Troisième Conférence internationale sur le financement du développement
5e et 6e séances – matin & après-midi
DEV/3190

Financement du développement: les pays à revenu intermédiaire dénoncent le calcul « erroné » de leur niveau de développement qui leur barre l’accès aux prêts concessionnels

La Namibie ou les Bahamas hier, la Jamaïque ou Sainte-Lucie aujourd’hui, les pays à revenu intermédiaire n’ont cessé de dénoncer, tout au long de la troisième Conférence internationale sur le financement du développement, le calcul « erroné » qui leur attribue un niveau de développement tel qu’il leur barre l’accès aux financements concessionnels.  Ils se sont donc dits apaisés que le projet de document final, toujours en négociation, reconnaisse « le problème ».  La Conférence, qui se tient à Addis-Abeba depuis le 13 juillet, devrait en effet adopter demain, au dernier jour de ses travaux, « le cadre global du financement du développement pour l’après 2015 ». 

Pour démontrer l’« absurdité » du calcul consistant à diviser le produit national brut (PNB) par la population et à inscrire dans la catégorie des pays à revenu intermédiaire interdits de financements concessionnels tout État qui aurait un revenu par habitant supérieur à 1 000 dollars, le Ministre des affaires étrangères des Bahamas a invoqué, hier, le « paradoxe de Robinson Crusoé ».  Si ce dernier a 1 milliard de dollars et Vendredi 1 dollar, leur île aurait un revenu par habitant de 500 millions et 50 centimes, à la grande surprise de Vendredi, a ironisé le Ministre.

En Afrique, 75% des pauvres vivent dans les pays à revenu intermédiaire, a rappelé également hier le Ministre du commerce du Botswana.  Oui, s’est impatienté le Président de la Namibie, nous avons des ressources naturelles dont l’exploitation fait grimper notre PNB, mais nos populations ne consomment pas ces ressources.  « Comme tout le monde, ils mangent de la nourriture, et comme tout le monde ils veulent des écoles et des hôpitaux pour s’instruire et se soigner. »

Inscrire des États comme Sainte-Lucie dans la catégorie des pays à revenu intermédiaire, c’est ignorer ses graves vulnérabilités face aux catastrophes naturelles qui peuvent balayer, du jour au lendemain, tous les acquis du développement, a plaidé aujourd’hui son Ministre du développement.  Son homologue de la Barbade, fier que son pays soit classé à la 59ème place sur 187 dans l’Indice du développement humain, a tout de même demandé qu’un « profil de vulnérabilité et de résilience » devienne le critère d’accès aux ressources concessionnelles nécessaires s’ajoutant à une bonne gestion de la dette.  Les petits États insulaires en développement ploient sous le fardeau de la dette mais sont interdits d’accès à l’Initiative pour les pays pauvres très endettés (PPTE).  Or, la région des Caraïbes, par exemple, a consacré près de 30 milliards de dollars entre 1994 et 2014 aux efforts de reconstruction à la suite de catastrophes naturelles. 

Le Ministre de la Barbade a soulevé un autre problème, celui des mesures agressives d’un groupe de pays de l’Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE) qui ont établi une « liste noire » des pays accusés de non-coopération en matière fiscale.  Cela est d’autant moins judicieux que nos pays n’ont pas ménagé leurs efforts pour se conformer aux mesures de régulation unilatérales mises en place par l’OCDE, a souligné le Ministre du développement durable de Sainte-Lucie.  La lutte contre les paradis fiscaux et les juridictions qui n’agissent pas dans un souci de transparence devrait être la priorité de la communauté internationale, a rétorqué le Secrétaire général espagnol de la coopération internationale.

Une remarque qui aurait pu faire sourire la Ministre des finances et du plan du Cap-Vert, après qu’elle a accusé, avec le Vice-Ministre des finances du Timor-Leste, les pays développés d’accueillir dans leurs institutions bancaires les 50 milliards de dollars par an que l’Afrique perd chaque année en flux financiers illicites.

Cette question et celle du problème lié au statut des pays à revenu intermédiaire sont repris dans le projet de document final, se sont félicités les intervenants.  Un projet de document final dont on peut être fier, a estimé le Ministre des affaires étrangères de la Suisse parce qu’il consacre la nécessité de renforcer la mobilisation des ressources nationales, la mise en place des incitations pour que fonds privés contribuent au développement durable, le caractère central de l’aide publique au développement (APD), la nécessité de mieux exploiter le système multilatéral du financement du développement et la lutte contre les flux financiers illicites.

Cette « fierté » n’a pas été partagée par le Ministre des finances de l’Inde.  Bien au contraire, il s’est dit déçu que l’esprit du multilatéralisme et de l’universalité n’ait pas été assez loin lorsque des questions clefs comme celle de la fiscalité ont été examinées.  L’absence d’une décision ambitieuse sur la transformation du Comité d’experts des Nations Unies sur la coopération internationale en matière fiscale en un organe intergouvernemental est « une chance historique perdue ».

La Plénière de la Conférence internationale sur le financement du développement, qui devrait adopter le projet de document final demain, jeudi 16 juillet, a aussi prévu de poursuivre son débat général.

Déclarations

M. PETER PHILIPS, Ministre des finances et du plan de la Jamaïque, a affirmé que la moitié des pays des Caraïbes étaient engagés dans des programmes ou dans des négociations avec le FMI en ce qui concerne la viabilité de leur dette. Ces programmes exigent de très sérieux efforts de consolidation fiscale et la mise en œuvre de réformes structurelles visant à mettre en place un environnement propice à la croissance économique, a-t-il dit, ajoutant que plusieurs pays anglophones des Caraïbes avaient un ratio d’endettement qui dépassait 100% de leur PIB.

Il a souligné les vulnérabilités extrêmes des pays des Caraïbes en raison des changements climatiques, précisant que ces pays avaient consacré près de 30 milliards de dollars entre 1994 et 2014 aux efforts de reconstruction à la suite de catastrophes naturelles. Tout en notant que les Caraïbes étaient la sous-région la plus endettée du monde, il a déploré que les pays de cette région ne puissent, en raison de leur statut de pays à revenu intermédiaire, bénéficier des solutions accessibles aux pays pauvres très endettés. « Nos pays ne pourront pas atteindre les ODD si le défi de la dette n’est pas relevé », a-t-il dit, avant de souhaiter que la question de l’endettement et des circonstances spécifiques dans lesquelles se trouvent les petits États très endettés des Caraïbes soit dûment prise en compte lors de cette Conférence.

M. Philips a ensuite appelé de ses vœux un examen plus rigoureux des critères de passage des pays d’une catégorie à l’autre, indiquant que le passage dans la catégorie de pays à revenu intermédiaire pouvait empêcher l’accès à certains programmes. Les circonstances de nature à exacerber les vulnérabilités des pays, telles que le niveau de leur revenu et leur capacité institutionnelle, a-t-il dit, doivent être prises en compte. Il s’est félicité du traitement réservé à cette question lors de cette Conférence, lequel constitue un pas en avant en vue de l’adoption de ce principe.

Enfin, il a indiqué que les partenariats de développement fonctionnaient parce qu’ils s’accordaient sur les objectifs à atteindre tout en acceptant les différences dans les modalités en vue de leur réalisation. Ce principe, accepté depuis longtemps par la communauté internationale, demeure pertinent aujourd’hui et devrait être entériné lors de cette Conférence, a-t-il conclu.

Mme CRISTINA DUARTE, Ministre des finances et du plan du Cap-Vert, a appelé à une meilleure gestion des ressources naturelles, arguant que les lacunes actuelles expliquent « le paradoxe du développement ».  L’Afrique, un continent béni par de nombreuses ressources, est le continent le plus pauvre au monde.  L’Afrique doit renforcer ses institutions pour une meilleure fiscalité du secteur des ressources naturelles.  Le continent perd quelque 50 milliards de dollars par an dans les flux financiers illicites alors que les experts estiment à 24 milliards par an les besoins du continent en énergie.  L’Afrique doit mieux gérer ses ressources financières car ce que l’Afrique ne perd pas en fonds illicites est « officiellement » maintenu sur le continent sous la forme de réserves internationales, de fonds de pensions ou autres.  Il est temps que l’Afrique mette fin à ces « fuites » et n’attendent plus cinq ans pour un prêt, parfois à des conditions défavorables, pour financer des projets structurels de développement.  « J’ai l’impression que parfois, nous mendions notre propre argent», s’est lamentée la Ministre. 

Des solutions existent, a-t-elle dit.  Nous avons besoin, a-t-elle expliqué, d’un nouveau paradigme et passer de la gestion de la pauvreté à la transformation structurelle.  Nous devons maintenir notre richesse en Afrique et mieux la gérer.  Pour des pays comme le Cap-Vert, il faut assurer un meilleur contrôle en mer, qui est la principale source de revenus.  Nous devons mieux négocier les contrats de pêches, avoir de meilleures politiques contre la pêche illicite et mieux cartographier les ressources halieutiques.

Donnons du pouvoir au secteur privé, a encouragé la Ministre, car l’un des défis de l’Afrique, pour la prochaine décennie, est d’assurer l’émergence d’une véritable classe capitaliste et d’un vrai secteur privé.  Nous ne pouvons pas développer, ni transformer le continent sans eux.  C’est la voie de l’industrialisation et de la création d’emplois.  Nous voulons que notre secteur privé desserve un marché alimentaire de 30 milliards de dollars en Afrique.  L’agriculture offre à l’Afrique la chance de devenir un acteur important de la chaine d’approvisionnement mondiale. 

Quant aux partenaires au développement, ils doivent reconnaître qu’ils ne peuvent à la fois appuyer le développement et abriter les flux financiers illicites.  Ils ne peuvent donner l’aide d’une main, et de l’autre faire pression sur les pays pour qu’ils acceptent de mauvais accords.  « Alors que nous nous adonnons à nos bonnes œuvres, n’oublions pas que la vraie solution est un monde où la charité devient superflue », a conclu la Ministre en citant Chinua Achebe, le grand écrivain nigérian.

M. JAMES FLETCHER, Ministre du développement durable, de l’énergie, de la science et de la technologie de Sainte-Lucie, a affirmé que le futur cadre d’Addis-Abeba devait mettre l’accent sur la mobilisation des ressources pour les trois piliers du développement durable, la mise en cohérence des ressources financières avec les ODD, la nature intégrée du développement durable et l’universalité du programme de développement tout en reconnaissant les besoins dynamiques des pays en développement. Il a précisé, à cet égard, que le document final devrait remédier aux cas spécifiques de développement que sont les PEID, lesquels font face à des défis critiques s’agissant de la mobilisation de ressources nationales et de leur haut niveau d’endettement.

La question du classement des pays est d’une importance cruciale pour les pays des Caraïbes, a-t-il poursuivi, indiquant que l’accession de Sainte-Lucie à la catégorie des pays à revenu intermédiaire, sur la base d’une mesure erronée de son PIB, ignorait ses graves vulnérabilités face aux catastrophes naturelles. À cette aune, il a souhaité la mise en place d’indicateurs économiques plus pertinents pour les PEID, sous peine de voir ces pays privés des mécanismes de financement nécessaires à leur développement. Tout en souhaitant qu’une solution au lourd endettement des pays des Caraïbes soit trouvée, il a qualifié d’arbitraire la classification par l’Union européenne de nombreux pays des Caraïbes dans la liste des pays qui ne sont pas coopératifs d’un point de vue fiscal. Cela est d’autant moins judicieux que nos pays n’ont pas ménagé leurs efforts pour se conformer aux mesures de régulation unilatérales mises en place par l’OCDE, a-t-il dit.

Enfin, il a affirmé que la promesse des pays développés de mobiliser 100 milliards de dollars par an d’ici à 2020 pour atténuer les effets des changements climatiques ne sera pas suffisante pour remédier aux défis posés par ces changements. Le principe selon lequel le financement de la lutte contre les changements climatiques vient en complément du financement du développement doit être entériné par cette Conférence, a-t-il estimé avant de conclure.

M. GUSTAVE SANON, Ministre de l’économie et des finances du Burkina Faso, a cité les efforts de son pays s’agissant de la mobilisation des ressources intérieures.  Il a « souligné avec force » que l’aide publique au développement (APD), sans être une panacée, demeure encore aujourd’hui un outil incontournable dans le financement du développement du Burkina Faso.  De ce fait, la diminution de cette aide constitue une profonde préoccupation, a-t-il confié, en jugeant impératif que les pays membres de l’Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCED) s’efforcent d’atteindre l’objectif convenu de consacrer 0,7% de leur PNB à l’APD. Le Ministre a ensuite détaillé les efforts de son gouvernement en matière de bonne gouvernance.  Il a expliqué que les crises sociopolitiques qui ont secoué le Burkina Faso, ces quatre dernières années, et dont la plus récente, qui a connu son dénouement les 30 et 31 octobre avec la chute du régime en place, trouvent leur origine dans la quête d’une meilleure gouvernance et de meilleures conditions de vie.  Il s’agit en particulier des défis liés à l’emploi des jeunes, à l’entreprenariat féminin et à la problématique du genre.  Le gouvernement s’attèle à prendre en compte ces préoccupations. 

Le Ministre a aussi parlé des efforts contre les changements climatiques et a conclu en insistant sur la nécessité de la mise en place d’un cadre de suivi de l’accord qui sera issu de la Conférence d’Addis-Abeba.  Un tel mécanisme nous semble indispensable, a-t-il dit, si l’on veut que les engagements qui seront pris ne soient pas « hélas » des engagements de plus.  C’est à ce prix que nous allons garantir la création d’un monde plus juste et plus harmonieux, a estimé le Ministre.

Les pays comme le mien auront besoin d’un soutien robuste de la communauté internationale afin de relever les défis particuliers auxquels ils font face, a affirmé M. LYONPO NAMGAY DORJI, Ministre des finances du Bhoutan, tout en indiquant que la promotion du développement commençait avec les efforts consentis par ces pays.

« Même si nous sommes déterminés à trouver les moyens innovants pour mobiliser les ressources domestiques, nous aurons besoin du soutien de nos partenaires de développement », a-t-il poursuivi. Le Ministre a estimé qu’un partenariat mondial renouvelé devait être le pilier principal du futur programme de développement. Il a d’ailleurs affirmé que les progrès accomplis par les pays les moins avancés seront l’un des critères permettant d’évaluer en 2030 le succès dudit programme.

L’APD doit rester la source la plus importante du financement extérieur du développement des PMA, a-t-il dit, avant de demander une augmentation de l’aide pour ces pays. Enfin, il a appelé de ses vœux la mise en place, au sein de l’architecture intergouvernementale du financement du développement, d’un mécanisme de suivi qui permettrait notamment d’évaluer la concrétisation des engagements pris en faveur des PMA.

Mme FAEQA SAEED ALSALEH, Ministre du développement social du Bahreïn, a dit espérer que les résultats de la Conférence d’Addis-Abeba auront un impact positif sur l’ensemble des pays.  L’environnement mondial d’aujourd’hui exige une grande ambition.  Le flux d’APD à lui seul ne sera pas suffisant.  Il faudrait donc déployer tous les efforts possibles pour attirer les investissements à condition que leur rendement soit satisfaisant.  Le Bahreïn connaît bien la question car, a-t-elle rappelé, il a joué un rôle important dans la création de la Banque islamique.  Le Bahreïn entend d’ailleurs continuer à aider les pays en développement par le biais des Nations Unies, entre autres.

Mme BEATRICE ATTALAH, Ministre des affaires étrangères de Madagascar, a détaillé les difficultés économiques et sociales que connaît son pays, avant de saluer les propositions émises à l’endroit des PMA visant à augmenter l’APD. Les objectifs ne pourront être réalisés sans un « changement de mentalités profond de nous tous », a-t-elle dit, avant de souligner la nécessité d’éviter tout gaspillage et de prévoir les catastrophes naturelles et humaines qui alourdissent les dépenses. « Changeons nos paradigmes », a exhorté la Ministre. Elle a indiqué que les pays accusant un retard dans leur développement ne devraient pas être vus comme des fardeaux mais bien comme « les garants de notre prospérité et de notre stabilité à tous ».

Elle a détaillé les efforts de son pays en vue d’une mobilisation optimale des ressources domestiques, avant de souligner ses besoins de financement extérieur. L’APD pour Madagascar a chuté de 30% au cours des cinq années de crise que le pays a connues, a-t-elle regretté.  Enfin, la Ministre a assuré que son gouvernement prendrait toutes les mesures nécessaires afin de parvenir à l’instauration d’un environnement serein aux investissements. Les tentatives de déstabilisation qu’a connues Madagascar nous motivent à aller de l’avant, a-t-elle conclu.

M. JAYANT SINHA, Ministre des finances de l’Inde, a estimé que le monde a vu des progrès remarquables depuis la première Conférence internationale sur le financement du développement.  Pourtant certaines réalités sont malheureusement restées les mêmes: la pauvreté reste le plus grand défi mondial et un fardeau collectif pour l’humanité.  Depuis Monterrey, notre bilan est mitigé.  Notre vision à Addis-Abeba doit donc aller au-delà du "financement du développement » et viser « la réalisation du développement ».  Notre objectif ultime doit être un monde où les pays en développement peuvent générer les ressources dont ils ont besoin.  Nous devons reconnaître que la croissance soutenue est la solution la plus sûre au développement.  Le Ministre s’est donc dit déçu que l’esprit du multilatéralisme et de l’universalité n’ait pas été assez loin quand les discussions globales sur des questions clefs comme la fiscalité avaient été examinées.  Dans un monde interconnecté, les politiques fiscales sont un « bien public mondial » qui a des ramifications au-delà des frontières nationales.  L’échange d’informations est une bonne chose mais il ne saurait remplacer un multilatéralisme véritable et équitable pour décider des normes et des règles communes sur la fiscalité. 

Un agenda véritablement universel exige que tous les pays puissent « légiférer » sur un pied d’égalité sur les questions mondiales.  L’absence d’une décision ambitieuse sur la transformation du Comité d’experts des Nations Unies sur la coopération internationale en matière fiscale en un organe intergouvernemental est « une chance historique perdue ».  Le Ministre a souligné que la vision du développement consacrée par la communauté internationale dans les objectifs de développement durable est « remarquablement » similaire à celle du Gouvernement indien. « Ce n’est pas une coïncidence heureuse, c’est une coïncidence nécessaire ».  Aujourd’hui, a conclu le Ministre, nous avons l’occasion de définir le futur pas seulement de nos pays mais du monde entier.  L’Inde espère que la vision commune du bien-être et de la prospérité de ceux qui sont en bas de la pyramide continuera à inspirer la communauté internationale dans les engagements qu’elle prend à cette Conférence.

M. ABDELKADER MESSAHEL, Ministre des affaires maghrébines, de l’Union africaine et de la Ligue des États arabes de l’Algérie, a souligné les efforts gigantesques déployés par les pays africains depuis le lancement de l’initiative NEPAD en 2002 pour améliorer la gouvernance au service d’une meilleure mobilisation des sources de financement du développement au plan interne et d’une meilleure allocation des ressources « ou bien encore l’hypothèque de la dette extérieure qui a privé des gains escomptés de nombreuses économies africaines ».

L’Afrique entend s’acquitter de la part qui lui revient, tout en mettant en place les réceptacles idoines à la contribution de ses partenaires, sous forme d’APD ou d’investissements directs, a-t-il dit. M. Messahel a indiqué que le plan décennal 2015-2025 pour le développement des infrastructures en Afrique, crucial pour la réussite du futur programme de développement, attendait de recevoir la contribution de partenaires. L’APD devra être revisitée dans un esprit de partenariat et conformément aux principes relatifs à son efficacité, a-t-il poursuivi, avant de féliciter les pays ayant annoncé l’augmentation du niveau de leur APD.

Enfin, le Ministre a affirmé qu’un moratoire sur le remboursement de la dette était absolument nécessaire en direction des pays à faible revenu, précisant que l’Algérie avait procédé à l’annulation de leurs dettes pour un montant global de 1,4 milliard de dollars au cours des cinq dernières années. 

Nous savons que le paysage mondial du développement a changé considérablement depuis l’adoption des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), a déclaré M. GUNNAR BRAGI SVEINSSON, Ministre des affaires étrangères de l’Islande.  Nous voyons maintenant avec une très grande clarté que notre action ou plutôt notre inaction a des conséquences et que nos vies sont interconnectées.  Nous devons donc nous traiter et traiter notre planète avec respect et notre marche doit être guidée par le respect des droits de l’homme et de la dignité pour tous.  L’éradication de la pauvreté et de la faim est au cœur du nouvel agenda et notre vision doit être claire et prospective: l’autosatisfaction n’est pas de mise.  On peut faire beaucoup en cultivant soigneusement ce que nous avons déjà.  L’Islande a un autre angle de vue que beaucoup d’autres pays développés, a confié le Ministre.  Nous partageons, a-t-il dit, l’histoire des pays en développement, en tant qu’ancienne colonie et en tant que pays extrêmement pauvre, il y a moins d’un siècle.  C’est la raison pour laquelle la coopération au développement de l’Islande se fonde sur le partage d’expériences. 

Le Ministre s’est réjoui que le projet de document final de la Conférence d’Addis-Abeba mette l’accent sur les investissements nécessaires à la lutte contre la dégradation des terres au nom de la sécurité alimentaire, de la réduction de la pauvreté, de l’autonomisation des femmes et de l’atténuation et de l’adaptation aux effets du changement climatique.  L’Islande est également convaincue que son expérience de l’énergie géothermique peut servir au développement et à la prospérité des pays en développement, tout comme ses connaissances dans la gestion durable des ressources de la mer.  L’esprit de partenariat et de solidarité qui nous réunit ici nous portera jusqu’au Sommet de New York, en septembre et à la Conférence de Paris, en décembre.  Nous devons assumer nos responsabilités de leaders du monde et faire en sorte que personne ne soit abandonné sur le bord de la route au moment où nous jetons les bases d’un développement durable pour léguer à nos enfants et aux générations futures une planète préservée, a conclu le Ministre.

Mme FLORENCE LIMBIO, Ministre de l’économie, du plan et de la coopération internationale, en charge des pôles de développement de la République centrafricaine, a affirmé que l’un des défis majeurs des pays en développement, notamment les pays fragiles et post-conflit, était la mobilisation des ressources intérieures. L’augmentation du niveau de collecte auprès des grandes entreprises à travers l’élimination des exonérations et une meilleure négociation des contrats pourraient être une source de revenus pour les États, a-t-elle dit. Aux fins de lutter contre l’évasion fiscale et les flux financiers illicites, elle a appelé de ses vœux le renforcement de la coopération régionale entre pays par le biais d’un partage d’informations. La communauté internationale devra soutenir les efforts des États pour rapatrier les flux financiers illicites dans les pays concernés, a-t-elle dit.

Mme Limbio a ensuite affirmé que les crises militaro-politiques que son pays a connues l’ont empêché de réaliser les OMD. Le gouvernement de transition mis en place en février 2014 a réalisé avec succès sa feuille de route qui a permis le retour progressif de la sécurité et la relance de l’économie avec l’appui de la communauté internationale, a-t-elle affirmé. En conclusion, la Ministre a indiqué, qu’en dépit des avancées, les besoins de son pays demeuraient immenses et appelaient à une mobilisation forte et soutenue de la communauté internationale.

M. WINSTON DOOKERAN, Ministre des affaires étrangères de Trinité-et-Tobago, a plaidé pour que les pays en développement puissent participer aux processus de prise de décisions, d’établissement des normes et de gouvernance économique, au niveau international.  L’établissement des normes de la finance doit se faire à responsabilité égale entre tous les États, grands ou petits.  Dans ce contexte, le Ministre a fermement appuyé le renforcement du Comité d’experts des Nations Unies sur la coopération internationale en matière fiscale et a vigoureusement défendu la création d’un cadre financier international transparent et participatif.  Les efforts visant le renforcement du filet international de sécurité financière permanent doivent viser, a-t-il poursuivi, à rendre plus durables et mieux orientées vers le développement les fenêtres d’appui offertes aux petits États par le Fonds monétaire international (FMI) et les autres institutions financières.  

Les pays du « grand Sud » doivent pleinement être intégrés à l’économie mondiale.  Nous devons faire en sorte que ces économies ne soient plus perçues comme des économies périphériques ou résiduelles du monde.  Nous l’avons déjà fait à nos risques et périls, a dit le Ministre, en pointant le doigt sur le cas de la Grèce en Europe.  Il a aussi estimé que pour que le programme de développement post-2015 engrange des succès, son cadre de mise en œuvre doit faire partie du document final d’Addis-Abeba.  En l’occurrence, une partie essentielle de cette mise en œuvre est le mécanisme pour faciliter l’accès aux technologies.

M. ROBERTO B. TAN, Trésorier national des Philippines, a souhaité qu’une réponse améliorée soit apportée aux défis complexes et divers que connaissent les pays en développement, y compris les pays à revenu intermédiaire. À cet égard, nous recherchons des partenariats qui nous offriraient un meilleur accès à un soutien cohérent et adéquat en vue du renforcement de nos capacités nationales, a-t-il affirmé.

M. Tan a ensuite déclaré que le financement de la lutte contre les changements climatiques devait venir en complément de l’APD. Il a souligné la nécessité d’une politique coordonnée en vue d’un accès facilité et moins onéreux aux technologies les plus demandées, en particulier celles qui tombent sous le coup du droit de la propriété intellectuelle. Il a en outre demandé un renforcement de la protection des travailleurs migrants et une diminution des coûts afférents aux transferts de leurs salaires. Nous devons reconnaître que ces travailleurs contribuent à la croissance économique du pays hôte et du pays de destination de ces transferts, a-t-il dit.

Enfin, il a souhaité une accélération des négociations du cycle de Doha et la mise en place du paquet de Bali en vue de la promotion d’un commerce durable et inclusif.

En cherchant à éradiquer la pauvreté, a déclaré M. TABU ABDALLAH MANIRAKIZA, Ministre des finances et de la planification du développement économique du Burundi, on devrait se garder d’ignorer l’importance d’appuyer le nouveau cadre de développement « Agenda 2063 » de l’Union africaine et son Nouveau partenariat pour le développement (NEPAD).  Les pays en situation de conflit et post-conflit doivent également bénéficier d’une attention particulière et d’une assistance accrue, a dit le Ministre qui a aussi attiré l’attention sur la déclaration spéciale de l’Union africaine sur les flux financiers illicites.  Le Ministre a appelé à une aide à l’industrialisation et au transfert des technologies. Il a aussi demandé qu’une assistance technique et le renforcement du capital humain soient fournis aux pays en développement pour l’exploitation des ressources naturelles, en tenant compte du plein exercice du droit souverain des pays sur lesdites ressources. 

Le Ministre n’a pas oublié de souligner l’importance de la coopération Nord-Sud, arguant que la coopération Sud-Sud ne doit pas et ne peut pas être un obstacle qui empêcherait les pays développés de remplir leurs engagements en matière d’APD.  Rien ne devrait constituer un obstacle à cette coopération de plus en plus fructueuse.  Le Ministre a estimé qu’un forum permanent d’échange des Ministres des finances et du développement économique devrait être envisagé dans un proche avenir pour évaluer et faire des projections sur la coopération Sud-Sud.  Il a aussi appelé au respect de l’espace politique des États dans toutes les démarches à entreprendre dans le cadre la coopération Nord-Sud.

M. DARCY BOYCE, Ministre au sein du Bureau du Premier Ministre de la Barbade, a relevé que, selon l’indice de développement humain pour 2013, la Barbade était classé au 59ème rang sur 187, faisant de son pays un pays à revenu intermédiaire élevé. S’il s’est dit fier de ce classement, il a cependant fait remarquer que l’utilisation du seul PIB par habitant comme critère d’évaluation du développement était inadéquate et ne rendait pas compte de tous ses défis de développement. Il a en conséquence souhaité qu’un indice de vulnérabilité et de résilience soit adopté dans le cadre du financement du développement, afin de permettre aux pays à revenu intermédiaire, en particulier ceux qui sont lourdement endettés, d’avoir de nouveau accès au type de financement nécessaire à la préservation de leurs gains économiques et sociaux.

M. Boyce a soutenu l’adoption de mesures innovantes non traditionnelles permettant de remédier au lourd endettement des pays à revenu intermédiaire. À cet égard, le renforcement de la résilience comme préalable aux prêts consentis par les institutions financières internationales, y compris par l’inclusion d’un « profil de vulnérabilité et de résilience », doit devenir un critère déterminant l’accès des pays tels que la Barbade aux ressources concessionnelles nécessaires à une bonne gestion de la dette, a-t-il dit.  Le Ministre a en effet expliqué que l’économie de son pays n’était pas suffisamment robuste pour pouvoir solliciter auprès des marchés financiers le financement qui lui conviendrait. Il a ensuite souhaité que les spécificités et les besoins des petits pays vulnérables très endettés soient dûment pris en compte lors de cette Conférence. 

« Nous, pays des Caraïbes, ne fuyons pas la prise et l’exécution des décisions difficiles nécessaires pour remettre nos économies sur le bon chemin, réduire nos vulnérabilités et améliorer notre résilience », a-t-il dit.  « Mais nous avons besoin de justice dans la manière dont nos institutions financières sont traitées par certains dans le monde développé », a-t-il poursuivi.  Dans la même veine, il a souligné la nécessité pour les pays des Caraïbes de pouvoir faire entendre leur voix à la table où s’élaborent les normes internationales affectant ces pays.  « Nous avons besoin des Nations Unies pour s’asseoir à cette table avec nous ».

Il a ensuite déploré, dans le domaine de la coopération fiscale internationale, les menées agressives d’un groupe sélectif de l’OCDE et la récente liste noire établie par l’Union européenne, dans laquelle figurent plusieurs pays des Caraïbes, dont la Barbade.  À cette aune, il a souhaité que la question de la fiscalité internationale soit traitée sur un pied d’égalité avec les autres questions du financement du développement.  Les Nations Unies doivent jouer un rôle plus important dans ce domaine, a-t-il conclu.

M. EMMANUEL NGANOU DJOLI MESSI, Ministre de l’économie, de la planification et de l’aménagement du territoire du Cameroun, a souligné que les avancées de son pays pour la réduction de la pauvreté et pour la « tonification » de la croissance économique ont conduit à un taux de croissance en progrès de 5,9% en 2014 à plus de 6% en 2015, en dépit de deux « externalités » négatives à savoir le terrorisme de Boko Haram et la situation sociopolitique de la République centrafricaine.  Le Ministre en appelé au soutien continu des partenaires du Cameroun pour endiguer les conséquences ravageuses de la guerre, des déplacés et des réfugiés, sur l’économie nationale. 

Le Ministre a invité les uns et les autres à évoluer vers l’accroissement substantiel de l’APD avec notamment la consécration effective des 0,7% du revenu national brut (RNB) des pays développés et vers la lutte contre la fuite des capitaux avec en prime une coopération fiscale, l’initiative fiscale d’Addis-Abeba étant un début de réponse.  Les uns et les autres, selon le Ministre, devraient aussi évoluer vers le renforcement du Partenariat mondial pour la croissance en Afrique et vers le renforcement de la voix et de la représentation de l’Afrique dans les instances de décisions internationales et par-dessus tout vers la poursuite d’une gouvernance économique et financière assise sur la promotion de l’état de droit mais aussi sur une juste répartition des richesse mondiales.  Il faut passer à l’action en arrêtant le mécanisme d’exécution et de suivi des engagements pris ici à Addis-Abeba, a conclu le Ministre.

M. JUAN TEMISTOCLES MONTAS DOMINGUEZ, Ministre de l’économie, du plan et du développement de la République dominicaine, a indiqué qu’il ne sera pas possible de réaliser le  développement durable en suivant la seule logique des marchés. Il a souligné l’urgence qui s’attache à la réduction des inégalités sous toutes leurs formes, avant de souligner les vulnérabilités de la République dominicaine, pays insulaire et à revenu intermédiaire. Il a détaillé les efforts de son gouvernement pour y remédier, citant notamment les dépenses publiques consenties dans les domaines de la santé et de l’éducation notamment.

Il a souligné la nécessité de bâtir des régimes d’imposition plus transparents et souhaité la mise en place d’une entité onusienne de haut niveau, au sein de laquelle une représentation géographique équitable serait assurée. Il a aussi souhaité que l’APD vienne en appui des priorités des pays à revenu intermédiaire selon des modalités qui doivent être précisées. Il a expliqué que la coopération sud-sud devait venir en complément de la coopération Nord-Sud. Enfin, il a appelé de ses vœux la mise en place d’un mécanisme de suivi des engagements pris à Addis-Abeba.

M. ABDOULAYE DIOP, Ministre des affaires étrangères, de l’intégration africaine et de la coopération internationale du Mali, a appelé les pays qui ne l’ont pas encore fait à honorer les engagements qu’ils ont pris à la Conférence de Bruxelles de 2013 sur les annonces de contributions en faveur du Mali.  Une somme de 3,5 milliards d’euros avait été promise, a rappelé le Ministre.  Il a ensuite plaidé pour que le transfert de fonds des migrants, qui représente environ 862 millions de dollars par an pour le Mali, soit 12% du PIB, fasse l’objet d’une attention particulière et soit valorisé en tant que source alternative de financement du développement.  Il a demandé la même attention pour les pays du Sahel confrontés à la lutte contre le terrorisme, l’extrémisme violent et le narcotrafic.  Ces pays dont le Mali, a-t-il précisé, font face aux menaces récurrentes de Boko Haram, d’Al Qaïda, du MUJAO, d’Ançardine, de DAECH et d’autres.  Le Ministre s’est ensuite attardé sur le handicap du taux de « concessionnalité » qui limite les capacités de mobilisation des ressources financières.  Il a appelé la communauté des donateurs à privilégier plutôt la prise en compte de la capacité de remboursement des pays concernés afin de leur permettre de réaliser des projets de développement durable.

La Conférence, a-t-il conclu, se tient juste après la signature, le 15 mai, par toutes les parties maliennes de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du Processus d’Alger.  Le Ministre a souligné « avec force » que cet Accord n’est pas une fin en soi.  Sa mise en œuvre constitue le défi le plus important.  Il a lancé un appel pressant à la communauté internationale pour qu’elle mobilise les ressources techniques, matérielles et financières nécessaires à l’application de l’Accord.  Le Gouvernement du Mali, a annoncé le Ministre, organisera prochainement une table ronde pour la mobilisation de ces ressources.

M. MIGUEL ENGONGA OBIANG EYANG, Ministre du Finance et du budget de la Guinée équatoriale, a souligné  que la réponse à apporter aux défis des changements climatiques était la priorité de son pays et expliqué que le deuxième prix décerné par son pays et l’UNESCO consacrait cette priorité. Les entreprises privées, a-t-il dit, doivent s’engager plus résolument en faveur du développement durable. Il a ensuite plaidé pour l’élimination des obstacles non tarifaires et autre entraves qui empêchent le plein accès des pays en développement aux marchés commerciaux internationaux. Enfin, il a demandé la pleine mise en œuvre des instruments forgés à Monterrey et à Doha pour réaliser le développement durable.

M. FERNANDO APORTELA RODRIGUEZ, Vice-Ministre des finances du Mexique, a indiqué que son pays a réussi à obtenir un taux d’inflation bas et stable, et une croissance qui dure depuis plusieurs années.  Un programme de réformes structurelles au bénéfice de tous les Mexicains vient d’être lancé dans les secteurs de l’éducation, des télécommunications, de l’énergie, de la fiscalité et du crédit.  Une banque nationale a été mise sur pied pour parer aux carences dans le financement des projets de développement.  Les réformes ont exigé efficacité et transparence dans les dépenses publiques et l’implication du secteur privé.  Le Ministre a avoué que le soutien des institutions internationales a permis de relancer les efforts de développement au Mexique.  Il a donc soutenu la coopération internationale dans un régime commercial ouvert et non discriminatoire. 

Le Ministre a indiqué que son pays, qui fait partie du Groupe MITKA –Mexique, Indonésie, Turquie, République de Corée et Australie - s’efforcera de promouvoir le Programme d’action d’Addis-Abeba.  En tant que pays hôte, le Mexique, a annoncé le représentant, invite les pays à la 13ème Conférence des États parties à la Convention des Nations Unies sur la biodiversité en 2016.  Le Ministre a conclu en se disant heureux de l’intégration de tous les aspects du financement du développement dans le projet de document final d’Addis-Abeba. Dans le contexte des très fortes fluctuations des marchés internationaux, le thème du financement du développement est « capital », a souligné le Ministre, en appelant à poursuivre sur la voie de Monterrey pour arriver à un monde plus prospère pour tous.

Mme JERVASE YAK, Vice-Ministre des finances, du commerce, de l’investissement et du plan économique du Soudan du Sud, a dit qu’elle partageait l’analyse présentée dans le projet de document final concernant les pays fragiles et souhaité que ce dernier soit adopté. Il ne faut pas laisser les États fragiles ou en proie à un conflit sur le bord de la route, a-t-elle dit, avant de plaider pour une meilleure intégration économique de ces pays. Elle a également demandé que le secteur privé soit plus étroitement associé aux stratégies de développement durable de ces pays, ainsi qu’un accès facilité au financement des changements climatiques. Ces éléments doivent être appliqués si l’on veut que les pays fragiles ou en proie à un conflit renouent avec le développement durable, a-t-elle dit. L’APD doit continuer au bénéfice de ces pays, même si ses modalités pourraient être revues, a-t-elle poursuivi. En conclusion, elle a souligné l’engagement de son gouvernement en faveur de la paix de la stabilité au Soudan du Sud.

En tant que pays post-conflit, le Timor-Leste, a indiqué son Vice-Ministre des finances, M. HELDER LOPES, ne connaît que trop la dure réalité de ce que peuvent être les défis « insurmontables » du développement.  En 10 ans à peine, le pays a su reconstruire la plupart de ses infrastructures et mettre en place un système efficace de gouvernement capable de gérer le boom des ressources et de naviguer « dans les eaux parfois troubles » d’une jeune démocratie.  Mais, a dit le Vice-Ministre, nous sommes conscients des limites de notre petite économie et de notre petite base fiscale.  Des limites, a-t-il dénoncé, qui peuvent être amplifiées par l’évasion fiscale et les flux financiers illicites qui, comme tout le monde le sait, atterrissent dans les pays développés.  Nous sommes aussi conscients de l’importance de l’aide internationale au développement et nos discussions sur la qualité de cette aide doivent se concentrer sur la prévisibilité et la nécessité de recourir davantage aux systèmes nationaux.  Ces discussions doivent compléter et en aucun cas  détourner l’attention des engagements faits de longue date sur la quantité de l’aide.  Depuis 1975, l’APD n’a jamais vraiment approché l’objectif de 0,7% car si cet objectif avait été atteint, ce sont quelque 5 000 milliards de dollars qui auraient été mis à la disposition du développement et de la résilience, a conclu le Vice-Ministre.

M. HANY KADRY DAMIAN, Ministre des finances de l’Égypte, a souhaité qu’il y ait un « saut qualitatif » dans les réponses à apporter aux défis du développement durable et des changements climatiques. Il a souligné la nécessité d’une  volonté forte et d’un mécanisme de suivi pour assurer la mise en œuvre des engagements pris lors de cette Conférence. Il a ensuite indiqué que les pays riches avaient une responsabilité morale et historique envers les pays les plus pauvres. « Nous avons besoin de renforcer la voix des pays en développement au sein des institutions financières internationales », a-t-il dit. 

Il a affirmé que les pays en développement, malgré les politiques courageuses qu’ils mènent, avaient besoin de l’APD et d’initiatives internationales en matière d’assistance technique, s’agissant notamment du transfert de technologies. Enfin, il a souhaité qu’une distinction soit faite entre le financement du développement et le financement de la lutte contre les changements climatiques et espéré que la présente conférence aboutisse à un document final équilibré.

M. RAMON GORDILS, Vice-Ministre de la coopération économique du Venezuela, a jugé impératif de laisser les pays en développement gérer de manière autonome leurs ressources naturelles, sans l’intervention des multinationales.  La gestion souveraine des ressources contribuera à la lutte contre la fraude fiscale, le trafic illicite et l’exploitation.  Le secteur privé a certes un rôle dans le développement durable mais ce rôle doit être bien compris.  Le Venezuela, a poursuivi le Vice-Ministre, dénonce l’agression économique dont il fait l’objet ainsi que les barrières commerciales et les mesures bilatérales néfastes.  Mais le Vice-Ministre s’est dit fier que son pays ait réussi à fournir, cette année encore, de l’énergie à 18 pays, dans le cadre du Plan de coopération Sud-Sud qui célèbre aujourd’hui son 10ème anniversaire.  Le Vice-Ministre a réitéré son exigence de démocratisation des institutions financières internationales, en particulier la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI).  Sur la base du principe des responsabilités communes mais différenciées, le Vice-Ministre a réclamé une nouvelle architecture et une nouvelle éthique sociale, économique et financière, au niveau international. 

M. AHMED AL MURAIKHI, Directeur du développement international du Ministère des affaires étrangères du Qatar, a affirmé que le financement du développement devrait répondre aux aspirations de la communauté internationale telles qu’elles s’exprimeront dans les futurs programmes de développement et accord sur les changements climatiques. Le Qatar continuera d’apporter son aide pour réaliser le développement, la paix et la sécurité, a-t-il dit, ajoutant que la stabilité était un préalable pour la réussite des efforts dans ses domaines. À cet égard, il a attiré l’attention sur les menaces que font planer les groupes terroristes. En conclusion, il a déclaré que son pays n’avait pas cessé d’augmenter son APD depuis 1974.

M. MANUEL SAGER, Ministre des affaires étrangères de la Suisse, a indiqué que son pays avait lancé hier, conjointement avec d’autres États ainsi qu’avec ONU-Femmes et l’OCDE, le Plan d’action d’Addis-Abeba sur un financement transformatif pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes.  Il a ensuite souligné « un résultat significatif et un enjeu de taille » qui résument les progrès accomplis jusqu’ici et le chemin qu’il reste à parcourir.  Le Ministre a d’abord souligné qu’on peut être fier de l’accord sur le document final qui, a-t-il espéré, sera finalisé d’un moment à l’autre.  Le chemin a été long et les négociations n’ont pas toujours été faciles mais globalement, nous sommes parvenus à identifier différentes manières de répondre aux questions les plus pressantes de ces prochaines années.  Il a donné les exemples du renforcement de la mobilisation des ressources nationales, de la mise en place des incitations et des mécanismes pour faire en sorte que les fonds privés contribuent au développement durable, de la confirmation du caractère central de l’APD, de la nécessité de mieux exploiter le système multilatéral de financement du développement et finalement de la lutte contre les flux financiers illicites.

Addis-Abeba, ce n’est pas la fin, c’est le début, a prévenu le Ministre, en ajoutant « nous devons faire vite car le prix de la passivité sera bien plus élevé que celui de l’action ».  Mettons-nous au travail.  Les excuses pour ne pas s’atteler à la transition vers le développement durables se font de plus en plus rares.  C’est maintenant qu’il faut agir.

M. GONZALO ROBLES, Secrétaire général de la coopération internationale et du développement de l’Espagne, a rappelé que les engagements pris lors de cette conférence devaient être suffisamment robustes pour durer jusqu’en 2030. Il a indiqué que les priorités dans le champ du développement durable devaient être l’élimination de la pauvreté, la réduction des inégalités, y compris au sein des pays à revenu intermédiaire, et l’autonomisation des femmes. Chaque pays est responsable de son propre développement, a-t-il dit.

Il a déclaré que la collecte de l’impôt était l’expression de la légitimité des gouvernements face à leur population et souligné la nécessité d’améliorer cette collecte pour augmenter les ressources allouées au développement. La lutte contre les paradis fiscaux et les juridictions qui n’agissent  pas dans un souci de transparence devrait être la priorité de la communauté internationale, étant donné que les premières victimes de cet état de fait sont les populations des pays les moins avancés, a-t-il affirmé.

Enfin, il a indiqué que l’APD restait une source importante du financement du développement. Si la crise a empêché l’Union européenne d’honorer ses engagements, cette dernière est déterminée à consacrer 0,7% de son revenu national brut à l’APD d’ici à 2030, a-t-il conclu.

Personne n’ignore que les pays du Moyen-Orient, a dit M. KASSIM ASKER HASSAN ALI (Iraq), connaissent des situations difficiles du fait des terroristes qui, en Iraq, viennent de plus de 62 pays.  L’Iraq, qui combat Daech et protège ainsi le monde entier, épuise ses ressources financières qui diminuent aussi à cause de la baisse du prix du pétrole.  Le pays a réformé son secteur bancaire, tente de développer les secteurs non pétroliers et multiplie les investissements à l’étranger.  Pour développer l’économie des pays en développement, le représentant a estimé qu’il faudrait commencer par alléger leur dette et améliorer les échanges internationaux.  Le représentant a appuyé le projet de document final d’Addis-Abeba, en particulier les dispositions sur la coopération internationale. 

Mme LILIANNE PLOUMEN, Ministre du commerce extérieur et de la coopération pour le développement des Pays-Bas, a mentionné l’assistance technique prêtée par les Pays-Bas aux pays en développement, avant d’indiquer que l’APD devait jouer un rôle catalyseur des efforts de développement. Nous sommes en train de revoir nos traités fiscaux avec 23 pays en développement, a-t-elle poursuivi. Elle a insisté sur la responsabilité sociale des entreprises, citant l’exemple de l’entreprise néerlandaise Unilever qui a réduit les matières plastiques dans le conditionnement de ses produits. Enfin, elle a indiqué que les femmes pouvaient jouer un rôle catalyseur du développement au niveau mondial et demandé que leur autonomisation soit érigée en priorité.

M. CLAVER GATETE, Ministre des finances et de la planification économique du Rwanda, a estimé que l’on ne saurait trop souligner l’importance qu’il y a à intensifier la mobilisation des ressources internes pour répondre aux besoins de développement.  Après avoir fait part des progrès enregistrés au Rwanda en la matière, le Ministre a dit appuyer la création d’un cadre juridique international fort qui faciliterait la collecte des impôts, la lutte contre la fraude et l’évasion fiscale et celle contre les flux financiers illicites.  Il a aussi souligné que l’APD restera une source significative du financement du développement.  En la matière, il a appelé à des engagements forts et à la prévisibilité, dont le respect de l’engagement visant pour les pays développés à consacrer 0,7% de leur PNB à l’APD, même si la mobilisation des ressources internes et la participation du secteur privé restent « l’ultime solution au développement durable ».  Le secteur privé a ceci d’important qu’il peut permettre aux pays d’émerger graduellement d’un partenariat fondé sur l’aide ou sur « les relations donateurs-récipiendaires » à un partenariat fondé sur le commerce et l’investissement.

Mme MARIAM MAHAMAT NOUR, Ministre du plan et de la coopération international du Tchad, a rappelé que son pays venait de subir trois attaques terroristes, faisant une dizaine de morts et plus de 80 blessés. Nous ne ménagerons aucun effort pour combattre ces obscurantistes, a-t-elle promis.

Elle a rappelé que les flux de capitaux illicites en Afrique s’élevaient à plus de 50 milliards de dollars par an. Il s’agit d’une véritable hémorragie, a-t-elle dit, jugeant impératif d’apporter un appui conséquent aux pays touchés afin de leur permettre de créer les conditions favorables au développement. Elle a estimé que l’appui de la communauté internationale aux cadres de coopération en Afrique était crucial, avant de demander l’élargissement de l’initiative du Secrétaire général « l’Énergie durable pour tous ». Elle a enfin jugé primordial d’explorer d’autres ressources de financement pour la mise en œuvre du programme de développement pour l’après-2015. « C’est notre unique voie de salut » 

M. HENRI DJOMBO, Ministre de l’économie forestière et du développement durable de la République du Congo, a estimé que cette Conférence devrait assigner aux Nations Unies et aux organisations internationales la mission d’assister ceux des pays qui ne possèdent pas encore de stratégies nationales.  La Conférence devrait donner des réponses appropriées à l’amélioration du ressourcement du Fond vert pour le climat, à la mise ne place de fonds verts régionaux et à l’intensification des efforts multilatéraux en vue d’assurer le financement adéquat des services essentiels, notamment les besoins primaires et ceux liés à la préservation de la biodiversité, à la gestion durable des forêts et à l’adaptation au changement climatique.  La Conférence, a poursuivi le Ministre, devrait encourager une mobilisation plus importante des ressources nationales, en mettant l’accent sur la fiscalité, y compris la taxation des secteurs émissifs de gaz à effet de serre et la mise en place d’une coopération fiscale internationale dans le cadre d’un organe intergouvernemental doté des ressources adéquates et d’un mandat approprié.  La Conférence devrait aussi encourager la prise de mesures urgentes en faveur des populations vulnérables, visant à réduire les inégalités, notamment à l’égard des enfants, des jeunes, des femmes et des populations autochtones.  Enfin, la Conférence devrait adopter un mécanisme d’évaluation et de suivi des engagements pris, visant la construction réussie d’un monde sans pauvreté, équitable et vivable pour les générations actuelles et futures.

M. EDWARD SCICLUNA, Ministre des finances de Malte, a dit que son pays appuyait l’ambition de l’Union européenne de consacrer 0,7% de son PIB à l’APD. Il a souhaité que, s’agissant de cette aide, l’accent soit mis sur les pays les moins avancés. Mon pays soutient les mesures qui améliorent l’efficacité de l’aide tout en évitant de placer des fardeaux financiers irréalistes au regard de la situation économique actuelle, a-t-il dit.

Il a indiqué que si tous les pays prennent leur part dans la mise en œuvre des engagements qui seront arrêtés à Addis-Abeba, alors les ODD, qui seront agréés en septembre, deviendront réalité. Malte a augmenté son APD de manière spectaculaire depuis 2004, en en doublant quasiment le montant. Il a mentionné les priorités de son pays en matière d’APD, dont un accès facilité aux soins de santé, l’autonomisation des femmes ou encore l’éradication de la pauvreté et de la faim.

Enfin, il a appuyé la référence relative à la nécessité d’une coopération internationale contenue dans le projet de document final visant à assurer la sécurité des flux migratoires dans le plein respect des droits de l’homme.

M. SERGEY STORCHAK, Vice-Ministre des finances de la Fédération de Russie, a estimé qu’il aurait été plus judicieux d’adopter d’abord le programme de développement pour l’après-2015, d’en évaluer le coût, avant de pencher sur son financement.  Les ressources financières sont indispensables et en la matière, le Vice-Ministre a rappelé l’initiative sur la réforme du système fiscal mis en place par la Fédération de Russie lorsqu’elle présidait le G-20.  L’APD devrait d’ailleurs aussi servir à améliorer les politiques fiscales et donc à attirer les investisseurs.  Le Vice-Ministre s’est beaucoup attardé sur les moyens d’améliorer la fiscalité.  Il a promis de faire circuler un document russe à ce sujet.

Les décennies écoulées nous ont montré que la bonne mise en œuvre des programmes de développement exige une volonté politique forte et le soutien des partenaires clefs, a déclaré M. ADAM ZOLTAN KOVACS, Vice-Secrétaire d’État à la coopération internationale de la Hongrie. La mise en œuvre du futur programme de développement devra s’appuyer sur un partenariat mondial, associant non seulement les gouvernements et les ONG, mais également les universitaires et les autorités locales, au nord comme au sud.

Dans ce cadre, toutes les parties prenantes doivent voir leur rôle précisément défini tout en étant comptables de leurs activités de développement. Il a déclaré qu’il ne saurait y avoir de développement durable sans des investissements visant à doter les individus des compétences nécessaires pour façonner le futur. C’est dans cet esprit que mon pays offre des bourses d’études à de jeunes étudiants provenant de pays en développement, a-t-il dit. Enfin, il a dit que son pays partageait les leçons tirées de sa transformation économique et sociale avec d’autres pays en transition, dont l’Ukraine. 

M. MUHAMMAD ABDUL MANNAN, Ministre des finances et du plan du Bangladesh, a souligné que la plupart des donateurs ont échoué à respecter leur engagement à consacrer 0,7% de leur PNB à l’APD.  Nous reconnaissons, a dit le représentant, l’importance qu’il y a à mobiliser les ressources intérieures mais nous savons aussi que ces ressources ne suffiront pas à réaliser les objectifs de développement durable.  L’APD joue toujours un rôle importance comme source de financement, en particulier pour les pays les moins avancés (PMA).  L’impact de l’aide, a poursuivi le Ministre, est toujours mitigé à cause de certaines contraintes.  Il y a toujours des goulets d’étranglement lorsqu’il s’agit de l’appropriation nationale, de l’harmonisation et de l’alignement avec les priorités nationales.  Le Ministre a demandé des directives concrètes pour faire en sorte que l’APD soit véritablement un transfert de richesses, pour garantir une aide non conditionnée et plus important encore, pour obtenir la réduction des coûts de l’aide et sa prévisibilité.  Il faut aussi, a poursuivi le Ministre, faire du système commercial international un système plus favorable aux économies pauvres. Dans des pays comme le Bangladesh, a ajouté le Ministre, le montant total du transfert des salaires des migrants dépasse l’APD.  Il a appelé à des efforts pour mieux gérer l’emploi à l’étranger, car il est très important à la fois pour le pays d’origine et pour le pays de destination qui profite du dividende démographique des autres.   Concluant sur le changement climatique, le Ministre a dénoncé les énormes difficultés d’accès au Fonds verts pour le climat, sans compter la lenteur des décaissements. 

M. ROLANDAS KRISCIUNAS, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Lituanie, a  dit que toutes les ressources financières devaient être utilisées afin de mettre en œuvre le futur programme de développement. En effet, l’APD ne sera pas suffisante, a-t-il déclaré, tout en reconnaissant le rôle catalyseur de cette aide pour attirer des ressources additionnelles. Mon pays est désireux de partager les expériences tirées de sa transformation sociale et économique avec d’autres pays en transition. Rappelant le principe de responsabilités partagées en ce qui concerne les efforts de développement durable, il a exhorté toutes les parties prenantes – gouvernements, entreprises et organisations internationales – à en faire plus afin d’atteindre les objectifs que la communauté internationale s’est fixés.

M. MARTIN TLAPA, Vice-Ministre des affaires étrangères de la République tchèque, a affirmé que son pays puisait dans l’histoire de sa transition la détermination afin d’aboutir à un document final, dont il a souhaité qu’il soit axé sur les résultats et prévoit une combinaison de ressources financières et non financières pour leur mise en œuvre. Soulignant l’importance de la mobilisation des ressources domestiques, il a appelé de ses vœux l’élaboration de réformes fiscales au plan international. Il a rappelé que l’Union européenne était le marché au monde le plus ouvert aux produits des pays les moins avancés, avant d’appuyer une plus grande libéralisation des échanges commerciaux. « Je reconnais que le projet de document final n’est pas idéal mais il peut aboutir à un accord équilibré faisant en sorte que personne ne soit laissé sur le bord de la route »

Des institutions nationales fortes, redevables et inclusives, sont cruciales pour produire des résultats durables en matière de développement durable, a affirmé M. VAINO REINART, Sous-Secrétaire au commerce et à la coopération pour le développement de l’Estonie, à la lumière de l’expérience de son pays.

« Lorsque nous nous sommes réunis à Monterrey, l’Estonie était encore un pays en transition », a-t-il poursuivi, ajoutant que son pays, devenu aujourd’hui un pays à revenu intermédiaire élevé, souhaitait apporter son soutien à d’autres pays en transition. Il a dit que l’APD devait bénéficier principalement aux plus pauvres et vulnérables, avant de souligner l’importance du secteur privé dans l’allocation des ressources pour un développement durable. Les technologies de l’information peuvent aider à l’instauration d’un environnement propice à la transparence, à l’inclusion, à la redevabilité et à lutte contre la corruption.

En conclusion, M. Reinart a déclaré que le document final d’Addis-Abeba devait servir en tant que moyen de mise en œuvre du futur programme de développement.

Mme THIPPHAKONE CHANTHAVONGSA, Vice-Ministre des finances de la République démocratique populaire lao, a, comme en témoignent les efforts de son pays, souligné l’importance de la mobilisation des ressources internes.  Elle a tout de même souligné que l’APD reste la principale source du financement international du développement.  Elle a encouragé les donateurs à apporter clarté, prévisibilité et transparence, dans la fourniture de l’aide.  Les pays récipiendaires, pour leur part, doivent s’en approprier les effets et assurer une utilisation efficace des ressources. Les donateurs pourraient les aider en harmonisant leurs règles et procédures et en confiant graduellement les responsabilités aux systèmes nationaux.  La Vice-Ministre n’a pas manqué de demander le renforcement de la coopération sud-sud et de la coopération triangulaire qui doivent continuer à compléter la coopération nord-sud.  Il est important, en la matière, de mettre en place des mécanismes de mise en œuvre et de suivi pour que les différents types de coopération soient vraiment des relations de travail mutuellement bénéfiques.

M. TRUONG CHI TRUNG, Ministre adjoint des finances du Viet Nam, a affirmé que le principe de responsabilités communes mais partagées devait guider la coopération internationale en matière de développement. La coopération Nord-Sud est la pierre angulaire du partenariat mondial revitalisé pour le développement, a-t-il dit, avant d’exhorter les pays développés à honorer leurs engagements en matière d’APD, y compris au bénéfice des pays à revenu intermédiaire. Les pays développés doivent en outre ouvrir davantage encore leurs marchés de biens et services.

Il a déclaré que, dans le même temps, les pays en développement devraient mener à bien les réformes économiques, renforcer leurs institutions et faire le meilleur emploi des financements internes comme externes. Il s’est aussi félicité de l’inclusion dans le projet de document final du mécanisme de facilitation technologique. En conclusion, il a dit que son pays tenait en haute estime les contributions de ses partenaires de développement, y compris les entités onusiennes concernées.

M. SEAN SHERLOCK, Ministre d’État du département des affaires étrangères de l’Irlande, a rappelé que 8000 enfants décédaient chaque jour en raison de la malnutrition, tout en soulignant l’acuité des crises migratoires que connaît le monde. Nous n’avons pas d’autre choix que de faire mieux, a-t-il dit, ajoutant qu’il fallait débloquer de nouvelles ressources pour financer le programme de développement. Il a passé en revue les éléments principaux contenus dans le projet de document final, dont le rôle crucial que joue le secteur privé dans le financement du développement. Il faut lutter contre les flux financiers illicites, a-t-il dit, ajoutant que son pays avait examiné les incidences du régime fiscal irlandais sur les pays en développement. Jugeant que l’APD était encore essentielle, il a réaffirmé l’engagement de son pays de consacrer 0,7% de son PIB à l’APD, au bénéfice notamment des pays de l’Afrique subsaharienne.

M. DON PRMUDWINAI, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Thaïlande, a appuyé l’idée de trouver de nouveaux indicateurs pour mesurer les progrès dans la mise en œuvre du programme de développement pour l’après-2015. En effet, s’est-elle expliquée, le taux de croissance n’est pas la seule réponse au développement durable.  À part le PNB, d’autres types d’indicateurs de la croissance devraient également être pris en compte.  Les indicateurs qui peuvent mesurer des facteurs tels que la résilience économique et l’intégration sociale, dont la capacité des pays à tirer parti de la croissance tout en étant capables de préserver leur patrimoine culturel, devraient être élaborés.  La croissance, a ajouté le Vice-Ministre, ne peut être soutenue sans une bonne fondation économique, politique et sociale.  Il s’est particulièrement réjoui qu’à la lumière du projet de document final, l’accent ne soit plus mis sur la coopération nord-sud mais plutôt sur la promotion d’un partenariat multipartite inclusif qui ne laisse personne sur le bord de la route.  Le Vice-Ministre s’est aussi félicité des chapitres sur la science, la technologie, l’innovation, le renforcement des capacités, les données et le suivi.  Ces chapitres reflètent le changement de mentalités et offrent des mesures et des indicateurs concrets pour nous rapprocher d’un monde débarrassé de la pauvreté.

M. MILORAD SCEPANOVIC, Ministre des affaires étrangères et de l’intégration européenne du Monténégro, a jugé crucial de trouver un accord à Addis-Abeba sur les questions du financement, de l’imposition fiscale, des flux financiers illicites, de la mobilisation des ressources domestiques et du rôle du secteur privé afin de promouvoir le développement durable.

Il a appuyé l’amélioration de la mobilisation des ressources domestiques, par le biais notamment d’une coopération accrue avec les pays en développement pour lutter contre l’évasion fiscale et les flux financiers illicites. S’il a souligné le rôle important que continuera de jouer l’APD, il a plaidé en faveur de moyens innovants pour mobiliser des ressources additionnelles. À titre d’exemple, il a indiqué que son pays n’utiliserait pas de nouvelles dotations budgétaires pour financer l’élargissement en cours dans son pays de la scolarisation des enfants en bas âge. Des investissements en capital minimaux et la contribution des parents suffiront, a-t-il dit. En conclusion, il a dit que les moyens de mise en œuvre du futur programme de développement devaient faire partie intégrante d’un partenariat universel pour le développement.

M. JAIME ALFREDO MIRANDA FLAMENCO, Vice-Ministre des affaires étrangères d’El Salvador, a jugé fondamental de faire du financement du développement un nouveau paradigme qui non seulement assure le bien-être économique et social du peuple mais aussi la préservation de l’environnement. Le Vice-Ministre a souligné que les effets de la crise économique et financière se font toujours ressentir: la croissance ne décolle pas et l’accès aux financements internationaux est difficile.  À cette situation s’ajoutent malheureusement les effets néfastes du changement climatique.  El Salvador est le pays qui souffre le plus de ce phénomène et qui bénéficie le moins de l’aide extérieure.  Il est essentiel, a estimé le Vice-Ministre, de renforcer les engagements pour améliorer la qualité et la quantité de l’APD par des mécanismes plus fermes.  Pour des pays comme El Salvador, les financements publics concessionnels demeurent prioritaires.  Le Vice-Ministre a voulu un plan d’action mondial sur la coopération avec les pays à revenu intermédiaire qui sont encore caractérisés par des taux très élevés de pauvreté.  La gouvernance économique mondiale doit être restructurée pour donner à tous les pays la possibilité de participer sur un pied d’égalité aux processus décisionnels. 

Le Vice-Ministre a aussi demandé la création d’un organe de coordination, qui irait au-delà des questions économiques, dans le suivi du document d’Addis-Abeba.  Il en a profité pour dénoncer l’absence d’un organe intergouvernemental sur la coopération internationale en matière fiscale.  Il s’est aussi attardé sur le problème de la dette en demandant un engagement fort de la part des parties prenantes en faveur du rééchelonnement, ce qui obligerait les créanciers et les débiteurs à agir de manière responsable.  Or, a regretté le Vice-Ministre, le document final d’Addis-Abeba ne reflète pas cette question importante.  Peut-être faudra-t-il créer une commission sur le financement du développement qui évaluerait, de manière fidèle, les avancées.  Nous devons avoir une alliance mondiale pour le développement durable, a conclu le Vice-Ministre.

M. EDUARDO TREGOS LALL, Ministre adjoint des affaires étrangères du Costa Rica, a affirmé que la politique visant à attirer les investissements directs étrangers dans son pays, lancée il y a 30 ans, avait porté ses fruits. Il a mentionné les efforts de son Gouvernement pour assainir les finances publiques et lutter contre la corruption et la criminalité organisée. Ces défis sont l’ordinaire des pays à revenu intermédiaire, comme nombre de pays latino-américains, a-t-il dit, ajoutant que le Costa-Rica n’avait pas les moyens pour venir en aide à des pays plus démunis.

Il a ensuite souhaité que les spécificités des pays à revenu intermédiaire soient reconnues et que ces derniers puissent bénéficier de prêts concessionnels. Combien d’hôpitaux et d’écoles pourrions-nous bâtir avec les fonds destinés à l’achat d’armement, a-t-il demandé, indiquant que ces sommes étaient gaspillées. Enfin, il a appelé de ses vœux la démocratisation de l’architecture financière internationale et une nouvelle méthodologie d’évaluation des progrès des pays qui ne repose pas sur le seul PIB. Tous les pays qui en ont le besoin devraient pouvoir bénéficier de l’APD, a-t-il conclu.

M. SWARNIM WAGLE (Népal) a rappelé que le tremblement de terre qui avait frappé son pays cette année a été la première catastrophe naturelle après la Conférence de Sendai sur la réduction des risques de catastrophes.  C’est donc un test de crédibilité pour la communauté internationale.  Au Népal, a poursuivi le représentant, nous recherchons une nouvelle forme d’APD qui comble les fossés dans les connaissances, les compétences et les financements.  Le Népal est convaincu que le modèle traditionnel de l’aide doit être abandonné.  Les pays comme le Népal ont pendant trop longtemps été contraints à des expériences coûteuses consistant à porter le fardeau d’une bureaucratie lourde pour coordonner une aide fragmentée et stérile.  L’APD doit passer le test de l’efficacité des coûts, de la pertinence et de la valeur de la dette.  Le représentant a aussi parlé des transferts des salaires des migrants et demandé que l’on augmente leur valeur en baissant leur coût, en enrichissant la littérature financière sur leur utilisation optimale et en réduisant les conséquences sociales lourdes de la migration, telles que le fardeau qui pèse sur les femmes et l’abandon des personnes âgées.  Pour conclure, le représentant a appelé la communauté internationale à prendre note du fait que le Népal est soucieux de la conservation des forêts et des glaciers de l’Himalaya mais il ne voit presque pas de reconnaissance ou de monétisation des services écologiques très importants qu’il rend au monde.

M. EDUARDO GALVEZ, Directeur général pour les affaires multilatérales et internationales du Chili, a détaillé la combinaison de politiques publiques adoptées par son pays, dont l’ouverture de ses marchés et la mise en place d’une fiscalité favorable, qui ont abouti à des bons résultats. Il a appelé de ses vœux le renforcement des institutions fiscales dans les pays en développement afin d’améliorer la collecte de l’impôt. Plus de transparence est également nécessaire quant à l’emploi des deniers publics, a-t-il dit.

Affirmant que les Nations Unis avaient vocation à débattre des questions de fiscalité internationale, il a appuyé la mise sur pied d’un comité d’experts, au sein duquel une représentation géographique équitable serait assurée. Enfin, il a souligné la responsabilité des pays développés en matière d’APD, estimant que les modalités de son application devaient être affinées.

M. PEDRO LUIS PEDROSO (Cuba) a insisté sur les implications financières importantes des objectifs de développement durable, alors que de nombreux pays en développement sont déjà lourdement endettés et que de nombreux pays développés n’ont toujours pas respecté leurs engagements en faveur de l’APD. Il a appelé à la fin du blocus économique de Cuba qui persiste malgré le réchauffement des relations avec les États-Unis, avant de demander que le monde réaffecte son budget massif de la défense à l’« armement pour le financement du développement ».  Les efforts nationaux sont importants mais ils doivent être renforcés par des efforts internationaux pour financer des activités qui ne sont pas rentables pour le monde des affaires, en attendant que l’on puisse canaliser les investissements privés vers les biens sociaux.  Le représentant a promis que Cuba restera fidèle à sa tradition de solidarité envers les pays en développement.

M. GIL HASKEL (Israël) a déclaré que son pays prenait toute sa part dans la lutte contre la faim et l’extrême pauvreté et ce, depuis la fondation de ce pays il y a 67 ans. « En tant que membre de la famille des Nations Unies, Israël a partagé son savoir-faire et son expertise avec des dizaines de pays à travers le monde, y compris avec ses voisins immédiats ». Il a ensuite indiqué que le développement de l’entreprenariat et l’émancipation des femmes étaient des éléments clefs pour promouvoir le développement, la croissance économique et l’inclusion sociale. Les femmes ont les capacités de changer leurs communautés et leurs pays.

Faisant allusion au discours prononcé hier par le représentant de l’État de Palestine, il a souligné les besoins en matière de développement du Moyen-Orient en général, et de l’Autorité palestinienne en particulier. La mise au pilori n’est pas un instrument du développement durable et ne permettra à personne de sortir de la pauvreté, ce sera peut-être même le contraire, a-t-il dit. « Unissons-nous, Arabes comme Israéliens, en faveur d’un programme de développement commun pour notre région », a-t-il affirmé, ajoutant que les blâmes de nature politique n’avaient pas leur place dans les efforts pour réaliser les objectifs de développement durable.

M. YOGEESVARAN KUMARAGURU (Malaisie) a estimé que la route vers Addis-Abeba a été longue et difficile mais elle s’est débarrassée de beaucoup d’obstacles.  La Conférence tient « la grande promesse » de confirmer dans l’agenda international l’importance d’un vrai partenariat entre les pays développés et les pays en développement, sans oublier la reconnaissance universelle du fait que le développement durable doit être centré sur l’homme, qu’il s’agisse de son objectif, de son champ d’application ou de son but ultime.  La Conférence offre aussi « la grande occasion » de revigorer le cadre international d’appui aux efforts de développement tant dans les pays pauvres que dans les pays plus avancés.  Il est temps, a dit le représentant, qui a passé en revue les avancées de son pays, de continuer à renforcer la coopération internationale et les politiques de cohérence pour renforcer la stabilité financière et macroéconomique dans le monde.

M. PETER LAUNSKY-TIEFFENTHAL (Autriche) a passé en revue les trois éléments clefs d’un développement durable. S’agissant du premier, le rôle de l’imposition fiscale, il a indiqué que les ressources fiscales étaient une source de financement plus stable et soutenable.  Le contrôle des instances parlementaires et des institutions de contrôle des comptes, ainsi que la lutte contre la corruption, sont des éléments essentiels de la mobilisation des ressources domestiques.  L’Autriche mène des initiatives en vue de renforcer la coopération fiscale internationale, a-t-il affirmé, citant notamment les formations dispensées par l’académie internationale de lutte contre la corruption qui est basée à Vienne, en Autriche.

En ce qui concerne le second élément, l’éducation, le représentant a dit que son pays appuyait les efforts dans ce domaine, en portant une attention toute particulière aux femmes qui sont souvent marginalisées.  Enfin, au titre du troisième élément, relatif aux perspectives d’emploi offertes aux jeunes, il a souligné la nécessité d’un secteur privé dynamique.  Les investissements de ce secteur sont le moteur de la croissance économique, a-t-il dit, alors que les gouvernements sont les partenaires dudit secteur privé en assurant le respect de l’état de droit et des normes sociales et environnementales.

M. DRAGOVEST GORANOV (Bulgarie) a rappelé que la Banque mondiale et les autres institutions financières internationales disent que pour répondre aux besoins d’investissements dans le développement durable, la communauté internationale ne doit plus parler de « milliards de dollars » pour l’APD mais bien de « mille milliards de dollars pour les infrastructures ».  Les financements publics internationaux, a tout de même admis le représentant, restent un important élément catalyseur des fonds dont peuvent disposer les pays en développement.  Désormais classée parmi les pays à revenu intermédiaire, la Bulgarie n’a cessé d’augmenter son APD.  Elle est déterminée à poursuivre sur cette voie et elle attend des autres partenaires, y compris les pays à revenu intermédiaire élevé et les pays émergents, à faire leur part pour aider les autres à attendre les objectifs agréés au niveau international, en s’engageant à accroître leurs contributions aux financements publics internationaux, tout en spécifiant leurs objectifs et leur calendrier d’exécution.  Le représentant n’a pas voulu conclure sans parler d’une question qui lui tient à cœur, à savoir l’investissement dans les enfants, « le capital humain du futur » et notre ressource la plus précieuse. Investir dans le bien-être des enfants et des jeunes, dans leur éducation et leur santé, est « absolument » indispensable pour réaliser le développement durable, a-t-il insisté.  

M. ASHRAF SHIKHALIYEV (Azerbaïdjan) a noté l’émergence de nouveaux donateurs parmi les pays en développement. Ces pays doivent recevoir une attention particulière afin d’encourager leur participation plus active en faveur du développement, en particulier celui des pays les moins avancés. Ces pays donateurs pourraient apporter des ressources additionnelles pour le financement du futur programme de développement, a-t-il relevé.

« Inutile de vous dire le poids pour notre économie de l’accueil d’un million de personnes déplacées en raison de l’agression et de l’occupation de 20% de notre territoire par l’Arménie », a-t-il poursuivi. Le délégué a affirmé que cette occupation, qui se poursuit, n’avait pas empêché son pays d’enregistrer des progrès remarquables. L’Azerbaïdjan se classe ainsi au 38ème rang des pays les plus compétitifs au monde. Il a déclaré que son pays avait fourni une assistance aux trois pays africains touchés par l’épidémie d’Ébola. Enfin, il a indiqué que l’APD devrait être augmentée et utilisée à bon escient.

Les efforts de développement ne sauraient progresser tant que les pays continueront à insister sur leurs intérêts nationaux plutôt que sur le bien commun de l’humanité, a prévenu Mgr BERNARDITO AUZA, Saint-Siège, en citant le pape François.  Il a mis l’accent sur trois points du projet de document final: la mobilisation des ressources financières, la création d’un environnement économique international favorable et le mécanisme de suivi de la mise en œuvre dudit document.  Maintenant que nous nous embarquons dans une année cruciale, souvenons-nous de notre responsabilité de faire en sorte que les engagements pris ici À Addis-Abeba servent notre objectif ultime de mettre fin à la pauvreté et à la faim et de réaliser un développement intégral, équitable et durable qui ne laisse personne sur le bord de la route.  Il ne suffit plus de proclamer son souhait de mettre fin à la pauvreté et à la faim et de réaliser le développement durable, il faut encore embrasser un changement transformateur pour traduire les déclarations en actes, et les engagements en résultats, a conclu Mgr Auza.

Grâce à sa révolution, la Tunisie a mis à bas la dictature et le despotisme, a déclaré M. SAHBI KHALFALLAH (Tunisie), avant de mentionner l’acuité des défis économiques et politiques auxquels son pays fait face. Il a cité les éléments principaux de la stratégie mise en place pour y répondre, notamment des réformes relatives à l’imposition fiscale et une lutte accrue contre la corruption. Nous sommes maîtres de notre destinée mais nous avons besoin de l’appui de la communauté internationale, a-t-il dit.  Le représentant de la Tunisie a ensuite appelé la communauté internationale à s’attaquer aux causes profondes du terrorisme, qui est un véritable fléau pour la région.  La Tunisie est déterminée à mener à bien ses efforts de développement durable, a-t-il conclu.

M. ARCANJO MARIA DO NASCIMENTO (Angola) s’est dit préoccupé qu’au moment où le monde s’engage à accélérer les progrès dans les OMD et à élaborer un programme ambitieux de développement pour l’après-2015, les perspectives de l’APD pointent vers une stagnation à moyen terme.  Dans le même temps, le Cycle de Doha est loin de voir le bout du tunnel car, bien au contraire, l’accès des pays en développement aux marchés est toujours obstrué par la montée des tendances protectionnistes dans les pays développés et la chute de l’investissement étranger direct (IED).  Il est évident qu’on ne peut pas avoir d’agenda transformateur  pour l’après-2015 si on ne met pas en place un partenariat mondial propre à renforcer les moyens de mise en œuvre. Le respect de l’objectif de 0,7% de l’APD serait un bon point de départ tout comme la réforme des institutions de la gouvernance économique mondiale pour donner une vraie voix aux pays en  développement.  Le représentant a aussi parlé de la coopération sud-sud, en soulignant qu’elle doit rester à l’abri des normes imposées de l’extérieur et tirées de la coopération nord-sud.  La coopération sud-sud ne saurait ni se substituer à la coopération nord-sud ni servir de prétexte pour diluer les engagements existants en matière d’aide.  Nous devons, a-t-il conclu, identifier plus clairement les responsabilités des pays en développement et de leurs partenaires que sont les donateurs, les institutions internationales, le secteur privé et la société civile.  Il serait alors possible d’assurer une meilleure responsabilisation, pour autant qu’elle ne mène pas à plus de bureaucratie et qu’elle s’applique à toutes les parties de la même manière.

Mme ARANCHA GONZALEZ, Directrice exécutive du centre de commerce international, a affirmé que le débat relatif au financement du développement ne concernait plus seulement l’APD mais aussi la question des partenariats. Appelant les pays donateurs à honorer leurs promesses en matière d’APD, elle a souligné la nécessité d’une meilleure mobilisation des ressources domestiques, par le biais notamment de la promotion de systèmes d’imposition fiscale plus justes et transparents.  La troisième pièce du puzzle est le secteur privé, a-t-elle dit, indiquant qu’il fallait tirer profit des partenariats public-privé pour investir dans les entreprises mais aussi les PME.  Nous pouvons nous montrer à la hauteur des défis des changements climatiques et du développement durable, a-t-elle dit.  « Le monde nous regarde. »

M. JOSE GRAZIANO DA SILVA, Directeur général de l’Organisation des Nations Unis pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a estimé à quelque 267 milliards de dollars par an les investissements nécessaires pour mettre fin à la faim dans les 15 prochaines années.  Ça peut paraître énorme mais ce n’est qu’une fraction du coût de la malnutrition que payent nos économies, nos sociétés et nos citoyens.  Pour chaque personne pauvre, c’est un investissement supplémentaire de 160 dollars par an, soit l’équivalent d’une vache en Inde, d’une contravention à Londres ou d’un ticket d’entrée à Broadway.  C’est un investissement qui est essentiel pour parvenir à l’avenir que nous voulons.  Assurer la sécurité alimentaire et la nutrition pour tous est une condition du développement durable.  Nous savons ce qu’il faut faire.  Nous savons combien ça coûte.  Nous pouvons devenir la génération de la faim zéro, ouvrant la voie à un avenir durable et inclusif où personne n’est laissé sur le bord de la route.  La balle est dans notre camp.  Ne laissons pas cette occasion nous glisser entre les doigts, a prévenu le Directeur général.

Mme YAMINA DJACTA, ONU-Habitat, a affirmé que les villes, pour autant qu’elles soient bien dirigées et dotées d’un financement adéquat, sont des moteurs de la croissance et de la création d’emplois.  Les villes sont responsables de la création de 80% du PIB mondial, a-t-elle dit, ajoutant que les avantages des villes n’étaient pas automatiques.  Elle a souligné la nécessité de reconnaître le rôle de l’urbanisation dans le développement durable et de prévoir un financement adéquat en faveur du financement urbain.  « Il n’y aura pas de développement durable sans développement durable urbain ».  À cette fin, elle a notamment demandé un renforcement des institutions municipales de collecte de l’impôt, une amélioration de la gestion municipale et un accès des villes aux marchés domestiques et internationaux de capitaux.

M. WILLIAM LACY SWING, Directeur général de l’Organisation internationale des migrations (OIM), a souligné que depuis l’élaboration des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) le nombre des migrants a augmenté de 32% atteignant les 250 millions.  Le nombre des travailleurs a plus que triplé. Celui des déplacés a atteint les 60 millions, soit le nombre le plus élevé depuis la Deuxième guerre mondiale.  Les transferts des salaires vers les pays en développement ont explosé et atteindront bientôt les 44 milliards de dollars par an.  Les migrants sont des agents du développement.  Investir dans les politiques de migration et ne laisser aucun migrant sur le bord de la route seraient la politique novatrice la plus puissante pour le développement durable.  L’OIM, a dit son Directeur général, appuie le libellé du projet de document final sur les engagements à baisser le coût des transferts des salaires, à développer les connaissances financières des migrants et à autonomiser la diaspora.  Il a insisté sur le rôle des femmes migrantes, leur intégration financière et la nécessité de mettre sur pied des programmes soucieux de l’égalité entre les sexes.

Mme MARGARETA WAHLSTROM, Bureau des Nations Unies pour la réduction des risques de catastrophe, a rappelé les conséquences dévastatrices des catastrophes naturelles. « Cette année, les îles Salomon ont perdu 9% de leur PIB en 12 heures ».  Elle a dit que le Cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe naturelle, agréé en mars 2015, était le premier des accords de développement pour l’après-2015.  Elle s’est félicitée que ce Cadre soit mentionné dans le projet de document final.  Aux fins de prévention et de réduction des risques de catastrophes naturelles, elle a souligné l’importance des investissements directs étrangers, d’un système d’assurance renforcé et de projets ad hoc financés par l’APD.  Enfin, elle a indiqué que son Bureau promouvait un certain nombre de partenariats, en particulier ceux visant à renforcer les mécanismes d’alerte météorologique et à améliorer les filets de sécurité pour les personnes touchées par les catastrophes naturelles.

Le secteur de l’aviation civile représente 8,5 millions d’emplois et son poids économique est d’environ 700 milliards de dollars, a dit M. TORU HASEGAWA, Organisation de l’aviation civile internationale.  Sur le 1,1 milliard de touristes qui ont franchi une frontière internationale, plus de la moitié se sont déplacés en avion, a-t-il poursuivi. Il a souligné la nécessité de renforcer la compétitivité du secteur aérien et la connectivité afin qu’aucun pays ne soit laissé sur le bord de la route.  L’Organisation de l’aviation civile internationale cherche à améliorer la connectivité en vue de la promotion d’un développement touristique soutenable et ce, au bénéfice des PMA, des pays enclavés en voie de développement et des PEID.  Enfin, il a déclaré que son Organisation avait proposé des indicateurs au titre de cibles des ODD 8 et 9 qui pourraient avoir le potentiel de libérer des capacités de financement en faveur du secteur aérien.

 

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.