Conseil de sécurité,
7669e séance – après-midi
CS/12319

Le Secrétaire général adjoint Hervé Ladsous recommande de refermer « le chapitre du maintien de la paix » en Côte d’Ivoire en juin 2017

En dépit des progrès tangibles accomplis par la Côte d’Ivoire « sur tous les fronts », notamment dans le renforcement du système judiciaire, dans le respect des droits de l’homme et dans la relance de son économie, ce pays d’Afrique de l’Ouest reste en proie à une situation sécuritaire volatile marquée par la présence de miliciens et la prolifération d’armes légères et de petit calibre, a mis en garde le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, M. Hervé Ladsous.

« Le rétablissement d’un état de droit et d’un environnement sécuritaire apparaît ainsi comme un défi majeur à surmonter », a souligné le Secrétaire général adjoint devant le Conseil de sécurité, auquel il était venu présenter le dernier rapport* en date du Secrétaire général sur l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI), qui contient les propositions de M. Ban Ki-moon pour proroger son mandat une dernière fois, jusqu’au 30 juin 2017, et refermer ainsi « le chapitre du maintien de la paix dans ce pays ».

Pour le représentant de la Côte d’Ivoire, M. Claude Bouah-Kamon, l’engagement de l’ONU auprès de son pays en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies constitue une véritable « success story » et un « exemple » dans l’histoire des opérations de maintien de la paix à travers le monde.

Toutefois, le délégué a souhaité « que le processus d’accompagnement de la phase de transition laisse une large place à la formation et à l’encadrement des unités et forces de défense et de sécurité ivoiriennes (FSCI) ainsi qu’à la préparation de l’Équipe de pays des Nations Unies pour assurer le relais auprès du Gouvernement ivoirien ».

Le Secrétaire général adjoint a estimé que les FSCI sont pleinement compétentes pour sécuriser, « sans le soutien de la sécurité de l’ONUCI », les deux processus « sensibles » que représentent le référendum national en vue de l’adoption d’une nouvelle constitution et les élections législatives, tous deux prévus vers la fin de l’année 2016.

S’agissant du référendum, des amendements relatifs à la question de la nationalité des candidats à l’élection présidentielle et de l’instauration d’un poste de vice-président sont envisagés, a expliqué le Secrétaire général adjoint.  Simultanément, a-t-il précisé, la Commission indépendante électorale a établi un comité chargé de revoir les propositions de découpage électoral réclamé par l’opposition dans la perspective des prochaines législatives.

Au cours de ces trois derniers mois, le Gouvernement de la Côte d’Ivoire a poursuivi les réformes permettant l’élargissement de l’espace politique et le renforcement de l’unité et de la cohésion nationales, s’est félicité le Secrétaire général adjoint.  La semaine dernière, a-t-il rappelé, un projet de loi a été adopté, qui institue un chef de l’opposition avec rang de ministre d’État et prévoit le financement sur fonds publics des partis politiques.  Le chef de l’opposition sera le candidat ou le chef du parti ou groupement politique arrivé deuxième lors de la dernière élection présidentielle, en l’occurrence, M. Pascal Affi N’Guessan, leader du Front populaire ivoirien (FPI).

Au cours de la dernière année de leur déploiement, les troupes de l’ONUCI et des unités de police constituées soutiendraient les autorités ivoiriennes dans la protection de la population en cas d’incidents présentant un risque pour la stabilité, tandis qu’agents de police et observateurs militaires continueraient de fournir une assistance à leurs homologues nationaux, a assuré le Secrétaire général adjoint.

Bien que la situation sécuritaire soit largement stable, a-t-il ajouté, il existe encore des fragilités, notamment les conflits intracommunautaires dans certaines régions du pays et les menaces militaires dans le sud-est.  Des zones sous tension persistent dans le secteur de Boukani, où des affrontements violents ont éclaté dans la nuit du 23 mars entre des éleveurs et des agriculteurs, faisant au moins 30 morts et provoquant le déplacement de plus de 2 000 personnes.  Cinq jours plus tard, près de Tabou, dans le sud-ouest du pays, une attaque lancée par des individus non identifiés contre un camp des forces ivoiriennes a fait deux blessés. 

À la suite du Secrétaire général adjoint, le représentant de la Côte d’Ivoire a déploré l’attaque terroriste perpétrée le 13 mars à Grand-Bassam au Sénégal par le groupe al-Mourabitoun, basé au nord du Mali et affilié à Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), qui rappelle le devoir de « vigilance » et d’« anticipation » qui doit désormais prévaloir.   C’est la raison pour laquelle M. Bouah-Kamon a demandé la levée de toutes les sanctions, « aussi bien individuelles que sur les armes à destination de la Côte d’Ivoire », en vue d’assurer aux Forces de sécurité nationales un équipement adéquat et une coopération militaire efficace avec les pays de la sous-région.

Cependant, le Président du Comité des sanctions concernant la Côte d’Ivoire, M. Elbio Rosselli, de l’Uruguay, a fait état de préoccupations** devant les quantités d’armes et de munitions qui ne sont toujours pas sous le contrôle des autorités ivoiriennes.  Elles doivent, selon lui, redoubler d’efforts en ce sens et répondre à d’autres préoccupations majeures au nombre desquelles la réforme du secteur de la sécurité et la réintégration des ex-combattants.  « Quant aux anciens commandants de zones, qui jouent un rôle de premier plan au sein de l’appareil de sécurité ivoirien, ils continuent d’avoir accès à des biens privés, des ressources financières, des armes et du matériel connexe », a-t-il constaté.

À l’heure actuelle, a indiqué que le Président, certains membres du Comité sont favorables à la levée des sanctions contre la Côte d’Ivoire, tandis que d’autres continuent de souligner les défis persistants qui se posent dans le pays. 

Par ailleurs, alors que l’ONUCI entre dans la phase finale de son déploiement, il est important, a plaidé le Secrétaire général adjoint, que des partenaires soient étroitement associés à cette stratégie de sortie.  C’est pourquoi, le Département des opérations de maintien de la paix est en train d’envisager un « mécanisme de transition » auquel tous les acteurs concernés seraient parties prenantes, y compris le Gouvernement ivoirien, les Nations Unies, les organisations régionales, les bailleurs de fonds.  Son but?  Esquisser les contours de l’engagement futur de l’Organisation en Côte d’Ivoire.

« La lancée sur laquelle se trouve le pays est positive.  Il serait judicieux, à mon avis, de conclure cette phase de notre engagement collectif », a résumé le Secrétaire général adjoint.  Avant de conclure, M. Ladsous s’est félicité que le Conseil de sécurité soit disposé à déterminer que la situation en Côte d’Ivoire ne constitue plus une menace pour la paix et la sécurité régionales et à définir le futur rôle des Nations Unies afin de soutenir la consolidation de la paix, la stabilité et la démocratie dans le pays et la sous-région.

*S/2016/297

**S/2016/254

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.