Commission de la condition de la femme, cinquante-neuvième session,
15e et 16e séances – matin et après-midi
FEM/2033

Commission de la condition de la femme: examen de la situation des femmes marginalisées et défavorisées dont la réalité est « noyée dans les moyennes nationales »

La Commission a commencé ses travaux aujourd’hui par une table ronde sur le « respect des droits des femmes et des filles marginalisées et défavorisées », à savoir les femmes rurales, roms, séropositives, autochtones et handicapées, dont la réalité est « noyée dans les moyennes nationales ».

La représentante du « Groupe de travail chargé de la question de la discrimination à l’égard des femmes dans la législation et dans la pratique » a dénoncé le fait que les femmes marginalisées et défavorisées ne fassent l’objet d’aucune attention particulière de la part des Gouvernements.  Celui de la République de Corée s’est très vite aperçu de cette erreur, a expliqué la représentante de l’Agence coréenne de la coopération internationale.  « La priorité ayant été accordée au développement urbain, l’autonomisation des femmes rurales est un défi », a-t-elle avoué.  Elle a aussi avoué qu’en 1995, le Programme d’action de Beijing a imprimé un nouvel élan aux efforts et conduit à l’institutionnalisation des réformes en lois, en politiques et en programmes. 

En 2008, des décrets d’application de la loi sur les zones agricoles et l’industrie alimentaire ont enfin consacré le statut juridique des agricultrices comme « agents économiques et sociaux indépendants ».  Le second Plan quinquennal sur le renforcement des agricultrices place ces dernières sur un pied d’égalité avec leurs collègues masculins et leur accorde le statut d’« agent actif ».  La République de Corée, s’est enorgueillie l’oratrice, a commencé à connaître le succès grâce au « Mouvement du nouveau village » une expérience qui peut être répétée dans les pays en développement, surtout un de ses éléments cruciaux: l’amélioration des infrastructures rurales. 

Les nouvelles ont été sensiblement moins bonnes pour les femmes roms dont la population constitue la plus large minorité d’Europe avec une population estimée entre 10 et 12 millions, dont six millions dans les pays membres de l’Union européenne, selon la représentante du Fonds pour l’éducation des Roms de la Hongrie.  Elle a parlé de deux initiatives de l’Union européenne qui consacrent l’éducation comme l’un des secteurs clefs pour améliorer de manière significative la situation des Roms.  Mais, a-t-elle reconnu, aucun de ces documents ne tient compte de la perspective « genre », l’interaction entre ethnicité et genre n’ayant que très récemment suscité l’intérêt des organisations internationales. 

La représentante a cité comme obstacles à la scolarisation des filles roms les pratiques culturelles, le mariage précoce, le fait de devoir s’occuper de la fratrie, l’ancrage des structures patriarcales, les stéréotypes sur le rôle de chaque sexe et la violence du monde extérieur, dont le racisme et les harcèlements.  Globalement, les filles quittent l’école avant l’âge de 16 ans, une situation qui, selon l’oratrice, montre la faiblesse des administrations censées identifier les élèves menacées de décrochage scolaire. 

Que dire des 17 millions de femmes vivant avec le VIH sinon que pour elles et les nombreuses autres qui feront face cette année à l’annonce de leur séropositivité, l’épidémie est loin d’être terminée, a tranché la représentante de la Communauté internationale des femmes vivant avec le VIH.  Elle a dénoncé les stérilisations et les avortements forcés dans plus de 30 pays, les taux élevés de mortalité maternelle, la violence « institutionnelle, systémique et intime » des maris ou partenaires, la criminalisation du fait de ne pas révéler sa séropositivité, l’incapacité des séropositives à se faire une place dans les processus de prise de décisions et les politiques ignorant les femmes autochtones séropositives.

Les autochtones handicapées ne sont pas logées à meilleure enseigne: « on nous refuse l’exercice de nos droits parce que nous sommes des femmes, et à plus forte raison, handicapées », a accusé la représentante de l’Association des femmes mayas handicapées du Guatemala.  Elle a pointé le doigt sur une situation d’exclusion où les femmes handicapées n’ont même pas accès aux bâtiments publics et encore moins aux transports publics et où « les demandes d’assistance publique sont traitées avec dédain et mépris ». 

Face à de telles situations, la représentante de l’« International Association of Democratic Lawyers (IADL) » a demandé que l’on adopte pour le programme de développement pour l’après-2015, une approche holistique de l’égalité des genres, qui tiendrait compte de cette thématique dans les objectifs sur la pauvreté, l’éducation, la promotion de la paix, le développement durable et l’accès à la justice.  Elle a dit attendre des États qu’ils envisagent la création d’un nouvel instrument international juridiquement contraignant contre toutes les formes de violence faite aux femmes.  Les appels à des indicateurs précis se sont multipliés pour que la réalité des femmes marginalisées et défavorisées ne soit plus « noyée dans les moyennes nationales », comme l’a dit la représentante du « Groupe de travail chargé de la question de la discrimination à l’égard des femmes dans la législation et dans la pratique ».

La Commission se réunira à nouveau demain matin, jeudi 19 mars, à 10 heures.  

SUITE DONNÉE À LA QUATRIÈME CONFÉRENCE MONDIALE SUR LES FEMMES ET À LA VINGT-TROISIÈME SESSION EXTRAORDINAIRE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE INTITULÉE « LES FEMMES EN L’AN 2000: ÉGALITÉ ENTRE LES SEXES, DÉVELOPPEMENT ET PAIX POUR LE XXIE SIÈCLE »

Table ronde sur le thème « Respect des droits des femmes et des filles marginalisées et défavorisées »

Cette table ronde, qui était présidée par Mme PILLE KESLER, de l’Estonie, Vice-Présidente de la Commission, était facilitée par Mme ALDA FACIO, du Groupe de travail chargé de la question de la discrimination à l’égard des femmes dans la législation et dans la pratique, mis en place le 2 juin 2014 et composé de cinq Rapporteurs spéciaux.  Mme Facio a dénoncé le fait que la question des femmes désavantagées et marginalisées soit « noyée » dans les moyennes nationales, ne faisant l’objet d’aucune attention particulière.

Mme KIM EUN MEE, Agence de la coopération internationale de la République de Corée, a présenté l’expérience des femmes rurales en République de Corée, un pays alors pauvre détruit par une guerre pendant laquelle beaucoup de femmes se sont retrouvées contraintes à l’esclavage sexuel.  « En une seule génération », la République de Corée a réussi à se redresser, à éliminer la pauvreté extrême et à asseoir la démocratie.  Il ne s’agit pas d’« un miracle ésotérique » mais d’une expérience qui peut se répéter ailleurs s’il y a la volonté politique nécessaire.  Mais la priorité ayant été accordée au développement urbain, l’autonomisation des femmes rurales est un défi. 

En République de Corée, a-t-elle expliqué, les femmes rurales ont connu marginalisation et discriminations au début du développement économique.  C’est dans les années 70, que le Gouvernement a lancé un programme de développement rural, « Saemaul Undong » (SMU ou Mouvement du nouveau village) et sans viser directement l’autonomisation des femmes, le programme a multiplié leurs opportunités.  En 1995, le Programme d’action de Beijing a imprimé un autre élan et conduit à l’institutionnalisation des réformes en lois, en politiques et en programmes.  En 2000, le Gouvernement a adopté « le programme d’aide au travail des femmes rurales » en vertu duquel, quand une agricultrice devait arrêter de travailler après un accouchement, une aide-agricole lui était envoyée.  Un programme similaire a été mis en œuvre en 2006 et étendu à l’ensemble du pays en 2007, envoyant des aide-agricoles en cas de maladies ou d’accident.  S’agissant de la violence domestique, dès 2002, des centres pour agricultrices ont été créés offrant services sociaux et filet de sécurité. 

En 2008, des décrets d’application de la loi sur les zones agricoles et l’industrie alimentaire ont consacré le statut juridique des agricultrices qui n’étaient jusque-là pas considérées comme des agents économiques et sociaux indépendants.  Le Gouvernement a aussi adopté un quota de 20% de femmes pour l’Initiative « Jeunes Agriculteurs » et le même quota pour la sélection des candidats aux bourses agricoles et à l’aide à la création d’entreprises agricoles.  Le second Plan quinquennal sur le renforcement des agricultrices place ces dernières sur un pied d’égalité avec leurs collègues masculins et leur accorde le statut d’agent actif doté de tous les droits.  La République de Corée, s’est enorgueillie l’oratrice, a connu le succès grâce aux SMU, une expérience qui peut être répétée dans d’autres pays en développement, surtout un élément crucial qui est l’amélioration des infrastructures rurales.  Même si ces infrastructures ne visent pas exclusivement les femmes, elles ont un énorme impact sur leur vie puisqu’elles réduisent le temps consacré aux tâches ménagères, comme les systèmes d’adduction d’eau, et donnent du temps pour parfaire l’éducation, s’occuper des enfants et s’adonner à d’autres activités génératrices de revenus.  L’Agence de coopération a d’ailleurs mis en œuvre, dans des pays comme le Ghana, des programmes de développement rural soucieux d’égalité entre les sexes, en tirant les leçons de l’expérience coréenne.

Mme ANASZTAZIA NAGY, Fonds pour l’éducation des Roms de la Hongrie, a indiqué qu’au cours de la dernière décennie, l’intégration de la communauté rom est devenue un domaine prioritaire des gouvernements européens.  Les Roms forment la plus large minorité d’Europe avec une population estimée entre 10 et 12 millions, dont six millions dans les pays membres de l’Union européenne.  Dans la majorité de ces pays, les Roms sont considérés comme l’un des groupes les plus marginalisés du fait du taux élevé de la pauvreté, du chômage et de la discrimination.  La « Décennie d’intégration des Roms » lancée en 2005, et le cadre de la Stratégie nationale d’intégration des Roms de la Commission européenne ont pour but de soutenir cette intégration sociale.  Les deux initiatives consacrent l’éducation comme l’un des secteurs clefs pour améliorer de manière significative la situation des Roms.  Mais aucun de ces documents ne tient compte de la perspective genre, et ce n’est que récemment, que certaines organisations internationales ont montré un intérêt pour l’interaction entre ethnicité et genre. 

Les obstacles à la scolarisation des filles roms incluent les pratiques culturelles, le mariage précoce, le fait de devoir s’occuper de la fratrie, l’ancrage des structures patriarcales et les stéréotypes sur le rôle de chaque sexe.  Quant aux obstacles externes, ils se résument à la violence ou à la peur de la violence contre les minorités.  Il faut aussi compter parmi ces obstacles, les coûts cachés de la scolarisation, comme le prix des vêtements, des manuels scolaires et du transport, sans oublier que les filles roms sont particulièrement vulnérables à la traite, au travail forcé, à la servitude pour dette, au travail des enfants ou à la prostitution forcée.

La tranche d’âges de 10-16 ans est particulièrement vulnérable, car c’est le moment où les jeunes filles sont plus impliquées dans les tâches ménagères, mariées ou victimes de la traite.  Globalement, les filles quittent l’école avant l’âge de 16 ans, la limite légale dans la plupart des pays européens.  Mais cette situation montre aussi la faiblesse des systèmes de suivi scolaire mis en place par une administration pourtant responsable d’identifier les élèves menacés de décrochage scolaire.  Une autre faiblesse tient au fait que le système éducatif n’offre pas de programmes d’horaires flexibles ou toute autre forme de « seconde chance » aux élèves.  L’environnement « hostile » de l’école, comme la passivité des enseignants face aux remarques racistes ou au harcèlement des autres élèves, contribuent aussi, dans une large mesure, aux décrochages scolaires.

Pour l’intervenante, les gouvernements doivent reconnaître les défis et les obstacles particuliers qui s’érigent devant les femmes roms.  Ils doivent prendre des mesures pour intégrer la perspective genre dans les programmes scolaires afin de « tracer » le parcours des filles roms et les maintenir à l’école.  Les gouvernements doivent aussi mettre en place des programmes officiels ou officieux d’alphabétisation pour les adultes et lancer des campagnes pour sensibiliser les jeunes roms et leurs parents à la nécessité de combattre les stéréotypes sur les rôles de chaque sexe.  Ils doivent enfin appuyer les services sociaux qui travaillent à l’émancipation des mères roms pour qu’elles puissent élargir les perspectives d’avenir de leurs enfants.  Quant aux organisations de femmes et aux instituts d’enseignement, l’intervenante leur a demandé de mettre l’accent sur les groupes vulnérables et marginalisés.

Mme TERESIA NJOKI OTIENO, Communauté internationale des femmes vivant avec le VIH, a indiqué qu’alors que les avancées de la science font penser que l’épidémie du VIH/sida touche à sa fin, les femmes vivant avec le VIH ont toujours du mal à se procurer médicaments et traitements et subissent toujours des violations de leurs droits sexuels et reproductifs et de leurs droits humains.  Pour les 17 millions de femmes concernées et les nombreuses autres qui feront face cette année à la nouvelle de leur séropositivité, l’épidémie est loin d’être terminée.  Vingt ans après, l’appel à l’action lancé dans le Programme d’action de Beijing est toujours d’actualité.  Mme Otieno a dénoncé les stérilisations et les avortements forcés dans plus de 30 pays, les taux élevés de mortalité maternelle, la violence « institutionnelle, systémique et intime » des partenaires, la criminalisation du fait de ne pas révéler sa séropositivité, les politiques ignorant les femmes autochtones séropositives et l’incapacité des séropositives à se faire une place dans les processus de prise de décisions, pour entre autres, obtenir la mobilisation des ressources en faveur de la recherche. 

Les communautés qui sont plus concernées par la mise en œuvre des futurs objectifs de développement durable, dont les femmes séropositives, doivent être impliquées dans les processus de prise de décisions.  Il ne s’agit pas seulement de participer aux décisions gouvernementales sur les questions mondiales mais de faire en sorte que les personnes vivant avec le VIH participent à l’élaboration et à la sélection des interventions qui les affectent directement, et ce, au nom de l’efficience, de l’efficacité et de la redevabilité.  Les femmes vivant avec le VIH ont un point de vue et une capacité uniques de développer des solutions innovantes.  « En tant que représentants de vos gouvernements, vous devez consulter les femmes qui ont le VIH et inclure leurs besoins dans vos programmes nationaux », a-t-elle lancé à la salle.  Dans le contexte de la réflexion sur le cadre de développement pour l’après-2015, il ne faut pas perdre de vue, a-t-elle mis en garde, les questions de l’accès aux soins, au traitement et au soutien; de la lutte contre la stigmatisation et la discrimination; de l’exercice des droits sexuels, reproductifs et humains; et de la protection des femmes, des jeunes femmes et des fillettes vivant avec le VIH, a plaidé Mme Otieno avant de conclure: « le VIH/Sida n’est pas une chose du passé ».

Mme PETRONA LAURA REYES QUINO, Membre de l’association des femmes mayas handicapées du Guatemala, a expliqué qu’avec 30% de la population guatémaltèque, les Mayas constituent le plus important des quatre groupes ethniques.  Femme autochtone, elle s’est dite prioritairement préoccupée par la survie de sa communauté et de son identité culturelle.  La Constitution du Guatemala contient des dispositions sur la défense des droits de la femme, y compris les femmes vulnérables telles que les handicapées.  Mais pour les femmes mayas, les discriminations tiennent à la pauvreté et aux facteurs historiques.  En période électorale, les femmes sont manipulées par les hommes politiques car « nous représentons 52% de la population et c’est nous qui décidons du vainqueur ».  L’intervenante a salué le fait que le Parlement compte quelques femmes mais aucune femme handicapée.

« On nous refuse l’exercice de nos droits parce que nous sommes des femmes, et à plus forte raison, handicapées », a-t-elle dénoncé face à une situation d’exclusion où les femmes handicapées n’ont même pas accès aux bâtiments publics et encore moins aux transports publics.  Les demandes d’assistance publique sont traitées avec dédain et mépris par les fonctionnaires, a-t-elle poursuivi. 

Titulaire d’une maîtrise et fonctionnaire dans une Université d’État, en plus de ses activités associatives, l’intervenante a souligné que son parcours n’a pas été facile.  J’ai été rejetée plusieurs fois, subi le racisme, mais je n’ai jamais baissé les bras.  « C’est une lutte qui doit être collective et les femmes autochtones doivent se battre pour le respect de leurs valeurs culturelles. »  « La discrimination n’est pas la norme, la norme c’est l’intégration sociale », a-t-elle martelé.  « Il faut nous donner de l’espace pour faire entendre notre voix.  Pas par pitié, mais pour nos qualifications, car les femmes handicapées ne sont pas un obstacle, mais plutôt des contributrices au développement. »  Nous devons utiliser tous nos talents et nos capacités pour faire naître un monde différent, a conclu Mme Reyes Quino, ovationnée par quelques hommes debout.

Les femmes marginalisées ne constituent pas un groupe homogène, et de ce fait, les solutions à leurs problèmes ne sauraient obéir à une approche unique, a commenté le représentant de la Finlande.  Les pays européens ont d’ailleurs une nouvelle réalité devant eux, a ajouté son homologue de l’Union européenne: celle des demandeuses d’asile qui fuient les discriminations, une situation que ne couvre pas la législation sur l’immigration. 

L’Italie, a déclaré sa représentante, vit plutôt le problème des Roms et des autres minorités.  En Chine, l’accent est mis sur les femmes rurales, « moteur du développement mais vulnérables », dont la participation à la gestion de la chose publique est une question qui se pose encore avec acuité.  L’Indonésie, a déclaré sa représentante, est un autre pays où les femmes rurales sont au centre des efforts d’autonomisation.  Au Paraguay, l’action vise la traite des femmes où l’on retrouve les réseaux du trafic de drogues.  La violence faite aux femmes est également un problème au Mexique où une grossesse sur cinq implique une adolescente. 

C’est un problème de violence sexuelle, a souligné la représentante, qui illustre la faiblesse des services publics dans un pays dont l’objectif est d’éliminer les grossesses non désirées chez les filles de moins de 20 ans d’ici à 2020.  Son homologue des États-Unis a souligné que les femmes handicapées ont quatre fois plus de risques de subir une forme ou une autre de violence sexuelle.  Toujours sur la question de la violence, la responsable de l’Association internationale des droits de l’homme de la France a jugé « inimaginable » qu’en 2015, les femmes continuent de subir des pratiques ignobles telles que la stérilisation forcée.  « C’est une tragédie humaine. »   

La question du coût des politiques d’autonomisation des femmes marginalisées a été soulevée: la représentante de l’Ouganda a parlé du prix des équipements nécessaires aux enfants handicapés.  Son homologue des Îles Salomon a souligné que dans les petits États insulaires en développement (PEID) l’autonomisation revient d’abord à assurer la survie des femmes par le renforcement de leur résilience face aux catastrophes naturelles.  La représentante de l’Union européenne a parlé du financement de programmes comme celui sur l’accès à l’eau potable à 31 millions de foyers dans 32 pays.  Présent dans 23 pays, « International Presentation Association » a espéré des financements pour l’universalisation de l’accès à l’éducation primaire.

L’Association des personnels médicaux lesbiens d’Australie a attiré l’attention sur les préjugés et les discriminations dont sont victimes les homosexuels, une frange de la population dont le taux de suicide est plus élevé que la moyenne.  Il faut des changements sociaux et législatifs pour mettre fin à la marginalisation et aux discriminations, s’est impatientée la Présidente de la table ronde.  Les femmes ne doivent pas devenir l’obstacle de leur propre cause.  Celles qui accèdent à des postes de responsabilité doivent prendre les bonnes décisions et éviter de donner aux hommes des alibis pour continuer à discréditer les femmes, a conclu la représentante des femmes autochtones et handicapées du Guatemala.

Suite du débat général

« Ne réinventons pas la roue », a déclaré la représentante de la « National Alliance of Women’s Organization (NAWO), parce que « nous savons ce que nous voulons ».  La représentante a dénoncé le manque de volonté politique.  Elle a accusé le Gouvernement britannique d’avoir en 2010, supprimer plusieurs conseils consultatifs avec les ONG pour des raisons budgétaires.  La Commission nationale des femmes a fait partie du lot malgré un budget minime de 500 000 dollars.  Les femmes sont créatives et elles n’ont pas hésité à créer un nouveau mécanisme, l’Alliance, qui n’est pas financé par le Gouvernement mais qui entretient des liens forts avec lui.  Le problème est que ce sont les ministres qui convoquent les réunions, déterminent l’ordre du jour et dressent la liste des invités.  En conséquence, la capacité des ONG « des quatre nations » britanniques de parler d’une même voix est fortement compromise, sans compter les coupes budgétaires qu’elles ont subies de manière disproportionnée. 

La représentante a aussi dénoncé une mauvaise appréhension du concept d’intégration de la dimension sexospéficique.  Toutes les femmes, dans leur diversité, doivent être en première ligne lorsqu’il s’agit de formuler les politiques et les mesures car « les processus sont importants » et la reddition des comptes est « essentielle ».  Enfin, la représentante a pris note des 17 futurs objectifs de développement durable et des 169 cibles assortis d’indicateurs qui doivent encore être agréés, pour mesurer les succès et les échecs de ces « nouvelles flammes d’espoir » qui viennent de s’allumer.  Les femmes aussi doivent être au centre de ce processus, a-t-elle dit.  Les femmes disent: « ne renoncez jamais jamais jamais ».  « Nous ne le ferons pas », a prévenu la représentante.

La représentante de Soroptimist International a estimé que faire de la violence à l’encontre des femmes et des filles un crime ne suffit pas pour s’attaquer aux causes structurelles profondes et aux attitudes sociétales qui excusent, propagent et contribuent à cette violence dans les communautés.  Il faut que la voix des victimes soit entendue, reconnue et prise en compte dans les futures politiques et stratégies.  En tenant compte du vécu et de la sagesse de ces femmes, les gouvernements et les organisations seront mieux armés pour former des professionnels, renforcer les compétences, affiner les programmes de prévention, et autonomiser les femmes en leur permettant de jouer un rôle dans le changement dont elles ont besoin et qu’elles méritent.  Tenir compte de la voix des victimes de la violence permettra de mesurer le fossé entre la théorie et la pratique et prendre des décisions mieux informées.  On peut triompher de la violence mais nous n’attendrons pas une autre vingtaine d’années, a prévenu la représentante.

La représentante de Widows for Peace through democracy a parlé des veuves qui continuent d’être ignorées.  Elle a plaidé pour que le statut de ces femmes soit examiné dans le suivi du Programme d’action de Beijing et inclus dans les objectifs d’égalité entre les sexes du nouveau programme de développement pour l’après-2015, avec des données ventilées par statut marital.  Elle a aussi voulu que la question du veuvage soit reconnue comme une question émergente par la Commission de la condition de la femme et a demandé la nomination d’un représentant spécial sur le sort des veuves dans les conflits armés.  Aujourd’hui, un État islamique marie de force les veuves aux soldats, a-t-elle dénoncé, avant de réclamer la reconnaissance des rôles économique et social que les veuves jouent dans leur communauté, entre autres, comme agents « essentiels » de la consolidation de la paix.  Négliger les questions multisectorielles qui affectent les veuves et leurs enfants provoquera des dégâts irrévocables pour les futures générations, accroîtra les inégalités et la pauvreté et compromettra les autres efforts de développement, de paix et de justice.  N’oubliez pas les veuves, a-t-elle conclu en pensant au suivi du Programme de Beijing et à l’agenda post-2015.

La représentante de « Women Missionary society African methodist episcopal Church » s’est élevé contre l’oppression, la violence et l’exclusion des femmes des processus politiques et sociaux qui invoquent la religion pour légitimer des pratiques servant des intérêts politiques.  Elle a rappelé l’État à son obligation de prévenir la violence et la discrimination et à promouvoir et protéger les droits économiques et sociaux des femmes et de leur famille.  Elle a donc réclamé la pleine mise en œuvre du Programme d’action de Beijing et d’autres accords internationaux pertinents comme la Convention pour l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes.  Elle a aussi réclamé la suppression de toutes les pratiques illégales et néfastes qui perpétuent la violence contre les femmes et la fin de l’impunité pour leurs auteurs.  Elle a enfin réclamé des programmes d’éducation et de sensibilisation pour mobiliser les hommes et les garçons comme partenaires contre la violence faite aux femmes. 

S’agissant de la lutte contre la pauvreté, elle a demandé des mécanismes pour promouvoir la participation de la société à la planification du développement et au processus de budgétisation.  Elle a aussi demandé des interventions d’urgence contre les changements climatiques, dont la réaffectation des dépenses militaires; la suppression des obstacles à l’accès de la femme à la terre, à l’héritage, au crédit et à l’emploi décent.  La représentante a aussi plaidé pour l’accès des femmes à l’éducation dont la promotion de modèles qui les préparent aux postes de responsabilité.  Pour ce qui est de la santé, elle a voulu que l’on réaffirme les droits de la femme et des hommes à la santé sexuelle et reproductive.  Il faut, a-t-elle poursuivi, inverser la tendance à la privatisation des systèmes de santé ou encore s’attaquer à la féminisation du VIH/sida.

La représentante du Groupe des filles, a souligné l’importance de l’éducation, en demandant des cours complets d’éducation sexuelle dans toutes les écoles.  Il nous faut une éducation qui nous prépare à la vie après l’école, que ce soient dans les domaines scientifique et technologique, économique ou politique.  Il nous faut aussi un accès total et non discriminatoire à la santé.  C’est un droit et quels que soient les préjudices culturels et religieux, la santé reproductive et mentale doit être traitée comme un droit et non comme un privilège.  Il nous faut aussi des programmes contre la violence, en passant par l’éducation, la sensibilisation, la suppression des stéréotypes et des normes sociétales.  Nous voulons des services et un appui aux filles qui ont souffert de la violence et la fin de leur victimisation.  Il est « impératif » que les filles soient pleinement conscientisées sur leurs droits et sur ce qu’ils impliquent.  Nous appelons les hommes et les garçons à devenir nos partenaires et nous demandons que les filles soient dotées des opportunités, des outils et de l’appui nécessaires pour pouvoir exploiter leur potentiel, a conclu la jeune fille.

La représentante de CHIRAPAQ CENTRO DE CULTURAS INDIGENAS du Pérou, a noté la visibilité progressive de la lutte des femmes autochtones d’Amérique du Sud.  Si des progrès ont pu être faits dans les domaines de la santé et de l’éducation, les femmes et les fillettes subissent toujours de nombreuses formes de violence.  En vue d’y remédier, elle a recommandé la mise en œuvre du Document final de la Conférence mondiale sur les populations autochtones ainsi que l’intégration transversale de l’approche « identité autochtone » au même titre que l’approche « genre » dans le nouveau programme de développement pour l’après-2015.  Elle a proposé que le thème de l’autonomisation des femmes autochtones soit examiné par la Commission de la condition de la femme en 2017.

Concernant le projet de programme de développement pour l’après-2015, la représentante de l’International Association of Democratic Lawyers (IADL) a plaidé pour une approche holistique de l’égalité des genres, qui tiendrait compte de cette thématique dans les objectifs sur la pauvreté, l’éducation, la promotion de la paix, le développement durable et l’accès à la justice.  Elle a dit attendre des États qu’ils mettent pleinement en œuvre la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW) et qu’ils envisagent la création d’un nouvel instrument international juridiquement contraignant pour lutter contre toutes les formes de violence faite aux femmes.  Elle a aussi appelé les États à fournir les ressources nécessaires à la pleine réalisation des objectifs de développement durable.

Le représentant de Presbyterian Church USA a demandé aux États et à la société civile de faire en sorte que les auteurs de violence à l’encontre des femmes et des filles soient systématiquement poursuivis en justice, que les systèmes judiciaires et pénaux soient réformés, que des réparations et des conseils soient prévues pour les victimes et que des politiques claires contre le harcèlement sexuel soient créées dans toutes les institutions de la société.  Une formation au genre doit être dispensée à la police et aux juges, a-t-il dit, en demandant aussi des mécanismes assurant la participation de la société civile et des femmes à la planification du développement national et aux processus de budgétisation.  Il a réclamé la suppression des barrières économiques et autres qui entravent la formation des femmes, l’augmentation des budgets de l’éducation et la mise en place de programmes pour inciter les filles à terminer les deux cycles de leur scolarité.  Il a enfin exigé le plein accès des femmes et des filles à la santé.

Pour la représentante de Rutgers Foundation, le système patriarcal et les inégalités entre les sexes sont toujours les caractéristiques de nos sociétés avec les effets dévastateurs que l’on sait sur la vie quotidienne.  Il faut supprimer ces « immenses » menaces sur le bien-être des gens.  Le système patriarcal affecte tout le monde et de plusieurs manières.  Il faut de toute urgence reconnaître que les inégalités sont « inacceptables » quelle que soit la personne qu’elles affectent.  Il faut continuer le travail avec les hommes et les garçons sur les questions d’égalité entre les sexes, en s’appuyant sur les féministes et les principes des droits de l’homme, les organisations et les mouvements, ce, dans un esprit de solidarité.  Le pouvoir patriarcal, qui s’exprime par une « masculinité dominante » fait partie des motrices des injustices structurelles.  Il faut exposer le lien entre le système patriarcal et l’exploitation de l’être humain et l’environnement, pour aider les garçons et les hommes à changer leur comportement et passer du « pouvoir sur » au « pouvoir avec ».  Le programme de développement pour l’après-2015 doit embrasser l’approche des droits de l’homme et transformer la mauvaise répartition du pouvoir.  Il doit être « juste et inclusif », a conclu l’intervenant.

La représentante de « Young Women’s Caucus » a demandé aux États de transformer leur engagement rhétorique en véritables actes.  Parce que nous sommes et serons au centre de l’élaboration, du suivi et du succès du nouveau programme de développement, il faut investir dans notre leadership potentiel et nous former à devenir leader et innovateur.  Hier comme aujourd’hui, nous appelons à l’accès à une éducation de qualité, a déclaré la jeune fille, en insistant sur le rôle de l’éducation informelle et de la formation permanente.  En investissant dans une éducation soucieuse des droits de l’homme et d’égalité entre les sexes, nous pouvons changer la vision sur le rôle des filles et des femmes dans la société.  La représentante a appelé à l’inclusion d’un objectifs spécifique sur l’égalité entre les sexes dans le nouveau programme de développement pour l’après-2015, lequel doit traiter de toutes les dimensions, causes et structures des inégalités et être assorti d’indicateurs et d’une obligation faite aux États de rendre des comptes.  Nous appelons aussi, a-t-elle conclu, à l’intégration de la perspective genre dans tous les autres objectifs et cibles et à la mise au point d’indicateurs ventilés par sexe et par âge.

La représentante de « Coalition against trafficking in women » a appelé à la mise en œuvre complète des conventions régionales et internationales contre la violence faite aux femmes, dont les Conventions contre toutes les formes de discrimination, sur les droits de l’enfant, contre la traite des êtres humains et contre l’exploitation de la prostitution.  Elle a appelé les États à rejeter toute légalisation ou dépénalisation de l’industrie du sexe et punir les auteurs de tous les crimes d’exploitation sexuelle, y compris les « acheteurs et les pourvoyeurs » de prostitués ou de femmes victimes de la traite.   

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