Soixante-dixième session,
111e séance plénière - matin   
AG/11802

L’Assemblée générale achève son débat sur la Stratégie antiterroriste mondiale et réclame un appui aux initiatives africaines de prévention des conflits

Après avoir terminé son débat sur l’examen bisannuel de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, l’Assemblée générale a adopté, ce matin, une résolution* de 13 pages pour demander à la communauté internationale d’appuyer les initiatives africaines de prévention des conflits.

Dans cette résolution sur les causes des conflits et la promotion d’une paix et d’un développement durables en Afrique, l’Assemblée générale souligne qu’il est « d’une importance fondamentale » d’envisager la prévention des conflits sous un angle régional, en particulier les questions transfrontières telles que la criminalité transnationale organisée, le trafic de drogues, les programmes de désarmement, de démobilisation, de rapatriement, de réinstallation et de réintégration, la prévention de l’exploitation illégale des ressources naturelles et du trafic de marchandises de valeur, et le commerce illicite d’armes légères et de petit calibre sous tous ses aspects, sans oublier « la menace croissante » du terrorisme.  L’Assemblée encourage donc l’ONU à collaborer avec les pays africains, l’Union africaine et les communautés économiques régionales pour appuyer le développement et la mise en œuvre de plans d’action régionaux et nationaux de lutte contre le terrorisme.

Elle demande aux organismes des Nations Unies et aux États Membres d’appuyer les mécanismes et les processus de consolidation de la paix, notamment l’Architecture africaine de paix et de sécurité, l’Architecture africaine de gouvernance, le Groupe des Sages, le Cadre d’action de l’Union africaine pour la reconstruction et le développement postconflit et le système d’alerte rapide à l’échelle du continent ainsi que le lancement des opérations de la Force africaine en attente.  Ces organismes et États sont aussi priés d’appuyer les efforts que font les pays d’Afrique pour promouvoir l’intégration politique, sociale et économique et de continuer à prêter leur concours aux pays africains touchés par l’épidémie d’Ebola.  

L’Assemblée réclame un appui continu aux mesures prises pour relever les défis liés à l’élimination de la pauvreté, à la lutte contre la faim et à la création d’emplois.  À ce propos, les gouvernements africains, dit-elle, doivent renforcer les structures et les politiques conçues pour créer un environnement propre à encourager une croissance économique qui profite à tous et à attirer les investissements étrangers directs, notamment en continuant d’instaurer un climat de transparence, de stabilité et de prévisibilité dans lequel les contrats sont honorés. 

L’Assemblée ne manque pas de se féliciter du Cadre du nouveau partenariat entre l’Union africaine et les Nations Unies pour le programme d’intégration et de développement de l’Afrique 2017-2027 et fondé sur l’Agenda 2063. 

Après l’adoption, le 1er juillet dernier, de la résolution  bisannuelle** sur la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, l’Assemblée a entendu aujourd’hui les 17 derniers intervenants sur ce combat qui « n’est pas sans peine, n’est pas sans prix, n’est pas sans tribut », selon la représentante de la Tunisie.  L’extrémisme violent est le défi le plus important du moment, a prévenu son homologue de l’Iran, en imputant la responsabilité à l’idéologie « takfiri », « qui n’a rien à voir avec l’Islam » et dont les premiers résultats sont Al-Qaida et les Taliban et les derniers, l’État islamique et le Front el-Nosra.  En la matière, le représentant a insisté sur le fait que l’utilisation de la force sans le consentement explicite des pays concernés est « une violation flagrante » des principes de souveraineté et d’intégrité territoriale.  Les normes sélectives, les doubles standards et les classifications en « bons et mauvais terroristes » pour servir des intérêts à court terme ne contribueront en rien à déraciner le terrorisme, a-t-il averti.  

Les moyens sécuritaires ne suffiront jamais, a prévenu, à son tour le représentant de l’Algérie en tirant les « précieux enseignements de l’expérience amère » de son pays.  Le terrorisme, qui exploitera toujours les faiblesses des sociétés, exige une lutte au quotidien et dans tous les domaines d’activité qu’il s’agisse du politique, de l’institutionnel, de l’économique, du culturel, du religieux, de l’éducationnel ou du social.  Tout espoir de succès doit s’appuyer sur l’implication active de toutes les institutions nationales, de toutes les parties prenantes de la société et de tous les citoyens. 

Le terrorisme ne doit être associé à aucune religion, nationalité, civilisation ou groupe ethnique, a ajouté le représentant du Maroc en arguant que l’expérience de son pays en matière de formation des prédicateurs a été partagée avec plusieurs pays amis en Afrique, dans le monde arabe et en Europe grâce à des accords bilatéraux.  Son homologue du Sri Lanka a dit l’urgence d’un cadre juridique mondial qui permettrait de combler les lacunes des conventions sectorielles actuelles sur le terrorisme.  Il a donc regretté que le travail sur une convention internationale sur la lutte contre le terrorisme international soit paralysé depuis 2007. 

Le Président de l’Assemblée générale a indiqué que l’examen du projet de résolution*** portant sur la troisième Décennie internationale pour le développement industriel de l’Afrique est reporté.   

*A/70/L.50/Rev.1

** A/70/L.55

***A/70/L.49/Rev.1.

LA STRATÉGIE ANTITERRORISTE MONDIALE DES NATIONS UNIES: RAPPORTS DU SECRÉTAIRE GÉNÉRAL (A/70/674, A/70/826 ET A/70/826/CORR.1)

Déclarations

M. TIGRAN SAMVELIAN (Arménie) a regretté que dans la dernière résolution adoptée par l’Assemblée générale, les principes du droit international soient reflétés de manière sélective, sans embrasser l’esprit et la lettre de la Charte.  L’Arménie rappelle, a-t-il dit, que le principe d’autodétermination des peuples est un principe « fondamental » de la Charte et estime en conséquence, que la résolution contient « une grave lacune ».  Le représentant a appuyé l’appel que le Secrétaire général a lancé aux autorités nationales pour qu’elles intègrent les droits de l’homme et l’état de droit à leurs politiques et pratiques antiterroristes.  Après avoir aussi appuyé l’appel de M. Ban Ki-moon pour la réforme des secteurs nationaux de la sécurité, le représentant a fait part des efforts de son pays et de la contribution de ce dernier à la coopération internationale dans la lutte contre le terrorisme.

M. NAWAF SALAM (Liban) s’est félicité de l’adoption par consensus de la résolution bisannuelle de l’Assemblée sur la Stratégie antiterroriste mondiale.  Si aucun pays n’est à l’abri du terrorisme, certains sont plus touchés que d’autres, a souligné le représentant, en rappelant les deux attentats à Qaa de la semaine dernière.  Le Liban est convaincu que la prévention est fondamentale pour éradiquer une fois pour toutes le fléau du terrorisme et se félicite donc de l’accent que la résolution place sur l’autonomisation des jeunes, l’éducation et le rôle des femmes.  Le Liban, a poursuivi le représentant, se félicite aussi de l’accent mis sur la protection du patrimoine culturel.   Ne laissons pas les terroristes exploiter la frustration des gens, a mis en garde le représentant en pointant le doigt sur le danger des conflits prolongés, de l’occupation étrangère, de la pauvreté, de la marginalisation, de la xénophobie et des politiques de « deux poids deux mesures » dans l’application du droit international.  Le représentant, qui est revenu sur les propos d’« une délégation », a aussi mis en garde contre la tentation d’assimiler le terrorisme aux autres principes reconnus par le droit international, à savoir le droit à l’autodétermination et celui de résister à l’occupation étrangère. 

M. IGOR GARLIT BAILEN (Philippines) a passé en revue les accomplissements de son gouvernement depuis le quatrième examen de la Stratégie antiterrorisme deux ans plus tôt.  Sur le premier pilier sur les conditions propices à l’extrémisme violent, un cadre de lutte contre le terrorisme a été élaboré englobant les institutions gouvernementales non traditionnelles et tous les partenaires de la société civile.  Concernant le deuxième pilier sur la prévention et la lutte contre le terrorisme, les Philippines ont depuis longtemps appuyé les efforts mondiaux de lutte contre l’extrémisme violent même avant l’adoption de la résolution 2178 (2014) du Conseil de sécurité.  Le pays continue aussi de développer sa capacité à « gagner les cœurs et les esprits », à détecter et prévenir l’extrémisme violent dans le pays.

À propos du troisième pilier sur le renforcement de capacités et le rôle des Nations Unies, le siège du Centre régional d’excellence nucléaire, radiologique, biologique et chimique a été établi à Manille en 2014, a dit le représentant qui a ajouté que s’agissant du quatrième pilier sur le respect des droits de l’homme, de l’état de droit et des droits fondamentaux dans la lutte contre le terrorisme,  les Philippines ont finalisé cette année leur Stratégie nationale contre le terrorisme.

M. ARBEN IDRIZI (Albanie) a salué la détermination au niveau mondial pour « faire marcher » la Stratégie antiterroriste mondiale de l’ONU.  « Nous sommes pour la mise en œuvre des quatre piliers de cette stratégie d’une manière équilibrée. »  Il a salué l’importance de ce cinquième processus d’examen de la Stratégie antiterroriste mondiale de l’ONU en espérant qu’il permettra d’avancer vers des sociétés qui sauront prévenir le développement des idéologies extrémistes aux niveaux local, régional et international.

M. AMRITH ROHAN PERERA (Sri Lanka) a dit que les récentes attaques terroristes en Turquie, en Arabie saoudite et Iraq démontrent l’urgence de nous mobiliser dans une action concertée et déterminée.  Le représentant s’est particulièrement inquiété du phénomène des combattants étrangers terroristes qui se comptent désormais en milliers.  Pour faire face à la nature transfrontalière et internationale du fléau du terrorisme et de l’extrémisme violent, le représentant a jugé qu’il faut intensifier les échanges d’informations.  Au-delà de la Stratégie antiterroriste mondiale, il a dit attendre un cadre juridique mondial qui permette de combler les lacunes des conventions sectorielles sur le terrorisme.  Il a donc regretté que le travail sur une convention internationale contre le terrorisme international soit paralysé depuis 2007.  

M. JAMES WAMERU (Kenya) a déclaré que son gouvernement est en train d’aligner sa stratégie contre le terrorisme et ses plans avec le Plan d’action du Secrétaire général pour la prévention de l’extrémisme violent.  Ce Plan d’action et la résolution sur la Stratégie antiterroriste mondiale appellent les États et le système de l’ONU à coopérer.  Pour réussir, a en effet insisté le représentant, la communauté internationale doit rester unie et ne jamais laisser les divergences politiques la diviser dans ses efforts contre une menace existentielle commune.  L’ONU, en particulier, l’Assemblée générale, a un rôle particulier à jouer pour faire avancer une guerre « ciblée et unie » contre le terrorisme, a estimé le représentant.

L’extrémisme violent est le défi le plus important du moment, a prévenu M. GHOLAMALI KHOSHROO (République islamique d’Iran).  L’idéologie « takfiri », qui n’a rien à voir avec l’Islam, est au cœur des troubles du moment.  La communauté internationale doit d’abord et avant tout se focaliser sur cette idéologie « vicieuse » qui cherche à distiller la haine et la colère dans le cœur et l’esprit des jeunes partout dans le monde.  Al-Qaida et les Taliban en sont les premiers « résultats » et l’État islamique et le Front el-Nosra, les derniers.  Nous aurions pu, a estimé le représentant, éviter cette situation si nous avions su mettre de côté nos intérêts politiques à court terme.  C’est la raison pour laquelle, a-t-il préconisé, il faut se focaliser sur la prévention et éliminer les conditions propices à l’extrémisme violent et au terrorisme.  Le représentant a cité le recours illégal à la force contre d’autres États, l’agression et l’occupation étrangères, et l’ingérence étrangère dans les affaires intérieures des États.  L’utilisation excessive et disproportionnée de la force militaire au nom de la lutte contre le terrorisme a créé un terrain fertile aux cycles vicieux de la violence et du terrorisme, a-t-il aussi prévenu.  

L’utilisation de la force sans le consentement explicite des pays concernés est une violation flagrante des principes de souveraineté et d’intégrité territoriale, a insisté le représentant, en s’opposant à l’idée d’assimiler la lutte légitime contre la domination et l’occupation coloniales ou étrangères au terrorisme.   Il a rejeté les accusations d’Israël, seul régime à pratiquer « le terrorisme d’État », et les listes « unilatérales » des soi-disant « parrains du terrorisme » lesquelles sont contraires au droit international et ne servent qu’à faire avancer des objectifs politiques.  La dernière décision « politique » des tribunaux américains de saisir les avoirs de la Banque centrale d’Iran est un exemple clair de la façon dont on peut mettre les réseaux bancaires et financiers au service d’allégations fausses et non fondées pour faire pression sur l’Iran.  Les normes sélectives, doubles standards et les classifications en « bons et mauvais terroristes » pour servir des intérêts à court terme ne contribueront en rien à déraciner le terrorisme, a prévenu le représentant.

Le terrorisme ne doit être associé à aucune religion, nationalité, civilisation ou groupe ethnique, a souligné d’emblée M. OMAR HILALE (Maroc).  Il s’est félicité de la résolution que l’Assemblée générale vient d’adopter voyant « un texte de compromis, où chaque délégation trouve une part de ses préoccupations ».  Le représentant a estimé que l’intérêt porté à la mise en œuvre de la Stratégie antiterroriste mondiale et des résolutions du Conseil de sécurité dont celles sur les combattants étrangers et le gel des sources de financement, implique que les Nations Unies doivent appuyer la formation des cadres dans les pays en développement et la mise à niveau de leur arsenal juridique, pénal et sécuritaire.  Le représentant s’est donc félicité des efforts déployés par le Centre des Nations Unies pour la lutte contre le terrorisme et a remercié l’Arabie saoudite pour son don de 100 millions de dollars.  Il a aussi salué les efforts de l’Équipe spéciale de lutte contre le terrorisme et de la Direction exécutive du Comité du Conseil de sécurité contre le terrorisme.  

Le représentant a ensuite fait part des efforts de son pays qui préside depuis avril dernier avec les Pays-Bas, le Forum global de lutte contre le terrorisme et, dans ce cadre, le Groupe de travail sur les combattants terroristes étrangers.  Sur le plan national, il a souligné que l’expérience marocaine en matière de formation des prédicateurs a été partagée avec plusieurs pays amis en Afrique, dans le monde arabe et en Europe grâce à des accords bilatéraux.

M. KAIRAT ABDRAKHMANOV (Kazakhstan) a rappelé qu’au plan régional, son pays met activement en œuvre le Plan d’action conjoint de 2011 pour la mise en œuvre de la Stratégie antiterroriste mondiale en Asie centrale, et qu’au plan national, le Programme contre l’extrémisme religieux et le terrorisme 2013-2017 vient d’être adopté.  Le représentant a aussi rappelé l’idée de son président de créer une coalition antiterroriste internationale menée par l’ONU, de développer un mécanisme commun sur la traque, la détention et l’extradition des auteurs d’actes de terrorisme et d’extrémisme violent et de dresser une liste unifiée des organisations terroristes.  Le représentant a également attiré l’attention sur le fait que son pays convoque, tous les trois ans, le Congrès des leaders du monde et des religions traditionnelles et que c’est à l’initiative du Kazakhstan et de la Jordanie qu’en mai dernier, le Président de l’Assemblée générale a convoqué une discussion de haut niveau sur le thème « Religions pour la paix » laquelle a fait des recommandations de fond.

M. MOH’D KAIS MUFLEH ALBATAYNEH (Jordanie) a noté que l’examen de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies coïncidait avec l’augmentation des actes terroristes notamment contre la Jordanie.  Le représentant a souligné l’importance pour les États d’élaborer leurs propres plans d’action et de mettre, comme le dit la résolution, l’accent sur le rôle des jeunes.  Le représentant a aussi souligné l’importance de la coopération entre les Nations Unies et les États Membres et la nécessité d’une meilleure coordination.

Mme NOUR ZARROUK BOUMIZA (Tunisie) a indiqué que pour faire face au défi de la lutte contre le terrorisme, la Tunisie s’est armée d’une approche globale faisant fond sur la Stratégie antiterrorisme mondiale des Nations Unies et les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  « Ce combat n’est pas sans peine, n’est pas sans prix, n’est pas sans tribut », a prévenu la représentante, en rendant hommage aux « valeureux » Tunisiens et Tunisiennes.  Le Gouvernement, a-t-elle indiqué, a veillé à l’harmonisation de sa loi organique de lutte contre le terrorisme et le blanchiment d’argent en août 2015 avec les instruments internationaux de lutte contre le terrorisme et les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  En vertu de la même loi, un pôle judiciaire contre le terrorisme a été créé ainsi qu’une Commission nationale qui a, entre autres objectifs, d’assurer le suivi des engagements internationaux. 

La représentante a aussi cité la stratégie nationale qui s’inspire de l’approche et de la méthodologie onusiennes.  Dans ce contexte, le Ministère des affaires religieuses a lancé en 2016 une campagne visant à encadrer les jeunes et à promouvoir l’Islam modéré à travers l’art, la culture et la communication.  Dans le même sens, le Ministère de l’éducation nationale a publié un livre blanc intitulé « Pour une école tunisienne équitable, hautement performante qui forme le citoyen et relève la patrie ».  La société civile et tous les acteurs pertinents sont mobilisés dans « ce combat pour le droit à la vie qui doit triompher sur la culture de la mort ».  Un ennemi commun, une stratégie commune, a poursuivi la représentante, en estimant que c’est le maillon faible car nous n’arrivons pas encore à répondre collectivement aux attentes et aux besoins qu’impose cette menace commune.  La représentante s’est donc félicitée de la dernière résolution sur la Stratégie antiterroriste mondiale. 

M. MOHAMED RABI A. YUSUF (Somalie) a expliqué que son pays a développé avec l’aide de l’Union européenne une stratégie nationale et son plan d’action pour la prévention et la lutte contre l’extrémisme violent.  Cette stratégie est l’élément « essentiel et complémentaire » des efforts du Gouvernement de s’attaquer à ces menaces à la sécurité nationale dans le cadre de la bonne gouvernance, des droits de l’homme et de l’état de droit. 

M. NABEEL MUNIR (Pakistan) a dit que la seule façon de triompher du terrorisme est de renforcer la coopération internationale et, en la matière, les Nations Unies demeurent le meilleur véhicule.  Très peu de pays, s’est enorgueilli le représentant, peuvent targuer d’avoir déployé les mêmes efforts que le Pakistan contre le terrorisme.  Très peu de pays peuvent se targuer d’avoir consenti aux mêmes sacrifices, a-t-il ajouté.  Il a, entre autres, attiré l’attention sur les succès de l’opération « Zarb-e-Azab », la plus grande opération nationale contre le terrorisme.  Le Pakistan continuera à faire tout ce qui est en son pouvoir mais dans beaucoup de domaines, comme le contre-terrorisme ou la prévention de l’extrémisme violent, le succès dépend de la coopération bilatérale et multilatérale, a prévenu le représentant.

M. TALAL RASHID S. A. AL-HAJRI (Qatar) a estimé que la Stratégie antiterroriste des Nations Unies est un instrument idoine pour combattre le terrorisme à tous les niveaux lequel ne saurait être associé à une religion spécifique.  Dans la lutte contre le terrorisme, a dit, à son tour, le représentant, il faut respecter les droits de l’homme et surtout répondre aux aspirations des jeunes.  Après avoir rappelé que le Qatar a mis en place des mécanismes nationaux alignés avec les instruments internationaux, le représentant a appelé à une solution pacifique de la situation en Syrie.

Après avoir rappelé que le groupe terroriste Boko Haram vient de frapper dans le nord du pays à Jakana en tuant 11 enfants et blessant 4 autres, le 29 juin dernier, M. MICHEL TOMMO MONTHE (Cameroun) a dit que les efforts des Forces armées du Cameroun soutenus par la population locale et des forces multinationales ont permis de repousser et de chasser les assaillants.  Des comités d’autodéfense locaux ont été créés dans la foulée, tous les efforts étant ancrés dans les droits de l’homme et le droit international.  Le Plan d’urgence du Cameroun comprend aussi des projets de développement dans la région pour éviter que la pauvreté ne serve à catalyser les conflits.  Dans le même temps, les dirigeants religieux organisent des prêches sur la paix, l’équité, la tolérance, la charité et la modération qui sont des valeurs véhiculées par l’Islam.  Le représentant a exhorté la communauté internationale en général et le Conseil de sécurité en particulier à lutter contre Boko Haram et les mouvements terroristes qui abusent de l’Islam.  

M. MOHAMMED BESSEDIK (Algérie) s’est félicité de la résolution sur la Stratégie antiterroriste mondiale et a prévenu que toute approche sélective des principes et objectifs de la Charte des Nations Unies est tout simplement « inacceptable ».  De telles approches sont « contre-productives » car la communauté internationale ne saurait s’affranchir de sa responsabilité vis-à-vis du droit à l’autodétermination de tous les peuples vivant sous occupation ou domination étrangère.  Saluant les dispositions de la résolution en la matière, le représentant a aussi voulu que la lutte contre l’extrémisme violent et le terrorisme s’accompagne du rejet de la xénophobie et de l’islamophobie, « les nouveaux visages émergents de l’extrémisme violent ».  L’Algérie, a confié le représentant, a tiré des enseignements précieux de son expérience amère dans la lutte contre l’extrémisme violent, le terrorisme et ses racines.  Elle a appris que les moyens sécuritaires ne suffiront jamais parce que le terrorisme exploitera toujours les faiblesses des sociétés. 

La lutte doit se mener au quotidien et dans tous les domaines d’activité qu’il s’agisse du politique, de l’institutionnel, de l’économique, du culturel, du religieux, de l’éducationnel ou du social.  Tout espoir de succès doit s’appuyer sur l’implication active de toutes les institutions nationales, de toutes les parties prenantes de la société et de tous les citoyens.  Ce point de vue est concrétisé dans le Plan national pour la déradicalisation et la prévention de l’extrémisme violent, a affirmé le représentant, qui a aussi insisté sur l’importance d’une coopération bilatérale, régionale et internationale soutenue.  Sur le plan régional par exemple, l’Algérie a accueilli les 27 et 28 avril une réunion consultative sur le lancement de l’Organisation africaine de coopération policière (AFRIPOL).  Sur le plan international, l’Algérie fait partie du Forum global de lutte contre le terrorisme.  Dans ce cadre, elle copréside avec le Canada le Groupe de travail sur le renforcement des capacités au Sahel.    

Après avoir donné l’aperçu des efforts de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) s’agissant de la sensibilisation, du renforcement des capacités, du contrôle aux frontières, de l’utilisation du mécanisme lié aux informations sur les passagers (API), du recours à la base de données d’Interpol, Mme ANNA-KATHARINA DEININGER, Représentante spéciale de la présidence en exercice sur la jeunesse et la sécurité, a fait trois recommandations pour améliorer la coopération entre l’ONU et les organisations régionales.  Les entités de l’ONU, coordonnées par l’Équipe spéciale de lutte contre le terrorisme (CTITF), devraient impliquer les organisations régionales telles que l’OSCE dès le processus de planification.  L’OSCE a par exemple des gestionnaires de programmes spécialistes de tous les aspects de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, ce qui permet des efforts conjoints plus soutenus et plus efficaces.  La représentante a ensuite estimé qu’il faut un mécanisme de financement commun aux structures organisationnelles.  Dans les deux années à venir, a-t-elle conclu, notre but doit être de gagner en confiance et en efficacité pour transformer « les propos positifs » exprimés aujourd’hui en action durable.  Cela nous permettra de libérer les ressources humaines nécessaires aux pays qui sont bien souvent les bénéficiaires des ateliers, des formations et autres, au risque d’échouer à mettre sur un pied d’égalité les objectifs de développement et l’action antiterroriste. 

          

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