7723e séance – matin 
CS/12414

La Commission de consolidation de la paix devrait diversifier ses méthodes de travail et renforcer ses actions régionales, plaident ses Présidents

La Commission de consolidation de la paix (CCP) doit diversifier et rendre plus souples ses méthodes de travail, renforcer ses actions régionales et thématiques et faciliter la cohérence de l’action internationale en profitant des multiples contacts qu’elle entretient avec une grande variété d’acteurs du fait même de son mandat, ont plaidé ce matin, devant le Conseil de sécurité, ses Présidents actuel et ancien, respectivement M. Macharia Kamau (Kenya) et M. Olof Skoog (Suède). 

Cette réunion du Conseil avec la Commission était la première depuis l’adoption, en avril dernier, par le Conseil et l’Assemblée générale, de résolutions relatives à l’examen de l’architecture de la consolidation de la paix au sein des Nations Unies*.

Alors que se déroule la « Semaine de la consolidation de la paix », cette séance offre une bonne occasion de discuter des mesures à prendre après l’adoption de ces deux résolutions, a déclaré M. Skoog, qui a présenté au Conseil le rapport de la CCP**.  Les deux résolutions fournissent une très bonne base et l’élan nécessaire pour renforcer le rôle de la CCP et ses liens avec le Conseil, a-t-il estimé.

Dans la ligne du rapport, les deux orateurs ont mis l’accent sur la nécessité pour la Commission de diversifier ses méthodes de travail pour les rendre plus souples et efficaces.  Pour M. Skoog, la CCP a déjà pu « exploiter sa souplesse intrinsèque » pour améliorer ses méthodes de travail.  Il a ainsi rappelé que la Commission avait pu utiliser ses formations pays pour discuter de questions allant au-delà de son ordre du jour formel.

Le Comité d’organisation de la CCP a, pour sa part, discuté des leçons tirées de l’expérience dans divers contextes, allant du processus de paix en Papouasie-Nouvelle-Guinée aux élections au Burkina Faso en passant par le financement des élections en Somalie.  M. Skoog a toutefois jugé qu’il existait encore une grande marge d’évolution pour la CCP dans ce domaine, ajoutant que les résolutions d’avril lui donnaient un mandat clair pour continuer de diversifier ses méthodes de travail.

Le nouveau Président de la Commission, M. Kamau, a pour sa part souligné la nécessité pour la CCP de diversifier ses méthodes de travail, là aussi pour les rendre plus souples.  « Nous devons aller au-delà des mécanismes rigides des formations pays et nous tenir prêts à répondre, de manière flexible, à toute requête d’un pays intéressé, tout en préservant l’appropriation nationale des efforts de consolidation de la paix », a-t-il dit, avant d’ajouter: « Encore plus important, nous devons aller vers une Commission dont les membres s’engageront et seront prêts à mettre en avant son travail ».

Les deux Présidents ont aussi mis l’accent sur les approches régionales de la Commission.  M. Skoog a fait état d’une discussion régionale sur les tendances et menaces en Afrique de l’Ouest, organisée en début d’année avec la participation du Secrétaire général adjoint aux affaires politiques, M. Jeffrey Feltman.  Il a jugé encourageant que la CCP soit en mesure de poursuivre ce qui a été entrepris lors de ses sessions précédentes.

M. Kamau a lui aussi rappelé que la Commission avait tenu deux réunions, en janvier et en avril.  Notant qu’elles concernaient surtout l’Afrique de l’Ouest, il a dit avoir l’intention d’user de son mandat à la tête de la Commission, « qui inclut depuis récemment de nouvelles fonctions, afin de développer une approche similaire pour d’autres régions, à commencer par l’Afrique centrale et l’Afrique de l’Est pour la seconde moitié de l’année ».  Il a aussi précisé avoir eu des discussions informelles avec les membres du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine.

M. Skoog a aussi cité en exemple des questions régionales traitées par la Commission, l’accent étant mis sur le redressement des pays frappés par la crise de fièvre Ebola.  « Soutenir l’attention sur les conséquences à long terme de l’épidémie d’Ebola » est d’ailleurs l’un des chapitres principaux du rapport de la Commission, dont trois des formations pays concernent les trois États les plus affectés par l’épidémie.

M. Skoog a rappelé que, dès l’an dernier, la CCP s’était rendue en visite en Afrique de l’Ouest, visite qui a été renouvelée cette année par le nouveau Président de la CCP il y a quelques jours.  Il a expliqué que l’épidémie avait mis en lumière la vulnérabilité des pays concernés et aggravé encore les défis économiques et de consolidation de la paix qu’ils doivent relever.  Il s’est dit convaincu que ces États, s’ils sont désormais résolument engagés sur la voie du relèvement, auront besoin du soutien durable de la communauté internationale sur les 12 à 24 prochains mois.

Toujours en matière de coopération régionale, M. Skoog a plaidé pour une institutionnalisation de la coopération de la CCP avec les organisations régionales et sous-régionales, que ce soit dans le cadre de l’activité générale de la Commission ou dans celui de ses formations pays.  Pour lui, la Commission devrait mieux lier son activité de plaidoyer avec celle, fondamentale, réalisée en matière de prévention des conflits par les communautés économiques régionales.  La CCP est en effet bien placée pour entendre et intégrer dans son activité les perspectives locales.

De son côté, M. Kamau a souligné que l’un des apports essentiels de la Commission résidait dans sa capacité à engager non seulement les partenaires clefs régionaux et sous-régionaux mais aussi les institutions financières internationales et les organisations de la société civile.  Insistant sur l’importance des partenariats pour les efforts de consolidation de la paix, il a fait part de son intention de renforcer davantage encore les liens entre la Commission et l’Union africaine.

Plus généralement, il existe peu d’organes au sein des Nations Unies dont le mandat prévoit d’interagir avec autant d’acteurs variés que celui de la CCP, a encore expliqué M. Skoog.  Concernant ce troisième point, il a cité en exemple le lancement d’une stratégie sur le genre de la Commission afin de placer l’autonomisation des femmes au cœur de son travail.

Il a également rappelé que la CCP avait tenu une session spéciale sur les jeunes, la paix et la sécurité, espérant qu’elle puisse devenir un champion de cette question en élaborant sur la base de la résolution 2250 (2016) du Conseil.  Il a souhaité que le rôle d’organisateur de la CCP soit davantage utilisé, estimant qu’elle représente un des outils les plus importants pour faciliter la cohérence de l’action internationale et abattre les cloisons.

Créée en décembre 2005 conjointement par l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité, la CCP a pour mandat de « réunir tous les acteurs concernés, de mobiliser des ressources et de conseiller et proposer des stratégies intégrées de consolidation de la paix postconflit et de récupération ».

Elle doit aussi « attirer l’attention sur la reconstruction et le renforcement des institutions nécessaires au relèvement de conflits et de soutenir le développement de stratégies intégrées afin de jeter les bases d’un développement durable », et fournir des conseils et informations pour améliorer la coordination de tous les acteurs concernés au sein et à l’extérieur des Nations Unies.  L’objectif est d’aider à assurer un financement prévisible pour les premières activités de relèvement d’un pays et de prolonger la période d’attention accordée par la communauté internationale au rétablissement postconflit.

La Commission compte un comité d’organisation de 31 membres.  Une de ces caractéristiques tient à ces « formations pays » qui visent à suivre la situation dans un pays donné en incluant, outre les membres du comité d’organisation, l’État concerné mais aussi les États de la région intéressés au processus de paix et ceux qui y contribuent, par exemple en fournissant des Casques bleus ou policiers dans le cadre d’une opération de maintien de la paix dans ledit pays, ou en apportant une importante contribution financière à son relèvement.

La CCP compte actuellement six « formations pays », qui concernent toutes des États d’Afrique: Burundi, Guinée, Guinée-Bissau, Libéria, République centrafricaine, Sierra Leone.

 

* S/RES/2282 et  A/RES/70/262
** S/2016/115

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.