Conseil de sécurité,
7675e séance – matin & après-midi
CS/12236

Lutte contre la piraterie: le Conseil de sécurité engage les États du golfe de Guinée et leurs partenaires à actionner les mécanismes régionaux

Dans une déclaration présidentielle adoptée aujourd’hui à l’issue de son débat public intitulé « Consolidation de la paix en Afrique de l’Ouest: piraterie et vols à main armée en mer dans le golfe de Guinée », le Conseil de sécurité engage les États du golfe de Guinée, en Afrique de l’Ouest, ainsi que les organisations régionales et les partenaires internationaux, à « faire fonctionner à plein » tous les mécanismes régionaux de lutte contre les actes de piraterie et les vols à main armée commis en mer.

En particulier, le Conseil se félicite de la tenue de la réunion extraordinaire de haut niveau consacrée au Centre interrégional de coordination, organisée par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, la Communauté économique des États de l’Afrique centrale et la Commission du golfe de Guinée, du 8 au 12 février à Yaoundé (Cameroun), à l’issue de laquelle les textes relatifs au Centre ont été adoptés en vue, espère-t-on, de sa mise en service complète d’ici à juillet 2016.

Le Conseil de sécurité note que des ressources logistiques et financières sont nécessaires pour mettre en œuvre les projets et programmes du Centre interrégional de coordination et, à cet égard, il se félicite de l’intention exprimée lors de la réunion d’organiser une conférence des donateurs à Yaoundé.  Le Conseil encourage les organisations régionales et la communauté internationale à soutenir le Centre.

Préoccupé par le nombre et la violence de tels actes, le Conseil condamne les assassinats, enlèvements, prises d’otages et vols que commettent les pirates qui sévissent dans le golfe de Guinée.  Il demande aux États de la région de coopérer, selon qu’il convient, en vue d’engager des poursuites à l’encontre des pirates auteurs présumés de prises d’otages et demande à tous les États de la région et à toutes les parties prenantes concernées de redoubler d’efforts pour obtenir que tous les gens de mer otages dans le golfe de Guinée ou aux alentours soient libérés immédiatement sains et saufs.

Le Conseil engage les États du golfe de Guinée à élaborer un cadre régional de prévention et de répression des actes de piraterie et des vols à main armée commis en mer.  Il exhorte également les États et les organisations internationales, ainsi que le secteur privé, à échanger selon qu’il convient des informations liées à la lutte contre de tels actes et à renforcer la coordination des échanges de renseignements régionaux.

Il se félicite de l’initiative prise par l’Union africaine d’organiser un Sommet extraordinaire sur la sécurité et la sûreté maritimes et le développement en Afrique, à Lomé, au Togo, le 15 octobre 2016, en vue notamment d’adopter un texte sur la sécurité et la sûreté maritimes et le développement économique et social en Afrique, et invite la communauté internationale et les partenaires bilatéraux et multilatéraux à y participer activement et à l’appuyer.

Le golfe de Guinée est l’une des régions les plus durement touchées par ce problème, a rappelé le Sous-Secrétaire général aux affaires politiques, M. Tayé-Brook Zerihoun, qui a fait un exposé au Conseil, avant de céder la parole à une trentaine de délégations dont certaines étaient représentées au niveau ministériel.

M. Zerihoun a expliqué que le Centre interrégional de coordination a été inauguré à Yaoundé, au Cameroun, en 2014, afin de coordonner toutes les opérations en vue d’éliminer les actes de piraterie et autres activités criminelles dans le golfe de Guinée.  Le Centre interrégional de coopération devra lui-même coordonner le Centre régional de sécurisation maritime de l’Afrique centrale (CRESMAC), basé à Pointe-Noire, au Congo, et le futur centre régional de sécurisation maritime de l’Afrique de l’Ouest(CRESMAO), à Abidjan, en Côte d’Ivoire.  Malheureusement, a-t-il regretté, le Centre n’est pas complètement opérationnel, pour des raisons d’effectifs, financières et logistiques. 

Pour combattre la piraterie, les vols et la traite des personnes, il faut comprendre que leur suppression, même si elle est nécessaire, ne suffit pas, a souligné le Sous-Secrétaire général.  Ceux qui commettent de tels actes savent s’adapter, usent de méthodes de plus en plus sophistiquées et sont souvent bien informés.  Il faut donc que les efforts nationaux, régionaux et mondiaux soient « flexibles et proactifs », a-t-il insisté.  Des initiatives ciblées sur le développement économique et social et la création d’emplois sont nécessaires pour offrir des opportunités aux populations marginalisées, notamment les jeunes, susceptibles de se tourner vers la piraterie. 

La majorité des intervenants ont reconnu la nécessité de donner aux pays de la région les moyens de lutter contre la piraterie, compte tenu des difficultés qu’ils rencontrent et de leurs besoins, afin d’assurer la paix et le développement pour tous. 

Le représentant du Sénégal a voulu que l’on n’oublie pas que les principales causes de l’insécurité maritime sont à chercher sur la terre ferme, à savoir les vastes réseaux d’activités illicites qui se construisent progressivement sur fond de mauvaise gouvernance, d’extrême pauvreté et de violence sociopolitique.  Il faut aussi, a-t-il souligné, envisager l’existence de liens entre la piraterie dans le golfe de Guinée et le financement des activités des groupes terroristes implantés dans la région.

Outre la piraterie, a relevé son homologue de l’Angola, les pays de l’Atlantique Sud et de la côte sont confrontés à des menaces de perturbation des routes maritimes.  Il a évoqué les frontières poreuses, les pêches illégales, l’immigration illégale, la contrebande de drogues, la traite d’êtres humains et les délits environnementaux.  Grâce à l’adoption de la déclaration présidentielle aujourd’hui, le Conseil de sécurité envoie un message fort à la communauté internationale, s’est-il félicité.

Enfin, le Ministre des affaires étrangères, de la coopération et de l’intégration africaine du Togo a indiqué que son pays se préparait à accueillir à Lomé, le 15 octobre prochain, le Sommet extraordinaire de l’Union africaine sur « la sécurité et la sûreté maritimes et le développement en Afrique ».  Le Sommet, a-t-il expliqué, débouchera sur l’adoption et la signature d’une charte africaine, future « Charte de Lomé ».  Cet instrument juridique, a précisé le Ministre, faciliterait la règlementation et la coordination des interventions en mer tout en favorisant une gouvernance maritime harmonieuse et efficace au profit du progrès économique et social. 

CONSOLIDATION DE LA PAIX EN AFRIQUE DE L’OUEST

Actes de piraterie et les vols à main armée dans le golfe de Guinée

Lettre datée du 6 avril 2016, adressée au Secrétaire général par les représentants de l’Angola, de la Chine et du Sénégal auprès de l’Organisation des Nations Unies (S/2016/321)

Exposé

M. TAYÉ-BROOK ZERIHOUN (Éthiopie) Sous-Secrétaire général aux affaires politiques, a fait remarquer que c’est la première fois depuis presque cinq ans que le Conseil de sécurité consacre une réunion à la question de la piraterie et des vols à main armée en mer dans le golfe de Guinée.  Au cours de ces dernières années, le nombre d’incidents enregistrés a décliné, mais la sécurité en mer reste un sujet de préoccupation dans la région.

Au cours du premier trimestre 2016, le Bureau maritime international a signalé six attaques et six tentatives d’attaques dans le golfe de Guinée, dont neuf au Nigéria, et deux dans les eaux territoriales de la République démocratique du Congo (RDC).  Des cas de détournement de navires à des fins politiques par des militants se disant du « Biafra » et des enlèvements le long des côtes de l’Afrique de l’Ouest et de l’Afrique centrale ont également été enregistrés.

M. Zerihoun a rappelé que le Centre interrégional de coordination a été inauguré à Yaoundé, au Cameroun, en 2014, afin de coordonner toutes les opérations en vue d’éliminer les actes de piraterie et autres activités criminelles dans le golfe de Guinée.  Le Centre interrégional de coopération devra lui-même coordonner le Centre régional de sécurisation maritime de l’Afrique centrale (CRESMAC), basé à Pointe-Noire, au Congo, et le futur Centre régional de sécurisation maritime de l’Afrique de l’Ouest (CRESMAO), à Abidjan, en Côte d’Ivoire.  Malheureusement, a-t-il regretté, le Centre interrégional de coopération n’est pas complètement opérationnel, pour des raisons d’effectifs, financières et logistiques.  

Le Sous-Secrétaire général s’est félicité de la réunion extraordinaire de haut niveau consacrée au Centre qui s’est tenue à Yaoundé le 12 février dernier.  Il a été recommandé que les États Membres fournissent 40% des ressources nécessaires, complétées par les partenaires bilatéraux et internationaux.  Il a également été recommandé que la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC), la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), la Commission du golfe de Guinée (CGG) et ses États Membres accélèrent le déboursement des fonds pour permettre l’opérationnalisation du Centre entre juillet et décembre 2016.

La mobilisation des ressources demeure une priorité pour garantir la mise en service complète du Centre interrégional de coopération, a insisté M. Zerihoun. C’est pour cette raison que les chefs d’État et de gouvernement de la région ont décidé, en principe, d’organiser à Yaoundé une conférence des partenaires et des contributeurs, qui se tiendrait immédiatement après la réunion du G-7 et des amis du golfe de Guinée, prévue les 6 et 7 juin à Lisbonne, au Portugal. 

Pour combattre la piraterie, les vols et la traite des personnes, il faut comprendre que leur suppression, même si elle est nécessaire, ne suffit pas, a souligné le Sous-Secrétaire général.  Ceux qui commettent de tels actes savent s’adapter, usent de méthodes de plus en plus sophistiquées et sont souvent bien informés.  Il faut donc que les efforts nationaux, régionaux et mondiaux soient « flexibles et proactifs », a-t-il dit.  Des initiatives ciblées sur le développement économique social et la création d’emplois sont aussi nécessaires pour offrir des opportunités aux populations marginalisées, notamment les jeunes, susceptibles de se tourner vers la piraterie. 

De plus, a continué M. Zerihoun, il faut améliorer la collecte de renseignements, le partage de l’analyse des données et renforcer les capacités des services répressifs locaux.  En conclusion, il a espéré que le Sommet extraordinaire sur la sécurité maritime et le développement organisé par l’Union africaine à Lomé, au Togo, les 15 et 16 octobre 2016, donnera aux pays de la région l’opportunité de renforcer l’architecture de la sécurité maritime dans le golfe de Guinée.  

Déclarations

M. GORGUI CISS (Sénégal) a indiqué que face à la complexité grandissante de la criminalité dans le Golfe de Guinée, le Sommet sur la sûreté et la sécurité maritimes de 2013 à Yaoundé avait constitué un véritable déclic et une manifestation tangible de l’engagement collectif des États de la région.  Au regard du chemin parcouru depuis lors, le représentant a estimé qu’il y a des raisons d’être satisfait de la mobilisation continue des États et des organisations sous-régionales qui ont accompli des progrès substantiels dans la mise en place des institutions et l’adoption des cadres juridiques relatifs à l’architecture de sûreté et de sécurité maritimes. 

L’opération de cette architecture, a admis le représentant, dépend du renforcement de la coordination et de l’harmonisation des législations aux niveaux interétatique et interrégional, et de la délimitation des frontières maritimes, sans oublier le financement qui est un « élément central ».  Le soutien des partenaires techniques et financiers s’avère donc indispensable pour la consolidation et la viabilité des systèmes intégrés de sécurité maritime en gestation. 

Le représentant a tout de même voulu que l’on n’oublie pas que les principales causes de l’insécurité maritime sont à chercher sur la terre ferme, à savoir les vastes réseaux d’activités illicites qui se construisent progressivement sur fond de mauvaise gouvernance, d’extrême pauvreté et de violence sociopolitique.  Il faut aussi, a souligné le représentant, envisager l’existence de liens entre la piraterie dans le golfe de Guinée et le financement des activités des groupes terroristes implantés dans la région. 

Pour étouffer les sources potentielles de conflit, il a jugé essentiel de renforcer les partenariats en matière d’exploitation rationnelle des ressources halieutiques, de gouvernance et de partage des ressources marines transnationales, en tenant compte toutefois des spécificités des pays.  Pour le représentant, les orientations du Forum international de Dakar sur la paix et la sécurité en Afrique, organisé en 2015, méritent une appropriation africaine ainsi qu’un soutien actif de la communauté internationale.  Après s’être explicité en sept points, le représentant a, à son tour, insisté sur le Sommet extraordinaire de l’Union africaine sur la sécurité maritime qui se tiendra à Lomé en octobre 2016. 

M. JULIO HELDR MOURA LUCAS (Angola) a relevé le rôle stratégique crucial que joue le golfe de Guinée dans le commerce maritime.  Il a souligné, en particulier, le lien stratégique qui s’est établi au siècle dernier entre les deux rives de l’Atlantique.  Outre la piraterie, les pays de l’Atlantique Sud et de sa côte Est sont confrontés à des menaces de perturbation des routes maritimes, a-t-il dit en citant notamment les frontières poreuses, les pèches illégales, l’immigration illégale, la contrebande de drogues, la traite d’êtres humains et les délits environnementaux.  Grâce à l’adoption de la Déclaration présidentielle aujourd’hui, le Conseil de sécurité envoie un message fort à la communauté internationale, s’est-il félicité.

Le représentant a appelé à coordonner l’assistance internationale pour aider les pays concernés à faire face à ces menaces.  En 2009, a-t-il rappelé, la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) avait adopté une stratégie régionale maritime et créé un Centre interrégional de sécurité maritime.  Le représentant a cependant prévenu des capacités insuffisantes de la CEEAC dans ce domaine.  L’Angola, qui a une longue côte maritime, est profondément engagé dans la Stratégie intégrée de l’Union africaine prévue jusqu’en 2050.  L’Angola, a-t-il assuré, a renforcé les dispositions prises en faveur de la sécurité maritime au plan national et coopère avec les pays de la région.  L’Organisation maritime internationale et l’Angola avaient organisé conjointement, en 2009, une réunion sur la piraterie en Afrique de l’Ouest et du Centre. 

M. VOLODYMYR YELCHENKO (Ukraine) a estimé que même si les chiffres faisaient état d’une baisse du phénomène de la piraterie dans le golfe de Guinée, il ne faudrait pas oublier que selon l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), les propriétaires des navires attaqués ont tendance à ne pas divulguer ces incidents de peur de voir leur police d’assurance augmenter. 

Il a fait observer que contrairement au golfe d’Aden, où les pirates attaquent les navires en haute mer, dans le golfe de Guinée, ceux-ci n’hésitent pas à opérer dans les eaux territoriales des pays de la région.  De ce fait, les forces navales internationales font face à des obstacles d’ordre légal pour répondre à ces attaques, alors que dans le même temps, les autorités des États côtiers ne semblent pas avoir la volonté de poursuivre les pirates en justice, a-t-il déploré.  Il a souligné que cette situation de frontières maritimes incontrôlées pourrait profiter aux groupes terroristes comme cela s’est vu au cours des récentes attaques terroristes qui ont eu lieu en Afrique de l’Ouest.

Face à cette situation, le représentant a appelé l’ONU à apporter son assistance aux pays de la région afin qu’ils mettent en œuvre leur stratégie intégrée sur la sécurité maritime.  Il a également plaidé pour le renforcement des capacités des pays de la région en matière de sécurité maritime, ainsi que pour le renforcement de leurs infrastructures et de leurs capacités à mener des patrouilles conjointes en mer.  Il a noté que ces actions nécessitaient le renforcement de la coordination entre l’ONU, les pays de la région, les organisations régionales et sous-régionales telles que l’Union africaine, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et la Commission du golfe de Guinée.  Le délégué a en outre indiqué que quatre Ukrainiens avaient été enlevés, deux en août 2015 et deux le 26 mars dernier, les négociations pour leur libération étant toujours en cours.

Il a ensuite déclaré qu’en vue de réduire l’impact de la piraterie moderne, il serait opportun que les gouvernements, les propriétaires des navires, les assurances et toutes les parties prenantes dans le commerce maritime traitent les marins comme des partenaires sociaux en s’occupant véritablement de leur sécurité.  À ce propos, il a invité les États Membres à rendre universels les amendements de la Convention du travail maritime de 2006 qui a été approuvée par l’Organisation internationale du Travail (OIT) en 2014.

M. ROMÁN OYARZUN MARCHESI (Espagne) a indiqué que le golfe de Guinée représentait plus de 20% de la criminalité maritime mondiale, en recensant le nombre en hausse des attaques dans cette région.  On estime en outre que seulement la moitié des incidents sont dénoncés, a-t-il fait observer.  En 2013, le Sommet de Yaoundé avait établi les bases de l’architecture maritime dans le golfe de Guinée, en reconnaissant notamment le rôle crucial de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et de la Communauté économique des États de l’Afrique Centrale (CEEAC), a rappelé le représentant.  Il a souligné la participation de l’Espagne dans ce domaine, notamment à travers des programmes de formation, d’entraînement ou la collaboration policière.  Outre sa proximité physique de la région concernée, l’Espagne est fermement engagée en faveur de la paix et de la sécurité en Afrique.  Il reste encore beaucoup à faire, a-t-il cependant prévenu en citant l’augmentation du nombre des attaques.  Il a appelé les pays concernés à accepter le principe d’appropriation et la collaboration judiciaire.  Il a également plaidé en faveur de partenariats en Afrique en adoptant des accords régionaux.  Sa délégation insiste aussi sur la prévention de ces crimes, en mettant l’accent sur l’examen des causes profondes du problème. 

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a qualifié de majeurs les enjeux sécuritaires, économiques et politiques liés à l’insécurité maritime dans le golfe de Guinée.  Les chiffres parlent d’eux-mêmes, a-t-il dit, en précisant que cette zone maritime qui s’étend sur 6 000 kilomètres de littoral constitue un des plus grands gisements de pétrole offshore au monde, avec 24 milliards de barils de réserve, soit 5% des réserves mondiales.  Depuis 10 ans, près de 600 attaques contre des navires en haute mer ou dans les eaux territoriales des états côtiers ont été commises et entre 20 et 40 tonnes de cocaïne transitent chaque année par le golfe de Guinée, en provenance de l’Amérique du Sud et à destination de l’Europe.

Insistant sur la mobilisation des États de la région, le représentant a rappelé que les résolutions 2018 (2011) et 2039 (2012) du Conseil de sécurité avaient appelé les États du golfe de Guinée à se doter d’outils, de capacités et de politiques afin d’éradiquer l’insécurité maritime croissante dans la région.  « Le sommet de l’Union africaine qui doit se tenir à Lomé en octobre 2016 et l’adoption prévue, à cette occasion, d’une charte de l’Union africaine sur la sûreté et la sécurité maritime et le développement économique et social, seront à cet égard essentiels », a souligné M. Delattre, en souhaitant l’opérationnalisation, dès que possible, du processus de Yaoundé.

Pour sa part, a-t-il ajouté, la France accompagnera l’initiative des pays d’Afrique occidentale et centrale dans le golfe de Guinée.  Présente depuis 25 ans dans la zone, à travers la mission Corymbe et la coopération de sécurité et de défense, elle a lancé depuis 2011 le projet ASECMAR, qui appuie la réforme du secteur de la sûreté maritime dans le golfe de Guinée.  De plus, un plan de soutien français pour la sécurisation des espaces maritimes dans le golfe de Guinée a été élaboré, a poursuivi le représentant, en faisant aussi valoir la stratégie pour le golfe de Guinée adoptée en mars 2014 par l’Union européenne.

M. RAMLAN BIN IBRAHIM (Malaisie) a rappelé que la piraterie sapait les échanges et renforçait la criminalité organisée et le terrorisme.  Il faut mieux coordonner les efforts, affiner les stratégies et améliorer la coopération en haute mer.  À cette fin, a-t-il ajouté, la communauté internationale doit appuyer les initiatives régionales pour le golfe de Guinée.  Il faut permettre aux États de mieux exploiter leurs ressources naturelles conformément au droit, a dit le représentant, en insistant sur les liens entre la sécurité, l’état de droit et le développement.

Selon la délégation, il est nécessaire de traiter les symptômes pour résoudre le problème à long terme et garantir le développement durable des pays africains.  Il faut commencer par surmonter les obstacles de financement.  Grâce à l’Organisation maritime internationale (OMI), l’ONU met m’accent sur cette question, s’est-il félicité.  Disposée à partager son expérience, il a expliqué que la Malaisie menait des patrouilles coordonnées avec les pays de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) dans le détroit de Malacca pour améliorer la sécurité maritime.

M. GERARD VAN BOHEMEN (Nouvelle-Zélande) a rappelé que son pays était une nation maritime exportatrice, dont 99% du volume commercial passe par la navigation commerciale.  Il s’intéresse donc de près à la sécurité maritime, en particulier pour les petits États insulaires en développement de sa région.  Les pays du golfe de Guinée font face à des défis similaires, a-t-il fait remarquer en expliquant que leurs capacités limitées les rendent vulnérables à la criminalité transnationale dont la piraterie.  Il a partagé une leçon apprise dans sa région sur l’importance de la coopération et la coordination efficaces entre les pays, comme le font le Forum des îles du Pacifique et les agences de surveillance et de maintien de l’ordre. 

Pour étendre cette collaboration au plan international, les frégates néozélandaises ont participé à une opération multinationale de lutte contre la piraterie dans le golfe d’Aden et au large de la côte est de la Somalie, tandis que l’armée de l’air a participé à une opération de l’OTAN antipiraterie.  L’an dernier, la Nouvelle-Zélande a aussi travaillé avec des pays d’Afrique de l’Ouest pour partager des informations sur des navires impliqués dans les pêches illégales dans l’Océan au sud de la Nouvelle-Zélande.  Le représentant a fait valoir l’importance de lutter, en aval, pour éliminer les causes profondes de ces activités criminelles.  Cela exige des institutions fortes et efficaces, ainsi qu’une solide volonté politique.  Il a relevé que le problème de piraterie dans le golfe de Guinée trouvait sa cause dans les doléances de longue date de groupes marginalisés du delta du Niger.  Il a aussi recommandé de mettre en place des cadres juridiques nationaux qui permettent de poursuivre en justice ceux qui sont directement ou indirectement impliqués dans la piraterie, avant de plaider à nouveau en faveur de la coopération régionale.

M. OSAMA ABDELKHALEK MAHMOUD (Égypte) a déploré les incidences négatives de la piraterie sur la stabilité des pays du golfe de Guinée et leur développement.  « Nous ne pouvons pas faire preuve de complaisance aujourd’hui », a-t-il averti.  Les réseaux criminels continuent de fonctionner et, à cet égard, il a salué les efforts entrepris par les pays et l’Union africaine pour combattre ce problème.  Pour que leurs efforts soient efficaces, a-t-il continué, il faut aider les pays à sécuriser leurs côtes et à renforcer l’échange de renseignements.  L’industrie maritime doit également s’engager à appliquer des normes élevées de sécurité, et les personnes qui financent les réseaux de piraterie doivent être poursuivies et sanctionnées.

Les stratégies doivent s’adapter aux modes opératoires qui varient d’une région à l’autre, a recommandé le représentant.  Dans le golfe d’Aden et au large des côtes somaliennes, les pirates profitent de l’absence d’une autorité forte depuis plusieurs années.  Dans le golfe de Guinée, il y a davantage de saisies de cargos, a-t-il comparé.  Il a jugé important de délimiter les zones à haut risque qui connaissent une activité accrue, afin notamment de veiller à ce que l’utilisation des ressources soit la plus judicieuse possible.

Par ailleurs, la stratégie maritime africaine à l’horizon 2050 est ambitieuse, a-t-il déclaré.  Elle vise aussi à encourager le commerce et le développement de l’infrastructure portuaire.  La pauvreté et le sous-développement ne font qu’alimenter la piraterie, la criminalité organisée et le terrorisme.  Il faut donc que la communauté internationale aide les pays à diagnostiquer les causes profondes des problèmes et à renforcer leurs capacités.

Mme MICHELE J. SISON (États-Unis) a indiqué que le 11 avril dernier, des pirates avaient attaqué un navire au large des côtes nigérianes, en précisant que ce n’était pas le seul incident de cette journée.  En 2016, 32 attaques de pirates avaient été perpétrées en 2016 au large de ces côtes, a-t-elle rappelé, en soulignant que cette situation affectait tous les pays, y compris les États-Unis.  Elle a fait remarquer que des quantités très importantes de pétrole brut avaient été volées dans le golfe de Guinée.  Quant à la pêche illégale, elle représente aussi des pertes massives, alors que des communautés dépendent de cette ressource pour vivre.  Les défaillances dans tous les systèmes sont responsables de cette situation, a-t-elle dit avant de plaider en faveur de la coopération régionale et internationale, ainsi que du renforcement des structures de gouvernance. 

De l’avis de la représentante des États-Unis, le Centre interrégional de coopération de l’Afrique centrale joue un rôle essentiel dans ce domaine, ainsi que d’autres instances régionales comme la CEEAC et la CEDEAO.  Elle a invité à appuyer les efforts des partenaires africains, et ce, dans trois domaines: prévention maritime, riposte et renforcement de la gouvernance.  Elle a aussi appelé les pays de la région à appliquer le Code de conduite de Yaoundé.  Les États-Unis forment du personnel local et conduisent des exercices dans le cadre de partenariats avec d’autres pays pour forger une tactique commune et mieux sécuriser les eaux du golfe de Guinée.  Ils ont aussi mené des opérations au large du Sénégal, du Cameroun et de Cabo Verde.  En outre, les États-Unis contribuent au renforcement du secteur judiciaire dans le golfe de Guinée, notamment en appuyant les activités de l’ONUDC.  Avant de conclure, la représentante a prôné l’adoption d’une stratégie globale dans la région contre ce fléau.

M. ELBIO ROSSELLI (Uruguay) a fait remarquer que la Déclaration de Montevideo faisait des recommandations précises contre la piraterie dans le golfe de Guinée.  Il a salué le rôle joué par les organisations économiques régionales qui ont coordonné leurs efforts pour combattre ce problème, mais il a noté que les réseaux criminels profitent de la vulnérabilité des États au niveau de leurs capacités maritimes et de répression.

À court terme, a résumé le représentant, il faut accroître la présence en mer des pays concernés, et, à long terme, il faut se pencher sur les causes profondes de la piraterie.  Il a blâmé la pauvreté, le chômage, les inégalités, le trafic d’armes, de drogues et de personnes, la pollution, la pêche illégale et la présence de groupes de plus en plus extrémistes.  Il a préconisé le renforcement des institutions nationales.  « Près de la moitié des incidents ne sont pas dénoncés et, par conséquent, ils ne sont pas enregistrés », a-t-il en outre noté.  Le système multilatéral, notamment les Nations Unies, doivent jouer un rôle central contre la piraterie, a-t-il conclu.   

M. KOICHI MIZUSHIMA, Ministre des affaires étrangères du Japon, a rappelé le rôle joué par son pays dans le maintien et la stabilité de l’ordre maritime mondial, y compris dans les détroits de Malacca et de Singapour, ainsi qu’au large des côtes somaliennes.  Si les pays côtiers portent la responsabilité première de résoudre les problèmes qui se posent dans le golfe de Guinée, ils se heurtent toutefois à l’insuffisance des ressources humaines et financières nécessaires pour mettre en œuvre le Code de conduite concernant la répression des actes de piraterie, des vols à main armée à l’encontre des navires et des activités maritimes illicites en Afrique de l’Ouest et du Centre – connu sous le nom de Code de conduite de Yaoundé, a fait remarquer le Chef de la diplomatie japonaise.  C’est la raison pour laquelle le Japon soutient sa mise en œuvre, en étant le plus important bailleur de fonds au Fonds d’affectation spéciale pour la sûreté maritime en Afrique de l’Ouest et du Centre.  En outre, a souligné M. Mizushima, le Japon envisage de fournir une assistance de façon à ce que le Sommet extraordinaire de l’Union africaine sur la sécurité et la sûreté maritimes et le développement en Afrique puisse se dérouler à Lomé, au Togo, en octobre 2016.

M. PETER WILSON (Royaume-Uni) a rappelé que deux attaques avaient eu lieu récemment contre des navires qui ont perdu 8 membres d’équipage toujours portés disparus.  S’inquiétant de ce que ce phénomène frappe les intérêts de tous les pays en menaçant la sécurité du commerce, il a conseillé de l’aborder conjointement par le biais d’un leadership national et d’un appui international coordonné.  Il a dit appuyer le Code de conduite de Yaoundé, en se félicitant des efforts régionaux menés dans ce sens.  Il a également appelé à développer un cadre régional pour le partage d’information et la coordination nécessaire pour faire vraiment la différence dans le golfe de Guinée.  Il est important que les réseaux de coordination comme les centres interrégionaux de coopération deviennent opérationnels, a-t-il insisté.

Le Royaume-Uni joue son rôle notamment par le biais de l’Union européenne et du G-7 dans le golfe de Guinée qui va bientôt se réunir sous la présidence portugaise.  Il faut déployer davantage d’efforts à cette lutte, a-t-il reconnu en expliquant que son pays était engagé à assister les pays de la région en matière de police.  Le Royaume-Uni essaye notamment de créer une plateforme pour les activités policières maritimes, a assuré son représentant.  Il a aussi plaidé en faveur de la justice, en invitant à mener les enquêtes nécessaires et à poursuivre les auteurs de la piraterie.  Cela implique le renforcement de l’état de droit, a-t-il dit avant de souhaiter que les capacités des pays de la région soient renforcées afin de leur permettre de poursuivre efficacement les auteurs de ces crimes. 

M. WILMER ALFONZO MÉNDEZ GRATEROL (Venezuela) a reconnu que les pays du golfe de Guinée étaient victimes de nombreux actes de piraterie.  Il faut mobiliser les efforts dans le cadre de la coopération internationale pour aider les États à faire face à cette situation problématiques et parvenir au développement durable et inclusif de la région.  À cette fin, il a appuyé toutes les initiatives qui promeuvent la stabilité dans les domaines économique et politique.   

Le représentant a salué les efforts entrepris par les pays de la région qui ont institutionnalisé une réponse conjointe.  Il a appuyé le fonds d’affectation spéciale créé par l’Organisation maritime internationale pour renforcer les capacités des États côtiers concernés.  Il a appelé tous les États à respecter leurs engagements financiers, « strictement et dans les délais prévus ».  Tout en respectant la souveraineté nationale, l’indépendance et l’intégrité territoriale des États, l’on doit aussi trouver des formules pour éviter que les manifestations du terrorisme dans le Sahel, aggravées par l’intervention en Libye, ne s’étendent.

M. EVGENY T. ZAGAYNOV (Fédération de Russie) s’est dit préoccupé par l’intensification des activités de la piraterie au large de l’Afrique de l’Ouest.  Il s’est notamment inquiété de l’insécurité que subissent les gens de mer, en précisant que des ressortissants russes en avaient été victimes.  Il a aussi déploré les pertes économiques énormes que cela représente.  Sachant que les attaques ont lieu généralement près des côtes, parfois même dans les eaux territoriales d’un État, il a appelé à renforcer les capacités des garde-côtes et à faciliter les poursuites en justice des pirates et de leurs responsables.  Il faut aussi intercepter les canaux de financement des activités de piraterie, a-t-il insisté.

Le représentant russe s’est ensuite félicité des mécanismes régionaux de coordination mis en place pour lutter contre les attaques en mer, en demandant qu’une stratégie commune soit élaborée pour mobiliser toutes les ressources disponibles.  Il a espéré que le Centre interrégional de coopération créé au Cameroun serait bientôt opérationnel.  Il a aussi attiré l’attention sur ce que fait son pays pour contribuer à la lutte contre la piraterie dans l’océan Indien.

M. LIU JIEYI (Chine) a considéré que la piraterie et les vols à main armée en mer dans le golfe de Guinée constituaient « un enjeu majeur » pour la région.  Il a dénoncé la brutalité des incidents qui sapent les efforts entrepris par les pays concernés pour leur développement économique et social.  La piraterie représente aussi une grave menace pour le passage maritime et les échanges internationaux, qui sont une composante essentielle de la paix globale.  La consolidation de la paix en Afrique de l’Ouest est une question de responsabilité qui doit être assumée par tous les pays.

Les pays côtiers ont déployé d’immenses efforts en créant un mécanisme de lutte contre la piraterie, a reconnu le représentant.  Toutefois, la communauté internationale doit tenir compte de leur manque de ressources financières, d’infrastructures et d’équipements.  Pour lui, les efforts doivent se concentrer, dans le respect de la souveraineté nationale, sur le renforcement des capacités des pays et sur la sécurisation des installations portuaires.  Il faudrait ainsi améliorer la formation des forces de sécurité maritimes, les activités de répression en consultation avec les pays concernés, et les systèmes juridiques et judiciaires, en veillant à ce que les mécanismes pertinents existants soient pleinement opérationnels.  Le représentant a souhaité la mobilisation de ressources supplémentaires pour aider les pays à accélérer leur développement, en favorisant notamment l’emploi des jeunes.  Enfin, a-t-il souligné, il faudrait renforcer la lutte contre le terrorisme.

M. ROBERT DUSSEY, Ministre des affaires étrangères, de la coopération et de l’intégration africaine du Togo, a indiqué que son pays se préparait à accueillir à Lomé, le 15 octobre prochain, le Sommet extraordinaire de l’Union africaine sur « la sécurité et la sûreté maritimes et le développement en Afrique ».  Le Sommet, a-t-il expliqué, débouchera sur l’adoption et la signature d’une charte africaine, future « Charte de Lomé ».  Cet instrument juridique, a précisé le Ministre, faciliterait la règlementation et la coordination des interventions en mer tout en favorisant une gouvernance maritime harmonieuse et efficace au profit du progrès économique et social. 

Appelée à contribuer à la mise en œuvre de la Stratégie africaine intégrée pour les mers et les océans à l’horizon 2050, la charte mettrait en relief l’importance de la coopération régionale et internationale contre la piraterie maritime, les trafics illégaux transitant par la mer, la pêche illicite non déclarée et non réglementée et la pollution de l’environnement marin.  La charte encouragerait le partage des informations entre États et l’entraide judiciaire.  Elle ferait aussi la promotion d’une économie bleue florissante, durable et respectueuse de l’environnement dans un espace bien sécurisé.  La charte innoverait en ce sens qu’elle appréhenderait la thématique de la sécurité maritime sous l’angle du développement économique avec des mesures appropriées pour la protection des océans et des mers, a insisté le Ministre.

Mme ANNIKA SÖDER, Secrétaire d’État aux affaires étrangères de la Suède, s’exprimant au nom des pays nordiques (Danemark, Finlande, Islande, Norvège et Suède), s’est demandé comment la communauté internationale pouvait joindre ses forces pour traiter le problème de la piraterie au large de l’Afrique de l’Ouest.  Elle a proposé trois domaines d’action en particulier, le premier étant la coopération régionale.  Elle s’est dite encouragée par l’adoption d’un Code de conduite sur la prévention et la répression des actes de piraterie et les vols à main armée en mer dans la région de l’Afrique de l’Ouest et centrale, par les États membres de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) et de la Commission du golfe de Guinée. 

Le Code de conduite et les institutions nécessaires à la sécurité maritime ne sont cependant pas encore opérationnels, a-t-elle relevé en appelant à soutenir ces efforts.  La représentante a également plaidé en faveur d’une coopération plus étroite entre les navires marchands et les garde-côtes de la région, suggérant de mener des patrouilles conjointes.  Il faut aussi, a-t-elle ajouté, garantir des poursuites en justice et l’incarcération des auteurs.

Les expériences de l’opération NAVFOR Atalante de l’Union européenne montrent les résultats qui peuvent être atteints grâce à des efforts coordonnés, a-t-elle poursuivi.  Elle a ensuite invité à s’attaquer aux causes profondes de l’instabilité et de l’insécurité dans la région.  En outre, elle a recommandé de développer l’économie bleue dans la région, espérant que les ressources maritimes bénéficient davantage aux pays, ce à quoi la Suède tente de contribuer.  L’ONU doit continuer à appuyer les efforts de lutte contre la piraterie des entités de la région, tout en luttant pour la stabilité de la région, a assuré Mme Söder.

M. ALVARO MENDONÇA E MOURA (Portugal) a fait observer que la question de la piraterie dans le golfe de Guinée constituait une ramification de la menace plus large que représente le crime organisé en Afrique de l’Ouest.  Il a expliqué que le trafic transrégional des drogues, des armes, des êtres humains et d’autres produits et services contribuait à renforcer l’insécurité et l’instabilité dans le golfe de Guinée et à travers l’Afrique de l’Ouest.  Il a ajouté que la pêche illégale, le déversement de déchets en mer étaient autant de phénomènes qui infligent des dommages dramatiques aux écosystèmes marins, avec des conséquences de longue durée sur les économies locales.

Le représentant a ensuite souligné qu’avec la mondialisation et le fait que près de 90% du commerce international se faisait par voie maritime, ce qui se passe dans le golfe de Guinée affecte également les pays directement impliqués dans le commerce maritime. 

Il a souligné la nécessité d’agir sur trois plans: renforcer les moyens technologiques nécessaires à la sécurité; renforcer la coordination de différents acteurs et initiatives; et promouvoir la volonté politique et l’engagement à produire des résultats.  Il a aussi rappelé que le Sommet de Yaoundé de 2013 avait proposé la mise en place d’une architecture interrégionale intégrée, affirmant que cette suggestion devait être la base de tout effort international visant à soutenir les pays de la région dans leur lutte contre la piraterie. 

Il a aussi appelé au renforcement de la coopération entre les pays de la région, notamment par le biais de l’échange d’informations.  Il a aussi dit l’engagement du Portugal à lutter contre ce fléau, rappelant sa coopération technique et militaire avec l’Angola, Cabo Verde et Sao Tomé-et-Principe, des pays lusophones.

M. VIRACHAI PLASAI (Thaïlande) a invité la communauté internationale à apporter son assistance aux pays de la région, ainsi qu’aux organisations régionales et sous-régionales dans leurs efforts de renforcement de la coopération visant à mettre en œuvre la stratégie commune de sécurité maritime.  Il a estimé que pour venir à bout de ce fléau de la piraterie dans le golfe de Guinée, l’on pourrait s’inspirer de ce qui s’est fait dans le golfe d’Aden.  Il a ainsi expliqué que dans ce dernier cas, la réduction des incidents avait été possible du fait des patrouilles navales internationales conjointes dans les zones à haut risque et par le respect des meilleures pratiques en matière de lutte contre la piraterie, lesquelles ont été développées par l’industrie navale et l’Organisation maritime internationale (OMI).

M. Plasai a également souhaité que la lutte contre la piraterie soit engagée dans le respect du droit international, notamment de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer.  Il a aussi appelé à trouver des solutions qui tiennent compte des causes profondes de cette insécurité.  Il a ainsi prôné de s’attaquer aux causes socioéconomiques qui pourraient expliquer ce fléau, notamment en créant des conditions de vie alternatives pour les communautés locales vivant sur les côtes.  Il a fait observer que la marine royale de la Thaïlande avait joué un rôle majeur dans la lutte contre la piraterie dans le golfe d’Aden et en Asie notamment.

M. TÉTE ANTÓNIO, Observateur permanent de l’Union africaine, a regretté que, jusqu’à présent, les résolutions 2018 et 2039 du Conseil de sécurité avaient eu un impact limité pour réduire les actes de piraterie dans le golfe de Guinée, en raison aussi d’une assistance technique encore insuffisante de la part de la communauté internationale.  De son côté, l’Union africaine continue de travailler en étroite coopération avec les acteurs sous-régionaux pour prendre toutes les mesures appropriées afin de combattre la criminalité et l’insécurité maritimes, a-t-il assuré.  M. António a ainsi fait valoir la stratégie maritime intégrée Afrique 2050 de l’Union africaine et le Plan d’action qui lui est associé, à l’appui des efforts déployés par les États.

Il a indiqué que l’Union africaine avait l’intention d’organiser un sommet extraordinaire sur la sécurité maritime à Lomé, au Togo, en octobre prochain.  M. António a ensuite souligné l’importance du Sommet régional qui avait réuni à Yaoundé, au Cameroun, en juin 2013, les dirigeants de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEA) et de la Commission du Golfe de Guinée, et débouché sur l’adoption d’un ambitieux mémorandum portant création d’un Code de conduite et d’un Centre interrégional de coordination, destiné à mettre en œuvre une stratégie régionale de sûreté et de sécurité maritimes.

M. INIGO LAMBERTINI (Italie) a rappelé que l’Italie était membre du groupe G7 des amis du golfe de Guinée, une initiative qui entend faciliter la mise en œuvre des résolutions pertinentes de l’ONU sur la question de la piraterie dans le golfe de Guinée et du Sommet de Yaoundé sur la même question.  Il a indiqué que l’appropriation nationale et le leadership national étaient essentiels pour assurer le soutien international et l’orienter là où il est le plus nécessaire. 

Il a salué la réunion de haut niveau de Yaoundé en février dernier, laquelle a notamment rappelé l’importance du Centre interrégional de coordination basé au Cameroun.  Il a affirmé que la formation et le renforcement des capacités étaient essentiels, soulignant à cet effet l’engagement de la marine italienne dans ces activités de formation, en collaboration avec une vingtaine de pays africains et 21 ports, dont certains du golfe de Guinée.

M. Lambertini a par ailleurs souligné que l’Italie soutenait les efforts de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) visant à combattre la piraterie, ajoutant que pour combattre ce fléau, il fallait en examiner ses causes profondes, notamment en considérant des domaines d’intervention tels que le développement socioéconomique, la création d’emplois, la lutte contre les inégalités, la promotion de l’éducation, de l’engament des jeunes et de l’autonomisation des femmes.  

Il a déclaré que la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et de l’Agenda 2063 de l’Union africaine serait de la plus grande importance dans cette optique.  L’Italie, a-t-il dit, envisage les moyens de renforcer son engagement auprès de ses partenaires africains.  Il a ainsi annoncé la tenue de la Conférence ministérielle Italie-Afrique, le 18 mai prochain à Rome.

M. ANTONIO DE AGUIAR PATRIOTA (Brésil) a estimé que les pays de la région devraient jouer le rôle de chef de file dans la question des actes de piraterie et des vols à main armée dans le golfe de Guinée.  Toute stratégie devrait être globale et prendre en considération non seulement les questions sécuritaires mais aussi le renforcement des institutions et le développement durable de la région.  La communauté internationale devrait aider la région par des activités de coopération qui respectent l’appropriation nationale.  « C’est ce qu’a fait le Brésil », a indiqué son représentant, qui a rappelé que son pays avait signé des accords de coopération militaire avec neuf pays de la côte ouest de l’Afrique.  Des nouvelles missions ont été récemment ouvertes à Cabo Verde et à Sao Tomé-et-Principe. 

La coopération brésilienne se focalise sur le renforcement de capacité, la formation, la doctrine militaire et les exercices maritimes.  Toute initiative dans le golfe de Guinée doit être en harmonie avec les objectifs de la Zone de paix et de coopération du Pacifique Sud (ZOPACAS) qui est composée de 24 pays, y compris tous les pays de la côte ouest de l’Afrique, du Cabo Verde et Sénégal, dans le nord, en Afrique du Sud, ainsi que trois pays sud-américains, le Brésil, l’Argentine et l’Uruguay.  Les membres de la ZOPACAS se sont mis d’accord pour consolider la région en tant que zone de paix et de coopération pour assurer qu’elle reste une zone exempte d’armes nucléaires et d’autres armes de destruction massive ainsi que le respect de l’intégrité territoriale, la souveraineté et l’indépendance politique de ces pays. 

Le représentant a rappelé que depuis 1986, l’Assemblée générale avait adopté 22 résolutions sur la ZOPACAS.  Considérant que la question des actes de piraterie et de vols à main armée dans le golfe de Guinée est une question de coopération entre les États, le représentant a estimé que l’Assemblée générale était l’instance appropriée pour cette discussion. 

Mme BÉNÉDICTE FRANKINET (Belgique) s’est inquiétée de l’augmentation de la piraterie dans le golfe de Guinée, notant que cette situation est porteuse d’instabilité à un moment où l’Afrique de l’Ouest doit faire face aux défis posés par les trafics illicites et à la proximité de la menace terroriste dans le Sahel.  Elle a remarqué l’importance de la lutte contre l’insécurité maritime dans le golfe de Guinée en termes de sécurité mais aussi parce que c’est le lieu d’une intense activité économique et commerciale.

L’appropriation de cet enjeu par les États côtiers est donc essentielle, a-t-elle estimé en plaidant en faveur de la mise en place de structures de coopération régionale.  Elle a salué, à cet égard, la décision de créer un « centre interrégional de coordination pour la sécurité maritime dans le golfe de Guinée », avant d’assurer de l’aide de son pays dans cette lutte contre la criminalité maritime.  La Belgique est ainsi membre du « Groupe du G-7 des amis du golfe de Guinée » qui vise à coordonner les initiatives de renforcement des capacités maritimes des divers partenaires internationaux.

En outre, la représentante a mentionné la part active prise par la Belgique dans l’élaboration de la stratégie de l’Union européenne pour le golfe de Guinée et du Plan d’action 2015-2020 qui s’y rapporte, ainsi qu’au renforcement des capacités maritimes nationales, militaires et civiles de plusieurs pays côtiers du golfe de Guinée par le biais d’activités de formation.  Dans le cadre de l’initiative internationale « Africa Partnership Station », la Belgique met à disposition des navires de sa flotte, afin de développer l’expertise des militaires, garde-côtes et marins des nations côtières africaines.

M. HEIKO THOMS (Allemagne) a rappelé que le processus de Yaoundé, créé en 2013, soulignait la nécessité d’agir conjointement contre la piraterie.  Il a prévenu que, sans appropriation locale et régionale forte, on ne pourrait pas régler ce problème.  Cela exige un soutien régional, politique et financier, ainsi qu’en termes de ressources humaines, a-t-il dit, avant de mentionner la contribution de son pays de plus d’un million d’euros dans ce cadre.  Il a précisé aider en fournissant un équipement de communication conçu pour améliorer les opérations de surveillance dans le golfe entre le Sénégal et l’Angola.

Le représentant a également conseillé d’élargir le champ des partenariats en impliquant le secteur privé dans la sécurité du golfe de Guinée.  Il a rappelé que le secteur réclame plus de transparence et de pragmatisme dans la coopération entre toutes les parties prenantes au processus de Yaoundé.  Enfin, étant donné le caractère plus que jamais mondial de la sécurité en mer, il a rappelé que l’an dernier, les ministres des affaires étrangères du G7, sous les auspices de la présidence allemande, avaient adopté la « Déclaration de Lübeck » pour faire de cette sécurité une priorité.  Ce texte appelle à une approche transsectorielle, coopérative et basée sur des règles pour garantir la sécurité maritime.  Elle souligne également l’importance des cadres juridiques comme la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer.

M. JOÃO VALE DE ALMEIDA, Chef de la délégation de l’Union européenne, a déclaré que la sécurité des zones maritimes pour assurer la pêche et le passage des navires était importante pour le développement économique et humain des pays du golfe de Guinée.  Le domaine maritime est un facteur de prospérité et de développement durable.  La menace croissante de la piraterie et des attaques armées dans le golfe de Guinée est ainsi une menace contre les États riverains de la région et leur développement.  Au-delà de la menace directe contre le transport maritime, la nature transfrontalière et interconnectée de cette menace est aussi inquiétante et constitue un danger potentiel pour les autorités et la stabilité de certains États de la région.

L’Union européenne et ses États membres sont engagés à poursuivre leur aide aux pays du golfe de Guinée pour la réussite du Code de conduite de Yaoundé.  Ils sont également actifs dans la mise en œuvre de projets nationaux et régionaux.  Avant la fin de cette année, des projets supplémentaires qui appuieront ce Code de conduite, seront élaborés conformément à la Stratégie maritime intégrée de 2050 de l’Union africaine.  En outre, le Sommet de l’Union africaine sur la sécurité maritime et le développement en Afrique qui aura lieu à Lomé le 15 octobre prochain, donnera une occasion de maintenir la dynamique et la sensibilisation en ce qui concerne le golfe de Guinée.  L’Union européenne appuie le Gouvernement togolais et l’Union africaine à obtenir des résultats concrets à la fin du Sommet.

M. WOUTER ZAAYMAN (Afrique du Sud) a estimé que la stratégie africaine commune de sécurité maritime - horizon 2050 était un instrument important pour répondre aux défis qui se posent dans le golfe de guinée.  Mais il a rappelé la décision prise par l’Assemblée de l’Union africaine en janvier 2014, par laquelle elle a souligné le besoin de partenariats afin de mettre en œuvre la Stratégie.  « Les récentes expériences dans le golfe d’Aden démontrent les conséquences sur les plans sécuritaire et économique pour la communauté internationale si les défis de la piraterie, y compris ses causes profondes, ne sont pas relevés de façon collaborative et déterminée », a prévenu le représentant.  

Son pays, a-t-il ajouté, est convaincu qu’il est temps pour le Conseil de sécurité d’adresser un signal fort et sans équivoques aux consommateurs de biens issus de la piraterie.  À cet égard, a assuré la délégation, il faudrait explorer le lien entre l’économie illicite alimentée par la piraterie et les « acteurs d’envergure mondiale », notamment dans le domaine des hydrocarbures.

M. PAUL ALEX MENKVELD (Pays-Bas) s’est inquiété de l’insécurité maritime dans le golfe de Guinée et des attaques violentes qui ont eu lieu depuis le début de l’année.  Les activités maritimes illégales dans le golfe de Guinée ne sont pas seulement le problème des États de l’Afrique de l’Ouest.  « C’est notre problème également », a-t-il insisté, dans la mesure où ces activités nuisent au commerce régional et au développement économique.  Elles entravent le commerce entre l’Europe et l’Afrique de l’Ouest et la prospérité au sens large.  C’est la raison pour laquelle il a recommandé une réponse globale au problème.

Le représentant a salué le Code de conduite de Yaoundé et souhaité la prompte mise en service complète du Centre interrégional de coordination, créé en 2014.  Pour leur part, les Pays-Bas appuient activement le Plan d’action de l’Union européenne relatif au golfe de Guinée.  

Ensuite, M. Menkveld a souligné l’importance d’adopter une approche intégrée qui tienne compte du développement inclusif des communautés côtières, notamment pour empêcher qu’elles ne recourent à la criminalité maritime.  Les Pays-Bas entreprennent des activités de formation pour renforcer les capacités maritimes des pays, en mettant notamment l’accent sur la prévention du trafic des stupéfiants et de la traite des personnes.    

Mme EKATERINI FOUNTOULAKI (Grèce) a fait remarquer l’importance de la sécurité de la navigation en mer pour un pays maritime comme le sien.  La Grèce, a-t-elle ajouté, a contribué à l’adoption de la Stratégie européenne de sécurité maritime.  Elle a aussi indiqué soutenir pleinement les résolutions de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité sur la piraterie dans le golfe de Guinée, ainsi que celles de l’Organisation maritime internationale (OMI) et le Plan d’action 2015-2020 de l’Union européenne sur la question.

La représentante s’est inquiétée des menaces qui pèsent à cause de ce problème sur la sécurité des gens de mer.  Elle a invité à une coopération étroite de la communauté internationale avec les États de pavillon et les organisations régionales, pour assurer que les pirates et les auteurs de vols à main armée soient traduits en justice.  Elle a également demandé de renforcer les efforts de prévention. 

La communauté internationale, a-t-elle ajouté, doit soutenir les pays de la région à élaborer leur propre stratégie maritime de lutte contre la piraterie.  Elle a parlé de l’expertise que fournit à cet égard le Centre de formation opérationnelle d’interdiction maritime de l’OTAN à Crète (Grèce), qui a formé 364 officiers et experts de 30 États Membres, dont 16 officiers de 9 pays de l’Afrique de l’Ouest.

M. BARLYBAY SADYKOV (Kazakhstan) a déploré le fait que les pirates du golfe de Guinée soient de plus en plus enclins à des actes de violence, incluant des enlèvements, la torture ou encore l’assassinat des membres d’équipage des navires.  Il a déploré que ces actes de piraterie aient conduit à la baisse des activités des ports de la région, alors même que la pauvreté est un défi majeur en Afrique de l’Ouest.  

Il a rappelé que le Kazakhstan avait signé un accord avec le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) en vue d’apporter une assistance technique à 45 pays africains, dont ceux de l’Afrique de l’Ouest.  Il dit que certaines des mesures comprises dans cet accord allaient permettre de lutter contre la piraterie et les vols en haute mer dans le golfe du Guinée.  Il a estimé que la situation du golfe de Guinée nécessitait d’aller au-delà de l’approche classique de coopération Nord-Sud pour également tenir compte de la coopération Sud-Sud et de la coopération triangulaire. 

M. OMAR HILALE (Maroc) a déclaré que le défi auquel fait face le golfe de Guinée est celui de la mise en place d’un cadre permettant la mutualisation des moyens techniques et humains des États de la sous-région, l’adoption de dispositions règlementaires adéquates et de mécanismes de financement prévisibles et récurrents.  Selon lui, il est temps que le golfe de Guinée jouisse d’une mobilisation internationale aussi efficace et engagée que celle du golfe d’Aden.  « Pour gagner la bataille contre la piraterie, la communauté internationale se doit de répondre positivement à l’appel lancé par les États de la région à l’aide internationale », a poursuivi le représentant. 

Observant que l’absence de coopération se fait toujours sentir, le représentant a indiqué que les États de la sous-région devraient trouver des alternatives pour financer durablement le fonctionnement de leurs structures maritimes, y compris les centres de coordination régionaux qui pâtissent du manque de moyens logistiques et humains.  Il serait de plus, selon la délégation, utile que chaque État œuvre davantage à renforcer son dispositif législatif et à se doter des structures nationales de gestion et de coordination de sûreté et de sécurité maritimes. 

La délégation a enfin rappelé l’initiative lancée par le Maroc, en mai 2009, de créer la Conférence ministérielle des États africains riverains de l’Atlantique, qui se veut un espace de concertation intra-africain, « ouvert aux interventions des différents pays dans les domaines de la coopération au développement, de la consolidation de la paix et de la prévention des conflits ». 

M. GÜVEN BEGEÇ (Turquie) a déclaré que l’enlèvement de membres d’équipage d’un navire turc, et la tentative des pirates de monter à bord d’un autre navire battant pavillon turc montraient que ce fléau n’épargnait aucun pays.  Au vu de cette situation, il a estimé que la communauté internationale devait démontrer la cohésion et la solidarité nécessaires pour éliminer ce fléau.  Il a souligné que de telles actions devaient se faire en complément et avec le soutien d’initiatives régionales, notamment le Sommet de Yaoundé de 2013, la réunion extraordinaire de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest et de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale sur la question, ainsi que celle de la Commission du golfe de Guinée qui s’est tenue en février dernier à Yaoundé.

Le représentant a en outre relevé que la lutte contre la piraterie était inefficace dans le golfe de Guinée du fait de la faible coopération et de coordination entre les organismes maritimes.  Il a également dit que l’absence d’accord sur le droit de poursuite entre pays de la région était un obstacle à la lutte pour éradiquer ce fléau.  Il a invité ces pays à adapter leur législation nationale afin de poursuivre les pirates en justice. 

Il a appelé au renforcement des capacités des pays du golfe de Guinée, plaidant également pour la mise en place d’un fonds d’affectation spéciale au sein de l’ONU, afin de recevoir les contributions volontaires d’États Membres et d’entreprises privées dont les activités souffrent de ce fléau.

Faisant porter son intervention sur le partage des expériences nationales et des pratiques optimales, M. MENELAOS MENELAOU (Chypre) a rappelé que les efforts de son pays contre la piraterie et les vols à main armée en mer étaient règlementés par une loi spécifique qui inclut l’Afrique de l’Ouest et le golfe de Guinée parmi les zones à haut risque.  Cette loi donne au ministre compétent l’autorité pour interdire le passage de navires à travers les zones à risques. 

De plus, si un navire se trouve dans une zone dangereuse, le capitaine d’équipage et son opérateur sont dans l’obligation de mettre en œuvre des mesures additionnelles et d’user de tous les moyens pour garantir la sécurité du bateau et de son personnel.  Toutefois, a affirmé le représentant, les mesures d’autoprotection appliquées à bord des navires et de leurs équipages en danger seront sans effet si elles ne sont pas combinées avec des mesures préventives aux niveaux régional et international.

M. ANTHONY BOSAH (Nigéria) a déclaré qu’il était urgent d’assister les pays du golfe de Guinée afin qu’ils mettent en œuvre leur stratégie commune de sécurité maritime.  Il a aussi noté qu’il était important pour les pays de la région de pouvoir s’attaquer aux activités des pirates sur terre.  Il a ensuite relevé que la stratégie maritime intégrée de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), qui s’inscrit en droite ligne des résolutions 2018 (2011) et 2039 (2012), constituait un cadre politique maritime global pour l’action et la coopération au sein de la sous-région. 

Le représentant a affirmé que l’une des étapes de la mise en œuvre de cette stratégie maritime fut l’inauguration, en mars 2015, du Centre multinational de coordination maritime pour la zone pilote E, incluant le Nigéria, le Niger, le Togo et le Bénin.  Il a estimé que la lutte contre la piraterie nécessitait des fonds pour assurer la surveillance des mers.  

Sur le plan national, il a affirmé que l’administration pour la sécurité maritime du Nigéria et la marine nigériane avaient renforcé leur collaboration, ce qui a conduit à la baisse des attaques autour du port de Lagos.  Il a assuré que son pays était disposé à renforcer sa collaboration avec les partenaires internationaux, notamment en matière d’échange d’informations et de savoir-faire.

Déclaration présidentielle

Le Conseil de sécurité réaffirme qu’il tient de la Charte des Nations Unies la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales et estime que la responsabilité première de l’éradication de la piraterie et des vols à main armée commis en mer incombe aux États.

Le Conseil réaffirme à cet égard que c’est aux États de la région qu’il incombe au premier chef de lutter contre la menace que constituent les actes de piraterie et vols à main armée commis dans le golfe de Guinée et de s’attaquer à leurs causes sous-jacentes, en étroite coopération avec les organisations de la région, ainsi que leurs partenaires.

Le Conseil réaffirme son attachement à la souveraineté, à l’indépendance et à l’intégrité territoriale des États concernés.

Le Conseil demeure profondément préoccupé par la menace que les actes de piraterie et les vols à main armée commis dans le golfe de Guinée font peser sur la navigation internationale, la sécurité et le développement économique des États de la région, la sécurité et le bien-être des gens de mer et d’autres personnes, ainsi que la sécurité des routes maritimes commerciales.

Le Conseil se déclare profondément préoccupé par le nombre et la violence des actes de piraterie et vols à main armée qui auraient été perpétrés en mer dans le golfe de Guinée depuis 2014, et condamne énergiquement les assassinats, enlèvements, prises d’otages et vols que commettent les pirates qui sévissent dans le golfe de Guinée. Il demande aux États de la région de coopérer, selon qu’il convient, en vue d’engager des poursuites à l’encontre des pirates auteurs présumés de prises d’otages et demande à tous les États de la région et à toutes les parties prenantes concernées de redoubler d’efforts pour obtenir que tous les gens de mer otages dans le golfe de Guinée ou aux alentours soient libérés immédiatement sains et saufs.

Le Conseil prend note du lien qui existe entre les actes de piraterie et les vols à main armée commis en mer et la criminalité transnationale organisée dans le golfe de Guinée et se déclare préoccupé par le fait que les pirates en tirent profit.

Le Conseil souligne qu’il importe d’établir s’il existe des liens entre les actes de piraterie et les vols à main armée commis en mer et les groupes terroristes d’Afrique de l’Ouest et de la région du Sahel, et prie instamment les États Membres et les organisations internationales compétentes d’aider les États de la région et les organisations régionales et sous-régionales à veiller à ce que les mesures nécessaires soient prises pour empêcher que les produits d’actes de piraterie et de vols à main armée commis en mer contribuent au financement du terrorisme.

Le Conseil prend note avec préoccupation du préjudice que subit actuellement le développement économique et de la destruction d’infrastructures essentielles, et souhaite vivement qu’un soutien soit apporté aux mesures multilatérales visant à mettre sur pied un cadre multilatéral aux fins du règlement des problèmes que sont les vols de pétrole brut et les actes de piraterie et vols à main armée commis en mer.

Le Conseil insiste sur le fait qu’il importe d’appliquer une approche globale dirigée par les États de la région pour lutter contre la menace que représentent les actes de piraterie et vols à main armée commis dans le golfe de Guinée, ainsi que les activités criminelles connexes, s’attaquer à leurs causes profondes et renforcer tant les systèmes de justice que la coopération judiciaire dans la région. Il salue les efforts déployés par les pays de la région pour adopter, dans le respect du cadre établi par le droit international, des mesures destinées à lutter contre la piraterie et les vols à main armée commis en mer et à combattre la criminalité transnationale organisée, notamment le trafic de stupéfiants, ainsi que d’autres mesures propres à améliorer la sûreté et la sécurité maritimes.

Le Conseil souligne que la paix et la stabilité régionales, le renforcement des institutions de l’État, le développement économique et social et le respect des droits de l’homme et de l’état de droit sont nécessaires pour créer les conditions qui permettront de faire cesser durablement les actes de piraterie et vols à main armée dans le golfe de Guinée.

Le Conseil souligne qu’il est essentiel de coordonner l’action menée au niveau régional pour lutter contre la menace que représentent les actes de piraterie et les vols à main armée commis en mer, et constate qu’il faut mobiliser l’aide internationale à l’appui des efforts déployés à l’échelle nationale et régionale pour aider les États Membres à prendre des mesures pour faire face à cette menace. Il engage les organisations régionales, y compris la Communauté économique des États de l’Afrique centrale, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, la Commission du golfe de Guinée et l’Organisation maritime de l’Afrique de l’Ouest et du Centre, à renforcer la coopération sous-régionale, régionale et internationale en ce qui concerne la sûreté et la sécurité maritimes dans le golfe de Guinée.

Le Conseil se félicite de la tenue du Sommet des chefs d’État et de gouvernement des États de l’Afrique de l’Ouest et du Centre sur la sûreté et la sécurité maritimes dans le golfe de Guinée, qui a eu lieu à Yaoundé (Cameroun) les 24 et 25 juin 2013, ainsi que des suites données à cette manifestations et de l’adoption, à cette occasion, du Code de conduite relatif à la répression des actes de piraterie, des vols à main armée à l’encontre des navires et des activités maritimes illicites en Afrique de l’Ouest et du Centre, et du Mémorandum d’entente entre la Communauté économique des États de l’Afrique centrale, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest et la Commission du golfe de Guinée sur la sûreté et la sécurité dans l’espace maritime de l’Afrique centrale et de l’Afrique de l’Ouest, qui favorise la mise en œuvre du Code de conduite dans la perspective de faciliter l’adoption d’un accord multilatéral visant à mettre un terme aux activités illégales menées au large des côtes de l’Afrique de l’Ouest et de l’Afrique centrale.

Le Conseil se félicite également de la création, au Cameroun en 2014, du Centre interrégional de coordination, qui concrétise la stratégie régionale de sûreté et de sécurité et établit un cadre de collaboration entre les institutions régionales et les mécanismes de coopération, à savoir la Communauté économique des États de l’Afrique centrale, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, la Commission du golfe de Guinée et l’Organisation maritime de l’Afrique de l’Ouest et du Centre, et accueille avec satisfaction la création du Centre régional de sécurisation maritime de l’Afrique centrale, à Pointe-Noire (République du Congo), et du Centre régional de sécurisation maritime de l’Afrique de l’Ouest, à Abidjan (Côte d’Ivoire), qui coordonneront les activités menées par les centres multinationaux de coordination en vue d’exécuter la mission du Centre interrégional de coordination dans différentes zones, l’objectif étant de mettre en place un mécanisme régional de coordination de la lutte contre les actes de piraterie et les vols à main armée dans tout le golfe de Guinée. Il engage les États de la région à préciser le mandat de ces entités et les relations qu’elles entretiennent les unes avec les autres afin de renforcer la coordination et la coopération.

Le Conseil engage, à cet égard, les États de la région, les organisations régionales et les partenaires internationaux à faire fonctionner à plein tous les mécanismes régionaux de lutte contre les actes de piraterie et les vols à main armée commis en mer, à savoir le Centre interrégional de coordination, le Centre régional de sécurisation maritime de l’Afrique centrale, le Centre régional de sécurisation maritime de l’Afrique de l’Ouest et les Centres multinationaux de coordination dès que possible, et demande instamment aux partenaires bilatéraux et multilatéraux de continuer d’aider les États du golfe de Guinée pour ce qui est des fonds, des compétences, de la formation et de l’équipement.

Le Conseil se félicite également de la tenue de la réunion extraordinaire de haut niveau consacrée au Centre interrégional de coordination, organisée par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, la Communauté économique des États de l’Afrique centrale et la Commission du golfe de Guinée, du 8 au 12 février à Yaoundé (Cameroun), à l’issue de laquelle les textes relatifs au Centre ont été adoptés en vue, espère-t-on, de sa mise en service complète d’ici à juillet 2016. Le Conseil note que des ressources logistiques et financières sont nécessaires pour mettre en œuvre les projets et programmes du Centre interrégional de coordination et, à cet égard, il se félicite de l’intention exprimée lors de la réunion d’organiser une conférence des donateurs à Yaoundé. Le Conseil encourage les organisations régionales et la communauté internationale à soutenir le Centre.

Le Conseil engage les États du golfe de Guinée à élaborer un cadre régional de prévention et de répression des actes de piraterie et des vols à main armée commis en mer; demande à nouveau à tous les États de la région d’ériger les actes de piraterie et les vols à main armée commis en mer en infractions pénales dans leur droit interne, et de poursuivre les auteurs de telles infractions en respectant le droit international applicable, en particulier le droit international des droits de l’homme. Le Conseil réaffirme qu’il est urgent d’ouvrir des enquêtes et d’engager des poursuites, dans le respect du droit international, notamment le droit international des droits de l’homme, contre quiconque encourage ou facilite intentionnellement ces infractions, y compris les responsables de réseaux criminels engagés dans des actes de piraterie et des vols à main armée en mer qui planifient, organisent, facilitent ou financent de tels actes ou en tirent profit.

Le Conseil exhorte les États et les organisations internationales, ainsi que le secteur privé, à échanger selon qu’il convient des informations liées à la lutte contre les actes de piraterie et les vols à main armée commis dans le golfe de Guinée et à renforcer la coordination des échanges de renseignements régionaux.

Le Conseil encourage les partenaires bilatéraux et multilatéraux qui sont en mesure de le faire à fournir aux États et organisations régionales du golfe de Guinée qui en font la demande un appui en matière de personnel, de fonds, de technologie, de formation et de matériel afin de les aider à renforcer leurs moyens de combattre ensemble les actes de piraterie et les vols à main armée commis en mer dans la région, à savoir des patrouilles régionales communes, des activités répressives menées conjointement en mer, des exercices communs de lutte contre la piraterie, des opérations de surveillance aérienne et d’autres opérations conformes au droit international. À cet égard, le Conseil engage les États de la région et les organisations régionales à renforcer le dialogue et la coopération avec les partenaires internationaux, si on le leur demande et qu’ils sont en mesure de le faire, et à élaborer et mettre en œuvre leurs plans d’action sur la lutte contre la piraterie et les vols à main armée commis en mer.

Le Conseil engage les États du golfe de Guinée à continuer de renforcer leurs capacités pour protéger les eaux de la région contre les actes de piraterie et les vols à main armée et demande instamment aux États Membres, si les États de la région le leur demandent et qu’ils sont à même de le faire, d’aider ces derniers à améliorer la construction et la gestion des infrastructures maritimes, telles que les ports du littoral, les installations d’approvisionnement et de réparation, et les dépôts de carburant, ainsi que les compétences du personnel, afin de renforcer leur capacité de mener des opérations maritimes conjointes contre les actes de piraterie et les vols à main armée commis en mer.

Le Conseil de sécurité exprime sa gratitude au Secrétaire général pour le solide appui qu’il a offert aux activités menées par les États de la région pour lutter contre la piraterie et les vols à main armée commis en mer par l’intermédiaire du Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale et du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel; engage à cet égard les deux bureaux à continuer d’aider les États et les organisations sous-régionales, conformément à leurs mandats respectifs.

Le Conseil remercie le Fonds d’affectation spéciale pour la sûreté maritime en Afrique de l’Ouest et du Centre, créé par l’Organisation maritime internationale, de ses efforts à l’appui du renforcement des capacités en matière de sécurité maritime en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale et, à cet égard, invite les États Membres à verser des contributions financières au Fonds et à aider les États de la région, aux côtés de l’Organisation maritime internationale et à sa demande, à développer leurs capacités nationales et régionales de manière à améliorer la gouvernance maritime dans les eaux relevant de leur juridiction et à prévenir, dans le respect du droit international, les actes de piraterie et les vols à main armée commis en mer.

Le Conseil se félicite de l’initiative prise par l’Union africaine d’organiser un Sommet extraordinaire sur la sécurité et la sûreté maritimes et le développement en Afrique, à Lomé, au Togo, le 15 octobre 2016, en vue notamment d’adopter un texte sur la sécurité et la sûreté maritimes et le développement économique et social en Afrique, et invite la communauté internationale et les partenaires bilatéraux et multilatéraux à y participer activement et à l’appuyer.

Le Conseil prie le Secrétaire général de soutenir les efforts de mobilisation de ressources à l’appui du renforcement des capacités nationales et régionales en étroite concertation avec les États et les organisations régionales et sous-régionales, et de continuer de le tenir régulièrement informé, par l’intermédiaire du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel et du Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale, de la situation dans le golfe de Guinée en ce qui concerne les actes de piraterie et les vols à main armée, notamment de l’application des mesures mentionnées dans la présente déclaration de son président, en particulier les progrès accomplis dans la mise en service des mécanismes régionaux, la sécurité maritime à long terme, la gouvernance maritime, la coordination en matière de droit maritime, ainsi que la coopération régionale et internationale aux fins de la lutte contre les actes de piraterie et les vols à main armée commis en mer.

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