Soixante-douzième session,
18e séance – matin
AG/AB/4258

Cinquième Commission: inquiétudes quant à la bonne gestion budgétaire des travaux de rénovation du Palais des Nations à Genève  

La Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires a examiné, ce matin, l’état d’avancement du projet de rénovation de l’Office des Nations Unies à Genève, dont les coûts de base sont estimés à 736,8 millions de francs suisses pour la période 2014-2023, soit 13,4% de plus qu’initialement prévu.  Face à une telle augmentation, plusieurs délégations ont exhorté l’équipe de projet à faire preuve de plus de rigueur dans sa gestion des ressources, afin d’éviter les retards et les dépassements budgétaires.

Lancé en 2014, le projet de rénovation du Palais des Nations à Genève, autrement appelé « plan stratégique patrimonial », comprend deux grands volets: la construction d’un nouveau bâtiment permanent, dit bâtiment H, dont les travaux ont commencé en avril 2017, et la rénovation des bâtiments historiques, censée s’échelonner de 2018 à 2023. 

Le Groupe des 77 et la Chine ont à nouveau exprimé leur préoccupation face à l’augmentation de 13,4% des coûts de base du projet, qui sont passés de 649 millions à 736,8 millions de francs suisses.  Le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) explique d’ailleurs, dans son rapport, que si cette augmentation n’a pas donné lieu à celle du coût total du projet, c’est uniquement parce que l’équipe de projet a compensé par la baisse des dépenses pour imprévus, de 108,4 millions à 70,8 millions.  Cette stratégie comptable a même entraîné une légère baisse du coût total de 837 à 836,5 millions.  Le CCQAB estime que les dépenses pour imprévus ne devraient pas être utilisées pour absorber la hausse des coûts de base.

Nous comptons donc que le Secrétariat nous explique comment il compte absorber l’augmentation des coûts de base dans les limites des ressources autorisées, ont prévenu le Groupe des 77 et la Chine.  La bonne mise en œuvre du projet doit se fonder sur une « culture de gestion et de coordination efficace », a insisté le Mexique, pour qui une telle culture doit se traduire dans les faits par le respect du budget approuvé et du calendrier établi.  La transparence de la gestion est d’autant plus importante, ont souligné les États-Unis, que les ressources allouées au projet sont considérables.  Pour cette même raison, ils ont appelé à la création d’un compte dédié au projet, indépendant du budget ordinaire.  Cela devrait également faciliter la recherche de sources de financement alternatives afin de réduire le « poids financier » endossé par les États Membres, y compris via la réaffectation des revenus locatifs des bâtiments de l’ONU à Genève au budget du projet. 

Il faut toutefois reconnaître que des progrès ont déjà été réalisés pour trouver d’autres sources de financement et réduire significativement les contributions des États Membres, a annoncé la Suisse.  En plus du prêt à taux zéro de 400 millions de francs suisses accordé par le pays, 25,6 millions issus de la revalorisation du patrimoine foncier et plus de 23 millions ont également été alloués au projet, ce qui a permis de réduire d’un tiers environ le montant total à financer par les États Membres. 

De plus, a poursuivi la Suisse, le projet permettra de réaliser chaque année des économies substantielles à l’ONU, y compris une réduction considérable des frais de maintenance et d’électricité, l’amélioration de la productivité du personnel et l’optimisation de l’espace de travail.  Les États-Unis ont dit attendre beaucoup du nouvel espace de travail, estimant que la mise en œuvre de stratégies de gestion souple devrait permettre de réaliser des gains d’efficacité.  Le Groupe des 77 et la Chine ont d’ailleurs dit ne pas comprendre l’importance qu’il y a à aménager l’espace pour installer 400 personnes supplémentaires, alors que le taux d’occupation actuel n’est que de 51%.   

La priorité durant cette session, ont insisté la Suisse et le Mexique, est de parvenir à un consensus sur le calendrier du projet, les modalités, la devise pour l’ouverture des crédits et la mise en recouvrement des contributions des États Membres.

Ces derniers étaient par ailleurs saisis d’une demande de fonds de 35,7 millions de dollars pour financer, en 2018, les 12 équipes de surveillance des sanctions, groupes d’experts et autres entités et mécanismes, soit 5% de moins qu’en 2017.  L’Iran s’est étonné des 2 millions de dollars demandés pour l’appui de la Division des affaires du Conseil de sécurité à l’application de la résolution 2231 (2015) relative au Plan d’action global commun sur la question du nucléaire iranien.  La charge de travail de la Division, a tranché l’Iran, ne saurait justifier une telle somme, sous peine d’être interprétée comme un « gaspillage des maigres ressources de l’Organisation ». 

La Cinquième Commission se réunira à nouveau lundi 4 décembre, à partir de 10 heures, pour examiner le financement de certaines opérations de maintien de la paix et missions politiques.

PROJET DE BUDGET-PROGRAMME POUR L’EXERCICE BIENNAL 2018-2019

Rapport du Comité consultatif sur les questions administratives et budgétaires sur le quatrième rapport d’étape annuel sur le plan stratégique patrimonial de l’Office des Nations Unies à Genève (A/72/7/Add.25)

Au nom du Groupe des 77 et la Chine, Mme AMÉRICA LOURDES PEREIRA SOTOMAYOR (Équateur) a pris note des changements dans la gestion et la supervision du plan stratégique patrimonial et a dit attendre avec intérêt des informations actualisées sur l’efficacité que ces changements devraient apporter et sur les mesures d’atténuation des risques mises en place.  Elle a aussi noté les progrès réalisés l’année dernière, y compris le début des travaux de construction du nouveau bâtiment permanent H, la conclusion de la procédure de passation des marchés pour le nouveau bâtiment H et l’attribution du contrat de construction; l’établissement de contrats pour la poursuite de la conception détaillée de la phase de rénovation; et l’avancement des mesures visant à lever les obstacles d’ordre physique, technique ou touchant les communications que rencontrent les personnes handicapées.

La représentante a dit attendre avec impatience d’entendre du Secrétariat quelles mesures ont été mises en place pour éviter le glissement du calendrier et souligne l’importance qu’il y a à respecter les délais impartis pour prévenir l’escalade des coûts, comme le souligne à juste titre le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB). 

La représentante a aussi dit prendre note du concept de « travailler avec intelligence » visant à installer davantage de personnes dans le même espace de travail et d’augmenter ainsi de 400 leur nombre.  Pourquoi ce concept serait si important alors que l’espace actuel n’est occupé qu’à 51%? s’est étonnée la représentante.  Tout en reconnaissant qu’il faut prendre soin du confort du personnel dans un espace bien ventilé, doté de l’air conditionné et fondé sur de meilleures pratiques écologiques, la représentante a tout de même souligné qu’il est tout aussi important de rester dans la fourchette des coûts.

Mme Pereira Sotomayor a repris à son compte les préoccupations du CCQAB qui a noté que les coûts de base du projet avaient augmenté de 13,4%, passant de 649 millions de francs suisses à 736,8 millions et que la réduction des dépenses pour imprévus, qui sont passées de 108,4 millions de francs suisses à 70,8 millions de francs suisses n’a pas entraîné une diminution du coût total, resté au même niveau.  Comment compte-t-on absorber l’augmentation des coûts dans les limites des ressources approuvées?

Le plan stratégique patrimonial de l’Office des Nations Unies à Genève présente le double défi de vouloir conserver le patrimoine historique du Palais des Nations, tout en modernisant ses bâtiments de façon à offrir au personnel le bon degré de fonctionnalité, a rappelé M. JESÚS VELÁZQUEZ CASTILLO (Mexique).  Ce plan, a-t-il ajouté, doit également refléter le compromis entre, d’une part, la promotion d’une Organisation efficace, ouverte et respectueuse de l’environnement, et d’autre part, la nécessité de se conformer aux normes en vigueur en matière de sécurité et d’accessibilité.

Partant de ce constat, le représentant a estimé que la bonne mise en œuvre du plan stratégique patrimonial impliquait nécessairement une « culture de gestion et de coordination efficace », qui doit, selon lui, se traduire par le respect du budget approuvé et du calendrier établi.

En second lieu, le représentant a déclaré que la modernisation des pratiques de travail de l’Organisation devait être reflétée dans des stratégies de gestion souple de l’espace de travail, l’amélioration de l’accès des personnes handicapées aux bâtiments, l’égalité de genre, un meilleur emploi des technologies de l’information et une utilisation durable de l’énergie.

En outre, le représentant a appelé à tirer pleinement parti des enseignements découlant des projets antérieurs, en particulier la question de la valorisation du patrimoine.  Il a enfin insisté sur la nécessité de parvenir à un consensus, durant cette session, concernant la finalisation du calendrier du projet, les modalités et la devise pour l’ouverture des crédits et la mise en recouvrement des contributions des États Membres.

Mme CHERITH NORMAN-CHALET (États-Unis) a pris bonne note des progrès réalisés à ce jour dans le cadre du plan stratégique patrimonial de l’Office des Nations Unies à Genève.  En raison de l’ampleur des ressources allouées au projet, la représentante a insisté sur la nécessité de veiller à ce que ces ressources soient gérées « de manière transparente et efficace », dans le respect du budget convenu et du calendrier établi.

La représentante a en outre insisté sur la nécessité de réduire le « poids financier » du projet sur les États Membres, notamment en envisageant des sources de financement alternatives et en développant des stratégies de gestion souple et d’optimisation de l’espace de travail.

Par ailleurs, la représentante a estimé que, compte tenu de la taille du projet, un compte distinct devrait être créé, indépendamment du budget ordinaire de l’Organisation.  Elle a également insisté sur le fait que tout revenu découlant de la location des bâtiments de l’ONU à Genève devait être alloué au plan stratégique patrimonial et au financement du projet, dans les limites des montants autorisés.

La représentante a exhorté l’équipe de projet à continuer d’identifier les moyens de moderniser les bâtiments, dans le respect de la nature historique du Palais des Nations, afin de permettre une gestion plus souple de l’espace de travail et d’augmenter la capacité d’accueil du personnel.

M. JÜRG LAUBER (Suisse) a déclaré que les travaux de construction effectués dans le cadre du plan stratégique patrimonial avaient débuté cette année et un impressionnant chantier avait émergé aux côtés du Palais des Nations.  En quatre ans de projet, près de 100 millions de francs suisses ont été investis.  La Suisse, a dit le délégué, a commencé à verser au projet son prêt à taux zéro à hauteur de 400 millions de francs suisses.  D’ici à la fin de l’année prochaine, la moitié du cycle de projet du plan stratégique patrimonial aura déjà été accomplie.

Les vastes retombées du projet sont dès lors accessibles.  Grâce à une réduction considérable des frais de maintenance et d’électricité, à l’évitement des coûts, à l’optimisation de l’environnement de travail et à une meilleure utilisation de l’espace, tout comme à la création de revenus supplémentaires, le plan stratégique patrimonial permettra à l’Organisation et à ses États Membres de réaliser chaque année des économies substantielles. 

En plus des bénéfices financiers escomptés, le plan stratégique patrimonial offrira également au personnel, aux délégués et aux visiteurs du Palais des Nations des avantages exceptionnels.  Il améliorera le bien-être et la productivité de tous ceux qui y travaillent, s’y réunissent et négocient.  Les infrastructures devenues obsolètes seront entièrement rénovées et les obstacles auxquels les personnes handicapées font aujourd’hui face seront éliminés pour faire place à un environnement de travail moderne, sain et sécurisé.

Dans l’ensemble, le déroulement du plan stratégique patrimonial se poursuit conformément au coût global maximal, au calendrier d’exécution, à l’étendue et aux objectifs approuvés.  Nous constatons toutefois avec inquiétude, a dit le délégué, certaines modifications apportées aux détails du calendrier et aux coûts de segments individuels.  Bien qu’il faille s’attendre à de telles modifications dans le cadre de projets aussi conséquents et uniques, nous encourageons le Secrétaire général à veiller à ce que le projet reste clairement dans le cadre du budget global maximal, de l’étendue et du calendrier, tels qu’ils ont été approuvés et confirmés par les États Membres.

D’importants progrès ont été faits en vue de trouver d’autres sources de financement pour ce projet, et ce, afin de réduire significativement les contributions assignées aux États Membres.  En plus du prêt à taux zéro de 400 millions de francs suisses, des revenus issus de la revalorisation du patrimoine foncier, actuellement à hauteur de 25,6 millions de francs suisses, et des dons de plus de 23 millions de francs suisses ont été engagés en faveur du projet.  Cela a réduit le montant net du financement encore requis durant le cycle du projet à seulement un tiers environ du coût total du projet.

En conclusion, a épilogué le représentant, si nous souhaitons profiter des avantages qualitatifs et financiers susmentionnés, il est de la plus grande importance de convenir des modalités de financement du plan stratégique patrimonial durant la présente session.  L’incertitude risque de provoquer des retards et des coûts supplémentaires, mais aussi de décourager le personnel, les partenaires, les entreprises contractantes ainsi que les donateurs potentiels.  M. Lauber a appelé toutes les délégations à travailler de manière efficace et constructive pour que ce point de l’ordre du jour puisse être conclu d’ici à la mi-décembre.

Rapport du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires sur les prévisions de dépenses relatives aux équipes de surveillance des sanctions, aux groupes d’experts et autres entités et mécanismes (A/72/7/Add.12)

M. ABBAS YAZDANI (République islamique d’Iran) s’est dit préoccupé par les ressources demandées pour la mise en œuvre de la résolution 2231 (2015) du Conseil de sécurité relative au Plan d’action global commun sur la question du nucléaire iranien.  Ces ressources, qui s’élèvent à 2 millions de dollars pour 2018, seraient là pour couvrir la reconduction de 11 postes à la Division des affaires du Conseil de sécurité, les voyages officiels et les autres coûts opérationnels et logistiques.  Or, compte tenu de la nature et de la taille du mandat qui est d’aider le Conseil et son facilitateur, il y a « trop de ressources financières et humaines », a estimé le représentant.

La charge de travail de l’équipe responsable de cet appui, a dit comprendre le représentant, se borne à « poser quelques questions concernant les achats, préparer des rapports biannuels et organiser trois réunions d’experts par an ».  Partant de là, il a estimé que l’attribution de 11 postes, dont un P-5, cinq P-4, deux P-3 et de trois agents des services généraux risquait « d’être interprétée comme un gaspillage des maigres ressources de l’Organisation ». 

Le représentant a demandé davantage d’informations sur le travail réel, la performance, bref, « la raison d’être » de cette demande de ressources.  Il a aussi souhaité en savoir plus sur le taux de vacance de postes de 5% appliqué à l’appui à l’application de la résolution 2231, alors que ce taux était de 30% en 2017.  Le représentant a insisté sur les principes de répartition géographique équitable et d’égalité entre les sexes dans le personnel.  Il a réclamé à la Cinquième Commission un processus de négociation « ouvert et transparent » au lieu des réunions « en petits comités à huis clos ».  

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.