Soixante-douzième session,
8e & 9e séances –matin & après-midi
AG/EF/3475

Deuxième Commission: Le développement durable, un pari toujours difficile pour les pays les moins avancés et les petits États insulaires en développement

« Il faut arriver à des engagements fermes dans le domaine du développement durable au moment où le multilatéralisme est contesté », a exigé le Président de la soixante-douzième session de l’Assemblée générale, M. Miroslav Lajčák, lors de son intervention, ce matin, devant la Deuxième Commission qui s’est penchée aujourd’hui sur le vaste sujet du développement durable.

« Il est essentiel que nous maintenions l’élan en accordant l’attention requise à tous les domaines du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et sans laisser aucun groupe de côté », a estimé M. Lajčák, ajoutant que cela suppose des financements adéquats.

Le Président de l’Assemblée a invité en particulier la communauté internationale à mettre l’accent sur l’inclusion de la jeunesse dans la mise en œuvre des instruments internationaux adoptés ces dernières années et à miser sur les sciences et les technologies nouvelles.

Certaines délégations, comme l’Arabie saoudite, le Qatar, l’Iraq et la République arabe syrienne, ont rebondi sur cette vision qui fait des jeunes un moteur du développement, en mettant l’accent sur les investissements à faire dans le secteur de l’éducation.  D’autres, comme la Mongolie, ont insisté sur le potentiel de la science et de la technologie pour accompagner et stimuler les efforts de développement durable, saluant au passage l’existence du Mécanisme de facilitation des technologies pour favoriser les transferts de technologie vers les pays en développement.

Deux ans après l’adoption du Programme 2030, du Programme d’action d’Addis-Abeba issu de la troisième Conférence internationale sur le financement du développement et de l’Accord de Paris sur les changements climatiques, les perspectives restent inquiétantes pour les pays les moins avancés (PMA) et les petits États insulaires en développement (PEID), ont souligné de nombreuses délégations. 

Si le taux de croissance moyen des 47 PMA n’a pas dépassé les 3,8% en 2015, ce qui reste largement en dessous de l’objectif des 7% fixés par le Programme d’action d’Istanbul en faveur des pays les moins avancés pour la décennie 2011-2020, les PEID ont dû, en plus, essuyer des dégâts et des pertes considérables suite à des catastrophes naturelles.

Comme l’a expliqué le porte-parole de l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS), le développement durable reste un objectif impossible à atteindre s’il faut continuellement réallouer les maigres ressources des PEID aux efforts de reconstruction.  Pour répondre à leurs préoccupations, ces pays attendent donc avec intérêt la prochaine Conférence des Parties (COP23), à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques surnommée la « COP des îles », qui doit avoir lieu à Bonn en novembre 2017 et qui est organisée par les Fiji.

Une autre préoccupation exprimée par le représentant des PMA est la tendance actuelle de vouloir confondre les fonds de réponse d’urgence aux catastrophes naturelles avec l’aide publique au développement.  Les PMA, parmi d’autres, ont aussi appelé au financement du Fonds vert pour le climat afin de mobiliser 100 milliards de dollars par an d’ici à 2020 pour mettre en œuvre l’Accord de Paris.  Certains pays, comme Monaco, ont mentionné leur contribution au Fonds vert, pendant que l’Éthiopie donnait un exemple d’utilisation de ressources tirées de ce fonds.

Parmi les textes que les délégations veulent voir appliquer, en plus du Programme 2030, les Orientations de Samoa dédiées au développement des PEID ont été évoquées à maintes reprises et notamment par le Groupe des 77 et de la Chine.  Cette feuille de route, adoptée en 2014, doit faire l’objet d’une évaluation à mi-parcours en 2019, a rappelé le délégué du Forum des îles du Pacifique, une échéance que ces pays attendent pour ajuster le tir en termes d’aide au développement et de partenariats. 

En outre, le renforcement de la résilience des PEID ne peut que bénéficier de la mise en œuvre du Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe, a fait valoir le représentant des petits États insulaires en développement du Pacifique, en dénonçant toutefois les difficultés que rencontrent ces pays pour accéder à un financement suffisant et prévisible dans ce domaine.

L’une des initiatives récentes pour répondre aux besoins de financement dans ce domaine est le Dispositif mondial de réduction des effets des catastrophes et de relèvement, a indiqué à cet égard le Représentant spécial du Secrétaire général pour la réduction des risques de catastrophe, M. Robert Glasser.  Il s’agit d’un partenariat d’envergure planétaire créé par la Banque mondiale pour fournir un capital d’amorçage et un appui pour intégrer la gestion des risques de catastrophe dans les plans de développement nationaux.

D’autres rapports ont été présentés à la Commission dans la matinée, notamment par M. Liu Zhenmin, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales ; Mme Jan Beagle, Secrétaire générale adjointe chargée de la gestion ; et M. Cihan Sultanoglu, du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).  Mmes Monique Barbut et Cristiana Pasca Palmer ont fait des présentations par visioconférence respectivement sur la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification et sur la Convention sur la diversité biologique, tandis que Mme de Caen du PNUD a parlé de la marée noire sur les côtes du Liban et M. Rahman, de l’Organisation mondiale du tourisme, du tourisme durable et du développement durable en Amérique centrale.

La Commission poursuivra son débat général sur le développement durable, demain, mardi 10 octobre, à 10 heures.

Allocution du Président de la soixante-douzième session de l’Assemblée générale

M. MIROSLAV LAJČÁK, Président de la soixante-douzième session de l’Assemblée générale, a invité à « prendre des engagements fermes dans le domaine du développement durable à une époque où le multilatéralisme est contesté ».  Au moment où la communauté internationale se trouve à une conjoncture critique, avec un impératif de résultats dans la mise en œuvre de programmes ambitieux comme le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et l’Accord de Paris sur les changements climatiques, il a jugé essentiel de maintenir l’élan en accordant l’attention requise à tous les sujets et sans laisser aucun groupe à la traîne. 

Cela suppose, pour M. Lajčák, de trouver et de débloquer les financements nécessaires aux exigences du développement durable, en vue de ne plus accuser de retard.  Il a invité la communauté internationale à mettre l’accent sur l’inclusion de la jeunesse dans la mise en œuvre de ces instruments et à miser sur les sciences et technologies nouvelles pour relever les défis du développement durable, saluant au passage la réunion conjointe que la Deuxième Commission tiendra avec le Conseil économique et social (ECOSOC) sur ce sujet.

 « Travaillons de façon plus stratégique, plus responsable et en restant axés sur les résultats », a demandé M. Lajčák, en insistant sur le fait qu’il faut adopter des politiques générales pour améliorer la vie des gens.  Il a exprimé son leitmotiv qui est de « connecter les Nations Unies aux peuples, et les peuples aux Nations Unies ».

DÉVELOPPEMENT DURABLE (A/72/75–E/2017/56, A/72/174, A/72/216, A/72/343, A/72/343/Corr.1 et A/72/353)

Déclarations

M. DIEGO FERNANDO MOREJÓN PAZMIÑO (Équateur), s’exprimant au nom du Groupe des 77 et de la Chine (G77), a souligné l’importance du principe de responsabilité commune mais différenciée, et de tous les autres principes arrêtés à la Conférence des Nations Unies sur le développement durable (Conférence de Rio+20) en 1992.  Pour mettre en œuvre tous les accords internationaux adoptés ces dernières années par la communauté internationale, il a recommandé de renforcer les partenariats mondiaux, en particulier pour soutenir les pays en développement en visant notamment un meilleur financement du développement, le transfert des technologies à des conditions favorables, le renforcement des capacités et de l’assistance technique et la promotion d’un système commercial multilatéral universel, réglementé, ouvert, non discriminatoire et équitable. 

Le représentant a souligné combien il est important de mettre en œuvre le Programme d’action pour un développement durable (Action 21), même si le nouveau programme de développement à l’horizon 2030 doit être le centre de toutes les attentions.  De même, il a plaidé pour l’application des Orientations de Samoa dédiées au développement des petits États insulaires en développement (PEID).  Dans ce domaine, le G77 prône une approche qui place les gens au centre des pratiques et qui accorde une attention particulière aux pays en développement les plus vulnérables, notamment les pays formés d’archipels ou encore ceux ayant une large ouverture maritime.

Pour le G77, les changements climatiques, la désertification, la dégradation des terres, la sécheresse, les tempêtes de sable et de poussière et la perte de la biodiversité sont des phénomènes interconnectés.  Cela signifie que leurs effets combinés se démultiplient, a souligné le représentant en se désolant qu’ils présentent autant d’obstacles au développement durable des pays en développement.  De ce fait, la communauté internationale doit coopérer pour apporter des solutions, en accord avec des instruments pertinents tels que la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification et la Convention sur la diversité biologique.

Le G77 a également invité la communauté internationale à former les personnes sur les questions de développement durable aux niveaux d’enseignement primaire, secondaire et tertiaire, y compris dans le cadre de l’enseignement technique et professionnel, afin que les populations aient accès à une information qui leur permette de participer pleinement au développement durable.

M. Morejón Pazmiño a par ailleurs déploré que les résolutions de l’Assemblée générale portant sur « la marée noire sur les côtes libanaises » n’aient pas été mises en application, et il a invité les États, les organisations internationales et d’autres parties prenantes à intensifier leur soutien au Liban sur la question.

Le G77 rappelle par ailleurs que la planète Terre et ses écosystèmes sont « notre demeure », et que la « Terre mère » est une expression commune dans de nombreux pays et régions du monde.  À cet effet, le représentant a salué le dialogue interactif sur l’harmonie avec la nature qui a eu lieu le 21 avril dernier, et il a souhaité que les sociétés reconsidèrent la manière avec laquelle elles interagissent avec la nature, notamment dans l’optique du développement durable.

M. TEODORO LOPEZ LOCSIN, JR (Philippines), qui s’exprimait au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a indiqué que la gestion des catastrophes était l’un des domaines de coopération prioritaires du partenariat entre l’ONU et l’ASEAN.  Le troisième dialogue stratégique sur la gestion des catastrophes de l’ASEAN, qui s’est tenu le 18 août à Singapour, a été marqué par un échange de lettres entre le Coordonnateur de l’assistance humanitaire de l’ASEAN et le Coordonnateur des secours d’urgence de l’ONU.

Le délégué a ensuite rappelé la richesse de la biodiversité de la région couverte par l’ASEAN.  Alors qu’elle ne représente que 3% des terres, la région abrite 18% de la faune et de la flore mondiales et 30% des barrières de corail, a-t-il dit.  M. Locsin a redit l’engagement de l’ASEAN en faveur de la mise en œuvre du Plan stratégique 2011-2020 pour la diversité biologique.  Cet engagement a été exprimé lors de la treizième réunion de la Conférence des parties à la Convention sur la diversité biologique qui s’est tenue au Mexique en décembre 2016.

Enfin, vivement préoccupé par les conséquences des changements climatiques, le représentant a souligné l’importance de l’Accord de Paris et exhorté les pays développés à intensifier leurs efforts pour promouvoir des villes résilientes et à faibles émissions de carbone dans les pays de l’ASEAN.

M. KEITH HAMILTON LLEWELLYN MARSHALL (Barbade), au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a indiqué que les ouragans tels qu’Irma et Maria qui ont récemment frappé la région des Caraïbes témoignent de l’acuité de la menace posée par les changements climatiques.  Entre 1980 et 2015, les pays des Caraïbes ont essuyé près de 390 catastrophes, a-t-il dit, ajoutant que ces catastrophes avaient causé une diminution annuelle de 2% du produit intérieur brut (PIB) de la région.  Le délégué a déclaré que l’Accord de Paris sur les changements climatiques était un jalon historique, avant de souligner les attentes de la CARICOM autour de l’événement de haut niveau sur le climat que doit organiser le Secrétaire général en 2019.

M. Marshall a ensuite demandé que la Deuxième Commission débatte des vulnérabilités particulières des pays des Caraïbes.  Parmi ces vulnérabilités, le délégué a cité l’extrême pauvreté, les maladies non transmissibles, les changements climatiques et la question de la dette.  Enfin, le délégué a redit l’engagement de la CARICOM en faveur du Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe 2015–2030 et de la Convention sur la diversité biologique.

M. SHAMEEM AHSAN (Bangladesh), qui s’exprimait au nom des 47 pays les moins avancés (PMA), a rappelé que le taux de croissance moyen de ces pays était de 3,8% en 2015, ce qui reste largement en dessous de l’objectif des 7% fixé par le Programme d’action en faveur des pays les moins avancés pour la décennie 2011-2020.  Cela n’empêche pas les PMA d’intégrer les objectifs de développement durable dans leurs politiques et programmes nationaux.  Cependant, les changements structurels nécessaires dans ces pays exigent une coopération internationale et régionale plus musclée, ainsi que des financements à la hauteur des directives du Programme d’action d’Addis-Abeba, a-t-il poursuivi.  Dans cet esprit, il a plaidé en faveur d’un mécanisme de suivi efficace de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, estimant que le Forum politique de haut niveau pour le développement durable devrait en rester la plateforme centrale.

Une autre exigence des PMA est l’inclusion de tous les pays dans les processus de prise de décision et dans les réponses à apporter en termes de résilience par rapport aux changements climatiques et aux catastrophes naturelles.  Les PMA lancent aussi un appel à la pleine mise en œuvre de l’Accord de Paris, ainsi qu’au financement du Fonds vert pour le climat afin de mobiliser 100 milliards de dollars par an d’ici à 2020.  À ce sujet, le représentant a souligné que les fonds de réponse d’urgence aux catastrophes naturelles ne doivent pas être inclus dans l’aide publique au développement, mais être des fonds à part.

La désertification et la dégradation des terres frappent les PMA de manière disproportionnée et freinent leur développement, a aussi fait remarquer le représentant en signalant qu’un million d’hectares de terres en Afrique uniquement en sont affectées, ce qui représente une perte de l’ordre de 9 milliards de dollars par an.  La faim, l’instabilité politique et les déplacements de personnes qui en découlent directement doivent faire l’objet d’une mobilisation internationale, a-t-il exigé.

S’agissant de l’accès aux services énergétiques à coût abordable, M. Ahsan a salué les progrès enregistrés dans les PMA puisque le taux d’accès à l’électricité y est passé de 32,3% en 2010 à 38,3% en 2014.  Ces progrès n’ont toutefois que peu bénéficié aux populations rurales, a précisé le représentant qui a plaidé en faveur d’investissements plus grands dans ce domaine et demandé un meilleur accès aux technologies nécessaires pour passer aux énergies renouvelables.

Mme MARIYAM MIDHFA NAEEM (Maldives), qui s’exprimait au nom de l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS), a remercié le Secrétaire général d’avoir mis l’accent sur la situation spéciale de ces pays dont le développement durable est freiné à la fois par les risques de catastrophes naturelles et les répercussions de ces catastrophes sur la sécurité alimentaire, ainsi que par leur manque d’accès aux énergies renouvelables.  Les changements climatiques représentent la plus grave menace pour la survie de ces pays, a poursuivi le représentant.  En effet, a-t-il expliqué, le développement durable reste impossible s’il faut continuellement réallouer les maigres ressources des PEID aux efforts de reconstruction.   « Passer à un développement plus vert et plus durable et renforcer les mesures de résilience climatique dans tous les secteurs ne représente pas un objectif abstrait mais bien une nécessité », a-t-il martelé.

Saluant la récente Conférence mondiale sur les océans, le délégué a relayé l’appel lancé dans le document final (L’océan, notre avenir: appel à laction) pour agir sans plus attendre en vue de préserver les océans et garantir une utilisation durable des ressources marines.  Toutefois, a estimé le représentant, les progrès ne seront possibles que si des partenariats et des financements durables sont prévus, ainsi que des modalités de transfert de technologies.  D’ailleurs, sur la question des prêts à conditions favorables pour les petits États insulaires en développement (PEID), il a exigé à nouveau que l’on utilise un autre critère que celui du revenu par habitant en vue de mieux refléter la vulnérabilité de ces pays.

S’agissant du suivi des Orientations de Samoa, les PEID encouragent le dialogue ouvert au sein du Forum politique de haut niveau pour le développement durable, en vue d’identifier des solutions et des domaines de collaboration dans le cadre du développement durable.  Ils attendent avec intérêt l’évaluation à mi-parcours de ces orientations, a indiqué la délégation.

M. ROBERT SISILO (Îles Salomon), au nom des petits États insulaires en développement du Pacifique, a insisté sur les vulnérabilités des petits États insulaires en développement (PEID), au regard notamment des conséquences des changements climatiques.  Il a rappelé que le Corps commun d’inspection de l’ONU, qui vient d’achever son examen du système de soutien aux PIED, avait formulé des recommandations afin de traduire en pratique les promesses du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et des Orientations de Samoa.  Il est crucial de mettre en œuvre ces recommandations, a insisté M. Sisilo.

Pointant « l’indescriptible dévastation » découlant des extrêmes événements climatiques qui ont frappé la région, le délégué a plaidé pour le renforcement des capacités et de la résilience des PEID, dans le droit fil du Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe.  Le représentant a notamment souligné les difficultés que rencontrent ces pays pour accéder à un financement suffisant et prévisible dans ce domaine.  Il a expliqué que les critères retenus pour définir l’accès à ce financement ne reflètent pas la réalité sur le terrain.  Enfin, le délégué a voulu que la question cruciale des océans soit traitée comme il se doit dans les travaux de la Commission.

M PABLO JOSÉ SORIANO MENA (El Salvador), s’exprimant au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), a souligné que chaque pays fait face à des défis et besoins particuliers dans la recherche du développement durable.  Il a rappelé que le Forum politique de haut niveau sur le développement durable était le forum approprié de revue et de suivi de la mise en œuvre des objectifs de développement durable à l’horizon 2030.  Qu’il soit placé sous les auspices du Conseil économique et social (ECOSOC) ou de l’Assemblée générale, la CELAC estime que le Forum politique doit aller au-delà des « discussions académiques » et fournir des orientations politiques pour l’avènement du développement durable.  La CELAC souligne la dimension régionale du développement durable et insiste sur le besoin de renforcer les liens entre le Forum politique, les commissions régionales des Nations Unies et d’autres entités régionales pertinentes.  Le rôle de la société civile doit également être pris en compte dans cette perspective, a relevé l’orateur.

Selon la CELAC, la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 nécessite l’engagement sans faille de la communauté internationale.  L’aide publique au développement (APD) demeure de la plus grande importance à cet effet, a déclaré le représentant, tout en invitant les pays développés à respecter leur engagement de consacrer 0,7% de leur produit intérieur brut (PIB) à l’APD.  Il aussi rappelé que la coopération Sud-Sud et la coopération triangulaire sont, à cet égard, des compléments et non pas des substituts à la coopération Nord-Sud.  Pour la CELAC, le financement du développement durable va demander la mobilisation de nouvelles ressources, à la fois publiques et privées, domestiques et internationales.

Le délégué a noté que la région de la CELAC est particulièrement vulnérable aux changements climatiques et autres catastrophes naturelles et d’origine anthropique.  Les pays de la région accordent donc du prix à la mise en œuvre de l’Accord de Paris sur les changements climatiques et du Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe.  La CELAC entend continuer de promouvoir des mesures de protection des écosystèmes, de réduction de la déforestation, de la dégradation des terres et de la gestion durable de la biodiversité, notamment en introduisant ces concepts de manière transversale dans plusieurs secteurs de la vie nationale.

Pour M. ALI’IOAIGA FETURI ELISAIA (Samoa), qui s’exprimait au nom du Forum des îles du Pacifique, les orientations de Samoa sont la feuille de route du développement durable des 14 pays membres de ce Forum.  La Deuxième Commission est bien placée, selon lui, pour assumer un rôle de leadership à cet égard.  Le Forum attend l’évaluation à mi-parcours de ces orientations, qui doit avoir lieu en 2019, dont le but est d’analyser si les besoins en termes de développement durable ont été satisfaits et si les priorités ont été suivies.  Si cela n’était pas le cas, ce serait l’occasion d’en examiner les raisons.  Il a en outre rappelé le rôle de facilitateur dans la mise en œuvre de ces orientations que le Forum politique de haut niveau pour le développement durable doit jouer.

Abordant les changements climatiques et leur impact disproportionné sur les petits États insulaires, le représentant a expliqué que cela s’expliquait en partie par les ressources limitées de ces pays et leur manque de capacités pour s’adapter et devenir plus résilients.  Le Forum redoute que le développement durable de ses États membres n’en soit affecté négativement.  Il attend par conséquent la COP23, qui a été surnommée la « COP des îles », pour répondre à leurs préoccupations.

Pour les membres du Forum, la sauvegarde des océans et des ressources marines revêt une importance capitale, a poursuivi le délégué en appelant à la réalisation de l’objectif 14 de développement durable, un objectif auquel ces pays contribueront de manière déterminée et dans tous les forums pertinents.  S’agissant du Programme de développement durable à l’horizon 2030, il a mis l’accent sur l’importance de la coopération régionale, tel que cela est reflété dans la « feuille de route du développement durable du Pacifique à l’horizon 2030 » qui a été adoptée en septembre dernier.

M. ASHISH KUMAR SINHA (Inde) a indiqué que son pays progressait dans la réalisation du Programme de développement durable à l’horizon 2030 sous l’aiguillon de l’Institution nationale pour la transformation de l’Inde, que préside le Premier Ministre indien.  Chaque session du Parlement indien consacre une journée entière à l’examen de ces progrès, a-t-il dit.  Soulignant à cet égard l’importance de disposer de statistiques fiables pour évaluer les progrès accomplis, il a salué l’adoption du cadre mondial d’indicateurs.

Le délégué a ensuite appuyé les propositions du Secrétaire général pour un repositionnement du système de développement onusien en vue de mobiliser davantage de ressources et de corriger le déséquilibre entre ressources de base et autres ressources. 

Le représentant de l’Inde a indiqué que la protection de l’environnement et de la Terre nourricière était « une profession de foi » de son pays.  « Nous réduisons substantiellement nos émissions en carbone », a-t-il assuré.  L’Inde est par ailleurs en train de bâtir une alliance internationale pour l’énergie solaire afin de faciliter la transition vers des énergies renouvelables.  Enfin, M. Sinha a redit l’engagement de son pays en faveur du Cadre de Sendaï et mentionné l’appui accru de l’Inde aux efforts visant à la reconstruction des pays frappés récemment par les ouragans. 

M. SHAHRUL IKRAM YAAKOB (Malaisie) a estimé qu’en tant que pays à revenu intermédiaire, la Malaisie courait le risque de se retrouver prise au « piège du revenu intermédiaire ».  De ce fait, a-t-il souligné, en ces temps de mise en œuvre des objectifs de développement durable, le pays exhorte les partenaires internationaux à accroître leur assistance au développement, en particulier dans le domaine des transferts de technologie.

Pour sa part, a-t-il dit, la Malaisie s’engage à aider d’autres pays en développement dans la réalisation du Programme 2030.  À ce jour, plus de 32 000 participants venus de 143 pays ont déjà bénéficié de son programme de coopération technique, a précisé le délégué.  Soucieux également de contribuer au développement de communautés plus inclusives, afin de renforcer l’économie, créer des emplois et protéger l’environnement, la Malaisie réaffirme son engagement à mettre en œuvre le Nouveau Programme pour les villes adopté lors de la Conférence Habitat III, à Quito, en 2016.  À cet égard, a conclu le représentant, la Malaisie se réjouit d’accueillir les délégations du neuvième Forum urbain mondial (WUF 9) à Kuala Lumpur en février 2018.

Mme KARLA ALEJANDRA BAJANA TINOCO (Nicaragua) a déclaré qu’alors que l’on avance dans la troisième année du Programme de développement durable à l’horizon 2030, tous les efforts doivent être portés vers la mise en œuvre dudit programme, d’autant qu’avec ses 17 objectifs, il représente un pas important dans la construction du consensus international sur la question du développement durable.  Il faut travailler ensemble afin d’éradiquer la pauvreté, la faim, la dénutrition, les nouvelles maladies, les conséquences des changements climatiques, de la guerre et des conflits, ou encore la violence à l’encontre des femmes et des enfants, a plaidé la délégation.

En ce qui le concerne, le Nicaragua a rendu prioritaires les objectifs du développement durable, car son gouvernement estime que sans ambitions ni volonté politique, on ne pourra pas atteindre les buts fixés.  On ne pourra pas non plus les atteindre si les pays développés ne tiennent pas leurs promesses de consacrer 0,7% de leur PIB à l’aide publique au développement, a-t-il prévenu.  Son gouvernement pense aussi qu’il faut éliminer toutes les mesures coercitives unilatérales que certains pays développés imposent aux peuples du Sud et qui empiètent sur les efforts de réalisation du programme de développement durable à l’horizon 2030.

Il faut enfin prendre des mesures urgentes s’agissant de la lutte contre les changements climatiques, a plaidé le représentant.  Il a demandé en particulier aux pays développés de remplir leurs obligations de réduction de gaz à effet de serre.

M. XU ZHONGSHENG (Chine) a regretté le manque de moyens financiers dont on dispose pour soutenir les objectifs de développement durable.  Il a donc encouragé la communauté internationale à créer des partenariats plus forts et à honorer ses engagements en termes d’APD.  S’agissant du rôle des Nations Unies dans la réalisation des objectifs de développement durable, il a souhaité des directives claires et des mécanismes de suivi appropriés.

La Chine encourage en outre les pays développés à fournir une assistance matérielle et technique plus substantielle aux pays frappés par les catastrophes naturelles, un rôle que la Chine assume comme en témoignent ses contributions généreuses au Mexique et à la République dominicaine. 

En outre, il est impératif pour les pays développés de réduire leurs émissions si l’on veut efficacement lutter contre le réchauffement de la Terre, a avancé le délégué avant d’indiquer que la Chine avait adopté des mesures pour le développement de l’énergie verte et s’était engagée sur la voie du développement vert.  Le représentant a également abordé la question de la lutte contre la désertification, en indiquant que la Chine était activement engagée pour parvenir à l’objectif de croissance zéro dans les zones frappées par ce problème.

Le représentant a salué la Convention sur la diversité biologique et la mise en place des programmes d’action pour la mettre en œuvre, en signalant que la Chine s’apprêtait à accueillir la COP 15 qui portera sur ce sujet.  La Chine a pris des mesures permettant de suivre l’application des objectifs de développement durable dans le pays, a-t-il aussi indiqué en ajoutant vouloir aussi raffermir sa coopération avec les pays en développement pour promouvoir le Programme 2030.

M. MARTIN YII (Singapour) a estimé que les États Membres ont beaucoup à apprendre des expériences de chacun dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable et des engagements dans la lutte contre les changements climatiques.  « Cela nous permet d’améliorer nos efforts pour éliminer la pauvreté, réduire les inégalités et combattre les effets des changements climatiques », a-t-il expliqué, évoquant ensuite les enseignements que son pays a pu tirer de ses actions dans le domaine du développement durable.  Ces actions, a-t-il souligné, ne porteront leurs fruits que si les individus se libèrent de certaines habitudes, comme celle de laisser la lumière allumée quand ils ne l’utilisent pas.

Afin de tirer au mieux parti des ressources énergétiques et éviter le gaspillage, Singapour a par exemple encouragé l’utilisation des compteurs intelligents, qui permettent aux usagers de mesurer le niveau d’énergie dont ils ont besoin.  En vue de parvenir au développement durable, le pays table également sur la coopération entre les secteurs public et privé pour gagner en efficacité et optimiser l’utilisation de ressources, celles-ci étant limitées.

Singapour encourage par ailleurs les petits projets pilotes qui ouvrent la voie à la mise en œuvre de solutions innovantes.  C’est ainsi que le projet NEWater, qui permet de produire de l’eau recyclée de haute qualité à partir d’eaux usées, est devenu un pilier de la stratégie nationale en la matière.  Le pays compte aujourd’hui cinq usines NEWater qui répondent à 40% de ses besoins en eau, a indiqué le délégué.  Dans cet esprit, Singapour compte sur les partenariats et la coopération internationale pour mettre en œuvre les objectifs du Programme 2030, a-t-il conclu en mettant l’accent sur l’objectif 6 (eau propre et assainissement).  La poursuite de ses efforts sur ce point précis dépendra de l’examen approfondi de cet objectif prévu l’an prochain, a-t-il précisé.

M. JAVAD MOMENI (République islamique d’Iran) a invité le système des Nations Unies à tenir compte des priorités des pays en développement en s’alignant sur leurs plans nationaux de développement.  Il a aussi appelé les commissions régionales de l’ONU à appuyer la réalisation des objectifs de développement durable au niveau régional, se disant favorable à la mise en place d’une plateforme de coopération entre régions.  Parmi les priorités nationales de l’Iran, il a cité des questions telles que l’éradication de la pauvreté, la gestion durable de l’eau et l’assainissement, les ressources énergétiques renouvelables, l’amélioration de l’efficacité énergétique, la gestion des effets des changements climatiques, la lutte contre la désertification, la déforestation et les tempêtes de poussière, ou encore la santé publique, la gestion de la réduction des risques de catastrophe et l’autonomisation des femmes.

Le pays entend par exemple arriver à une couverture santé universelle d’ici à 2025.  Dans le contexte de la lutte contre les changements climatiques, le pays avance vers une économie à faible production de carbone.  La République islamique d'Iran a organisé une conférence internationale sur la lutte contre les tempêtes de sable et de poussière en juillet dernier, avec la coopération du Département des affaires économiques et sociales (DESA), du PNUE et du PNUD, a ajouté le délégué avant de rappeler que les tempêtes de sable et de poussière posent un sérieux défi au développement durable de pays et régions touchés. 

Mme TAMARA KHARASHUN (Bélarus) a affirmé que le développement durable était une priorité pour son pays qui prend soin d’y sensibiliser ses citoyens.  Comme autre preuve de cette volonté politique, elle a signalé la création d’un poste de coordonnateur à la tête du Conseil national de développement durable, ledit organe étant chargé de l’intégration horizontale et verticale des exigences du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Le Bélarus a présenté son examen national volontaire lors du dernier Forum politique de haut niveau pour le développement durable, a encore précisé sa représentante. 

Elle a mis l’accent sur le rôle des commissions régionales de l’ONU pour mettre en place des partenariats régionaux en vue de faciliter la réalisation du développement durable.  Dans cet esprit, le Bélarus organisera en 2018 à Minsk une conférence régionale sous le thème « les objectifs de développement durable, la coordination des coordinations ».  Mme Kharashun a ensuite suggéré au Département des affaires économiques et sociales d’établir une base de données sur les mesures prises par les États Membres dans la réalisation des objectifs de développement durable, ce qui permettrait, a-t-elle fait valoir, une interaction efficace.  Le Belarus soutient de manière générale les efforts de coopération internationale, notamment ceux qui ont pour but de permettre aux pays à revenu intermédiaire d’atteindre les objectifs de développement durable.

La représentante a également demandé une discussion sur la mise en place d’un programme des Nations Unies sur la question énergétique qui inclurait la question du transfert de technologie.  Le Bélarus souhaite en outre inscrire la question de Tchernobyl à l’ordre du jour international du développement durable.

M. SERGEY B. KONONUCHENKO (Fédération de Russie) a appelé les pays à adopter des mesures pour faire face aux catastrophes naturelles, par exemple en mettant sur pied des centres nationaux de crise dans le cadre de la mise en œuvre du Cadre de Sendai.  La Fédération de Russie prépare un texte de loi relatif à la signature de l’Accord de Paris, a dit le représentant en soulignant l’engagement de son pays dans la lutte contre les changements climatiques.  Il a signalé que le fonds d’affectation spéciale Russie-Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) comprend une ligne budgétaire spécialement consacrée à la lutte contre les changements climatiques en Asie centrale.

Sur une autre question, l’accès de tous à l’énergie, le représentant a appelé la communauté internationale à augmenter la production d’énergie à partir des sources renouvelables.  2017 est du reste « l’année de l’écologie en Fédération de Russie ».  Le pays se targue d’avoir 12 000 aires protégées représentant près de 13% de la superficie totale du pays.  La réintroduction de félins rares dans certaines zones du pays est l’un des succès récents du pays en matière de promotion de la biodiversité, a ajouté le délégué.

Mme ANA SILVIA RODRÍGUEZ ABASCAL (Cuba) a déploré le fait que des niveaux de pauvreté sans pareil, la discrimination et les inégalités sociales persistent même au sein de nations industrialisées.  Il a invité la Deuxième Commission à reconnaître les causes qui expliquent pourquoi, 20 ans après, elle en soit encore à débattre des mêmes, voire pires, difficultés, sans aucun signe de solution.  Pour Cuba, les discussions doivent être orientées vers les vraies causes de cette situation mondiale ainsi que vers les moyens de réaliser le développement durable.  Il a souhaité parler notamment du respect des « engagements qui ont été pris par les grandes conférences des Nations Unies, mais jamais mis en œuvre ».  Il a plaidé en faveur d’une volonté politique de la part des pays développés qui doivent mettre en œuvre leurs engagements et leurs responsabilités historiques.  Ne pas faire face aux questions importantes ne conduira qu’à renforcer le fossé social, économique et environnemental au détriment des plus vulnérables, a-t-il averti. 

Le représentant a en outre invité le système des Nations Unies à accorder la priorité à l’éradication de la pauvreté, aux motifs qu’il s’agit du « plus grand défi » à surmonter et d’une « condition préalable au développement durable ».  Il a aussi appelé le système onusien à soutenir les États dans leurs efforts de mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, en s’assurant que personne ne soit laissé de côté, « une maxime que nous devons appréhender comme un principe », a-t-il souhaité.  Cela oblige à respecter la diversité des approches, des visions, des modèles et des instruments arrêtés par chaque pays, a-t-il précisé.

Cuba plaidant aussi pour la mise en œuvre de l’Accord de Paris sur les changements climatiques, un « point de départ pour la lutte contre les changements climatiques », le représentant a invité les États Membres à le mettre en œuvre, dans le respect du principe de la responsabilité commune mais différenciée, et en tenant compte des vulnérabilités des pays les moins avancés (PMA), notamment les petits États insulaires.

Mme ROUA SHURBAJI (République arabe syrienne) a rappelé que pour certains pays, comme le sien, il existe des conditions exceptionnelles qui font que les priorités nationales de développement deviennent « otages de facteurs externes » comme le terrorisme, la guerre et les mesures économiques coercitives.  Pour la Syrie, la principale priorité reste donc la lutte contre le terrorisme, a-t-elle expliqué tout en indiquant qu’elle travaille, avec l’ONU, sur la voie du développement durable.

L’approche « axée sur la personne » n’a pas été juste « un titre » en Syrie, a affirmé la représentante, mais bien la preuve de la résilience des Syriens.  De l’avis de sa délégation, les exigences du Programme de développement durable à l’horizon 2030 font que les questions politiques doivent être laissées de côté.  En effet, les besoins en matière de développement et de secours d’urgence sont très importants en Syrie, a-t-elle rappelé.  Mais tant qu’il y aura des mesures coercitives, son pays se heurtera à un obstacle majeur dans la voie de son développement, a-t-elle regretté.

Mme ISABELLE PICCO (Monaco) s’est dite préoccupée par le manque de capacités et de ressources destinées à mettre en œuvre le plan stratégique 2011-2020 pour la diversité biologique, en particulier pour les pays en développement.  Sensible à la résilience des PEID, Monaco a établi un partenariat privilégié depuis plusieurs années avec l’ONG OLSSI à Samoa pour restaurer la mangrove, a-t-elle dit, avant de rappeler l’engagement de longue date de Monaco en faveur des aires marines protégées.

Saluant les progrès enregistrés en matière de réduction des risques de catastrophe depuis l’adoption du Cadre de Sendai, la représentante a indiqué que Monaco s’était doté d’un système d’alerte pour les risques majeurs permettant à la population de recevoir des informations sur les changements climatiques, la pollution marine ou bien encore les risques sismiques ou sanitaires.  Mme Picco a mentionné la contribution de Monaco au Fonds vert pour le climat, qui, sur la période 2015-2017, représente 26 euros par habitant.  Enfin, la déléguée a rappelé que le pays s’était fixé pour objectif d’atteindre la neutralité carbone en 2050.

M. RAHMANTO (Indonésie) a souhaité une revitalisation des partenariats mondiaux en faveur du développement durable, afin notamment de permettre les transferts de technologie aux pays qui en ont le besoin.  Il a souligné l’importance de la coopération Sud-Sud et de la coopération triangulaire, dans la mesure où elles favorisent l’appropriation nationale et veillent à inclure tout le monde dans les efforts de développement.  La coopération Sud-Sud est une composante importante de la coopération internationale, a-t-il insisté.

Le délégué a plaidé pour une utilisation maximale de l’ONU et de ses agences en tant que « locomotives du développement durable. »  « Nous ne devons pas réinventer la roue », a-t-il dit, ajoutant que le Forum politique de haut niveau pour le développement durable et l’Assemblée générale étaient les enceintes idoines pour discuter des moyens de relever les défis du développement.  Enfin, il a expliqué que le temps des discours était révolu et qu’il fallait désormais passer à l’acte dans l’application des engagements internationaux en faveur du développement durable. 

Mme AKSOLTAN ATAEVA (Turkménistan) a expliqué que son Gouvernement avait créé un mécanisme national pour la mise en œuvre des objectifs de développement durable, ainsi qu’un centre national dédié à cela.  Elle a rappelé que le Turkménistan avait accueilli la première conférence des Nations Unies sur le transport durable en 2016, avant d’annoncer que sa délégation soumettrait un projet de résolution sur cette question. 

Par ailleurs, le Turkménistan participe à l’élaboration d’un nouveau mécanisme juridique international sur le bouquet énergétique.  Il est attaché à l’Accord de Paris sur les changements climatiques et à sa mise en œuvre rapide, a encore précisé sa représentante.  Elle a enfin indiqué qu’en tant que pays assumant la présidence du Fonds monétaire international pour sauver l’Aral, le Turkménistan avait l’intention d’organiser une conférence sur cette question, en collaboration avec l’ONU.

Mme GALINA NIPOMICI (Moldova) a souligné l’importance de renforcer la coopération internationale afin de s’assurer que personne ne soit laissé pour compte.  Une plus grande implication des institutions financières internationales, du secteur privé et des organisations philanthropiques en faveur de la mise en œuvre des objectifs de développement durable est une nécessité pour disposer des ressources et capacités nécessaires, a affirmé le délégué.  Il a ensuite appuyé les efforts entrepris par le Secrétaire général de l’ONU pour mener une réforme du système de développement onusien, avant de rappeler l’engagement de son pays pour atteindre les objectifs précités.  « D’ici à la fin de l’année, avec le soutien de nos partenaires, une stratégie pour le développement intitulée, « Moldova 2030 », sera mise en place à l’échelle nationale, en cohérence avec les objectifs de développement durable », a-t-il conclu.

Mme ENKHTSETSEG OCHIR (Mongolie) a partagé le point de vue du Secrétaire général au sujet du Forum politique de haut niveau pour le développement durable qui doit être la plateforme mondiale pour le suivi et l’évaluation des résultats obtenus depuis l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Elle a réitéré l’importance capitale du financement du développement durable, des transferts de technologie, du renforcement des capacités des pays et des partenariats pour la réalisation des objectifs de développement durable.  Sa délégation salue en outre les recommandations formulées par le mécanisme de facilitation technologique pour favoriser l’innovation.  Mme Ochir a dit attendre avec intérêt le rapport 2019 sur le développement durable en ce qui concerne les liens entre la science et les politiques, soulignant la nécessité de baser les politiques sur les faits dans la mise en œuvre du Programme 2030.

Une vision du développement durable a été adoptée en 2016 par la Mongolie, pays qui vise à devenir un pays à revenu intermédiaire par le biais du développement vert et grâce à un système de gouvernance transparent et fort.  Ces objectifs ont été intégrés au plan d’action national 2016-2020 et dans d’autres documents politiques, y compris dans le plan de développement vert et le plan d’action national sur les changements climatiques, a précisé la représentante.  En vue d’assurer une meilleure coordination, le Gouvernement est en train de développer un plan à moyen terme sur les objectifs de développement durable qui se fonde sur des cibles et des indicateurs.  Mme Ochir a encouragé l’ONU à soumettre une synthèse des meilleures pratiques issues des différents examens nationaux volontaires, y voyant des outils pour d’autres pays dans la réalisation du Programme 2030.

M. DEWAR (Mexique) a remarqué que les succès engrangés en termes de développement durable avaient catalysé une confiance renouvelée dans le multilatéralisme, dont le Programme 2030, l’Accord de Paris et le Programme d’action d’Addis-Abeba ne sont que quelques exemples.  Il a conseillé de « passer des paroles aux actes » afin de maintenir cet élan.  Le Mexique avance résolument en prenant des mesures concrètes visant à ne laisser personne de côté, en respectant le caractère transversal des objectifs de développement durable.  Il ne saurait y avoir de développement économique sans une amélioration des conditions sociales, ou sans conservation et utilisation durable des ressources naturelles et des écosystèmes, a-t-il ajouté.

L’engagement du Mexique étant irréversible, le pays a donc mis sur pied un conseil national pour le Programme 2030 incluant tous les acteurs concernés, fédéraux et étatiques, chargé de jeter les bases d’une politique dont l’application transcende la durée même des mandats gouvernementaux.  Le représentant a ajouté qu’à l’issue du premier examen volontaire, en 2016, le Mexique avait décidé de présenter un deuxième examen en 2018 afin de partager les progrès accomplis dans ses stratégies de mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Il a exprimé son étonnement sur le fait que, d’après le rapport Dalberg, la part des Nations Unies dans les investissements en faveur des objectifs liés à l’environnement ne représenterait que 10%, ajoutant que les catastrophes naturelles actuelles montrent à quel point il est indispensable d’avancer dans les domaines liés à la réduction des risques de catastrophe.  

M. ABDULLAH MOHAMMED A. ALGHUNAIM (Arabie saoudite) a estimé que l’éducation est la clef pour réaliser le développement durable.  C’est pourquoi, dans le cadre de son programme national de développement à l’horizon 2030, l’Arabie saoudite table sur le renforcement de son système éducatif à tous les niveaux.  Par exemple, les autorités entendent s’assurer que les filières de ses étudiants boursiers à l’international soient en adéquation avec les besoins du marché local de l’emploi.  Des enseignements sur « les compétences en développement durable » sont, du reste, dispensés à tous les niveaux du secondaire, tandis que le système éducatif national a été renforcé en suivant les prescriptions du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) et de l’Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO), a ajouté le représentant.

M. NEVILLE MELVIN GERTZE (Namibie) a souhaité un engagement politique fort de tous les pays en faveur de l’Accord de Paris sur les changements climatiques, demandant en particulier aux parties qui ne l’ont pas encore fait de le ratifier le plus rapidement possible.  Il a rappelé que l’Afrique était le continent le plus touché par la désertification, la dégradation des terres et la sécheresse.  Le délégué a ensuite indiqué que l’Union africaine s’employait à favoriser la rationalisation et l’intégration de tous les programmes de développement continentaux.

La Namibie vient de vivre sa pire sécheresse en quatre ans, a continué M. Gertze.  Il a souligné l’importance de la Déclaration du Namib pour le renforcement de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification, en vue de créer un monde sans dégradation des terres, adoptée en 2013.  « Nous devons développer un protocole juridiquement contraignant sur la gestion de la sécheresse sous les auspices de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification, afin de remédier à la question de la sécheresse qui est fréquemment la cause sous-jacente de bien des crises humanitaires en Afrique et de réaliser les objectifs de développement durable », a conclu M. Gertze.

M. AL-MARRI (Qatar) a plaidé en faveur d’efforts collectifs plus fermes dans la réalisation des objectifs de développement durable, tout en tenant compte des spécificités des pays en développement et des pays les moins avancés.  De l’avis de sa délégation, la coopération internationale joue un rôle essentiel dans ce domaine et en particulier dans celui de l’éducation.  C’est pourquoi le Qatar accorde une attention toute particulière à la qualité de l’enseignement, dans l’idée que « les jeunes sont le moteur du développement ».  Le représentant s’est dit fier des résultats obtenus par son pays dans ce domaine, sur les plans national et international, par le biais de l’initiative « l’enseignement avant tout » et du Sommet Wise sur l’innovation dans l’éducation.  Le Qatar accorde également un intérêt particulier aux énergies renouvelables ayant un coût abordable.

La vision 2030 du Qatar a intégré les objectifs de développement durable dans sa stratégie nationale de développement, a expliqué son représentant.  Il a mis en avant les progrès accomplis par son pays en termes de développement humain et des ressources humaines, en insistant sur l’importance « d’éloigner l’éducation de toute politisation ».

Mme JOAN MARGARITA CEDANO (République dominicaine) a souligné que le mois de septembre dernier fut fatidique pour la région des Caraïbes frappée par les ouragans Maria et Irma, qui ont laissé d’énormes dégâts sur leur passage et causé des pertes humaines et la destruction d’infrastructures.  De plus, certains pays d’Amérique centrale ont été affectés par l’impact de l’ouragan Nate, avec son lot d’inondations et de glissements de terrain qui ont fait de nombreux morts et disparus.  Elle a en conséquence encouragé à « écouter les signes de la nature » pour mieux comprendre les nouveaux types de défis à la paix et la sécurité internationales.  L’élévation du niveau de la mer, les récifs de corail moribonds sont parmi les atteintes à l’équilibre écologique nécessaire à la subsistance de l’être humain, a-t-elle relevé en expliquant aussi que le réchauffement des eaux marines exerce une influence directe sur l’augmentation de la fréquence et dans la trajectoire des phénomènes naturels à grande échelle.  Mme Cedano a fait remarquer que ce sont autant d’éléments qui affectent les conditions de vie et forcent au déplacement et à la migration des communautés.

De la même façon, ces phénomènes risquent d’exacerber les tensions autour des ressources, ce qui menace aussi la stabilité nationale et régionale, a-t-elle mis en garde.  Si nous n’agissons pas rapidement, les menaces et vulnérabilités qui affectent à présent les petits États insulaires en développement, comme la République dominicaine, risquent de s’étendre aux communautés de pays bien plus grands, ce qui présente un risque pour la paix et la sécurité internationales.  En conséquence, Mme Cedano a appelé à prendre des mesures préventives urgentes et à reconnaître, tant qu’il est encore temps, les problèmes de sécurité qui vont de pair avec les changements climatiques.  

M. NGO GIA THUAN (Viet Nam) a recommandé une réponse cohérente, une approche intégrée et des mesures collectives pour faire face aux risques de catastrophes naturelles dans le contexte du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et de l’Accord de Paris sur les changements climatiques.  Il a salué la Plateforme mondiale de réduction des risques de catastrophe en tant que premier mécanisme mis sur pied à l’issue de l’adoption du Cadre de Sendai et du Plan régional asiatique de mise en œuvre de ce cadre.  Étant un pays sévèrement affecté par les changements climatiques, le Viet Nam s’est évertué à mettre en place des mesures spécifiques face aux risques de catastrophe, notamment pour fournir un enseignement et une formation à la réduction des risques, ainsi que pour mettre en place un cadre de réglementation et des politiques de préparation aux risques.

Fort de cette expérience, le Viet Nam a témoigné combien cette question était fondamentale dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable et dans tous les plans stratégiques des entités des Nations Unies.  D’un autre côté, les pays à faible ou à moyen revenu, qui sont particulièrement vulnérables aux changements climatiques et aux catastrophes naturelles, devraient bénéficier d’investissements accrus pour le renforcement de leurs capacités de résilience, a estimé le représentant.  Il a recommandé, en outre, que les responsabilités d’atténuation des risques de catastrophe soient pleinement partagées entre les parties prenantes, publiques et privées. 

M. SAFAH (Iraq) a demandé des stratégies de développement qui se concentrent sur l’éducation, afin de bénéficier aux générations futures.  Il a en effet jugé essentiel d’associer les jeunes à la réalisation des objectifs de développement durable.  Dans le domaine de l’éducation, il a recommandé d’adopter des programmes globaux, locaux, individuels et collectifs.  Les pays doivent élaborer des programmes éducatifs ambitieux dans ce sens, a estimé le délégué avant de demander à la communauté internationale de lui venir en aide pour renforcer son secteur de l’éducation.

Le représentant a ensuite précisé que son pays avait signé l’Accord de Paris, souhaitant participer activement à sa mise en œuvre en tenant compte de ses intérêts de développement.  Rappelant que « les attentats odieux de Daech » sont une entrave au développement de l’Iraq qui alloue une grande partie de ses ressources à la lutte contre le terrorisme, il a demandé l’aide de la communauté internationale, notamment pour lutter contre les changements climatiques et pour relever les défis économiques et sociaux.  Enfin, il a assuré que son pays limite ses émissions de gaz à effet de serre qui restent à un niveau faible, ce qui n’a pas empêché son gouvernement de lancer des projets stratégiques dans le domaine des énergies renouvelables. 

M. TEVITA SUKA MANGISI (Tonga) a plaidé la cause de son pays, petit État insulaire en développement, qui demeure un cas particulier pour tout ce qui a trait au développement durable compte tenu de ses vulnérabilités uniques et de son déficit en termes de capacités.  Il a salué le rapport du Secrétaire général sur le suivi et la mise en œuvre des Orientations de Samoa, relevant en particulier les défis communs aux petits États insulaires en développement, tel le manque de moyens adéquats et durables.

La délégation a souligné que, selon la Banque mondiale, les Tonga figuraient en tête de liste des 30 pays les plus vulnérables aux catastrophes naturelles.  Fidèle à ses priorités, les Tonga ont ainsi pris l’engagement de doubler ses zones marines protégées d’ici à 2030, multiplier les efforts de reboisement, réduire de moitié, d’ici à 2020, l’utilisation de carburant fossile, et même de 70% d’ici à 2030.  Les Tonga continuent par ailleurs à déployer des efforts dans le cadre de ses engagements en vertu de la Convention sur la diversité biologique, et des engagements volontaires pris à l’occasion de la récente Conférence sur les océans.

M. VITALII BILAN (Ukraine) a déclaré que malgré l’agression externe dont le pays a été victime, l’Ukraine est engagée sur la voie de la mise en œuvre des 17 objectifs de développement durable.  Alors que le pays débourse 5% de son produit intérieur brut (PIB) pour le secteur de la défense, il reste engagé dans des transformations structurelles, notamment la lutte contre la corruption, les réformes judiciaires, la décentralisation et l’amélioration du climat des affaires.  L’Ukraine entend aussi mettre en œuvre l’Accord de Paris sur les changements climatiques, a assuré le représentant en se targuant d’avoir été le premier pays européen à avoir déposé ses instruments de ratification.  En plus des autres objectifs de développement, tels que la lutte contre la faim et la lutte contre les changements climatiques, M. Bilan a insisté sur l’importance de la résolution pacifique des conflits.

Mme MARIANNE LOE (Norvège) a estimé qu’on ne pouvait plus parler du développement durable en ne tenant compte que de sa dimension environnementale, arguant que les questions macroéconomiques devraient faire partie intégrante de la présente discussion.  En appelant à tenir compte des trois dimensions du développement durable, elle s’est attardée sur la question des changements climatiques, affirmant que la vie des générations actuelle et future était en jeu, « les gens vivant aussi bien dans les PEID qu’ailleurs ».  Les changements climatiques aggravent la pauvreté, a-t-elle noté en l’identifiant comme « le grand amplificateur », car il a une influence directe ou indirecte sur nos vies dans des secteurs tels que l’éducation, la santé et la sécurité alimentaire.  De même, les changements climatiques augmentent le risque de conflits et de larges mouvements de population, particulièrement dans des États fragiles.  « Si nous n’agissons pas rapidement, alors les changements climatiques pourraient saper tous les efforts en vue du développement durable », a-t-elle prévenu. 

Il est donc important de prévenir les changements climatiques, notamment par le biais du Cadre de Sendai qui prévoit des cibles et priorités pour réduire les risques de catastrophe.  De même, il faut prendre soin des océans, a-t-elle préconisé, précisant qu’ils offrent de grands potentiels de croissance économique et de développement humain.  Notant par ailleurs que la question de l’énergie a un impact sur les changements climatiques, elle a recommandé de favoriser des sources d’énergie propres et renouvelables, ce qui permet en même temps de contribuer à l’éradication de la pauvreté, la sécurité alimentaire, la santé, l’éducation, la croissance économique, et l’autonomisation des jeunes et des femmes.  Elle a déploré à cet égard qu’un milliard de gens n’aient toujours pas accès à l’électricité, alors que plus de trois milliards encore doivent cuisiner avec des moyens polluants.

M. ALI NASEER MOHAMED (Maldives) a fait observer que la durabilité est un mode de vie que son pays a adopté il y a des siècles et qui a inspiré la formulation des politiques de développement.  D’ailleurs les Maldives ont déjà soumis leur examen national volontaire, cette année, a-t-il illustré.  Le pays mise sur une consommation durable et le renforcement des collectivités et de la nation, a expliqué le représentant qui a également annoncé la politique ambitieuse de transition vers une économie à faible émissions de carbone via des sources renouvelables.  Il a annoncé qu’en ce moment même, les Maldives accueillaient une conférence des ministres de l’énergie des PEID qui doit faciliter le soutien nécessaire à cette transition et l’efficacité énergétique.

M. Mohamed a également souligné l’importance de l’exploitation durable des ressources marines, saluant au passage la Conférence des Nations Unies sur les océans qui a donné une impulsion à l’action mondiale dans ce domaine.  Il a rappelé que son pays avait été cité en exemple en matière de tourisme durable.  À l’instar d’autres PEID, les Maldives n’ont cependant pas les capacités requises pour la collecte des données nécessaires à l’évaluation des objectifs de développement durable, a relevé le délégué qui a dès lors encouragé la communauté internationale à soutenir ces pays dans ce domaine. 

« Au revoir aux conflits et bienvenu au développement durable », voilà le credo du Timor-Leste tel que l’a rappelé M. JOAQUIM CHAVES (Timor-Leste).  Après le long conflit, le pays est désormais tourné vers le développement durable, a-t-il en effet témoigné.  Le représentant a toutefois expliqué que sa forte dépendance à sa production de pétrole n’est pas un atout. C’est pourquoi les autorités ont engagé la diversification de l’économie nationale en misant davantage sur le tourisme et l’agriculture, entre autres.  Le Timor-Leste a par ailleurs adopté diverses lois favorables à l’autonomisation des femmes et à leur participation à la vie politique.  Des mesures nationales ont également été arrêtées dans l’optique de lutter contre les changements climatiques.

M. HYACINTHE TAMALGO (Burkina Faso) a mentionné les initiatives prises par son pays en faveur du développement durable, telles que la prise en compte des objectifs de développement durable dans le programme national de développement économique et la mise en œuvre de plusieurs programmes d’autonomisation des jeunes et des femmes.  Il a cité les « acquis socioéconomiques » enregistrés par son pays sur la période 2006-2016, avec notamment une croissance économique moyenne de 5,5% et une dette publique restée soutenable.

Le délégué a ensuite insisté sur les défis qui restent encore à relever.  Il faut par exemple, a-t-il précisé, arriver à une croissance économique inclusive, à garantir l’accès de tous à l’éducation, à gérer de manière durable les ressources en eau ou bien encore à préserver les écosystèmes terrestres.  Enfin, M. Tamalgo a indiqué que son pays aurait « nécessairement » besoin de l’appui technique et financier de tous ses partenaires de développement pour aboutir à un développement inclusif.

M. PHILIP FOX-DRUMMOND GOUGH (Brésil) a estimé qu’après l’adoption du Programme 2030 et du Cadre mondial des indicateurs, le monde dispose, pour la première fois de son histoire, d’une feuille de route universelle pour réaliser le développement durable.  Concentrons-nous maintenant sur la mise en œuvre, a encouragé le représentant, suggérant d’emblée l’actualisation de la liste des questions examinées sous le chapitre « développement durable ».  Il a en effet relevé que certaines questions essentielles du Programme 2030, comme les modes de production et de consommation durables, l’eau et l’assainissement, qui sont des moteurs du développement durable, ne font pas partie de la résolution annuelle de la Deuxième Commission.  Le Brésil, a-t-il promis, est ouvert à toute discussion sur les éventuels chevauchements dans les travaux menés, du moment que l’on ménage du temps pour discuter de tous les aspects du Programme 2030.  Les résolutions liées au développement durable doivent être axées sur l’action et la mise en œuvre, a insisté le représentant.  Gardons-nous, a-t-il conclu, de gaspiller nos maigres ressources, en répétant et ou réinterprétant les accords précédents.

M. CHINYONGA (Zambie) a indiqué que son pays avait lancé en juillet dernier son septième Plan national de développement, qui couvre la période 2017-2021, pour mettre en place une économique diversifiée et résiliente visant une croissance soutenue et la transformation socioéconomique.  L’approche multisectorielle du Plan répond aux exigences du Programme 2030, de l’Agenda 2063 de l’Union africaine et d’autres initiatives régionales et mondiales.  La Zambie, a poursuivi le représentant, a aussi fait des progrès remarquables dans l’institutionnalisation de la réduction des risques de catastrophe, comme en témoigne, entre autres, la domestication du Cadre de Sendai grâce au renforcement du Cadre national pour la réduction des risques de catastrophe. 

S’agissant des changements climatiques, la Zambie attend beaucoup de la vingt-troisième Conférence des États parties à la Convention-cadre des Nations Unies qui devrait affiner les modalités de mise en œuvre de l’Accord de Paris.  Les pays en développement, a souligné le représentant, comptent sur un bon financement du Fonds vert pour le climat et sur un transfert effectif des technologies.  Le représentant a conclu, en soulignant l’importance du nouveau Cadre stratégique de la Convention des Nations Unies contre la désertification qui couvre la période 2018-2030.  Il a émis l’espoir que le fonds qui en découlera permettra de redresser la situation, avant d’énumérer les efforts faits par son pays pour promouvoir les sources d’énergie renouvelables.

M. GEBEYEHU GANGA GAYITO (Éthiopie) a souligné le rôle précieux joué par le Forum politique de haut niveau de 2017 dans l’échange des bonnes pratiques entre États Membres et secteur privé en matière de développement durable.  Le délégué a plaidé pour une approche coordonnée et intégrée en vue de mettre en œuvre le Programme de développement durable à l’horizon 2030, le Cadre de Sendai et l’Accord de Paris.  Il a ensuite détaillé les efforts déployés par son gouvernement pour mieux atténuer les risques de catastrophe et renforcer la résilience de son pays face aux conséquences des changements climatiques.  « Le mois dernier, nous avons lancé un plan d’adaptation national pour les 15 prochaines années qui se concentre sur les secteurs vulnérables, tels que ceux de l’agriculture, de la santé, des transports ou bien encore de l’eau », a-t-il dit, ajoutant que le coût de ce Plan s’élevait à six milliards de dollars par an.  Enfin, le délégué a salué la décision du Fonds vert pour le climat de débloquer 45 millions de dollars pour un projet visant à renforcer la résilience des communautés les plus vulnérables en Éthiopie.

M. KOMMABOU FANDJINOU (Togo) a indiqué que, dans le processus de mise en œuvre des objectifs de développement durable, le Togo avait entrepris plusieurs activités, y compris des réformes institutionnelles, pour l’intégration globale et coordonnée de ces objectifs dans les stratégies et politiques nationales de développement.  Ces mesures visent à éliminer l’extrême pauvreté afin d’engager le pays sur la voie de l’émergence économique et pour lui permettre de contribuer efficacement à l’action internationale visant la réalisation du Programme 2030.  Le pays s’est donc doté de la Stratégie de croissance accélérée et de promotion de l’emploi pour la période 2013-2017.  Il a aussi créé le Fonds national de la finance inclusive afin de relever le défi de l’exclusion financière.  En outre, le Togo a entrepris de mettre en œuvre un Programme d’urgence de développement communautaire qui a pour but d’accélérer l’intégration sociale et d’améliorer significativement les conditions de vie des populations démunies grâce à des interventions ciblées. 

Le Togo, a ensuite rappelé le représentant, a été désigné comme l’un des pays pilote dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Il a ainsi fait partie non seulement des 22 États en 2016 et des 43 en 2017 qui ont présenté leur rapport national volontaire mais également des 48 États volontaires pour se prêter au même exercice à la session 2018 du Forum politique de haut niveau pour le développement durable.  Par ailleurs, le Togo a ratifié l’Accord de Paris sur les changements climatiques et se prépare à siéger, dès janvier 2018, au Conseil économique et social où il entend apporter sa contribution aux efforts communs en faveur du développement.  Le représentant a conclu en appelant la communauté internationale à accroître la coopération et les partenariats, ainsi qu’à mettre en œuvre des mesures audacieuses pour mettre fin à la pauvreté dans le monde. 

M. LOT THAUZENI PANSIPADANA DZONZI (Malawi) a indiqué que son économie avait été affectée par El Niño et La Niña, deux phénomènes qui ont principalement touché la production agricole et le secteur de l’agro-industrie.  En réponse à la nécessité de se doter de stratégies de réduction de risques de catastrophe, le Malawi est en passe de mettre au point des cibles et indicateurs qui le guideront dans la mise en œuvre du Cadre de Sendai sur la réduction de risque de catastrophe.  Le pays dispose également d’une stratégie nationale de résilience alignée sur la troisième stratégie pour la croissance et le développement qui sera bientôt lancée.

M. Mhur a souligné qu’il est urgent de mettre sur pied des systèmes nationaux et régionaux d’alerte précoce et de collecter des données fiables et faciles d’accès.  Les répercussions à long terme des changements climatiques et les catastrophes qui en résultent ont un impact sur la migration, la santé, les moyens de subsistance et le logement, ce qui exige une intensification de la mise en œuvre du Cadre de Sendai, du Programme d’action d’Addis-Abeba, du Programme 2030 et de l’Accord de Paris, a-t-il plaidé, insistant notamment sur l’inclusion des femmes, des filles, des enfants, des personnes handicapées et de tous les groupes et membres des communautés locales et ce, tout au long des processus de prise de décisions dans la riposte aux changements climatiques.

Mme SHEYAM ELGARF (Égypte) a indiqué que l’Égypte venait de mener un recensement de sa population afin de pouvoir établir un nouveau programme de développement national en se basant sur ces données.  Le pays entend faire une présentation de son expérience au cours de la prochaine édition du Forum politique de haut niveau pour le développement durable, a-t-elle annoncé.  Elle a aussi indiqué que son pays accueillera la quatorzième réunion de la Conférence des Parties à la Convention sur la diversité biologique dans la ville de Sharm El Sheikh du 10 au 22 novembre 2018.

Dans le cadre de la lutte contre les changements climatiques, la déléguée a invité la communauté internationale à agir en appliquant le principe de la responsabilité commune mais différenciée et en respectant le droit au développement.  Elle a également plaidé pour des mesures idoines contre la désertification et en faveur du financement du développement durable.

M. ABDALLA ABUZED (Libye) a souligné l’importance de l’autonomisation des jeunes et des filles en particulier, souhaitant aussi voir s’améliorer le sort des populations vivant sous une occupation étrangère.  L’élimination de la pauvreté est cruciale pour réaliser les objectifs de développement durable, a-t-il affirmé.  Le délégué, qui a souligné les conséquences des changements climatiques, telles que la sécheresse et la désertification, a en même temps constaté l’insuffisance des ressources des pays africains pour y remédier.  La Libye a besoin de la communauté internationale pour lutter contre la désertification, a-t-il ainsi expliqué.  Il a par ailleurs demandé un appui international fort pour protéger les frontières de son pays et contribuer à la maturation du processus démocratique libyen.  Avant de conclure, le délégué a demandé la restitution des biens culturels volés à son pays.

M. HUSSEIN ABDULLAHI (Nigéria) a déploré la lente cadence de mise en œuvre des objectifs de développement durable, avertissant qu’à ce rythme, l’Afrique ne sera pas prête d’ici à 2030.  Pour sa part, le Nigéria a mis en place un mécanisme de suivi et d’évaluation des objectifs de développement durable.  Il a déploré en outre le fait que l’Afrique perde chaque année environ 50 milliards de dollars à cause des flux financiers illicites, alors que ces montants pourraient permettre de relever les défis du développement durable en Afrique.

Le représentant a appelé les Nations Unies à soutenir les pays en développement en établissant notamment un système commercial multilatéral non discriminatoire.  Il a aussi invité la communauté internationale à tenir pour responsables tous ceux qui facilitent ou servent d’intermédiaires dans les flux financiers illicites, et d’œuvrer en outre pour le retour desdits fonds dans les pays d’origine, afin qu’ils soient mis au service de la réalisation des objectifs de développement durable. 

M. RAFAEL DARÍO RAMÍREZ CARREÑO (Venezuela) a fait valoir, à l’instar du Secrétaire général, que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 était de loin le cadre le plus large comparé aux documents issus d’autres réunions mondiales, puisqu’il est universel et englobe toute un éventail de questions d’importance pour l’humanité.  Il n’en reste pas moins qu’il repose sur d’autres accords antérieurs relatifs au développement durable, qui ont encore énormément à apporter.  Il a cité plus spécifiquement le Programme d’action 21 de la Conférence sur l’environnement et le développement, document d’une grande richesse qui est plus détaillé dans les domaines économique, commercial et environnemental.  Ses dispositions peuvent s’avérer d’une grande valeur lors de la planification des politiques et stratégies relatives auxdits domaines dans les objectifs et cibles de développement durable, a-t-il fait valoir.

Le représentant a jugé indispensable la volonté politique, notamment celle des pays développés, pour asseoir les fondements d’un développement inclusif, durable et transformateur, sachant également que les États sont responsables de leur propre bien-être, conformément à leur droit à l’autodétermination.  Dès lors, il a souligné que la souveraineté permanente sur les ressources naturelles est une composante fondamentale pour l’État dans la poursuite de son objectif de progrès socioéconomiques.  Le représentant du Venezuela a aussi noté que la chute du prix du pétrole, qui a entraîné une baisse des revenus issus des exportations, avait créé de nouveaux déséquilibres macroéconomiques.  À cela vient s’ajouter l’imposition de mesures coercitives unilatérales cherchant à asphyxier l’économie vénézuélienne au détriment du peuple et de son droit légitime à l’autodétermination, a ajouté M. Ramirez.  

M. SUVANGA PARAJULI (Népal) a expliqué que son pays, en tant que PMA sans accès à la mer, souhaiterait que le Programme de développement durable à l’horizon 2030 soit mis en œuvre en concomitance avec tous les autres textes adoptés par la communauté internationale.  Il a invité les donateurs à respecter leurs engagements en matière d’APD, précisant que les problèmes de développement se posent avec plus d’acuité dans les PMA n’ayant pas d’accès à la mer.

Le représentant a aussi plaidé pour le renforcement de la coopération pour la mise en œuvre du Cadre de Sendai.  Le Népal entend en outre tirer parti de son grand potentiel hydroélectrique dans le cadre de la promotion des sources d’énergies renouvelables, a-t-il dit avant de conclure sur l’idée que « le développement durable est notre destination commune ».  « Nous n’y arriverons qu’en y mettant les moyens requis. »

Mme EDDAOU (Maroc) a détaillé les efforts menés par son pays pour mettre en œuvre l’Accord de Paris sur les changements climatiques.  Elle a mentionné la promulgation d’une charte pour l’environnement déclinée en une stratégie nationale de développement durable, « outil de convergence des politiques publiques et de transition vers une économie verte, solidaire et inclusive ».  La déléguée a également signalé le lancement d’un programme au niveau du secteur privé, « Initiative Entreprise Climat Maroc », dont l’objectif principal est de sensibiliser les entreprises sur les risques climatiques et de renforcer les compétences à travers la formation du capital humain.

Le Maroc, a poursuivi la représentante, vise également à renforcer d’ici à 2030 son parc de production d’électricité d’origine renouvelable pour atteindre 52 % de la capacité électrique totale du pays.  Enfin, elle a parlé de la « Vision 2020 » adoptée par son pays qui vise à faire du Maroc l’une des plus grandes destinations mondiales à horizon 2020 avec la création de 470 000 nouveaux emplois directs.

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