Soixante-douzième session,
56e séance plénière – matin
AG/11977

Assemblée: seule une approche ciblant les sanctuaires terroristes dans la région rapprochera l’Afghanistan de la paix, prévient le Chef de l’exécutif afghan

Le Chef de l’exécutif afghan, M. Abdullah Abdullah, qui a défendu une approche contre les sanctuaires terroristes, a expliqué aujourd’hui à l’Assemblée générale la nouvelle stratégie de sécurité nationale visant à vaincre le terrorisme, à travailler avec les nations qui partagent cette perception de la menace et à protéger le peuple de la violence « politisée ».

L’Assemblée générale a commencé l’examen du projet de résolution* annuelle sur la situation en Afghanistan avec, sur la table, les rapports du Secrétaire général qui prévient qu’on ne parle encore d’un pays en situation d’après-conflit suffisamment stable pour se consacrer à la mise en place d’institutions et d’activités axées sur le développement.  Il s’agit bien d’un pays en conflit montrant peu de signes d’apaisement, ce qui ne signifie pas qu’aucun progrès n’a été accompli mais plutôt que les succès demeurent compromis par les conséquences du conflit en cours.

La principale préoccupation concerne la sécurité, a confirmé l’Allemagne, en présentant le projet de résolution.  Les groupes armés, qui n’ont pas réussi à gagner de grosses positions sur le terrain, ont mené des attaques d’envergure et fait payer un lourd tribut aux Afghans.  Le texte présenté aujourd’hui invite toutes les parties au conflit, en particulier les Taliban, à reconnaître leur responsabilité et à accepter des pourparlers directs sans conditions.

C’est bien pour témoigner de l’importance que le peuple et le Gouvernement d’Afghanistan attachent à la résolution que je suis ici aujourd’hui, a déclaré le Chef de l’exécutif afghan.  M. Abdullah Abdullah a expliqué que son pays a adopté de nouvelles mesures pour assurer une meilleure coordination avec les stratégies annoncées par les États-Unis, l’OTAN et l’Union européenne « lesquelles répondent à une demande que l’Afghanistan fait depuis longtemps ».  Le Chef de l’exécutif s’est dit convaincu qu’une approche sur mesure et mettant clairement l’accent sur le règlement du problème posé par les sanctuaires terroristes dans la région est la question clef qui permettra à son pays de se rapprocher de la paix et de la sécurité. 

Nous ne pouvons plus abriter ou appuyer un groupe tout en en combattant un autre et prétendre lutter contre le terrorisme dans toutes ses dimensions, a prévenu M. Abdullah Abdullah, en espérant que, « cette fois-ci », l’action contre le terrorisme parlera plus fort que les mots.  Il est urgent, a renchéri l’Inde, de parler de l’appui dont des organisations terroristes comme les Taliban, le Réseau Haqqani, Daech, Al-Qaida et les autres bénéficient en dehors des frontières afghanes.  Les « zones terroristes spéciales » doivent disparaître, a-t-elle martelé, voulant que le soutien à un processus de paix et de réconciliation, « mené par les Afghans, dirigé par les Afghans et contrôlé par les Afghans » soit offert « en toute sincérité ».

Encourager des relations stables et constructives avec tous les voisins, en particulier avec le Pakistan, demeure un élément essentiel de la stratégie pour la paix, a souligné le Chef de l’exécutif, devant lequel le Pakistan a averti que ni la coalition, ni le Gouvernement afghan et encore moins les Taliban ne pourront imposer aux autres une solution militaire.  Il a formulé le vœu que « la sagesse et le réalisme » pousseront les Afghans à s’engager dans des négociations de paix et appelé les Taliban à renoncer à la violence, à se mettre à la table des négociations et à s’engager dans un dialogue sérieux sur la paix, « un dialogue que le Pakistan est prêt à promouvoir ».

Cette année, la résolution reconnaît « la centralité » du rôle de l’Afghanistan dans la conduite des efforts de paix qui s’inscrivent dans le Processus d’Istanbul, s’est réjoui M. Abdullah Abdullah.  Ces efforts seront aussi guidés par le nouveau plan stratégique du Haut Conseil pour la paix qui se concentre sur une approche impliquant l’ensemble de la société pour promouvoir la paix. 

Le lien entre sécurité et développement durable a été largement évoqué au cours du débat.  Ce sont des défis interdépendants dans tout processus d’édification d’un État, ce qui exige un soutien politique réel de la région, a dit l’Union européenne, rappelant que, lors de la Conférence de Bruxelles de 2016, la communauté internationale a confirmé son soutien politique et financier à l’Afghanistan en faisant des annonces de contribution d’un montant de 15 milliards de dollars d’ici à 2020, dont 5 milliards par les membres de l’UE.

L’Assemblée poursuivra l’examen de cette question demain à partir de 10 heures.

LA SITUATION EN AFGHANISTAN (A/72/312), (A/72/392)

Présentant le projet de résolution (A/72/L.8), M. CHRISTOPH HEUSGEN (Allemagne) a rappelé que la résolution sur la situation en Afghanistan est présentée chaque année depuis 1980, reflétant l’évolution de la crise, l’appui apporté par la communauté internationale et les souffrances du peuple afghan.  Depuis 2002, l’Allemagne est le facilitateur des négociations sur une résolution qui a été pour la première fois considérablement modifiée l’année dernière pour refléter, de manière plus concise, la relation entre la communauté internationale et l’Afghanistan.  Cette année, le projet de résolution a été actualisé une nouvelle fois, après des négociations « assez difficiles », a reconnu le représentant.  Les divergences de vues ayant perduré, l’Allemagne a décidé de soumettre un « texte du Président » qui essaie de rapprocher les positions et de dégager un compromis.  Quoi qu’il en soit, a affirmé M. Heusgen, la résolution se veut avant tout l’expression de l’appui de tous les États Membres des Nations Unies à l’Afghanistan et à son peuple.

La principale préoccupation concerne la sécurité, a expliqué le représentant.  Les groupes armés, qui n’ont pas réussi à gagner de grosses positions sur le terrain, ont mené des attaques d’envergure et fait payer un lourd tribut aux Afghans.  Le représentant a profité de la présence du Chef de l’exécutif afghan dans la salle pour condamner les « actes de violence méprisables » contre des mosquées chiites et autres attaques visant à diviser la société afghane sur des bases ethnique et religieuse.  La communauté internationale n’a pas échappé aux attaques, en particulier le 31 mai 2017, lors de l’attentat-suicide contre l’ambassade allemande.

Rendant hommage aux Forces nationales de sécurité afghanes pour leur sacrifice et leur patriotisme, M. Heusgen a rappelé que la communauté internationale continue de les soutenir, notamment l’OTAN et sa mission « Soutien résolu ».  À cet égard, il s’est félicité des nouvelles stratégies de l’Union européenne et des États-Unis.  Trois éléments, a-t-il estimé, devront être réunis pour que la situation s’améliore: le soutien au secteur de la sécurité, le soutien au développement et à la stabilisation et les efforts diplomatiques pour trouver une solution politique.  Un règlement durable du conflit ne sera possible qu’à travers un processus de paix mené par les Afghans eux-mêmes et impliquant des pourparlers entre le Gouvernement et les Taliban.  Le représentant s’est donc félicité du plan stratégique pour la paix et la réconciliation présenté par le Haut Conseil pour la paix de l’Afghanistan et du lancement du Processus de Kaboul sur la paix et la réconciliation, le 6 juin 2017, visant à garantir une coordination des efforts sous l’égide du Gouvernement afghan.

Au nom de la communauté internationale, a-t-il dit, la résolution présentée aujourd’hui invite également toutes les parties au conflit, en particulier les Taliban, à reconnaître leur responsabilité et à accepter des pourparlers directs sans conditions.

Parlant des élections législatives prévues en 2018, le représentant a reconnu un calendrier « ambitieux » et a invité le Gouvernement à redoubler d’efforts pour créer les conditions nécessaires à un processus transparent, crédible et inclusif, renforçant la confiance de la population dans les institutions démocratiques.  Il a conclu en félicitant le Gouvernement afghan pour les progrès dans le programme de réformes même si de grands défis demeurent, en particulier en termes de lutte contre la corruption.

Ma présence ici, a déclaré, M. ABDULLAH ABDULLAH, Chef de l’exécutif de la République islamique d’Afghanistan, témoigne de l’importance que le peuple et le Gouvernement d’Afghanistan attachent à la résolution, et en particulier, à son application plus ciblée.  En Afghanistan, a-t-il indiqué, nous ne nous battons pas contre un groupe mais plusieurs groupes terroristes qui, soit sont les mêmes sous des noms différents, soit poursuivent des agendas qui se chevauchent.  Le pays a adopté de nouvelles mesures afin de compléter et d’assurer une meilleure coordination avec les stratégies annoncées par les États-Unis, l’OTAN, l’UE et autres, qui répondent à une demande que l’Afghanistan fait depuis longtemps.  Le Chef de l’exécutif s’est convaincu qu’une approche sur mesure et mettant clairement l’accent sur le règlement du problème posé par les sanctuaires terroristes dans la région est la question clef qui permettra de se rapprocher de la paix et de la sécurité.  C’est aussi la pierre angulaire de la nouvelle stratégie de sécurité nationale qui vise à vaincre le terrorisme, à travailler avec les nations qui partagent cette perception de la menace et à protéger le peuple de la violence « politisée ».

L’Afghanistan ne cesse de réaffirmer qu’il souhaite des relations amicales avec toutes les nations et a montré qu’il ferait tout pour ne pas que ses relations avec un pays et ou groupe de pays affectent celles avec les autres pays de la région ou au-delà.  L’Afghanistan doit être considéré comme un atout stratégique, une plateforme de relations cordiales, a plaidé M. Abdullah Abdullah, jugeant « négatives » les rivalités entre États et « contreproductif » le recours à la violence par procuration.  Il n’existe pas de bon ou de mauvais terroriste ou extrémiste violent.  Nous devons tous nous mettre d’accord pour lutter contre toutes les formes de terreur.  Nous ne pouvons plus abriter ou appuyer un groupe tout en en combattant un autre et prétendre lutter contre le terrorisme dans toutes ses dimensions, a prévenu le représentant.

Cette année, la résolution reconnaît « la centralité » du rôle de l’Afghanistan dans la conduite des efforts de paix, dans le cadre du Processus d’Istanbul, s’est réjoui M. Abdullah Abdullah.  Ces efforts seront aussi guidés par le nouveau plan stratégique du Haut Conseil pour la paix qui se concentre sur une approche impliquant l’ensemble de la société pour promouvoir la paix.  Encourager des relations stables et constructives avec tous les voisins, en particulier avec le Pakistan, demeure un élément essentiel de la stratégie pour la paix.  À l’instar du Président Ashraf Ghani, le Chef de l’exécutif a espéré que, « cette fois-ci », l’action contre toutes les formes de terrorisme parlera plus fort que les mots.  Sortir du statu quo veut dire faire reculer la terreur, cesser d’empiéter sur le territoire afghan et supprimer les sanctuaires.  Tout échec aura des conséquences négatives et se traduira par encore plus de tensions voire pire, a insisté le Chef de l’exécutif.

Il a mis l’accent sur les progrès socioéconomiques et sur les avancées en matière de coopération régionale, dont la septième Conférence sur la coopération économique régionale concernant l’Afghanistan, qui s’est tenue la semaine dernière à Achgabat, au Turkménistan.  Les parties prenantes se sont engagées à mettre en place au moins 18 grands projets régionaux, y compris CASA 1000 et TAPI sur l’énergie et le gaz, sans oublier le projet de transport et de transit à Chabahar.  Le Chef de l’exécutif a aussi parlé de la signature récente de l’Accord sur la route du lapis lazuli et du développement du couloir aérien entre son pays et l’Inde.  Il a également mentionné les projets de chemin de fer avec la Chine, l’Iran, le Kirghizistan et le Tadjikistan.

Le Chef de l’exécutif a poursuivi sur la bonne gouvernance et l’état de droit, s’attardant sur la Stratégie nationale de lutte contre la corruption.  Il a aussi évoqué les améliorations apportées pour assurer la viabilité fiscale, avant de prévenir que le lien dangereux entre terrorisme et trafic de drogues exigera un effort collectif plus ciblé de la région et au-delà.

Quant à la participation des femmes aux processus sociopolitiques et à l’économie, elle reste une priorité, a affirmé M. Abdullah Abdullah qui en a profité pour remercier les quelque 8 500 femmes des forces de sécurité.  Enfin, le Chef de l’exécutif afghan a attiré l’attention sur l’aspect le plus important de la stabilité politique: tirer les leçons du passé et garantir des élections libres, justes et transparentes.  Le Gouvernement s’y emploie, avec la Commission électorale indépendante, afin de procéder aux réformes nécessaires au processus électoral, pour restaurer la confiance et encourager la participation.  Les élections parlementaires sont prévues en 2018 et seront suivies d’une élection présidentielle en 2019.

M. VIKTOR DVOŘÁK, de l’Union européenne, a rappelé qu’il y a plus d’un an, lors de la Conférence de Bruxelles, la communauté internationale a confirmé son soutien politique et financier substantiel à l’Afghanistan en faisant des annonces de contributions d’un montant de 15 milliards de dollars d’ici à 2020, dont 5 milliards par les membres de l’Union européenne.  Après une année, a-t-il ajouté, nous sommes en mesure de constater des progrès dans plusieurs domaines bien que des défis majeurs perdurent dont la situation en matière de sécurité, qui a rendu notre travail plus difficile.  L’Union européenne, a souligné le représentant, a honoré ses engagements: le 16 octobre, les ministres des affaires étrangères ont approuvé une nouvelle stratégie, confirmant à nouveau leurs engagements à long terme en faveur de la paix, de la stabilité, de la prospérité et du développement durable de l’Afghanistan.

Cette stratégie est axée sur quatre domaines prioritaires: promouvoir la paix, la stabilité et la sécurité régionales, renforcer la démocratie, l’état de droit et les droits de l’homme, promouvoir la bonne gouvernance et l’autonomisation des femmes, appuyer le développement économique et humain et relever les défis liés à la migration.  L’Accord de coopération UE-Afghanistan en matière de partenariat et de développement (CAPD) constitue le premier cadre juridique, a-t-il encore expliqué, soulignant que l’application de cet Accord permettra d’explorer de nouvelles voies de coopération.

La sécurité et le développement durable sont des défis interdépendants dans tout processus d’édification d’un État, ce qui exige un soutien politique réel de la région, a souligné M. Dvořák, qui a vivement exhorté toutes les parties prenantes à coopérer d’une façon constructive à une solution durable au conflit.  Le représentant a insisté sur un processus incluant les hommes et les femmes afghans et tenant compte de leurs intérêts respectifs.  Ce processus, a-t-il poursuivi, doit préserver l’unité, la souveraineté, l’intégrité territoriale et les droits de tous les Afghans, conformément à la Constitution nationale.  Le représentant a encouragé le Gouvernement afghan à lancer un processus politique avec les Taliban et avec les groupes d’opposition.  Il a en outre mis l’accent sur le rôle de la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan et de toutes les agences de l’ONU.    

Au moment où le consensus s’effrite, a déclaré Mme CAITLIN WILSON (Australie), nous reconnaissons le travail de tous les pays pour parvenir à une résolution qui reflète l’engagement constructif en faveur de la sécurité, de la stabilité et du développement en Afghanistan, en partenariat avec le Gouvernement d’unité nationale.  L’Australie estime qu’une approche régionale intégrée des défis afghans peut améliorer les perspectives, réduire la dépendance de l’Afghanistan à l’aide internationale et ouvrir la voie à une paix crédible.  Après avoir noté les progrès enregistrés par le pays, la représentante a confirmé l’intention de son pays de continuer à travailler à la sécurité et au développement de l’Afghanistan.  L’Australie a ainsi annoncé un léger renforcement de son engagement militaire pour former, conseiller et aider les forces de sécurité « courageuses et résilientes ».  Durant la visite du Président Ghani, le Gouvernement australien a signé un accord de coopération bilatérale « actualisé et renouvelé » qui reconnaît les tâches importantes que sont l’autonomisation des femmes et des filles et la satisfaction des besoins des populations vulnérables.  L’Australie, a ajouté la représentante, continue à appuyer une solution politique négociée par les Afghans eux-mêmes, comme la voie la plus sûre vers une paix durable.  La représentante a encouragé l’Afghanistan et ses partenaires à saisir toutes les occasions d’un dialogue inclusif et pragmatique pour mettre fin à la violence et créer une vision cohérente pour le futur du pays, y compris par le Processus de Kaboul.  

M. VASSILY A. NEBENZIA (Fédération de Russie) a regretté que plusieurs préoccupations de son pays n’aient pas été prises en compte dans la résolution, en particulier les questions liées au trafic illicite de drogues.  Le représentant a aussi jugé « inadmissible » que son pays ait été accusé de collusion avec les Taliban.  Ne nous voilons pas la face, a-t-il dit, nous ne percevons aucun progrès substantiel en matière de réconciliation nationale, a-t-il déploré.  Les Taliban continuent leur politique de violence dans le pays, avec des effectifs de 10 000 hommes, y compris les rapatriés.  Le représentant a aussi rappelé que, selon le dernier rapport de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), la production d’opium représente désormais 7% du PIB afghan et 35 à 40% du revenu des terroristes.

Mme MALEEHA LODHI (Pakistan) a rappelé qu’après le peuple afghan, c’est le peuple pakistanais qui a souffert le plus des décennies de guerre et de violence en Afghanistan, accueillant près de trois millions de réfugiés.  Le Pakistan a déployé 200 000 soldats à la frontière occidentale et a lancé une des plus grandes campagnes au monde contre le terrorisme qui a permis de débarrasser presque entièrement les zones tribales des groupes terroristes et militants.  Le Pakistan a payé un lourd tribut: plus de 27 000 de ses citoyens ont perdu la vie, dont 6 500 soldats et policiers, alors que l’économie perdait plus de 120 milliards de dollars.

La coopération entre l’Afghanistan et le Pakistan est une « composante essentielle » de l’entreprise de paix et de sécurité sur le sol afghan mais aussi dans toute la région, a poursuivi la représentante.  Elle a espéré que le Gouvernement afghan répondra favorablement aux propositions du Pakistan visant à renforcer le contrôle des frontières.  Après avoir passé en revue les mesures « globales et concrètes » que son pays a prises ces dernières années pour appuyer l’économie et le développement de l’Afghanistan, la représentante a souligné qu’avec la communauté internationale, son pays a estimé que la paix durable ne sera possible qu’à travers un accord négocié.  Ni la coalition, ni le Gouvernement et encore moins les Taliban ne pourront imposer aux autres une solution militaire, a-t-elle prévenu. 

La promotion d’un règlement politique et la poursuite de la solution militaire sont « incompatibles », a-t-elle insisté.  Un autre recours à l’option militaire sans stratégie politique ne produira que les mêmes effets.  Le Pakistan espère donc, a confié la représentante, que la priorité sera donnée aux négociations et à la réconciliation, dont la responsabilité première incombe aux Afghans eux-mêmes.  La représentante a salué le plan de paix et de réconciliation et appelé les Taliban à renoncer à la violence, à se mettre à la table des négociations et à s’engager dans un dialogue sérieux sur la paix, un dialogue que le Pakistan est prêt à promouvoir.

Les progrès, a prévenu la représentante, ne seront possibles que si les parties afghanes elles-mêmes réalisent qu’il n’y a pas de solution militaire à la guerre.  Elle a donc espéré que « la sagesse et le réalisme » l’emporteront et pousseront les Afghans à s’engager dans des négociations de paix. 

M. MAHMADAMIN MAHMADAMINOV (Tadjikistan), qui a parrainé le projet de résolution, s’est dit encouragé de voir que tous les États Membres de l’ONU s’accordent autour de l’importance de la paix et la stabilité en Afghanistan et de son rôle clef dans la promotion de la coopération et l’intégration régionales.  L’une des meilleures voies réside dans l’exploitation du potentiel de la route de transit d’Asie centrale.  Le représentant a mis l’accent sur CASA 1000, une ligne électrique construite par les pays de la région, connectant l’Asie centrale et l’Asie du Sud.  Le représentant a attiré l’attention sur d’autres projets dans les secteurs du transport et de l’énergie, sans oublier la création des zones de libre-échange. 

M. FERIDUN HADI SINIRLIOĞLU (Turquie) a souligné que la résolution présentée cette année met en exergue les progrès réalisés en Afghanistan et reflète l’appui unanime et à long terme de la communauté internationale au Gouvernement et au peuple afghans.  Son pays faisant partie des coauteurs, le représentant a jugé essentiel que les progrès accomplis au cours des 16 dernières années en Afghanistan soient consolidés par le respect des engagements pris par les partenaires internationaux en matière de paix et de sécurité.  Les efforts de paix et de réconciliation entrepris par les Afghans eux-mêmes sont également indispensables pour instaurer une paix et une sécurité durables, a-t-il ajouté.  Notant la volatilité persistante de la situation, il a estimé que le Gouvernement d’unité nationale devait être plus inclusif s’il veut mieux combattre le terrorisme, mener à bien les réformes politiques en cours et remettre l’Afghanistan sur la voie de la prospérité.  L’aide publique au développement (APD) que fournit la Turquie à l’Afghanistan s’est élevée, entre 2002 et 2016, à plus d’un milliard de dollars et a concerné quelque 850 projets, a encore indiqué le délégué.  Nos contributions, a-t-il déclaré, continueront de passer par des plateformes multilatérales telles que le Processus d’Istanbul « Au cœur de l’Asie ».

La violence infâme et la terreur contre les plus vulnérables continuent de tester la résilience remarquable du peuple afghan, s’est désolé M. TANMAYA LAL (Inde).  Mais, ici aux Nations Unies, presque rien n’a changé: le Conseil de sécurité débat toujours de la nécessité ou pas de désigner de nouveaux leaders ou de geler les  biens du leader taliban assassiné, et, pendant que ce débat continue, de nouvelles menaces naissent en Afghanistan sous la forme de Daech.  Il est urgent, a estimé le représentant, de parler de l’appui dont des organisations terroristes comme les Taliban, le Réseau Haqqani, Daech, Al-Qaida et les autres bénéficient en dehors des frontières afghanes.  Les « zones terroristes spéciales », ces refuges et ces sanctuaires, doivent disparaître, a martelé le représentant.  Le soutien à un processus de paix et de réconciliation, « mené par les Afghans, dirigé par les Afghans et contrôlé par les Afghans » doit être appuyé « en toute sincérité ».  Tout progrès significatif doit pointer vers la cessation de la violence, l’abandon de tout lien avec le terrorisme international et le respect des droits de l’Afghan ordinaire, en particulier les femmes et les enfants.  Le respect de la souveraineté de l’Afghanistan et l’appropriation nationale du processus de paix sont « de la plus haute importance ».

Qui bénéficie du trafic de drogues?  Si ce ne sont pas les Afghans, qui le contrôle et qui profite du lien entre drogues et terrorisme?  Voilà, a dit le représentant, des questions auxquelles il faut répondre avec des actions et des mesures « quantifiables ».  Le Conseil de sécurité, qui pourrait invoquer le régime de sanctions de 1988, ne le fait pas, a-t-il dénoncé.  Nous ne faisons rien contre les leaders des organisations terroristes.  Nous n’enquêtons pas.  Nous ne démantelons pas le « business de la drogue » dans le pays.  À moins d’une action efficace, les Nations Unies courent le risque de finir marginalisées, a prévenu le représentant.   

Il est ensuite passé à la coopération économique entre son pays et l’Afghanistan, soulignant que l’importance de la connectivité et du transit pour la paix et la prospérité en Afghanistan n’échappe à personne.  Malheureusement, le transport et le transit terrestres entre l’Inde et l’Afghanistan sont bloqués depuis des années.  « Ce blocus est un crime contre le peuple afghan », a accusé le représentant, qui s’est félicité de l’accès par le port iranien de Chabahar lequel marque le début d’une nouvelle ère de connectivité renforcée, fiable et solide pour le pays sans littoral qu’est l’Afghanistan.  Le représentant a conclu en espérant que la résolution de cette année conduira les uns et les autres à se concentrer vraiment sur « la maladie » de l’Afghanistan.  Il est temps de sortir de la routine et de traiter du cœur même de la crise.  Nous devrions peut-être accorder plus d’attention à la voix des Afghans, a suggéré le représentant.

M. GHOLAMALI KHOSHROO (République islamique d’Iran) a espéré que l’adoption de la résolution aidera le peuple afghan à sortir de cette période difficile de son histoire et à faire de l’Afghanistan un pays stable, sûr et prospère, ce à quoi l’Iran continue d’apporter son appui.  Le représentant a constaté que la région souffre d’une montée alarmante de la violence extrémiste et que l’augmentation dramatique de la production de drogue y menace les sociétés.  « Plus de 10 ans après l’invasion de l’Afghanistan de 2001 par les États-Unis, l’Afghanistan, la région et le monde ne sont en rien plus sûrs », s’est indigné le représentant pour lequel il faut s’attaquer aux causes profondes de la crise sécuritaire, avec d’autres options que l’option militaire.  Notant qu’aujourd’hui le Gouvernement d’unité nationale est sur le front de la guerre contre le terrorisme, le représentant a plaidé en faveur d’un soutien continu de la communauté internationale. 

Le renforcement de la coopération régionale, a-t-il poursuivi, est à la fois une priorité et une mesure de consolidation de la paix et du développement dans la région.  À ce titre, le représentant a, entre autres, salué le projet du port de Chabahar.  Les problèmes afghans étant ceux de la région, il s’est dit préoccupé par les résultats alarmants du rapport sur la production d’opium en Afghanistan.  Cela est d’autant plus alarmant que les drogues sont l’une des principales sources de revenu des groupes terroristes.  L’Iran appelle donc la communauté internationale à soutenir les projets et activités internationales et régionales, y compris celles menées dans le cadre de l’initiative triangulaire de lutte contre les stupéfiants de l’Afghanistan, l’Iran et le Pakistan. 

Le représentant a ensuite rappelé que son pays accueille des millions de réfugiés afghans depuis plus de 30 ans, et que, cette année seulement, 400 000 enfants afghans sans papiers ont été scolarisés en Iran.  L’Iran continue à œuvrer au sein de la Commission tripartite pour planifier le retour volontaire, sûr, digne et graduel des réfugiés afghans dans leur pays, mais constate à regret que cette année ce nombre est le plus bas depuis la création du programme de retour volontaire en 2002.  Tout effort permettant de faciliter leur réintégration est le bienvenu, a insisté le représentant dont le pays souhaite mettre en place une stratégie globale de rapatriement volontaire et de réintégration, ce qui suppose, une approche plus coordonnée entre le Gouvernement, les donateurs et les Nations Unies.  À ce propos, le représentant a rappelé la demande du Gouvernement afghan visant à ce que la Mission de l’ONU se concentre sur le renforcement des capacités institutionnelles.

Constatant avec regret la recrudescence des combats en Afghanistan, M. MARC-ANDRÉ BLANCHARD (Canada) s’est dit déterminé à faire en sorte que la République islamique « ne redevienne pas un repaire pour le terrorisme international ».  Le Canada, a-t-il ajouté, appuie sans réserve le processus de paix et de réconciliation engagé par les Afghans, à l’instar de la Conférence sur le processus de Kaboul convoquée par le Gouvernement du pays en juin dernier, peu de temps après l’attaque « dévastatrice » survenue dans la capitale afghane, le 31 mai 2017. 

En gage de soutien à ce processus, le Canada s’est engagé à verser 465 millions de dollars, entre 2017 et 2020, pour appuyer le secteur de la sécurité et de l’aide au développement en Afghanistan.  Conformément à la « nouvelle politique étrangère féministe » canadienne, M. Blanchard a précisé que son pays accorderait une attention particulière aux droits des femmes et des filles dans l’allocation des fonds.  À ses yeux, la résolution adoptée aujourd’hui dénote d’ailleurs une « volonté d’en arriver à une participation entière et égale des femmes » dans toutes les sphères d’activité en Afghanistan.

Soulignant, par ailleurs, le « rôle vital » joué par les corps policiers afghans pour assurer la paix et la sécurité, le représentant canadien a déclaré que son pays continuerait à appuyer financièrement l’accroissement des capacités des forces policières en Afghanistan.  

M. BAKHTIYOR IBRAGIMOV (Ouzbékistan) a indiqué qu’un développement stable et durable en Asie centrale était étroitement lié à la paix en Afghanistan.  C’est pourquoi, l’Ouzbékistan soutient le texte présenté à l’Assemblée générale, lequel souligne notamment qu’il n’y a pas de solution militaire et demande la poursuite des efforts de tous les partenaires régionaux et internationaux afin de soutenir le processus de paix et de réconciliation dans le pays.  Comme le note le projet de résolution, un processus de paix ouvert, mené par les Afghans eux-mêmes, et soutenu par la communauté internationale est essentiel pour la paix et la stabilité durables. 

Pour l’Ouzbékistan, l’assistance de la communauté internationale dans la reconstruction de l’économie du pays et des infrastructures demeure une condition importante pour la stabilité globale de l’Afghanistan.  Dans ce contexte, les efforts de la communauté internationale doivent se focaliser sur l’intégration de l’Afghanistan aux processus économiques régionaux, en particulier par des projets dans les domaines de l’énergie, des transports, de la communication et autres.  Ces exigences sont du reste contenues dans le communiqué final de la Conférence internationale sur la sécurité et le développement durable en Asie centrale que l’Ouzbékistan vient d’abriter, il y a 10 jours, sous les auspices des Nations Unies. 

Depuis un an, l’Ouzbékistan a intensifié le dialogue bilatéral avec l’Afghanistan.  Les deux Présidents se sont rencontrés à plusieurs reprises et ont signé cinq accords de collaboration sur la reconstruction économique de l’Afghanistan.  Un bureau d’échanges de l’Ouzbékistan a ouvert ses portes à Kaboul afin de promouvoir le commerce entre les deux pays.  Enfin, le Président de l’Ouzbékistan a nommé un envoyé spécial en Afghanistan afin de renforcer les relations bilatérales.

Pour M. CAMP (États-Unis), cette résolution montre l’engagement collectif à soutenir le peuple afghan pour parvenir à une paix durable.  Les États-Unis ont beaucoup dépensé en termes de vies humaines depuis 16 ans en Afghanistan, a dit le représentant, avant de rappeler que le Président Trump a approuvé, en août dernier, une nouvelle stratégie en Asie centrale, reconnaissant que la stabilité en Afghanistan est essentielle à celle de toute la région.  Les États-Unis continueront à soutenir les efforts de lutte contre le terrorisme et à aider les Forces nationales de sécurité afghanes à neutraliser les groupes violents.  Tous les efforts des alliés de l’Afghanistan s’articulent autour d’un processus politique de paix pris en main par l’Afghanistan, a souligné le représentant, affirmant que la seule voie de la paix reste la négociation.

M. WU HAITAO (République populaire de Chine) a félicité le Gouvernement d’unité nationale de l’engagement pris pour le dialogue et la réconciliation, ainsi que pour les résultats d’ores et déjà atteints.  La communauté internationale doit continuer de veiller au renforcement des forces de sécurité, a dit le représentant, qui a souligné qu’un processus de réconciliation inclusif est la seule façon d’atteindre les objectifs fixés.  Il a salué la résolution et encouragé la communauté internationale à respecter les choix « indépendants et souverains » du pouvoir afghan.  Il a mis l’accent sur les richesses naturelles et la place géographique du pays, espérant la multiplication des initiatives régionales.  Il a cité le Forum « La ceinture et la route », qui a eu lieu à Beijing sur le renforcement de la connectivité régionale et mondiale.

Mme LANA ZAKI NUSSEIBEH (Émirats arabes unis) s’est vivement préoccupée des événements tragiques survenus cette année en Afghanistan, le dernier attentat ayant coûté la vie à un diplomate émirati et à quatre autres diplomates.  Saluant les efforts de l’UE, de l’ONU, de l’OTAN et des autres organisations pour ramener la paix et la stabilité dans le pays, la représentante a néanmoins estimé que les difficultés et aussi la négligence des Afghans avaient créé une situation de violence très préoccupante.  Elle s’est dite convaincue que c’est la lutte contre toutes les formes de terrorisme qui permettra de passer de la parole à l’acte.  Les Émirats ont participé et financé la reconstruction de l’aéroport de Mazar-i-Sharif, de l’autoroute et d’autres infrastructures.  Ils ont aussi ouvert l’Université émiratie dans la ville de Khost et veillé à la formation de plus de 20 000 imams afghans pour lutter contre les discours de haine et encouragé la paix et la réconciliation.  Les Émirats ont également lancé des projets en faveur des femmes, notamment dans l’entreprenariat.  Dans le cadre de la coopération bilatérale et multilatérale, les Émirats comptent poursuivre leur appui à l’Afghanistan, a souligné la représentante.  

M. KAHA IMNADZE (Géorgie) a salué les efforts du Gouvernement afghan, tout en condamnant fermement tous les actes de violence et d’intimidation contre des civils qui visent à saper ces efforts.  Malgré sa petite taille et ses propres problèmes de sécurité, la Géorgie a toujours contribué, depuis plus d’une décennie, aux efforts internationaux visant à garantir un développement sûr et pacifique de l’Afghanistan.  Les soldats géorgiens ont pris part aux missions de l’OTAN, ayant rejoint la coalition antiterroriste immédiatement après les attentats du 11 septembre.  En 2004, la Géorgie a commencé à déployer ses troupes, devenant le plus gros fournisseur de contingents à la Force internationale d’assistance à la sécurité, parmi les non-membres de l’OTAN et le deuxième contributeur par habitant après les États-Unis.  Actuellement, 870 Géorgiens sont déployés dans « Soutien résolu ».  La Géorgie aide aussi les Forces nationales de défense et de sécurité et a contribué à hauteur de 1,5 million de dollars au Fonds d’affectation spéciale pour l’Armée nationale afghane.

Le cycle de la violence doit cesser et le dialogue doit commencer, s’est impatientée Mme AUDRA PLEPYTĖ (Lituanie) qui a insisté sur le fait que la paix ne peut se préparer qu’à travers des négociations directes.  Elle a encouragé le Gouvernement et les Taliban à amorcer le dialogue.  Seul un processus de paix dirigé par les Afghans peut mener à des solutions durables, a poursuivi la représentante, qui a réclamé le renforcement des Forces nationales de sécurité afghanes.  Elle a ainsi indiqué que son pays a, cette année encore, versé la somme de 500 000 dollars au Fonds d’affectation spéciale pour l’Armée nationale afghane.  La Lituanie a aussi renforcé sa présence militaire qui est passée de 21 à 29 soldats. 

Dans le contexte des prochaines élections, la représentante a espéré que le quota de 25% permettra d’améliorer la présence des femmes au Parlement.  Notant des progrès pour le moins « inégaux » dans l’émancipation de la femme, elle s’est tout de même félicitée de la création de ZAN TV, la première chaîne de télévision créée pour et par les femmes.  Elle en a profité pour demander au Gouvernement afghan d’enquêter sur les attaques contre les journalistes.  Elle a conclu sur le fléau de la drogue, en demandant des efforts concertés de l’Afghanistan et de la communauté internationale pour créer d’autres sources de revenu.  La Lituanie, a-t-elle ajouté, travaille avec les autorités afghanes pour améliorer la qualité des passeports et résoudre les questions de cybersécurité.  

M. MARC PECSTEEN DE BUYTSWERVE (Belgique) a noté que, durant la décennie écoulée, l’Afghanistan a réalisé des progrès considérables dans les domaines politique, économique et du développement.  Mais ces gains sont fragiles et des défis majeurs subsistent, a souligné M. de Buytswerve, qui s’est attardé sur quatre éléments.  Il a d’abord souligné que la résolution est une opportunité unique pour la communauté internationale de s’unir pour réfléchir à la meilleure manière d’aider l’Afghanistan à construire une paix et un développement durables.  Il a notamment appelé à un appui à la sécurité, au commerce régional, à la coopération humanitaire et au renforcement des institutions afin de lutter contre le trafic de drogues, la criminalité, le terrorisme ou les violations des droits de l’homme.  Lorsque ce soutien est conçu en coordination avec les efforts entrepris par l’Afghanistan, nous nous approchons alors du concept de pérennisation de la paix.  De son côté, la Belgique a décidé d’augmenter sa présence militaire qui comptera près de 100 soldats, comme elle poursuivra sa contribution humanitaire, son assistance au déminage et au développement économique et social, principalement à travers les agences de l’ONU actives en Afghanistan et cordonnées par la Mission d’assistance des Nations Unies en Afghanistan (MANUA).

Pour M. de Buytswerve, le principe d’appropriation s’applique également au processus de paix et la résolution souligne judicieusement l’importance d’un processus de paix mené par les Afghans.  Le Processus de Kaboul pour la paix et la sécurité, lancé le 6 juin dernier sous l’impulsion du Gouvernement afghan, est un élément essentiel.  Le représentant a ensuite salué l’élection de l’Afghanistan au Conseil des droits de l’homme, louant également les engagements pris en ce qui concerne les droits de la femme et de l’enfant et la création d’unités locales de protection de l’enfance.  Il a par ailleurs encouragé à se pencher sur la situation des enfants dans les centres de détention.

Le représentant a aussi estimé qu’un effort soutenu de déminage reste indispensable, l’Afghanistan étant l’un des pays les plus lourdement touchés au monde par les mines antipersonnel, avec un impact disproportionné sur les enfants.  À ce propos, il a salué les réalisations dans la mise en œuvre du Programme d’action antimines ainsi que le transfert partiel de la gestion dudit programme à la Direction de coordination de l’action antimines.  Avant de conclure, le représentant a insisté sur la nécessité d’un soutien adéquat de la communauté internationale afin que l’Afghanistan soit un pays sans mines en 2023.    

M. KORO BESSHO (Japon) a déclaré qu’aujourd’hui, M. Abdullah Abdullah avait réaffirmé la ferme détermination du Gouvernement afghan de poursuivre les efforts de développement, de stabilisation et de lutte contre la corruption.  La réponse de la communauté internationale est dans la résolution, a dit le représentant.  Notre ultime test sera de savoir si l’Afghanistan parvient à l’autosuffisance qu’il faut pour que les donateurs n’aient plus à annoncer des engagements pluriannuels.  Le représentant a rappelé que son pays n’a cessé d’appeler le Gouvernement afghan à remplir ses engagements de 2014 sur la représentation équitable au Gouvernement d’unité nationale.  L’inclusion, a-t-il insisté, est la clef de la stabilité politique.  Le représentant a estimé que le Processus de Kaboul a donné un nouvel élan aux efforts de paix et a voulu que les partenaires régionaux et internationaux restent unis.  Il a en effet noté que les partis pris et les divisions entre les acteurs régionaux rendaient la tâche plus ardue.  Se tournant vers le Conseil de sécurité, il lui a demandé d’intégrer certaines dispositions de la résolution dans ses discussions sur la situation en Afghanistan.

M. TAREK AHMED MAHFOUZ AHMED MAHFOUZ (Égypte) s’est félicité du consensus auquel les États Membres sont parvenus pour adopter cette nouvelle résolution sur la situation en Afghanistan, relevant que le rapport sur l’examen stratégique de la MANUA souligne le « rôle vital » joué par les Nations Unies en Afghanistan.  L’Égypte, qui a soutenu le Gouvernement afghan dans sa lutte contre le terrorisme, se félicite des préparatifs pour les élections en 2018 et soutient ses efforts de développement économique.  Le représentant a rappelé que le trafic de drogues fait peser un danger sur l’Afghanistan et sur toute la région d’Asie centrale.  Il a souligné la nécessité de la coopération avec le Gouvernement afghan pour lutter contre ce trafic qui finance le terrorisme.  Il s’agit là, a-t-il insisté, d’un fléau contre lequel il faut se battre par tous les moyens, mais il faut aussi un cadre stratégique mondial pour le prévenir et stopper son idéologie, a rappelé le représentant.

M. EUGENIO CARLUCCI (Italie) a souligné, à son tour, que la meilleure voie vers la paix est celle d’une solution pacifique et négociée dans un processus inclusif de réconciliation, assurant la participation de tous les segments de la société afghane, y compris les femmes.  L’Italie salue toutes les initiatives en ce sens, dont le Processus de Kaboul.  Il est tout aussi important, a poursuivi le représentant, que les forces de défense et de sécurité nationales soient en mesure de contrecarrer les attaques des insurgés.  L’Italie continuera à les aider dans le cadre du « Soutien résolu ».  Le représentant a ensuite souligné l’importance des élections de 2018, de la mise en œuvre des réformes internes en faveur desquelles s’est engagé le Gouvernement afghan à la Conférence de Bruxelles l’année dernière, de la lutte contre la corruption et de la promotion des droits de la femme. 

Partageant la détermination de ses alliés à aider à renforcer les institutions de défense et de sécurité en Afghanistan, M. GEORGI VELIKOV PANAYOTOV (Bulgarie) a dit soutenir les efforts du Gouvernement d’unité nationale pour édifier un environnement sûr et démocratique dans le pays et dans la région ainsi que les efforts internationaux en la matière, plus particulièrement la nouvelle stratégie américaine pour l’Afghanistan.  La participation de la Bulgarie au « Soutien résolu » s’élève désormais à 160 soldats, a indiqué le représentant dont le pays contribue aussi au Fonds d’affectation spéciale pour l’Armée nationale afghane.  Le représentant a espéré que le Processus de Kaboul contribuera aux efforts de paix et de réconciliation.  Après avoir encouragé les initiatives régionales, il s’est dit confiant que, sur la base de l’examen stratégique qui sera présenté au Conseil de sécurité, la Mission de l’ONU restera bien outillée pour s’acquitter de son mandat.

Partenaire de longue date de l’Afghanistan, comme l’a reconfirmé la Conférence internationale de Bruxelles en octobre 2016, la Bulgarie maintient ses contributions, notamment dans le cadre de l’aide publique au développement, et, préoccupée par la situation des migrants et des déplacés en Afghanistan, elle a contribué aux programmes et projets de l’UNICEF et de l’OIM.

Mme AKSOLTAN ATAEVA (Turkménistan) a renouvelé l’intention de son pays de cultiver avec l’Afghanistan des relations propices à la paix et à la sécurité régionales.  Les 14 et 15 novembre derniers, le Turkménistan a organisé une conférence régionale au cours de laquelle une attention particulière a été accordée à l’amélioration du réseau énergétique en Afghanistan.  De nombreux projets ont été étudiés, dont celui de créer des infrastructures de transport moderne d’est en ouest.  Un accord a d’ailleurs été signé pour la création d’un couloir terrestre entre plusieurs pays du bassin de la mer Caspienne et de la mer Noire.

M. YASHAR T. ALIYEV (Azerbaïdjan) a estimé qu’un engagement et une assistance régionale et internationale continue à l’Afghanistan restent cruciaux pour maintenir le rythme des progrès enregistrés jusqu’ici et répondre aux aspirations de paix, de stabilité et de prospérité.  Il a salué les efforts d’intégration régionale et internationale de l’Afghanistan, avant de parler des capacités multimodales le long des axes est-ouest et nord-sud, du Port commercial international de Bakou et de la dernière connexion ferroviaire Bakou-Tbilisi-Kars.  L’Azerbaïdjan est partie au Processus d’Istanbul qui, dès sa création en 2011, est devenu une plateforme régionale.  La prochaine Conférence ministérielle du « cœur de l’Asie » aura lieu le 1er décembre prochain à Bakou sur le thème « Sécurité et connectivité économique vers un cœur de l’Asie renforcé ».  Ce sera une importante occasion de discuter d’une large gamme de questions, dont la paix, la sécurité, la prospérité économique et le bien-être social de la région.  

Estimant qu’il n’y a pas d’alternative à une solution politique, M. BARLYBAY SADYKOV (Kazakhstan) a salué les efforts redoublés du Gouvernement afghan et des partenaires régionaux et internationaux pour résoudre la crise politique interne et ramener la paix.  Il a jugé encourageant que la situation en Afghanistan ait fait l’objet d’une attention spéciale lors du Sommet historique de l’Organisation de Shanghai pour la coopération qui s’est tenu à Astana les 8 et 9 juin 2017, durant laquelle l’Inde et le Pakistan ont été admis comme membres à part entière.  Le représentant y a vu un signe positif pour la solution des problèmes régionaux, estimant que les consultations sur l’Afghanistan sous divers formats sont importantes et nécessaires pour surmonter les divergences politiques et travailler ensemble en faveur des négociations de paix. 

Le Kazakhstan présidera le Conseil de sécurité en janvier 2018 et prévoit, à cette occasion, d’organiser un débat ouvert sur le partenariat en Asie centrale.  Déplorant la détérioration de la situation sécuritaire et les attaques terroristes, il a encouragé la communauté internationale à prendre des actions décisives pour éradiquer ces menaces et soutenu la vision du Secrétaire général sur le renforcement de la diplomatie préventive.

S’agissait de la hausse de la production de drogues, le représentant a plaidé pour des efforts conjoints aux niveaux international et régional, seuls à même de donner des résultats positifs dans ce qui est en fait une lutte contre le financement du terrorisme.  Il a plaidé pour un soutien aux mesures prises par le Gouvernement, l’ONUDC, INTERPOL et le Centre régional d’information et de coordination pour l’Asie centrale.

Ayant toujours considéré que la sécurité et le développement sont liés, le Kazakhstan, a dit son représentant, a versé une aide au développement d’environ 100 millions de dollars ces dernières années.  Il va également investir dans les infrastructures.  L’Afghanistan, a plaidé le représentant, ne doit plus être perçu comme une menace mais comme un partenaire important au fort potentiel qui doit se connecter aux autres pays de la région par l’intégration économique.  Pour y parvenir, le Kazakhstan défend l’idée de créer un centre régional de l’ONU à Almaty pour consolider le travail des 18 bureaux régionaux et sous-régionaux déjà sur place.  Ce centre coordonnerait toutes les activités de développement durable et de renforcement des capacités économiques.  Il travaillerait à la prévention des catastrophes naturelles et d’origine humaine et permettrait de faciliter l’aide humanitaire, sans oublier qu’il compléterait aussi le travail du Centre régional pour la diplomatie préventive en Asie centrale.

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