Cinquante-quatrième session,
8e & 9e séances – matin & après-midi
SOC/4835

Commission du développement social: les jeunes exigent le droit d’être entendus, écoutés et impliqués dans la création de « l’avenir que nous voulons »

Aujourd’hui à la Commission du développement social, l’optimisme du Secrétaire général de l’ONU quant à la capacité du Programme de développement durable à l’horizon 2030 d’apaiser les frustrations d’un monde en proie aux inégalités et à l’exclusion n’a pas vraiment convaincu les jeunes qui ont continué de réclamer leur droit d’être entendus, écoutés et impliqués dans la création de « L’avenir que nous voulons »*.

Comme l’a rappelé le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, la Commission du développement social, qui est la première Commission technique à travailler sur la mise en œuvre du Programme 2030, s’occupe directement de 1,2 milliard de jeunes, de plus de 900 millions de personnes âgées et d’1 milliard de personnes handicapées dans le monde.  Nous vivons, a reconnu M. Ban, dans un monde de tensions et de troubles, marqué par l’insécurité, les inégalités, l’exclusion et une croissance trop peu inclusive, trop peu durable et incapable de mener au progrès social.  Les gens sont frustrés par les impasses qu’ils voient et se demandent: « nos dirigeants nous entendent-ils? ». 

Oui, a répondu le Secrétaire général, en faisant écho au « oui retentissant » du Programme de développement durable à l’horizon 2030, du Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement et de l’Accord de Paris sur le climat.  « Oui, nous allons mettre fin à la pauvreté mondiale d’ici à 2030.  Non, nous n’allons laisser personne de côté et oui, nous allons bâtir une vie de dignité pour tous sur une planète saine », a-t-il affirmé. 

Le changement que nous demandons, ont commenté les deux jeunes gens de la délégation allemande, part d’un simple fait: nous sommes la plus grande génération de jeunes de l’histoire de l’humanité.  Nous représentons la moitié de la population mondiale et à ce titre, nous réclamons une représentation conforme à notre taille.  Nous voulons, ont-t-ils insisté, décider de l’avenir de notre planète que les générations actuelles détruisent.  Nous exigeons le droit d’être entendus, écoutés et impliqués dans nos communautés, nos pays et dans cette institution même.  Laissez-nous participer à la création de « l’avenir que nous voulons ». 

Les deux jeunes ont dénoncé l’explosion des droits d’inscription dans l’enseignement, le chômage qui touche leur tranche d’âge que l’on exploite de plus en plus comme un vivier de stagiaires professionnels non rémunérés, même à l’ONU, ont-ils souligné.  Les jeunes gens ont prévenu que le monde ne peut pas s’offrir « une génération perdue » au risque de souffrir de la radicalisation, de la violence et des guerres.  Le mur de Berlin est tombé mais dans notre monde contemporain, plusieurs murs continuent de nous séparer et de nous diviser, ont-ils constaté.  Nous devons les abattre et savoir que l’égalité, la justice et les droits de l’homme ne sont pas des biens qu’on achète avec sa nationalité, son statut et son argent.  Ils appartiennent à tout le monde.

On attend beaucoup des Nations Unies, cette année, a reconnu le Président de la Commission du développement social, M. Ion Jinga, de la Roumanie, en prévenant que la tâche ne sera pas aisée.  Le Secrétaire général a d’ailleurs mentionné le rapport qu’il vient de présenter à l’Assemblée générale sur les étapes critiques d’un suivi et d’un examen cohérents, efficaces et inclusifs de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Ce rapport vise, a-t-il dit, à aider les États Membres à assurer une mise en œuvre ancrée dans la réalité des gens et à clarifier les rôles respectifs de l’Assemblée générale, du Conseil économique et social (ECOSOC), de ses commissions techniques et autres plateformes.  Dans ce cadre, le rôle de la Commission du développement social sera crucial.

En attendant de faire une lecture approfondie du rapport, près de 50 États, représentants d’agences de l’ONU et de la société civile ont dit leur avis sur ce que doit être cette mise en œuvre.  Sachant que le développement social ne se réalisera pas sans porter une attention particulière aux groupes les plus vulnérables, les intervenants ont donné des exemples de ce qu’ils ont pu réaliser au niveau national.

En début de journée, la Directrice de la Division des politiques sociales et du développement du Département des affaires économiques et sociales (DAES), Mme Daniela Bas, a présenté la proposition de cadre stratégique pour la période 2018-2019 pour le sous-programme de l’ONU intitulé « politique sociale et développement ».**  La Commission devra l’étudier en vue de faire des recommandations au Secrétaire général.

La Commission du développement social se réunira à nouveau en séance publique vendredi 12 février, à partir de 10 heures, pour le dernier jour de sa cinquante-quatrième session. 

*Titre du Programme d’action de Rio +20 sur le développement durable

**E/CN.5/2016/CRP.1.

SUITE DONNÉE AU SOMMET MONDIAL POUR LE DÉVELOPPEMENT SOCIAL ET À LA VINGT-QUATRIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE (E/CN.5/2016/2)

Thème prioritaire: « repenser et renforcer le développement social dans le monde contemporain » (E/CN.5/2016/3)

Suite et fin du débat général

2016 doit être l’année de la « traction nationale » pour les objectifs de développement durable, a déclaré M. BAN KI-MOON, Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies.  Le travail de la Commission du développement social, a-t-il rappelé, concerne, entre autres, 1,2 milliard de jeunes, plus de 900 millions de personnes âgées et 1 milliard de personnes handicapées dans le monde.  La Commission a fait beaucoup pour mettre en avant la dimension humaine des efforts de développement internationaux et maintenant, il faut exploiter ce succès, a encouragé le Secrétaire général.  Nous vivons, a-t-il rappelé, dans un monde de tensions et troubles, marqué par l’insécurité, les inégalités, l’exclusion et une croissance trop peu inclusive, trop peu durable et incapable de mener au progrès social.  Les gens sont frustrés par les impasses qu’ils voient et se demandent « nos dirigeants nous entendent-ils? ». 

Oui, a répondu le Secrétaire général, en faisant écho au « oui retentissant » du Programme de développement durable à l’horizon 2030, du Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement et de l’Accord de Paris sur le climat.  « Oui, nous allons mettre fin à la pauvreté mondiale d’ici à 2030.  Non, nous n’allons laisser personne de côté et oui, nous allons bâtir une vie de dignité pour tous sur une planète saine », a-t-il affirmé. 

Vos directives seront cruciales, a dit le Secrétaire général, à la Commission, en mentionnant le rapport qu’il vient de présenter à l’Assemblée générale sur les étapes critiques d’un suivi et d’un examen cohérents, efficaces et inclusifs de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, au niveau mondial.  Ce rapport vise à aider les États Membres à assurer une mise en œuvre ancrée dans la réalité des gens et à clarifier les rôles respectifs de l’Assemblée générale, du Conseil économique et social (ECOSOC), de ses commissions techniques et autres plateformes.  Dans ce cadre, le rôle de la Commission du développement social sera crucial, a conclu le Secrétaire général.

On attend beaucoup des Nations Unies, cette année, a confirmé le Président de la Commission du développement social, M. ION JINGA, de la Roumanie, en rappelant le changement de paradigme que constitue le Programme 2030 qui intègre la dimension humaine du développement durable.  M. Jinga n’a pas caché que la tâche ne sera pas aisée compte tenu des conséquences de la crise économique et de l’extrémisme violent sur les mesures de réduction de la pauvreté.  Pour créer la dynamique nécessaire, il a appelé à des partenariats entre tous les acteurs du développement, prônant le partage des expériences et des pratiques exemplaires, aux plans régional et international.  La Commission, a-t-il assuré, va donner des directives pour que les politiques sociales ne laissent personne sur le côté, en particulier les groupes vulnérables.

Mme BÉNÉDICTE FRANKINET (Belgique), au nom des 16 pays du Groupe des amis du Protocole facultatif au Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, a invité les États qui ne l’ont pas encore fait à ratifier le Protocole, soulignant que le respect de tous les droits de l’homme serait un gage d’égalité pour tous et d’intégration sociale.  Elle a souhaité que la Commission du développement social intègre le Programme 2030, en coordination avec les autres commissions techniques de l’ECOSOC.  Elle a aussi suggéré que le thème principal de la session de fond de l’ECOSOC soit intégré aux programmes de travail de ses organes subsidiaires.

Mme PAULINE IRÈNE NGUENE, Ministre des affaires sociales du Cameroun, a déclaré que durant les deux dernières décennies, le Gouvernement s’est attelé à faire de l’autonomisation des groupes sociaux vulnérables, un devoir de solidarité devant sous-tendre la stratégie de développement indispensable à l’éclosion et à l’épanouissement d’une société camerounaise moderne et inclusive.  Cet engagement a été marqué par l’adoption en 2003 du Document de stratégie pour la réduction de la pauvreté, actualisé en 2009 sous le label de Document de stratégie pour la croissance et l’emploi (DSCE) qui a pour objectifs, pour la période 2010-2020, de porter la croissance à 5,5% en moyenne annuelle et ramener le sous-emploi de 75,8% à moins de 50% en 2020 et le taux de pauvreté monétaire de 39,9% en 2007 à 28,7% en 2020.  Au chapitre de l’élimination de la pauvreté, la mise en œuvre des grands projets structurants imposant la haute intensité de main-d’œuvre a permis de réduire le taux de chômage des jeunes camerounais.  À cet effet, plus de 340 954 emplois ont été créés en 2015.

La Ministre a aussi énuméré les mesures visant à promouvoir l’accès aux services sociaux de base, à l’éducation et à la santé pour tous, particulièrement pour les groupes sociaux vulnérables tels que les personnes âgées, les personnes handicapées, les anciens enfants de la rue et les populations autochtones vulnérables comme les Pygmées et Mbororo.  Elle a évoqué notamment l’instauration de la gratuité de l’école primaire publique et la gratuité du traitement du paludisme pour les enfants de 0 à 5 ans, la distribution des mousquetaires imprégnées de longue durée d’action aux populations et le renforcement du programme élargi de vaccination. 

La Ministre a avoué que la mise en œuvre de la politique gouvernementale en matière de développement social se heurte à quelques difficultés comme l’insuffisance des ressources financières permettant de prendre en charge toutes les personnes vulnérables identifiées, l’insuffisance qualitative et quantitative des institutions de prise en charge et la faiblesse d’un système de protection sociale.  Face à cette situation, trois grands axes stratégiques ont été déployés, à savoir la poursuite de la mise en œuvre du DSCE, le renforcement des actions sectorielles et la mise en œuvre du Plan d’urgence triennal pour 2015-2017 dont le but est l’accélération de la croissance et la mise en place des conditions préalables à l’industrialisation du pays. 

M. RYBAKOV, Vice-Ministre des affaires étrangères du Bélarus, a déclaré que le Gouvernement du Bélarus a mis sur pied un Programme de développement dans le sillage du Programme 2030.  Ce Programme national s’appuie sur le principe selon lequel c’est la richesse de l’individu qui conduit à la richesse de l’État.  Le Belarus entend ainsi développer le potentiel de sa jeunesse pour la faire participer pleinement à l’essor du pays.  Cette approche met l’accent sur la science et la formation à l’entrepreneuriat des jeunes.  Mais, a reconnu le Vice-Ministre, le pays a un problème majeur, c’est celui du vieillissement de sa population qui a incité les autorités à réformer les systèmes de pension.  Des initiatives sont en cours pour favoriser le travail des séniors, notamment le recyclage et autre formation en continu.  Dans l’optique de permettre aux familles de s’épanouir pleinement, le Gouvernement met en place des mesures visant à permettre aux parents de concilier vie professionnelle et vie familiale.  Des mesures ont aussi été prises pour offrir des facilités aux familles de plus de deux enfants.

M. SOKHUBOD (Mongolie) a indiqué que son pays s’était doté d’un système de protection sociale relativement développé, qui prévoit notamment l’octroi d’une allocation universelle à la naissance d’un enfant et d’une pension de réversion pour l’époux survivant.  Mon gouvernement veille également à améliorer la protection des Mongols vivant et travaillant à l’étranger, a-t-il dit, précisant que des accords avaient été signés avec certains pays afin que les ressortissants mongols puissent bénéficier d’une pension de retraite.  Détaillant les réformes entreprises par son pays pour harmoniser sa législation avec les normes internationales, le délégué a indiqué que la Mongolie avait ratifié les Conventions principales de l’Organisation internationale du Travail (OIT) et présenté, en mai 2015, son deuxième rapport dans le cadre de l’Examen périodique universel mené par le Conseil des droits de l’homme.

Un projet de loi visant à fournir un appui de l’État plus important aux familles est en cours d’examen au Parlement, a continué le délégué.  Rappelant que les jeunes et les enfants représentaient 71,5% de la population de son pays, il a expliqué que son gouvernement, avec l’aide du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), était en train d’ouvrir des centres pour le développement de la jeunesse offrant des prestations, telles que des formations et des soins de santé.  Le représentant a insisté sur les défis qui demeurent, tels que la pauvreté, le taux de chômage, les inégalités ou bien encore un secteur minier peu efficace et peu transparent.  Sur un territoire peu peuplé, la fourniture de prestations sociales est difficile, a-t-il expliqué, ajoutant que la moitié des gardiens de troupeau, des travailleurs indépendants et du secteur informel ne jouissent pas d’une sécurité de revenu.  En conclusion, le délégué a insisté sur la nécessité de repenser le développement urbain et d’améliorer les conditions de vie dans les zones rurales.

M. ILIYAK (Kazakhstan) a souligné que le succès du Programme 2030 dépendra de l’engagement de chaque État.  La communauté internationale doit se servir des leçons du passé pour initier un changement transformateur en faveur des groupes les plus marginalisés, notamment les enfants, les femmes et les filles, les personnes handicapées et les réfugiés.  Le Kazakhstan, a-t-il souligné, est déterminé à se joindre à l’effort international de promotion de la paix et de la stabilité, d’élimination de la pauvreté et des inégalités, de lutte contre les maladies chroniques et les impacts des changements climatiques.  Dans ce contexte, le Kazakhstan est candidat à un siège non permanent au Conseil de sécurité de l’ONU pour la période 2017-2018, une candidature qui se base sur quatre piliers: la dénucléarisation, la nutrition, l’énergie et la sécurité de l’eau.  Le représentant a insisté sur le fait que l’Afrique et les petits États insulaires en développement (PEID) sont la priorité de son pays. 

Il a rappelé que son Président avait suggéré que chaque État alloue 1% de ses dépenses militaires au Fonds pour le développement durable des Nations Unies.  Pour prouver cet engagement social et en dépit de la crise économique, le Gouvernement kazakh a triplé l’enveloppe budgétaire de sa politique sociale et est prêt à partager son expérience avec d’autres pays en développement.  Le représentant a aussi invité tous les États à participer à l’exposition internationale « Expo-2017 » prévue à Astana sur le thème « l’énergie du futur ».

M. MAYANK JOSHI (Inde) a affirmé que les objectifs de développement de son pays reflétaient ceux du Programme de développement durable à horizon 2030 et que la priorité avait été donnée aux femmes, aux jeunes, aux personnes âgées et autres personnes vulnérables.  L’éradication de la pauvreté et une meilleure intégration économique sont au cœur de nos politiques de développement, a-t-il dit.  Il a rappelé que l’Inde mettait en œuvre le plus important programme de transfert de fonds au monde, doté de 5 milliards de dollars, tout en veillant à ce que les habitants des zones rurales, en particulier les plus vulnérables, reçoivent des soins médicaux de qualité et peu coûteux.  Des campagnes nationales de développement ont été lancées afin de renforcer le secteur de la manufacture, d’augmenter les taux d’emploi et d’améliorer les structures d’assainissement, a-t-il dit.  M. Joshi a également mentionné les efforts en vue de mettre en place un système de protection sociale universel.  Le délégué a ensuite rappelé que les objectifs de développement agrées au niveau international ne pourront pas être atteints sans un financement adéquat et un renforcement des capacités.  Les promesses des pays développés doivent être, à cet égard, honorées, a-t-il dit, avant de souligner l’importance de la coopération Sud-Sud et triangulaire.  Enfin, le délégué a affirmé que son pays ne ménagera aucun effort pour que la vision du Programme de développement à horizon 2030 se réalise.

M. INIGO LAMBERTINI (Italie) a estimé que l’on ne saurait trop souligner l’importance d’une approche centrée sur l’homme et celle de la responsabilité intergénérationnelle pour parvenir à un développement inclusif et durable.  Il est temps, a-t-il plaidé, d’abandonner les solutions « sparadrap » à court terme et de rechercher les causes des crises, des inégalités et des discriminations.  « Repenser et renforcer le développement social dans le monde contemporain » doit vouloir dire, selon le représentant, renouveler avec force nos efforts pour promouvoir le développement social mais aussi le décliner de manière différente, en reconnaissant les liens entre le social, l’économique et l’environnemental, afin de, pour utiliser une expression éculée, « ne laisser personne sur le côté ».  Aujourd’hui, la cohésion sociale, érodée par les crises financières, identitaires ou sanitaires, est encore plus importante pour combler les fossés sociaux qui donnent lieu à la pauvreté, au manque de protection sociale et aux violations du droit du travail, a insisté le représentant.  Il a conclu en attirant l’attention sur le nouveau Plan national de son pays contre la pauvreté et l’exclusion sociale et sur la nouvelle loi pour l’emploi.

Mme LEMUS DE VASQUEZ (El Salvador) a expliqué que son gouvernement avait élaboré une vision et des stratégies à l’horizon 2034 qui doivent donner une impulsion à des transformations profondes, en faisant le lien entre la société, l’État, l’économie et la nature.  L’homme est placé au cœur des politiques publiques, a-t-elle affirmé.  Elle s’est réjouie que les gouvernements, dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030, aient présenté une vision transformatrice du développement, en s’engageant à ne laisser personne sur le côté.  Elle a expliqué qu’une des avancées d’El Salvador est la reconnaissance de la dimension multidimensionnelle de la pauvreté, soit la nécessité d’aller plus loin que l’augmentation des revenus.  On tient ainsi compte des facteurs significatifs de la qualité de vie, comme l’éducation, les conditions de logement, le travail, la sécurité sociale, la santé, les services de base et la sécurité alimentaire.  Parmi les programmes sociaux, elle a mentionné le Programme Ville-Femmes, un autre sur la couverture santé et encore un sur les programmes scolaires.  Enfin, elle a signalé un accord de collaboration avec le système des Nations Unies, conclu à la fin de 2015, qui a permis de placer les objectifs de développement durable au plus haut niveau de priorité.  Nous avons déjà rassemblé des acteurs du Gouvernement, du secteur privé et de la société civile, pour établir un programme national de développement durable, a-t-elle annoncé. 

M. G. HOSSEIN DEHGHANI (République islamique d’Iran), a salué le fait que 9 des 17 objectifs du développement durable aient un lien direct avec le développement social.  Il a noté qu’un monde divisé, où les 62 personnes les plus riches du monde ont davantage que la moitié de la population mondiale, à savoir les pauvres, et où les plus riches des riches qui constituent 1% de la population mondiale ont autant que les 99 autres pourcents, n’est pas du tout un monde enviable.  Lutter contre les inégalités entre et au sein des pays est de la plus grande importance, a-t-il dit.  Le représentant a prévenu que le développement social restera hors de portée tant que des actions déterminantes ne seront pas engagées à l’échelle internationale, soit un vrai transfert de technologies et un système commercial, monétaire et financier international qui soutiennent véritablement le développement social.

Comme les conflits ont un impact des plus destructeurs sur les réalisations sociales, il a mis en garde contre la nouvelle menace qu’est le soutien, le financement et l’armement des groupes terroristes pour aller déstabiliser des pays tiers.  Il a parlé de l’initiative « WAVE », l’acronyme anglais de la vision d’un monde débarrassé de l’extrémisme violent, promue par le Président iranien, et qui part du postulat que la pauvreté et les inégalités sont le ferment de cet extrémisme et du terrorisme.  Dans ce contexte, a-t-il expliqué, combattre la pauvreté aura des répercussions qui dépasseront la sphère économique.  En dépit des sanctions économiques « cruelles et illégales », l’Iran s’est efforcé d’investir dans le développement social, comme le démontre son embellie constante dans l’Index du développement humain du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), et ce depuis 40 ans.

M. NDEYE OUMY GUEYE (Sénégal) a indiqué que son gouvernement avait accéléré le processus visant une croissance économique inclusive et durable, avec le Plan Sénégal Émergent (PSE) qui repose sur le principe de consolidation de l’état de droit et la préservation des droits de toutes les catégories sociales.  Le Sénégal met l’accent sur la promotion du développement humain durable par le renforcement des capacités productives en vue d’autonomiser les populations les plus démunies.  De nombreux programmes de filets sociaux sont initiés pour enclencher les mécanismes appropriés, capables de maintenir et de consolider la tendance amorcée vers un développement humain qui repose sur des ressources humaines de qualité. 

L’État a fait l’option de bâtir une économie de développement basée sur une croissance forte et soutenue, profitable à toute la population.  Cette volonté politique vise, entre objectifs majeurs, l’élimination des inégalités et de toutes les formes de discrimination surtout celles liées au genre.  Le Gouvernement s’appuie donc sur un certain nombre de cadres stratégiques et opérationnels d’intervention et parallèlement au secteur formel de l’éducation, il a lancé le Programme d’alphabétisation et d’apprentissage des métiers pour la lutte contre la pauvreté.  Une Agence nationale de promotion de l’emploi des jeunes a également été mise en place de même qu’un Programme des domaines agricoles communautaires.  L’État a aussi créé le Conseil national des jeunes et élaboré un Programme d’appui à l’Initiative nationale de protection sociale.  Par ailleurs, une version opérationnelle du Plan Sénégal Émergent en milieu rural a été mise en place avec un financement propre de 113 milliards rien que pour sa phase pilote 2015-2017.

Mme IMANE-NORA BELLOUT (Algérie) a fait observer qu’en dépit des efforts colossaux consentis par l’Afrique dans la lutte contre l’extrême pauvreté, le continent africain « continue de subir les contrecoups des crises venues d’ailleurs et qui s’ajoutent aux effets néfastes des catastrophes naturelles et des fluctuations spéculatives des produits de base ».  Face à ce constat, elle a déclaré que l’aide publique au développement (APD) devrait être revisitée « dans un esprit de partenariat conforme aux principes relatifs à son efficacité », et elle a plaidé pour « le respect de l’intégralité des engagements pris dans le cadre du Consensus de Monterrey qui consacre clairement l’allègement de la dette, la promotion de l’investissement productif et la réforme de la gouvernance économique mondiale ».  Elle a souligné que les plans nationaux de développement qui ont été mis en œuvre en Algérie depuis l’an 2000 ont visé des objectifs stratégiques tels que la réduction de la pauvreté, la création d’emplois décents, la revitalisation des espaces ruraux et la réduction des disparités territoriales mais également des objectifs structurants comme l’investissement, la création d’entreprises et l’extension des infrastructures de base.

Mme NAOMI KURODA (Japon) a jugé important de viser en premier la réduction de la pauvreté des familles avec enfants lesquels doivent pouvoir recevoir une bonne éducation, quel que soit leur environnement, pour pouvoir briser la pauvreté intergénérationnelle.  Dans ce contexte, le Gouvernement du Japon a mis en place une politique de lutte contre la pauvreté des enfants en août 2014.  Chaque pays doit en effet assumer la responsabilité première de son développement, a souligné la représentante, reconnaissant néanmoins que les efforts nationaux doivent être soutenus par un bon environnement économique international.  Dans sa coopération au développement, a-t-elle rappelé, le Japon juge crucial de promouvoir la sécurité humaine.  Le pays a donc amendé la Charte de son aide au développement, pour la première fois depuis 12 ans, pour y inclure les concepts de protection et d’autonomisation des personnes, en accordant une attention particulière aux groupes vulnérables comme les enfants, les femmes, les personnes handicapées, les personnes âgées, les réfugiés et les déplacés.  Le Japon, via sa Conférence internationale sur le développement de l’Afrique (TICAD VI), qui se tiendra cette année en août au Kenya, vise à promouvoir « une croissance de qualité » qui garantisse la sécurité humaine, ce qui veut dire, accélérer le développement économique mais aussi renforcer les systèmes de santé et appuyer le développement social, y compris l’éducation pour tous et l’autonomisation des femmes.

Avez-vous déjà joué au lotto? a demandé CARINA LANGE, la déléguée de la jeunesse de l’Allemagne.  La plupart des joueurs ne gagnent pas et naître dans ce monde ressemblent furieusement à une loterie.  Choisissez vos chiffres, a proposé le jeune, ah, pas de chance, vous êtes une des 60 millions de personnes qui doit fuir la guerre et errer sur les routes dans la crainte d’être attaquée ou déportée.  Choisissez d’autres chiffres.  Oh quelle chance, vous êtes l’une des 62 personnes de la planète qui ont autant que la moitié de la population mondiale.  Partout ailleurs les gens travaillent et se couchent affamés alors que vous, votre argent continue de se multiplier pendant que vous êtes plongés dans votre sommeil.  Choisissez vos derniers chiffres.  Ah, bienvenue petite fille qui n’ira pas à l’école, qui travaillera pratiquement sans salaire, qui sera exposée à la violence sexuelle et qui, à compétence égale et à ambition égale, n’ira pas aussi loin qu’un garçon.

Aux Nations Unies, a poursuivi la jeune fille, les 193 États Membres sont responsables de plus de 7 milliards de personnes, soit 7 milliards de tickets de loterie.  Nous ne sommes pas la somme des habitants de la planète, nous sommes, chacun d’entre nous, partie du développement social.  Le changement que nous demandons part d’un simple fait: nous sommes la plus grande génération de jeunes de l’histoire de l’humanité, a souligné le jeune gens.  Nous représentons la moitié de la moitié mondiale et à ce titre, nous réclamons une représentation conforme à notre taille.  Nous voulons, a-t-il insisté, décider de l’avenir de notre planète que les générations actuelles détruisent.  Nous exigeons le droit d’être entendu, écouté et impliqué dans nos communautés, nos pays et dans cette institution même.  Laissez-nous participer à la création de l’avenir que nous voulons. 

Le Programme de développement durable et la Déclaration universelle des droits de l’homme doivent être nos compas, a poursuivi ALEXANDER KAUSCHANSKI, un autre jeune allemand.  Nous sommes la génération la plus formée et pourtant les droits d’inscription explosent, a-t-il dénoncé, pointant aussi le doigt sur le chômage des jeunes et le statut des stagiaires non rémunérés comme à l’ONU.  Arrêtez d’exploiter les stagiaires.  Payez-les, s’est-il écrié, en disant « offrez des perspectives d’avenir aux millions de jeunes qui n’ont plus rien à perdre ».  On ne peut s’offrir, a-t-il prévenu, « une génération perdue » au risque de souffrir de la radicalisation, de la violence et des guerres.  Le mur de Berlin est tombé avant ma naissance, a précisé le jeune homme, mais dans notre monde contemporain, plusieurs murs continuent de nous séparer et de nous diviser.  Nous devons les abattre et savoir que l’égalité, la justice et les droits de l’homme ne sont pas des biens qu’on achète avec sa nationalité, son statut et son argent.  Ils appartiennent à tout le monde.

M. DIEGO TITUAÑA (Équateur) a indiqué que son pays avait adopté une vision multidimensionnelle du développement, en veillant à promouvoir une vie dans la dignité et en harmonie avec la nature.  Son pays a notamment adopté un Plan national pour le bien-être et une stratégie pour l’éradication de la pauvreté.  Le Gouvernement place les gens au premier plan, a-t-il assuré, avant de s’enorgueillir du fait que son pays ait dépassé certains des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), grâce aux politiques publiques visant l’intégration des personnes, des collectivités et des populations historiquement exclues, comme les autochtones, les femmes, les nomades, les personnes handicapées, les enfants et les adolescents.

M. Tituaña a indiqué que la pauvreté avait ainsi diminué en Équateur entre 2007 et 2015, passant de 36,7% à 23,3%.  Les progrès ont été accomplis notamment grâce à une politique publique intersectorielle.  Le représentant, qui a aussi fait remarquer l’importance des droits des personnes handicapées pour le développement social, a plaidé en faveur de la nomination d’un envoyé spécial du Secrétaire général sur le handicap, une proposition dont son pays est à l’origine.

Mme MALEEHA LODHI (Pakistan) a déclaré que le gouvernement a élaboré un Plan national de développement « Vision 2025 » fondé sur les valeurs de la solidarité, de l’harmonie et du respect de tous sans discrimination.  Le Plan vise à créer une société où le bien-être des femmes et des enfants est assuré, où les jeunes sont autonomisés et les faibles et les vulnérables protégés par des programmes de soutien au revenu, des régimes d’assurance - maladie et des opportunités d’emplois avec des quotas spécifiques pour les personnes handicapées et les personnes âgées.  Le représentant a indiqué qu’à la fin de l’année, les Programmes spéciaux de santé offriront des traitements gratuits pour les sept maladies les plus invalidantes et dont les traitements sont particulièrement chers.  Quelque 63 000 cartes de santé seront distribuées dans les districts choisis pour la phase pilote. 

S’agissant de la jeunesse, le Programme de crédit aux jeunes entrepreneurs offre des micro-financements à des centaines de milliers de jeunes.  La moitié des fonds sera consacrée aux femmes, en particulier les veuves et les personnes handicapées pour lesquels un quota de 5% a été fixé.  Ce régime sera complété par le Programme de développement des compétences qui est conçu pour assurer la formation de 250 000 jeunes dans les 100 activités fixées en fonction de la demande.  Le Gouvernement a aussi créé des programmes pour le bien-être et la protection des personnes âgées qui comprennent notamment les pensions de retraite et des réductions de tarifs pour les transports ferroviaire et aérien.  L’Ordonnance sur les personnes handicapées de 1981 a fixé un quota que doivent respecter les employeurs.  Des écoles, des instituts spécialisés et des centres médicaux ont été créés, a ajouté le représentant avant d’indiquer que l’éradication de la pauvreté et le développement social requièrent une croissance économique constante, des politiques nationales efficaces et une coopération internationale forte à travers l’aide au développement, l’allègement de la dette, l’accès aux marchés internationaux, le renforcement des capacités et un système commercial international équitable et non discriminatoire.

Mme ALYA AHMED SAIF AL-THANI (Qatar) a déclaré que dans la vision du Qatar à l’horizon 2030, le pilier social occupe une place de choix.  Elle s’est félicitée de ce que son pays soit parmi les premiers du « monde arabe » dans l’Indice du développement humain du PNUD, soulignant que cette reconnaissance témoigne des investissements consentis par son gouvernement dans le social.  Elle a aussi souligné l’importance de la famille comme « unité de base de la société », ajoutant que l’épanouissement de la famille est un facteur déterminant du développement durable.  La représentante a également décrit un certain nombre de programmes mis en place par le Qatar en faveur des jeunes, notamment une Fondation qui leur est dédiée et qui soutient leurs initiatives dans toute la région.

M. BERZACK MAPHAKWANE, Secrétaire du Conseil pour le développement rural du Botswana, a déclaré que la bonne gouvernance a permis au Gouvernement d’élaborer un programme de développement social efficace.  Des efforts concertés sont menés pour autonomiser les citoyens à travers des structures de gouvernance au niveau des villages et des districts.  La participation au développement de tous les citoyens est fondamentale et est assurée par des fora consultatifs traditionnels comme le « Kgotla » au sein duquel chacun est libre de participer au processus de prise de décisions communautaires indépendamment de son statut.  Les résultats de ces fora sont acceptés par consensus et éclairent toute action à prendre. 

M. Maphakwane a ajouté que le Gouvernement a mis en place des programmes d’éradication de la pauvreté qui portent des fruits.  Le nombre des personnes vivant sous le seuil de la pauvreté est passé de 59% en 1985 à 20,7% en 2010-2011.  Le pays a aussi introduit un système de protection sociale qui comprend le transfert d’argent pour protéger et autonomiser les groupes vulnérables.  Il a également mis en œuvre un environnement favorable à l’accès universel aux services sociaux.  Concernant les défis auxquels font face les jeunes, le Gouvernement a lancé des programmes d’autonomisation et de renforcement de capacités dans l’entreprenariat.  S’agissant de l’autonomisation socioéconomique, l’agriculture reste la priorité du Gouvernement qui a créé des subventions pour promouvoir la production vivrière et l’accumulation d’actifs comme le petit bétail qui peuvent aider les pauvres à préserver la sécurité alimentaire et sortir de la pauvreté.  Avant de terminer, M. Berzack Maphakwane a reconnu que malgré les efforts, de nombreux défis restent comme la sècheresse, le chômage des jeunes, la pauvreté, le fléau du VIH/sida, les prix des produits de base et la faiblesse des recettes publiques. 

M. PER THORESSON (Suède) a relevé que la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 est guidée par des principes essentiels comme l’égalité entre les sexes et le respect des droits de l’homme.  Il a souligné l’importance de la perspective du genre pour garantir une vie en bonne santé et le bien-être de toutes les tranches d’âge de la population.  Il a expliqué, par exemple, que si les femmes vivent en général plus longtemps que les hommes, elles ont en revanche en général une moins bonne santé pendant la durée de leur vie.  La perspective de droits de l’homme est aussi essentielle pour bien prendre en compte les personnes âgées et les personnes ayant un handicap cognitif comme la démence, a-t-il ajouté, avant de donner l’exemple de ce que fait son pays dans ce domaine.

Le représentant suédois a assuré par ailleurs que la Suède était pleinement engagée à mettre en œuvre le Programme 2030, tant au plan national qu’au plan international.  Il a plaidé en faveur d’une meilleure responsabilisation des gouvernements, des pays développés comme en développement, pour garantir aux femmes et aux filles l’égalité des droits.  M. Thoresson a souhaité que la perspective genre imprègne toutes les parties du Programme 2030.  Après avoir souligné la responsabilité des gouvernements, il a aussi voulu s’appuyer sur la société civile qui a un rôle important à jouer dans cette mise en œuvre.

Mme ODWYER (Institut de la Sainte Vierge Marie) a estimé que l’effort de chacun en faveur du développement durable se base sur le fait que nous devons tous nous reconnaître comme membres de la famille humaine.  Pour que chacun soit à même de ressentir cette appartenance, elle a prôné l’éducation à la citoyenneté universelle, afin de faire de tous les hommes des citoyens du monde.  Elle a appelé le système onusien à soutenir une telle initiative afin que les États Membres se l’approprient.

Mme KOKI MULI GRIGNON (Kenya) a détaillé les mesures prises par son gouvernement pour garantir l’égalité des chances, expliquant tout d’abord que des soins de qualité et peu coûteux étaient fournis à tous les Kenyans, y compris les plus vulnérables.  Trente pourcents des appels d’offre publics sont réservés aux jeunes, aux femmes et aux personnes handicapées, afin de développer l’esprit entrepreneurial de ces groupes, a-t-elle affirmé.  Au titre de la politique d’emploi en faveur des jeunes, elle a mentionné les actions entreprises pour doter les jeunes des compétences demandées sur le marché du travail.  Un projet est en cours visant à fournir des ordinateurs portables aux élèves des écoles primaires, a-t-elle ajouté.  La déléguée du Kenya a également mentionné le Fonds doté de 700 millions de dollars par an pour apporter à quelque 100 000 jeunes femmes entrepreneurs le capital nécessaire à la création de leur entreprise.  Mon gouvernement est en train de mettre en œuvre un programme de transfert de fonds au bénéfice des personnes lourdement handicapées, a-t-elle aussi annoncé.  En conclusion, elle a exhorté la communauté internationale à consacrer ses ressources et son énergie à la réalisation des objectifs de développement durable.

Mme SEWA LAMSAL ADHIKARI (Népal) a déclaré que la nouvelle Constitution du Népal, adoptée en septembre 2015, renforce la participation des femmes à la vie publique en leur réservant, entre autres, 30% des sièges au Parlement.  Elle a indiqué que le Gouvernement népalais met l’accent sur la réduction de la pauvreté avec comme objectif de faire qu’à l’horizon 2020, le statut de pays à revenu intermédiaire lui soit reconnu.  Elle a relevé que ces efforts ont été freinés par le séisme dévastateur qui a touché le pays l’an dernier.  Elle a également assuré que son gouvernement œuvre au renforcement de la scolarisation des jeunes filles et des minorités ethniques.  Elle a par ailleurs appelé les partenaires au développement à apporter leur assistance au Népal qui entend mettre en œuvre le Programme 2030.

M. ROLANDO CASTRO-CÓRDOBA (Costa Rica) a estimé qu’il faut donner la priorité à des normes axées sur les personnes, en cherchant notamment à leur donner un emploi productif et décent.  Les êtres humains doivent pouvoir mener leur vie dans une pleine liberté et participer à la vie politique et sociale de leur pays.  Depuis les années 1940, a poursuivi le représentant, le Costa Rica est un État social de droit qui représente un modèle de bien-être social.  C’est un pays à revenu intermédiaire où l’on jouit de la démocratie.  M. Castro-Córdoba a toutefois reconnu les nombreuses vulnérabilités qui persistent dans son pays où le Gouvernement accorde une attention particulière aux populations les plus vulnérables.  Les programmes de santé couvrent 80% de la population, a-t-il notamment indiqué.  En outre, depuis 2014, les dépenses publiques ne peuvent pas descendre en dessous du seuil de 8% du PIB.  Malgré tous nos efforts, il reste beaucoup d’écarts en termes social, a-t-il cependant regretté, tout en se prévalant de la stratégie sociale adoptée autour des trois piliers: croissance économique, réduction des inégalités, gouvernance transparente et efficace.  Le représentant a aussi assuré que l’éducation reste une priorité pour le Costa Rica.

Mme LAURIE SHESTACK PHIPPS (États-Unis) a plaidé pour que toutes les formes de famille aient le respect et le soutien qui leur sont dus.  Elle a indiqué que les États-Unis ont énormément progressé dans le domaine de l’éducation en mettant en œuvre des programmes qui facilitent la scolarisation des jeunes originaires de familles démunies, que ce soit au primaire, au secondaire ou à l’université.  Elle a en outre fait part de la volonté de son pays de lutter contre la xénophobie et le racisme.  Dans ce contexte, elle a fait observer que le Groupe d’experts des Nations Unies sur les personnes d’ascendance africaine avait sillonné quelques grandes villes des États-Unis.  Elle a aussi fait mention d’un programme conjoint avec le Brésil qui vise à favoriser l’autonomisation économique des populations d’ascendance africaine.  

La représentante a par ailleurs plaidé pour l’inclusion des jeunes qui ont une orientation sexuelle qui les expose aux brimades, notamment les gays, lesbiennes, transgenres et autres.  De même, a—telle relevé, des mesures ont été prises par les autorités américaines pour favoriser l’essor des populations autochtones, notamment leur autonomisation financière.  Dans cette même veine, des jeunes autochtones des États-Unis ont la possibilité d’apprendre de leurs pairs grâce à une plateforme virtuelle créée par le Gouvernement sur Internet.

Mme MELISSA BOISSIÈRE (Trinité-et-Tobago) a déclaré que la Politique nationale pour la jeunesse 2012-2017, élaborée en consultation avec les jeunes, vise à remédier aux principaux défis qu’ils rencontrent, y compris les grossesses précoces, le chômage, la toxicomanie ou bien encore la délinquance.  Rappelant que plus de 10% de la population de son pays était âgée de plus de 60 ans, une proportion qui passera à 30% en 2050, Mme Boissière a détaillé la politique suivie pour répondre aux défis du vieillissement.  Les personnes âgées peuvent recevoir des allocations pour l’achat de lunettes, de nourriture ou bien encore pour des réparations dans leur maison, a-t-elle dit, ajoutant que celles qui souffrent de maladies non transmissibles reçoivent gratuitement des médicaments.

La déléguée a ensuite déclaré que son pays avait en juin dernier ratifié la Convention relative aux droits des personnes handicapées et mettait la dernière main à la création d’un fichier national des personnes handicapées, détaillant les causes et conséquences de leur handicap et leur situation financière.  Les personnes handicapées représentent 4% environ de la population, a noté Mme Boissière.  Elle a également dit qu’un service de bus assurait le transport gratuit pour les personnes âgées et handicapées et que les personnes handicapées bénéficiaient de toute une série de prestations contribuant à la satisfaction de leurs besoins médicaux, alimentaires ou bien encore vestimentaires.  La déléguée a ensuite insisté sur le travail accompli par l’organe national d’appui à la famille qui vise notamment à la promotion de conditions de vie saines.  Cet organe est également chargé de remédier aux cas de violence sexuelle et domestique, de toxicomanie et de délinquance, a-t-elle affirmé.  En conclusion, elle a assuré de l’engagement de son pays à mettre en œuvre le Programme 2030.

Au moment où nous nous embarquons dans la mise en œuvre du Programme 2030, M. AHMED SAREER (Maldives) a exhorté la communauté internationale à réitérer son engagement à la Déclaration de Copenhague et au Programme d’action sur le développement social.  Il a ajouté que la population doit rester au cœur du développement et qu’elle devrait être inclue dans la formulation des politiques pour faire valoir ses droits.  L’éducation, la santé, le travail décent et la protection sociale sont les priorités du Gouvernement des Maldives dont le programme national de développement se focalise sur l’autonomisation de tous, y compris les femmes, les jeunes, les personnes handicapées et les personnes âgées.  Comme 46% de la population des Maldives sont constituées de jeunes, un accent particulier a été mis sur le développement des compétences et la création d’emplois pour les jeunes. 

Durant les deux dernières années, plus 7 000 emplois ont été créés et plusieurs programmes de développement des compétences ont été lancés.  Avec l’appui du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), le premier programme d’entrepreneuriat des jeunes, « GetSet », a été lancé.  En outre, la construction de « Youth City » est en cours avec un pont qui reliera Male, la capitale, à Hulhumale, l’île la plus grande.  Ce projet offrira plus de logements, d’emplois, d’infrastructures et des services à un grand nombre de population en assurant l’amélioration de leurs droits sociaux.  Avant de terminer, le représentant a déclaré que les Maldives sont en première ligne du changement climatique.  Le coût de notre adaptation au climat est élevé mettant un fardeau supplémentaire sur notre budget déjà maigre pour les dépenses de développement social.  Bâtir des sociétés résilientes à travers des mécanismes d’adaptation durable pour contrer les effets secondaires du changement climatique sera fondamentale pour la survie et la viabilité des petits États insulaires en développement comme les Maldives.  

Mme NIPOMICI (République de Moldova) a prôné une nouvelle approche du développement qui aille au-delà des politiques sociales.  Il faut, a-t-elle expliqué, une vision cohérente du développement avec une approche bien coordonnée de tous les secteurs.  En 2012, son pays a adopté la Stratégie nationale de développement Moldova 2020, qui vise un développement économique de qualité en vue de réduire la pauvreté.  Des domaines comme la protection sociale, la santé et la protection de l’environnement sont définis comme essentiels pour parvenir à cet objectif.  La République de Moldova a atteint l’objectif d’éradication de la pauvreté et de la faim, a-t-elle fait valoir.  Elle a aussi exprimé la détermination de son gouvernement à œuvrer en faveur des personnes handicapées, avec notamment la mise en place d’un Conseil national.  Ces personnes ont droit à certaines indemnisations, a-t-elle ajouté.  Avec un taux relativement faible du chômage qui ne dépasse les 9%, le nombre de personnes sans emploi ne cesse de baisser au Moldova, a indiqué la représentante en y voyant les fruits de la politique gouvernementale et l’appui de l’OIT.  Elle a ensuite assuré que la dimension « égalité des sexes » était incluse dans tous les domaines politiques. 

Mme MAJDA MOUTCHOU (Maroc) a déclaré que l’Initiative nationale pour le développement humain, lancée par le Roi Mohammed VI du Maroc depuis 11 ans, a contribué à endiguer la pauvreté, la marginalisation et l’exclusion tout en réduisant les inégalités interrégionales.  Elle a indiqué que l’Agence marocaine de développement social (ADS) cible les personnes en situation de handicap, les femmes et les jeunes, et appuie des programmes locaux dans les secteurs de l’éducation, de la santé, de l’inclusion sociale par le sport et la culture.  Elle a par ailleurs souligné que la crédibilité de tout programme de développement est tributaire des moyens de financements qui y sont alloués.  Pour cette raison, elle a affirmé que la coopération internationale doit être en phase avec la nouvelle réalité internationale. 

Elle a ajouté que cette coopération doit s’affranchir de l’héritage du passé, des calculs géopolitiques et des conditions rédhibitoires attachées à l’obtention d’un soutien.  Elle a en outre relevé que la paix et la sécurité sont des conditions sine qua none du développement durable.  Elle a poursuivi en faisant observer que le drame que vivent les migrants, notamment dans la région de la Méditerranée, est l’une des manifestations de l’instabilité et de l’insécurité que vivent de nombreux pays.  Elle a aussi souligné qu’il n’y a pas de modèle unique de développement, ajoutant que chaque région et chaque pays a ses propres spécificités et son propre modèle de développement, et qu’il s’agit donc de voir comment enclencher une transformation des sociétés en se servant des atouts qui leur sont propres.

M. VILBARD T. USIKU, Commissaire à l’équité en matière d’emploi de la Namibie, a déclaré que son pays a connu l’apartheid et des pratiques discriminatoires fondées sur la race, le genre et le handicap.  Ces politiques ont laissé un héritage de graves inégalités de revenus et d’injustice dans la répartition du travail et des postes.  C’est contre ce contexte que le Parlement a voté l’« Affirmative Action Law » pour que la priorité soit donnée à des groupes désignés.  Les récentes données trouvées dans les rapports annuels des employeurs fournies à la Commission de l’équité qui ont révélé que peu de progrès ont été faits dans la représentation des femmes, des personnes handicapées et des races précédemment désavantagées, particulièrement dans le secteur privé.  Les chiffres indiquent que les postes de direction sont disproportionnellement déséquilibrés en faveur des employés blancs, les employés noirs représentent 97% de la population active.  Les personnes handicapées sont encore moins représentées avec moins de 1% à chaque niveau d’emploi.

La création de la Commission de l’équité a permis au Gouvernement de surveiller les statistiques pour guider les employeurs.  La Namibie est considérée aujourd’hui comme l’un des pays le plus déséquilibré s’agissant de la répartition des revenus, avec un coefficient Gini de 0,63.  Les niveaux de revenus restent encore malheureusement définis par les races.  Le représentant a énuméré les mesures prises par le Gouvernement en faveur des personnes âgées.  Il a parlé de la création en mars 2015 du Ministère de l’éradication de la pauvreté et du bien-être social.  Les programmes d’éradication de la pauvreté sont transversaux, développés et mis en œuvre par différents ministères mais ils requièrent coordination et attention. 

Mme SILVIA RODRÍGUEZ ABASCAL (Cuba) a rappelé que, dans un monde qui compte plus d’un milliard de pauvres, il fallait mettre en place des institutions publiques ouvertes, inclusives et transparentes, tout en assurant la redevabilité.  Cela vaut aussi pour les organisations internationales et les institutions financières internationales, a-t-elle précisé avant d’appeler à réformer ces dernières pour les rendre plus démocratiques et les faire mieux contribuer au développement social.  La représentante a souligné le rôle fondamental des États et de leurs politiques publiques pour promouvoir les différents aspects du développement social, en coordination avec les autres acteurs du développement.  Nous devons obtenir que ceux-ci prennent très au sérieux leurs engagements en matière d’aide au développement, a-t-elle ajouté avant de plaider en faveur d’une collaboration internationale qui cherche vraiment à régler les graves problèmes de l’humanité, et cela sans poser de conditions politiques.  Elle a jugé positive et nécessaire l’analyse sur le mandat de la Commission du développement social dans la mise en œuvre du Programme 2030.  Elle a aussi évoqué le blocus économique, commercial et financier qui a fait obstacle au développement de son pays pendant 50 ans, mais qui ne l’a pas empêché de rester solidaire avec d’autres pays en développement, notamment dans le domaine de la santé.

M. JEAN-FRANCIS R. ZINSOU (Bénin) a déclaré que dans le cadre de sa politique de développement social, le Bénin a mis en place ces dernières années des politiques d’autonomisation en faveurs des groupes sociaux vulnérables aux fins d’améliorer leurs conditions de vie.  En 2015, a-t-il dit, mon pays peut se féliciter des progrès accomplis dans la combat contre l’extrême pauvreté.  La cible des OMD relative à la réduction de moitié de la proportion de la population qui souffre de la faim a été atteinte, même s’il reste des défis à relever.  Des progrès remarquables ont été aussi accomplis dans les domaines de la scolarisation dans le primaire, la parité garçons/filles dans les différents cycles d’enseignement, la couverture en soins prénataux et la proportion d’enfants de moins de cinq ans dormant sous moustiquaire imprégnée d’insecticide.  Le Bénin poursuit sa politique de gratuité de la césarienne et la lutte contre les maladies prioritaires.  Concernant l’emploi, le représentant a parlé notamment des 5 000 jeunes qui ont bénéficié du Programme d’appui à l’emploi salarié en 2015 dans le cadre de la mise en œuvre des politiques actives du marché du travail.  10 000 nouveaux emplois sont créés dans le domaine des technologies de l’information et des communications et des centres d’appel.  

M. Zinsou a reconnu que beaucoup d’efforts restent à faire.  Le Bénin a entamé la mise en place d’un cadre d’élaboration de la stratégie nationale d’opérationnalisation des Objectifs de développement durable (ODD) pour l’appropriation et l’alignement des politiques nationales et sectorielles.  Un Ministère à la Présidence chargé de la coordination des politiques de mise en œuvre des ODD et des grands travaux a été créé.  Les groupes vulnérables et les couches sociales défavorisées ont été identifiés et font l’objet d’une attention particulière dans le cadre de la répartition des ressources budgétaires avec à la clef des programmes spécifiques pour les aider à surmonter leurs contraintes et établir des passerelles solides pour leur transition sociale dans le cadre des transformations structurelles en cours.

M. HARAI (Libye) a déclaré que malgré tous les défis auxquels le Gouvernement libyen fait face, notamment les défis sécuritaires, le développement social reste au centre de ses préoccupations.  Il a affirmé que les autorités de son pays entendent investir en faveur de la formation des jeunes et la création d’emplois décents.  Il a également souligné que les groupes défavorisés tels que les personnes âgées et les handicapés sont pris en compte dans tous les programmes et actions du Gouvernement libyen.

Mme JEANNE D’ARC BYAJE (Rwanda) a souligné que le développement social jouera un rôle crucial dans la mise en œuvre du Programme 2030, étant donné qu’il est impératif pour éliminer la pauvreté dans toutes ses formes et ses dimensions.  Elle a rappelé qu’en 2000 quand les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) étaient adoptés, le Rwanda se battait encore avec les effets dévastateurs du génocide et essayait de surmonter une énorme crise humanitaire et un énorme déficit des ressources humaines.  Dans la Vision 2030 du Rwanda, la réponse aux besoins sociaux, économiques et de santé est la priorité des priorités, une priorité qui aura un grand impact sur le développement social et influera sur les perspectives de développement durable.  Le Programme 2030 qui place l’homme au centre est totalement conforme à la Vision 2020, en ce qu’il énumère les facteurs favorables au développement social. 

Après avoir énoncé les mesures prises par son pays et passé en revue les succès, la représentante a souligné que relever les défis du développement exige la participation systématique de toutes les parties prenantes.  Il faut forger de nouveaux partenariats et mobiliser les ressources internes pour mettre en place un modèle de développement équitable, conjuguant une croissance économique constante, la réduction de la pauvreté, et l’intégration sociale.  Le Rwanda compte beaucoup sur le secteur privé, a ajouté la représentante.

M. TIMOTHY HERRMANN, Saint-Siège, a expliqué que les évènements négatifs tels que les changements climatiques et la crise économique pouvaient être exacerbés par une « mondialisation de l’indifférence » engendrant de nouvelles formes de pauvreté et d’injustice aux graves conséquences pour la paix et la sécurité.  Faisant siens les mots du pape François, il a plaidé pour une « mondialisation de la solidarité », celle dont la communauté internationale a fait preuve en adoptant le Programme de développement à horizon 2030.  « Fondamentalement, ce Programme signifie, œuvrer de manière solidaire afin que chaque individu bénéficie du minimum matériel et spirituel nécessaire pour vivre dans la dignité et fonder une famille, qui est la cellule de base du développement social », a-t-il dit.  En conclusion, M. Herrmann a estimé que le développement social pour les prochaines années exigera des gouvernements qu’ils honorent leurs engagements et mobilisent un soutien international plus robuste.  Le rôle de cette Commission sera de s’assurer que le Programme 2030 bénéficie d’un tel soutien, a conclu le délégué.

La réduction de la pauvreté ne signifie pas seulement que l’objectif de deux dollars de revenu par jour est atteint, a prévenu M. NURUL ALAM, de Partners in Popualtion (PPD), une alliance d’organisations intergouvernementales engagée dans la promotion de la coopération Sud-Sud.  Il a expliqué qu’étant donné que la pauvreté est un phénomène à plusieurs facettes, il serait opportun, dans l’optique de sa réduction, d’adopter une approche globale qui cible ses diverses manifestations ainsi que ses racines.  Il a ajouté que le développement social est de ce fait indispensable dans cette approche.  Il a invité la communauté internationale à s’inspirer des expériences du passé, notant qu’au cours des 20 dernières années, de nombreuses expériences à succès ont été menées au sein des pays, et qu’elles pourraient servir de sources d’inspiration pour des solutions efficaces.  M. Alam a aussi fait observer que ces expériences pourraient être partagées à travers la coopération Sud-Sud. 

M. BERTRAND DE LOOZ KARAGEORGIADES, Ordre souverain militaire de Malte, a plaidé pour un développement axé sur l’être humain et la justice sociale.  Il a conseillé à la Commission d’user de son rôle directeur pour appuyer la mise en œuvre des mesures sociales et veiller à ce que celles-ci soient appliquées au bénéfice des plus exclus.  Il a aussi demandé de faire des efforts particuliers pour toucher les plus démunis et les plus vulnérables.  L’Ordre de Malte a toujours affirmé que c’est l’absence de solution politique qui nous mène à des crises prolongées, a-t-il rappelé.  Nous devons bâtir des ponts et éviter les guerres, a-t-il dit avant d’exiger impérativement des politiques sociales fortes et universelles pour promouvoir la famille et l’inclusion et, au final, « ne laisser personne de côté ».

M. VINICIUS PINHEIRO, Organisation internationale du Travail (OIT), a indiqué que les personnes sans emploi étaient aujourd’hui, au niveau mondial, au nombre de 197,1 millions, un chiffre qui s’est accru de 0,7 million en 2015.  Cette augmentation s’est produite en totalité dans les pays en développement en raison des défis sociaux plus aigus que ces pays connaissent, a-t-il affirmé.  Il a expliqué que la situation était encore plus grave pour les jeunes, lesquels ont trois fois plus de chances d’être sans emploi que la moyenne.  Soixante-onze millions de jeunes devraient être à la recherche d’un emploi en 2016, a-t-il affirmé, en insistant sur le manque d’emplois décents.

Face à cette situation, M. Pinheiro a plaidé pour l’intégration de cibles explicites de plein emploi dans les politiques macroéconomiques, y compris budgétaires et monétaires.  Il a détaillé les actions entreprises par l’OIT, mentionnant l’Initiative de la jeunesse pour des emplois décents qui réunit 20 agences onusiennes.  Le nouveau Programme international sur la protection sociale lancé en 2016 vise à appuyer la mise en place de normes minimales de protection sociale dans 21 pays, a-t-il déclaré.  Enfin, le représentant a mentionné le programme directeur de l’OIT intitulé « Better work » qui vise à promouvoir des conditions de travail décentes au bénéfice d’un million de salariés travaillant au sein de milliers d’entreprises dans 8 pays, en particulier dans le secteur de l’habillement. 

Mme CARLA MUCAVI, Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a rappelé que 800 millions de personnes ont toujours faim et souffrent d’insécurité alimentaire, sans pouvoir jouir du droit fondamental à l’alimentation.  Elle a aussi attiré l’attention sur la situation des femmes vivant en milieu rural qui souffrent de manière disproportionnée de la pauvreté et l’exclusion, avant d’énumérer tous les groupes vulnérables qu’il faut autonomiser, comme les personnes âgées.  Des systèmes de protection sociale fiables peuvent aider les pauvres à relever les défis financiers et à gérer les risques, a-t-elle indiqué en constatant les écarts qui se réduisent lorsque les systèmes de protection sont opérationnalisés à grande échelle.  Ces systèmes ont en effet permis à 73 pays sur 129 d’atteindre l’OMD sur la faim, a-t-elle rappelé.  Mme Mucavi a également recommandé d’assurer un engagement politique, de renforcer les partenariats et de prévoir un financement suffisant pour mettre en œuvre les programmes et projets visant la réduction des inégalités et l’amélioration des conditions de vie des populations vulnérables.

M. ZELENEV, Conseil international du bien-être social, a appelé la communauté internationale à investir en priorité dans les politiques de protection sociale, arguant que cela était un prérequis pour le développement social, et partant le développement durable.  Il a invité les États à adopter des mesures de protection sociale partout et pour tous.  Allant même plus loin, il a appelé le Conseil économique et social à adopter une résolution sur un « plancher de protection sociale », prévoyant notamment des garanties de base applicables universellement.  Une telle résolution ciblerait tous les groupes vulnérables de la société en premier lieu, afin de réduire les inégalités.

Examen des plans et programmes d’action concernant la situation de certains groupes sociaux élaborés par des organismes des Nations Unies (A/70/61–E/2015/3)

Mme GARCIA (Colombie) a invité la Commission à analyser en première instance les nouveaux thèmes à étudier après l’adoption du Programme 2030, pour donner des directives aux États.  La Commission doit proposer des programmes structurels conformes aux objectifs de développement durables, dont la réduction de la pauvreté et la mobilité sociale.  La Commission ne devrait pas se contenter de répéter les débats de la Troisième Commission mais devrait plutôt les enrichir.  La communauté internationale n’est pas encore parvenue à se mettre d’accord sur la notion de « famille », ce qui empêche de progresser vers l’intégration de la famille dans la mise en œuvre du Programme 2030.  Elle a demandé à la Commission de faire avancer ce débat, en ne niant pas l’évolution des sociétés et des lois nationales.

M. LEONAR AGUILAR HECHAVARRIA (Cuba) a déploré que les investissements disponibles au sein des États soient surtout orientés vers des programmes militaires aux dépens des besoins sociaux.  Il s’est félicité du fait qu’à Cuba, plus de 280 000 personnes handicapées ont reçu un soutien public au cours de ces dernières années.  Il a aussi salué l’expansion du Programme d’accessibilité dont bénéficient les handicapés.  Il a déclaré que Cuba a une politique de la jeunesse qui place les jeunes au cœur de la dynamique de transformation sociale. 

S’agissant du vieillissement et des droits des personnes âgées, il a plaidé pour un instrument juridique international contraignant.  En 2030, Cuba aura plus de trois millions d’habitants de plus de 60 ans, ce qui est une raison supplémentaire pour que les autorités établissent des politiques cohérentes en leur faveur.  

Après avoir souligné les progrès économiques réalisés par l’Afrique, M. TAKYIWAA MANUH, Directeur de la Division de la politique de développement social de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), a énuméré les défis qui attendent le continent comme le chômage des jeunes qui représentaient 35% de la population active en 2015.  Le Directeur a noté qu’il y a peu d’emplois décents qui offrent une sécurité de l’emploi et une protection sociale et que moins de 20% des jeunes travailleurs africains trouvent un emploi salarié.  Les travailleurs pauvres en Afrique constituent 80% du total des employés, plus du double de la moyenne mondiale de 39%. 

Si la migration vers l’Europe attire une attention considérable ces jours-ci, il est pertinent de noter que la migration intra-africaine domine les flux migratoires du continent.  Plus de la moitié de tous les migrants africains migrent en Afrique, la plupart à la recherche d’emplois et de moyens de subsistance sûrs.  Seule une petite proportion migre en Europe.  En outre, les travailleurs hautement qualifiés sont plus susceptibles d’émigrer que les moins éduqués.  Près de 15% des travailleurs ayant atteint un niveau de formation supérieure émigrent et privent ainsi le continent des gens nécessaires pour casser le cycle de la pauvreté et ouvrir la voie à une transformation structurelle.  Les pays africains font face à une sérieuse pénurie de compétences à cause de la migration de nombreux personnels qualifiés. 

À ces défis s’ajoutent deux autres que sont le taux de croissance urbaine le plus rapide du monde et les graves conséquences du changement climatique.  En raison de la montée des températures, près de 90 millions de personnes sont susceptibles d’être exposées au paludisme, qui est déjà le plus important tueur en Afrique, excepté l’Afrique du Nord.  Mais le défi le plus important est de libérer le potentiel des ressources du continent grâce à des politiques macroéconomiques et sociales appropriées qui mèneront à une forte croissance économique et à un développement social inclusif. 

M. PARTOW (ONUSIDA) a fait valoir qu’une des leçons apprises dans la lutte contre le sida est l’importance de l’inclusion, de l’intégration et des partenariats.  Nous savons, a-t-il dit, que nous n’arriverons pas à endiguer l’épidémie d’ici à 2030 si nous ne nous attaquons pas de front aux facteurs structurels comme la pauvreté, les inégalités, la marginalisation sociale et les lois discriminatoires.  Il a expliqué que les investissements dans la protection sociale donnent des résultats en matière de lutte contre le VIH/sida.  En Afrique du Sud, par exemple, lorsque les adolescents ont reçu des liquidités et un soutien social, l’incidence du VIH/sida et les comportements à risques se sont réduits de moitié chez les garçons et les filles.  Le représentant a aussi appelé à mener des actions directes pour lutter contre le VIH/sida, en investissant dans cette lutte, ce qui, a-t-il assuré, aura des répercussions positives sur la santé, les droits de l’homme et le développement.

M. FREDERICO NETO, de la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale (CESAO), a déploré que le taux d’analphabétisme des personnes handicapées de l’Asie occidentale soit sept fois supérieur à celui du reste de la population.  Il s’est aussi inquiété de la quasi absence de programmes d’aide aux handicapés la preuve étant que 6 pays sur 18 seulement ont ratifié la Convention sur les droits des personnes handicapées.  Il a appelé les États de la région à investir dans leur jeunesse et la prise en charge des personnes âgées, souhaitant en outre que les programmes sociaux soient élaborés et mis en œuvre avec la participation active des groupes vulnérables.

M. SOCIAS, Fédération internationale pour le développement de la famille, a indiqué que cette organisation avait dispensé une formation sur ce sujet dans 66 pays.  En outre, 1 800 participants étaient présents au Congrès international organisé par la Fédération à Mexico le mois dernier.  Faisant valoir la grande contribution de la famille au développement social, il a appelé les États à les soutenir.  Les familles sont déjà intégrées, a-t-il fait remarquer en expliquant que leur « intégration » n’était donc pas l’objectif à poursuivre.  Pour réaliser les objectifs de développement durable efficacement, il ne faudra laisser aucune famille à la traine, a-t-il recommandé.  Il a conseillé de suivre une approche par famille, c’est-à-dire en visant deux générations à la fois et en offrant des programmes de qualité aux parents comme aux enfants.  Les personnes âgées doivent être aussi visées par des mesures spécifiques, a-t-il ajouté avant de prôner la promotion d’une vie saine et d’une éducation de qualité.  Le représentant a, en outre, invité à prendre en compte la dimension économique du travail au foyer.  Ses autres chevaux de bataille ont été la violence domestique et le chômage des jeunes.

Mme KATHERINE KLINE, Association américaine des personnes retraitées (AARP) a fait savoir que son organisation plaide pour les droits des personnes âgées.  Elle a invité les États à adopter des politiques et budgets qui tiennent compte des besoins de ces personnes.  Elle a notamment demandé des politiques de discrimination positive et souhaité que la question du vieillissement soit dûment prise en compte dans la mise en œuvre du Programme 2030, notamment dans ce monde vieillissant.

M. ALVAREZ, Centre latino américain des droits de l’homme (CLADH), a jugé la famille essentielle pour apprendre les comportements et les apporter à la société, ce qui a un impact sur le développement social.  Il a donc souligné l’importance de respecter les droits fondamentaux de chaque membre de la famille et a encouragé la promotion du bien-être des groupes qui ont besoin d’une attention particulière comme les enfants, les personnes âgées et les personnes handicapées.  Il a demandé que le Programme 2030 n’oublie pas la réalité familiale, lançant un appel aux États Membres à cet égard.  La Commission du développement social doit y veiller, a-t-il dit.

M. PATRIK ANDERSSON, Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP), a plaidé pour l’implication de tous les trois piliers du développement durable dans les politiques de développement des États d’Asie et du Pacifique.  En 2016, a-t-il annoncé, la CESAP va mener une vaste étude sur les inégalités dans la région et développer des modules de formation en ligne sur les questions d’égalité.  Toujours cette année, la Commission va aussi publier un rapport sur l’accessibilité et un ouvrage sur la gestion des catastrophes en rapport avec le handicap.  Mais ceci ne doit pas faire oublier que la problématique des droits des personnes âgées est de la première importance pour la CESAP, étant donné qu’en 2050, une personne sur 4 aura plus de 60 ans dans la région.

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