Soixante et onzième session,
15e séance – matin
AG/AB/4216

Cinquième Commission: agacement et perplexité face à l’incapacité du Secrétariat de l’ONU de comprendre son rôle d’appui à la mise en œuvre du Programme 2030

Aujourd’hui à la Cinquième Commission chargée des questions administratives et budgétaires, des délégations ont vivement critiqué « l’absence de vision stratégique » du Secrétariat de l’ONU quant à l’appui qu’il doit fournir aux États pour assurer une bonne mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et du Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement.  Des délégations ont aussi dénoncé « la légèreté » avec laquelle le Secrétariat a traité des incidences budgétaires des dernières résolutions du Conseil économique et social (ECOSOC). 

« Le Secrétariat ne semble pas comprendre le rôle crucial qu’il est appelé à jouer pour aider les États Membres à mettre en œuvre les objectifs de développement durable », s’est étonné le représentant du Groupe des États d’Afrique.  Un an après l’adoption du Programme 2030 et du Programme d’action d’Addis-Abeba, il s’est dit surpris du caractère « incomplet » de la proposition budgétaire du Secrétaire général et de l’absence d’un plan global sur la direction à suivre alors que l’exécution des deux Programmes est fixée au 1er janvier 2017.  C’est un « état de perplexité » qui a saisi la représentante du Groupe des 77 et de la Chine: « le Secrétaire général ne comprend décidément pas ce qu’attend de lui l’Assemblée générale ».  Il revient avec une proposition « complètement différente », s’est agacé, à son tour, le représentant de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), alors qu’il doit respecter les mandats que lui confie l’Assemblée générale pour tenir compte, comme il se doit, des ambitions des deux Programmes.

Ces délégations ont en fait appuyé la position du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) face au Secrétaire général qui demande une enveloppe supplémentaire de 15 millions de dollars de 2017 à 2019, en plus des 28,4 millions de dollars, déjà agréés, pour le Compte pour le développement et le programme ordinaire de coopération technique.  Mais, a constaté le CCQAB, le Secrétaire général ne dit rien sur le type de projets, les entités qui vont les réaliser et les montants qui seront alloués à chacun d’entre eux.  Dans l’état actuel des choses, la proposition ne donne pas aux États Membres un contrôle suffisant sur l’emploi des ressources.  Qu’en est-il du rôle des commissions régionales et de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED)? ont insisté les délégations.     

Le rapport du Secrétaire général, a tranché, à son tour, le représentant de l’Union européenne, n’offre pas une vision globale des capacités et des compétences du Secrétariat qui permettrait de débattre de l’opportunité d’octroyer des ressources supplémentaires.  Le Département des affaires économiques et sociales (DAES) renforce ses effectifs à New York alors que l’action est attendue sur le terrain, a taclé son homologue des États-Unis qui a tout de même tenu à souligner que la mise en œuvre des objectifs de développement durable relève d’abord de la responsabilité des États Membres et non des Nations Unies.  Il n’est pas du ressort du Secrétariat, a renchéri son homologue de l’Union européenne, d’intervenir dans la phase de mise en œuvre du Programme 2030 et du Programme d’action d’Addis-Abeba.  « Cela risque de faire double-emploi, de créer une concurrence pour des ressources déjà rares et de nuire aux Programmes eux-mêmes ».

Ressources rares?  Ces mêmes délégations se sont justement agacées de la « légèreté » avec laquelle le Secrétariat a traité des incidences budgétaires des résolutions du Conseil économique et social (ECOSOC) dont celles sur la stratégie et plan d’action de la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale (CESAO) concernant le Programme 2030, sur la mise en œuvre de ce Programme en Asie et dans le Pacifique et sur la création du Forum des pays d’Amérique latine et des Caraïbes sur le développement durable.  En tout, le CCQAB recommande une somme de 3,4 millions de dollars alors que, comme l’ont rappelé les représentants des États-Unis, de l’Union européenne et du Japon, ces résolutions avaient été adoptées avec l’assurance qu’il n’y aurait pas d’incidences budgétaires ou qu’elles seraient couvertes par des ressources extrabudgétaires.  Ils n’ont vu aucune justification à un tel mépris des règles et procédures budgétaires.

La prochaine réunion de la Cinquième Commission aura lieu le vendredi 2 décembre.

BUDGET-PROGRAMME DE L’EXERCICE BIENNAL 2016-2017

Rapport du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires sur les prévisions révisées comme suite aux résolutions et décisions adoptées par le Conseil économique et social en 2016 (A/71/633)

Pour l’établissement de ce rapport, le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) a examiné ceux du Secrétaire général (A/71/401 et A/71/401/Add.1) qui indiquent que durant ses sessions de 2016 et 2017, le Conseil économique et social (ECOSOC) a adopté des résolutions sur la stratégie et plan d’action de la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale (CESAO) concernant le Programme de développement durable à l’horizon 2030; la mise en œuvre du Programme 2030 en Asie et dans le Pacifique; la création du Forum des pays d’Amérique latine et des Caraïbes sur le développement durable; et le Groupe consultatif ad hoc sur Haïti.  L’ECOSOC a aussi adopté la Déclaration ministérielle sur le thème « Mettre en œuvre le Programme 2030 » et celle du Forum politique de haut niveau pour le développement durable sur le thème « Ne pas faire de laissés-pour-compte ».  Une dernière résolution poste sur le Comité d’experts de la coopération internationale en matière fiscale et une décision sur les arrangements pour les douzième et treizième sessions du Comité d’experts et de la Réunion spéciale du Conseil sur la coopération internationale en matière fiscale.  La dernière décision concerne les autres dispositions concernant l’organisation des travaux de la session 2017 de l’ECOSOC.

Le CCQAB recommande d’approuver des dépenses supplémentaires d’un montant de 2 872 200 dollars en sus de celles initialement prévues dans le budget-programme 2016-2017, à imputer sur le fonds de réserve.  Le Comité consultatif note qu’il faudra également inscrire au chapitre des contributions du personnel un crédit de 57 100 dollars, qui sera compensé par l’inscription du même montant au chapitre premier des recettes provenant de ces contributions.

Le Comité consultatif recommande également d’approuver la proposition de créer six postes de temporaire à compter du 1er janvier 2017 et jusqu’en 2030 afin d’appuyer les activités prescrites par le Conseil dans ses résolutions.

Le CCQAB recommande enfin d’approuver des dépenses supplémentaires d’un montant de 556 000 dollars en sus de celles initialement prévues dans le budget-programme approuvé pour 2016-2017 à imputer sur le fonds de réserve pour 2016-2017.

Déclarations

Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, Mme SIRITHON WAIRATPANIJ (Thaïlande) s’est dite, une nouvelle fois, convaincue que le niveau des ressources approuvées par l’Assemblée générale devait être proportionnel aux activités et programmes de l’ONU afin d’assurer leur mise en œuvre pleine et complète.  Elle a rappelé que, conformément à la résolution 69/264 qui a été confirmée par la résolution 70/247, l’Assemblée générale s’est engagée à promouvoir la croissance économique soutenue et le développement durable, et plus particulièrement à soutenir la mise en œuvre du Programme 2030 et du Programme d’action d’Addis-Abeba, faisant de cette question une de ses priorités dans le cadre de son budget-programme 2016-2017.  À ce titre, la représentante a réaffirmé le soutien de sa délégation au travail de l’ECOSOC pour la mise en œuvre de ces deux Programmes. 

Elle a appuyé les ressources supplémentaires engendrées par les résolutions de l’ECOSOC durant ses sessions de 2016 et 2017.  La représentante a relevé qu’à l’heure actuelle, l’estimation des coûts des décisions prises par l’ECOSOC n’incluait pas le travail des commissions régionales pour soutenir la mise en œuvre des deux Programmes, plus particulièrement celui de la Commission économique pour l’Afrique (CEA).  Elle a dit attendre des informations détaillées. 

M. JAN DE PRETER, de l’Union européenne, a exprimé les vives préoccupations des délégations européennes face à la manière avec laquelle l’ECOSOC a traité, le 25 juillet dernier, la question des incidences budgétaires de ses résolutions.  Il a ainsi rappelé que ces textes ont été adoptés avec l’assurance qu’il n’y aurait pas d’incidences budgétaires ou qu’elles seraient couvertes par des ressources extrabudgétaires.  Or, l’on voit aujourd’hui qu’il y a de réelles incidences budgétaires que les États Membres ignoraient jusqu’ici.  Le représentant a dit voir aucune justification à ce mépris des règles et procédures établies par l’article 28 du règlement intérieur des commissions techniques, l’article 153 de celui de l’Assemblée générale et l’article 2.10 du règlement financier des Nations Unies, sans oublier les paragraphes pertinents de la résolution 69/262 de l’Assemblée générale. 

Le représentant a souhaité que les futures recommandations des commissions régionales ne soient pas adoptées « mécaniquement » par l’ECOSOC mais qu’elles soient dûment examinées et rejetées si elles ne sont pas conformes aux attentes des États et aux limites fixées par les réalités budgétaires.  

M. KATSUHIKO IMADA (Japon) a, à son tour, jugé « regrettable » que les résolutions le 25 juillet par l’ECOSOC aient été adoptées dans des circonstances qui contreviennent aux différentes règles et procédures et qui contredisent les déclarations faites précédemment.  Le représentant s’est notamment dit vivement préoccupé par le fait que les incidences de ces décisions sur le budget-programme n’étaient pas connues au moment de l’adoption de la résolution sur la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale (CESAO) et que celle sur la Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP) a été adoptée avec les garanties du Secrétaire général sur l’absence d’incidences budgétaires.  Le représentant a estimé qu’il s’agit là d’une « violation du règlement intérieur » et a, à ce titre, demandé des explications au Secrétariat, « afin de faire en sorte qu’une telle situation ne se reproduise pas ».

Mme CHERITH NORMAN (États-Unis) s’est dite pour le moins « surprise » de la manière dont le Secrétariat a traité la question des incidences budgétaires.  Elle a rappelé le Secrétariat à son « obligation » de respecter l’article 153 du règlement intérieur de l’Assemblée générale et de veiller à la viabilité financière des Nations Unies.  Tout en appuyant le rôle des commissions régionales dans la mise en œuvre du Programme 2030, la représentante a prévenu que son pays ne peut adopter des résolutions avec de telles incidences budgétaires.  « Nous appelons aujourd’hui le Secrétariat à éviter que de telles situations ne se reproduisent à l’avenir » a-t-elle insisté. 

Rapport du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires sur l’appui à la mise en œuvre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et du Programme d’action d’Addis-Abeba issu de la troisième Conférence internationale sur le financement du développement (A/71/632)

Pour l’établissement de ce rapport, le CCQAB a examiné celui du Secrétaire général (A/71/534) qui indique que le dialogue permanent que les entités des Nations Unies entretiennent avec les États Membres leur a permis de recenser un certain nombre de domaines d’activité dans lesquels l’appui fourni par le Secrétariat est devenu plus nécessaire et dans lesquels son action a le plus de poids: appuyer le renforcement des capacités et améliorer la capacité des différents acteurs de travailler ensemble aux niveaux régional, national, infranational et local; faciliter la coopération régionale et internationale; favoriser l’établissement de nouveaux partenariats et améliorer l’efficacité de ceux qui existent déjà, à tous les niveaux, et veiller au respect du principe de responsabilité.  Il s’agit aussi de promouvoir un environnement international porteur, grâce à la mise en place de mécanismes intergouvernementaux; d’appuyer les activités d’examen en cours et le renouvellement; de sensibiliser le public aux objectifs de développement durable; de soutenir les initiatives interinstitutions, notamment pour améliorer la cohérence et l’efficacité des politiques; d’aider les pays à élaborer des stratégies de financement en vue de la réalisation des objectifs de développement durable.

S’agissant des ressources demandées, le CCQAB recommande l’approbation des 3 485 300 dollars, pour lesquelles les ouvertures de crédit correspondantes ont été demandées et d’un crédit de 6 142 600 dollars correspondant aux engagements de dépenses approuvés par l’Assemblée générale.

En ce qui concerne les ressources nécessaires en 2017 pour l’exécution des mandats énoncés dans les deux Programmes, le Comité consultatif ne recommande qu’un crédit de 5 745 700 dollars.  S’agissant du Programme d’action d’Addis-Abeba, le CCQAB estime en effet que compte tenu du chevauchement de certaines fonctions attachées aux postes temporaires proposés et aux consultants, il recommande une réduction de 20%, soit 30 000 dollars, des ressources demandées au titre des consultants, ce qui ramènerait l’enveloppe à 120 000 dollars.  Il fait la même remarque pour le Programme 2030 et recommande une réduction de 20%, soit 62 000 dollars, pour ramener l’enveloppe à 248 000 dollars.  Le CCQAB voit aussi des chevauchements pour les postes temporaires et recommande une réduction de 20%, soit 16 500 dollars, ramenant l’enveloppe à 66 000 dollars. 

S’agissant des ressources demandées pour l’abondement du Compte pour le développement et le renforcement du programme ordinaire de coopération technique, le Comité consultatif recommande de ne pas approuver les ressources proposées.  Il note en effet que le rapport du Secrétaire général ne donne pas suite aux inquiétudes qu’il a formulées et que l’Assemblée a reprises à son compte et présente au contraire une proposition totalement nouvelle assortie d’un descriptif différent.  On ignore comment, dit le CCQAB, les propositions énoncées ont mené à la proposition ni comment cette dernière tient compte des observations et des commentaires formulés précédemment par le Comité.

Le Secrétaire général indique que les 28,4 millions de dollars approuvés pour l’exercice biennal 2016-2017 visent à aider les États Membres à être mieux à même de produire, de rassembler et d’analyser des données sur la mise en œuvre du Programme 2030.  Le Secrétaire général propose une augmentation de 7,5 millions de dollars pour 2017 et une augmentation supplémentaire de 7,5 millions de dollars pour l’exercice 2018-2019, soit 15 millions de dollars au total.

Le Secrétaire général, poursuit le CCQAB, n’a pas expliqué comment il comptait employer les ressources demandées pour que la liste des 10 entités habilitées à exécuter des projets financés par le Compte pour le développement soit élargie à d’autres entités.  La proposition aurait dû contenir des informations détaillées sur le type de projets, les entités de réalisation et les montants devant être alloués à chaque entité de réalisation.  Le Comité considère qu’en l’état, la proposition ne donnerait pas aux États Membres un contrôle suffisant sur l’emploi des ressources correspondantes proposées pour le Compte pour le développement et le programme ordinaire de coopération technique.

Compte tenu du manque d’informations sur les propositions, le Comité consultatif n’est pas en mesure, à ce stade, de recommander l’approbation des ressources correspondantes demandées.  Il recommande par conséquent l’approbation d’un crédit de 11 888 300 dollars et note que le montant de 11 281 100 dollars serait imputé sur le fonds de réserve pour l’exercice biennal 2016-2017.  Le Comité consultatif recommande également l’approbation de la création proposée de 15 postes temporaires, à compter du 1er janvier 2017, au titre du chapitre « affaires économiques et sociales ».

Déclarations

Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, Mme SIRITHON WAIRATPANIJ (Thaïlande) a rappelé que le paragraphe 14 de la résolution 70/247 de l’Assemblée générale et les recommandations de CCQAB agrées par l’Assemblée générale en juin dernier ont tous deux appelé à une proposition plus complète sur les moyens d’appuyer la mise en œuvre du Programme 2030 et du Programme d’action d’Addis-Abeba.  Tout en se félicitant des efforts déployés, la représentante s’est dite déçue qu’ils ne répondent en rien aux attentes de l’Assemblée générale.  « Nous sommes perplexes », a-t-elle avoué, devant le fait qu’après les résolutions 70/247 et 70/248 C, « le Secrétaire général ne semble toujours pas comprendre ce qu’attend de lui l’Assemblée générale ». 

Néanmoins, a-t-elle affirmé, le Groupe des 77 et la Chine s’emploieront à obtenir un niveau de ressources suffisant pour la mise en œuvre des deux Programmes, y compris le renforcement des Commissions régionales et de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED).  « Nous profiterions des consultations officieuses et de la séance des questions-réponses pour obtenir des éclaircissements », a-t-elle prévenu.    

Au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), M. OLIVIO FERMÍN (République dominicaine) a rappelé que l’adoption du Programme 2030 et du Programme d’action d’Addis-Abeba ont été de véritables jalons pour efforts déployés des Nations Unies visant à relever les défis économiques, sociaux et environnementaux auxquels la planète fait face.  Malgré des progrès importants, tous les États Membres, y compris les plus vulnérables, comme les pays les moins avancés, les petits États insulaires en développement, les pays en développement sans littoral et les pays à revenu intermédiaire, ont les mêmes défis et priorités.

Le représentant a rappelé que la mise en œuvre et le suivi des deux Programmes requiert un engagement sans équivoque de la communauté internationale.  Il a souligné le rôle important de l’aide publique au développement (APD) et de l’appui « efficace et cohérent » de l’ONU qui doit être comptable de ses actes devant les États Membres.  Or, a-t-il relevé, à l’instar du CCQAB, le rapport du Secrétaire général ne contient aucune des propositions détaillées demandées par la résolution 70/248 C.  Bien au contraire, s’est impatienté le représentant, le Secrétaire général revient avec une proposition « complètement différente ».  « Il est indispensable que le Secrétariat respecte les mandats que lui confie l’Assemblée générale, en l’occurrence par ses résolutions budgétaires, afin de tenir compte comme il se doit des ambitions des deux Programmes », a tancé le représentant.

Soulignant le rôle important des commissions régionales dans l’appui à la mise en œuvre des deux Programmes, le représentant a regretté le silence du Secrétaire général sur cette question, s’agissant plus particulièrement de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC).  Insistant sur le fait que la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) est une institution clef pour la mise en œuvre et le suivi des deux Programmes, il a également noté que le rapport du Secrétaire général ne fait aucune proposition pour renforcer les capacités de la CNUCED.

Tout en soulignant le caractère historique de l’adoption du Programme d’action d’Addis-Abeba et du Programme 2030, Mme ALEXANDRA BAUMANN (Suisse) a estimé que la proposition du Secrétaire général ne reflète en rien la vision stratégique et l’approche intégrée attendue par les États Membres.  Intervenant également au nom du Liechtenstein, la représentante a relevé l’insuffisance d’éléments de preuve sur le fait que le Secrétaire général a réellement déployé des efforts pour abandonner les anciens concepts et structures, inadaptés aux défis qui nous attendent.  « Il ne semble pas, a-t-elle insisté, que le Secrétaire général ait mis en place des mécanismes et des plateformes permettant au Secrétariat de collaborer de manière plus cohérente et de mener à bien ses missions importantes. »

Néanmoins, la représentante a dit partager l’avis du Secrétaire général selon lequel il est essentiel de disposer de mécanismes efficaces de suivi et d’examen du Programme 2030 et celui d’Addis-Abeba pour assurer la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Il a donc appelé les États Membres à accorder suffisamment de soutien pour garantir le bon fonctionnement de ces mécanismes.  Dans ce contexte, il a considéré le mécanisme indépendant d’évaluation à l’échelle du système de l’ONU comme un instrument important qu’il conviendrait de renforcer tout particulièrement.  En outre, la représentante s’est dite soucieuse de poursuivre la discussion sur la manière dont le Compte pour le développement pourrait servir d’outil de changement et de développement durable. 

Au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), M. JOSEPH TEO CHOON HENG (Singapour) a rappelé que 2015 avait marqué un tournant en matière de développement durable, notamment grâce à l’accord conclu sur le Programme 2030.  Il s’est également félicité de la création formelle, en 2015, de la Communauté de l’ASEAN, en particulier de l’adoption de sa « Vision communautaire à l’horizon 2025 » et de ses feuilles de route.  « Nous appuyons les efforts déployés par l’ONU en faveur du développement durable et le rôle qu’il entend attribuer aux commissions régionales en termes de partage de connaissances, d’objectifs communs et de mécanismes régionaux », a déclaré le représentant notant au passage que lors du huitième Sommet de l’ASEAN-ONU, le 7 septembre dernier à Vientiane, les dirigeants de l’ASEAN et le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, avaient notamment reconnu l’importance qu’il y a à promouvoir la complémentarité entre les acteurs locaux et internationaux, en matière de développement durable.  Le représentant s’est félicité du nouveau rapport du Secrétaire général sur la mise en œuvre du Programme 2030 et du Programme d’action d’Addis-Abeba, en se disant toutefois « préoccupé » par le fait qu’il ne tienne pas suffisamment compte de la nécessité de renforcer les commission régionales.

Au nom du Groupe des États d’Afrique, M. BACHAR BONG ABDALLAH (Tchad) a dit que le Programme 2030 et le Programme d’Addis-Abeba sont une occasion historique d’éliminer la pauvreté dans toutes ses formes et dimensions.  Dans ce contexte, il s’est étonné du caractère incomplet de la dernière proposition du Secrétaire général sur les ressources nécessaires, un an après l’adoption des deux Programmes, alors que leur date d’exécution est fixée au 1er janvier 2017.  Il a regretté que le système des Nations Unies ne semble pas comprendre le rôle crucial qu’il est appelé à jouer dans l’appui aux États Membres. 

Nous sommes préoccupés, a insisté le représentant, par l’absence d’un plan global sur la direction à suivre.  Il a demandé que les leçons tirées de la mise en œuvre des objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) et des accords agréés au niveau international dans ce domaine soient pris en compte pour élaborer le budget de la mise en œuvre du Programme 2030.  Il faut, a-t-il dit, intégrer la mise en œuvre de ce Programme et celle du Programme d’Addis-Abeba à toutes les activités des Nations Unies.  Il est donc hors de question, a-t-il prévenu, de considérer comme exhaustive la proposition budgétaire examinée aujourd’hui. 

Comment, s’est-il demandé, le Secrétariat compte-t-il renforcer l’interaction entre l’ECOSOC et la Commission de consolidation de la paix (CCP)? Comment compte-t-il exploiter les segments « activités opérationnelles de développement » et « humanitaires » de l’ECOSOC pour assurer le suivi des questions de développement, de paix et humanitaires liées au Programme 2030? 

M. Abdallah a en outre regretté le manque de cohérence des propositions budgétaires du Secrétaire général s’agissant en particulier des commissions régionales dont la Commission économique pour l’Afrique (CEA), des pays en situation particulière ou encore de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED). 

Nous comptons, a-t-il prévenu, demander des précisions sur les initiatives du Secrétariat pour renforcer la Commission de statistique et la rendre en mesure de renforcer les capacités nationales.  Nous attendons aussi du Secrétariat qu’il apporte une planification stratégique à l’échelle du système pour veiller à une mise en œuvre intégrée et équilibrée du Programme 2030.  

Comment les propositions budgétaires présentées aujourd’hui peuvent-elles soutenir le Mécanisme de facilitation des technologies et rendre opérationnels la Banque de technologies et le Mécanisme de renforcement des capacités scientifiques et technologiques et les capacités d’innovation des pays les moins avancés d’ici à 2017? 

La réalisation des objectifs de développement durable implique la disponibilité de ressources suffisantes au profit d’un système de l’ONU « cohérent, efficace et efficient », a tranché le représentant qui a espéré que le nouveau Secrétaire général saura répondre aux attentes des États Membres de la manière la plus totale.  

M. JAN DE PRETER, de l’Union européenne (UE), a salué le fait que le rapport du Secrétaire général présente une approche globale du mandat qui lui a été confié par l’Assemblée générale dans la résolution 70/248 C et encourage les organismes du système des Nations Unies à travailler étroitement ensemble.  Il a rappelé que l’Union européenne est un fervent défenseur du Programme d’action d’Addis-Abeba et du Programme 2030, « cadres d’action mondiale d’une ambition sans précédent ».

Rappelant que la résolution 70/1 du Programme 2030 établit clairement que leur mise en œuvre doit se faire au niveau local et qu’elle relève de la responsabilité des États Membres, le représentant a assuré que les pays de l’UE étaient déterminés à agir chez eux et à contribuer aux efforts internationaux pour aider les autres.

Tout en soulignant le rôle important du Secrétariat s’agissant notamment du suivi et de l’examen de la mise en œuvre de ces Programmes, le représentant a estimé qu’il n’était pas de son ressort d’intervenir dans la phase de mise en œuvre.  « Cela risque de faire double-emploi, créer la concurrence pour des ressources déjà rares et nuire aux Programmes eux-mêmes », a-t-il plaidé.  Selon lui, le Compte pour le développement et le programme ordinaire de coopération technique ne sont pas des mécanismes efficaces pour renforcer le soutien des Nations Unies à la mise en œuvre du Programme 2030.  Il a rappelé, à ce titre, que le renforcement du Compte et du programme ordinaire n’avait pas été demandé par les États Membres.

Rappelant qu’au paragraphe 16 de sa résolution 70/299, l’Assemblée générale a demandé au Secrétaire général d’améliorer l’efficacité du Département des affaires économiques et sociales et que le Groupe des Nations Unies pour le développement a convenu, en avril 2013, de mettre en œuvre un système de partage de coûts pour soutenir le Coordonnateur permanent, le représentant a jugé « inacceptable » que ces deux mandats soient ignorés.

Le rapport du Secrétaire général n’offre pas, a-t-il poursuivi, une vision globale des capacités et des compétences du Secrétariat permettant de débattre de l’opportunité d’octroyer des ressources supplémentaires.  Il est donc « impossible » d’évaluer correctement le budget proposé, a tranché le représentant qui a rappelé l’importance du rôle joué par les commissions régionales, maintes fois soulignée par l’Union européenne.  Le paragraphe 80 de la résolution 70/1 stipule d’ailleurs que le suivi et l’examen au niveau régional et sous-régional pouvaient offrir des opportunités d’apprentissage par les pairs, de partage des meilleures pratiques et de discussions sur les objectifs communs.

« Selon certains, les commissions régionales de l’ONU peuvent et devraient jouer un rôle dans ces situations, mais pour beaucoup, le rôle des commissions régionales sera seulement complémentaire à ce qui se fait dans d’autres forums », a-t-il déclaré.  Rappelant que le règlement intérieur 153 exigeait du Secrétariat qu’il fasse part des coûts résultant des décisions prises par les États Membres, le représentant a exprimé sa « grande déception » de voir que ce règlement n’avait pas été respecté lors des négociations traitant du rôle des commissions régionales dans l’appui au Programme 2030.

Mme CHRITH (États-Unis) a estimé que la mise en œuvre du Programme 2030 relève de la responsabilité première des États Membres et non des Nations Unies.  Elle a insisté sur le fait qu’il appartient aux États de consacrer toute la palette d’acteurs et de moyens à la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Tout en saluant les efforts de réorientation des Nations Unies, la représentante a regretté que des ressources supplémentaires aient été sollicitées sans mandat clair pour appuyer la mise en œuvre de ces objectifs.  Elle a dit l’urgence qu’il y a à déployer des efforts pour éliminer les doubles emplois entre les organismes de l’ONU en charge du développement.  Elle s’est dite particulièrement préoccupée par le fait qu’il semble que le Département des affaires économiques et sociales (DAES) renforce ses effectifs à New York alors que l’action est attendue sur le terrain. 

Mme OH YOUNGJU (République de Corée) a souligné l’attachement de sa délégation à la mise en œuvre des objectifs ambitieux du Programme 2030 et du Programme d’action d’Addis-Abeba, avant de rappeler que son pays est un des principaux bailleurs de fonds.  S’agissant de l’attribution des ressources, elle a appelé les États Membres à faire preuve d’ouverture et d’esprit de compromis pour trouver une solution à cette session.  Se félicitant du rapport du Secrétaire général, « plus lisible et plus organisé » que les rapports précédents, elle a rappelé qu’il incombe aux États Membres et à toutes les entités du système des Nations Unies de mettre en œuvre le Programme, d’où l’importance de bien définir et de distinguer les rôles et les responsabilités de chacun.  « Le recours au budget ordinaire doit être limité aux mandats du Secrétaire général dûment approuvés par l’Assemblée générale », a-t-elle prévenu, assurant que sa délégation examinerait de près cette question.

Concernant les ressources liées à la mise en œuvre du Programme 2030, la représentante a pris note de ce que l’Assemblée générale a autorisé un montant de 7,5 millions de dollars pour 2016.  Elle s’est inquiétée de la demande de ressources supplémentaires pour le Compte de développement et le programme ordinaire de coopération technique.  Tout en admettant que le Secrétariat général a un rôle à jouer dans le soutien à la mise en œuvre des objectifs du développement durable dans les pays en développement, elle a estimé que le rapport du Secrétaire général ne contient pas d’informations suffisamment détaillées sur les types de projets, les critères de sélection ou encore le mode de répartition des ressources et les mécanismes de suivi.  À ce titre, et suivant les observations du CCQAB, elle a souhaité des clarifications. 

Mme YANG LIYANG (Chine) a dit que la définition des moyens de mise en œuvre du Programme 2030 était une priorité au cours de cette session.  Elle a jugé indispensable que la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), le Département des affaires économiques et sociales (DAES) et les commissions régionales soient dotées des moyens qu’il faut pour faciliter la mise en œuvre des objectifs de développement durable et d’éliminer la pauvreté dans les pays en développement.  

M. LUIZ FELDMAN (Brésil) a dit l’urgence de traduire en réalités les objectifs de développement durable.  Tout en notant que ces objectifs doivent être mis en œuvre aux niveaux national et local, le représentant a jugé indispensable l’appui des organisations régionales et internationales.  Dans ce contexte, il a estimé essentiel que l’ONU ait les moyens de donner vie à cette vision incarnée par le Programme 2030 et celui d’Addis-Abeba.  Le représentant du Brésil s’est par ailleurs dit particulièrement préoccupé par l’absence d’informations sur les moyens de renforcer la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) et les commissions régionales.    

M. ARIFUL ISLAM (Bangladesh) a salué la parution, dans les meilleurs délais, du rapport du Secrétaire général sur deux Programmes qui « sont en train de redéfinir les politiques aux niveaux régional, national et global ».  Il s’est toutefois dit préoccupé par le budget de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), notant que le rapport du Secrétaire général ne traite pas comme il se doit de la mobilisation des ressources supplémentaires pour renforcer les capacités de la CNUCED.  « Cette omission doit être corrigée », a-t-il déclaré, qualifiant de « crucial » le fait que la CNUCED reçoive des ressources supplémentaires.

Réagissant aux inquiétudes des délégations, M. DAVID NABARRO, Représentant spécial du Secrétaire général sur les objectifs de développement durable, les a assurées des efforts que l’ONU déploie pour s’organiser et apporter tout l’appui nécessaire à la mise en œuvre du Programme 2030.  « Mais je comprends que vous avez des opinions fort divergentes sur la façon dont tout ceci devrait être fait », a-t-il dit.  

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.