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« Mettons en place un régime sur le climat qui énonce clairement les règles du jeu et que tous les pays s’engagent à suivre », insiste Ban Ki-moon

« Une telle conjoncture politique ne se présentera peut-être plus », prévient-il

Vous trouverez ci-après le texte intégral de l’allocution du Secrétaire général au Sommet de la COP21 à Paris, le 30 novembre 2015 :

Vous êtes ici aujourd’hui pour écrire le scénario d’un avenir nouveau.  Un avenir d’espoir, offrant plus de perspectives, plus de prospérité, plus de sécurité et plus de dignité à tous les habitants de la planète.

En septembre, vous avez adopté un nouveau programme mobilisateur, avec des objectifs ambitieux pour tous, le programme de développement durable.  Vous avez montré votre détermination à agir pour le bien commun.  L’heure est venue d’en faire à nouveau la preuve. 

Plus de 150 dirigeants de la planète se sont réunis à Paris, et sont ici tous ensemble dans la même salle, avec un seul et même objectif.  Une telle conjoncture politique ne se présentera peut-être plus.  Jamais nous n’avons été ainsi mis à l’épreuve.  Mais jamais non plus ne se sont ouvertes tant de perspectives.

Il est en votre pouvoir d’assurer le bien-être de cette génération et de celles à venir.  Je vous engage à inviter vos négociateurs à choisir la voie du compromis et du consensus.  Il est dans l’intérêt de chacun des pays représentés à cette conférence de prendre des mesures audacieuses face aux changements climatiques.  Le temps n’est plus à la stratégie de la corde raide.  Mettons en place un régime sur le climat qui énonce clairement les règles du jeu et que tous les pays s’engagent à suivre.

Paris doit marquer un véritable tournant.  Nous devons faire savoir à la planète que nous nous dirigeons vers un avenir sobre en carbone, que nous serons résilients face aux changements climatiques et que nous ne ferons pas demi-tour.  Les plans nationaux sur le climat présentés par plus de 180 pays couvrent près de 100 pour cent des émissions à l’échelle mondiale.

Ceci est un bon début.  Mais il va falloir aller beaucoup plus loin et beaucoup plus vite, si nous voulons maintenir la hausse des températures sous la barre des 2 degrés Celsius.

Les données scientifiques sont claires.  Même une hausse de 2 degrés aurait des conséquences graves sur la sécurité alimentaire et hydrique, la stabilité économique et la paix internationale.  C’est pourquoi nous devons, ici à Paris, conclure un accord universel et cohérent.

Il y a pour moi quatre critères de succès.  Premièrement, l’accord doit être durable.  Il doit envoyer un message clair aux marchés, leur faire comprendre que le passage à une économie mondiale peu polluante est inévitable et bénéfique, et qu’il est déjà en cours.  Il doit proposer un projet à long terme qui soit sous-tendu par la cible de moins de 2 degrés Celsius et qui reconnaisse l’impératif d’un renforcement de la résilience.  La marge de manœuvre des petits États insulaires en développement est encore plus étroite, c’est pourquoi ils conjurent le reste du monde de contenir la hausse de la température à 1,5 degré.

Deuxièmement, l’accord doit être dynamique.  Il doit pouvoir s’adapter aux changements qui se produisent dans l’économie mondiale, sans qu’il soit nécessaire de le renégocier continuellement.  Il est possible, et souhaitable, que les nombreuses dispositions de l’accord soient traitées de manière différente en fonction des situations, sans que l’action collective en pâtisse.  L’accord doit préserver l’équilibre entre le rôle moteur des pays développés et les responsabilités croissantes des pays en développement, qui varient selon leurs moyens et leur niveau de développement.

Le troisième critère de succès est un accord qui incarne notre solidarité envers les démunis et les plus vulnérables.  Les pays en développement doivent pouvoir compter sur une aide suffisante pour financer les mesures d’adaptation et d’atténuation des effets des changements climatiques.

Quatrièmement, l’accord doit être crédible.  Nos objectifs actuels doivent représenter le minimum, et non le maximum de ce que nous ferons demain.  Il est essentiel que des cycles quinquennaux soient mis en place d’ici à 2020.  Tous les pays devraient accepter des cibles quantifiées de réduction des émissions touchant l’ensemble de l’économie et tenter de s’en rapprocher, une certaine latitude étant permise aux pays en développement ayant peu de moyens.  Les pays développés doivent honorer l’engagement qu’ils ont pris de mobiliser 100 milliards de dollars par an d’ici à 2020.  Ce montant devrait être le niveau plancher des engagements qui seront pris après-2020.

Le nouvel accord doit aussi comprendre un cadre unique et transparent permettant de mesurer, de suivre et de rapporter les progrès accomplis.  Les pays qui ont peu de moyens devraient par ailleurs bénéficier d’un soutien et d’une plus grande marge de manœuvre pour pouvoir satisfaire aux critères du nouveau système.  L’heure est décisive pour l’avenir de nos pays, de nos peuples et de notre maison commune.  Vous ne pouvez plus attendre.

Soyons clairs: le sort de l’accord de Paris est entre vos mains.  Nous ne pouvons nous permettre d’être indécis, via des demi-mesures ou de simples approches graduelles.  Ce dont nous avons besoin, c’est d’une transformation.  La transition est en marche.  Des investisseurs éclairés et des compagnies innovantes font tout leur possible pour créer une économie respectueuse du climat.  Mais ils ont besoin de votre aide pour accélérer ce mouvement indispensable.

Les peuples du monde se mobilisent également.  Ils ont marché en masse dans les villes et villages du monde pour faire changer les choses.  J’ai rencontré plusieurs groupes clefs de la société civile hier et il est clair pour moi qu’ils sont venus à Paris plein d’énergie et d’émotions – et qu’ils attendent de chacun d’entre vous que vous fassiez montre d’un leadership à la hauteur de l’enjeu.

Entendez l’appel de l’Histoire et, je vous en conjure, répondez-y avec courage et clairvoyance.

 

 

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