité, elle aimerait avoir des détails sur le Plan d’action et sa coordination à l’horizon 2030.

La Lituanie s’est interrogée sur le manque de cohérence entre divers mécanismes que la Rapporteuse spéciale a identifiés dans ses rapports et les solutions immédiates qu’elle envisage.  La Slovénie a voulu avoir des exemples de bonne coopération entre les mécanismes régionaux pour mieux protéger les femmes de la violence.  Le Royaume-Uni a estimé que la lutte contre les violences et les discriminations faites aux femmes ne peut se faire sans les hommes et a demandé à la Rapporteuse spéciale ce qu’elle comptait faire pour engager les hommes et les garçons dans cette lutte.

La Géorgie, visitée par la Rapporteuse spéciale en février 2016, a dit accorder une grande importance à ses recommandations.  L’État de Palestine a fait valoir que l’occupation israélienne avait des conséquences sur les droits des femmes palestiniennes en dépit des efforts du Gouvernement palestinien.  Le Danemark a souhaité savoir ce que la Rapporteuse spéciale entendait faire pour aborder la question du mariage des enfants et y mettre un terme.  

Le Canada a noté que le rapport sur les violences faites aux travailleuses migrantes examine le cadre international et analyse les mécanismes.  Ce rapport montre aussi le caractère central de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes et les limites des cadres juridiques existants.  Le Canada a rappelé qu’il avait annoncé une stratégie visant à empêcher les violences sexistes au travers de la prévention, de l’appui aux familles et de la promotion d’un système de justice responsable.  Notant que l’un des thèmes du rapport concernait le caractère fragmenté du cadre juridique actuel, le Canada a souhaité avoir plus de détails et savoir comment régler cette question.

La Norvège a estimé que la question des violences faites aux femmes et aux filles, notamment en milieu rural, était l’une des plus importantes s’agissant de la situation de femmes dans le monde.  À cet égard, elle a souhaité entrer davantage dans le détail et recueillir l’avis de la Rapporteuse spéciale sur les violences domestiques.

La République tchèque s’est félicitée du travail accompli par le Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes, notamment pour lutter contre les violences et les stéréotypes dont souffrent les femmes et les filles.  Elle a souhaité en savoir plus sur la plateforme Féminicide Watch et sur les efforts qu’elle prévoit dans le domaine de la prévention.

Dans ses réponses, Mme Šimonović a estimé qu’il était important de collecter les données et de les analyser aux différents niveaux: national, régional et international.  Le défi sera de trouver le moyen de coordonner les différents mandats et organes qui les collectent et de trouver des synergies communes pour se concentrer sur des résultats clefs, et voir ce qui fonctionne et qui ne fonctionne pas, a-t-elle dit.

La Rapporteuse spéciale a également observé qu’alors que les États-Unis s’opposent à l’idée d’un observatoire du féminicide, il existe dans ce pays des États, comme le Minnesota, qui disposent déjà de tels mécanismes.  À propos du projet de la cinquième conférence des Nations Unies sur les femmes, elle a estimé qu’une telle réunion pourrait permettre de développer et de partager des exemples de bonnes pratiques, d’autant que l’on voit que, dans certains pays, les étudiants en droit ou même les juges ne connaissent pas le Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes ou encore que certains États n’ont pas de lois spécifiques pour la protection des femmes, ou encore n’assurent pas la formation des officiers de police ou de juges et d’avocats.

Débat général

M. FABIAN GARCIA (Équateur), s’exprimant au nom du Groupe des 77 et la Chine, a réaffirmé le soutien total de celui-ci à la mise en œuvre de la Déclaration de Beijing en tant que cadre pour atteindre l’égalité de genre.  Il a également salué les progrès réalisés en la matière mais a reconnu que les inégalités perduraient, entre autres, dans la participation au marché de l’emploi et aux postes de direction, en termes de salaire et de revenus, de retraite, de normes sociales et de conditions de travail.  De même, les femmes de tous âges continuent d’être vulnérables en termes d’accès à la justice, soins de base et éducation, entre autres, a-t-il ajouté. 

Le représentant s’est dit inquiet que les femmes et les filles soient affectées de façon disproportionnée par les catastrophes naturelles.  « Les changements climatiques représentent un défi à la réalisation du développement durable et les femmes et les filles sont particulièrement atteintes par leurs effets négatifs » a-t-il affirmé.  Il a insisté sur le fait que ces dernières étaient des acteurs actifs de changement en relation avec l’adaptation et l’atténuation des changements climatiques.

Le Groupe des 77 et la Chine reconnait que les violences faites aux femmes et aux filles continuent d’être un obstacle majeur à l’accomplissement de l’égalité du genre et au renforcement des capacités faites aux femmes.  Il faut prendre toutes les mesures nécessaires pour empêcher, prévenir et éliminer toutes les formes de violences liées au genre dans les sphères publiques et privées, en particulier les féminicides, et permettre aux femmes handicapées, aux filles, femmes autochtones, afro-descendantes ou âgées, et à toutes celles en situation de vulnérabilité, de ne pas être sujettes à de multiples et graves formes de discrimination, a encore déclaré M. Garcia.

M. AMR ABDELLATIF ABOULATTA (Égypte), qui s’exprimait au nom du Groupe des États d’Afrique, a souligné les avancés du continent en matière d’égalité du genre et de renforcement des capacités des femmes tant dans le secteur public que dans les entreprises privées.  Il a toutefois reconnu que les femmes et les filles faisaient face à plus de difficultés que les hommes et les garçons, notamment à cause des violences faites aux femmes et aux filles, de pratiques traditionnelles telles que les mutilations génitales féminines, de l’exclusion des femmes des opportunités économiques, des obstacles juridiques à la propriété terrienne des femmes et à l’héritage ou encore du fait de la mauvaise qualité des soins de santé maternelle.  Ces défis « risquent de mener à un retour en arrière des avancées faite en Afrique en matière de renforcement des capacités des femmes », a-t-il estimé.

Le représentant a notamment reconnu que les femmes agricultrices avaient beau être aussi productives et entreprenantes que leurs homologues masculins, elles avaient moins accès à la terre, au crédit, aux intrants agricoles ou encore aux marchés.  « Les ménages continuent de se reposer sur les femmes et les filles pour la collecte de combustible solide » a-t-il notamment constaté.

Le Groupe des États d’Afrique soutient l’élimination de toutes formes de violence à l’égard des femmes.  Il estime que plusieurs facteurs, tels que la pauvreté et le manque de renforcement des capacités des femmes ainsi que la marginalisation résultant de leur non-inclusion dans les sphères sociale, économique et politique et des bénéfices de l’éducation et d’un développement durable, augmentent le risque de violences faites aux femmes.  Or, le Groupe des États d’Afrique estime que ces violences limitent le développement socioéconomique des communautés et des États ainsi que la réalisation du Programme 2030 » a-t-il signifié.

C’est pourquoi le Groupe appelle l’ensemble de ses États membres à améliorer leur législation de façon à aider les femmes à entrer sur le marché du travail et à s’y épanouir.  Il faut reconnaître les inégalités et les pratiques discriminatoires, notamment sexuelles et salariales, dont sont victimes nombre de femmes en Afrique, a ajouté M. Aboulatta.  Le représentant a plaidé pour un meilleur accès à l’éducation pour les filles, une amélioration des conditions de travail pour les femmes et un accès égal à l’emploi, autant de préconisations contenues dans la Déclaration adoptée en 2015 par l’Union africaine, qui demande en outre que les femmes accèdent davantage aux finances et à la création d’entreprises.  Dans ce contexte, le Groupe des États d’Afrique a réaffirmé son soutien au principe d’une parité 50-50 et à l’investissement en faveur des femmes et des filles, jugeant toutefois nécessaire d’entamer des réformes pour que les femmes aient accès aux mêmes ressources économiques que les hommes.

M. DENIS RÉGIS (Haïti) s’exprimant au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) a affirmé que les Caraïbes avaient connu de nombreuses améliorations dans les domaines de la condition économique et sociale de la femme.  Selon un rapport, le taux d’accès des femmes aux études secondaire et tertiaire est plus élevé que celui des hommes et de fait conduit à réduire l’écart entre les sexes sur le marché de l’emploi.  Autre exemple, les pays de la CARICOM ont atteint la parité en matière de représentants permanents auprès des Nations Unies.

Cependant, quelques inégalités persistent, associées notamment à la vulnérabilité des femmes, en particulier en milieu rural, a reconnu M. Régis.  Ainsi la Commission interaméricaine des femmes estime que l’accès à la terre, au crédit ou aux prêts pour financer des entreprises ou autres activités leur reste limité.  Pour répondre à ce défi, des campagnes de sensibilisation ont été lancées avec l’appui d’ONU-Femmes, a indiqué le représentant.

Les pays de la CARICOM sont en outre confrontés à la traite des êtres humains, et celle des femmes a augmenté dans la région, a déploré le représentant.  Les victimes sont souvent des femmes pauvres et vulnérables que des réseaux criminels internationaux exploitent à des fins sexuelles, dans le tourisme ou le travail illégal.  Pour lutter contre ces phénomènes, des législations spécifiques ont été adoptées par nombre de pays de la région.  Alors que la question de la migration est vue de manière positive par les pays de la CARICOM, le groupe voit d’un bon œil les États qui prennent des mesures pour lutter contre l’exploitation des travailleuses migrantes et apprécie dans ce sens le projet de pacte mondial pour une migration sûre, ordonnée et régulière, qui devrait être adopté en 2018.

M. NONTAWAT CHANDRTRI (Thaïlande), qui s’exprimait au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a souligné que le groupe régional, qui vient de fêter ses 50 ans, représentait un marché enregistrant l’une des plus fortes croissances dans le monde, ce que confirme la Banque mondiale dans son dernier rapport.  Dans ce contexte, a-t-il souligné, les femmes de la région contribuent de manière significative à cette croissance économique et se révèlent même être des atouts critiques.  En effet, une étude d’ONU-Femmes fait apparaître que les femmes représentent 62% de la population active de la région d’Asie de l’Est et du Pacifique.  Cependant, l’écart salarial entre les hommes et les femmes y demeure élevé: 42% en Asie du Sud-Est contre 24% à l’échelle mondiale.  L’ASEAN entend créer un environnement permettant de réduire cet écart, a indiqué le délégué.

Rappelant que l’égalité de genre est une priorité pour l’ASEAN depuis l’adoption en 1988 de sa Déclaration pour la promotion des femmes dans la région, il a noté que cette question était présente dans de nombreux textes de l’Association, notamment le Plan régional d’action pour l’élimination des violences faites aux femmes et la Convention de l’ASEAN contre le trafic des personnes, notamment les femmes et les enfants.  Pourtant, malgré ces avancées, il demeure des barrières.  Afin de les surmonter, l’organisation entend œuvrer à l’égalité de genre en offrant des opportunités économiques et sociales égales afin de permettre aux femmes de profiter de la prospérité régionale.

Le représentant a précisé que l’ASEAN travaillait en étroite collaboration avec ONU-Femmes pour faire progresser l’autonomisation des femmes, notamment dans le cadre de la mise en œuvre des objectifs 5, 8, et 10 du Programme de développement durable à l’horizon 2030, qui traitent respectivement de l’égalité de genre, de la nécessité d’un travail décent et de la réduction des inégalités.  À cet égard, a poursuivi M. Chandrtri, la Vision 2025 de l’ASEAN adoptée en novembre 2015 et le Programme 2030 sont complémentaires et se renforcent.  Les deux documents prévoient ainsi une feuille de route pour la mise en œuvre de la parité hommes-femmes, a encore relevé le délégué, avant de réaffirmer l’engagement de son groupe en faveur d’une société inclusive et sans laissés-pour-compte. 

M. HECTOR ENRIQUE JAIME CALDERÓN (El Salvador), s’exprimant au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), a déclaré que ses pays membres restent engagés dans la mise en œuvre de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing, tout autant que dans la mise en œuvre des documents finaux des conférences d’examen.  Les membres de la CELAC réaffirment également leur plein engagement à promouvoir l’égalité et l’équité entre les sexes autant que la promotion et l’autonomisation des femmes, y compris dans le cadre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Ils s’engagent parallèlement à éradiquer toutes les formes de violences à l’encontre des femmes, adolescentes et filles, à promouvoir leurs droits politiques, économiques et sociaux et à éliminer toutes les barrières sur leur autonomisation, grâce à des politiques spécifiques.  Car pour la CELAC, la promotion et la protection des libertés et droits fondamentaux des femmes doit être une priorité et un objectif, a déclaré le représentant. 

M. Jaime Calderón a ensuite déclaré que, si des progrès ont déjà été accomplis, la pleine mise en œuvre des engagements pris, y compris dans divers instruments internationaux, est désormais primordiale, d’autant que la condition de la femme continue de représenter un défi avec la paupérisation, la persistance des inégalités structurelles ou encore la marginalisation et les iniquités.  C’est pourquoi, encore une fois, les pays membres de la CELAC redisent leur ferme volonté de continuer de combattre toutes les formes de discrimination, les violences, y compris le féminicide, les mutilations génitales féminines, l’exploitation sexuelle, ou encore les mariages forcés.  Tous ces efforts seront orientés aussi en faveur des femmes migrantes et des femmes vivant en milieu rural, a ajouté le représentant.  À ces fins, les gouvernements des États membres de la CELAC ont établi un groupe de travail sur la promotion de la femme, avec l’aide de la société civile.  Ce groupe de travail s’est réuni en 2014, 2015 à San Salvador, en El Salvador, et en 2016 à Santo Domingo, en République dominicaine.

M. JERRY MATTHEWS MATJILA (Afrique du Sud), s’exprimant au nom de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), a indiqué que l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes faisaient partie de la vision de la SADC pour les années à venir.  Il a rappelé à cet égard que les États membres de l’organisation régionale s’étaient engagés en faveur de ces principes dès la signature du traité constitutif, afin de lutter contre les discriminations à l’encontre des femmes et leur marginalisation dans la société.  Il est essentiel, a-t-il ajouté, que les politiques visent à promouvoir l’égalité et que des mesures dans ce sens soient prises par tous les membres de la SADC.  Ces derniers soutiennent par ailleurs la pleine participation des femmes et s’efforcent de mettre hommes et femmes sur un pied d’égalité dans le cadre du plan de développement de l’Afrique australe.

Rappelant que le thème annuel adopté par la SADC était le partenariat avec le secteur privé dans le développement de l’industrie, le représentant a fait observer que, dans sa stratégie d’industrialisation, la Communauté soulignait l’urgence de parvenir à la parité et de reconnaître le rôle des femmes dans le processus industriel.  De plus, a-t-il dit, l’autonomie et la promotion des femmes contribuent à réaliser la parité et les objectifs du Programme 2030.  C’est pourquoi les chefs d’État et de gouvernement de la SADC ont signé une déclaration appelant à harmoniser les instruments nationaux et régionaux pour parvenir à la parité.

Toutefois, a concédé le délégué, ces efforts restent insuffisants: l’exclusion des femmes, la prévalence des violences sexistes, la faiblesse des investissements dans la protection sociale et les ressources limitées consacrées à l’autonomisation des femmes représentent quelques-uns des défis clefs auxquels la région est confrontée.

Mme JOANNE ADAMSON de l’Union européenne a déclaré qu’une femme sur trois sur la planète, appartenant à toutes les couches de la société, avait expérimenté la violence physique et ou sexuelle dans sa vie, que ce soit à la maison, à l’école, au travail, dans la rue ou en ligne.  Ces formes de violences affectent les femmes dans leur bien-être physique et mental et affectent également leur accès à une éducation de qualité ou à l’emploi, en plus de constituer un frein à leur avancement social, a déclaré le représentant, qui a cité de nombreux chiffres.  Ainsi, dans les pays en développement, une fille sur trois est mariée de force avant l’âge de 18 ans, une sur neuf avant ses 15 ans.  Dans d’autres cas, elles subissent des mutilations génitales féminines.  Tout cela représente une menace au bien-être de millions de femmes et filles partout dans le monde et exige de la communauté internationale qu’elle se penche sur les causes profondes de ces violences.

Des changements sont possibles, mais requièrent de la détermination et de l’action, a estimé le représentant.  C’est ce qu’a entrepris l’Union européenne, notamment le mois dernier, avec le lancement de l’initiative Spotlight, dont le but est de mettre fin à cette violence et qui a été dotée initialement d’un budget de 500 millions d’euros.  L’Union européenne réaffirme ainsi son engagement à lutter partout dans le monde contre cette violence, a affirmé la représentante. 

L’Union européenne a également récemment décidé de signer en tant que telle la Convention d’Istanbul du Conseil de l’Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique, afin de renforcer son cadre juridique existant et sa capacité à agir dans la région.  L’Union européenne a par ailleurs pris la tête de l’initiative « Appel à agir pour la protection contre la violence basée sur le genre dans l’urgence », qui regroupe plus de 60 pays, ainsi que des organisations internationales et non gouvernementales.  Cette initiative, a rappelé le représentant, vise à faire en sorte que tous les acteurs humanitaires travaillent ensemble à prévenir et guérir ces violences.

Mme PENNY MORTON (Australie), s’exprimant au nom du Canada, de l’Islande, du Liechtenstein, de la Nouvelle-Zélande, de la Norvège, de la Suisse et de l’Australie, a rappelé que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 reconnaissait un lien réciproque entre le renforcement des capacités des femmes et l’égalité de genre d’un part, et la réalisation du développement durable de l’autre.  Malgré d’importants efforts pour atteindre l’égalité de genre, les femmes, les filles et les adolescentes continuent d’être l’objet de discriminations, de violences et de pratiques nuisibles et se voient niées leurs droits au développement, a-t-elle ajouté. 

L’objectif 5 du Programme 2030 est crucial pour réaliser l’égalité de genre et le renforcement des capacités des femmes et des filles, y compris les points en lien avec l’élimination de la violence, des pratiques nuisibles, l’accès universel à la santé sexuelle et reproductive, a insisté la représentante.  Ce sont des réformes qui aideront les femmes à acquérir les mêmes droits aux ressources économiques ainsi qu’à la propriété et au contrôle de la terre, aux services financiers, à l’héritage et aux ressources naturelles.  « L’émancipation des femmes n’est pas un privilège – il est essentiel à la réalisation des droits de l’homme et un élément indispensable du développement durable » a encore déclaré la représentante.

Pour Mme YASUE NUNOSHIBA (Japon), l’égalité de genre et l’autonomisation des femmes est non seulement une condition préalable pour la promotion des droits de l’homme mais aussi un moyen de maximiser le potentiel des femmes.  C’est pourquoi, le Japon s’emploie à renforcer sa coopération internationale et son assistance au développement en vue de parvenir, dans le monde entier, à une « société où la femme rayonne ».  Les objectifs de développement durable ne pourront être atteints sans une égalité de genre et une autonomisation des femmes effective, a insisté la représentante, notant que l’objectif 5 du Programme de développement durable à l’horizon 2030 prévoit des solutions holistiques aux défis que rencontrent les femmes et les filles.

Réaffirmant le soutien du Japon à la Stratégie systémique sur l’égalité de genre annoncée par l’ONU, Mme Nunoshiba a fait état des engagements pris sur cette question par son pays depuis l’an dernier.  Elle a ainsi rappelé que lors de la troisième Assemblée mondiale pour les femmes, qui s’est tenue à Tokyo en décembre dernier, le Premier Ministre Shinzo Abe avait annoncé que le Japon s’engageait à consacrer 3 milliards de dollars sur trois ans à la promotion de la participation des femmes dans les pays en développement, avec pour priorité le respect des droits de l’homme, les conditions de leur autonomisation et la promotion de leur leadership dans les secteurs de la politique et de l’économie, y compris en matière de prise de décision. 

Le Japon, a poursuivi Mme Nunoshiba, s’est engagé à verser 50 millions de dollars pour le financement de l’Initiative pour l’entrepreneuriat des femmes « We-Fi », lancée par le G20 l’an dernier à Hambourg.  De surcroît, en tant qu’actuel membre non permanent du Conseil de sécurité, le Japon accorde une grande importance au thème des « Femmes, la paix et la sécurité ».  Par ailleurs, a encore précisé la déléguée, le Gouvernement maintient des relations de travail avec ONU-Femmes, dont il est devenu le deuxième plus important contributeur en 2016.  Dans ce contexte, le Japon continuera de mettre en œuvre ses engagements en faveur des femmes tout en appuyant les efforts collectifs pour y parvenir.

Mme LAETITIA KIRIANOFF CRIMMINS (Suisse) est revenue sur l’opportunité que représente le Programme de développement durable à l’horizon 2030 pour agir en faveur de l’égalité des sexes.  La représentante a ensuite mentionné la première stratégie de politique étrangère de son pays, publiée le mois dernier, dans laquelle la Suisse réaffirme son engagement à cet égard.

Centrant son propos sur le monde rural, Mme Kirianoff Crimmins a rappelé que, bien qu’aussi productives que les hommes, les femmes rurales faisaient face à de nombreuses discriminations, citant en exemple le fait que les exploitations agricoles du pays étaient transmises quasi automatiquement aux fils et non aux filles, du fait, a-t-elle précisé, de la tradition et non de la loi.  « Il faut accroître les efforts pour alléger la charge disproportionnée que les femmes assument en termes de travail domestique et non rémunérée » a également fait valoir la représentante.

Mme Kirianoff Crimmins a également insisté sur le renforcement des femmes au sein des organisations agricoles, à travers notamment la sensibilisation à l’importance des femmes dans ce milieu.  Elle a également mentionné le fait que les femmes rurales manquaient de connaissance en matière de santé sexuelle et de droits reproductifs et qu’il était nécessaire d’inclure les services de santé sexuelle dans les soins de santé de base, afin de garantir leur accessibilité sans discrimination et de réduire ainsi les mariages précoces.  Elle s’est déclarée déterminée à faire avancer le dialogue politique sur le domaine.  Elle a enfin constaté avec inquiétude que les femmes handicapées avaient des difficultés à accéder au marché du travail.

M. JULIO CÉSAR ARRIOLA RAMÍREZ (Paraguay) a expliqué que la Constitution de son pays garantissait l’égalité entre tous les citoyens indépendamment de leur sexe.  Cependant, le Paraguay reconnaît que des défis persistent encore en la matière.  C’est pourquoi le Gouvernement travaille, par des voies législatives et institutionnelles, pour cette égalité devienne une réalité.  Ainsi, le Ministère de la femme est en charge du troisième plan pour l’égalité et les mêmes opportunités entre hommes et femmes, qui couvre la période 2008-2017, avec une priorité donnée aux domaines de l’emploi décent, de l’éducation ou de la santé.  En matière législative, des lois sur la promotion et la protection des femmes ont été promulguées, dont une permettant l’ouverture de centres dédiés spécifiquement aux femmes, où elles peuvent trouver tous les services dont elles ont besoin.

Mme AANZI (Pays-Bas) a déclaré s’inspirer de son cas personnel de citoyenne néerlandaise d’origine marocaine pour témoigner de la difficulté des femmes à parvenir à l’égalité de genre et à une autonomisation effective.  Si des progrès indéniables ont été réalisés dans ce sens au cours des dernières années, y compris dans certains pays en développement, « nous vivons encore dans un monde qui appartient aux hommes », a-t-elle résumé.

Comme le montre le rapport Global Gender Gap du Forum économique mondial, les inégalités entre les hommes et les femmes demeurent la norme, et ce, malgré les efforts menés pour les réduire par les gouvernements, les institutions et la société civile, a constaté la déléguée, qui a salué le travail des organisations de femmes dans le monde entier.  Elle a cependant fait valoir que la question du statut des femmes n’était pas de la seule responsabilité des femmes et concernait également les hommes.  Les inégalités de salaire touchent aussi leur épouse et leur fille, a-t-elle ainsi souligné.  Elle a par ailleurs plaidé pour que, partout et à tous les niveaux, l’exemple soit donné en nommant des femmes à des postes de pouvoir et en favorisant la participation de femmes, y compris par le biais de quotas.

Mme JESSICA CUPELLINI (Italie) a estimé que la réalisation de l’objectif 5 (l’égalité entre les sexes) était au cœur du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et constituait une condition sine qua non du succès de tous les autres.  « Nous pensons que la véritable autonomisation commence par l’élimination des toutes les formes de violences faites aux femmes notamment les mutilations génitales féminines et les mariages précoces », a-t-elle déclaré. 

L’Italie a apporté une contribution de 1,4 million d’euros au Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) ainsi qu’une contribution de 1,8 million à l’UNICEF pour l’élimination des mutilations génitales féminines, a déclaré la représentante, à titre d’illustration des mesures prises par son pays au plan international.  Mme Cupellini a également rappelé que son pays préside actuellement le G7, où la question de l’égalité des genres a été placée au cœur de l’ordre du jour. 

Mme Cupellini a aussi déclaré que le pays avait mis la prévention des violences sexuelles et l’élimination de toutes formes de violences fondées sur le genre au cœur de ses activités d’aide au développement dans les pays en situation de conflit ou d’urgence humanitaire.  Elle est notamment revenue sur la question de la protection des migrantes et réfugiées, notant que les femmes représentaient la majorité des 66 millions de réfugiés, personnes déplacées et demandeurs d’asile dans le monde.  « Les femmes sont plus exposées à la violence, à la traite des personnes et à l’esclavage lorsqu’elles tentent de fuir leur pays », a encore rappelé la représentante.

M. KAI SAUER (Finlande) a déploré que les droits des femmes et des filles continuent d’être violés à grande échelle dans le monde.  Il s’est dit particulièrement préoccupé par les formes multiples de discrimination dont sont victimes les femmes, notamment les handicapées.  Ces dernières, a-t-il souligné, sont trop souvent confrontées à des choix qui affectent leur existence, que ce soit dans le domaine de l’emploi, de l’éducation ou encore de la sexualité.  Protéger leurs droits nécessite un changement de paradigme en matière de normes sociales et de nombreux pays sont encore loin d’y parvenir, a-t-il constaté.

Le représentant a par ailleurs estimé que le Programme 2030 avait permis de visualiser la difficulté de rendre effectifs les droits de femmes et des filles.  Nous devons concentrer les ressources et l’attention afin de garantir que ces droits sont partout respectés, dans les secteurs public et privé, a-t-il plaidé, jugeant que seule manque désormais l’action.  Saluant le travail effectué dans ce sens par ONU-Femmes, il s’est également félicité de l’initiative Spotlight, conjointe à l’Union européenne et à l’ONU, qui vise à contribuer à l’élimination des violences faites aux femmes.

Mme GENIE SUGENE GAN (Singapour) a déclaré que son pays avait mis en place un cadre légal qui protège les droits de tous les citoyens, y compris ceux des femmes.  Ainsi, les droits des femmes sont protégés par différents textes de loi tels que la Charte des femmes, le Code Pénal, le Code du travail et le Code de protection contre le harcèlement.

La représentante a également déclaré que tous les enfants, filles et garçons, avaient un accès égal à une éducation de qualité, ce qui a permis au pays d’atteindre en 2016 un taux d’alphabétisation de 95,4% des femmes résidentes âgées de 15 ans et plus.  Les femmes composent en outre 51,1% des étudiants à plein temps des universités de Singapour en 2015.

« Je suis heureuse de souligner que les femmes à Singapour sont de plus en plus impliquées dans les professions traditionnellement réservées aux hommes telles que l’ingénierie, la médecine et la politique » a poursuivi Mme Gan.  La représentation des femmes au sein du Parlement a augmenté de manière considérable pour atteindre 23,6% lors des dernières élections législatives, a-t-elle encore spécifié.  Et de noter que, depuis le mois dernier, Singapour avait accueilli la première femme présidente de son histoire. 

Beaucoup reste néanmoins à faire pour faire progresser l’égalité de genre, a reconnu la représentante.  Singapour a mis en place une commission pour la diversité en 2014 pour s’attaquer à la sous-représentation des femmes dans les postes de direction et vise le chiffre de 20% de femmes au sein des comités de direction, a-t-elle ajouté, avant de conclure sur le fait que Singapour se plaçait au onzième rang sur 159 pays dans le classement de l’index d’égalité du genre en 2016.

Mme TREUNO (Mexique) a estimé que parler du progrès des femmes était hélas une contradiction, puisque la situation des femmes n’est pas en adéquation avec les progrès de nombreuses sociétés en plein XXIe siècle, ni avec le travail accompli ces dernières décennies par l’ONU.  Observant « avec tristesse » qu’en juillet dernier le Forum politique de haut niveau n’avait pas incorporé dans sa déclaration ministérielle une référence aux droits humains lors de l’évaluation de l’objectif 5 de développement durable sur l’égalité du genre et le renforcement des capacités des femmes, la représentante a demandé: « Pourquoi retournons-nous en arrière? »

« Reculer sur les avancées accomplies par la communauté internationale n’est pas une option, encore moins quand aucun pays n’a accompli la pleine égalité de genre et que les femmes souffrent d’exclusion, de marginalisation, de discrimination, de violence et de féminicides » a poursuivi Mme Treuno.  Quand les femmes font partie de groupes vulnérables comme les autochtones, les réfugiées ou les personnes handicapées, leurs conditions sont encore plus difficiles, a encore fait observer la représentante, qui a insisté sur le fait que la question de genre « est une question de droit humain ». 

Mme Treuno a également insisté sur le fait que le Mexique rejetait le « faux dilemme » entre la promotion et la défense des droits sexuels et reproductifs et la protection des familles.  Les décisions à propos de la reproduction et de la sexualité, qui respectent le droit des femmes à disposer de leurs corps, vont plus loin que le simple domaine de la santé, a-t-elle affirmé, elles « soutiennent le renforcement des capacités personnelles qui favorisent nos familles et nos communautés et apportent des opportunités de développement éducatif, économique, social et culturel ».

Mme SALAZAR MUJICA (Pérou) a réaffirmé l’engagement de son pays vis-à-vis de la Déclaration et du Plan d’action de Beijing autant que pour le Programme du développement durable à l’horizon 2030.  À cette fin, le Pérou a développé des politiques en matière d’égalité et de lutte contre la violence touchant les femmes, comme le montre par exemple le Plan national contre la violence basée sur le genre couvrant la période 2016-2021.  Pour combattre cette violence, le plan mise sur la prévention et les changements socioculturels, a expliqué la représentante.   Parallèlement, le Pérou avance sur la question de l’autonomisation économique des femmes.  Il s’engage en outre à effectuer un suivi et une évaluation de ce programme.

M. MARTÍN GARCÍA MORITÁN (Argentine) a déclaré que garantir l’égalité de genre constituait une priorité pour son pays.  C’est pourquoi, dans le cadre de son premier plan national d’action pour la prévention, l’assistance et l’élimination des violences faites aux femmes, l’Argentine a pris l’engagement de travailler à la mise en œuvre de programmes de lutte contre la violence de genre et d’autonomisation intégrale des femmes et des filles.

Constatant que la violence vis-à-vis des femmes était une des violations des droits de l’homme les plus invisibles, le représentant a expliqué que son pays se félicitait du rapport de la Rapporteuse spéciale appelant les États Membres à se doter des instruments juridiques permettant de lutter efficacement contre ces abus.  L’Argentine salue aussi le rapport du Secrétaire général sur les violences à l’égard des travailleuses migrantes et son appel à garantir les droits de ces femmes dans le contexte du Programme 2030.  Si nous n’avons pas de femmes autonomisées, nous ne pourrons pas avoir de développement durable, a résumé le représentant.

Dans ce contexte, l’Argentine rejoint ce que déclare le Secrétaire général dans son rapport sur l’amélioration du sort des femmes et des filles en milieu rural, notamment pour ce qui est de la nécessité de tenir compte du potentiel de ces femmes et de faciliter leur intégration dans les domaines de l’éducation, de la santé, du travail et de l’inclusion financière et technologique.  L’Argentine est d’autre part préoccupée par la situation qui touche les femmes âgées, handicapées, LGBTI et autochtones, a ajouté le représentant, qui a noté que l’objectif de son pays était de parvenir à l’autonomisation de toutes les femmes, y compris celles se trouvant en situation de vulnérabilité ou victimes de violences.

Mme KABIA (Sierra Leone) a constaté qu’en dépit des grands efforts réalisés aux niveaux national, régional et mondial pour garantir l’égalité de genre et rendre possible l’autonomisation des femmes, les discriminations continuaient de prévaloir au détriment de la participation et de l’inclusion des femmes dans la société.  La Sierra Leone salue donc les rapports du Secrétaire général et considère en particulier que la violence faite aux femmes demeure un obstacle à la promotion des femmes.

Réaffirmant son engagement en faveur de la Déclaration sur l’égalité de genre, le délégué a rappelé que son pays avait lancé en 2009 un plan national destiné à mettre en œuvre les résolutions 1325 et 1820 du Conseil de sécurité relatives aux « femmes, la paix et la sécurité ».  Dans ce cadre, a-t-il dit, une place importante est consacrée à l’égalité de genre au sein des efforts de reconstruction et de réintégration.  La Sierra Leone considère enfin que l’autonomisation des femmes ne peut être atteinte sans une autonomisation économique des personnes et une assistance au développement. 

M. TEODORO LOPEZ LOCSIN, Jr. (Philippines) a déclaré que son pays présenterait, avec l’Indonésie, un projet de résolution sur la violence contre les femmes travailleuses migrantes lors de la présente session.  Il a rappelé qu’en 2016, sur 15 000 travailleurs migrants philippins, 77% étaient des femmes.  Ceci témoigne de l’importance capitale de cette question pour la délégation, a ajouté le représentant, qui a ensuite présenté les mécanismes dont disposent son pays pour favoriser le retour de ces travailleurs migrants, notamment un fonds dédié à l’assistance des Philippins de l’étranger ou encore une ligne de téléphone ouverte 24 heures sur 24 qui répond aux appels d’urgence des victimes d’exploitation ou de trafic des êtres humains. 

Le représentant a également cité un projet d’autonomisation économique des femmes, qui vise à permettre aux femmes d’améliorer la compétitivité et la durabilité des microentreprises.

Mme YANKSSAR (Arabie saoudite) a affirmé que son pays considérait la femme comme un agent de cohésion sociale et jugeait son intégration pleine et entière dans la société comme une nécessité.  Accorder aux femmes une place plus importante contribuera à la réalisation des objectifs de développement durable prévus dans le Programme 2030, a-t-elle souligné.

Afin de renforcer l’autonomisation des femmes, le Ministère saoudien en charge des questions sociales a pris des mesures visant à permettre aux femmes de bénéficier d’une plus grande flexibilité au travail, y compris en l’exerçant depuis chez elles.  Des textes législatifs visent par ailleurs à autonomiser les femmes et à prévenir les mariages précoces, a indiqué la représentante, ajoutant qu’un fonds a également été mis en place pour aider les femmes divorcées à vivre décemment.

En plus de ces textes, le Gouvernement saoudien a tout récemment autorisé les femmes à conduire des automobiles, notamment pour aller travailler, a rappelé la représentante.  Une loi prévoit par ailleurs des punitions sévères contre les abus sexuels et les violences contre les femmes.  Enfin, l’Arabie saoudite a augmenté la participation des femmes sur le marché du travail ainsi que dans la vie politique, économique et sociale du pays.  Des femmes exercent des postes à responsabilités dans l’éducation, la santé et la police, entre autres exemples.  Le pays poursuivra ses efforts dans ce sens, conformément à la Charia islamique, a assuré la représentante.

M. FREDERICO DUQUE ESTRADA MEYER (Brésil) s’est dit convaincu que la réalisation de tous les objectifs du Programme 2030 ne pourra devenir effective si les femmes et les filles n’ont pas la pleine jouissance des droits de l’homme et des libertés fondamentales.  C’est pourquoi, a-t-il expliqué, les États membres de la Communauté des pays d’expression lusophone, que préside le Brésil, ont fait adopter une résolution dans ce sens lors de la trente-sixième session du Conseil des droits de l’homme.

Soucieux de mettre en œuvre ses engagements en matière de promotion de l’autonomisation économique des femmes, le Brésil a par ailleurs adopté diverses initiatives au cours des dernières années, notamment le Programme pour l’égalité de genre et de race, qui vise à instaurer des relations de travail plus équitables et paritaires dans les secteurs public et privé, a souligné le délégué.  Le pays garantit également le droit à une éducation inclusive et de qualité à toutes les femmes et filles, tout en veillant à rééquilibrer le partage des responsabilités entre hommes et femmes, a-t-il ajouté.  Le congé paternité est ainsi passé de 5 à 20 jours et un soutien est prévu pour les femmes nourrissant leur bébé au sein.  Le Brésil s’emploie enfin à permettre l’autonomisation des femmes âgées, des handicapées, des autochtones, des LGBTI, des migrantes et des femmes infectées par le VIH/sida, tout en travaillant à l’élimination des violences et des discriminations basées sur le genre.  

Mme PENNY MORTON (Australie) a demandé des efforts continus à ONU-Femmes et aux autres instances des Nations Unies pour mettre en place un plan d’action systémique destiné à promouvoir l’égalité du genre.  La représentante a particulièrement insisté sur le problème du manque d’accès aux soins de santé reproductive et sur l’accès à l’éducation, ainsi que sur l’action de l’Australie en matière d’aide humanitaire.  « Nous devons nous assurer que les mots deviennent des actions, et faire progresser la sécurité économique des femmes pour réduire les écarts entre les hommes et les femmes », a-t-elle insisté.

Mme MARISELA EUGENIA GONZALEZ TOLOSA (Venezuela) a déclaré que la question de la promotion de la femme et de l’égalité entre les sexes tenait une place majeure dans les politiques gouvernementales du Venezuela, en harmonie avec les engagements pris au niveau international par le pays.  Un cadre juridique sans précédent a ainsi été adopté dans le pays, de façon à garantir le respect de tous les droits de l’homme et à éliminer toutes les formes de discrimination contre les femmes, a-t-elle expliqué.  Ces objectifs sont présents tant dans la Constitution que dans les autres cadres juridiques, a assuré la représentante.  Cela se traduit par exemple par le fait que 74% du budget national est investi dans le domaine social, avec comme priorité la lutte contre la féminisation de la pauvreté.  Il est en outre garanti un accès égal des garçons et des filles à l’éducation primaire et secondaire.  La représentanet a fait observer que plus de 60% des étudiants à l’université étaient des filles et que le taux de postes de travail féminins non rémunérés avait baissé de 16% à 7,5%.

Mme AUDRA PLEPYTĖ (Lituanie) a fait remarquer qu’au cours des décennies, l’ONU avait fait progresser l’égalité entre les genres ainsi que la reconnaissance des droits et des libertés fondamentales des femmes et des filles.  Pourtant, a-t-elle déploré, des millions de femmes à travers le monde continuent de souffrir de violations de leurs droits, de violences liées à leur sexe, de discriminations et d’inégalités, que ce soit dans l’éducation ou dans la vie de tous les jours.  De fait, tous les pays devraient faire un bilan de la situation des femmes sur leur territoire, dans leur législation et leurs pratiques, afin d’assurer la protection de droits durement acquis.

Pour sa part, la Lituanie est déterminée à respecter son engagement de mettre en œuvre la Déclaration et le Plan d’action de Beijing, tout en respectant ses obligations vis-à-vis de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes.  Soucieux de garantir une égalité des chances dans tous les domaines de la société, le Gouvernement lituanien actualise régulièrement le plan national dédié à cette question, a précisé la représentante, ajoutant que l’équilibre entre la vie privée et le travail constituait une autre de ses priorités.  Enfin, Mme Plepytė a précisé qu’une politique de « tolérance zéro » était désormais appliquée en Lituanie en ce qui concerne les violences faites aux femmes.

Mme AL-NASAIRI (Iraq) a rappelé que son pays était Partie à la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes et annoncé qu’il présenterait bientôt son rapport national 2018.  « Notre Constitution a toujours protégé la femme sur le plan politique et ceci en lui octroyant le droit de vote et de se présenter aux élections.  Ainsi 25% de nos parlementaires sont des femmes » a déclaré la représentante.  Elle a ensuite listé un certain nombre de lois protégeant les droits des femmes et mentionné qu’un bureau de police communautaire avait été créé pour prévenir la violence et recevoir des plaintes.

Mme Al-Nasairi a qualifié d’« énormes » les injustices et persécutions dont les femmes avaient été victimes dans les régions dominées par Daech.  Le Gouvernement a apporté son assistance aux femmes survivantes après la défaite de Daech, a-t-elle ajouté, précisant ensuite que les efforts se poursuivaient avec l’appui du Bureau de l’ONU à Bagdad.  Une stratégie nationale a été établie dans ce contexte, a-t-elle précisé, ajoutant que le 19 juin avait été désigné comme « journée de lutte contre les violences de genre ».  L’Iraq espère que davantage de mesures seront prises pour la promotion de la femme, a conclu la représentante, en rappelant que son pays est membre de la Commission de la condition de la femme jusqu’en 2021.

Mme LIKINA (Fédération de Russie) a estimé que le traitement des questions de l’égalité de genre et de l’autonomisation des femmes et des filles exigeait le regroupement des États intéressés par ces efforts.  Aux yeux de la représentante, la Déclaration et le Programme d’action de Beijing, les textes issus de la vingt-troisième Session extraordinaire de l’Assemblée générale et l’objectif 10 du Programme 2030 -Inégalités réduites- constituent une feuille de route solide en ce qui concerne l’amélioration de la condition de la femme.

Dans ce contexte, la Fédération de Russie considère comme positive l’action d’ONU-Femmes, en particulier l’adoption d’un programme de travail et d’un plan stratégique 2018-2021.  L’agence onusienne devrait cependant agir à la demande des États et avec leur acceptation, son rôle étant d’assurer un accompagnement auxiliaire et non de prendre des décisions intergouvernementales au sein de l’ONU, a fait valoir la déléguée.

Mme Likina a par ailleurs noté qu’un élément important dans la lutte pour l’égalité de genre avait été l’adoption par le Gouvernement russe d’une stratégie d’action destinée à protéger les intérêts des femmes.  Un conseil intégrant le pouvoir législatif et des représentants de la société civile a été créé à cette fin et œuvre en particulier dans les domaines de la protection sociale, de la lutte contre les violences et de l’élargissement de la participation des femmes à la vie de la société.  La représentante a conclu en appelant l’ONU à veiller à la parité dans tous ses aspects, observant que cette question n’était réglée dans aucun pays au monde.

M. AMJAD QASSEM AGHA (République arabe syrienne) a expliqué que la Constitution et la loi syrienne renforçaient le rôle de la femme syrienne et lui donnaient tous les droits pour qu’elle soit traitée sur un pied d’égalité avec les hommes.  « Nous faisons mieux que d’autres pays dans la région » s’est enorgueilli le représentant avant d’énumérer un certain nombre de dates-clefs dans l’histoire du pays.  Ainsi, en 1948, les Syriennes recevaient le droit de vote, la Syrie ayant été « le premier pays arabe à leur donner le droit d’entrée au Parlement ».  En 1973, une femme est effectivement devenue parlementaire pour la première fois.  Plus récemment, en 2016 une femme est devenue Présidente du Parlement alors qu’une autre a été Vice-Présidente du pays, a rappelé le représentant.

M. Qassem Agha a insisté sur le fait que la Syrie compte des femmes ambassadeurs, juges et, depuis peu, une femme Présidente du tribunal chargée de la lutte contre le terrorisme.  « Les femmes syriennes ont lutté pendant des siècles contre l’occupation ottomane et française, les femmes syriennes ont participé à la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme », a poursuivi le représentant.  M. Qassem Agha a encore ajouté que nombre de femmes syriennes avaient été assassinées pour avoir possédé un compte Facebook et que d’autres s’étaient suicidées parce qu’elles refusaient d’épouser un djihadiste ou un mercenaire, tandis que d’autres étaient enlevées et « mises dans des cages et vendues aux terroristes de el-Nosra et de Daech comme esclaves ».

M. Myo Zaw Lin (Myanmar) a déclaré qu’après avoir enduré des décennies de conflit armé et longtemps souffert du sous-développement, son pays désormais en paix s’efforçait à présent de construire une société centrée sur la personne avec, parmi ses priorités, la promotion de la condition des femmes.  Il s’emploie dès lors à placer l’égalité de genre et l’autonomisation des femmes au cœur de ses stratégies de développement, s’engageant à cet égard à mettre en œuvre les dispositions de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes.

S’agissant des discriminations à l’égard des femmes en milieu rural, le Myanmar entend appliquer l’article 14 de la Convention qui appelle tous les États parties à prendre les mesures appropriées dans ce sens.  Dans le pays, a précisé le délégué, 70% de la population vit en zone rurale et les femmes contribuent de manière significative à la production agricole nationale.  Un projet mené depuis 2012 en collaboration avec la Banque mondiale vise à faciliter l’égalité hommes-femmes dans les campagnes.

Le Myanmar s’attache enfin à lutter contre le trafic des femmes et des enfants, le plus souvent destinés à des mariages forcés hors de ses frontières.  Il a pour cela conclu des accords avec la Chine et la Thaïlande, en 2009, avant de ratifier la Convention de l’ASEAN contre la traite des êtres humains, a conclu le représentant. 

M. SUKHBOLD SUKHEE (Mongolie) a insisté sur le fait que la participation pleine et égale des femmes était une condition préalable au développement durable et inclusif, comme le confirment d’ailleurs le Programme 2030 et la Vision 2030 de la Mongolie pour le développement.  Mon pays, a avoué le représentant, connaît encore des problèmes liés à un accès limité à la santé reproductive, au manque d’autonomisation des femmes et à leur faible participation à l’économie.  La Mongolie a donc pris des mesures audacieuses pour améliorer le cadre juridique des droits de la femme.  La nouvelle loi contre la violence domestique, qui pénalise pour la première fois ce type de violence, est entrée en vigueur cette année et pour la consolider, cinq autres lois, y compris celle sur les victimes et la protection des témoins, ont été amendées.  En avril dernier, le Gouvernement a approuvé le programme 2017-2021 sur l’égalité entre les sexes, qui vise la participation égale des femmes dans les secteurs de la société et l’augmentation de leur taux de représentation dans la vie politique.  Avant cela, a précisé le représentant, la loi de 2015 sur les services à l’enfance avait déjà fait beaucoup pour résoudre le manque de crèches. 

Le défi, a reconnu M. Sukhee, est tout de même d’obtenir une mise en œuvre intégrale des textes adoptés et, compte tenu de la nature multisectorielle des questions, la mise en place de mécanismes de coordination et de partenariats interagences sera essentielle.  Coauteur de la résolution sur l’amélioration de la situation des femmes et des filles en milieu rural, la Mongolie s’apprête à en présenter la dernière mouture.  Ce faisant, a conclu son représentant, elle souligne que les femmes rurales sont des agents essentiels de la réduction de la pauvreté, jouant un rôle crucial dans la sécurité alimentaire et nutritionnelle des ménages pauvres et vulnérables, sans oublier leur contribution à la viabilité de l’environnement.  Leur rôle dans le développement durable n’est donc plus à prouver, a conclu le représentant.

Mme NGUYEN LIEN (Viet Nam) a noté qu’en dépit des efforts déployés en faveur de l’égalité et l’autonomisation des femmes, les stéréotypes sexistes consistant à donner la préférence aux hommes et le manque de connaissance de leurs droits par les femmes elles-mêmes continuaient à poser problème, au Viet Nam comme dans le reste du monde.  Pourtant, a-t-elle fait valoir, la participation des femmes dans tous les aspects de la société garantirait le succès de la réalisation des objectifs du Programme 2030.

Cette idée, a indiqué la représentante, est reflétée dans le système juridique vietnamien de façon cohérente.  Des dispositions visent ainsi à réduire les écarts existants entre les hommes et les femmes dans le secteur public.  Des femmes ont aujourd’hui des positions importantes dans le système politique, en tant que ministres ou parlementaires.  Dans le domaine de la protection sociale, le congé maternité a été allongé de 4 à 6 mois pour mieux protéger les femmes.

Mais la situation reste préoccupante pour les femmes en milieu rural, en raison notamment des effets des changements climatiques, a relevé la représentante.  Beaucoup de ces femmes dépendent en effet des ressources naturelles pour subvenir à leurs besoins, ce qui les rend plus vulnérables et sujettes à la pauvreté.  D’une manière générale, les femmes jouent un rôle important en faveur de la résilience et la société doit tenir compte de leur potentiel.  De fait, le Viet Nam continuera de se faire le « champion de la femme » et espère pouvoir compter sur le soutien de la communauté internationale, a conclu la représentante.   

Mme MORDICA SIMPSON (États-Unis) a souligné l’importance qu’il y a à ouvrir l’accès des femmes aux opportunités économiques.  Elle a rappelé que son Président avait fait de la promotion de la femme dans le monde des affaires une priorité.  En la matière, l’approche des États-Unis consiste à multiplier les partenariats avec le secteur privé, ce qui est essentiel pour surmonter les défis complexes, réduire les chevauchements et exploiter au mieux les ressources limitées.  Au mois de juillet dernier, les États-Unis ont annoncé leur intention de verser 50 millions de dollars à l’initiative sur le financement des femmes entrepreneures ou « We-FI », une facilité gérée par la Banque mondiale qui vise à élargir l’accès des femmes entrepreneures aux services financiers mais aussi à l’assistance technique. 

Les États-Unis collaborent aussi avec le secteur privé pour développer des programmes liant les femmes d’affaires de toutes les régions du monde, comme l’Alliance de l’artisanat, laquelle couvre un secteur qui est le deuxième plus grand employeur dans le monde en développement, générant quelque 32 milliards de dollars par an.  Les États-Unis et le secteur privé ont aussi créé des centres d’affaires pour aider les femmes à passer de l’économie informelle à l’économie formelle.  Certains centres ont d’ailleurs engagé des hommes et des garçons pour prévenir la violence fondée sur le sexe.  La représentante a aussi parlé de la décision de son pays d’organiser avec l’Inde, en novembre prochain, le sommet mondial de l’entreprenariat qui, cette année, aura pour thème « Les femmes d’abord, la prospérité pour tous », reconnaissant ainsi le potentiel énorme que représentent les femmes pour la croissance économique et la prospérité.

M. TORE HATTREM (Norvège) a rappelé que, dans le cadre du Programme 2030, plusieurs des objectifs de développement durable visent à rendre effectifs l’égalité de genre et l’autonomisation des femmes.  Mais le plus dur reste à faire, a-t-il souligné, à savoir atteindre les femmes les plus marginalisées, celles qui n’ont pas pris part aux progrès accomplis ces 15 dernières années dans la santé et l’éducation, parce qu’elles sont pauvres, vivent en milieu rural, appartiennent à des minorités ethniques ou sont handicapées.

Pour changer la donne et permettre aux sociétés de prospérer, il faut mieux exploiter les ressources, a plaidé le délégué.  À cet égard, l’égalité de genre a joué un grand rôle dans le passage de la Norvège de la pauvreté à la prospérité.  Aujourd’hui, les Norvégiennes occupent des emplois payés autant que leurs homologues masculins.  De plus, le produit intérieur brut du pays serait nettement inférieur à ce qu’il est aujourd’hui si l’emploi des femmes n’avait bondi entre 1972 et 2013.  De fait, a poursuivi le représentant, les femmes contribuent davantage à la prospérité du pays que le pétrole de la mer du Nord.  Il a enfin souligné qu’investir dans l’éducation était le moyen le plus sûr de permettre l’autonomisation des femmes et de promouvoir le développement durable. 

M. BUKOKA (Zambie) a déclaré que son pays était déterminé à mettre en œuvre le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et en particulier son objectif 5 sur l’égalité entre les sexes et l’autonomisation de toutes les femmes.  À cette fin, le Gouvernement zambien a adopté une nouvelle loi sur l’égalité et l’équité entre les sexes, qui vise, entre autres objectifs, à faciliter l’incorporation dans le cadre national de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes.  Dans le but de protéger davantage les femmes, des formations spéciales ont été données aux tribunaux et cours de justice du pays, afin d’accroître l’accès à la justice pour les victimes, a notamment expliqué M. Bukoka.

Le Gouvernement zambien reconnaît en outre l’importance d’un accès à l’éducation pour les filles.  Pour atteindre cet objectif, en particulier pour les filles vivant en milieu rural, il a mis en place le projet « Gardons les filles à l’école », qui vise plus de 14 000 filles défavorisées, a expliqué M. Bukoka.  Le projet devrait aussi bientôt viser 75 000 femmes vulnérables ayant des capacités entrepreneuriales.  Au regard du mariage forcé, la prévalence actuelle est de 31,2%, a reconnu le représentant, qui a toutefois rappelé que le taux était encore de 42% en 2014.  Cette baisse fait suite à une campagne de sensibilisation lancée en 2014, a-t-il expliqué.

Mme KHALVANDI (République islamique d’Iran) a déclaré que son gouvernement continuait de travailler à créer un environnement propice au développement et au droit des femmes.  La représentante a mentionné un nouveau programme sur cinq ans qui prévoit que 30% des postes dans les ministères soient réservés à des femmes.  Elle a rappelé que son pays plaçait l’éducation au cœur des efforts d’autonomisation des femmes depuis une décennie avant de dénoncer les sanctions imposées par les États-Unis à son pays « sous des prétextes douteux », affirmant qu’ils violent les droits des femmes.

Mme MARÍA EMMA MEJÍA VÉLEZ (Colombie) a déclaré que la réalisation de l’égalité de genre et le renforcement des capacités des femmes et des filles contribueraient de manière décisive au respect progressif des objectifs de développement durable.  Il n’est pas possible de réaliser le potentiel humain et d’atteindre le développement durable si nous continuons de nier à la moitié de l’humanité le plein bénéfice des droits humains et opportunités, a-t-elle ajouté. 

Les femmes, particulièrement les femmes rurales, ont été les protagonistes de la construction d’une paix stable et durable en Colombie, a poursuivi la représentante.  Pour Mme Mejía Vélez, le renforcement des capacités de ces femmes va de pair avec une participation effective sur le plan politique et la garantie du plein exercice de leurs droits, y compris sexuels et reproductifs. 

Mme FATMAALZAHRAA HASSAN ABDELAZIZ ABDELKAWY (Égypte) a indiqué que son pays avait lancé, le mois dernier, une stratégie destinée à permettre l’autonomisation des femmes.  Cette initiative vise principalement l’inclusion socioéconomique et politique des femmes et des filles, a-t-elle précisé.  Dans ce cadre, un conseil national a été chargé de mettre en œuvre les programmes, notamment pour faciliter l’accès des femmes à l’emploi et leur garantir une bonne qualité de vie.  Des campagnes d’information ont par ailleurs permis de sensibiliser plus d’un million de femmes au foyer sur les questions de discrimination et de violence ainsi que sur le rôle positif que peuvent jouer les femmes dans la lutte contre les extrémismes et les processus de résolution des conflits. 

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