Instance permanente sur les questions autochtones - Quinzième session,
14e séance - après-midi
DH/5305

L’Instance permanente réfléchit à son rôle dans le suivi du programme sur le développement durable, « une chance unique de matérialiser tous les droits des peuples autochtones »

À deux jours de la clôture de sa session 2016, l’Instance permanente sur les questions autochtones a débattu aujourd’hui de ses futurs travaux, en particulier son rôle dans le suivi du Programme de développement durable à l’horizon 2030, « une chance unique de matérialiser tous les droits des peuples autochtones », selon le représentant du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).  

Constituant un des neuf « grands groupes » identifiés lors du Sommet de la Terre de Rio en 1992, les peuples autochtones ont contribué, à ce titre, à l’élaboration des 17 objectifs et 169 cibles du Programme de développement durable à l’horizon 2030, adopté en septembre 2015.  Un mois plus tard, ils ont naturellement participé à la réunion du Groupe d’experts sur leur rôle dans la mise en œuvre du Programme 2030.  Les experts ont d’ailleurs recommandé à l’Instance permanente d’inclure à titre permanent ou récurrent dans son programme de travail un point sur sa contribution au Forum politique de haut niveau du Conseil économique et social (ECOSOC) sur le développement durable, et/ou systématiquement intégrer des activités de suivi du Programme 2030 dans ses travaux.

Le Programme 2030 est « une chance unique de matérialiser tous les droits des peuples autochtones », a commenté aujourd’hui le représentant du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) qui a précisé que son agence accordera une attention particulière à l’objectif 16 sur les sociétés pacifiques, justes et inclusives, l’objectif 5 sur l’égalité entre les sexes et l’objectif 10 sur la réduction des inégalités.  Tout aussi important sera le soutien au renforcement des capacités des organisations autochtones afin qu’elles puissent évaluer les progrès accomplis.

Pour mesurer ces progrès, la représentante des pays nordiques a conseillé à l’« adolescente de 15 ans » qu’est devenue l’Instance permanente de profiter du fait qu’elle soit basée à New York pour participer aux différentes réunions où la mise en œuvre des objectifs de développement durable est débattue.  La déléguée de « National Indigenous Women Forum (NIWF) du Népal » en a profité pour demander le changement des modalités actuelles pour la participation des peuples autochtones aux travaux des Nations Unies.  Dotés de droits, ces peuples méritent « une nouvelle catégorie » différente de celles des ONG, a-t-elle argué, et tant que les modalités resteront inchangées, il faudra, a-t-elle dit, créer des représentations nationales de l’Instance dans tous les pays pour suivre les conflits entre les peuples autochtones et leur gouvernement et auditer les activités des agences onusiennes et des agences internationales en faveur des peuples autochtones.

La représentante des pays nordiques a estimé que l’Instance devrait d’ores et déjà inscrire le suivi du Programme 2030 dans son « plan stratégique » lequel devrait couvrir une période de trois ans et faire en sorte que chaque session se penche sur un ou deux domaines d’action sur les six pour avoir des débats plus approfondis.  Les six domaines d’action sont la santé, l’éducation, les droits de l’homme, le développement économique et social, l’environnement et la culture sur lesquels les recommandations faites jusqu’ici par l’Instance et l’état de leur mise en œuvre devraient être compilés pour cadrer les débats, a précisé la représentante des pays nordiques.  Par souci d’efficacité, le Vice-Ministre des affaires sociales du Chili a d’ailleurs demandé à l’Instance des recommandations plus spécifiques et plus réalisables.

La déléguée de « Tebteba » a quant à elle suggéré l’organisation en 2017 d’une session extraordinaire de l’Assemblée générale sur la mise en œuvre de la Déclaration sur les droits des peuples autochtones et une autre sur la paix dans les territoires autochtones.  Elle a proposé comme thème de la prochaine session de l’Instance « Défense des droits des peuples autochtones ».

L’Instance permanente poursuivra ses travaux demain jeudi 19 mai à partir de 10 heures pour discuter de ses six domaines d’action. 

TRAVAUX FUTURS DE L’INSTANCE PERMANENTE, NOTAMMENT SUR LES QUESTIONS INTÉRESSANT LE CONSEIL ÉCONOMIQUE ET SOCIAL ET SUR LES NOUVEAUX PROBLÈMES (E/C.19/2016/2)

Débat général

Au nom des pays nordiques, Mme GARFIELDT-KOFOED (Danemark) a conseillé à l’« adolescente de 15 ans » qu’est devenue l’Instance permanente de compiler les recommandations qu’elle a faites jusqu’ici et d’évaluer l’état de leur mise en œuvre, en prévision de la prochaine session qui, selon elle, devrait consacrer du temps à une réflexion sur la manière de prendre des actions concrètes pour aller de l’avant.  Elle a aussi estimé que le dialogue, qui est une caractéristique de l’Instance permanente « à préserver à tout prix », doit devenir plus « stratégique ».  Pour ce faire, elle a proposé à l’Instance de préparer un plan de travail de trois ans.  Aussi chaque session, pourrait-elle se pencher sur un ou deux domaines d’action sur les six pour avoir des débats plus approfondis.  Un tel arrangement nécessiterait aussi que la présidence passe d’un à trois ans.  On aurait alors plus de stabilité dans le leadership du Forum et un dialogue plus nourri entre l’Instance permanence et son secrétariat.  Comme une des questions importantes sera naturellement la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et la participation des peuples autochtones, la représentante a estimé que l’Instance, qui est basée à New York, devrait profiter de cette situation pour participer aux différentes réunions où la mise en œuvre des objectifs de développement durable est débattue. 

M. RAFAEL DE BUSTAMANTE, délégué de l’Union européenne, a affirmé que l’Union européenne était en train de réviser sa politique sur les peuples autochtones afin de l’adapter à la Déclaration sur les droits de ces peuples.  L’Union européenne intègre ces droits dans tous les aspects de sa politique extérieure, a-t-il affirmé, ajoutant que ces questions figurent en bonne place dans le Plan d’action sur les droits humains et la démocratie 2015 à 2019.  Ce Plan mettait l’accent sur les droits qui sont les plus affectés par une chaîne de production, un commerce et un climat des affaires de plus en plus mondialisés.  Avec ce Plan, l’Union intensifiera aussi ses efforts pour protéger les défenseurs des droits de l’homme, en particulier ceux qui travaillent sur le droit du travail, les questions foncières ayant des incidences sur les droits humains et la confiscation des terres et les changements climatiques.  Le rôle des femmes dans la prévention des conflits, la médiation et la consolidation de la paix est aussi couvert par le Plan d’action.  Le Document final de la Conférence mondiale de 2014 sur les peuples autochtones a été une source d’inspiration, a ajouté le représentant, précisant que depuis lors et conformément à son Plan d’action, l’Union européenne travaille à un nouveau document politique sur les peuples autochtones qui devrait être publié à la fin cette année.

Mme MEGAN DAVIS, membre de l’Instance, a rappelé que l’accord sur la présidence tournante de l’Instance avait pour objectif de permettre à chacun des 16 membres et aux régions qu’ils représentent, de diriger régulièrement les travaux.

Mme CATHRYN EATOCK, Aboriginal Rights Coalition - Australie, a demandé à l’Instance permanente une étude sur une période de trois ans de la mise en œuvre du droit à l’autodétermination, à partir des réponses des États et des peuples autochtones.  Elle a aussi demandé une étude sur une période de deux ans relative à la dépossession et à la manière dont l’ONU peut faciliter un processus de médiation et d’adjudication entre les peuples autochtones et les États.  En effet, tout en se félicitant de la politique « Closing the Gap » du Gouvernement australien, elle a dénoncé un manque d’engagement en faveur du droit à l’autodétermination voire un recul.  La mise en œuvre de « Closing the Gap », a-t-elle souligné, nécessite l’implication des communautés concernées et des ressources adéquates.  Or, le Gouvernement ne cesse de multiplier les coupes budgétaires, décidant même de transférer dès juin 2016 la responsabilité des affaires autochtones aux Gouvernements locaux lesquels ont déjà annoncé qu’à partir de cette date ils cesseraient de financer les communautés aborigènes.  En mars 2015, le Premier Ministre n’a pas hésité à enflammer les choses quand il a déclaré qu’il ne subventionnerait pas les choix de vie des communautés isolées qui, selon lui reçoivent trop de services alors qu’elles ne sont pas viables.  Les 12 000 personnes qui composent ces communautés vivent désormais dans la peur, a affirmé l’intervenante.

M. SYDNEY ALLICOCK (Guyana) a mis l’accent sur les questions qui, selon lui, devraient figurer en tête de l’ordre du jour de l’Instance permanente.  Il a cité l’accès à l’éducation à tous les niveaux, le développement des infrastructures, l’accès au logement et l’urbanisation, et la lutte contre les changements climatiques.  Il aussi cité une énergie fiable pour faciliter l’utilisation des nouvelles technologies de l’information et des communications, l’amélioration des services de santé et la promotion de l’égalité entre les sexes et l’autonomisation des femmes et des filles.

Le Rapport de la réunion du Groupe d’experts sur les peuples autochtones et le Programme 2030 (A/C.19/2016/2) a été présenté par Mme IRENA ZUBCEVIC, Département des affaires économiques et sociales (DAES).  Il est dit dans ce rapport que les participants se sont dits d’avis que le Programme 2030 doit constituer, pour les peuples autochtones, une amélioration par rapport aux Objectifs du Millénaire pour le développement.  Au nombre des insuffisances, ils ont cité le fait que les objectifs ne prennent pas en compte les priorités de développement des peuples autochtones; le manque de participation effective des autochtones à la conception et à la poursuite des objectifs; et l’absence d’un suivi de la situation des peuples autochtones sur la base de données ventilées.  Les participants ont aussi mis en garde contre l’idée de faire du Programme 2030 le seul modèle de développement. 

Ils ont tout de même salué comme un progrès le fait que les autochtones soient expressément mentionnés dans deux cibles et dans la section relative au suivi et à l’examen.  Mais certains objectifs et cibles, comme l’objectif 7, qui vise à garantir l’accès de tous à des services énergétiques, pourraient toutefois compromettre les droits des autochtones, en particulier leurs droits sur des terres, des territoires et des ressources qui, dans de nombreux cas, sont menacés par de grands projets de développement.

Les participants ont jugé utile d’élaborer un document énonçant les vues des peuples autochtones sur le Programme 2030 et déterminé que, outre le cadre mondial, il sera important de formuler des indicateurs propres aux peuples autochtones pour leur permettre de mesurer, en parallèle, les progrès en direction de leurs propres priorités de développement, ainsi que l’état d’avancement de leurs efforts de mise en œuvre du Programme 2030.  Outre la formulation d’indicateurs, les participants ont estimé qu’il importe en priorité de ventiler les données par origine ethnique/statut d’autochtone.  Dans le contexte de la collecte des données, ils ont abordé la question de l’établissement d’un indice de viabilité et de bien-être pour les peuples autochtones, qui pourrait être lié au Programme 2030.

Pour les participants, les mécanismes conçus pour obtenir les contributions des peuples autochtones aux examens effectués au niveau national, visés au paragraphe 79 du Programme 2030, devraient également être développés dans les pays avec l’appui du système des Nations Unies.  L’Instance permanente pourrait, par exemple, inclure à titre permanent ou récurrent dans son programme de travail un point au titre de la contribution au Forum politique de haut niveau concernant l’examen, le suivi et la mise en œuvre du Programme 2030 et/ou systématiquement intégrer des activités de suivi du Programme 2030 et des objectifs de développement durable dans ses travaux.

Mme ERMA SURYANI RANIK¸ Parlement autochtone d’Indonésie, a mis l’accent sur trois problèmes « qui sont devenus récurrents »: les feux de forêts et de brousse, la loi sur la protection des peuples autochtones et la loi sur le Code pénal.  Face aux nombreux défis que doivent relever les peuples autochtones, elles leur a conseillé un rôle politique plus actif au niveau local.  Il faut éduquer les jeunes autochtones pour qu’ils participent au combat politique et entrent dans les parlements.  Le combat politique est un moyen pacifique et démocratique de lutter efficacement pour les droits des peuples autochtones.

Mme JACKIE HUGGINS, Congrès national des peuples premiers d’Australie, s’est inquiété de ce que le Parlement australien continue d’adopter des lois contre les droits des peuples autochtones.  Il faut, a-t-elle dit, amender la Constitution et faciliter la participation des peuples aux processus de prise de décisions, au niveau local.  Elle a insisté sur les problèmes du système judiciaire, arguant qu’un autochtone a 25 fois plus de chances que d’autres d’aller en prison.

M. JUAN EDUARDO FAÚNDEZ, Vice-Ministre des affaires sociales du Chili, a déclaré qu’il fallait considérer le respect des droits des peuples autochtones comme un moyen de préserver la pérennité de nos ressources naturelles.  Il a jugé important de consulter les peuples autochtones pour tout projet d’exploitation des ressources et de production de l’énergie.  Dans « un souci d’efficacité », il a souhaité des objectifs et des recommandations plus spécifiques et plus réalisables et a annoncé que son pays est en train de conclure un nouveau contrat social entre les neuf communautés autochtones et la population chilienne qui se traduira par un amendement sur la reconnaissance de la contribution importante des autochtones. 

Soulignant le rôle décisif des autochtones en tant que gardiens et dépositaires de la plupart des grandes forêts du monde, M. HANS BRATTSKAR, Conseiller spécial des Nations Unies pour les forêts, le développement durable et les questions autochtones (UN-REDD Programme), a expliqué que son bureau a organisé en 2015 une série de consultations auprès de de 1 300 autochtones aux niveaux locaux, nationaux et régionaux.  Ces consultations organisées dans 27 séminaires avaient pour but de déterminer les priorités à défendre dans le cadre des négociations qui ont abouti à l’Accord de Paris sur le climat.

M. KINGI SNELGAR, Organisation Ben Wakefield Trust, a estimé que le non-respect du droit à l’autodétermination est la cause principale des problèmes que subissent les peuples autochtones.  Il a regretté que la Nouvelle-Zélande continue de s’opposer à l’exercice de ce droit et a rejeté l’idée que l’intégrité territoriale soit une barrière aux droits des peuples autochtones.

M. DWIGHT DOREY, Congrès des peuples autochtones du Canada, a souligné que les gouvernement fédéral, provinciaux et territoriaux « doivent » faire de la Déclaration sur les droits des peuples autochtones et de la consultation avec ces peuples la base de la réforme des lois et des politiques.  Si le Gouvernement veut vraiment honorer son obligation de consulter et de travailler avec les peuples autochtones, il doit leur assurer les capacités financières et humaines d’être de véritables acteurs.  L’obligation de consulter les peuples autochtones, a rappelé M. Dorey, a été reconnue sans équivoque, par la Cour suprême.  Le Gouvernement ne peut donc plus continuer son jeu politique avec les provinces et doit initier un cadre pour la réconciliation avec tous les peuples autochtones.  L’intervenant a annoncé que son Congrès a élaboré un accord politique avec le Gouvernement fédéral et une « feuille de route pour le renouveau et la réconciliation » qui ont déjà été soumis au Gouvernement.  « Le Premier Ministre a promis un gouvernement ouvert et transparent: nous le prendrons au mot », a prévenu M. Dorey, ajoutant que son Congrès ne saurait être exclu des futures réunions ou conférences du Premier Ministre sur les questions autochtones.

M. GHAZALI OHORELLA, Alifuru Council d’Indonésie, a rappelé qu’au cours de la Conférence de Paris, le caucus autochtone a travaillé avec acharnement pour inclure les préoccupations des peuples autochtones dans l’Accord final.  Il s’est donc dit déçu du résultat car une approche axée sur les droits est essentielle pour lutter contre les changements climatiques.  Ces changements, a-t-il insisté, exacerbent les problèmes auxquels les peuples autochtones sont confrontés dans le Pacifique et c’est pourquoi ces derniers en appellent à l’assistance de l’Instance permanente pour que dans les efforts d’atténuation, les droits des peuples autochtones soient reconnus, protégés et respectés. 

M. Ohorella a réagi aux propos tenus hier par le représentant de l’Indonésie sur la Papouasie occidentale.  Il a souligné qu’en vertu de la résolution 2625 de l’Assemblée générale, le principe d’intégrité territoriale ne s’applique qu’aux États qui agissent dans le respect du principe d’égalité des droits et du droit à l’autodétermination.  Il a relevé des cas d’oppression ou de mise en échec de ce droit à l’autodétermination en Papouaise occidentale et dans la République des Moluques du Sud.  Il a rappelé au Gouvernement indonésien que tous les États ont l’obligation de promouvoir l’exercice du droit à l’autodétermination, conformément à la Charte des Nations Unies.

Mme MARÍA EUGENIA CHOQUE QUISPE, membre de l’Instance permanente, a dit que le développement tel qu’il a été mis en œuvre actuellement a été mauvais pour les peuples autochtones car il a créé la pauvreté, la faim et les conflits.  Les peuples autochtones veulent maintenir leur façon de vivre et la notion de bien-vivre a, chez eux, des liens historiques, sans compter qu’elle amène à une réflexion sur la relation avec la Terre nourricière.  « Pourquoi ne pas considérer la notion de bien vivre, de Terre nourricière, comme une alternative au concept actuel du développement? »  Le Programme 2030 devrait tenir compte de ce questionnement, a estimé l’intervenante qui a appelé à un débat ouvert à tous les peuples autochtones.  C’est aussi cela le droit à l’autodétermination.

Mme KRISTINA A. SUKACHEVA (Fédération de Russie) s’est posé des questions sur l’efficacité des consultations et des réunions des membres de l’Instance avec les représentants des peuples autochtones, au cours de cette session.   Elle a regretté la politisation des travaux, appelant la Présidente de l’Instance à limiter les discussions aux questions concernant les peuples autochtones et à leurs solutions, donc à respecter le règlement intérieur.  Il faut s’inspirer de ce que le Conseil des droits de l’homme fait, a-t-elle dit.

Mme GRETA SCHETTLER, WEConnect International, a mis l’accent sur l’importance de la participation économique des femmes pour réaliser, de manière inclusive, les objectifs de développement durable.  Elle a annoncé que son ONG publiera des rapports sur cette question en septembre et en novembre.  Elle soulignera les pratiques optimales et fera des recommandations à la société civile et aux gouvernements.  Les rapports parleront de six points et, entre autres, de l’élimination des obstacles juridiques, de l’intégration économique, de l’amélioration des salaires et du renforcement de la productivité des entreprises dirigées par les femmes.

La Vice-Présidente du Fonds de contributions volontaires des Nations Unies pour les peuples autochtones a présenté les interventions de ce Fonds en faveur de l’autonomisation économique des femmes.  Elle a expliqué que les femmes autochtones avaient l’avantage de combiner des savoirs ancestraux et des expériences pratiques et dit la nécessité d’appuyer les innovations autochtones aux fins du développement durable.   

M. ATAMA KATAMA, Asia Indigenous Peoples Pact and PACOS Trust, a dit que les leçons apprises dans la mise en œuvre des Objectifs de Millénaire pour le développement (OMD) démontrent que le respect des droits des peuples autochtones est indispensable pour la réalisation du développement durable.  « La promotion de ces droits exige un partage du pouvoir », a-t-elle dit, en jugeant indispensable de garantir la participation des peuples autochtones au Forum politique de haut niveau sur le développement durable et en mettant l’accent sur l’importance des droits collectifs aux terres, aux territoires et aux ressources.   

Mme POP CAL, Défenseur de la femme autochtone du Guatemala, a expliqué que son poste avait été créé par le Gouvernement à la suite des accords de paix, en vue non seulement de lutter contre la violence à l’égard des femmes autochtones mais aussi de donner un élan aux politiques publiques sous l’angle d’une vision multiculturelle.   Cet organisme est présent dans 14 régions du pays et travaille sur les questions sociales, juridiques et psychologiques concernant les femmes autochtones.  Son pays a développé des instruments et mené des études pour améliorer la qualité de vie de ces femmes, a-t-elle indiqué en citant les peuples maya, garifuna et xinka.

Le « Pacte faim zéro » a été mis en œuvre, tandis que la loi du système national de sécurité alimentaire et nutritionnelle a créé le droit de toute personne à avoir un accès physique, économique et social opportun et permanent à une alimentation adéquate, en quantité et qualité, avec une pertinence culturelle.  Enfin, la représentante a recommandé à l’Instance permanente d’inclure dans ses résolutions une recommandation à l’adresse des organismes du système des Nations Unies pour qu’ils exigent des gouvernements l’intégration, dans leurs plans, politiques et programmes, de la diversité ethnique et linguistique, afin que les communautés bénéficient des mesures publiques.

M. PATRICK KEULEERS, Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a insisté sur l’engagement du PNUD auprès des peuples autochtones, qui se traduit aujourd’hui par son travail de mise en œuvre du Programme 2030.  Nous n’atteindrons pas les objectifs de développement durable si nous ne remédions pas à la marginalisation de ces peuples, a-t-il dit.  Il a précisé qu’une attention particulière sera apportée à l’objectif 16 sur les sociétés pacifiques, justes et inclusives, l’objectif 5 sur l’égalité entre les sexes et l’objectif 10 sur la réduction des inégalités.  Tout aussi important est le soutien au renforcement des capacités des organisations autochtones afin qu’elles puissent évaluer les progrès accomplis, a-t-il affirmé.

Au niveau local, M. Keuleers a indiqué que les équipes du PNUD coopéreront étroitement avec ces organisations, afin que les bénéfices de l’application du Programme touchent même les communautés les plus reculées.  Au niveau international, il sera important de voir de quelle manière l’Instance permanente contribuera au cadre global de responsabilités du Programme 2030 qui est « l’occasion unique » de concrétiser tous les droits des peuples autochtones et de mettre en place les conditions d’une paix durable.

M. Keuleers a rappelé qu’au Pérou 70% des conflits sociaux étaient liés aux activités de l’industrie extractive dans des zones habitées traditionnellement par des peuples autochtones.  En 2015, le PNUD a facilité un dialogue entre les responsables autochtones et le Gouvernement péruvien afin de réduire l’incidence de ces conflits.  En Colombie, le PNUD a appuyé la participation des peuples autochtones aux pourparlers de paix de la Havane.  En conclusion, il a rappelé que le PNUD mettait en œuvre des programmes environnementaux, dont les peuples autochtones sont les principaux bénéficiaires, tels que le Fonds pour l’environnement mondial.

M. GERVAIS NZOA, membre de l’Instance permanente, a demandé des précisions sur les travaux annoncés par le PNUD sur l’indice de développement humain des peuples autochtones.   

Mme KARLA GENERAL, Indian Law Resource Center, s’est insurgée contre les violences faites aux femmes autochtones.  Elle a relevé que le Département de la justice des États-Unis a publié un nouveau rapport qui indique que 4 femmes sur 5 de la communauté autochtone d’Alaska ont été victimes de la violence à un moment de leur vie et qu’une femme sur deux a été confrontée à la violence sexuelle.  Le taux de violence domestique contre ces femmes autochtones est 10 fois plus élevé que dans le reste du pays.

Pour mettre en œuvre les engagements du Document final de la Conférence mondiale de 2014 et promouvoir la Déclaration sur les droits des peuples autochtones, elle a plaidé pour qu’en prévision de son débat sur l’autonomisation de la femme autochtone prévu à sa session de 2017, la Commission de la condition de la femme sélectionne les experts avec le concours de l’Instance permanente.  Elle a aussi souhaité que ce débat débouche sur des recommandations concrètes à l’ONU et aux États.

Elle a également appelé le Secrétaire général à présenter des recommandations concrètes contre la violence faite aux femmes et les filles autochtones et pour l’amélioration des procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme.  En prévision de la manifestation de haut niveau pour le dixième anniversaire de la Déclaration sur les droits des peuples autochtones, elle a aussi prié le Secrétaire général de convoquer une discussion sur les efforts visant à éliminer toutes les formes de violence et de discrimination à l’égard des femmes et des filles autochtones, en collaboration avec les peuples autochtones.

Mme YASSO KANTI BHATTACHAN, National Indigenous Women Forum (NIWF) du Népal, a relevé qu’étant donné que les peuples autochtones sont des nations dotées du droit d’autodétermination, les modalités actuelles de leur participation aux travaux du système des Nations Unies doivent changer.  Elle a proposé qu’ils passent du statut d’ONG à une catégorie nouvelle qui sera déterminée par eux-mêmes.  Il s’agira de placer les institutions et les processus coutumiers au centre, sans ingérence des États. 

Tant que les modalités de participation aux travaux de l’ONU resteront inchangées, il faudra alors des représentations nationales de l’Instance permanente dans tous les États Membres des Nations Unies.  Elles seraient chargées non seulement du suivi des conflits actuels, spécialement les plus violents, mais aussi d’un audit de toutes les agences de l’ONU et des autres agences internationales sur leurs activités en faveur des peuples autochtones.  Cela permettra de prévenir les conflits ou leur intensification et de créer un fonds spécial en faveur des peuples autochtones dans chaque État Membre.

Mme RACHEL O’CONNOR (Australie) a insisté sur le fait que Gouvernement d’Australie occidentale ne procède à aucune éviction des peuples autochtones de leur territoire.  Au contraire, il reconnait dûment leur droit à l’autodétermination.  À ce propos, a-t-elle affirmé, le Gouvernement envisage la réforme de la Constitution pour consacrer les droits des Aborigènes et des consultations sont déjà en cours.  Appuyant l’implication de l’Instance permanente dans le suivi du Programme 2030, elle a plaidé pour la participation des femmes autochtones au Forum politique de haut niveau sur le développement durable.

Mme ROCIO VELANDIA, International Native Tradition Interchange, a dénoncé l’exclusion des peuples autochtones des négociations à huis clos pendant cette session, arguant que « les peuples autochtones ne peuvent pas être bien représentés par des experts désignés par les Nations Unies ».  Elle a exigé une nouvelle forme de participation aux travaux de l’ONU, au nom des 300 millions d’autochtones dans le monde.

Mme AINA IIYAMBO, ONU-Femmes, a déclaré que la Commission de la condition de la femme examine chaque année un thème différent et dans cette perspective, elle peut tenir compte des nouvelles tendances, des questions émergentes et des nouvelles approches sur la condition de la femme.  À sa dernière session, la Commission a adopté son programme de travail pluriannuel et examiné la recommandation de l’Assemblée générale d’évaluer la mise en œuvre du Document final de la Conférence mondiale de 2014 sur les peuples autochtones.  Elle a inscrit cette question à l’ordre du jour de sa prochaine session.

Mme DICTAAN BANG-OA, Tebteba, a demandé à ce que les objectifs de développement durable soient dûment inscrits à l’ordre du jour de l’Instance permanente et l’organisation d’une session extraordinaire sur la mise en œuvre de la Déclaration sur les droits des peuples autochtones en 2017, en plus d’une session extraordinaire sur la paix dans les territoires autochtones.  Elle a proposé comme thème de la prochaine « Défense des droits des peuples autochtones ».

Mme JOAN CARLING, membre de l’Instance permanente, a constaté un manque de sensibilisation des peuples autochtones sur les objectifs de développement durable.  Or, ces peuples sont des acteurs clefs du développement durable.  Elle a en effet souligné que 80% de la biodiversité mondiale se trouve dans les territoires autochtones, « un fait qui n’est pas reconnu ».  Il faut changer l’approche actuelle et traiter les peuples autochtones comme de véritables partenaires.  

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