Quarante-neuvième session,
2e & 3e séances – matin & après-midi
POP/1046

La Commission de la population et du développement ouvre les discussions « les plus techniques de son histoire moderne » en étudiant la collecte des données

La Commission de la population et du développement a ouvert ce matin une session « historique » et les discussions « les plus techniques de son histoire moderne », compte tenu du thème choisi pour cette quarante-neuvième rencontre annuelle « Enrichir les données démographiques à l’appui du programme de développement pour l’après-2015 ».*    

Session « historique », s’est expliqué le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, parce que la Commission tient sa première réunion depuis l’adoption, en septembre dernier, du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Discussions « les plus techniques de son histoire moderne » parce que, a estimé le Directeur de la Division de la population du Département des affaires économiques et sociales (DAES), M. John Wilmoth, c’est la première fois que la Commission se penche sur le chapitre XII relatif à la technologie et à la recherche-développement, y compris les données, de son Programme d’action de 1994. 

Plus de la moitié des 230 indicateurs choisis par la Commission de statistique pour mesurer les progrès dans la mise en œuvre du Programme 2030 dépendent directement des données démographiques, a précisé le Directeur exécutif du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), M. Osotimehin Babatunde.

Si les gens, a renchéri le Secrétaire général de l’ONU, ne peuvent être réduits à de simples chiffres, les statistiques sont néanmoins essentielles pour suivre les tendances de la santé publique ou celle des inégalités entre hommes, femmes et jeunes, dans un monde qui compte la plus grande génération des 15 à 24 ans de son histoire, une force potentiellement importante pour le progrès.  L’Inde vient de passer la barre du milliard d’inscrits dans ce qui est la plateforme d’identité en ligne la plus importante au monde, laquelle a enregistré 93% des plus de 18 ans, 67% des 5 à 18 ans et 20% des moins de 5 ans.  Tous les jours, a expliqué le représentant indien, plus de 500 000 personnes s’enregistrent et la croissance rapide du site fournit des données utiles pour définir les politiques de développement.  « Personne n’est laissé de côté », s’est enorgueilli le représentant, en paraphrasant le Programme 2030.

« Le droit d’être compté est fondamental pour l’intégration sociale », a résumé le Directeur exécutif du FNUAP.  Mais, a-t-il reconnu, la collecte des données démographiques requière l’amélioration du recensement, de l’enregistrement des faits d’état civil et des statistiques de l’état civil vitales.  Il a souligné « le potentiel énorme » des mégadonnées, obtenues par exemple, grâce à l’imagerie par satellite ou les téléphones portables.  Rien n’indique, a tempéré le Directeur de la Division de la population de DAES, que les mégadonnées remplaceront un jour les sources traditionnelles d’informations. 

Il y a bien plus à gagner de la liberté d’accès aux micro données « anonymisées » et de l’application généralisée du géoréférencement qui est l’art d’associer les informations géographiques à chaque unité d’analyse, par exemple la localisation d’un quartier plutôt que les ménages.  Le géoréférencement faciliterait aussi l’intégration des données provenant de plusieurs sources, élargissant ainsi les possibilités d’analyse et de compréhension.

Il faut faire plus, a dit, dans ce cadre, la Coprésidente du « Groupe d’experts des Nations Unies et de l’extérieur chargé des indicateurs relatifs aux objectifs de développement durable », pour renforcer les systèmes de statistiques nationaux.  Aujourd’hui, a ajouté le Directeur exécutif du FNUAP, il y a encore des pays qui n’arrivent même pas à faire des recensements un outil de planification pour la construction d’écoles, d’hôpitaux et autres infrastructures publiques. 

La Coprésidente du Groupe d’experts a estimé qu’il faut donner aux systèmes nationaux un cadre juridique et un mandat clair, renforcer leur coordination et resserrer leurs partenariats avec les ONG, les syndicats, le milieu universitaire, le secteur privé, le Partenariat statistique au service du développement au XXIe siècle (PARIS 21) et le Partenariat mondial sur les données du développement durable. 

Dans sa déclaration, le Secrétaire général n’a pas oublié de rappeler que l’une des tendances démographiques les plus « tragiques » de notre époque est le déplacement à grande échelle.  Les chiffres sont « astronomiques »: quelque 60 millions de personnes ont fui de chez elles.  Il a insisté sur les espoirs placés dans le Sommet humanitaire mondial du mois prochain à Istanbul et dans la Réunion de haut niveau de l’Assemblée générale sur les vastes mouvements de population, au mois de septembre.

Le Directeur de la Division de la population n’a pas manqué d’épingler une Commission de la population et du développement qui, ces dernières années, a été marquée par des débats amers, la difficulté de dégager un consensus et l’accent mis sur des questions difficiles qui ne font l’objet d’aucun consensus international.  Aujourd’hui encore, le représentant du Groupe des États d’Afrique a fait valoir le « droit souverain » de chaque pays à ne mettre en œuvre que les recommandations du Programme d’action du Caire dûment conformes aux lois, aux priorités de développement et aux valeurs religieuses, éthiques et culturelles nationales.  Son homologue de l’Union européenne a quant à lui insisté sur la mise en œuvre rapide des objectifs relatifs à l’accès universel à la santé sexuelle et reproductive.

Il s’avère, a dit le Directeur de la Division de la population, qu’il faut certes réparer une Commission cassée mais surtout l’adapter aux exigences du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Deux équipes de cofacilitateurs s’y attèlent désormais.

La Commission poursuivra ses travaux demain, mardi 12 avril, à partir de 10 heures.  

*E/CN.9/2016/1; E/CN.9/2016/L.1; E/CN.9/2016/2

MESURES EN FAVEUR DE LA POURSUITE DE L’APPLICATION DU PROGRAMME D’ACTION DE LA CONFÉRENCE INTERNATIONALE SUR LA POPULATION ET LE DÉVELOPPEMENT (E/CN.9/2016/3, E/CN.9/2016/4 ET E/CN.9/2016/5)

Déclarations liminaires

Deux mille seize, a déclaré Mme MWABA PATRICIA KASESE-BOTA (Zambie), Présidente de la Commission de la population et du développement, est une année cruciale puisqu’il s’agit de remodeler le système des Nations Unies pour qu’il puisse aider les États à mettre en œuvre le Programme de développement durable à l’horizon 2030 mais aussi continuer de contribuer à l’avancement du Programme d’action du Caire sur la population.  Ces deux Programmes mettent un accent particulier sur la production de données et sur leur analyse comme outils d’application et de suivi des progrès.  Nous avons une importante tâche devant nous et nous avons l’occasion énorme de donner des directives efficaces et avérées sur la population et le développement durable, a souligné la Présidente.

M. BAN KI-MOON, Secrétaire général de l’ONU, a qualifié cette session de d’« historique » dans la mesure où il s’agit de la première depuis l’adoption du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  L’accent mis par la Commission sur les gens s’enracine dans le Programme d’action de la Conférence du Caire qui a été réaffirmé par le Cadre d’action du suivi du Programme d’action au-delà de 2014.  Si les gens ne peuvent être réduits à de simples numéros, les statistiques sont toutefois essentielles pour évaluer les progrès, a dit le Secrétaire général qui s’est donc réjoui de constater qu’un accent particulier a été mis sur le renforcement des bases de données démographiques en vue de développer des plans efficaces.

« Quand je suis né, mes parents n’ont pas fait enregistrer ma naissance.  Les familles étaient, comme on peut le comprendre, inquiètes que les bébés ne survivent pas.  Elles attendaient d’être sûres.  Voilà pourquoi la date de naissance inscrite dans mon passeport est différente de ma véritable année de naissance et celle de ma femme aussi.  Parfois la différence est d’un an, dans mon cas, elle est de quelques mois, ça s’est passé il y a très longtemps.  Je vois que dans certains pays, persiste ce genre de pratiques.  Toutes les naissances et tous les décès doivent être enregistrés.  Tous les pays doivent avoir les archives de ces enregistrements et garantir le droit de tous à la citoyenneté et à une identité. »

Les données sont aussi essentielles pour la santé publique, a poursuivi le Secrétaire général.  Les pays ont besoin de systèmes de données fiables pour suivre les tendances des maladies et des causes de mortalité.  Cela peut aider à voir où déployer le personnel de santé, à voir où les épidémies frappent.  Ces données peuvent être une question de vie ou de mort, a insisté le Secrétaire général.  Les objectifs de développement durable, a-t-il dit, se concentrent fondamentalement sur l’égalité et les données sur la population et leur analyse sont essentielles pour mettre fin aux inégalités.  Le développement durable exige aussi le respect des droits à la santé sexuelle et reproductive, l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes et des jeunes.

Nous vivons dans un monde de grande richesse et de pauvreté abjecte.  Les contrastes marqués et les divisions profondes se reflètent dans la démographie, a encore dit le Secrétaire général.  De nombreux pays ont encouragé les femmes et les hommes à décider eux-mêmes de moment et de l’espacement des naissances, conduisant à une baisse du taux de fécondité et à des dividendes démographiques, dont l’éducation et autres opportunités, en particulier pour les jeunes.  Mais, a reconnu le Secrétaire général, les bas niveaux de fécondité sont aussi à l’origine du déclin de la population, du dépeuplement des zones rurales et de la perte de la vitalité économique.  

Dans les pays où il n’y a pas de services de santé reproductive, les taux de fécondité demeure élevé, créant une tension entre le rythme de la croissance démographique et l’expansion de l’économie, des infrastructures et des services.  Enfin, certains pays voient le vieillissement de leur population active et l’augmentation du nombre des retraités, qui entrainent une pression budgétaire, surtout sur les secteurs des soins et des pensions de retraite.  Pour y faire face, certains gouvernements ont décidé d’augmenter l’âge du départ à la retraite et de développer les opportunités d’emploi pour le troisième âge. 

C’est pourtant dans ce contexte, a fait observer le Secrétaire général, que le monde compte aujourd’hui la plus grande génération de jeunes de son histoire, une force potentiellement importante pour le progrès.  Pour réaliser ce potentiel, il faut investir davantage dans l’éducation, les opportunités et les services.

Le Secrétaire général n’a pas oublié de rappeler que l’une des tendances démographiques les plus « tragiques » de notre époque est le déplacement à grande échelle.  Les chiffres sont « astronomiques »: quelque 60 millions de personnes ont fui de chez elles.  Des milliers de migrants désespérés ont perdu la vie dans des voyages dangereux.  Pourtant, a-t-il fait valoir, avec de bonnes politiques, on peut faciliter une migration sans danger, ordonnée et légale.  Le Sommet humanitaire mondial du mois prochain à Istanbul réunira les dirigeants du monde entier pour se mettre d’accord sur les actions à mener et le 19 septembre, l’Assemblée générale organisera une Réunion de haut niveau pour relever les défis associés des vastes mouvements de population.  

« Les gouvernements ont besoin de preuves scientifiques, d’analyses rigoureuses et de directives politiques impartiales », a conclu le Secrétaire général, en s’adressant à la Commission.

Plus de la moitié des 230 indicateurs choisis par la Commission des statistiques pour mesurer les progrès dans la mise en œuvre du Programme 2030 dépendent directement des données démographiques, a relevé M. OSOTIMEHIN BABATUNDE, Directeur exécutif du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP).  Collecter des données démographiques essentielles requière l’amélioration du recensement, l’enregistrement des faits d’état civil et des statistiques de l’état civil vitales.  Les informations sur les naissances et les décès permettent aux pays de garantir la citoyenneté, de planifier le développement des infrastructures publiques et d’offrir santé et éducation.  L’enregistrement des faits d’état civil est essentiel pour la protection et l’exercice des droits de l’homme.  « Le droit d’être compté est fondamental pour l’intégration sociale », a insisté le Directeur exécutif.

Les registres et les statistiques d’état civil, a-t-il poursuivi, permettent aux pays de planifier au mieux les politiques de santé publique, de mesurer leur impact, de répondre de manière proactive aux épidémies et de stopper la propagation des maladies.  Nous devons, a insisté le Directeur exécutif, accroître les investissements dans ces registres et statistiques même s’il faudra encore de meilleurs moyens pour atteindre ceux qui sont historiquement exclus « des comptes », à savoir le petit enfant qui vit dans une communauté isolée de tout bureau d’état civil, la personne qui meurt seule et sans soin, le réfugié, le sans-papiers, le déplacé par la guerre ou les crises écologiques, le sans-abris ou celui qui vit dans les bidonvilles. 

Les méga données, a estimé le Directeur exécutif, ont un potentiel énorme.  L’imagerie par satellite ou les enregistrements des données de communication à partir des téléphones portables peuvent être utilisés pour une analyse en temps réel, pour l’estimation des gens en mouvement, pour les régions difficiles d’accès ou pour les crises humanitaires.  Mais ces approches ont encore besoin d’une solide base de données démographiques pour pouvoir recouper les estimations.  Nous devons embrasser l’innovation et le développement des méga données pour les intégrer dans les écosystèmes des données en constante augmentation. 

Mais, a prévenu le Directeur exécutif, l’amélioration de la collecte des données ne suffit pas.  On peut faire beaucoup plus avec les systèmes d’information géographique, la cartographie et l’analyse spatiale pour trouver et aider les populations vulnérables, en particulier dans les pays en développement.  Il faut pour ce faire « une révolution de l’éducation » pour hisser les capacités institutionnelles nationales à la hauteur de l’ambition du Programme d’action du Caire et du Programme 2030.  Aujourd’hui, s’est expliqué le Directeur exécutif, il y a encore des pays qui n’arrivent même pas à faire des recensements un outil de planification pour la construction d’écoles, d’hôpitaux et autres infrastructures publiques.  Dans cette dynamique économique mondiale, l’éducation tertiaire est essentielle, a-t-il insisté.

Les dividendes démographiques engrangés par les « Tigres d’Asie » à la deuxième moitié du XXe siècle illustrent l’amélioration « extraordinaire » de la qualité de leur éducation, et en une génération seulement, ce qui a contribué à l’accélération de leur développement.  Il faut faire en sorte que la future génération devienne celle des spécialistes de la population et des données, porteuse de la vision intégrée du développement durable, fondée sur les droits de l’homme, que consacrent le Programme d’action du Caire et le Programme 2030, a conclu le Directeur exécutif du FNUAP. 

M. JOHN WILMOTH, Directeur de la Division de la population au Département des affaires économiques et sociales, a prévenu que la Commission avait cette année un double devoir: travailler sur son thème annuel et revoir ses méthodes de travail.  Le thème « Enrichir les données démographiques à l’appui du Programme de développement pour l’après-2015 » a stimulé ce qui est probablement la discussion la plus technique de l’histoire moderne de la Commission, depuis la Conférence du Caire de 1994, a reconnu le Directeur.  C’est en effet la première fois que la Commission se concentre sur le Chapitre XII du Programme d’action du Caire relatif à la technologie et à la recherche-développement, y compris les données. 

Mettre en place un socle d’informations fiables exige non seulement des données mais aussi leur analyse pour ainsi promouvoir une meilleure compréhension des questions à l’étude.  Le Directeur a rappelé à cet égard la complémentarité entre la Commission des statistiques et la Commission de la population et du développement: la première produit les données et la deuxième les analyses.  Au cours de cette session, la Commission a l’occasion de donner un avis d’expert sur les données qu’il faut, les moyens de les collecter et de les diffuser, et par conséquence, la meilleure façon d’obtenir des analyses plus fouillées et de renforcer la base des « informations démographiques fiables ».

Dans ce cadre, M. Wilmoth a transmis trois messages clefs.  Il faut d’abord, a-t-il dit, renforcer les systèmes nationaux de collecte des formes traditionnelles de données démographiques, notamment les recensements; l’enregistrement des faits d’état civil et l’établissement des statistiques de l’état civil.  Il faut ensuite savoir qu’à ce jour, rien n’indique que les méga données finiront par remplacer les sources traditionnelles d’informations qui sont la base des données démographiques.  Il faut aussi savoir qu’il y a beaucoup à gagner des politiques en faveur de la liberté d’accès aux données.  Les gouvernements devraient encourager l’accès aux micro-données anonymisées.  Il y a également beaucoup à gagner de l’application généralisée de la technique du géoréférencement qui consiste à associer les informations géographiques à chaque unité d’analyse, par exemple la localisation d’un quartier plutôt que les ménages.  Il serait possible d’arriver à des estimations ventilées par endroits, ce qui faciliterait l’étude des inégalités entre groupes sociaux.  Le géoréférencement faciliterait aussi l’intégration des données provenant de plusieurs sources, élargissant ainsi les possibilités d’analyse et de compréhension.

Le Directeur a ensuite parlé des méthodes de travail d’une Commission marquée, ces dernières années, par des débats amers, la difficulté de dégager un consensus, l’accent mis sur des questions difficiles qui ne font l’objet d’aucun consensus international et la crainte d’une impasse insurmontable qui empêcherait d’aller de l’avant.  L’année dernière, a-t-il dévoilé, il s’est avéré qu’il faut certes réparer une Commission cassée mais surtout l’adapter aux exigences du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Deux équipes de cofacilitateurs s’y attèlent désormais.  Enfin, le Directeur a demandé à la Commission de revenir à la pratique du programme de travail pluriannuel, ce qui lui permettrait, entre autres, de se calquer sur le cycle quadriennal du Forum politique de haut niveau du Conseil économique et social (ECOSOC) qui est chargé de suivre la mise en œuvre du Programme de développement à l’horizon 2030.

Débat général

M. HARALD BRAUN (Allemagne) a déclaré que pour son pays, le droit à la santé sexuelle et reproductive est un prérequis au développement durable et à la réduction de la pauvreté.  À cet égard, le Programme d’action du Caire est plus que jamais important.  Le représentant a estimé que les tendances démographiques actuelles, notamment l’accroissement de la population, le vieillissement, les migrations et l’urbanisation sont des défis qui interpellent tous les pays, d’une manière ou d’une autre.  Pour y faire face, il faut renforcer les systèmes de santé et de sécurité sociale et investir dans l’éducation et la formation permanente.  Il a reconnu qu’il y a encore beaucoup à faire dans le domaine de la santé maternelle et infantile.  Quelque 225 millions de femmes n’ont toujours pas accès à des formes modernes de contraception, manquant ainsi la faculté de contrôler l’espacement des naissances.  Chaque jour, 800 femmes meurent de causes évitables liées à la grossesse ou à l’accouchement.

Depuis la Conférence du Caire en 1994, a affirmé le représentant, l’Allemagne a déboursé plus de 3 milliards d’euros pour la mise en œuvre du Programme d’action, notamment en Afrique orientale et australe où l’accès à l’éducation sexuelle et à la santé sexuelle et reproductive sont promus parmi les jeunes.  L’Allemagne apporte aussi son soutien au renforcement des systèmes nationaux de statistiques, consciente qu’il faut tenir compte de la dynamique démographique pour pouvoir allouer efficacement les ressources en faveur du développement durable.

M. SERGEY B. KONONUCHENKO (Fédération de Russie) a voulu que le Programme d’action du Caire ne soit pas politisé et qu’il continue d’être le cadre de la coopération internationale en matière de population.  Le Programme d’action, comme le dit l’Assemblée générale dans sa résolution 65/234, ne peut être révisé.  Le représentant a en effet dénoncé les tentatives de certains États d’introduire des termes comme « droits, orientation ou identité sexuels ».  Ces termes, qui ne font l’objet d’aucun consensus international, ne sauraient, a-t-il prévenu, figurer dans les documents des Nations Unies.  Le représentant a insisté sur le fait que la politisation « injustifiée » des problèmes de développement en les examinant sous le prisme des droits de l’homme affaiblit la coopération internationale.  L’éducation sexuelle des enfants est une prérogative des parents et l’efficacité des efforts internationaux de développement doit tenir compte de la culture et des traditions de chaque peuple, a tranché le représentant.  

Mme LISA BERSALES, Statisticienne en chef des Philippines et Coprésidente du Groupe d’experts des Nations Unies et de l’extérieur chargé des indicateurs relatifs aux objectifs de développement durable, a rappelé que le mandat de son Groupe, créé par la Commission des statistiques de l’ONU, est d’élaborer des indicateurs pour la mise en œuvre du Programme 2030.  Depuis le mois dernier, 230 indicateurs ont été élaborés à titre provisoire, les 17 objectifs de développement durable et leurs 169 cibles ayant chacun un indicateur au moins.

Les 230 indicateurs sont la base sur laquelle les États pourront s’appuyer pour élaborer des indicateurs qui tiennent compte de leur réalité sous-nationale, nationale et régionale.  Les 230 indicateurs doivent maintenant être désagrégés par revenu, par sexe, par âge, par race ou encore par statut migratoire, une exigence qui est un grand défi pour les systèmes statistiques nationaux.  Outre la désagrégation, les statisticiens doivent aussi réfléchir à d’autres questions, a estimé Mme Bersales, en parlant des méga données, de l’accessibilité des données et du coût de leur collecte.  Il faut faire plus, a-t-elle aussi plaidé pour le renforcement des systèmes de statistiques nationaux.  Il faut leur donner un cadre juridique et un mandat clair, renforcer leur coordination aux niveaux national, régional et mondial et resserrer les partenariats avec les ONG, les syndicats, le milieu universitaire, le secteur privé, le Partenariat statistique au service du développement au XXIe siècle (PARIS 21) et le Partenariat mondial sur les données du développement durable. 

Il faut aussi améliorer les sources démographiques et d’autres données dont les recensements, les enquêtes, les données administratives et les registres d’état civil, et exploiter de nouvelles sources comme les sciences de l’espace et de la terre et les méga données.  Il faut enfin élargir l’accès aux données.  La statisticienne s’est réjouie que 2015-2024 ait été proclamée Décennie de l’enregistrement et des statistiques de l’état civil pour la région Asie-Pacifique.

La désagrégation des données aux Philippines a-t-elle permis de réduire les inégalités entre les sexes? s’est interrogé le représentant de l’Ouganda.  Les enquêtes démographiques sont encore en cours, a répondu la statisticienne, ajoutant tout de même que la société philippine est matriarcale et que les femmes y jouent un rôle de premier plan.

Comment collecter des données ou établir des indicateurs nationaux dans un environnement économique difficile? s’est inquiétée la représentante du Soudan qui a aussi demandé des précisions sur le renforcement des systèmes d’enregistrement des faits d’état civil, une préoccupation partagée par la déléguée du Japon, intéressée par ailleurs sur la raison pour laquelle il faut signaler la cause d’un décès.

Répondant à la question de la représentante de la Ligue des États arabes relative à la prise en compte des déplacements pour des données fiables, la statisticienne a reconnu que les approches restent éparses.  La méthodologie n’est pas encore établie parce que la définition des termes clefs du phénomène migratoire varie d’un pays ou d’un continent à l’autre.

Il ne fait aucun doute, a reconnu M. RICHARD NDUHUURA (Ouganda), au nom du Groupe des États d’Afrique, que la mise en œuvre du Programme 2030 nécessitera des données démographiques fiables.  L’Afrique, a-t-il précisé, compte plus 65% de gens de moins de 35 ans qu’il faut pouvoir convertir en dividendes démographiques.  L’Afrique attache beaucoup d’importance à l’égalité entre les sexes et à l’autonomisation des femmes comme le dit son Agenda 2063 et comme l’atteste la Décennie des femmes africaines 2010-2020.  Après avoir fait part des progrès en matière de lutte contre le paludisme, la tuberculose, le VIH/sida, la fistule obstétrique, le mariage précoce ou encore les mutilations génitales féminines, le représentant a insisté sur le fait que de nombreux pays africains n’ont pas les données démographiques nécessaires pour accélérer les progrès, leurs systèmes de statistiques étant défaillants. 

L’Afrique souffre de capacités limitées et d’une mauvaise utilisation des données, ce qui empêche une bonne planification des politiques et le suivi des progrès.  L’Afrique appelle donc le système des Nations Unies et les partenaires au développement à appuyer le renforcement des capacités et le transfert des technologies et à débloquer l’aide financière qu’il faut à la mise en œuvre du Programme 2030.  L’Afrique entend tout de même, a dit le représentant, réaffirmer le droit souverain de chaque pays à ne mettre en œuvre que les recommandations du Programme d’action du Caire ou autres mesures de la Commission, conformes aux lois et aux priorités de développement nationales et respectueuses des valeurs religieuses, éthiques et culturelles de son peuple.

On ne saurait trop souligner, a déclaré M. VIRACHAI PLASAI (Thaïlande), au nom du Groupe des 77 et la Chine, le caractère essentiel de l’accès abordable aux technologies de l’information et des communications et du renforcement des capacités humaines.  Ce n’est qu’avec cet accès et ce renforcement que l’on pourra améliorer l’efficacité dans la collecte, le traitement, la diffusion et l’analyse des données désagrégées.  Ce n’est qu’avec cet accès et ce renforcement que l’on pourra travailler à l’utilisation des micro-données anonymisées et géoréférencées.  Les données sont un atout mais les données adéquates, fiables et actualisées sont un atout inestimable.

Le Groupe des 77 appuie le réexamen et la rationalisation des méthodes de travail de la Commission.  Il réitère aussi la nécessité pour les pays développés de respecter leur engagement en faveur de l’aide publique au développement (APD), y compris l’assistance technique, et de trouver des sources de financement nouvelles, durables et prévisibles pour combler les déficits.  L’appui du système de l’ONU sera « utile » à cet égard.  Le Groupe renouvelle son attachement au Programme d’action du Caire qu’il compte mettre en œuvre grâce à la coopération Nord-Sud, Sud-Sud et triangulaire pour élargir l’accès à la santé et élaborer des politiques efficaces grâce à la collecte, l’analyse et la diffusion des données.

Au nom de l’Union européenne, M. KAREL JAN GUSTAAF VAN OOSTERM, (Pays-Bas) a souligné le caractère « central » des droits de l’homme dans le Programme d’action du Caire.  L’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes et des filles sont une « nécessité absolue » pour réaliser le développement durable et éliminer la pauvreté.  Le représentant s’est réjoui du thème de cette session, en estimant tout de même que l’utilisation des mégadonnées doit se fonder sur des règles claires, comme le respect de la confidentialité et de la vie privée.  La démographie ne cesse de changer dans le monde, risquant de modifier la trajectoire du développement, a-t-il prévenu.  Il faut donc, a estimé le représentant, intensifier les efforts pour investir dans les personnes, en particulier dans la plus grande génération d’adolescents et de jeunes gens de toute l’histoire de l’humanité, pour réaliser le développement durable dans toutes ses dimensions, avec une population en bonne santé et bien formée qui grandit de manière viable et dont les droits à l’éducation et à la santé, y compris la santé sexuelle et reproductive, sont respectés et garantis. 

Il est tout aussi important que la promotion et la protection des droits des personnes âgées fassent partie intégrante des politiques de développement à tous les niveaux.  L’allongement de l’espérance de vie doit aller de pair avec la réduction des vulnérabilités et la multiplication des systèmes efficaces de protection sociales.  On ne saurait trop souligner, a insisté le représentant, les liens entre dynamique démographique, égalité des sexes, et autonomisation et éducation des femmes et des filles, y compris l’élimination de toutes les formes de discrimination dont les mutilations génitales féminines et le mariage précoce.  Nous devons mettre rapidement en œuvre le Programme 2030, en particulier les objectifs de santé maternelle et l’accès universel à la santé sexuelle et reproductive.  Chez les jeunes, a affirmé le représentant, la demande des moyens modernes de contraception n’est pas satisfaite, les empêchant eux, les femmes et les couples, d’exercer leur droit de choisir librement et de manière responsable le nombre et l’espacement des grossesses. 

M. ZAHID MALEQUE (Bangladesh) a exprimé l’engagement de son gouvernement à faire une « révolution des données » qui doit favoriser la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Du fait des sondages menés régulièrement, le Bangladesh dispose de données solides dans tous les secteurs de la population, a-t-il précisé.  En mettant l’autonomisation des personnes au cœur de son programme national de développement, a-t-il poursuivi, le Bangladesh espère rejoindre les rangs des pays à revenu intermédiaire d’ici à 2021.  Le représentant a fait part des progrès accomplis en termes de réduction de la pauvreté et d’autonomisation des femmes, avec notamment une parité dans l’éducation primaire et secondaire.  En outre, la participation des femmes à l’économie tant formelle qu’informelle, ainsi que dans les processus politiques, a beaucoup augmenté.

Sur le plan de la santé, deux divisions du Bangladesh sont arrivées au taux de fertilité de remplacement de 2,0 et deux autres sont sur le point d’y parvenir.  Le taux des enfants de moins de 5 ans en insuffisance pondérale est de 32,6%, tandis que le taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans a été réduit à 46 pour 1000 et celui des bébés à 38 pour 1000.  Le représentant a également parlé de ce que fait son pays pour garantir une migration sans danger et a annoncé que le neuvième Sommet du Forum mondial sur la migration et le développement se tiendrait à Dhaka du 10 au 12 décembre 2016.  Afin d’améliorer les systèmes de collecte et d’analyse de données dans le monde, il a appelé les donateurs à soutenir le Mécanisme mondial de financement de l’initiative Toutes les femmes, tous les enfants ou d’autres mécanismes de financement.  Il a aussi plaidé en faveur du renforcement de la coopération internationale au développement, notamment grâce à l’APD.

Mme CLARISA MORALES (Honduras) a fait part des progrès considérables accomplis par son pays pour consolider l’institutionnalisation et l’élan donné en faveur d’un développement organisé et planifié.  En 2009, le pays s’est doté d’une « Vision nationale » et d’un « Plan pour la nation ».  L’édition 2015 du Rapport national sur les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) fait part de la réduction du nombre des personnes qui vit avec moins de 1,25 dollar par jour et du taux de malnutrition chez les enfants de moins de 5 ans.

En adoptant le Consensus de Montevideo, a poursuivi la représentante, le Honduras s’est engagé à garantir la pleine intégration de la population dans la planification du développement durable, à améliorer les sources de données, à développer des systèmes intégrés d’informations fiables et de qualité, ventilées par sexe, et à favoriser la coordination entre les bureau nationaux de statistiques et les entités compétentes.  En 2013, le Honduras a créé le Conseil national de population qui comprend 17 institutions publiques et 16 représentants d’organisations de la société civile.  Si la représentante a aussi parlé des enquêtes permanentes sur les ménages et la santé, elle a reconnu la faiblesse des systèmes administratifs de statistiques.  Le Honduras se propose donc de renforcer son système national de statistiques, ainsi que les mécanismes de surveillance des politiques de protection sociale.

Mme MAISSA SHAWKY, Vice-Ministre de la santé de l’Égypte, a indiqué que chaque pays se doit d’ajuster les indicateurs internationaux pour y intégrer sa propre nationale et mettre en œuvre plus efficacement les objectifs de développement durable.  Elle a invité les bailleurs de fonds à apporter leur soutien au renforcement des capacités et à offrir l’assistance technique dont ont besoin les pays en développement pour établir des systèmes de données démographiques fiables.  Elle a souligné que l’Égypte a pris des mesures pour intégrer les objectifs de développement durable dans sa nouvelle Stratégie nationale pour la population.  Cette Stratégie, a-t-elle précisé, entend faire passer la population de 119 millions à 110,9 millions d’ici à 2030.  Elle a enfin plaidé pour le renforcement de la coopération internationale.

M. EZE DURUIHEOMA (Nigéria) a rappelé que son pays était le plus peuplé d’Afrique, avec 188,9 millions d’habitants et une croissance annuelle de 3,2% de la population.  Il a fait part d’une expérience « impressionnante » en matière de collecte, de compilation, d’analyse et de dissémination des données au fil des deux dernières décennies, notamment grâce aux recensements.  En outre, a-t-il dit, le Nigéria a pris des mesures significatives dans le cadre de la mise en œuvre des objectifs de développement durable, en particulier grâce à une « Feuille de route nationale » et à un « plan stratégique » en vue de mener à bien le prochain recensement en faisant appel à des technologies et approches innovantes.  En outre, le Nigéria fait partie des premiers à être sur le point de finaliser ses indicateurs nationaux relatifs aux objectifs du développement durable, s’est enorgueilli le représentant.  M. Duruiheoma a en conclusion signalé l’existence de diverses études au Nigéria destinées à renforcer la capacité des institutions nationales et des acteurs humanitaires de collecter des données relatives aux personnes déplacées et aux migrations périodiques.

Après avoir fait état de progrès par son pays vers la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement, en particulier en matière d’éducation et de santé, M. MOHAMMAD ISMAIL BRAHIMI, Vice-Ministre de l’économie de l’Afghanistan, a indiqué que les données démographiques en Afghanistan démontrent que sa population est très jeune: en effet, 48% des habitants sont âgés de moins de 15 ans.  Si la fertilité en Afghanistan a commencé à lentement décliner, elle reste toutefois élevée, avec en moyenne 5,1 enfants par femme entre 2010 et 2015.  Quant aux taux de mortalité infantile, a poursuivi M. Brahimi, sa baisse se poursuit et, combinée avec le léger fléchissement du taux de fertilité, elle explique le taux de croissance démographique de 3% au cours des cinq dernières années.  Partisan d’une approche plus innovante de la collecte de données, le représentant afghan a suggéré que la Commission de la population et du développement facilite l’établissement de « réseaux de statisticiens », qui seraient issus d’instances officielles, du champ universitaire et de la société civile, et qui pourraient être mis en place dans le cadre de la coopération régionale, notamment Sud-Sud.

M. JAROSLAW PINKAS, Secrétaire d’État à la santé de la Pologne, a indiqué que son gouvernement avait pris des mesures pour améliorer la fertilité des Polonaises, contenir l’émigration, créer les conditions nécessaires au retour des expatriés et accroître l’immigration de travail dans le pays.  À cette fin, a-t-il dit, un document intitulé « Fondements de la politique démographique polonaise » a été adopté.  S’agissant de l’autonomisation des femmes, la Pologne a adopté en décembre 2013 un Plan national d’action sur l’égalité de traitement pour l’exercice 2013-2016, dont la lutte contre les violences sexistes est une composante essentielle.  En matière de santé publique, a poursuivi M. Pinkas, un programme quinquennal de santé a été inauguré cette année, qui met l’accent sur le traitement et la prévention des maladies contagieuses et des épidémies.

Après avoir assuré que la santé reproductive est un élément crucial de la politique en matière de santé, le Secrétaire d’État a affirmé que, depuis 2008, le nombre de gens exposés à des risques de pauvreté ou d’exclusion sociale avait diminué en Pologne, même si la hausse du nombre de personnes vivant dans la pauvreté extrême et d’enfants pauvres s’est accrue.  C’est tout particulièrement vrai dans les zones rurales, a relevé le haut fonctionnaire, en précisant que des mesures axées sur l’enfant avaient été prises par son gouvernement.  Par ailleurs, face aux défis qui se posent à son pays, M. Pinkas a déclaré qu’un « Plan de développement responsable » a été adopté par le Conseil des ministres le 16 février dernier, avec pour objectif d’éliminer les « pièges de développement » en mettant en œuvre un nouveau modèle de développement, basé sur cinq piliers: réindustrialisation; développement d’entreprises innovantes; capital pour le développement; expansion étrangère; et développement social et régional durable.

Mme PATRICIA CHEMOR (Mexique) a remarqué que les données actualisées et précises sur la population permettent aux gouvernements d’anticiper les besoins, de déterminer l’impact des politiques publiques et de confirmer les progrès du développement.  Le Mexique s’est doté en 1974 d’une loi générale sur la population dont l’objectif est de réguler les phénomènes démographiques en termes de volume, structure, dynamique et répartition sur le territoire national.  Le Conseil national de la population (CONAPO), vieux de 42 ans, a réussi à faire en sorte que les politiques publiques tiennent compte de la variable population.

La représentante a ensuite énuméré les sources de données, comme celles obtenues par l’institut national des statistiques et de la géographie grâce au sondage de 2015, ou celles résultant de l’enquête nationale sur la dynamique démographique qui permet de connaître les niveaux et tendances de la fécondité, de la mortalité et de la migration.  Elle a aussi mentionné l’enquête nationale sur les revenus et dépenses des ménages qui constitue la principale source d’informations pour mesurer toutes les dimensions de la pauvreté, l’enquête de cohésion sociale pour la prévention de la violence et de la délinquance, l’enquête sur l’occupation et l’emploi, ainsi que les sondages sur la migration à la frontière nord et à la frontière sud du pays. 

De son côté, le Secrétariat du développement social a mis en œuvre le système de focalisation sur le développement, a-t-elle ajouté.  Elle a indiqué que son pays présidait la Conférence régionale sur la population et le développement de l’Amérique latine et des Caraïbes dont il a accueilli la deuxième réunion en octobre 2015.  À cette occasion, un guide opérationnel a été approuvé pour la mise en œuvre du Consensus de Montevideo, feuille de route pour les politiques publiques fondée sur les principes d’universalité, d’égalité, de transversalité, d’intégralité, d’inclusion, de solidarité, d’équité et de dignité.

M. KHAMLIEN PHOLSENA, Vice-Ministre de la planification et de l’investissement de la République démocratique populaire lao, a déclaré que son pays a conduit avec succès le cinquième recensement de la population et des ménages en mars 2015 qui donnera de vastes informations pour établir les bases du huitième Plan national de développement, de la réalisation des objectifs de développement durable et du renforcement du cadre politique et de mise en œuvre, en particulier, pour saisir les dividendes démographiques qui devraient durer 30 ans.  Malgré les efforts, la qualité des données et leur utilisation, y compris les données démographiques, sont limitées.  La communauté internationale doit aider le pays à renforcer ses capacités dans ce domaine. 

M. SIMON MITI (Zambie) a souligné la nécessité de mettre l’accent sur la fiabilité, la disponibilité en temps voulu et l’accessibilité des données démographiques au cœur des efforts collectifs pour renforcer les systèmes statistiques nationaux et suivre plus efficacement la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Ainsi, si le système d’enregistrement des faits d’état civil en Zambie demeure insuffisamment développé, le représentant a toutefois indiqué que son pays n’en voyait pas moins un tel système comme la pierre angulaire de la collecte des statistiques.  Dans cette perspective, son gouvernement a pris des mesures pour l’améliorer.  En outre, s’est-il félicité, la Zambie a pris l’initiative de mener des études dans divers domaines, notamment une en partenariat avec le Fonds des Nations Unies pour la population et le développement (FNUAP) sur le dividende démographique. 

L’Inde représente un sixième de l’humanité, a dit son représentant, M. SYED AKBARUDDIN.  Si le pays a fait des progrès remarquables dans le développement, il doit encore relever des défis énormes.  L’Inde, a-t-il affirmé, a une longue tradition de collecte de données démographiques à des coûts abordables et mène des recensements tous les 10 ans lesquels forgent les politiques dans tous les secteurs.  L’Inde vient de passer la barre du milliard dans ce qui est la plateforme d’identité en ligne la plus importante au monde.  Cette plateforme couvre 93% des plus de 18 ans, 67% des 5 à 18 ans et 20% des moins de 5 ans.  L’effort a pris cinq ans et a été poussé par une législation « historique ».  Tous les jours, plus de 500 000 personnes s’enregistrent et la croissance rapide du site fournit des données utiles pour définir les politiques de développement.  Elle est aussi intégrée dans le travail des divers schémas de protection sociale.  « Personne n’est laissé de côté », s’est enorgueilli le représentant.  L’Inde a aussi terminé la collecte des données provenant du recensement et du géoréférencement s’agissant des installations de santé.  Un site de traçage de la santé maternelle et infantile capture les détails sur chaque femme enceinte et chaque enfant de 5 ans au maximum.  Le représentant a vanté les mérites de la coopération Sud-Sud pour achever l’œuvre du Programme d’action du Caire et résoudre les questions nouvelles et émergentes en matière de santé reproductive, de population et de développement.

M. ZANE DANGOR, Conseiller spécial du Ministre du développement social d’Afrique du Sud, a insisté sur la nécessité d’adopter une résolution négociée à la fin de cette session.  Le Gouvernement sud-africain est attaché au principe de non-discrimination, a-t-il relevé, rappelant la diversité démographique de son pays et sa « triste » histoire de ségrégation raciale.  Il s’est donc insurgé contre toutes les formes d’oppression ciblant une population précise, y compris celle ayant cours en Palestine.  Il a en outre parlé d’un certain nombre de politiques mises en place pas son gouvernement pour favoriser l’épanouissement des jeunes qui constituent la plus grande frange de la population nationale.   

Mme MARGARET POLLACK, Directrice des relations extérieures et de la coordination multilatérale du Département d’État des États-Unis, a dit que pour réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030, il est important d’exploiter la technologie, les compétences et les occasions de faire le lien entre les statistiques officielles, les mégadonnées, les données créées par les citoyens et les données géospatiales.  Les États-Unis soutiennent la liberté d’accès aux données pour mieux informer le processus de décision afin de mettre fin à l’extrême pauvreté et assurer une vie pleine de santé pour tous.  La Directrice a estimé que le Groupe d’experts de la Commission des statistiques devrait créer des flux d’informations qui incluent des données provenant de sources non traditionnelles et ce, de manière transparente et accessible.

Pour faire en sorte que personne ne soit laissée sur le côté, nous devons, a dit la représentante, continuer de focaliser nos efforts là où ils ont le plus d’impact en abordant les questions d’autonomisation des femmes et des filles, en investissant dans l’éducation des filles, en améliorant les droits à la santé sexuelle et reproductive et en donnant des ressources aux survivantes des violences sexuelles tout au long de leur vie.  Aussi, la représentante a-t-elle notamment suggéré de continuer de travailler en partenariat avec les pays pour développer des systèmes de données innovants qui vont au-delà des centres urbains, et renforcer les capacités locales et nationales d’utiliser les données afin de planifier des politiques efficaces, mesurer l’impact des programmes et répondre aux besoins en matière de santé publique.

M. ANTONIO DE AGUIAR PATRIOTA (Brésil) a reconnu l’importance de la collecte, de l’analyse et de la diffusion des données démographiques ventilées.  Il a estimé que le renforcement de la base des données démographiques était crucial dans la mise en œuvre du Programme 2030, car c’est la principale ressource des gouvernements pour la planification et la budgétisation des politiques publiques.  Pour garantir l’universalité des droits de l’homme, il faut accorder une attention particulière aux groupes vulnérables, a-t-il ajouté, plaidant en faveur de données ventilées par genre, âge, race, ethnicité, statut migratoire, handicap, lieu géographique, conditions socioéconomiques.  Les données ventilées rendent les groupes vulnérables plus visibles.  Le représentant a rappelé, en tant que Président de la Commission de la condition de la femme, que celle-ci s’était mise d’accord pour intégrer une perspective genre dans la mise en œuvre du Programme 2030.

M. de Aguiar Patriota a également souligné l’importance du suivi démographique des flux migratoires dans le cadre de cette mise en œuvre.  Les données démographiques servent aussi à élaborer des politiques visant la pleine réalisation des droits des peuples d’ascendance africaine, a-t-il ajouté.  Il a ensuite vanté les mérites de l’Institut brésilien pour la géographie et les statistiques qui a notamment mené en 2010 le premier recensement 100% numérique au monde.  En tant que Président de la Commission de statistiques de 2016 à 2018, le Brésil est fier de mener les discussions sur la création d’indicateurs pour la mise en œuvre du Programme 2030.  Cette mise en œuvre devrait être vue comme une occasion de créer des partenariats en faveur du développement mais pas pour comparer et classer les différentes réalités nationales.  Le représentant a par ailleurs souligné l’importance de la société civile dans cette mise en œuvre, notamment sur les questions relatives à la population.  Enfin, il a plaidé en faveur de la coopération Sud-Sud, comme son pays la pratique avec les instituts statistiques de l’Afrique du Sud, du Cabo Verde et du Sénégal, en favorisant l’utilisation de technologies numériques de collecte de données.

Mme EDNA ABIGAIL ALVAREZ OCH, Sous-Secrétaire des politiques publiques au Ministère de la planification et de la programmation du Guatemala, a dit que le Programme 2030 a été intégré dans les politiques nationales.  Le Gouvernement a également fixé des objectifs nationaux pour mettre en œuvre le Programme d’action du Caire.  Aussi, le pays a-t-il amélioré la production des données statistiques, mais il reste encore à améliorer la collecte, la diffusion et la désagrégation.  Elle a par exemple fait observer que seulement 21% des données statistiques du pays respectent le principe de l’approche sexospécifique.  Elle a dit l’engagement de son pays à remédier à cet obstacle et à œuvrer pour la réalisation des objectifs de développement durable.

M. GERARDO V. BAYUGO, Sous-Secrétaire d’État à la santé des Philippines, a indiqué que la récente réorganisation du système statistique de son pays avait ouvert des perspectives meilleures pour la fourniture en temps opportun de données plus fiables.  Ainsi, une loi en date de 2013 a notamment créé une Autorité philippine de la statistique, a précisé le représentant, qui a par ailleurs dit que la principale source de collecte de données au niveau national est fournie par les recensements, conduits tous les 10 ans.  En outre, le Gouvernement mène à intervalles réguliers des études censées étoffer les données démographiques indispensables à la planification du développement.  Il dispose de plus d’un système d’enregistrement de l’état-civil grâce auquel il a des données précises sur les naissances, les mariages et les décès.  Mais ces dispositifs doivent être renforcés « pour s’assurer que personne n’est laissé de côté ».  C’est la raison pour laquelle les Philippines s’emploient à raffermir leur système de suivi de la mise en œuvre des objectifs de développement durable et opérationnaliser, « dès le mois prochain », les indicateurs permettant de mesurer le degré de réalisation des cibles agréées au niveau international.

M. SURYA CHANDRA SURAPATY, Chef du Conseil d’administration de la planification familiale et de la population de l’Indonésie, a déclaré qu’en raison de l’exhaustivité et de la cohérence du Programme 2030, il faudra des données qui n’étaient pas disponibles auparavant.  Ce qu’il faut, c’est l’intersection entre les données statistiques et les objectifs de développement durable car aujourd’hui les données sont organisées en silos.  Il faut de la coordination entre les différents secteurs, institutions et disciplines dont il est important de renforcer la performance.  Les principes et les lignes directrices pour la fourniture de données et des questions connexes, devraient être élaborés en coordination avec la Commission de statistique.  

La qualité des données dépend des capacités à les collecter et c’est un élément important que cette session devra souligner résolument.  Le représentant a détaillé, avant de conclure, le Plan indonésien de développement qui aborde les facteurs affectant la qualité de vie de la population notamment les inégalités sociales, la pauvreté, l’environnement et le capital humain.  Ce Plan, qui est aligné avec les objectifs de développementaux, a poussé l’Indonésie à renforcer la collecte de données et à mieux comprendre la manière d’aller de l’avant s’agissant du Plan national mais aussi du Programme 2030.    

Mme JOSEPHINE-KABARU MBAE, Directeur général du Conseil national pour la population et le développement du Kenya, a indiqué que le Kenya a mené pas moins de cinq recensements depuis 1969 et le dernier en 2009, alors que le prochain est prévu pour 2019.  Elle a relevé que ces recensements ont permis de produire des données démographiques désagrégées selon des variables telles que l’âge, le sexe, le statut marital et autres.  Elle s’est également félicitée de voir que l’initiative kenyane d’accès libre aux données, lancée en 2011 et renouvelée en 2015, a effectivement élargit l’accès du public aux données.

Mme VLAD LUPAN (Moldova) a relevé qu’étant donné que le Programme 2030 entend ne laisser personne sur le côté, il est dès lors important d’avoir des données fiables identifiant les plus démunis et les populations vulnérables nécessitant un soutien accru.  La nécessité de données pointues a incité les autorités de Moldova à mettre sur pied, en 2013, le Centre des recherches démographiques qui a pour vocation de renforcer les capacités institutionnelles de formulation de politiques nationales.  Ce Centre a mis en place un indice du vieillissement actif, en partenariat avec le FNUAP, afin de promouvoir la participation socioéconomique des personnes du troisième âge.  

M. NYI NYI, Directeur du Département de la population du Ministère du travail, de l’immigration et de la population du Myanmar, a rappelé que le dernier recensement de la population remonte à 2014 et qu’il a été effectué pour avoir des données accessibles, actualisées et fiables sur la population et les ménages permettant de façonner et de mettre en œuvre des politiques fondées sur les droits de l’homme et centrées sur les gens.  Ce recensement est très important pour la réforme en cours dans le pays.  Les données ont permis de mieux comprendre et de mieux intégrer les questions de population y compris la fertilité, la mortalité infantile et maternelle, la migration, l’urbanisation et le vieillissement de la population dans les plans de développement. 

Elles expliqueront les inégalités dans l’éducation, l’emploi et l’économie.  Les données faciliteront une planification inclusive et tournée vers le dividende démographique. Le représentant a parlé d’autres défis concernant la collecte et la dissémination des données et des statistiques.  Il a promis que l’intégration des questions de population dans les plans de développement sera une grande préoccupation des décideurs politiques.  Il a exhorté la Commission et les donateurs à fournir les ressources adéquates, à faciliter le transfert des technologies, à renforcer la coopération Sud-Sud et à contribuer à l’accès des jeunes, des femmes et des filles aux services essentiels.

M. ZOUMARI ISSA KALLEKOYE, Secrétaire général du Ministère de la population, de la promotion de la femme et de la protection des enfants du Niger, a fait observer que le Niger détient le triple record d’avoir un fort taux de croissance démographique, soit 3,9% par an, une forte fécondité, 7,6 enfants par femme, et un fort taux de mariages précoces, car 76% des femmes âgées de 20 à 24 ans étaient mariées avant l’âge de 18 ans et 28% avant 15 ans.  Ces facteurs font que le Niger a une population extrêmement jeune, 69% de Nigériens ayant moins de 25 ans.  Dans le cadre de la mise en œuvre des objectifs de développement durable, l’Institut national de la statistique entend organiser des enquêtes démographiques et de santé régulièrement qui vont intégrer des indicateurs multiples.  Le représentant a aussi plaidé pour le renforcement des capacités des personnels de l’Institut, prônant la mise en place d’un observatoire national de l’état civil, la création de centres de déclaration de l’état civil et l’informatisation du système d’état civil.

M. ZAFAR HASSAN, Secrétaire général du Ministère de la planification, de l’autonomisation des femmes et de la protection des enfants du Pakistan, a reconnu qu’il était important de renforcer la collecte des données démographiques pour pouvoir mener à bien la planification des politiques.  Il a ajouté que 63% de la population pakistanaise a moins de 30 ans pour mieux souligner que les jeunes constituent un atout pour le pays et qu’il faut exploiter ce dividende démographique.  Évoquant trois des quatre objectifs de son gouvernement sur la question, M. Hassan a énuméré la création d’une politique nationale de population, la garantie de l’accès aux soins de santé génésiques pour les jeunes et l’élaboration d’une feuille de route pour la politique nationale.  Cette feuille de route comprend un programme de santé génésique, d’égalité des sexes et d’éducation à contraception moderne.  M. Hassan a annoncé que le Gouvernement a pris des engagements en matière de population dont le recensement de la population en 2016.  Il a ajouté que son gouvernement était aussi déterminé à débloquer de nouvelles ressources, à utiliser de nouvelles technologies et à gérer les questions démographiques pour mieux répondre aux besoins de la population.

Mme TUGSDELGER SOVD, Directrice du suivi et de l’évaluation au Ministère de la santé et des sports de la Mongolie, a déclaré que le Programme d’action du Caire et les Objectifs du Millénaire pour le développement ont permis de renforcer l’environnement juridique et institutionnel relatif aux questions de population et de santé en Mongolie.  Le Gouvernement a lancé des études pour élaborer des indicateurs de suivi des objectifs de développement durable et appelle à une aide au renforcement de systèmes des statistiques des pays en développement.

Mlle LOTTE DIJKSTRA, Jeune ambassadrice pour les droits à la santé sexuelle et reproductive des Pays-Bas, a dit qu’il était important de commencer à collecter des données sur les adolescents, en particulier des données relatives à leurs droits sexuels et à la santé sexuelle et reproductive.  Ces questions sont insuffisamment mesurées et sont laissées de côté dans les politiques et les programmes.  En même temps, la violence sexuelle, les mariages forcés et précoces, la mutilation génitale féminine et le VIH affectent de manière disproportionnée les adolescents, en particulier les jeunes filles.  Ce n’est pas parce que nous ne savons pas ou n’avons pas de mesures que les problèmes n’existent pas.  Une étude récente aux Pays-Bas a montré que les adolescents veulent apprendre plus sur des sujets comme l’amour et les relations. 

Ces sujets concernent l’éducation sexuelle et faire le décompte des écoles qui offrent une éducation sexuelle complète ventilée par tranche d’âge serait un des moyens sûrs d’assurer que les besoins de jeunes sont connus.  Si nous voulons vraiment que personne ne soit laissé de côté, nous devons compter tout le monde, a tranché la jeune femme.  Ceci nous permettra d’identifier les lacunes et les défis, de prendre les mesures qui s’imposent et d’élaborer des politiques qui contribueront à réaliser les droits des jeunes.  La représentante a également dit que la société civile a un rôle crucial à jouer dans la collecte de données.  Il est important que le travail de la Commission inclut la société civile qui joue un rôle indispensable dans la mise en œuvre, le contrôle et le suivi du Programme d’action du Caire et du Programme 2030.

M. AL-KUWARI (Qatar) a plaidé pour des outils de collecte de données qui s’appuient sur les technologies modernes, tout en ciblant les plus démunis.  Il a reconnu l’importance du Programme d’action du Caire mais il a réitéré les réserves de son pays devant un instrument qui ne cadre pas toujours avec la Charia.  Le Qatar a mis en place un système statistique pour évaluer et suivre les progrès sociaux et économiques.  Ses bureaux statistiques publient généralement des données désagrégées qui intègrent les diverses couches de la population.  Chaque pays, a insisté le représentant, doit être libre de mettre en œuvre son propre programme de développement, en tenant notamment compte de ses réalités culturelles et religieuses.

M. KAI SAUER (Finlande) a dit que son pays avait une longue tradition d’alerte sanitaire qui utilise les informations statistiques, les registres et les enquêtes de population.  Après avoir donné quelques exemples sur le sujet, le représentant a réitéré le rôle crucial des données pour le suivi des objectifs de développement durable.  Les données doivent être ventilées et fiables, veillant à une approche fondée sur les droits de l’homme dans leur collecte et leur utilisation.  La Finlande, a affirmé le représentant, est un partenaire fidèle du FNUAP et sait que dans le monde actuel, les personnes âgées et les jeunes courent le même risque d’exclusion sociale.  Les défis en la matière sont universels et la responsabilité, partagée.  Les jeunes et les personnes âgées doivent être pleinement impliqués dans les processus de prise de décisions sur les questions liées à leur vie.  Il faut collecter des données sur toutes les inégalités et toutes les formes de discrimination, en particulier, à l’égard des femmes et des filles, a poursuivi le représentant.  Les données démographiques, y compris la dynamique et les tendances de population, doivent donner lieu à une meilleure planification du développement durable.  S’agissant du Programme d’action du Caire, a conclu le représentant, nous pouvons, par des partenariats efficaces, appuyer les droits de tous à la santé sexuelle et reproductive.

 

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