Soixante-douzième session,
33e séance plénière – matin
AG/11964

​​​​​​​NEPAD: L’investissement dans le capital humain, la mobilisation des ressources et la prévention des conflits, gages du succès de l’Afrique

Aucun appui au développement ne mènera au changement sans des efforts contre les causes sous-jacentes des conflits comme aucune violence ne sera évitée sans la matérialisation des promesses du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD).  C’est ce qu’a affirmé, aujourd’hui, le Président de l’Assemblée générale, M. Miroslav Lajčák, en ouvrant le débat sur le NEPAD et la Décennie pour l’élimination du paludisme.

« Un accord commercial ne veut rien dire pour une mère dont un enfant est menacé de mort par le paludisme.  L’investissement étranger direct (IED) n’est pas vraiment le souci de quelqu’un qui ploie sous une pluie de balles », a poursuivi le Président de l’Assemblée, ajoutant une dimension humaine au débat.

Le NEPAD, a dit M. Lajčák, qui a été « comme une sorte de précurseur » du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et de l’Agenda 2063 de l’Union africaine, a donné une « vision claire » à l’Afrique, une vision où toutes les couches de la société jouissent de la croissance et du développement, où le paludisme et les autres maladies ne condamnent pas à la peine de mort des centaines de milliers de personnes chaque année, où les signes précoces d’un conflit mènent à la médiation plutôt qu’à la violence, où les institutions sont fortes, où les femmes et les jeunes participent et dirigent la vie publique et où la bonne gouvernance est la norme. 

Dans son rapport, le Secrétaire général indique que le NEPAD constitue un « cadre voulu par les pays africains et piloté par eux en vue de la relance socioéconomique du continent ».  Cette notion d’appropriation a été maintes fois soulignée au cours du débat.  L’appropriation africaine du processus de développement « n’est pas un simple concept », comme l’ont montré les progrès remarquables enregistrés par les pays africains dans la mise en œuvre des objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), a commenté l’Égypte, au nom des États d’Afrique.  La Turquie a dit fonder sa coopération sur le principe de « solutions africaines aux problèmes africains ».

Problèmes africains?  Le Directeur général de l’Agence du NEPAD, M. Ibrahim Assane Mayaki, en a relevé trois: l’emploi des jeunes dans un continent où l’âge moyen est de 20 ans et où 440 millions de jeunes devraient entrer sur le marché du travail d’ici à 2030; le commerce et la nécessité d’améliorer les procédures douanières, d’alléger les restrictions à l’octroi de visas et d’aboutir enfin au « passeport africain », sans oublier celle de faire mieux s’agissant de la forme, la qualité et la diversité des biens et services à l’exportation; et, enfin, les inégalités dans la répartition des richesses et l’accès à la terre.

Ce qu’il faut, c’est donner « un sens concret » à la mobilisation des ressources domestiques, a prescrit l’Algérie, alors que dans son rapport, le Secrétaire général met en garde contre le « spectre d’un nouveau piège de la dette en Afrique ».  La Fédération de Russie a rappelé avoir annulé 20 milliards de dollars de la dette des pays pauvres très endettés.

Le Président de l’Assemblée, à l’instar d’autres intervenants, a mis l’accent sur l’aide publique au développement (APD), dont l’« augmentation modeste » est à attribuer, selon le Mozambique, aux coûts de l’assistance humanitaire et de l’accueil des réfugiés dans les pays donateurs.  D’autres pays ont attiré l’attention sur les pertes dues aux flux financiers illicites.  La Libye, qui a dénoncé les paradis fiscaux, a appelé à un mécanisme mondial contre ces flux « car, malheureusement, seulement 3% des avoirs clandestinement expatriés ont été restitués ».

L’accent a également été mis sur diverses formes de partenariats, en particulier la coopération Sud-Sud.  L’Inde s’est enorgueillie que les échanges avec l’Afrique soient montés à près de 72 milliards de dollars l’année dernière, faisant d’elle le quatrième plus grand partenaire commercial de l’Afrique.  Devenue la partenaire commerciale numéro 1 de l’Afrique, et numéro 3, pour ce qui est des investissements, la Thaïlande a parlé de son désir d’exporter la « Philosophie nationale de l’économie de l’autosuffisance (SEP) ».  La Turquie s’est vantée d’un réseau réunissant 39 ambassades, les agences de développement, la compagnie Turkish Airlines et l’association des entrepreneurs turcs qui met en lumière le potentiel économique de l’Afrique. 

L’Asie et l’Afrique sont les continents des opportunités et des défis, a souligné le Myanmar.  L’Afrique est toujours la deuxième région à la croissance économique la plus rapide au monde, obligeant les sceptiques à la reconnaître comme « le continent de l’espoir et l’étoile montante », s’est réjouie l’Éthiopie.  « L’Afrique doit être respectée et vue comme un partenaire et non comme une source de problèmes ou une menace pour le confort des autres », a ajouté l’Algérie.  « Nous attendons de vous coopération, respect mutuel, véritable partenariat et solidarité », a-t-elle conclu.

L’Assemblée générale reprendra ses travaux le jeudi 26 octobre à 10 heures pour examiner le rapport de la Cour internationale de Justice.

NOUVEAU PARTENARIAT POUR LE DÉVELOPPEMENT DE L’AFRIQUE ET DÉCENNIE POUR FAIRE RECULER LE PALUDISME

Pour l’examen de cette question, l’Assemblée générale était saisie du Rapport de synthèse du Secrétaire général sur les progrès de la mise en œuvre du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) et sur l’appui international (A/72/223) et d’un autre Rapport du Secrétaire général sur les causes des conflits et la promotion d’une paix et d’un développement durables en Afrique (A/72/269-S/2017/780).

Déclarations

M. MIROSLAV LAJČÁK (Slovaquie), Président de l’Assemblée générale, a d’abord souligné l’importance du NEPAD comme une sorte de précurseur qui, avec plus de 10 ans d’avance, a précédé le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et l’Agenda 2063 de l’Union africaine.  Beaucoup de priorités du NEPAD figurent dans ces nouveaux cadres de travail dont le développement des infrastructures, le développement humain, la sécurité alimentaire, l’éducation et la formation et la santé.

Depuis son adoption en 2001, le NEPAD a mené à un changement transformateur, a affirmé M. Lajčák, voulant pour exemple le fait que le Programme détaillé pour le développement de l’agriculture africaine a amélioré la productivité agricole du continent et changé la vie de beaucoup de fermiers africains.  Le NEPAD a permis de grands pas dans l’intégration du commerce africain et la finalisation, cet été, de l’Accord tripartite de libre-échange a marqué un jalon car il harmonisera les trois blocs sous-régionaux qui avaient jusqu’ici leurs propres règles et modèles commerciaux.  La Zone de libre-échange continentale n’est plus un rêve », s’est réjoui le Président de l’Assemblée.

Mettant un bémol, M. Lajčák a rappelé qu’il y a bien des obstacles à surmonter et qu’il faudrait des progrès plus rapides pas seulement dans les deux secteurs de l’agriculture et du commerce, mais dans une large gamme de secteurs déterminants, y compris les infrastructures, l’industrie, la diversification économique et l’élimination de la pauvreté.  Le NEPAD, le Programme 2030 et l’Agenda 2063 ont des plans très clairs sur les moyens d’y parvenir et il est crucial que ces deux cadres soient harmonisés et intégrés, notamment en termes de rapport, de suivi et d’examen.

Le Président de l’Assemblée a aussi répété un message qu’il a fréquemment entendu: le développement de l’Afrique ne deviendra une réalité que s’il est mené de l’intérieur même du continent, comme le confirme d’ailleurs l’Agenda 2063.  Le rôle de l’Union africaine, des communautés économiques régionales et des organisations a été indispensable car elles ont agi comme des « moteurs » des progrès dans le développement durable et le renforcement des capacités africaines dans les domaines de la paix et la sécurité.  Au niveau local, les pays africains ont aussi renforcé leurs capacités de mobilisation des ressources domestiques et se sont attaqués aux flux illicites de capitaux.

Mais, a reconnu le Président, dans un monde où aucun pays, aucune région ne peut agir seul, les efforts déployés par l’Afrique doivent être appuyés par un partenariat revitalisé au développement.  L’aide publique au développement (APD) et les autres formes d’engagement, a insisté le Président, sont essentielles pour augmenter les financements, accélérer le transfert de technologie et assurer l’accès aux marchés.  Les investissements doivent aussi être encouragés aux niveaux national, régional et international.

Enfin, le Président a souligné que le développement de l’Afrique n’est pas une entreprise isolée.  Aucun appui au développement ne mènera au changement sans des efforts pour traiter des causes sous-jacentes des conflits comme aucune violence ne sera évitée si l’on ne traduit pas en actes concrets les promesses du NEPAD.  Un accord commercial ne veut rien dire pour une mère dont un enfant est menacé par le paludisme.  L’investissement étranger direct (IED) n’est pas vraiment le souci de quelqu’un qui ploie sous une pluie de balles.

L’Afrique a une vision claire, a conclu le Président, une vision où toutes les couches de la société jouissent de la croissance et du développement, où le paludisme et les autres maladies ne condamnent pas à la peine de mort des centaines de milliers de personnes chaque année, où les signes précoces d’un conflit mènent à la médiation plutôt qu’à la violence et où les institutions sont fortes, les femmes et les jeunes participent et dirigent la vie publique et où la bonne gouvernance est la norme.  Cette vision, a estimé le Président, s’approche de la réalité et ce débat conjoint nous permet d’effectuer un autre pas dans la bonne direction.

Au nom du Groupe des Amis du développement industriel inclusif et durable, M. PHILIPP CHARWATH (Autriche) a d’abord rappelé que son groupe est directement lié à l’objectif 9 du Programme 2030, avant de souligner que parvenir à une transformation structurelle par des efforts accélérés et coordonnés d’industrialisation doit être une des priorités de l’Afrique en matière de développement.  Il s’est donc félicité des efforts de l’Agence du NEPAD qui, avec le Conseil sud-africain de la recherche scientifique et industrielle, travaille à l’élaboration d’une feuille de route des objectifs d’industrialisation à court, moyen et long termes, conformément au Plan d’action pour le développement industriel accéléré de l’Afrique.  Le représentant s’est aussi félicité des initiatives du G20 pour appuyer les efforts d’industrialisation des pays africains par des investissements dans la promotion et le renforcement des capacités dans les domaines de la science, des technologies et de l’innovation, conformément à l’Agenda 2063. 

La communauté internationale, dont le système de l’ONU, a poursuivi le représentant, doit jouer un rôle essentiel pour soutenir les pays dans leur processus d’industrialisation.  La proclamation par l’Assemblée générale de la Troisième Décennie 2016-2025 pour le développement industriel de l’Afrique demande expressément à l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI) de jouer un rôle de chef de file dans la promotion d’un développement industriel inclusif et durable en Afrique, en collaboration avec l’Union africaine, la Commission économique pour l’Afrique, la Banque africaine de développement et le Bureau des Nations Unies pour l’Afrique.  Le représentant a salué le travail de l’ONUDI et s’est dit confiant qu’il jouera un rôle important dans le développement industriel de l’Afrique, en restant fidèle aux priorités continentales, régionales et nationales.

Au nom du Groupe des États d’Afrique, M. IHAB MOUSTAFA AWAD MOUSTAFA (Égypte) a jugé impératif de veiller à ce que les besoins spécifiques de l’Afrique, en particulier l’élimination de la pauvreté, reçoivent l’attention qu’ils méritent au sein du système des Nations Unies.  Nos efforts, a souligné le représentant, doivent se concentrer sur les moyens de mise en œuvre, à savoir les ressources financières, le transfert de technologie et le renforcement des capacités.  Les pays développés doivent respecter les engagements énoncés dans le Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement.  Ceci dit, le représentant a tenu à insister sur le fait que l’appropriation africaine du processus de développement « n’est pas un simple concept », comme l’ont montré les progrès remarquables enregistrés par les pays africains dans la mise en œuvre des objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  Mais mobiliser un appui fort est plus important que jamais, maintenant que l’Afrique a lancé son Agenda 2063.

Les défis du continent sont la paix, la sécurité et le développement, a poursuivi le représentant, en appelant à un appui fort à l’initiative de l’Union africaine « Faire taire les armes d’ici 2020 ».  Il s’est réjoui du partenariat « exemplaire » entre les Nations Unies et l’Afrique, en particulier l’appui à la création et à l’opérationnalisation de l’Architecture africaine de paix et de sécurité.  Il a rappelé la signature entre ces deux entités du Cadre commun ONU-Union africaine pour un partenariat renforcé en matière de paix et de sécurité, en avril dernier.  Le représentant a, dans ce cadre, appuyé l’accent mis par le Secrétaire général sur la prévention en tant que pivot renforçant le lien entre les trois piliers du travail de l’ONU, à savoir la paix et la sécurité, le développement et les droits de l’homme. 

Au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), M. DATO ABDUL GHAFAR ISMAIL (Brunei Darussalam) a indiqué que l’ASEAN aussi est en train d’explorer les voies et moyens de promouvoir des synergies et des complémentarités entre sa Communauté de l’ASEAN à l’horizon 2025 et le Programme 2030.  Cette année, en marge du débat général de l’Assemblée générale, l’ASEAN et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) ont lancé « ASEAN My World Survey », visant à capturer les vues des populations sur les progrès dans les objectifs de développement durable et à maintenir le dialogue entre eux et les décideurs pour élaborer des politiques sur la meilleure manière de mettre en œuvre le Programme 2030. 

L’ASEAN et les pays africains, a poursuivi le représentant, vivent des relations d’amitié qui remontent à la Conférence de Bandung de 1955.  Il y a deux ans, ces pays se sont revus en Indonésie pour commémorer le soixantième anniversaire de cette Conférence « historique » et revitaliser leur coopération politique, économique et socioculturelle.  Le renforcement des liens entre les peuples est une dimension importante de ce partenariat, pour rapprocher professionnels, hommes d’affaires, étudiants et les touristes de ces deux régions.  L’ASEAN, a conclu le représentant, est prête à échanger idées et expériences avec ses partenaires africains dans des domaines tels que l’agriculture, l’éducation, les technologies de l’information et des communications, le commerce et le développement des infrastructures.

M. SURYANARAYAN SRINIVAS PRASAD (Inde) a souligné que la coopération internationale demeure un « élément essentiel » des efforts de l’Afrique pour réaliser la paix et la prospérité envisagées dans l’Agenda 2063 et le Programme 2030.  L’Afrique, a-t-il dit, avant de les passer en revue, a fait des progrès rapides ces dernières années, malgré un environnement économique mondial difficile.  L’Afrique est aujourd’hui un continent « de jeunes » dont le dividende démographique peut être un grand avantage si les jeunes ont accès à l’éducation et à la formation nécessaires aux opportunités économiques.  En la matière, le Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement demeure « crucial », en particulier les efforts de lutte contre les flux financiers illicites et le blanchiment d’argent.   

Aujourd’hui, a poursuivi le représentant, l’Afrique et l’Inde sont des sociétés jeunes et dynamiques et des économies qui intensifient leur collaboration pour la prospérité de leurs peuples.  L’objectif principal de ce partenariat est le renforcement des capacités, la mobilisation de l’appui financier et le partage de l’expertise technique, lesquels renforcent les liens commerciaux et d’investissement en croissance rapide.  En effet, le commerce indo-africain a été multiplié par 20 ces 15 dernières années et a doublé ces cinq dernières années, pour atteindre près de 72 milliards de dollars l’année dernière, faisant de l’Inde le quatrième plus grand partenaire commercial de l’Afrique.  L’Inde a investi massivement dans les secteurs des télécommunications, des technologies de l’information et des communications, de l’énergie, de l’ingénierie, de la chimie, de la pharmacie et de l’automobile.  

Le représentant s’est aussi enorgueilli du fait que la Banque africaine de développement ait tenu son Conseil d’administration cette année en Inde, ce qui a donné l’occasion au Premier Ministre indien de lancer le « Corridor de croissance Asie-Afrique », en partenariat  avec le Japon.  Le représentant a aussi rappelé que lors du troisième Forum Inde-Afrique, il y a deux ans, son pays a annoncé 10 milliards de dollars de prêts concessionnels, en plus d’un don de 600 millions de dollars et de 50 000 bourses d’études, sur une période de cinq ans.  Au sein du G20 et du groupe BRICS, l’Inde est aussi active dans toutes les questions relatives aux priorités de développement de l’Afrique.  Après avoir souligné les efforts de l’Inde dans les domaines de la paix et de la sécurité en Afrique, le représentant a précisé que le partenariat de son pays avec le continent africain s’appuie sur la solidarité et le respect mutuel, sans chercher à imposer ni à exploiter.  C’est la coopération Sud-Sud dans toutes ses dimensions, une coopération qui contribue à la mise en œuvre de l’Agenda 2063 et au Programme 2030, a-t-il insisté.

M. BADER ABDULLAH AL-MUNAYEKH (Koweït) a rappelé que l’Afrique s’est lancée dans deux programmes historiques il y a deux ans, le Programme 2030 et le NEPAD.  Mais, a prévenu le représentant, le manque de ressources financières, la circulation illicite des armes et l’environnement économique mondial risquent de saper les acquis de l’Afrique dans le développement durable.  Le représentant a souligné que son pays est membre observateur de l’Union africaine et qu’il entend accorder des prêts concessionnels à certains pays africains.  Le pays entend aussi débloquer une somme annuelle de 500 000 dollars pour les chercheurs africains qui travaillent dans le domaine du développement.  Convaincu du caractère essentiel de l’éducation, le Koweït entend également aider la Somalie dans ce domaine.

Mme VALENTINE RUGWABIZA (Rwanda) a salué les efforts du NEPAD pour renforcer les capacités et veiller au succès dans la mise en œuvre du Programme 2030, de l’Agenda 2063, du Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement et de l’Accord de Paris sur les changements climatiques.  Elle a aussi salué l’Union africaine pour avoir finalisé, en juillet dernier, l’Accord de libre-échange tripartite et a noté ses efforts visant la responsabilité mutuelle de la Plateforme de partenariat du Programme détaillé de développement de l’agriculture africaine (PDDAA) et de la Déclaration de Malabo sur la croissance et la transformation accélérées de l’agriculture en Afrique pour une prospérité partagée et de meilleures conditions de vie.  La représentante a aussi estimé que le Cadre commun ONU-Union africaine pour un partenariat renforcé en matière de paix et de sécurité est une importante feuille de route pour assurer la coordination entre les deux organisations.  Elle s’est aussi félicitée que les Nations Unies et l’Union africaine aient lancé des réformes pour devenir véritablement capables d’appuyer les efforts collectifs des pays africains visant à réaliser le Programme 2030 et l’Agenda 2063. 

M. OMAR A. A. ANNAKOU (Libye) a souligné l’importance de la coordination et de l’intégration africaine.  Malgré les efforts et les progrès dans certains domaines, a-t-il reconnu, l’Afrique fait face à de nombreux défis dans la réalisation du Programme 2030, dont la pauvreté, les changements climatiques, la migration, la fuite des capitaux, la faiblesse de l’éducation et le manque de services de base comme l’assainissement.  La communauté internationale doit aider l’Afrique à les surmonter et impliquer efficacement le secteur privé pour faciliter le transfert de technologie et l’acquisition des compétences, a estimé le représentant.

S’agissant de la paix et de la sécurité, il a regretté que certains pays, dont la Libye, souffrent de conflits armés et d’instabilité politique.  Il a demandé le soutien de la communauté internationale car le continent ne peut aller de l’avant sans affermir la primauté du droit, le respect des droits de l’homme et la bonne gouvernance.  La Libye, a ajouté le représentant, souffre des flux migratoires et de la difficulté de contrôler ses frontières.  Rappelant que la migration est un problème international qui doit faire l’objet d’une responsabilité partagée par tous, et pas seulement les pays d’origine et de transit, il a réclamé que la communauté internationale s’attaque aux causes de cette migration dont la pauvreté.

Quant aux ressources financières, a-t-il poursuivi, force est de constater que de nombreux pays, dont la Libye, souffrent de la perte d’une partie de leurs richesses en raison de la fuite de capitaux.  Les pays qui abritent ces fonds doivent collaborer à la lutte contre ce fléau, a martelé le représentant, dénonçant les paradis fiscaux et appelant à un mécanisme mondial contre les flux illicites car, malheureusement, seulement 3% des avoirs clandestinement expatriés ont été restitués.

Avec ses abondantes ressources naturelles et son grand potentiel, l’Afrique est désormais le continent à la croissance la plus rapide au monde, a constaté M. VIRACHAI PLASAI (Thaïlande).  Il s’est félicité du NEPAD qui a renforcé l’intégration et le développement du continent mais a reconnu que la violence, le terrorisme et l’instabilité sont venus ces dernières années saper les progrès de nombreux pays et régions, dont l’Afrique.  Il a estimé qu’il est plus que temps de traiter des causes profondes de ces problèmes, à savoir la pauvreté et les inégalités sociales.  Il est impératif que la communauté internationale s’unisse pour aider les pays postconflit à négocier une transition sans heurt et à consolider la paix. 

La Thaïlande, qui est désormais un pays donateur, s’est engagée à élargir son assistance à l’Afrique.  Devenue la partenaire commerciale numéro 1 de l’Afrique, et numéro 3, pour ce qui est des investissements, la Thaïlande a redéfini sa coopération avec l’Afrique sur la base de la confiance et des intérêts mutuels dans le « Partenariat Thaïlande-Afrique pour le développement durable », dont l’objectif principal est de partager l’approche thaïlandaise du développement durable que feu le Roi Bhumibol a explicitée dans « La Philosophie de l’économie de l’autosuffisance (SEP) ».  Aujourd’hui, 21 pays mettent en œuvre des projets « SEP pour le développement durable » grâce à leur coopération avec la Thaïlande, dont le Lesotho, le Swaziland, le Mozambique et le Sénégal, a souligné le représentant.  

Mme NOA FURMAN (Israël) a souligné les similitudes entre les défis de l’Afrique et d’Israël qui, lui, exploite le capital humain pour trouver des solutions.  Pour son développement durable, Israël compte en effet sur « l’économie du savoir », à savoir l’intelligence de sa population.  Quand on sait que 60% de la population africaine a moins de 24 ans, il devient évident, a argué la représentant, qu’il faut investir dans les capacités humaines plutôt que dans des ressources limitées.  Grâce à l’Agence israélienne de coopération au développement « MASHAV », Israël travaille avec ses partenaires africains, les agences de l’ONU, la société civile et le secteur privé dans les domaines de l’éducation et de la formation.  Les programmes épousent l’approche « former les formateurs » pour le renforcement des capacités humaines et institutionnelles, avec des cours dispensés en Israël et dans les pays mêmes. 

En décembre 2016, Israël a organisé une conférence des ministres africains de l’agriculture, suivie d’une session de formation à la recherche appliquée pour les experts agricoles.  En mars de cette année, en collaboration avec l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), Israël a accueilli une grande délégation africaine pour une visite d’étude sur la croissance verte dans les terres arides.  Les informations collectées serviront à la vision de l’Union africaine qui est d’aider avec des pratiques résilientes aux changements climatiques les 25 millions de petits exploitants agricoles d’ici à 2025.  Que ce soit dans l’éducation, l’émancipation économique des femmes ou la création d’unités de traumatologie, le Gouvernement d’Israël et la société civile font vraiment la différence dans la vie des gens dans toute l’Afrique, en particulier les jeunes.  La représentante n’a pas voulu conclure sans attirer l’attention sur l’ONG « Innovation Africa » qui apporte des technologies d’énergie solaire et hydraulique dans les villages isolés d’Afrique, ayant ouvert l’accès à l’électricité et à l’eau à un million de personnes dans plus de huit pays. 

M. SERGEY B. KONONUCHENKO (Fédération de Russie) a relevé les grands efforts effectués en Afrique dans la conception de stratégies nationales et l’assouplissement des lois sur les investissements.  Se disant préoccupé par la baisse de l’investissement étranger direct (IED), le représentant a jugé nécessaire d’apporter un appui à l’Afrique, au risque de lui faire perdre ses acquis.  La Fédération de Russie apporte une aide au continent.  Elle a par exemple annulé 20 milliards de la dette des pays pauvres très endettés.  En outre, plusieurs pays africains ont bénéficié de l’appui de la Fédération de Russie à la sécurité alimentaire.  Le pays a également réagi rapidement à l’épidémie d’Ebola et financé, par ailleurs, à hauteur de 5 millions de dollars, une campagne de vaccination en Angola.  La Fédération de Russie a aussi l’intention d’organiser les 16 et 17 novembre prochains une conférence sur la lutte contre la tuberculose.

L’avenir du continent dépend du développement de son potentiel de production et la Fédération de Russie part du principe que l’ONUDI joue un rôle essentiel car l’industrialisation n’est pas possible si le continent n’a pas accès aux hautes technologies.  Estimant que l’Afrique a un potentiel énorme, le représentant a déclaré que ce serait une grave erreur de ne pas l’aider à réaliser le Programme 2030 et l’Agenda 2063.

M. ABDERRAZZAK LAASSEL (Maroc) a souhaité que le Cadre du nouveau partenariat entre l’ONU et l’Union africaine pour le programme d’intégration et de développement de l’Afrique 2017-2027, qui constituera la feuille de route pour le renforcement de la coordination entre les deux organisations, bénéficie des moyens de suivi efficaces pour atteindre les aspirations du développement fixées par l’Agenda 2063.  Il a dit sa conviction que seule une action africaine commune basée sur une forte intégration régionale permettrait de surmonter les défis du développement durable, de la paix et de la sécurité.  Au titre des obstacles, M. Laassel a pointé le financement de la mise en œuvre du NEPAD, qui risque d’entraver la réalisation des deux programmes car les capacités de financement de la majorité des gouvernements africains sont limitées.  Il a fait remarquer que cette situation est accentuée par un environnement difficile, marqué par la raréfaction des financements, le difficile accès aux marchés financiers internationaux et la diminution de l’aide publique au développement. 

Il a jugé important d’établir avec les pays africains une « nouvelle phase » de coopération internationale et de partenariat pour le développement durable dans ses trois dimensions, fondée sur le principe de responsabilité commune mais différenciée afin de créer davantage d’opportunité pour la mobilisation de ressources financières nécessaires.  M. Laassel a encore estimé que la promotion des investissements, le développement des infrastructures, l’amélioration de l’accès aux marchés, le transfert de technologie et l’allègement de la dette sont autant d’éléments clefs pour « atteindre l’émergence économique des pays africains ».

Mme INA HAGNININGTYAS KRISNAMURTHI (Indonésie) a estimé que les efforts du développement durable en Afrique devraient participer d’un travail collectif.  Pour ce faire, il faut renforcer la coopération internationale en mobilisant les financements, ce qui implique l’apport d’une assistance technique et le renforcement des capacités pour mobiliser les ressources nationales, y compris lutter contre les flux financiers illicites, obtenir la restitution des avoirs détournés, élargir l’assiette fiscale et attirer les investissements.  Le respect des engagements en matière d’APD est crucial ainsi que les prêts concessionnels.  Des efforts doivent aussi être déployés pour garantir la viabilité de la dette. 

Il faut ensuite, a poursuivi la représentante, promouvoir les initiatives qui génèrent une croissance inclusive et durable, comme les infrastructures pour accélérer l’intégration à l’économie mondiale et l’appui à l’industrialisation.  Il faut enfin renforcer la collaboration entre l’ONU et le continent africain dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  La représentante a d’ailleurs dit attendre avec intérêt de voir la manière dont le NEPAD, l’Agenda 2063 et le Programme 2030 seront intégrés dans les activités opérationnelles du système de développement de l’ONU et le rapport du Secrétaire général sur la manière dont l’ONU doit se repositionner pour mieux appuyer les efforts nationaux, y compris ceux de l’Afrique, dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable.

La représentante a conclu en soulignant que son pays est un vrai partenaire depuis la Conférence de Bandung de 1955.  L’Indonésie fait partie des pays qui ont initié le Nouveau Partenariat stratégie Asie-Afrique.  Elle est active dans la coopération Sud-Sud et, au Sommet du G20, elle a annoncé son intention de transformer ses liens politiques avec l’Afrique en des liens économiques concrets.  L’Indonésie accueillera donc, en 2018, le Forum Indonésie-Afrique pour explorer les opportunités économiques, renforcer la coopération technique et améliorer le partenariat existant.

M. ANTÓNIO GUMENDE (Mozambique) a souligné que l’appui des partenaires au développement est essentiel pour veiller à ce que l’Afrique surmonte ses défis.  Il s’est donc dit encouragé par l’« augmentation modeste » de l’aide publique au développement à l’Afrique qui est passée de 54,3 milliards de dollars, en 2014, à 56,61 milliards l’année suivante.  Mais il s’est dit préoccupé que, depuis 2010, cette hausse est surtout attribuable aux coûts de l’assistance humanitaire et de l’accueil des réfugiés dans les pays donateurs.  L’Afrique continue en outre de souffrir du déclin des flux d’investissement étranger direct, ce qui est préoccupant compte tenu de leur rôle dans le développement des infrastructures.  L’agriculture continuant d’être le moteur du développement et une source de survie pour le continent, surtout dans les zones rurales, les efforts doivent porter sur la modernisation de ce secteur, a dit le représentant.  Il a fait part des initiatives prises par son pays dont le plan quinquennal 2015-2019 qui porte aussi sur le secteur de la santé dans un pays où le paludisme menace les efforts de développement. 

M. FERIDUN H. SINIRLIOĞLU (Turquie) a indiqué que le partenariat de la Turquie avec l’Afrique embrasse totalement le principe « solutions africaines aux problèmes africains ».  La Turquie, a dit son représentant, a multiplié son aide publique au développement à l’Afrique subsaharienne par plus de 100 depuis 2005.  Elle se focalise sur le renforcement des capacités humaines et institutionnelles, l’éducation, la formation professionnelle et le développement des infrastructures.  Hier, la Turquie a d’ailleurs organisé la Conférence Turquie-Afrique des ministres de l’éducation.  Tous les ans, le pays offre 1 000 bourses d’études aux étudiants africains.  La Turquie offre aussi son expertise dans le secteur de l’agriculture, « un secteur clef pour le développement de l’Afrique ».  Insistant sur l’aide au développement des infrastructures, le représentant a attiré l’attention sur les facilités offertes par EXIMBANK.  Il s’est enorgueilli d’un réseau composé des 39 ambassades, des agences de développement, de la compagnie Turkish Airlines et de l’Association des entrepreneurs turcs qui mettent en lumière le potentiel économique de l’Afrique pour créer un environnement favorable à la paix et à la sécurité. 

L’Asie et l’Afrique sont les continents des opportunités et des défis, a déclaré M. HAU DO SUAN (Myanmar) qui a souligné « le potentiel énorme » de la collaboration entre ces deux régions dans de nombreux domaines d’intérêt commun, grâce à la coopération Sud-Sud et au Nouveau Partenariat stratégie Asie-Afrique (NAASP).  Rappelant l’historique Conférence de Bandung, le représentant a affirmé que son pays se tiendra toujours fermement aux côtés de l’Afrique.  Comme dans de nombreux pays africains, au Myanmar, les conflits sapent les progrès du développement.  Depuis que le nouveau Gouvernement est entré en fonctions en mars 2016, le pays a fait de la paix et de la réconciliation nationale, la priorité des priorités.  Sur le front économique, il a ouvert ses portes aux investissements étrangers et sa politique économique en 12 points a été élaborée pour réaliser de nombreux objectifs de développement durable.  Le Myanmar appelle la communauté internationale à une nouvelle approche pour approfondir la coopération aux niveaux bilatéral et multilatéral.  Il compte donc renforcer sa coopération avec ses « amis africains », par le biais de la coopération Sud-Sud.

Ce qu’il faut surtout, a estimé M. SABRI BOUKADOUM (Algérie), c’est donner « un sens concret » à la mobilisation des ressources domestiques dans les pays africains.  Ce qu’il faut aussi, c’est que la communauté internationale aide l’Afrique à parvenir à une croissance durable fondée sur une production nationale, une collecte efficace des impôts et des capacités de qualité.  L’Afrique a besoin d’un meilleur accès aux marchés, en particulier ceux des pays développés.  Le représentant s’est dit inquiet des appels à des mesures de stabilisation économiques dans ces pays car elles pourraient ériger de nouveaux obstacles à une contribution effective de l’Afrique à l’économie mondiale.  Il a aussi regretté que le transfert de technologie demeure un problème.  La résilience de l’Afrique peut et doit être renforcée, a-t-il martelé, appelant la communauté internationale à fermement appuyer l’Union africaine et le NEPAD. 

Le représentant a souligné que son pays a fait sa part dans le projet de Route transsaharienne, reliant l’Algérie au Nigéria.  Cette route désenclavera des zones sans littoral et isolées et sera essentielle pour le libre-échange entre le nord et le sud de la région sahélo-saharienne.  Il a aussi parlé du projet « Lien de la fibre optique entre l’Algérie et le Nigéria via le Niger » qui implique l’installation de 4 500 kilomètres de fibres optiques.  Des progrès ont également été faits dans le Programme détaillé pour le développement de l’agriculture africaine dans lequel 50 États africains sur les 55 se sont engagés, s’agissant en particulier de l’agriculture et la sécurité alimentaire.  Grâce à son immense potentiel, tant en ressources humaines qu’en ressources naturelles, « l’Afrique est l’avenir du monde », a proclamé M. Boukadoum.  L’Afrique doit être respectée et vue comme un partenaire et non comme une source de problèmes ou une menace pour le confort des autres.  « Nous attendons de vous, coopération, respect mutuel, véritable partenariat et solidarité », a conclu le représentant.

L’Afrique est toujours la deuxième région à la croissance économique la plus rapide au monde, obligeant les sceptiques à la reconnaître comme « le continent de l’espoir et l’étoile montante » s’est enorgueillie Mme MAHLET HAILU GUADEY (Éthiopie).  Ceci ne veut pas dire, a-t-elle tout de même concédé, que l’Afrique a échappé à l’impact de la récession de 2008 ou à celui de la volatilité des cours des matières premières.  L’Afrique, a-t-elle reconnu, a beaucoup de défis à relever et c’est la raison pour laquelle elle a couché sur le papier son Agenda 2063.  Mais cet Agenda exige de l’Afrique qu’elle « fasse taire les armes », qu’elle transforme et qu’elle diversifie son économie par une industrialisation durable.  Il faudrait encore pour cela qu’elle puisse jouir d’un environnement mondial favorable, a prévenu la représentante, en insistant sur des efforts renforcés et mieux coordonnés pour augmenter les financements et accélérer le renforcement des capacités humaines et technologiques.  À cet égard, elle s’est félicitée de la coopération entre l’ONU et l’Union africaine; l’agenda de la réforme de la première devant tenir dûment compte des besoins en développement spécifiques de l’Afrique. 

M. MODEST JONATHAN MERO (République-Unie de Tanzanie) a insisté sur la détermination de l’Afrique, grâce à ses partenariats, à mettre en œuvre le Programme 2030 et l’Agenda 2063; à mettre également en œuvre l’Accord de Paris sur les changements climatiques; à appuyer l’agenda de la réforme du Secrétaire général; à relever les défis de la paix et de la sécurité, par le biais des initiatives régionales, y compris les partenariats avec la communauté internationale; à développer ses infrastructures et à investir dans l’industrialisation.  « L’appui des partenaires au développement n’est pas vain.  Il est apprécié et reconnu par nous tous », a rassuré le représentant.

M. HAMID MOHAMED ELNOUR AHMED (Soudan) a salué l’accent enfin mis sur les peuples pour parvenir au développement, gage de la paix et de la sécurité.  Au cours de ces 20 dernières années, l’Afrique a accusé quelques retards mais elle revit toujours car elle est le berceau de l’humanité.  Le représentant a déploré la multiplication des conflits armés sur le continent et a voulu que l’on s’attaque sérieusement aux causes de cette instabilité qui fragilise les peuples.  Hormis les différents développements et les nouvelles donnes des changements climatiques, surtout dans les pays subsahariens, l’Afrique, a-t-il insisté, doit aussi s’attaquer aux causes profondes des conflits si elle espère bâtir des démocraties solides, a-t-il affirmé.  Le Soudan pour sa part est passé à la consolidation de la paix durable au Darfour.  L’Accord de paix a fait de cette région une zone de paix et de stabilité, s’est-il félicité, saluant aussi les gouvernements qui ont favorisé la conclusion de cet accord porteur d’une vision claire pour régler les problèmes politiques et économiques.  Il a appelé à un renforcement des partenariats pour une stabilité durable en Afrique. 

M. IBRAHIM ASSANE MAYAKI, Directeur général de l’Agence du NEPAD, a voulu mettre l’accent sur trois questions qui sous-tendent les avancées socioéconomiques de l’Afrique.  Il a d’abord parlé du facteur démographique, et en particulier la question des jeunes et de leur emploi.  Avec une population dont l’âge moyen est de 20 ans et qui devrait monter à 25 ans d’ici à 2050, mais rester en dessous de la moyenne mondiale de 36 ans, l’Afrique doit impérativement briser le cycle de la pauvreté qui continue d’étouffer de larges segments de sa population.  Avec une croissance moyenne de 2,5% par an, ces 10 dernières années, le facteur démographique sera essentiel pour identifier les questions prioritaires et affiner les politiques publiques.  Le dernier Sommet des chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine s’est emparé du problème et a reconnu que « les jeunes ne sont pas un problème à éliminer.  C’est une ressource, une ressource économique qui doit être exploitée ». 

En Afrique, 440 millions de jeunes entreront sur le marché du travail d’ici à 2030, et la situation sera particulièrement critique dans les zones rurales où l’absence d’opportunités d’emploi est généralisée.  La Commission de l’Union africaine, l’Agence du NEPAD et les communautés économiques régionales sont à la recherche de solutions.  L’Afrique doit à tout prix renforcer sa capacité à offrir des formations à ses jeunes et à ses filles.  Elle doit de toute urgence tendre la main au secteur privé pour faire monter le taux et améliorer la forme de la transformation socioéconomique qu’elle veut. 

La deuxième question, a poursuivi le représentant, est le commerce.  La nécessité d’améliorer les procédures douanières, d’alléger les restrictions à l’octroi de visas et d’aboutir enfin au « passeport africain » ne saurait être sous-estimée, ni celle d’améliorer la forme, la qualité et la diversité des biens et services à l’exportation.  L’Agence du NEPAD y travaille et le continent fait déjà des progrès. 

Ma troisième et dernière question est celle des inégalités, a conclu M. Mayaki, en parlant de la répartition inégale des richesses.  Une croissance non inclusive n’est bonne ni pour les affaires, ni pour la stabilité politique, ni pour la cohésion sociale, ni pour l’économie, ni pour la paix et encore moins pour la sécurité.  La question est de savoir quelle action décisive faut-il prendre?  L’Agence du NEPAD entend répondre à cette question, sans oublier celle des inégalités dans l’accès à la terre qui est une réalité africaine aux conséquences graves pour le développement.  

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