Soixante-dixième session,
91e séance plénière - matin
AG/11772

Avec 1,25 million de morts par an sur les routes, l’Assemblée générale approuve la création d’un Fonds pour la sécurité routière

Face à cette « hécatombe silencieuse », l’Envoyé spécial du Secrétaire général Jean Todt appelle à défendre un « droit à la vie »

L’Assemblée générale a adopté sans vote, ce matin, une résolution consacrée à l’amélioration de la sécurité routière mondiale*, par laquelle elle prie le Secrétaire général « d’envisager de créer, au moyen de contributions volontaires, un fonds d’affectation spéciale pour la sécurité routière ».

Un tel fonds doit permettre de mettre en œuvre le Plan mondial pour la Décennie d’action pour la sécurité routière 2011-2020 et d’atteindre les objectifs relatifs à la sécurité routière contenus dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Pour l’Assemblée générale, il importe en effet de réaliser l’objectif 3.6 du Programme, à savoir diminuer de moitié à l’échelle mondiale, d’ici à 2020, le nombre de décès et de blessures dus à des accidents de la route, et l’objectif 11.2, à savoir assurer, d’ici à 2030, l’accès de tous à des systèmes de transport sûrs, accessibles et viables, à un coût abordable, en améliorant la sécurité routière, notamment en développant les transports publics.

Par ce texte, l’Assemblée approuve également la Déclaration de Brasilia adoptée à la deuxième Conférence mondiale de haut niveau sur la sécurité routière, tenue à Brasilia les 18 et 19 novembre 2015.

L’Envoyé spécial du Secrétaire général pour la sécurité routière, M. Jean Todt, qui s’est exprimé devant l’Assemblée, a indiqué que la création effective et le financement du Fonds des Nations Unies pour la sécurité routière étaient parmi les priorités de sa mission.

Président de la Fédération internationale de l’automobile (FIA), nommé il y a tout juste un an, M. Todt a parlé d’une « hécatombe silencieuse » à propos de la cause pour laquelle il se bat, c’est-à-dire la lutte contre l’insécurité routière ou, « pour parler en diplomate », la lutte en faveur de la sécurité routière.

Comment accepter que les sommes allouées pour combattre ce fléau mondial, quelques dizaines de millions de dollars, « soient aussi parcimonieuses, aussi réduites, presque ridicules », s’est-il indigné.

Il a rappelé des chiffres « terrifiants »: 12 personnes, dont 2 enfants, seront tuées sur les routes toutes les cinq minutes et 480 personnes seront blessées plus ou moins gravement.

Tous les 10 ans, a insisté l’Envoyé spécial, il y a 13 millions de morts sur les routes, près de deux millions d’enfants tués, et un demi-milliard de blessés.  « Pourquoi ce fatalisme dont nous sommes tous responsables? »

Selon M. Todt, la sécurité routière est également un problème de solidarité et de développement, « problème que l’urbanisation et la motorisation, dont il sera question à Quito, lors de la Conférence Habitat III, ne feront qu’aggraver si nous n’agissons pas ».

Il s’est dit frappé par les inégalités entres les pays.  Les pays les moins avancés (PMA) et à revenu intermédiaire, avec 82% de la population du globe et 54% de véhicules immatriculés, connaissent 90% des morts par accidents de la route, alors que les pays à revenu élevé, avec 18% de la population et 46% des véhicules, comptent 10% des décès.

De plus, le coût des accidents de la route et leurs conséquences est estimé à environ 500 milliards de dollars chaque année.

Ensuite, M. Todt s’est étonné que l’on continue de construire dans un certain nombre de pays des véhicules qui ne respectent pas les normes fondamentales de sécurité.  Et le plus inquiétant, a-t-il ajouté, c’est que ces véhicules sont construits dans les mêmes usines que ceux qui sont destinés à l’exportation.  Il a terminé en insistant sur l’importance de l’éducation à la sécurité routière. 

C’est bien du droit à la vie qu’il s’agit en dernière instance, a-t-il conclu.

Une dizaine de délégations ont pris la parole avant l’adoption du projet de résolution présenté par la Fédération de Russie.  En bref, elles ont reconnu qu’avec 1,25 million de morts par an dans le monde, les coûts économiques et humains des accidents de la route restaient édifiants, avant de faire part des progrès réalisés dans leur propre pays.

En 2015 en Europe, où le taux de décès sur la route est le plus bas du monde, 26 000 personnes ont encore été tuées, a déploré le délégué de l’Union européenne.  Les accidents de la circulation sont la cause principale de décès chez les enfants et les jeunes âgés de 15 à 29 ans.  En Europe, a-t-il expliqué, l’accent est mis sur la réduction des accidents sur les routes rurales et sur une meilleure protection des cyclistes, motocyclistes, enfants et piétons, et la législation relative au permis de conduire a été améliorée.

« Ne laisser personne de côté signifie pour la France une action déterminée pour sauver 2 000 vies de plus sur les routes », a assuré le représentant de ce pays qui a mis en œuvre un plan d’urgence.  Cela signifie également s’attaquer à ce fléau dans les régions où les accidents de la route représentent un poids disproportionné.

À son tour, la représentante des États-Unis a insisté sur les dangers du téléphone portable au volant.

Quant à la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR), elle a reconnu dès 1998 que la sécurité routière était « une crise humanitaire ».  Elle a entrepris depuis lors diverses actions pour améliorer la situation, notamment dans les pays où les besoins sont les plus grands.

Par ailleurs, l’Assemblée générale a adopté sans vote une résolution** qui décide des modalités de l’Examen approfondi de haut niveau à mi-parcours de la mise en œuvre du Programme d’action d’Istanbul en faveur des pays les moins avancés pour la décennie 2011-2020.

Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, la représentante de la Thaïlande a jugé crucial que l’Examen à mi-parcours, qui se tiendra à Antalya, en Turquie, du 27 au 29 mai prochain, soit « extrêmement complet ».  Elle a souhaité la participation de toutes les parties prenantes pour nouer des partenariats dans l’intérêt des PMA.

Auparavant, l’Assemblée avait élu cinq membres issus du Groupe des États d’Afrique à la Commission des Nations Unies pour le droit commercial international, pour un mandat de six ans, à compter du 27 juin 2016: le Kenya, le Lesotho, la Libye, le Nigéria et l’Ouganda.

L’Assemblée a indiqué que les deux sièges qui restent vacants à la Commission, l’un pour le Groupe des États d’Afrique, et l’autre pour le Groupe d’Asie/Pacifique, seraient pourvus à une date ultérieure.    

* A/70/L.44

** A/70/L.45

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