Conseil économique et social - Session de 2016,
21e & 22e séances - matin & après-midi
ECOSOC/6756

L’ECOSOC se penche sur les perspectives nationales dans l’élaboration de politiques de mise en œuvre du Programme 2030

Le Conseil économique et social (ECOSOC) a poursuivi, aujourd’hui, son segment d’intégration de trois jours par deux tables rondes sur les perspectives nationales dans la formulation de politiques de mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030. 

Quels sont les organes à restructurer au sein des Nations Unies et au niveau des gouvernements?  Que peuvent faire les États sur le plan individuel?  Comment engager toute une série de parties prenantes y compris le secteur privé et la société civile dans la réalisation de ces objectifs?

Experts et délégations se sont efforcés, au cours de ces deux dialogues, intitulés respectivement « Cadres institutionnels et planification des politiques » et « Pour en arriver à des résultats: vision commune et réflexion novatrice en action », de réfléchir aux moyens à développer pour, à l’heure de la première phase de la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030, adopté en septembre 2015, « ne laisser personne en arrière ». 

Les Nations Unies et toutes les parties prenantes doivent commencer à mettre en place les cadres institutionnels et politiques et cela suppose, a-t-il été généralement relevé, des processus inclusifs et transparents en vue de permettre l’appropriation du Programme 2030 par tous les concitoyens.

La réalisation des objectifs de développement durable passe en large partie par l’adhésion de la population à ces concepts, comme l’a souligné le Ministre sectoriel pour le développement social et l’inclusion du Honduras, préconisant à la fois des décisions du haut vers le bas, mais aussi des mesures permettant d’autonomiser le citoyen et d’être à son écoute.

Le représentant de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a insisté pour que le secteur privé et les entreprises soient associés à la mise en œuvre des objectifs de développement durable au même titre que les citoyens, tandis que le Viet Nam a invité à miser sur Internet pour offrir des services gratuits aux communes rurales et engager un dialogue interactif entre les bailleurs de fonds et toutes les catégories de la population. 

Plusieurs intervenants ont mis l’accent sur une nécessaire volonté politique et responsabilisation à tous les niveaux; les capacités institutionnelles et la bonne gouvernance; l’évaluation des acquis et des retards dans la mise en œuvre du Programme; le partage des connaissances et les partenariats public-privé. 

Demain, l’ECOSOC finira les travaux de sa session d’intégration par une table ronde, à 10 heures, qui portera sur « Les politiques d’innovation et d’intégration - les points de vue du système multilatéral ».

DÉBAT CONSACRÉ AUX QUESTIONS D’INTÉGRATION

Débat sur le thème « Ne laisser personne en arrière: perspectives nationales en matière d’élaboration de politiques »

Table ronde 1 sur le thème « Cadres institutionnels et planification des politiques »

Le Conseil économique et social (ECOSOC) s’est penché, ce matin, sur les moyens de mettre en œuvre le Programme de développement durable à l’horizon 2030 au niveau national, dans le cadre de la troisième table ronde de son segment de trois jours consacré aux questions d’intégration.  Présidée par le Vice-Président de l’ECOSOC, M. Sven Jürgenson, de l’Estonie, cette table ronde était animée par M. David Donoghue (Irlande), l’un des cofacilitateurs du Programme 2030. 

Pour cadrer le débat, M. Donoghue a souligné que, quelques mois après l’adoption de ce Programme, les discussions se poursuivent sur la façon de le mettre en œuvre et sur les structures nécessaires à cet effet.  « Nous en sommes à la première année de la mise en œuvre et il nous faut maintenir l’élan », a-t-il déclaré, en expliquant que le Programme 2030 en tant que tel n’avait pas pu répondre à toutes les questions de sa mise en œuvre. 

Aujourd’hui, plusieurs questions émergent.  Quels sont les organes à restructurer au sein des Nations Unies et au niveau des gouvernements?  Que peuvent faire les États sur le plan individuel?  Comment engager toute une série de parties prenantes y compris le secteur privé et la société civile dans la réalisation de ces objectifs?  Les Nations Unies et toutes les parties prenantes doivent commencer à mettre en place les cadres institutionnels et politiques appropriés pour permettre la mise en œuvre du Programme 2030, et cela suppose des processus inclusifs et transparents en vue de permettre l’appropriation de ce Programme par tous les concitoyens.

Les systèmes sur le plan niveau national doivent être décloisonnés et il faut veiller à ce que les droits de l’homme et l’égalité entre les sexes soient traités de manière globale, a souligné M. Donoghue.

Le premier intervenant, M. RICARDO CARDONA, Ministre sectoriel pour le développement social et l’inclusion du Honduras, a rappelé la difficulté des années 2014-2015 pour son pays et les mesures prises par son gouvernement pour faire face aux effets du phénomène d’El Niño, à la perte d’une grande partie de ses forêts suite à une maladie et à une sècheresse significatives.  La priorité était d’éviter la famine dans le pays et de lutter contre la pauvreté extrême, a expliqué le Ministre, qui a accompagné le Président dans l’une des municipalités les plus pauvres pour faire un état des lieux des problèmes sur le terrain. 

Suite à ces visites, les politiques nationales ont intégré les leçons du terrain et le dénominateur commun pour aider toutes ces municipalités sont trois politiques, a expliqué le Ministre: « Vida Mejor » une politique qui a touché 1,6 million de personnes pour réduire la pauvreté extrême; la politique de l’utilisation des ressources hydrauliques et d’aménagement du territoire pour avoir des cultures durables; et la nouvelle politique économique qui a notamment permis la création de caisses d’épargne rurales et de financement de petites et moyennes entreprises.  Le Honduras a augmenté l’impôt sur les ventes de 11 à 15% pour financer ces trois politiques.

Le Ministre a expliqué que pour relever le pari du Programme 2030 il faut faire en sorte que les objectifs de développement durable deviennent des politiques d’État dans tous les pays et que ces politiques doivent être pérennes et bénéficier du soutien et de l’adhésion de la population, ce qui suppose à la fois des décision du haut vers le bas, mais aussi d’autonomiser le citoyen et d’être à son écoute, en l’associant à ce défi notamment en communiquant sur ces objectifs, y compris dans les écoles.

M. DANG HUY DONG, Vice-Ministre du plan et de l’investissement du Viet Nam, a parlé de la politique de promotion des entreprises privées vietnamiennes.  Le processus a commencé depuis quelques années avec la privatisation des entreprises publiques ou étatiques.  Aujourd’hui, le nombre et la participation de l’État dans les entreprises publiques ont été réduits.  Cette politique a fait que plus de 70% du produit intérieur brut du Viet Nam est le fait du secteur privé.  Le Ministre a reconnu que les difficultés ont été nombreuses et que la privatisation fut un processus difficile.  Mais il s’est réjoui du fait que les entreprises privées sont plus efficaces et créent des emplois. 

Toujours dans le cadre du processus de privatisation, M. Dang Huy Dong a indiqué que le Gouvernement tenait à garantir la répartition égalitaire de la richesse créée.  L’argent obtenu grâce à la privatisation des entreprises publiques est investi dans le secteur social.  Trois milliards de dollars ont été investis et le Gouvernement a récemment lancé la construction de cinq hôpitaux.  Il a également favorisé la création des entreprises sociales qui prennent en charge les groupes les plus vulnérables de la société.  Ces entreprises connaissent les problèmes vécus par la population en milieu rural.  Elles contribuent avec l’encouragement du Gouvernement aux efforts pour l’élimination de la pauvreté. 

Le Gouvernement et le secteur privé ont lancé une initiative visant à offrir des services gratuits aux communes rurales par Internet.  Un dialogue interactif entre les bailleurs de fonds et toutes les catégories de la population par l’intermédiaire d’un site Internet s’est mis en place.  Chaque entreprise est libre de choisir la communauté et le type d’activité sociale qu’elle compte mener. 

M. ROLF ALTER, Directeur de la gouvernance publique et du développement territorial à l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), a mis l’accent sur la pertinence de la bonne gouvernance pour la mise en œuvre du Programme 2030.  Pour M. Alter, les données sont essentielles pour assurer la bonne gouvernance car sans données fiables il est impossible de mesurer ce qui est fait.

Pour l’OCDE, il y a trois facteurs déterminants qui sont les institutions, les acteurs et la connaissance.  En tant qu’organisation intergouvernementale, l’OCDE réfléchit à la meilleure façon de soutenir les gouvernements pour qu’ils soient en mesure d’accomplir les tâches qui leur sont confiées, compte tenu de la complexité qui s’y ajoute avec les objectifs de développement durable.  Beaucoup de pays n’ont toujours pas réussi à organiser leur gouvernance centrale de manière suffisamment efficace, a regretté M. Alter qui pense qu’il faut y remédier et que l’OCDE peut jouer un rôle en ce sens. 

Il a notamment souligné le fait que la coordination doit être renforcée pour assurer une meilleure gouvernance et les objectifs de développement durable doivent être intégrés dans les stratégies nationales au centre du Gouvernement.  Il faut également que les agences gouvernementales travaillent main dans la main pour la mise en œuvre de ces objectifs, ce qui suppose une vision et des ressources adéquates, y compris humaines. 

S’agissant du secteur privé, il estime que les entreprises doivent être associées à la mise en œuvre des objectifs de développement durable au même titre que les citoyens.  M. Alter a également mis l’accent sur la nécessité d’un environnement propice à la bonne marche des politiques nationales et des réformes, ce qui suppose la confiance des citoyens dans leurs gouvernements.

Mme ASA PERSSON, Chercheure principale à l’Institut de l’environnement de Stockholm (Suède), a dit que deux à trois décennies de recherche ont montré que la volonté politique est essentielle dans toute politique d’intégration, en particulier dans les cas d’intégration de valeurs.  La volonté politique est importante dans la pérennisation des nouvelles politiques mises en place.  La volonté politique est nécessaire pour éviter la dilution des politiques menées étant donné que les résultats attendus sont fluctuants.  En outre, il faut avoir la volonté politique de faire des évaluations pour savoir ce qui n’a pas marché et ce qui devrait être amélioré.  Dès le départ, il faut comprendre que les politiques d’intégration se déroulent sur le long terme et que beaucoup de choses peuvent survenir en cours d’exécution.  Mais Mme Asa Persson s’est réjouie de voir que des pays commencent à mettre en place des partenariats en matière de politiques d’intégration.

M. JENIK RADON, Professeur adjoint en affaires publiques et internationales à l’Université de Columbia, a axé son intervention sur la nécessité de faire en sorte que toutes les voix soient entendues, notamment celles des communautés, et d’encourager le partage des enseignements tirés et des connaissances.  Il a évoqué l’exemple de l’évaluation sur l’impact environnemental qu’a faite la compagnie pétrolière BP sur l’accident qui a eu lieu dans le golfe du Mexique, en regrettant que les personnes impactées n’aient pas lu ce rapport de 600 pages et n’y aient pas été associées.  Revenant également sur l’intervention du Premier Ministre de l’Estonie hier, il a retenu qu’il avait expliqué que son gouvernement avait repris beaucoup d’idées déjà mises en œuvre en Finlande, et c’est là une illustration de l’importance du partage des enseignements tirés.

La représentante de la République de Corée a rappelé la nécessité de disposer d’institutions robustes pour créer et recevoir les idées pour la mise en œuvre du Programme 2030.  Le Gouvernement de la République de Corée a élaboré sa politique de développement et son cadre institutionnel de mise en œuvre, a dit la représentante. 

Le représentant du Guyana a insisté sur l’importance de l’ouverture au changement et aux ajustements au cours de la mise en œuvre du Programme 2030.  Quels sont les risques en matière d’intégration politiques? a demandé le représentant. 

En réponse à cette question, la Chercheure principale à l’Institut de l’environnement de Stockholm a dit qu’il ne faut pas créer une situation de conflit entre les parties prenantes.  Il s’agit d’une question d’intérêt politique pour lequel il faut chercher un équilibre afin d’avancer. 

Le représentant de l’Union internationale des télécommunications (UIT) a noté la tendance à traiter les technologies comme une chose éloignée des préoccupations de développement.  Selon la Banque mondiale, a-t-il dit, le dividende numérique ne peut rien apporter au développement s’il n’est pas accompagné d’une politique d’intégrations efficace.  

Reprenant la parole, le Ministre sectoriel pour le développement social et l’inclusion du Honduras est revenu sur l’importance de la technologie et a expliqué que, sous sa houlette, 80% des écoles du Honduras ainsi que les parcs publics avaient été connectés au réseau Internet grâce à un partenariat public-privé.  Ce genre de partenariats est essentiel pour éliminer la pauvreté, selon lui.

Le Vice-Ministre du plan et de l’investissement du Viet Nam a affirmé notamment qu’un bon environnement Internet permettait à la fois plus de transparence et à toutes les voix d’être entendues.  D’ailleurs, le Viet Nam est en train de mettre en place un système de e-gouvernement, ce qui devrait également contribuer à l’amélioration de la bonne gouvernance.

Le Directeur de la gouvernance publique et du développement territorial l’OCDE est revenu sur les risques inhérents aux politiques d’intégration, soulignant la nécessité de les reconnaître, de les évaluer et d’y remédier.  Pour lui, il y a notamment des risques de baisse potentielle du rythme de la mise en œuvre du Programme 2030 et des politiques nationales.  Pour une meilleure intégration, il faut, selon lui, apprendre des écueils des cycles précédents.

Le Professeur adjoint en affaires publiques et internationales à l’Université de Columbia a répété que le gouvernement devait créer l’environnement propice, les politiques et les législations appropriées à la mise en œuvre du Programme 2030.  L’innovation doit être partagée et il faut solliciter la contribution de tous.  C’est à la fois un défi mais aussi le seul moyen de garantir l’appropriation des objectifs de développement durable par tous les concitoyens, a-t-il assuré.

Table ronde 2 sur le thème « Pour en arriver à des résultats: vision commune et réflexion novatrice en action »

Pour projeter les participants dans un avenir qui sera rendu durable grâce à « l’intégration », Mme RACHEL KYTE, Représentante spéciale du Secrétaire général pour l’énergie durable pour tous et Directrice exécutive de SE4All, leur a demandé d’imaginer qu’ils étaient en 2024 à la fin de la Décennie pour l’énergie durable pour tous, dans un village d’Afrique centrale.  Dans les maisons bien éclairées, les enfants étudient, les téléphones portables sont en charge.  Dans une clinique bien équipée et bien éclairée, une procédure d’urgence est en cours avec un système de stérilisation efficace et une infirmière de garde recrutée localement.

En même temps, à Londres en 2024, se tient une réunion de conseils d’administration de sociétés d’énergie durable, composés essentiellement de femmes.  Dans ce pays, le taux de placement de femmes ingénieurs a atteint des records.  Toujours en 2024, au Bangladesh, une petite fille lit un livre où elle apprend que, il y a 10 ans, quatre millions de personnes mouraient chaque année à cause de la pollution de l’air dans les maisons.  Elle va à l’école et a des perspectives d’éducation et d’avenir durable.

« C’est ça l’intégration », a expliqué Mme Kyte en soulignant que chaque objectif de développement durable qui est atteint permet d’en atteindre un autre.  Elle a invité à promouvoir les solutions locales au niveau local, en ciblant bien l’aide fournie.  Cela passe par des partenariats et par l’intégration des parties prenantes afin qu’elles trouvent, ensemble, des solutions.

Tout est lié, a-t-elle résumé: une énergie propre pour tous est synonyme de santé pour tous, de dignité, d’entreprenariat.  Le bouquet énergétique nécessite un « bouquet de dirigeants énergétiques variés », a-t-elle recommandé en regrettant que seulement 6% des sièges des sociétés énergétiques soient à l’heure actuelle occupés par des femmes.

L’animatrice de la discussion, Mme SHARON DAWES, Professeur émérite à Rockefeller College of Public Affairs de University of Albany, a appelé à ouvrir la porte à toute la gamme de compétences des parties prenantes, en dépassant les frontières propres à chaque niveau (régional, national et international), aux langues, aux cultures, aux valeurs, aux religions, aux institutions, entre autres.

Pour M. DAVID MILLER, Président-Directeur général de World Wildlife Fund Canada, ancien maire de Toronto, membre du Network of Political Leaders United to Support Shared Societies (NETPLUSS) du Club de Madrid, la solution pour faire tomber les obstacles au développement durable se trouve dans la mobilisation des populations et dans le respect des peuples.  Cette solution a trois aspects qui se renforcent mutuellement, à savoir la volonté politique, la primauté des valeurs humaines et la prise de conscience de notre avenir partagé et de notre responsabilité partagée.  

Le concept de société partagée oblige les Nations Unies à identifier les questions que chacun devrait se poser pour évaluer les résultats des programmes.  Le Club de Madrid demande simplement aux parties prenantes si elles agissent de manière inclusive, participative, respectueuse de la dignité des autres et de la planète, et de manière à libérer la capacité humaine et la richesse pour améliorer le bien-être de tous, des questions, a-t-il suggéré, qu’il faudrait intégrer dans des examens par les pairs et dans le suivi. 

M. JULIÁN UGARTE FUENTES, Directeur exécutif de Latin America, Socialab, a présenté sa plateforme qui compte 500 000 usagers.  Ceux-ci reçoivent une aide pour pouvoir contribuer à la durabilité des villes.  « Au Chili, par exemple, nous touchons un million de personnes qui peuvent ainsi avoir accès à l’eau et à l’énergie.  Les jeunes ne veulent pas nécessairement créer une entreprise pour faire profit, mais ils veulent donner un sens à leur vie.  Nous passons ainsi d’une perspective centrée sur l’argent et le profit à une démarche empathique. »  Il a donc conseillé d’investir dans les individus qui s’occupent des autres, pour passer de l’« économie de l’égoïsme » à l’« économie de l’amour ».

Mme ANA VAZ, Chercheuse à Oxford Poverty and Human Development Initiative, a indiqué que les mesures actuelles utilisées pour évaluer la pauvreté ne donnent pas la mesure du « cumul des manques » dont souffrent les populations pauvres.  C’est à partir de ce constat que la méthode « Alkire Forster » a été élaborée, dans le but d’évaluer les manques dans les domaines comme la santé, l’éducation et le niveau de vie.  Cette méthodologie peut aider les gouvernements à élaborer leurs politiques et programmes de développement dans la mesure où elle peut être aisément adaptée aux réalités nationales, aux priorités de chaque pays, ainsi qu’aux objectifs du Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Interrogée par le représentant du Pérou sur la nécessité d’un indicateur de pauvreté au niveau mondial, Mme Vaz a préféré un indicateur sur le plan niveau national et recommandé de ne pas comparer les pays entre eux.  Elle a aussi expliqué qu’identifier les groupes les plus pauvres permet de prendre des mesures mieux ciblées à leur égard.  En Colombie, par exemple, on n’arrivait pas à atteindre les plus pauvres au niveau local à défaut de pouvoir les identifier. 

La représentante d’El Salvador a fait part de l’expérience de son pays qui a utilisé un instrument de mesure de la pauvreté, composé de 20 indicateurs, qui s’éloigne des mesures classiques pour mesurer plutôt les besoins précis des plus pauvres.  De son côté, le représentant du Club de Madrid a donné l’exemple de Toronto où la priorité a été donnée aux investissements publics dans les quartiers qui en ont le plus besoin, en comparant le ratio pauvreté/taux d’investissement public.

Pour répondre à la question du Chili sur le concept d’économie de l’amour, le représentant de Socialab a assuré qu’il y avait une vraie révolution en cours au Chili, émettant le vœu que ce type d’économie puisse vraiment changer les choses.  Il a souhaité que l’ONU aide à construire des lieux où les différents acteurs cherchent et trouvent des solutions.  Les Nations Unies sont un réservoir d’expériences, réussies ou non, a relevé à ce propos le délégué de l’Iraq avant de pousser au « décloisonnement » pour une véritable politique intégrée de mise en œuvre du Programme 2030.

Un autre expert arrivé tout juste de Chine, M. WU XUN, Professeur et Directeur adjoint de l’Institut de politique publique de l’Université de Science de Hong Kong, a axé son intervention sur l’importance du renforcement de capacités.  Les idées novatrices ne peuvent être intégrées dans les cadres existants et dans les politiques actuelles sans renforcement de capacités, a-t-il constaté.  Le principal facteur de réussite, a dit M. Xun, est la capacité analytique.  On a aussi besoin de capacité opérationnelle et de capacité politique, car il ne suffit d’avoir de bonnes idées, mais il faut aussi qu’elles marchent.  Le renforcement de ces capacités permet de savoir ce qu’il faut faire, de mener à bien les programmes, de bien analyser les données et de faire des évaluations lorsqu’il y a des obstacles.  Il a conseillé de se concentrer sur la recherche, d’une part, et de travailler avec chaque pays individuellement, d’autre part.

Le renforcement des capacités permet aussi d’améliorer la qualité des données, a souligné l’experte d’Oxford Poverty and Human Development Initiative.  Mais comment faire lorsqu’on n’a pas toutes les données? a interrogé une représentante de la société civile.

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