Quarante-huitième session,
7e séance – matin
POP/1040

La commission de la population et du développement débat des conditions de vie des personnes déplacées et des travailleurs migrants

La Commission de la population et du développement s’est penchée aujourd’hui, au quatrième jour des travaux de sa quarante-huitième session, sur les moyens d’améliorer les conditions de vie des personnes déplacées en raison des conflits qui sévissent notamment en Syrie et dans le nord-est du Nigéria.

Les représentants de certaines entités onusiennes en ont profité pour demander que la question des personnes déplacées, mais aussi celle des travailleurs migrants, soient davantage prises en compte dans le programme de développement pour l’après-2015, qui doit être adopté en septembre prochain à New York.

La déléguée de la Jordanie a ainsi insisté sur le poids que représente pour son pays, dont 20% des habitants sont des étrangers, la présence de 1,4 million de réfugiés syriens.  « Les programmes et politiques sociaux de la Jordanie sont aujourd’hui en berne du fait de cet afflux de réfugiés depuis quatre ans », a-t-elle affirmé.

Elle a en conséquence lancé un appel afin que la communauté internationale apporte un appui aux efforts consentis par la Jordanie.  « Bien que nous ne puissions abandonner notre devoir en vertu du droit international humanitaire, nous ne devons pas oublier que nous avons des obligations vis-à-vis de notre propre population », a-t-elle dit.

De l’aveu de son représentant, le Cameroun connaît des défis similaires avec la présence sur son sol de 100 341 réfugiés en raison des crises à répétition que connaissent certains pays voisins et des exactions de la secte terroriste Boko Haram.  « Cette situation a créé des pressions sur les infrastructures existantes et est source de nombreux conflits », a-t-il dit.  

La question des réfugiés a également été au cœur de l’intervention de l’observateur de l’État de Palestine qui s’est étonné que le droit au retour soit dénié aux réfugiés palestiniens souhaitant revenir en Israël alors qu’il est en revanche reconnu aux Israéliens s’implantant en Palestine.  Le représentant de la République arabe syrienne, qui a exercé son droit de réponse, a affirmé que les réfugiés palestiniens du camp de Yarmouk en Syrie devaient leur malheur aux agissements d’Israël.

La représentante de ce dernier pays leur a répondu qu’Israël était le seul pays de la région qui offrait des possibilités d’épanouissement à toute sa population sans discrimination aucune, ce qui n’est pas le cas de la République arabe syrienne.  Elle a aussi déploré le fait que les populations chrétiennes avaient fui la localité palestinienne de Bethléem en raison des abus du Hamas.

De son côté, le représentant de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) a fait part de sa crainte que les personnes déplacées, qui sont plus de 50 millions dans le monde aujourd’hui –10% sont des réfugiés palestiniens– soient les oubliées du processus intergouvernemental relatif au programme de développement pour l’après-2015.

« Jusqu’à présent, aucun objectif, cible ou indicateur, prenant en compte les besoins spécifiques des personnes déplacées, n’a été abordé lors des discussions », a-t-il déploré.  Un point de vue partagé par la déléguée de la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale (CESAO) qui a regretté certaines lacunes dans les objectifs de développement durable, lesquels, a-t-elle poursuivi, devraient refléter les réalités des pays arabes et notamment le grand nombre de réfugiés qui y vivent.

Le délégué de l’Organisation internationale du Travail (OIT) a, pour sa part, appelé à l’amélioration des conditions de travail des 200 millions de travailleurs migrants du monde.  « L’extension d’une protection sociale à tous les membres de la société aurait un effet multiplicateur sur la croissance des produits intérieurs bruts des pays, tout en promouvant la croissance mondiale. »

Notant à ce sujet que les migrations illégales conduisaient parfois à des tensions dans les pays d’accueil, le représentant de l’Arabie saoudite a affirmé que dans son pays les travailleurs immigrés avaient des contrats de travail dont les termes étaient favorables au respect de leurs droits. 

Enfin, certaines délégations ont souhaité élargir la portée du débat général de la Commission en proposant une vision plus globale des efforts de développement.  « Le programme de développement pour l’après-2015 doit refléter la pluralité des stratégies de développement et non pas une seule », a ainsi déclaré le délégué du Venezuela, alors que son homologue saoudien a souhaité que ce programme soit respectueux de la diversité culturelle du monde.

L’observateur du Saint-Siège a, pour sa part, affirmé que les sociétés stables n’étaient pas celles construites sur l’individualisme.  Il a en conséquence appelé « à promouvoir une culture de la solidarité qui permet de ne pas regarder l’autre comme un rival, mais comme un frère ou une sœur ».

La Commission poursuivra son débat général demain, 17 avril, à 10 heures, en salle 4.

DÉBAT GÉNÉRAL CONSACRÉ À L’EXPÉRIENCE DES PAYS DANS LE DOMAINE DE LA POPULATION SUR LE THÈME “RÉALISER L’AVENIR QUE NOUS VOULONS: PRENDRE EN COMPTE LES QUESTIONS DE POPULATION DANS LE DÉVELOPPEMENT DURABLE, Y COMPRIS DANS LE PROGRAMME DE DÉVELOPPEMENT POUR L’APRÈS-2015"

Déclarations

Mme REIKO HAYASHI (Japon) a relevé que les Japonais âgés de plus de 65 ans représentaient 26,3% de la population totale du pays, soit le taux le plus élevé dans le monde.  Elle a aussi expliqué que le vieillissement de la population japonaise s’est fait de manière rapide, notant qu’en 1974, au moment de la Première Conférence internationale sur la population et le développement à Bucarest, en Roumanie, la proportion des personnes âgées n’était que de 7,7% dans son pays. Elle a indiqué qu’à cette époque-là, le Japon pratiquait une politique de réduction des naissances de manière à baisser le taux de fertilité à un niveau inférieur au taux de  remplacement.  Mais avec le vieillissement rapide de la population, le taux de fertilité au Japon a atteint un niveau tellement faible qu’il met en péril l’existence même du pays.

La représentante a par ailleurs noté que l’espérance de vie et l’espérance de vie en bonne santé au Japon étaient les plus élevées du monde, se félicitant que la couverture médicale universelle soit appliquée dans son pays depuis 1961.  Elle a indiqué que dans le but de promouvoir une « vieillesse active », le Japon était sur le point d’introduire le système « mon numéro », afin de gérer plus efficacement la sécurité sociale et un système de prise en charge communautaire intégrée, précisant que l’innovation sera un aspect important de la prise en charge médicale sur le long terme, par le biais de l’utilisation des technologies de l’information, y compris la robotique. 

La représentante a indiqué que pour lutter contre la baisse du taux de fertilité au Japon, les autorités japonaises entendaient agir, non pas en identifiant un taux de fertilité particulier à atteindre, mais en créant un environnement propice aux  couples qui veulent procréer de le faire.  C’est ainsi, a-t-elle précisé, que les congés de maternité et parentaux sont garantis, les services de garderies étendus, et des subventions octroyées; ces mesures ont permis de voir le taux de fécondation assistée se hisser à 3,7% du total des naissances en 2012. Mme. Hayashi a par ailleurs évoqué les mesures prises pour la promotion de l’immigration des étrangers dotés de hautes qualifications professionnelles, afin de renforcer la croissance économique et la création d’emplois.  Elle a affirmé en conclusion  qu’alors que le monde connaît des changements démographiques rapides et que des investissements sont nécessaires en faveur de la jeunesse, il serait opportun d’investir en faveur de la couverture médicale universelle.

M. DJAMEL MOKTEFI (Algérie) a souligné les efforts qui restent à faire pour réaliser les objectifs de développement, notamment l’éradication de la pauvreté, qui est un objectif central du programme de développement pour l’après-2015.  Puis, il a détaillé les initiatives prises par son pays pour mettre en œuvre le Programme d’action, notamment l’adoption de mesures garantissant l’égalité devant la loi.  Le principe de discriminations positives a également été consacré pour garantir l’égalité réelle des chances et de traitement entre personnes handicapées et les autres personnes, a-t-il dit.

Le délégué a indiqué que les femmes représentaient 32% des parlementaires algériens, ce qui consacre la place des femmes dans les efforts nationaux de développement, avant de mentionner les efforts consentis pour garantir l’éducation pour tous.  Enfin, il a plaidé pour une approche de développement globale liant la promotion des femmes, la protection des familles, la meilleure prise en charge des migrations et l’environnement.

M. LARBI TABIT (Maroc) a rappelé qu’une nouvelle Constitution avait été adoptée en 2011 dans son pays, de même que des mesures législatives visant à améliorer la gouvernance et la promotion des droits.  Un fonds au bénéfice des femmes pauvres et des enfants a notamment été mis en place, a-t-il poursuivi, avant d’indiquer que le Maroc s’était doté d’un programme de scolarisation gratuite jusqu’à l’âge de 11 ans.

En ce qui concerne la santé génésique, le délégué a affirmé que de conséquents progrès ont été réalisés, avec notamment la réduction de 60% de la mortalité infantile.  Enfin, M. Tabit a rappelé l’engagement de son pays en faveur de la mise en œuvre des programmes internationaux de développement.

Mme LILIAM FONDEUR, Vice-Ministre de la République dominicaine, a relevé qu’au cours des deux dernières décennies, son pays avait connu une croissance économique soutenue, même si 36% de la population nationale vivait toujours dans la pauvreté.  Elle a ainsi indiqué que le défi, pour les autorités nationales, était de faire que la société soit plus égalitaire, et de pouvoir trouver des solutions au chômage et à l’emploi précaire qui « portent atteinte à la dignité humaine ». 

Elle a en outre déploré le fait que dans le pays, une adolescente sur 5 est enceinte ou mère.  « C’est un vecteur de perpétuation de la pauvreté », a—t-elle estimé.  Pour résoudre ce fléau, le Gouvernement de la République dominicaine a dépénalisé les avortements thérapeutiques, et des services d’éducation sexuelle et de santé génésiques ont été rendus universels.   

Mme SAWSAN MAJALI, Directrice du Haut-Conseil de la population de la Jordanie, a souligné que les programmes et politiques sociaux de la Jordanie étaient aujourd’hui en berne du fait de l’afflux de réfugiés, notamment, depuis quatre ans, les ressortissants syriens, fuyant le conflit dans leur pays.  Elle a précisé qu’en fin du mois de mars 2015, ces réfugiés syriens étaient estimés à 1,4 million, et que leur présence avait un impact réel sur la structure même de la population jordanienne puisque 20% des habitants de la Jordanie sont des étrangers. 

Mme Majali a lancé un appel afin que la communauté internationale apporte un appui aux efforts consentis par le pays.  « Bien que nous ne puissions abandonner notre devoir en vertu du droit international humanitaire, nous ne devons pas oublier que nous avons des obligations vis-à-vis de notre propre population », a—t-elle dit.

Mme PHONEVANH OUTHAVONG (République démocratique populaire lao) a indiqué que son pays connaissait une situation démographique favorable avec une forte proportion de jeunes.  Elle a souligné la nécessité d’investir dans le bien-être des jeunes, leur éducation, y compris sexuelle, afin de les aider à devenir maîtres de leur vie.  Elle a ensuite affirmé qu’une politique spécifique en faveur des pauvres avait été mise en place dans son pays pour fournir des soins de santé gratuits.

Davantage d’efforts sont néanmoins nécessaires, notamment en ce qui concerne la planification familiale, a-t-elle dit.  Elle a insisté sur l’engagement de son pays en faveur de la pleine mise en œuvre du Programme d’action et demandé que les questions de développement soient intégrées dans le programme de développement pour l’après-2015.

Mme JULIE SOSO AKEKE (Papouasie-Nouvelle-Guinée) a détaillé les efforts de son pays dans les domaines du développement et de la population.  « Pour que personne ne soit laissé sur le bord de la route, la gestion de la population est cruciale », a-t-elle dit, avant de prôner une approche de développement axée sur la personne tout en étant respectueuse de l’environnement. 

La déléguée a indiqué que son pays avait identifié des objectifs prioritaires transversaux de développement, en cohérence avec les objectifs de développement durables proposés.  Puis, elle a mentionné les défis qui subsistent dans son pays, notamment le niveau inacceptable des violences sexistes et les grossesses des adolescentes.  Enfin, la déléguée a fait état du lancement d’un système électronique d’identification, lequel permettra de mieux cibler les politiques sociales.

M. SALEM AUCHEME (Bénin) a détaillé les progrès réalisés par son pays dont la gratuité de l’enseignement primaire, la mise en place d’un régime d’assurance maladie universelle et l’adoption d’une politique nationale de la jeunesse.  À la lumière des défis démographiques mondiaux, il a demandé qu’un lien clair entre les droits humains et la réalisation des objectifs de développement durables, y compris les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) inachevés, en particulier celui relatif à la santé maternelle soit établi.

« Un élément important des actions en faveur de la concrétisation des objectifs de développement durable sera le renforcement des capacités en matière de connaissance et de données, notamment l’intégration de la dynamique de la population dans les cadres de planification. »  Enfin, il a apporté le soutien de son pays à l’intégration des questions de population dans le programme de développement pour l’après-2015. 

M. KEUMAYE IGNEGONGBA, Vice-Secrétaire général du Ministère de la planification, de l’économie et de la coopération internationale du Tchad, a indiqué qu’après une décennie de mise en œuvre de deux stratégies nationales de réduction de la pauvreté avec des résultats très mitigés, son pays s’était doté d’un plan national de développement 2013-2015 et d’un programme national de sécurité alimentaire qui visent un développement porté par des sources de croissance diversifiées et durables. 

Il a ensuite salué l’amélioration de certains indicateurs sociaux tels que le taux de scolarisation au primaire qui avoisine les 100%, et la mortalité infantile tout comme la mortalité maternelle qui ont baissé.  Il a en outre affirmé qu’une ordonnance datant de cette année interdisait désormais le mariage avant l’âge de 18 ans.  Le Code pénal a été aussi révisé pour prendre en compte la pénalisation des auteurs des mutilations génitales féminines.  Il s’est aussi félicité du fait que le quota des femmes à l’Assemblée nationale eût été désormais fixé à 30%, soulignant en outre que plus de 50% de la population tchadienne avait moins de 15 ans.

M. ABDOULIE BAH, Vice-Secrétaire permanent du Bureau du Vice-Président de la Gambie, s’est félicité des indicateurs sociaux qui s’améliorent dans le pays, notamment la mortalité infantile et la mortalité maternelle qui ont décliné.  Il a aussi salué les efforts consentis par la Gambie pour améliorer l’autonomisation de la femme, précisant que de nombreuses hautes fonctions étaient désormais occupées par des femmes.  Malgré ces progrès, il reste beaucoup à faire, a-t-il reconnu, invitant la communauté internationale à accompagner les efforts de développement du pays.

M. KASSOUM BIKIENGA (Burkina Faso) a mentionné les avancées remarquables enregistrées dans son pays, dont la réalisation d’une croissance économique de 6% en moyenne par an depuis 2000, la réduction de la mortalité maternelle de 24% et un taux brut de scolarisation passé de 33,8% à 83% entre 1994 et 2014.  « Il reste encore beaucoup à faire surtout dans le domaine de la population et du développement », a-t-il concédé, avant d’appuyer la prise en compte des objectifs du Programme d’action au-delà de 2014 dans l’agenda de développement pour l’après-2015.

Dans ce cadre, M. Bikienga a souhaité que l’accent soit mis sur l’éradication de la pauvreté, la consolidation des droits de l’homme et de la femme et la prise en compte de la question du dividende démographique à travers l’investissement dans le bien-être des adolescents et des jeunes.  Enfin, il a encouragé la mise en œuvre de recommandations conformément aux lois nationales et aux priorités de développement, tout en tenant compte des valeurs religieuses, culturelles et éthiques de chaque peuple.

M. PETER THOMSON (Fiji) a souligné que le Programme d’action avait résisté à l’épreuve du temps et que ses objectifs devaient être intégrés dans le programme de développement pour l’après-2015.  Puis, il a souligné l’intensité des catastrophes naturelles qui frappent son pays, rappelant que des années d’un développement patient pouvaient être ruinées en une seule journée.

M. Thomson a indiqué que la Constitution de son pays consacrait certains droits, notamment ceux relatifs à l’accès à la santé et à l’éducation, dont la réalisation incombe à l’état.  Il a relevé que les femmes représentaient 14% des parlementaires de son pays, ce qui est le taux le plus important parmi les îles du Pacifique.  En conclusion, il a rappelé l’engagement de son pays en faveur de la pleine mise en œuvre du Programme d’action et demandé l’allocation de davantage de ressources pour la réalisation dudit Programme.

Mme NOELISOA RAHAINGOARIMANANA, Directrice de Plan au Ministère de l’économie et de la planification de Madagascar, a souligné que le nouveau plan de développement de son pays plaçait l’homme au centre des enjeux.  Elle a précisé que la dimension « jeunes » dans ce plan avait permis d’établir des priorités pour assurer l’essor de cette partie de la population.  Elle a émis le vœu que les efforts de développement de Madagascar allaient être soutenus par la communauté internationale.

M. MICHEL TOMMO MONTHE (Cameroun) a relevé qu’en droite ligne avec le Programme d’action du Caire, le Cameroun avait mené des actions dans les domaines de la santé, de l’éducation, de l’autonomisation des femmes, entre autres; des actions qui ont permis, a-t-il noté, de réduire les disparités entre les sexes, d’accroître le taux de scolarisation et renforcer l’autonomisation des femmes.  Le représentant a noté que conscient du fait que la croissance économique n’avait pas été suffisamment inclusive ni créatrice d’emplois, le Cameroun s’était doté d’une vision de développement à l’horizon 2035 et du Document de stratégie pour la croissance et l’emploi, avec pour buts de transformer l’économie afin qu’elle puisse soutenir la création d’emplois pour les femmes et les hommes de toutes les générations, l’élimination de l’insécurité alimentaire et l’atteinte des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD). 

Le représentant a ensuite estimé que les crises à répétition dans certains pays voisins, ainsi que les exactions de la secte terroriste Boko Haram avaient contribué à l’accroissement du nombre de réfugiés et de déplacés internes au Cameroun, avec à ce jour plus de 100 341 réfugiés vivant dans le pays.  Cette situation a créé des pressions sur les infrastructures existantes et est source de nombreux conflits.  Il a conclu en affirmant qu’il est crucial pour le Cameroun de porter davantage l’accent sur l’investissement dans le capital humain.

M. DINH HUY DUONG (Viet Nam) a indiqué que son pays avait enregistré des progrès tangibles dans la mise en œuvre du Programme d’action et des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  Les OMD 4 et 5 seront atteints par le Viet Nam à la fin de cette année, a-t-il dit.  Puis, le délégué a mis l’accent sur l’universalité du programme de développement pour l’après-2015 et ce, afin que personne ne soit laissé sur le bord de la route.

Le représentant a souligné l’importance de promouvoir les droits génésiques pour réaliser le développement durable.  Enfin, le délégué du Viet Nam a rappelé l’enjeu crucial qui s’attache à la mise en place de politiques spécifiques en faveur des jeunes afin de tirer le meilleur parti du dividende démographique que connaissent certains pays.

M. JUSTIN SAIDI (Malawi) a déclaré que les investissements dans les droits de l’homme étaient à la base du développement durable.  Il a ensuite affirmé que son pays œuvrait sans relâche à l’application du Programme d’action par le biais de politiques spécifiques visant à éradiquer la pauvreté, fournir une éducation pour tous les jeunes, lutter contre les violences sexistes au sein de la famille mais aussi en dehors, et promouvoir l’autonomisation des femmes.

Enfin, M. Saidi a indiqué que son pays avait pris les mesures nécessaires afin d’éliminer des discriminations frappant les personnes vivant avec le virus du VIH/sida et diminuer la prévalence du virus parmi les femmes enceintes.

M. RAMADHAN MWINYI (République-Unie de Tanzanie) a déclaré que son pays était en train de réviser sa politique nationale de population en vue de s’appuyer davantage sur les données statistiques afin de mieux établir des politiques de développement efficaces.  Il a aussi dit que l’autonomisation des femmes était une condition préalable au développement, soulignant que son pays avait mis l’accent sur l’autonomisation économique des femmes. 

La République-Unie de Tanzanie connaît une augmentation du nombre de ses jeunes, précisant que 65% des habitants du pays avaient moins de 25 ans, une opportunité unique pour l’essor économique du pays, a-t-il déclaré.  Il a enfin souhaité que le programme de développement pour l’après-2015 soit élaboré à la lumière des expériences du passé.

M. ALWAHAB (Arabie saoudite) a affirmé que son pays accordait une place centrale à la famille comme unité de base de socialisation des citoyens.  Le Gouvernement s’inspire des préceptes du Coran pour établir des normes sociales, a—t-il souligné, appelant en outre à investir en faveur de l’autonomisation des femmes et des filles. 

Le représentant a ensuite noté que les migrations illégales conduisaient parfois à des tensions dans les pays d’accueil, ajoutant qu’en Arabie saoudite, les travailleurs immigrés avaient des contrats de travail dont les termes sont favorables au respect de leurs droits.  Il a par ailleurs appelé à lutter contre le terrorisme et l’extrémisme qui tendent à séparer les peuples, concluant par le vœu de voir un programme de développement pour l’après-2015 respectueux de la diversité culturelle du monde.

M. RAFAEL DARIO RAMIRZ CARRENO (Venezuela) a indiqué que l’éradication des inégalités exigeait une transformation structurelle des sociétés.  Il a affirmé que grâce à la réappropriation de ses ressources naturelles, dont l’exploitation a longtemps été aux mains d’entreprises étrangères, le Venezuela avait pu mettre en place des programmes sociaux ambitieux, dont l’objectif est de porter secours aux plus vulnérables.

Puis, il a détaillé les mesures adoptées en ce qui concerne la planification familiale, la lutte contre les grossesses des adolescentes et la promotion des droits des personnes vivant avec le virus du VIH/Sida.  « Le programme de développement pour l’après-2015 doit refléter la pluralité des stratégies de développement et non pas une seule », a-t-il dit, avant de souligner la nécessité que les efforts de développement bénéficient d’un financement adéquat.

Mgr BERNARDITO AUZA, Observateur permanent du Saint-Siège, a fait part de la préoccupation de sa délégation face au constat que la croissance de la population semble être présentée comme un obstacle au développement.  Il a estimé qu’il serait judicieux de ne point imposer des politiques subtiles de coercition qui ne respectent pas les valeurs des peuples et des sociétés. 

Il a souligné en outre que les pays en développement où la population croît ont également des économies en pleine croissance.  Il en a conclu que le défi n’est donc pas la croissance de la population, mais la mise en place de politiques et programmes qui stimulent l’emploi, assurent les investissements dans les services sociaux de base, favorisent la bonne gestion des ressources publiques et encouragent le transfert des technologies en faveur des pays en développement.  Il a affirmé que les sociétés stables ne sont pas celles construites sur l’individualisme, appelant à promouvoir une culture de la solidarité qui permet de ne pas regarder l’autre comme un rival, mais comme un frère ou une sœur.

M. ABDULLAH ABU SHAWESH, observateur de l’État de Palestine, a rappelé que la paix avait longtemps prévalu en Palestine jusqu’à la fin du mandat britannique, la création subséquente de l’État d’Israël et le déplacement des populations palestiniennes.  Il s’est inquiété de l’augmentation du nombre des colons israéliens dans les territoires occupés palestiniens, ce qui risque d’intensifier les défis auxquels les Palestiniens font déjà face.

« Alors que le droit au retour est dénié aux Palestiniens souhaitant revenir en Israël, il est en revanche reconnu aux Israéliens s’implantant en Palestine », s’est-il étonné.  En conclusion, le délégué a rappelé que 8 millions de Palestiniens continuaient de souffrir des agissements illégaux d’Israël.

M. JOE THOMAS, Partenaires dans le domaine de la population et du développement, a plaidé pour plus d’accès aux services de santé sexuelle et génésique, notamment en faveur des groupes marginalisés tels que les jeunes, les femmes et les populations rurales.  Il a aussi appelé à l’élimination des inégalités entre les genres. 

Il a rappelé que le monde devait dès maintenant se préparer à accueillir 2 milliards d’humains supplémentaires à l’horizon 2030.  « Il faut de nouveaux investissements conséquents, il faut se préparer à un nombre encore plus important de personnes âgées et il faut se préparer à l’augmentation des populations urbaines, notamment dans les pays du Sud », a-t-il expliqué.  Il a conclu par un appel au renforcement de la coopération Sud-Sud pour faire face aux défis à venir dans le domaine de la population et du développement.

Mme ENAS MOUSTAFA MOHAMED ELFERGANY, Ligue des États arabes, a souligné la nécessité d’inclure les questions de population dans le programme de développement pour l’après-2015.  Elle a aussi souhaité que l’occupation de la Palestine prenne fin, afin que la population palestinienne puisse pleinement s’épanouir.

Mme AMIERAH ISMAIL, Organisation de la coopération islamique (OIC), a indiqué que son organisation avait noué un partenariat étroit avec le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP).  Puis, elle a détaillé les efforts de l’OIC pour améliorer le sort des personnes âgées dans le monde musulman, avant de mentionner la stratégie suivie vis-à-vis de la jeunesse.  « Notre objectif est d’inciter les pays membres de l’OIC à adopter des politiques d’autonomisation des jeunes musulmans afin qu’ils puissent prendre toute leur place dans la société et contribuer à son développement. »

M. RABEE JAWHARA (République arabe syrienne) a critiqué l’implication de certains pays dans les activités terroristes qui font le malheur aujourd’hui de la Syrie.  Il a en outre regretté le caractère mensonger de certaines allégations relatives à la situation sombre que connaît son pays.  Les menées terroristes sapent tous les efforts de développement en Syrie, les femmes et les enfants étant les premières victimes de cet état de fait, a-t-il dit.

Il a ajouté que des millions de Syriens avaient dû quitter leur domicile et abandonner leur emploi en raison des violences.  « Les générations actuelles et futures de la Syrie ont besoin de la communauté internationale afin que soit mis un terme à leurs souffrances », a-t-il déclaré, avant de demander le plein appui à son gouvernement dans sa lutte contre les groupes terroristes.  En conclusion, le délégué a demandé la levée des sanctions injustes qui frappent la Syrie.

M. SRINIVAS TATA, Commission économique et sociale pour l’Asie et le Pacifique (CESAP), a estimé que la situation de la population dans les pays de la région était variée.  Il a expliqué qu’alors que le Japon avait une population essentiellement vieillissante, la République de Corée semblait aller dans le même sens, la plupart des autres pays couverts par la CESAP ne connaissant pas encore ce phénomène. 

Il a souligné que la région vieillissait plus rapidement qu’elle ne s’enrichissait, avec notamment 11,4% de personnes âgées en 2014, et des estimations qui laissent présager que d’ici à 2050, 20% des habitants de la CESAP seraient du troisième âge.  Il a appelé à la mise en place de politiques devant permettre la prise en charge complète de cette partie de la population.    

Mme TAKYIWAA MANUH, Commission économique pour l’Afrique (ECA), a salué l’adoption de l’Agenda 2063 de l’Union africaine, le document de référence qui devra guider et orienter le développement du continent africain pour les 50 prochaines années. 

En termes de défi, elle a annoncé que dans un avenir assez proche, la population urbaine africaine allait tripler, ajoutant que les migrations des Africains allaient également augmenter.  Elle a précisé que les migrations intra-africaines représentaient la partie la plus importante des déplacements des populations africaines.  « L’Afrique doit pouvoir fournir des emplois décents pour ses jeunes et autonomiser ses femmes », a-t-elle déclaré, appelant à des actions concrètes devant déboucher sur des transformations structurelles.

M. RICHARD WRIGHT, de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), a indiqué qu’en dépit de la portée globale des objectifs de développement durable il y avait un risque que les personnes déplacées –plus de 50 millions dans le monde aujourd’hui, dont 10% sont des réfugiés palestiniens– soient les oubliées du processus intergouvernemental.  « Jusqu’à présent, aucun objectif, cible ou indicateur, prenant en compte les besoins spécifiques des personnes déplacées, n’a été abordé lors des discussions. »

Il a affirmé que les réfugiés contribuaient positivement, à des degrés divers, au développement socioéconomique des pays d’accueil.  Il a détaillé les défis que son agence avait à relever, notant qu’avec l’augmentation de la population de réfugiés palestiniens l’UNRWA devait construire sept écoles par an rien qu’à Gaza.  Enfin, il a attiré l’attention sur les conséquences négatives des conflits pour les activités de l’UNRWA.  « Plus de 60% des 460 000 réfugiés palestiniens toujours présents en Syrie sont déplacés, alors que 80 000 ont fui pour le Liban, la Jordanie ou plus loin encore. »

Mme KARIMA EL KORRI, de la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale (CESAO), a rappelé que les pays arabes comprendraient 604 millions de personnes en 2050, avec une très forte proportion de jeunes.  « Notre Commission s’attache à sensibiliser les pays arabes sur l’importance des questions de population. »  Puis, elle a déploré certaines lacunes dans les objectifs de développement durable, lesquels, a-t-elle poursuivi, doivent refléter les réalités des pays arabes et notamment le grand nombre de réfugiés qui y vivent.

M. VINICIUS PINHEIRO, Organisation internationale du Travail (OIT), a affirmé que 600 millions d’emplois décents devaient être créés d’ici à 2030 à travers le monde pour absorber notamment les quelque 40 millions de jeunes qui aspirent à un emploi chaque année.  Il a précisé que le taux de chômage des jeunes était trois fois supérieur à celui des adultes, ce qui fait que la plupart des jeunes ne pourront qu’avoir des emplois précaires. 

Il a appelé à l’amélioration des conditions de travail des 200 travailleurs migrants du monde.  Il a en outre établi que l’extension d’une protection sociale à tous les membres de la société aurait un effet multiplicateur sur la croissance des produits intérieurs bruts des pays, tout en promouvant la croissance mondiale.

M. RAJAT KHOSLA, Organisation mondiale de la Santé (OMS), a estimé qu’une santé sexuelle et reproductive était essentielle pour le développement durable.  Il y a trop de grossesses non désirées qui causent des problèmes de santé et des décès notamment dans les pays pauvres, a-t-il noté.  Il a en outre déploré le fait que des problèmes de santé empêchent aux populations de pouvoir vivre et s’épanouir pleinement en société.  Pour parvenir à un programme de développement pour l’après-2015 transformateur, a-t-il souligné, il faudrait que les besoins de toutes les couches de la population soient pris en compte.

M. SCOTT FISCHBACH, Minnesota Citizens Concerned for Life Education Fund Minneapolis, a affirmé qu’il était possible de relever le défi gigantesque que constitue la mortalité infantile sans pour autant recourir à l’avortement.  La qualité des soins de santé est primordiale, a-t-il dit.  Il a donc invité les États Membres à s’attaquer aux causes profondes de la mortalité infantile tout en s’abstenant de promouvoir le droit à l’avortement.

M. THOMAS LEGRAND, d’International Union for the Scientific study of Population, a affirmé que les objectifs de développement durable devaient être détaillés et précis.  Les mesures de suivi de ces objectifs doivent être rigoureuses d’un point de vue statistique afin de guider au mieux les politiques publiques nationales, a-t-il déclaré. 

Droits de réponse

La représentante d’Israël a repris la parole en fin de séance pour exercer son droit de réponse.  Elle a rappelé qu’Israël était le seul pays de sa région qui offrait des possibilités d’épanouissement à toute sa population sans discrimination aucune, ce qui n’est pas le cas de la République arabe syrienne.  Elle a aussi déploré le fait que les populations chrétiennes ont fui la localité palestinienne de Bethléem du fait des abus du Hamas.  Elle a en outre appelé l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) à s’investir de son mandat au lieu de s’engager sur des questions politiques.

L’observateur de l’État de Palestine a noté que plus d’un million d’Israéliens avaient été installés de force dans les territoires palestiniens, et que les politiques israéliennes étaient discriminatoires vis-à-vis des populations palestiniennes.

La représentante d’Israël a souligné que l’observateur de l’État de Palestine n’avait pas énoncé de faits nouveaux et qu’il n’avait fait que de continuer à répéter les mêmes accusations infondées déjà plusieurs fois ressassées. 

Le délégué de la République arabe syrienne a répondu à la déléguée israélienne que les réfugiés palestiniens du camp de Yarmouk en Syrie devaient leur malheur aux agissements d’Israël.  Les souffrances de tous les Palestiniens cesseront lorsqu’Israël respectera enfin le droit international.

L’observateur de l’État de Palestine a de nouveau exercé son droit de réponse pour dire qu’il était lui-même un réfugié.  Il a ajouté qu’il n’avait pas vu sa famille qui vit à Gaza depuis 15 ans, Israël ayant refusé qu’il s’y rende.  « Je n’ai eu l’autorisation de me déplacer en dehors de la Cisjordanie qu’à un âge avancé de ma vie », a-t-il conclu.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.