Forum politique de haut niveau sur le développement durable,
Session de 2015, matin & après-midi
ECOSOC/6707

Le Forum de haut niveau débat des modes de production et de consommation durables, du financement du développement et des mécanismes de suivi du programme pour l’après-2015

Le Forum politique de haut niveau sur le développement durable, qui était réuni depuis le 29 juin, sous les auspices du Conseil économique et social, a achevé, aujourd’hui, la première partie de sa session annuelle avec la tenue de trois tables rondes axées sur les modes de production et de consommation durables, les mécanismes de suivi du programme de développement pour l’après-2015 et les moyens de financement du développement. Cette dernière question revêt une importance particulière avec la tenue dans quelques jours à Addis-Abeba, en Éthiopie, de la troisième Conférence internationale sur le financement du développement.

Lançant la discussion au cours d’une des deux tables rondes de la matinée, M. Mohamed Khaled Khiari, Vice-Président de l’ECOSOC, a rappelé que la communauté internationale devrait consacrer au futur programme de développement les ressources nécessaires à sa mise en œuvre effective.

L’un des intervenants, le représentant de la Société internationale pour le développement, a ainsi souligné le décalage qui existe entre les attentes en matière de développement et les réalités en termes de financement, tandis que la Conseillère principale auprès de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a reconnu que les pays développés ne consacraient pas 0,7% de leur PIB à l’aide publique au développement (APD), comme ils s’y étaient engagés.

Lors de la discussion interactive qui a suivi, le représentant de  l’Afrique du Sud a d’ailleurs mis en garde contre toute tentative de redéfinition de l’APD qui aurait pour effet de délivrer les pays développés des engagements qu’ils ont formulés par le passé.  « Notre engagement de consacrer 0,7% de notre PIB à l’APD reste intact », a assuré le représentant de la Suède, tandis que son homologue du Canada a estimé que l’APD ne suffira pas à répondre aux besoins de financement.

Au cours de l’autre table ronde de la matinée, les participants ont discuté de la promotion de modes de consommation et de production durables qui constituent, comme l’a rappelé la Vice-Présidente de l’ECOSOC, Mme María Emma Mejía Vélez, l’un des 17 objectifs de développement durable.

Ils se sont appuyés pour cela sur le rapport d’activité, transmis par le Secrétaire général, du Cadre décennal de programmation concernant ces modes de production et de consommation établi par le Programme des Nations Unies pour l’environnemen.

Ce Cadre, qui vise notamment à identifier et diffuser les meilleures pratiques, répond aux besoins et priorités des pays, a estimé le Président de son conseil d’administration.  À l’instar de nombreuses délégations, dont celles de la Suisse et de la Finlande, il a souhaité, compte tenu de son succès, que le Cadre fasse office de mécanisme de mise en œuvre du programme de développement pour l’après-2015.

Les participants à la dernière table ronde de la journée ont prolongé cette discussion examinant les différents mécanismes de rapport et de suivi existants qui peuvent aider le Forum politique de haut niveau à mettre en œuvre le programme de développement pour l’après-2015.

Un membre du Bureau du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme à New York a ainsi mis l’accent sur le mécanisme d’Examen périodique universel (EPU), « processus unique mené par les États Membres de l’ONU sous les auspices du Conseil des droits de l’homme », alors qu’une parlementaire autrichienne a rappelé que des mécanismes de mise en œuvre nationaux devraient inclure des groupes de travail au niveau des parlements.

« Dans quelques semaines, nous aurons un nouveau programme de développement pour l’après-2015 et il est fondamental que le Forum politique de haut niveau accompagne sa mise en œuvre, son examen et son suivi », a résumé le Président du Conseil économique et social, M. Martin Sajdik, dans ses remarques de clôture.  Il s’est félicité que les échanges d’aujourd’hui et des jours passés aient mis l’accent sur un rôle accru du Forum politique de haut niveau et l’attention qu’il peut susciter auprès des décideurs politiques de haut niveau.

FORUM POLITIQUE DE HAUT NIVEAU SUR LE DÉVELOPPEMENT DURABLE

Table ronde: Modes de production et de consommation durables (A/70/75–E/2015/55, E/2015/56 et E/HLPF/2015/2)

Animatrice de la table ronde, Mme MARÍA EMMA MEJÍA VÉLEZ (Colombie), Vice-Présidente du Conseil économique et social, a rappelé que le Groupe de travail ouvert sur les objectifs de développement durable (ODD) avait inclus un objectif distinct, l’objectif 12, relatif à l’établissement de modes de production et de consommation durables.

« Il ne fait toutefois aucun doute que la question dépasse le cadre des objectifs de développement durable et qu’elle devrait être prise en compte dans l’ensemble des objectifs », a-t-elle dit.  Mme Mejía Vélez a également souligné l’importance des systèmes de transport durables, l’objectif 11 sur les villes et les établissements humains consacrant à ce sujet une cible à atteindre d’ici à 2030.

M. ULF JAECKEL, Chef de Division au Ministère fédéral de l’environnement, de la sécurité nucléaire et de la conservation de la nature de l’Allemagne, et Président du Conseil d’administration du Cadre décennal de programmation concernant les modes de consommation et de production durables, a indiqué que le Cadre décennal de programmation concernant les modes de consommation et de production durables fonctionnait de manière satisfaisante.  Il vise notamment à identifier et diffuser les meilleures pratiques en la matière et à encourager l’adoption de programmes dans des secteurs particuliers, a-t-il dit, en citant le lancement d’un programme pour des marchés publics durables.  Il a également évoqué le programme sur le tourisme durable et le programme pour une construction verte.

Ce cadre répond aux besoins et priorités des pays, a-t-il dit, en précisant que 118 pays avaient nommé leur interlocuteur national.  Il a néanmoins regretté que les efforts financiers pour la mise en place de modes de consommation et de production durables restent en deçà des efforts financiers consentis dans le cadre de la lutte contre les changements climatiques.  Compte tenu du succès du Cadre, il a estimé qu’il serait logique que le Cadre fasse office de mécanisme de mise en œuvre du programme de développement pour l’après-2015.

Mme CAROLINA TOHA, maire de Santiago (Chili), a rappelé que les villes accueillaient plus de 54% de la population mondiale, une proportion qui, a-t-elle fait remarquer, passera à 66% en 2030.  Les villes constituent des laboratoires pour l’élaboration de politiques du développement durable innovantes, a-t-elle assuré.  Les difficultés écologiques posées par les transports, a-t-elle fait observer, représentent 23% des émissions de gaz à effet de serre.  La mobilité sera l’un des plus grands défis à relever à l’avenir, a-t-elle dit, rappelant que l’objectif prôné par les publicités commerciales d’un individu disposant de sa propre voiture était « insensé ».

Elle a ainsi souligné la nécessité de mettre l’accent sur les transports publics, afin de parvenir à une véritable « révolution » dans la manière dont les gens utilisent les moyens de transport.  La maire de Santiago a ensuite indiqué que les autorités locales étaient des maillons essentiels dans la mise en œuvre des stratégies de développement durable.  Enfin, elle a souligné la nécessité d’appuyer les autorités des pays en développement dans la promotion de modes de consommation et de production durables.

Pour M. LASZLO BORBELY, Président du Comité pour la politique étrangère du Parlement roumain, les ODD sont pourvus de bases solides.  C’est pourquoi, a-t-il dit, il est important que les jeunes soient sensibilisés aux enjeux de ces ODD. L’éducation des citoyens est un élément clef, a-t-il souligné.  Les parlementaires doivent être étroitement associés à la mise en œuvre des ODD.

Mme SWATI SHRESTH, Centre de développement communautaire et de la Coalition mondiale des forêts (Inde), s’est exprimée au nom du grand groupe des femmes. Elle a insisté sur la nécessité de promouvoir des modes de consommation durables et le recours aux connaissances traditionnelles des communautés nomades.  Il y a un malentendu à propos de la relation entre les communautés nomades et leur environnement, a-t-elle dit, en déplorant que ces communautés soient souvent marginalisées.  Elle a souhaité que les publicités contribuent à promouvoir les modes de consommation biologiques.

Discussion interactive

Plusieurs délégations se sont ensuite exprimées.  Le représentant du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) a ainsi expliqué que le Cadre décennal de programmation concernant les modes de consommation et de production durables pourrait faire office de mécanisme de mise en œuvre du programme de développement pour l’après-2015.

Ce point de vue a été partagé par les représentants de la Suisse, de la Finlande, tandis que celui de la Fédération de Russie a indiqué que la transition vers des modes de consommation et de production durables sera une condition essentielle de la réussite du programme de développement pour l’après-2015.

De leur côté, les délégués de l’Arabie saoudite et de l’Union européenne ont souhaité qu’il soit dûment pris compte du Cadre lors des négociations de la Conférence d’Addis-Abeba sur le financement du développement qui se tiendra dans quelques jours. 

S’exprimant au nom de l’Alliance des petits États insulaires, la représentante des Maldives a souligné les difficultés spécifiques rencontrées par les petits pays insulaires en développement (PEID) dans leurs efforts pour promouvoir des modes de production et de consommation durables.  Il est nécessaire, a-t-il dit, d’établir des partenariats pour appuyer les pays dans leurs efforts.

La déléguée du Royaume-Uni s’est interrogée sur le rôle du Forum de haut niveau dans la transition vers des modes de consommation et de production durables, tandis que son homologue de la Suède a souhaité que ce Forum soit doté d’un mandat fort pour assurer le suivi du Cadre décennal de programmation concernant les modes de consommation et de production durables.

« Comment promouvoir ces modes de consommation sans provoquer la colère de la population? » a demandé la représentante du Togo, qui a cité l’exemple des taxis motos dans son pays.  Ce moyen de transport, a-t-elle fait remarquer, n’est pas durable.

Le délégué du Brésil, appuyé en ce sens par le représentant de l’Union interparlementaire, a reconnu la nécessité de produire des véhicules qui produisent un faible taux de gaz à effet de serre.  Ce point de vue a été partagé par M. JAECKEL et par Mme TOHA, cette dernière ayant affirmé que, plutôt que construire davantage de routes, il faudrait construire davantage de trottoirs dans les villes.  Enfin, à l’instar de M. Jaeckel, M. BORBELY a souhaité que le Forum de haut niveau joue un rôle de premier plan dans le suivi du Cadre décennal de programmation concernant les modes de consommation et de production durables.

Table ronde: Investir dans l’avenir que nous voulons: que faudra-t-il faire? (E/HLPF/2015/2)

Ouvrant la table ronde, M. MOHAMED KHALED KHIARI (Tunisie), Vice-Président du Conseil économique et social, a rappelé que la communauté internationale devra consacrer au programme de développement des ressources nécessaires à sa mise en œuvre effective.

L’animateur de la table ronde, M. JAMES ZHAN, Directeur de la Division de l’investissement et des entreprises à la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), a tenu à inscrire la discussion dans le cadre de la Conférence internationale sur le financement du développement qui se tiendra à Addis-Abeba dans quelques jours.

M. HAZEM FAHMY, Secrétaire général de l’Agence égyptienne, a souligné qu’il était très important d’établir des partenariats pour la bonne mise en œuvre des politiques de développement durable.  Les gouvernements et le secteur privé n’ont pas toujours les ressources nécessaires, a-t-il fait remarquer.  M. Fahmy a ainsi  cité l’exemple du partenariat créé par un hôpital égyptien spécialisé avec l’Université Harvard pour traiter les enfants atteints de cancer.  Il a indiqué que le fonds mis en place dans son pays pour réduire la pauvreté fonctionnait de manière satisfaisante.  « Nous essayons de transmettre nos compétences en la matière à des pays africains qui sortent d’un conflit », a-t-il assuré.

Mme HILDEGARD LINGNAU, Conseillère principale auprès de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), a reconnu que les pays de l’OCDE ne consacraient pas 0,7% de leur PIB à l’aide publique au développement (APD), mais seulement 0,29%.  Elle a ensuite insisté sur la complexité croissante des mécanismes de financement du développement.  L’APD, même si elle a un effet catalyseur, est un de ces mécanismes, a-t-elle dit.  Mme Lingnau a estimé qu’il faudrait dépasser la question du montant de l’APD pour axer davantage les efforts sur l’évaluation de la qualité de cette aide, ainsi que des partenariats.  « Nous avons les connaissances pour nous montrer à la hauteur du défi des ODD », a-t-elle assuré, en ajoutant que ces connaissances devraient désormais être mobilisées.

Pour M. STEFANO PRATO, Société internationale pour le développement (Italie), il existe un décalage entre les attentes en matière de développement et les réalités en termes de financement.  « Il faut briser le mythe selon lequel il manquerait 1 000 milliards de dollars pour répondre aux besoins de financement », a-t-il dit, en insistant sur la dimension politique des choix de développement qui sont faits.  M. Prato a souhaité un déplacement du centre de gravité de l’économie mondiale et a demandé que des investissements accrus soient entrepris dans les économies « locales, dynamiques et diversifiées ».

Il s’est dit très inquiet, en particulier, par le manque de progrès accomplis en vue de la mise en place d’un organe intergouvernemental en matière de coopération fiscale intergouvernementale.  Il a ensuite souligné l’asymétrie qui existe entre le rôle de premier plan joué par les Nations Unies dans l’élaboration du programme de développement et leur rôle réduit dans les discussions sur le financement du développement.  Les États doivent assumer un rôle moteur dans les partenariats en faveur du développement, a-t-il estimé, en ajoutant que les acteurs privés devraient être soumis à des règles strictes afin d’éviter les conflits d’intérêt.

Discussion interactive

Lors de la discussion interactive qui a suivi, le représentant de l’Afrique du Sud a mis en garde contre toute tentative de redéfinition de l’APD qui aurait, selon lui, pour effet de délivrer les pays développés des engagements qu’ils ont formulés par le passé.  « Notre engagement de consacrer 0,7% de notre PIB à l’APD reste intact », a assuré le représentant de la Suède, qui a tenu à saluer la pertinence de l’APD.

De son côté, la représentante du Canada a estimé que l’APD ne suffira pas à répondre aux besoins de financement.  Cette aide devrait être centrée sur les plus pauvres et les plus vulnérables quel que soit le lieu où ils se trouvent, a-t-elle préconisé.  Son homologue de l’Arabie saoudite a, pour sa part, rappelé que la coopération Sud-Sud ne saurait remplacer la coopération Nord-Sud.

Enfin, Mme LINGNAU a brièvement repris la parole pour expliquer qu’il existait d’ores et déjà un Forum, placé sous les auspices de l’OCDE, qui débattait des questions fiscales internationales, alors que M. FAHMY a souligné le rôle de premier plan que doit jouer le Forum de haut niveau pour assurer un suivi des questions du développement, en particulier celle des partenariats.

Table ronde: Faire le suivi des progrès par l’entremise de mécanismes existants (E/HLPF/2015/2)

Cette table ronde, qui était animée par le Sous-Secrétaire général à la coordination des politiques et aux affaires interorganisations du Département des affaires économiques et sociales, M. THOMAS GASS, s’est penchée sur les différents mécanismes de rapport et de suivi qui existent, aujourd’hui, et qui peuvent aider le Forum politique de haut niveau à mettre en œuvre le programme de développement pour l’après-2015 et à atteindre les objectifs de développement durable (ODD).  Plusieurs exemples de succès, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du système des Nations Unies, ont été évoqués.

Mme GERDA VERBURG, Présidente du Comité de la sécurité alimentaire mondiale et Représentante permanente des Pays-Bas auprès des institutions des Nations Unies basées à Rome, a d’abord précisé que le Comité de sécurité alimentaire mondiale, créé en 1974, sert de tribune pour l’examen et le suivi des politiques relatives à la sécurité alimentaire.  Cette plateforme réunit de multiples parties prenantes et permet de tenir compte de tous les points de vue au moment où il faut prendre des décisions concrètes pour passer à l’action et faire face à la crise économique ou à une demande alimentaire croissante qui ont une incidence sur la sécurité alimentaire et la nutrition.  « Cette plateforme travaille de façon inclusive et transparente avec des représentants des gouvernements, des responsables de la société civile, des experts, des chercheurs ou des fondations », a-t-elle expliqué.  Ce mécanisme serait particulièrement important dans le cadre de la mise en œuvre et du suivi du second objectif de développement durable qui a trait à l’élimination de la faim, à la sécurité alimentaire, à la nutrition et à l’agriculture durable, a-t-elle insisté.

M. CHARLES RADCLIFFE, du Bureau du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme à New York, a ensuite mis l’accent sur le mécanisme d’Examen périodique universel (EPU), qui est un processus unique mené par les États Membres de l’ONU sous les auspices du Conseil des droits de l’homme.  « Il s’agit d’un processus d’examen par les pairs, établi sur une base volontaire, transparente et objective.  Il est, par ailleurs, renforcé par des contributions d’experts indépendants, les rapports du Secrétaire général, ainsi que les rapports des institutions des droits de l’homme », a-t-il souligné.  Avant de conclure, il a tenu à réaffirmer qu’il existe un lien étroit entre les droits de l’homme universels, le développement durable et les mécanismes de responsabilisation du respect de ces droits.  

M. ADAM BOULOUKOS, Directeur du Bureau des Nations Unies pour la réduction des risques de catastrophe, est alors revenu sur la troisième Conférence mondiale des Nations Unies sur la réduction des risques de catastrophe, qui s’était tenue à Sendai, au Japon, en mars 2015.  Cette dernière a adopté un nouveau cadre de réduction des risques de catastrophe qui vise à réduire considérablement les pertes en vies humaines et les dommages matériels causés par les catastrophes naturelles d’ici à 2030, a-t-il rappelé.  M. Bouloukos a souligné combien cette conférence avait connu une large mobilisation des parties prenantes.  « Beaucoup de groupes se sont déjà impliqués dans la gestion et la réduction des risques de catastrophe, et ce, sans forcément avoir été guidés dans leurs efforts par la famille des Nations Unies », a-t-il dit.  Rappelant que les 17 objectifs de développement durable comportaient huit cibles en matière de réduction des catastrophes, il a émis le souhait que le Cadre de Sendai soit inclus dans l’ensemble des processus de suivi.  « C’est indispensable à l’heure où les pauvres sont disproportionnément touchés par les risques de catastrophe », a-t-il dit.

Pour sa part, Mme PETRA BAYR, Membre du Parlement de l’Autriche, a axé sa présentation sur le suivi et la mise en œuvre des objectifs de développement durable au niveau national, en rappelant que des mécanismes de mise en œuvre nationaux devraient être mis en place par les États Membres et devraient inclure des groupes de travail au niveau des parlements.  Elle a brièvement illustré son propos en s’adressant directement à la salle: « Qui parmi vous connaît personnellement un parlementaire? » a-t-elle demandé.  Devant le peu de mains levées, elle a invité chaque citoyen et chaque citoyenne à prendre contact avec ses députés et à les convaincre de prendre part au processus de suivi et d’examen des ODD.

M. CALEB OTTO, Représentant permanent des Palaos auprès de l’Organisation des Nations Unies et Président du Forum des îles du Pacifique, a ensuite présenté un mécanisme qui existe dans la région du Pacifique et qui pourrait, selon lui, inspirer d’autres acteurs.  En 2011, a-t-il expliqué, les dirigeants des îles du Pacifique ont revu leurs plans de développement afin de mettre davantage l’accent sur les priorités régionales.  Ils ont ainsi adopté un pacte de renforcement de la coopération, ainsi qu’un processus de mécanisme d’examen par les pairs qui passe en revue les planifications politiques et budgétaires nationales.  Ce mécanisme, a-t-il précisé, permet ensuite de fournir un appui et une assistance aux pays de la région qui en ont besoin, et cette aide découle alors de l’aide publique au développement.   

Par la suite, Mme LOUISE KANTROW, de la Chambre de commerce internationale (États-Unis), une organisation qui représente plus de 5 millions d’entreprises dans environ 130 pays, a insisté sur la nécessité de coopérer avec le secteur privé dans le cadre du suivi et de la mise en œuvre du programme de développement pour l’après-2015.  Jusqu’ici, a-t-elle souligné, la voix du secteur privé a pu se faire entendre et a pu être entendue auprès de différents mécanismes et de processus, tels que le Comité de la sécurité alimentaire mondiale ou la Conférence de Sendai.  Elle a toutefois reconnu que son organisation s’interrogeait encore sur la meilleure façon d’assurer sa participation au Forum politique de haut niveau.

Discussion interactive

À l’issue de ces présentations, plusieurs délégations ont abondé dans le sens des panélistes.  Ainsi, le représentant du Chili a rappelé l’extrême vulnérabilité de son pays aux risques de tremblements de terre, tandis que le représentant de Fidji a mis en exergue les risques de séismes dans l’océan Pacifique, alors qu’il n’existe pas de mécanisme ciblant particulièrement les océans, a-t-il estimé.  La délégation de la Norvège a ensuite invité les participants à s’interroger sur la manière dont le Comité de la sécurité alimentaire mondiale ou le Conseil des droits de l’homme pourraient régulièrement faire rapport au Forum politique de haut niveau.  De son côté, la représentante du Mexique a plutôt insisté sur la nécessité de ne pas « compartimenter » le processus de suivi des ODD mais plutôt d’aborder ces objectifs de façon transversale, en particulier lorsqu’il s’agit des questions liées à l’égalité des sexes.

Partageant cet avis, une représentante du Grand groupe des femmes a ensuite réaffirmé la nécessité d’adopter une approche transversale, et non verticale, dans le suivi et l’examen des ODD.  De son côté, un représentant du Grand groupe des jeunes a insisté sur la qualité des rapports parallèles à l’Examen périodique universel (EPU) et a plaidé pour la prise en compte de rapports provenant de citoyens afin, a-t-il dit, que toutes les parties prenantes fassent partie du processus.  En écho à la présentation faite par la représentante de la Chambre de commerce internationale, un responsable de l’organisation Amnesty international a ensuite considéré que les droits de l’homme devraient être placés avant les profits et qu’il était indispensable que le secteur privé intègre ce concept.

Session de clôture

À l’issue de la discussion interactive, M. MARTIN SAJDIK (Autriche), Président du Conseil économique et social (ECOSOC), a tenu à saluer la qualité des échanges de cette journée et, de manière générale, la richesse des débats qui ont marqué la première partie de la session annuelle du Forum politique de haut niveau.  « Dans quelques semaines, nous aurons un nouveau programme de développement pour l’après-2015 et il est fondamental que le Forum politique de haut niveau accompagne sa mise en œuvre, son examen et son suivi », a-t-il rappelé dans ses remarques de clôture.  « Grâce à nos discussions, nous avons approfondi nos connaissances sur la manière dont nous pouvons couronner de succès ce nouveau programme de développement et le mettre en œuvre. »  Rappelant que ces débats avaient lieu alors que les négociations sur le programme de développement entraient dans leur dernière ligne droite pour culminer en septembre avec le Sommet spécial sur le développement, il a souligné combien ces échanges avaient à la fois fait progresser ces négociations et avaient renforcé le Forum politique de haut niveau, ainsi que l’attention qu’il peut susciter auprès des décideurs politiques de haut niveau.

 

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