Soixante-douzième session,
58e séance plénière – matin
AG/11979

L’Assemblée générale considère qu’il n’y a pas de solution « purement militaire » pour assurer la stabilité en Afghanistan

Après un débat durant lequel se sont succédé 28 orateurs dont le Chef de l’exécutif afghan, M. Abdullah Abdullah, l’Assemblée générale a adopté aujourd’hui sa résolution annuelle* qui écarte l’idée d’une solution « purement militaire » pour assurer la stabilité en Afghanistan.

L’Assemblée se félicite que tous les partenaires régionaux et internationaux de l’Afghanistan poursuivent leur action, dans le cadre du Processus de Kaboul pour la coopération en faveur de la paix et de la sécurité, engagé le 6 juin 2017, sous la direction du Gouvernement afghan, des travaux du Groupe de coordination quadrilatérale réunissant l’Afghanistan, la Chine, le Pakistan et les États‑Unis d’Amérique, du Groupe de contact international, des consultations de Moscou et des autres initiatives internationales et régionales pertinentes, qui visent à permettre la tenue rapide de pourparlers de paix directs entre le Gouvernement afghan et les Taliban.

Ces derniers sont exhortés à reconnaître la responsabilité qui leur incombe d’assurer la paix.  La stabilité exige en effet un processus politique avec les Taliban, a confirmé la Norvège, estimant qu’il reste cependant à relever le défi de « trouver le bon format et le bon moment » pour s’engager dans un tel processus.  

Dans sa résolution, l’Assemblée salue le plan stratégique pour la paix et la réconciliation présenté par le Haut Conseil pour la paix afghan et encourage l’Afghanistan et le Pakistan à renforcer leurs relations pour aboutir à une coopération efficace en matière de lutte contre le terrorisme et faire avancer le processus de paix « dirigé et contrôlé par les Afghans ». 

Un tel processus doit être soutenu « en toute sincérité », avait tranché l’Inde, hier, après que le Chef de l’exécutif afghan, M. Abdullah Abdullah eut espéré que, « cette fois-ci », l’action contre le terrorisme parlera plus fort que les mots.  « La sagesse et le réalisme » doivent prévaloir et pousser les Afghans à s’engager dans des négociations de paix, avait dit, toujours hier, le Pakistan, affirmant sa volonté de promouvoir un dialogue entre le Gouvernement afghan et les Taliban.

La résolution a, cette année, fait l’objet de négociations « particulièrement difficiles », avait avoué hier son facilitateur, l’Allemagne, qui s’est résignée à présenter « un texte du Président » reflétant « dans la mesure du possible », les positions avancées par les uns et les autres.  Le consensus s’effrite, avait aussi reconnu l’Australie, néanmoins rassurée que l’objectif commun de s’engager de manière constructive en faveur de la sécurité, de la stabilité et du développement de l’Afghanistan ait prévalu.

Dans sa résolution, l’Assemblée générale prend note de la nouvelle stratégie, annoncée en août dernier, par les États-Unis, et de celle de l’Union européenne pour l’Afghanistan, adoptée en octobre, « lesquelles répondent à une demande que l’Afghanistan fait depuis longtemps », avait souligné hier, le Chef de l’exécutif afghan.  Un processus de paix « dirigé et contrôlé par les Afghans » est la seule solution « réaliste » au conflit, a insisté aujourd’hui le Royaume-Uni.

L’Assemblée générale considère d’ailleurs, dans sa résolution, que le mandat renouvelé de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA) appuie l’idée de voir le pays assumer pleinement le contrôle et la prise en charge des domaines de la sécurité, de la gouvernance et du développement, conformément aux objectifs de la Décennie de la transformation (2015-2024) et aux accords conclus.

Après l’examen stratégique de la MANUA, le Secrétaire général a en effet proposé « un nouveau modèle de fonctionnement de l’ONU en Afghanistan », recommandant que le pilier politique regroupe des fonctions actuellement éparpillées, à savoir la stabilité politique interne, la tenue d’élections crédibles en 2018 et 2019, le processus de paix et de réconciliation dirigé par les Afghans et la coopération régionale autour de l’Afghanistan.  La MANUA doit veiller à fournir des résultats concrets et conformes aux priorités nationales telles qu’elles ont été approuvées par les donateurs à la Conférence de Bruxelles de 2016.

L’Assemblée générale reprendra ses travaux mercredi 29 novembre, à partir de 10 heures, pour examiner la question de la Palestine et la situation au Moyen-Orient. 

*A/72/L.8

LA SITUATION EN AFGHANISTAN (A/72/312), (A/72/392)

Déclarations

M. AHMED NASIR (Maldives) a considéré que la question de la sécurité est indubitablement la plus grande menace à la stabilité de l’Afghanistan.  Selon lui, le pays a besoin de davantage de soutien de la part des Nations Unies, de ses États Membres et de toutes les parties prenantes pour améliorer la situation sécuritaire.  Félicitant le Gouvernement afghan pour sa persévérance et sa constance dans le combat contre le terrorisme et l’extrémisme violent, il a appuyé un processus de paix « mené et dirigé par les Afghans eux-mêmes », en coopération avec les partenaires régionaux.  Une paix durable, a-t-il insisté, ne sera possible que si toutes les parties prenantes s’impliquent et si les Afghans ont la marge de manœuvre nécessaire pour mener les discussions sur leur avenir. 

Après avoir reconnu les progrès de l’Afghanistan en matière de promotion et de protection des droits de l’homme, comme en atteste son élection au Conseil des droits de l’homme, le délégué a salué le nouveau Cadre national pour la paix et le développement et a plaidé pour une plus grande intégration et une plus grande collaboration économiques avec les acteurs régionaux.

M. STEPHEN BENEDICT HICKEY (Royaume-Uni) a reconnu que l’Afghanistan continue de faire face à des défis énormes s’agissant de la paix et de la stabilité mais a souligné que le Gouvernement afghan a fait de réels progrès dans sa quête pour surmonter l’héritage des plus de 40 années de conflit.  L’Afghanistan, s’est-il expliqué, s’est doté d’un gouvernement démocratique et, grâce à l’assistance internationale, il est parvenu à d’énormes améliorations sociales, dont les 6,4 millions d’enfants scolarisés.  Le Royaume-Uni, a promis le représentant, travaillera étroitement avec le Gouvernement afghan pour assurer un avenir stable et sûr.  Le Royaume-Uni maintient sa promesse de débloquer la somme de 1 milliard de dollars d’ici à 2020 pour l’aide au développement et compte accroître le nombre de ses conseillers militaires.

Il n’y a pas de solution purement militaire au conflit, a estimé le représentant, ajoutant qu’un processus de paix crédible est le seul moyen de mettre fin à la violence.  La résolution adoptée aujourd’hui est une confirmation importante de l’engagement du Royaume-Uni et de la communauté internationale en faveur de la stabilité de l’Afghanistan, a-t-il encore souligné, précisant que le texte, consensuel, met l’accent sur la nécessité pour tous les États Membres d’appuyer pleinement les efforts de l’Afghanistan pour un processus de paix « dirigé et pris en main par les Afghans ».  Il s’agit là de la seule solution réaliste au conflit, a-t-il martelé, citant le Président afghan Ghani pour qui les Taliban ont le choix entre la paix et la guerre.  Ils doivent choisir d’aider à rebâtir l’Afghanistan.

Le représentant a lancé un appel à tous les membres de l’Assemblée générale et à la communauté internationale pour qu’ils appuient le Gouvernement afghan, y compris à la prochaine réunion du Processus de Kaboul pour la paix et la coopération, en janvier.  Il est de notre intérêt à tous de travailler ensemble, « sous la houlette du Gouvernement afghan », pour garantir le succès, a-t-il exhorté, soulignant que la résolution reconnaît la nécessité pour tous de continuer d’aider l’Afghanistan à parvenir à l’autosuffisance.     

M. KJETIL JONNEVALD HALVORSEN (Norvège) a rappelé que l’objectif commun est de stabiliser l’Afghanistan et de l’empêcher de devenir un sanctuaire du terrorisme.  L’Afghanistan a fait des progrès mais ces progrès demeurent incertains, a prévenu le représentant, en affirmant que le Gouvernement d’unité nationale est le meilleur espoir pour assurer la stabilité.  Cette stabilité, a souligné le représentant, exige aussi un processus politique avec les Taliban et l’un des défis est de trouver « le bon format et le bon moment » pour s’engager dans un tel processus.

M. Halvorsen a promis que son pays contribuera aux efforts visant à réunir les différentes parties pour discuter d’une solution politique.  Il a salué la nouvelle stratégie des États-Unis en Afghanistan qui signale le maintien de la présence américaine sur les fronts diplomatique et militaire.  Il a aussi salué l’approche régionale et l’ouverture vers un règlement politique du conflit.  La Norvège est prête à faire sa part, a-t-il encore promis, avant d’annoncer que l’Afghanistan restera l’un des principaux bénéficiaires de l’aide norvégienne, qui est d’environ 80 millions de dollars par an, sans compter la formation dispensée par les forces spéciales norvégiennes au Groupe de réponse aux crises de la police spéciale afghane, dans le cadre de la mission « Soutien résolu » de l’OTAN.  Enfin, le représentant a encouragé le Gouvernement à poursuivre ses efforts pour organiser en 2019 des élections en temps, libres et justes, avec le soutien international.

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