Session de 2015, Forum politique de haut niveau sur le développement durable
matin & après-midi
ECOSOC/6703

Ouverture de la deuxième session du Forum politique de haut niveau sur le développement durable, sous les auspices de l’ECOSOC, axée sur la mise en œuvre du programme de l’après-2015

Le Forum politique de haut niveau sur le développement durable a entamé, ce matin, sa deuxième session de la mise en œuvre et du suivi du programme de développement pour l’après-2015 devant être adopté lors du Sommet de septembre prochain. 

Cette session, qui se tient sous les auspices du Conseil économique et social (ECOSOC) jusqu’au 8 juillet prochain, se déroule au cours d’une année cruciale pour le monde, a fait remarquer le Président de l’ECOSOC, M. Martin Sajdik, en faisant référence au processus qui permet de tracer la voie du développement pour les 15 prochaines années.

En sa qualité de Président de la session du Forum politique de haut niveau, le « Forum », M. Sajdik a énoncé les objectifs de ces travaux qui doivent tout d’abord permettre de prendre un peu de recul sur ce processus.  Il a également souligné qu’il faudrait, au cours de cette session, faire le bilan des préparatifs de la troisième Conférence sur le financement du développement qui se tiendra du 13 au 16 juillet prochain à Addis-Abeba.  Il a en outre invité les États Membres à se préparer à la mise en œuvre du futur programme post-2015, en envisageant la manière dont le suivi des progrès sera assuré sur le plan national et à l’ONU.

C’est précisément le Forum politique de haut niveau qui assumera cette importante fonction de suivi de la mise en œuvre au niveau mondial, a rappelé le Ministre fédéral du travail, des affaires sociales et de la protection des consommateurs de l’Autriche, M. Rudolf Hundstorfer, en précisant que le Forum devrait maintenir un niveau d’engagement politique élevé.

La création du Forum est au cœur de la réforme des institutions internationales commencée avec la Conférence Rio+20, a expliqué pour sa part M. Thomas Gass, intervenant au nom du Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, M. Wu Hongbo.  La mise en œuvre du nouveau programme pour le développement demandera, a-t-il dit, des échanges réguliers d’expériences et de conseils sur les moyens de promouvoir des politiques inclusives, transformatives et intégrées.

Le Sommet de septembre donnera des indications importantes sur les principes et la structure de l’architecture d’examen et le travail du Forum politique de haut niveau, a indiqué M. Gass, tout en faisant remarquer que les conclusions de la présente session devraient servir à déterminer les priorités de la session 2016 du Forum.

M. Gass a rappelé que le Forum visait notamment à promouvoir une interface entre la politique et la science, à faire participer les grands groupes et les autres parties prenantes, et à maintenir une attention particulière sur les petits États insulaires en développement et les autres pays vivant dans des situations exceptionnelles.

Mettant pour sa part l’accent sur la nécessité de travailler avec les compétences et les ressources des administrations territoriales, le maire d’Istanbul et Président des Villes unies de la gouvernance locale de Turquie, M. Kadir Topbas, a exprimé sa volonté et celle de son groupe de s’engager activement dans les travaux du Forum.

Au cours de sa séance d’ouverture, le Forum a aussi entendu les représentants du groupe des jeunes et celui sur le vieillissement.  Soulignant qu’en 2030, 16% de la population mondiale auront plus de 60 ans, soit une augmentation de 4% par rapport au taux actuel, la représentante du bureau de l’organisation « Panthères grises » à New York a demandé aux gouvernements de se doter de politiques appropriées en faveur de cette tranche de la population.  À l’instar d’autres intervenants, elle a attaché une grande importance aux données ventilées par rapport à tous les critères pertinents, tels que le revenu, le sexe et l’âge.

Pour garantir un bon suivi, il faudrait établir un comité d’évaluation de l’impact économique et social des objectifs, a proposé, pour sa part, le représentant des jeunes, membre de la « Plate-forme jeunesse Japon pour l’après-2015 », en plaidant pour donner la priorité aux personnes.  Il a aussi conseillé de mettre en place des bureaux indépendants pour évaluer la mise en œuvre des différents objectifs après 2015.

Après l’adoption de son l’ordre du jour provisoire et sa séance d’ouverture, le Forum a tenu deux tables rondes.  Au cours de celle de ce matin, les participants ont réfléchi aux moyens de « façonner le monde pour 2030 » en passant « de la vision à l’action porteuse de changement ».  Cela a été l’occasion pour le cofacilitateur des négociations du programme de développement pour l’après-2015, M. David Donoghue (Irlande), de rappeler qu’il était prévu d’adopter 17 objectifs de développement durable assortis de 179 cibles.

Pour le Vice-Ministre des affaires étrangères aux affaires multilatérales et aux droits de l’homme du Mexique, M. Juan Manuel Gómez Robledo, le défi le plus important dans ce processus est d’intégrer le développement en un seul programme, en tenant compte des trois piliers du développement durable (économique, social et environnement).

La deuxième table ronde, portant sur « le rôle des entreprises dans l’exécution », a fait apparaître le besoin de partenariats bien négociés et équilibrés entre le secteur public et le secteur privé, afin de respecter les intérêts de chacun, en particulier ceux des groupes marginalisés de la population.  Le représentant du Canada a lancé un appel pour motiver les entreprises à rejoindre le Pacte mondial des Nations Unies, car il n’y a encore qu’un petit nombre d’entreprises membres de ce mécanisme.

La session du Forum politique de haut niveau sur le développement durable se poursuivra lundi 29 juin, à partir de 10 heures.

 

FORUM POLITIQUE DE HAUT NIVEAU SUR LE DÉVELOPPEMENT DURABLE

Déclarations liminaires

M. MARTIN SAJDIK (Autriche), Président du Conseil économique et social (ECOSOC), qui préside cette session du Forum politique de haut niveau, a rappelé que le Forum se réunissait, pour la deuxième fois, sous les auspices de l’ECOSOC.  Cette session se déroule au cours d’une année cruciale pour le monde, a-t-il fait remarquer, en faisant référence au processus qui permet de tracer la voie du développement pour les 15 prochaines années.  Les États Membres, qui finalisent actuellement le programme de développement pour l’après-2015, a-t-il indiqué, se sont déjà entendus sur 17 propositions d’objectifs.  Outre la protection de la planète, ce programme visera l’élimination de la pauvreté et des inégalités économiques, avec l’édification d’une société reposant sur l’état de droit et le développement durable, a-t-il dit.

M. Sajdik a énoncé les trois objectifs de cette session.  Le premier est de prendre un peu de recul et d’approfondir la réflexion sur le programme de développement de l’après-2015.  Il faudra aussi faire le bilan et voir où nous en sommes quant aux préparatifs de la troisième Conférence sur le financement du développement qui se tiendra du 13 au 16 juillet prochain à Addis-Abeba.  Il a aussi invité à se préparer à la mise en œuvre du futur programme post-2015, en envisageant les façons d’assurer le suivi des progrès tant dans les pays que du côté de « l’East River », c’est-à-dire aux Nations Unies. 

« Nous allons discuter des moyens de faire du programme de l’après-2015 une action transformatrice », a assuré le Président de l’ECOSOC.  Il a souhaité la mobilisation du secteur des affaires, de la société civile, des sciences et des moyens de mise en œuvre, en invitant à maintenir l’« esprit de Samoa ».  M. Sajdik a également suggéré d’examiner les moyens de simplifier les choses, de prévoir des examens thématiques, ainsi qu’une orientation stratégique pour la mise en œuvre du programme post-2015.  Il a aussi souligné l’importance de la crédibilité de ce programme pour qu’il reçoive la confiance des bailleurs de fonds et de toutes les parties prenantes. 

Ces cinq jours permettront une transition sans heurt vers la réunion ministérielle du Forum, a espéré M. Sajdik, en précisant qu’il faudrait discuter de la transition des OMD vers les objectifs de développement durable.  En outre, le 10 juillet, quatre pays présenteront des déclarations nationales volontaires pour se préparer au contexte de l’examen de l’après-2015 qui se tiendra l’an prochain pour la première fois.

M. RUDOLF HUNDSTORFER, Ministre fédéral du travail, des affaires sociales et de la protection des consommateurs, de l’Autriche, a déclaré que pour que la mise en œuvre du nouveau programme pour le développement soit couronnée de succès, un mécanisme de suivi et d’examen efficace est nécessaire.  C’est ce Forum politique de haut niveau qui prendra cette importante fonction au niveau mondial ensemble avec le Conseil économique et social.  Le Forum jouera un rôle décisif dans le suivi de la mise en œuvre des engagements de développement durable et l’examen des progrès réalisés.  La coopération de toutes les parties prenantes et la participation des groupes et acteurs importants sont essentielles dans ce contexte.

Le Ministre a souligné que le Forum politique de haut niveau aura un rôle de supervision pour maintenir l’engagement politique, donner des avis, partager des meilleures pratiques et faire des recommandations pour que davantage d’actions soient prises aux niveaux mondial, régional et international.  Une grande importance doit être accordée aux indicateurs appropriés ainsi qu’à des données et statistiques crédibles.

M. Hundstorfer a ensuite partagé sa vision de la dimension sociale du développement.  L’élimination de la pauvreté sous toutes ses formes doit être au cœur de toutes nos politiques.  Selon des statistiques récentes de la Banque mondiale, un milliard d’individus vivent avec moins de 1,25 dollar par jour.  La nécessité d’éliminer la pauvreté, l’exclusion sociale et l’inégalité dans les pays et entre les pays doit être la priorité de notre programme, a-t-il dit.  Nos stratégies de lutte contre la pauvreté doivent refléter la nature multidimensionnelle de la pauvreté.  C’est pourquoi, nous devons développer des politiques efficaces à travers lesquelles les pauvres puissent améliorer leurs moyens de subsistance et avoir accès aux services de santé et sociaux et à l’éducation.

Le Ministre a ajouté que chacun est en droit d’avoir un travail décent.  L’emploi et des revenus suffisants sont les meilleures protections contre la pauvreté, l’inégalité et l’exclusion sociale.  Nous devons promouvoir l’accès à un travail décent et la mise en œuvre du Pacte mondial pour l’emploi de l’Organisation internationale du Travail (OIT).  Nous avons besoin d’une coopération internationale forte afin de développer des stratégies de promotion de l’emploi, a estimé le Ministre, en rappelant que l’emploi des jeunes devrait être la priorité.

M. Hundstorfer s’est dit convaincu que le dialogue social est utile dans ce contexte en prenant l’exemple de l’Autriche où les syndicats et les organisations patronales coopèrent avec succès avec le Gouvernement en mettant au point une politique de développement social, économique et de l’emploi.  La protection sociale, a-t-il ajouté, est aussi fondamentale pour le développement social.  Certains pays des plus avancés ont réussi parce qu’ils disposent d’un bon système de protection sociale.  La recommandation N° 202 de l’OIT sur les socles de protection sociale met en avant le concept de base fondamentale de protection sociale pour tous les citoyens en accord avec les conditions nationales. 

L’investissement dans la protection sociale est rentable, a encore avancé le Ministre pour qui l’argent investi accroît la demande.  Ceci nécessite des politiques nationales sûres, des institutions fortes et l’état de droit.  La coopération et l’appui international peuvent contribuer efficacement au renforcement des capacités et des institutions.  Le secteur informel doit être régularisé et les politiques fiscales et sociales doivent être coordonnées.  La protection sociale pour tous avant 2030 est possible et dépend entièrement de la volonté politique, a-t-il estimé.

M. Hundstorfer a également indiqué qu’il faudrait promouvoir l’inclusion sociale des groupes marginalisés et défavorisés.  Ceci est essentiel dans l’élimination de la pauvreté car elle affecte des larges segments de nos sociétés.  L’exclusion de ces groupes constitue une perte de potentiels et a un coût élevé pour la société dans son ensemble.  La non-discrimination, l’égalité des droits et l’inclusion sociale doivent en conséquence être les principes qui guident la mise en œuvre des politiques de développement durable.  Le Ministre a insisté sur le fait que les politiques sociales sont aussi importantes que les politiques économiques et environnementales dans le cadre du développement durable.  Avant de conclure, il a lancé un appel pour assurer que la dimension sociale joue un rôle clef dans le processus de suivi et d’examen à venir.  

M. THOMAS GASS, qui a parlé au nom de M. WU HONGBO, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a déclaré que le Forum politique de haut niveau est une instance où nous discutons pour nous assurer que nous sommes sur la bonne voie pour adopter un programme transformateur pour le développement et lancer sa mise en œuvre.  La création du Forum, a-t-il rappelé, est au cœur de la réforme des institutions internationales qui avait été engagée à la suite de la Conférence Rio+20.  La mise en œuvre du nouveau programme pour le développement exigera un leadership politique, ainsi que des échanges réguliers d’expériences et de conseils sur la manière dont il faudrait promouvoir des politiques inclusives, transformatives et intégrées.  Cela exigera aussi un suivi efficace et un contrôle des progrès réalisés.  Le Forum vise également à promouvoir une interface entre la politique et la science, faire participer les grands groupes et les autres parties prenantes, et garder l’attention sur les petits États insulaires en développement et les autres pays vivant dans des situations exceptionnelles.

Le Forum s’appuiera sur les travaux des différents organes et les plateformes à l’intérieur et à l’extérieur du système des Nations Unies.  Cela s’appliquera dans la mise en œuvre au niveau des pays et sur des thèmes spécifiques.  Le Forum bénéficiera aussi des travaux et des conseils de l’Assemblée générale et de l’ECOSOC.  Il peut, en retour, soutenir leurs travaux en matière de développement durable.  Le Forum encouragera en outre un soutien mutuel et des moyens adéquats de mise en œuvre.  

Il a indiqué que le Sommet de septembre devrait donner quelques indications importantes sur les principes et la structure de l’architecture d’examen et le travail du Forum politique de haut niveau.  Mais on aura encore besoin de plus de détails sur la façon dont le Forum devrait fonctionner pour s’acquitter efficacement de son rôle.  « Vos discussions au cours des huit prochains jours seront essentiels pour préparer ces mesures et donner une forme à la session 2016 du Forum.  Comment le Forum peut stimuler et faire des examens efficaces des mises en œuvre?  Comment peut-il mieux soutenir les efforts des pays et des citoyens?  Dans le même temps, nous devrons garder à l’esprit une image plus large et situer le Forum dans l’immensité des défis », a indiqué M. Gass.

Déclarations de grands groupes et autres parties prenantes

M. KADIR TOPBAS, Maire d’Istanbul et Président de Cités et Gouvernements Locaux Unis, Turquie, s’est dit convaincu qu’un programme pouvait être défini pour lutter contre la pauvreté et assurer le développement durable, en précisant que ce plan universel devrait tenir compte des besoins des générations de manière durable.  Il s’est félicité de la reconnaissance des gouvernements locaux et régionaux dans le préambule de la déclaration, mais a regretté qu’aucun lien n’eût été établi avec les plans d’urbanisation.

M. Topbas a mis l’accent sur la nécessité de travailler avec les compétences et les ressources des administrations territoriales.  Il a appelé à remédier aux lacunes entre les citoyens, notamment en édifiant des institutions solides, en particulier au niveau local.  Il a aussi plaidé pour un accès universel aux services de base, en particulier les groupes les plus vulnérables comme les femmes, les enfants, les personnes handicapées ou celles vivant dans la pauvreté.  Le maire d’Istanbul a exprimé sa volonté et celle de son groupe de s’engager auprès du Forum politique de haut niveau sur le développement durable.

Mme FRANCES ZAINOEDDIN, Panthères grises, New York, au nom du groupe des parties prenantes sur le vieillissement, a souligné que le monde serait beaucoup plus vieux en 2030: 16% de la population aura plus de 60 ans alors que cette tranche d’âge représente aujourd’hui 12%.  Les gouvernements doivent répondre aux besoins de toutes les personnes, du berceau à la tombe, a-t-elle demandé.  Notant que les personnes âgées ne sont pas un groupe homogène, elle en a déduit qu’il ne devait pas y avoir une seule politique les concernant.  En effet, certains continuent de travailler longtemps après 60 ans, beaucoup vivent de manière indépendante et en bonne santé, certains s’occupent d’autres personnes et contribuent à leurs communautés, a-t-elle fait valoir.  Elle a souligné que ce sont des agents actifs du changement qui permettent d’assurer un monde meilleur à leurs enfants et petits-enfants.  Malheureusement, a-t-elle fait remarquer, certains sont pauvres, illettrés et dans le besoin.

Pour Mme Zainoeddin, le vieillissement de la population est une question de développement, car il faut que ces personnes âgées sortent de la pauvreté, avec un accès aux services médicaux et sociaux.  Comment feront les jeunes et les personnes âgées en 2030 dans les zones urbaines où vivront 6 personnes sur 10?  La représentante a souligné, à cet égard, le rôle important du Forum politique de haut niveau qui doit insister sur l’importance des preuves.  Celles-ci doivent se baser sur des données ventilées par rapport à tous les critères pertinents, tels que revenu, genre, âge, race, ethnicité, statut migratoire, handicap, ou encore lieu géographique.  Elle a aussi recommandé que l’examen mené par le Forum s’accompagne de l’examen de l’impact des programmes nationaux, en s’intéressant à tous les groupes d’âge et sociaux.  Mme Zainoeddin a également recommandé à tout le système des Nations Unies de participer à cet examen, en vue de faire des recommandations par le biais du Forum, avant de demander des ressources suffisantes pour le Forum.  En ce qui concerne le Groupe des parties prenantes sur le vieillissement, elle a indiqué qu’il présentait des propositions sur les travaux du Forum ainsi que sur les mécanismes de coordination de la participation de toutes les parties prenantes.

M. HIROTAKA KOIKE, Plate-forme jeunesse Japon pour l’après-2015, en tant que représentant du groupe des jeunes aux Nations Unies, a demandé de faire preuve de courage pour voir au-delà des politiques à court terme et de l’intérêt personnel.  Il faut penser à la résilience, a-t-il demandé, en souhaitant que la planète soit à l’abri d’un développement effréné.  Nous ne pouvons pas céder au plus offrant, a-t-il lancé, en expliquant que les jeunes seront les plus touchés par l’échec ou le succès du programme de développement.  Il a estimé que la dimension environnement du programme de développement pour l’après-2015 pourrait le conduire à opérer de véritables changements. 

M. Koike a fait remarquer qu’une exploitation excessive a un effet sur le développement durable, avant d’appeler à mesurer l’empreinte écologique des pays.  Il faut établir un comité d’évaluation de l’impact socioéconomique des objectifs, a-t-il recommandé, en exigeant que les personnes passent avant les bénéfices.  Il a appelé toutes les parties prenantes à travailler dans ce sens.  Enfin, M. Koike a conseillé de mettre en place des bureaux indépendants pour évaluer la mise en œuvre des différents objectifs après 2015.  Les différents groupes doivent avoir accès aux informations et participer au suivi en tant que « parties prenantes », comme cela est prévu à l’ordre du jour.

Table ronde 1: « Façonner le monde pour 2030: de la vision à l’action porteuse de changement »

Présidée par le Président du Conseil économique et social (ECOSOC), M. Martin Sajdik (Autriche), et animée par le journaliste ghanéen Henry Bonsu, la première des deux tables rondes de la journée portait sur les moyens à mettre en œuvre pour traduire les mots des objectifs de développement durable en actions concrètes.

M. DAVID DONOGHUE (Irlande), cofacilitateur des négociations du programme de développement pour l’après-2015, a fait le point sur le processus en cours.  Il a notamment rappelé que les objectifs de développement durable comportaient 17 objectifs et 179 cibles, lesquels se basent sur les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  Ils s’appliqueront à tous les pays, riches et pauvres, et dans toutes les situations en fonction des échanges et des capacités de chacun. 

Le suivi et l’examen doivent se faire aux niveaux local, national, régional et mondial, a-t-il précisé.  L’accent a été mis sur la responsabilisation de l’État envers les citoyens, a-t-il dit, en insistant, à cet égard, sur la nécessité d’enregistrer des progrès.  Le document zéro spécifie que le Forum politique de haut niveau est le sommet d’un réseau mondial travaillant de façon cohérente avec l’ECOSOC, l’Assemblée générale et d’autres parties, a-t-il fait observer. 

M. Donoghue a souligné également que le document zéro proposait au Secrétaire général de fournir des recommandations sur bon nombre de questions, notamment sur la complémentarité et la cohérence sur les processus de suivi et d’examen au niveau mondial.  M. Donoghue a par ailleurs mis en garde contre le danger de voir le monde extérieur ne pas comprendre l’enjeu des négociations en cours. 

M. JUAN MANUEL GÓMEZ ROBLEDO, Vice-Ministre des affaires étrangères aux affaires multilatérales et aux droits de l’homme du Mexique, a souligné que le défi le plus important était d’intégrer le développement en un seul programme en tenant compte des trois piliers.  Il a mis l’accent sur la nécessité d’expliquer au monde ce processus qui, d’ici 15 ans, changera la planète.  Il est important, a-t-il souligné, de reconnaître la dimension sociale et économique pour combattre la pauvreté.  La mise en place d’instruments nouveaux va entraîner des défis importants, a-t-il déclaré, en appelant à renforcer l’état de droit afin de garantir la viabilité du processus, ainsi que la coopération internationale.  Le Mexique ne peut avancer sans l’accompagnement des Nations Unies, a-t-il rappelé.  Enfin, pour M. Gómez Robledo, le travail interne d’évaluation est sans doute ce qu’il y a de plus important pour retenir les pratiques les plus optimales. 

M. MAYACINE CAMARA, Directeur du Département des politiques économiques et de la planification au Ministère de l’économie, des finances et de la planification du Sénégal et Président du Forum régional africain pour le développement durable, a affirmé que les effets néfastes des changements climatiques touchaient des pays différents de manière inéquitable.  Il a souligné également les défis consécutifs au chômage, en particulier celui des jeunes, des conflits.  M. Camara a appelé à ne pas confondre les ambitions liées aux besoins à celles liées aux désirs.  Il a insisté, également, sur les moyens de mise en œuvre.  M. Camara a, de même, souligné en particulier la nécessité de prévoir un cadre mondial pour le transfert des technologies et des connaissances, lequel tiendrait compte des spécificités du continent africain. 

M. BABATUNDE OSOTIMEHIN, Directeur exécutif du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), a estimé que les droits de l’homme et la lutte contre les inégalités étaient liés.  Il a mis l’accent sur la nécessité de garantir l’éducation, l’autonomisation et les emplois pour les jeunes, en insistant, pour investir dans ces domaines, sur l’importance de disposer de données.  Le Forum politique de haut niveau doit faire en sorte que tous les processus soient reliés les uns aux autres.

M. MARWAN BISHTAWI, Coordonnateur adjoint, Équipe de plaidoyer de Pax Romana pour l’Organisation des Nations Unies, New York, qui représentait les groupes de jeunes, a posé la question de savoir où l’on sera dans 15 ou 30 ans.  Il a dit ne pas vouloir faire partie d’une génération qui ne verra plus Nauru, Tuvalu, les Îles Marshall ou même Manhattan.  Il faut veiller, a-t-il dit, à ce que le Forum politique de haut niveau et le processus d’examen entendent les voix de ceux qui sont sur la ligne de front.  Ce qui se décide ici doit rebondir au niveau local, a-t-il ajouté, en citant le pape François dans sa dernière encyclique.  Il a demandé instamment à ce que des initiatives soient prises pour avoir un avenir dont nous pouvons tous être fiers.  M. Bishtawi a souligné en outre l’importance de faire participer la société civile au processus. 

Discussion interactive

Lors de la discussion interactive, l’Afrique du Sud, au nom du Groupe des 77 et la Chine, a jugé important que chaque pas franchi en vue d’atteindre le mandat du Forum politique de haut niveau tienne compte de ce qui est prévu quant au suivi et à l’examen.  Le Forum, a-t-il dit, devrait bénéficier d’une plus grande participation des États Membres et d’une plus grande transparence.  Il a, en particulier, regretté que la question du mécanisme de facilitation technologique, lequel est pourtant l’un des moyens transformateurs les plus importants pour aboutir au développement durable, ne soit pas suffisamment traitée.

La déléguée des Maldives, évoquant la situation des petits États insulaires en développement, a insisté sur la nécessité de faire en sorte que les mots soient suivis d’effets et d’actes. 

Une meilleure participation du Forum avec plus de transparence est essentielle, a répondu le Ministre mexicain Gómez Robledo à l’intervention du représentant sud-africain, en soulignant en outre l’importance de la communication.  M. OSOTIMEHIN a, quant à lui, rappelé la nécessité d’investir dans l’éducation et la santé et de faciliter l’accès au crédit, et de renforcer les partenariats et la participation avec le secteur privé.

Comment communiquer et parler au monde pour faire connaître les différents buts et objectifs, a demandé aussi la déléguée de l’Allemagne.   Le Ministre de la planification de l’économie de la République dominicaine a proposé qu’une plus grande attention soit accordée aux institutions dans le cadre des objectifs.

La représentante de la Zambie a souligné la nécessité de tenir compte, dans le programme de développement pour l’après 2015 et le processus d’examen du Programme d’action de Vienne des aspirations et des considérations particulières des pays sans littoral, des pays en développent et des pays les moins avancés.

M. GÓMEZ ROBLEDO a mis en avant l’importance de lutter contre la bureaucratie et à résister à la corruption.  Il faut des institutions pour mettre en œuvre ce programme, a résumé le Vice-Ministre mexicain des affaires étrangères.

En ce qui concerne la question de l’appropriation, la déléguée du Rwanda a estimé que l’implication des citoyens était essentielle, ceux-ci devant se sentir maîtres du processus.  Pour M. Bishtawi, la place de la société civile est plus forte que par le passé, et il convient donc de renforcer ce qui existe déjà sans pour cela créer de nouvelles structures.

Table ronde 2: « Le rôle des entreprises dans l’exécution » (E/HLPF/2015/2, E/HLPF/2015/3 et E/HLPF/2015/3/Add.5)

Présidée par le Président de l’ECOSOC, cette table ronde a mis en évidence le rôle crucial que doivent jouer les entreprises et les industries dans la mise en œuvre du programme de développement de l’après-2015.  En guise d’introduction, M. Sajdik a rendu compte des discussions de la réunion des partenariats du Forum qui s’est tenue le 28 mai dernier.  À cette occasion, a-t-il indiqué, on avait examiné les leçons apprises des partenariats « multipartenaires », ainsi que la façon dont ces partenariats peuvent renforcer les systèmes de santé et la résilience face aux pandémies.

Mme AMINA MOHAMMED, Conseillère spéciale du Secrétaire général pour la planification du développement après 2015, qui animait la discussion, a rappelé les prochains évènements de cette année: la Conférence d’Addis-Abeba sur le financement pour le développement, le Sommet de septembre pour adopter les objectifs de développement durable et la Conférence sur le climat qui se tiendra à Paris en décembre.  Le secteur des affaires doit faire évoluer son action en vue de contribuer à la mise en œuvre du programme de développement pour l’après-2015, a-t-elle dit, en invitant à examiner les modèles des affaires les plus à même de réaliser ces objectifs.

Quelles sont les mesures qui incitent à réaliser les objectifs de développement durable?  Comment le secteur public peut-il encourager le secteur privé à y contribuer?  Quels partenariats sont considérés comme universels tandis que certains sont spécifiques aux pays?  Telles sont quelques questions parmi celles qu’a posées la modératrice aux participants pour lancer la discussion.

M. MARK MOODY-STUART, Président de Foundation for the Global Compact, États-Unis, a exprimé combien les hommes d’affaires étaient passionnés pour les marchés, à cause de l’efficacité et de la créativité qu’ils suscitent.  Mais les marchés ne peuvent pas tout faire, a-t-il fait remarquer en invitant à agir dans le cadre des marchés en lien avec les gouvernements.  En même temps, il a observé que les règlementations contribuaient souvent à tuer la créativité car, a-t-il dit, elles sont trop prescriptives.  Plaidant en faveur d’une coopération de part et d’autre, il a prévenu que les règlementations feraient des gagnants et des perdants.  Il faut donc repenser la connexion établie entre les gouvernements et le monde des affaires, a-t-il dit, avant de vanter les mérites du Pacte mondial qui compte à ce jour 8 000 membres, la moitié étant des chefs d’entreprises et l’autre des syndicats.

M. TOSHIO ARIMA, Directeur et Conseiller exécutif du Conseil de Fuji Xerox, Japon, a présenté les trois niveaux d’engagement du monde des affaires: l’engagement direct; le déploiement et la collaboration avec les entreprises; et la contribution et le soutien à la société.  L’entreprise japonaise Fuji Xerox agit  d’un côté pour atténuer les risques et de l’autre pour créer des opportunités.  Il a donné l’exemple de ce que fait Fuji Xerox pour améliorer l’enseignement primaire aux Philippines, en collaboration avec une organisation non gouvernementale, notamment en fournissant des ordinateurs et des manuels scolaires dans les écoles de villages.  M. Arima a aussi rendu compte de ce que fait le Pacte mondial au Japon.  Celui-ci a par exemple lancé un appel au Gouvernement japonais pour qu’il mette l’accent sur la mise en œuvre des objectifs de développement durable lors du sommet de 2016.

M. JEFF SEABRIGHT, Chef du développement durable d’Unilever, Royaume-Uni, a indiqué que 90% des emplois dans le monde en développement proviennent des entreprises petites, moyennes et grandes.  Le secteur privé est également un moteur d’innovation, a-t-il estimé, avant de souligner la capacité d’investissement de ce secteur qui sera utile pour la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Il a également noté que les affaires contribuaient au capital humain et au renforcement des capacités, permettant ainsi d’accélérer la croissance économique.  M. Seabright a conseillé d’inspirer le monde des affaires pour qu’il fasse sien le futur programme de développement pour l’après-2015.  En ce qui concerne Unilever, il a assuré que l’entreprise avait réussi à réduire ses coûts, grâce à une plus grande efficacité, et contribué à l’amélioration de l’assainissement dans le monde.  Les entreprises veulent saisir l’occasion qui se présente de dialoguer au sujet des plans de développement, a-t-il précisé.

M. JEAN-FRANCIS ZINSOU (Bénin) a souligné le rôle important que doit jouer le secteur privé dans la mise en œuvre des objectifs de développement durable, tout en rappelant que les États gardent le rôle principal.  Il faut que les gouvernements combinent leurs ressources publiques pour qu’elles servent de catalyseur, a-t-il dit.  M. Zinsou a en outre invité les gouvernements à puiser dans les ressources plus larges du secteur privé pour avoir plus de chances de réussir dans la poursuite de ces objectifs.  Rappelant les engagements pris lors de la quatrième Conférence sur les pays les moins avancés (PMA), à Istanbul en 2011, il a souligné l’accord sur le principe d’une banque de technologies pour les PMA.  Il faut trouver un cadre adéquat pour obtenir les meilleures ressources possibles, a-t-il conclu.

Le secteur privé ne doit pas être uniquement un spectateur, a poursuivi Mme ANNIKA LINDBLOM, Directrice du développement durable international au Ministère de l’environnement de la Finlande, en donnant l’exemple de l’engagement accru du secteur privé dans son pays pour promouvoir un développement durable.  L’engagement des entreprises doit pouvoir être mesuré grâce à des indicateurs, des cibles et des calendriers, a-t-elle dit.  Elle a aussi indiqué que presque tous les ministères finlandais s’étaient engagés à travailler en lien avec les entreprises privées.  Les entreprises finlandaises ont expliqué les avantages qu’elles tirent de leur engagement: c’est une source d’inspiration pour leur personnel, cela crée également de meilleures relations avec les clients et permet d’améliorer les résultats économiques tout en contribuant au développement national.  Faisant remarquer que la philanthropie en soi n’allait pas changer le monde, Mme Lindblom a invité à intégrer la responsabilité des entreprises dans les méthodes de travail, et à baser le partenariat avec les entreprises sur la confiance et le dialogue.

M. FRANCIS GURRY, Directeur général de l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI), a indiqué que l’un des principaux défis était la gouvernance des partenariats entre le secteur public et le secteur privé.  Les entreprises doivent avoir la garantie qu’elles auront leur mot à dire, a-t-il dit.  M. Gurry a ensuite affirmé que la formulation d’intérêts communs était un autre de ces défis, prenant l’exemple du secteur de la technologie.  Il a ainsi précisé que l’appui apporté par le secteur public avait permis de développer des médicaments pour des maladies tropicales rares, ce qui n’aurait pas été possible sans ce soutien puisqu’il n’y avait pas de marché pour que le secteur s’y intéresse.  M. Gurry a enfin expliqué que ces partenariats entre le secteur public et le secteur privé avaient également permis d’élaborer et de fournir des livres pour personnes mal voyantes dans les pays en développement.

M. DIEGO AZZI, Confédération syndicale internationale, Brésil, a indiqué que le secteur privé pouvait jouer un rôle dans les efforts de développement.  Les entreprises peuvent cependant avoir des intérêts qui diffèrent de ceux des acteurs publics, a-t-il fait remarquer.  M. Azzi a ensuite insisté sur l’importance du dialogue social pour promouvoir la paix sociale, ainsi que sur la responsabilité des entreprises.  Les multinationales doivent appliquer les normes de l’OIT, a-t-il dit, avant de soulever la question des paradis fiscaux et de l’évasion fiscale.  M. Azzi a livré certaines idées pour assurer le succès d’un partenariat entre le secteur public et le secteur privé, en mettant notamment l’accent sur la nécessité d’une consultation constante entre les parties prenantes.  De tels partenariats, a-t-il estimé, devraient éviter de privatiser les gains  et de « socialiser » les pertes.

Discussion interactive

La discussion qui a suivi a été lancée par le représentant du Groupe des agriculteurs qui a appelé à faire participer les communautés les plus marginalisées dans les processus de développement.  Il faut que l’on donne le pouvoir aux pauvres et aux populations marginalisées, a renchéri le représentant du Groupe des affaires et de l’industrie.

Le représentant du Groupe des enfants et des jeunes a invité, à son tour, à changer notre façon de voir les choses, tout en rappelant que les ressources de la planète étaient limitées.  Il a notamment demandé d’aborder le problème d’écart entre les salaires minimum et maximum. 

Il faut discuter sérieusement de la question des salaires, a reconnu le Président de Foundation for the Global Compact.  Le Pacte mondial, a-t-il précisé, comporte une section sur l’état de droit, en mettant l’accent sur l’importance de l’accès à une justice locale.  À ce propos, la question du respect des droits des travailleurs et des droits des femmes a été soulevée par le Groupe des femmes dont la représentante s’est inquiétée des problèmes rencontrés dans le secteur de la confection au Bangladesh.

La représentante d’Amnesty International, qui appelait à respecter tous les droits de l’homme dans la mise en œuvre du développement, a souhaité une responsabilisation des entreprises à cet égard.  Les entreprises ne voient pas toujours leur obligation juridique lorsque leur contribution est basée sur le volontariat, a-t-elle fait remarquer.

Comment pouvons-nous revenir au bon exemple qu’est le Pacte mondial, s’est interrogé pour sa part le représentant du Canada.  Comment motiver les entreprises à le rejoindre, a-t-il demandé en regrettant qu’il n’y ait encore à ce jour qu’un petit nombre d’entreprises membres de ce mécanisme.

La représentante du Rwanda, pays qui a une vision 2020, a fait part de son intention de mettre les technologies de l’information et de la communication (TIC) et les prestations de service en valeur dans l’économie.  Pays sans littoral, le Rwanda bénéficie cependant de l’intégration régionale, a-t-elle dit, en faisant valoir cet atout pour les investisseurs potentiels qui prospectent dans son pays. 

Intervenant à son tour, la représentante du Groupe des femmes a expliqué que la privatisation des services d’éducation, de santé et d’assainissement pose des problèmes importants en termes d’accès, notamment pour les populations marginalisées.  Le contrôle de l’accès à l’eau doit rester aux mains de l’État, a répondu le Président de Foundation for the Global Compact.  Il faut des relations équilibrées entre les États et le secteur privé, a tranché le représentant du  Bénin, car, a-t-il précisé, les partenariats entre le secteur public et le secteur privé peuvent être très avantageux s’ils sont bien négociés. 

La représentante de la Finlande a souligné que le secteur privé attend des règlementations qu’elles soient prévisibles, mais elle a prévenu que les gouvernements suivants peuvent apporter des modifications sur des bases qu’on ne peut pas nécessairement prévoir.

Le représentant de l’OMPI a relevé que la question des droits de l’homme avait été mentionnée plusieurs fois au cours de la discussion et a conclu que cela n’était pas un hasard.  Il est aussi ressorti de la discussion que les gouvernements comme les entreprises devraient penser de manière différente, comme l’a relevé le représentant d’Unilever.  Il faut que chacun sorte de sa zone de confort, a conclu la modératrice.

 

 

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