7373e séance – matin
CS/11759

Sous la présidence du Chili, le Conseil de sécurité fait le bilan de ses travaux au mois de janvier 2015, marqué par des actes terroristes dans plusieurs régions du monde

Le Conseil de sécurité s’est réuni, ce matin, pour dresser le bilan des travaux qu’il a menés au mois de janvier 2015.  Le début de cette année a notamment été marqué par l’attentat terroriste perpétré contre le journal Charlie Hebdo à Paris en France, par la détérioration de la situation au Yémen et en Ukraine, ainsi que par une instabilité croissante au Moyen-Orient, ceci sans oublier la menace que représente le groupe terroriste Boko Haram au Nigéria et dans la région sahélienne et par la persistance de conflits dans plusieurs théâtres de tension et d’instabilité en Afrique.

« À la lumière des attentats contre le journal Charlie Hebdo, le Conseil de sécurité doit rester en permanence saisi de la question du terrorisme », a estimé ce matin le représentant des États-Unis qui s’est également inquiété de la multiplication des activités du groupe terroriste Boko Haram.

À ce propos, le représentant du Nigéria a appelé le Conseil à se montrer efficace pour permettre à la communauté internationale et aux pays concernés par les agissements de cette secte terroriste de faire face à la menace croissante que pose Boko Haram.

Le représentant de la France a indiqué que sa délégation se tient prête à examiner une résolution contraignante du Conseil de sécurité autorisant la mise sur pied et l’entrée en action de la Force d’intervention régionale contre Boko Haram sur la base de la déclaration présidentielle qui a été adoptée la veille de la réunion qui a eu lieu à Niamey, au Niger, sur la situation au Sahel.

Le représentant s’est également inquiété de la détérioration de la situation sécuritaire au Mali, et a annoncé qu’avant la reprise des négociations de paix à Alger, la France proposera un projet de déclaration présidentielle destiné à demander aux parties maliennes de s’engager de bonne foi et sans délai sur le chemin de la paix.

Le Représentant permanent de la Malaisie auprès des Nations Unies a pour sa part déploré le fait que les membres du Conseil n’aient pas pu parvenir à un consensus pour trouver une solution au différend au Yémen, où la situation s’est énormément dégradée. 

« Le Yémen, qui était sur la bonne voie pour parvenir à la démocratie, échappe à son tour à notre contrôle », s’est inquiété le représentant de l’Angola, qui a par ailleurs appelé le Conseil de sécurité à faire davantage pour éviter qu’Al-Qaida ne s’implante davantage dans la péninsule arabe.

La délégation des États-Unis a, quant à elle, souhaité que les négociations en cours au Yémen s’inscrivent en droite ligne des recommandations contenues dans le texte de l’Accord de partenariat national et de paix au Yémen, et qu’elles puissent aboutir à un calendrier précis du déroulement du processus électoral.

Au cours de son intervention, le représentant de la France s’est également inquiété de la « brusque détérioration » de la situation en Ukraine et du fait que l’offensive déclenchée contre la ville de Marioupol « semblait viser délibérément les civils ».   Il a estimé que l’urgence en Ukraine est de parvenir à une désescalade des tensions et a appelé la Fédération de Russie à avoir une attitude « plus constructive » et à mettre fin à tout soutien aux séparatistes.  Les accords de Minsk demeurent la seule base pour une sortie de crise durable et une résolution du conflit, a-t-il insisté.

Prenant la parole, le représentant de la Fédération de Russie a vivement déploré la tenue, au sein du Conseil de sécurité, de débats trop politisés sur la situation en Ukraine.  La politisation des débats et les déclarations tendancieuses sont des obstacles à la recherche d’une solution satisfaisante à la crise en Ukraine.  Le représentant de la Fédération de Russie a également dénoncé « les propositions inacceptables avancées par certains collègues » et la fausseté de leurs déclarations.

La Fédération de Russie estime que la solution au différend en Ukraine repose sur l’ouverture et la tenue d’un dialogue qui doit avoir lieu entre Kiev, Donetsk et Lugansk.  Mais, les parties ne semblent pas souhaiter ce dialogue, a déploré le représentant qui a souligné que tous les pourparlers ou dialogue organisés en dehors des accords de Minsk ne permettront pas de trouver une issue au conflit ukrainien.

Intervenant également sur cette question, la représentante de la Lituanie a fait part de l’inquiétude que ressent sa délégation « face à la rupture unilatérale du cessez-le-feu par les rebelles », ainsi que par « la présence de mercenaires russes dans l’est de l’Ukraine ».  Elle a déploré que les décisions du Conseil n’aient aucun impact réel sur le terrain et a invité le Conseil « à examiner la question préoccupante de l’expansionnisme de la Fédération de Russie », notamment en Géorgie et en Ukraine.

Le représentant des États-Unis, dont le point de vue a été soutenu par la délégation du Royaume-Uni, a estimé que la seule solution au conflit qui perdure en Ukraine est politique, et il a appelé la Fédération de Russie « à retirer ses armes et ses militaires de l’Ukraine ».

Tournant son attention vers le conflit israélo-palestinien, le représentant du Venezuela a quant à lui appelé le Conseil de sécurité à se montrer plus impartial et plus efficace pour aider les parties à parvenir à la solution à deux États.

Le représentant de la Fédération de Russie a fait le point sur les efforts déployés par son gouvernement pour lancer des négociations entre les différentes parties intersyriennes.  Il a souligné que l’initiative russe était entièrement transparente, tout en prévenant que le processus sera extrêmement long et complexe.  Il a précisé que les représentants de l’opposition syrienne n’avaient pas pu tous se rendre à Moscou, mais a assuré que les efforts déployés pour renforcer le dialogue entre les parties au conflit se poursuivront néanmoins.

Au cours de cette réunion-bilan des activités du Conseil au mois de janvier 2015, l’attention des délégations s’est également portée sur l’état de la situation en République démocratique du Congo (RDC) où, s’est inquiété le représentant de l’Angola, les combattants des milices FDLR continuent de défier l’autorité du Conseil de sécurité.  Face à cette situation, le représentant des États-Unis a appelé le Gouvernement de la RDC et les forces de la mission de l’ONU, la MONUSCO, à prendre des mesures militaires pour procéder au désarmement forcé des rebelles FDLR.

« La France attend plus que jamais des autorités de la RDC qu’elles assument leurs responsabilités et qu’elles engagent des opérations contre ce groupe armé », a déclaré le représentant de la France.  Il a rappelé que le 2 janvier, qui était la date butoir de l’ultimatum fixé aux combattants FDLR pour qu’ils abandonnent leurs armes, était passé sans que le FDLR n’ait désarmé.  Le non-respect de cet ultimatum a marqué « l’échec du processus de désarmement volontaire des FDLR », a estimé le représentant. 

Il a également appelé le Conseil de sécurité à redoubler d’efforts pour que le mandat de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO), notamment en ce qui concerne la protection des civils, soit mis en œuvre de manière plus active et efficace.

Faisant pour sa part observer que des élections doivent se dérouler cette année dans plusieurs pays africains, le représentant de l’Angola a appelé le Conseil de sécurité à faire usage de ses bons offices pour soutenir le bon déroulement de tous ces scrutins.

Le représentant de la Chine, dont le pays assumera la présidence du Conseil de sécurité au cours du mois de février 2015, a estimé qu’en cette année au cours de laquelle de nombreux pays africains vont tenir des élections, le Conseil de sécurité devrait veiller à mettre en œuvre la diplomatie préventive en partenariat avec l’Union africaine, afin de prévenir et d’éviter les conflits et maintenir la stabilité sur le continent.

La délégation de la France a, à ce propos, appelé le Conseil de sécurité à rester fortement mobilisé pour assurer la réussite des élections législatives et présidentielle en République centrafricaine, ces scrutins étant des « étapes essentielles » pour la stabilisation du pays.

Son homologue du Chili, qui a présidé le Conseil de sécurité pendant ce mois de janvier, a en outre souhaité que la lutte contre l’impunité occupe une place croissante dans le mandat de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA).

Le représentant du Tchad a, quant à lui, salué la mise en place de la Mission d’observation électorale des Nations Unies au Burundi et a souhaité que les élections qui y sont prévues cette année répondent aux normes démocratiques, afin d’amener la paix et la stabilité dans le pays.

Au cours de cette réunion-bilan, plusieurs délégations ont par ailleurs salué le fait que le Conseil ait tenu, le 19 janvier, un débat public sur le développement inclusif au cours d’une séance de travail présidée par la Présidente du Chili, Mme Michelle Bachelet.  Le représentant de la Jordanie a notamment souligné que la question du développement est essentielle pour la paix. 

S’il a reconnu que l’ONU à un rôle central à jouer en la matière, le représentant de la Fédération de Russie a toutefois appelé à la prudence en ce qui concerne l’examen, par le Conseil de sécurité, de questions relatives au développement.

Le représentant du Venezuela a, pour sa part, salué les efforts déployés par la délégation chilienne pour mettre en exergue les liens entre développement et consolidation de la paix.  Il a également salué la tenue le 14 janvier, du débat sur la consolidation de la paix dans les situations postconflit, insistant  notamment sur l’importance qu’il y a à soutenir l’autonomisation des pays.

La tenue, le 14 janvier, d’une séance d’information sur la consolidation de la paix après un conflit au Conseil de sécurité a également été jugée utile par plusieurs délégations, dont celle du Venezuela, qui a insisté sur la nécessité de prendre en compte les séquelles de la colonisation et de l’occupation étrangère.

Au cours de la réunion d’aujourd’hui, plusieurs délégations ont par ailleurs commenté la récente mission effectuée par les membres du Conseil en Haïti.  Le représentant de la Malaisie s’est notamment dit convaincu que cette initiative permettrait d’aider le pays à sortir de l’impasse dans laquelle il se trouve, tandis que le représentant du Chili, Président du Conseil de sécurité pour le mois de janvier, a souligné que cette visite avait permis aux membres du Conseil de récolter des informations de première main.  

« Il est nécessaire pour le Conseil de continuer à mener ce genre d’opérations, afin de pouvoir mettre en œuvre et faire le suivi des décisions qu’il adopte », a notamment souligné la délégation chilienne. 

Le représentant de la Nouvelle-Zélande a, pour sa part, proposé que les réunions faisant le bilan mensuel des activités du Conseil de sécurité soient ouvertes aux présidents des grands groupes régionaux, afin, a-t-il expliqué, que les États Membres de ces groupes puissent être informés sur la manière dont le Conseil travaille en leur nom.

Le représentant néo-zélandais a également engagé les membres du Conseil à œuvrer en vue de parvenir à un compromis chaque fois qu’une question est sujette à débat en son sein.  Il a, dans ce contexte, souhaité que davantage de temps soit accordé aux négociations menées entre les membres, et que la documentation relative aux travaux du Conseil soit transmise en temps opportun aux membres. 

Au cours de son intervention, le représentant de l’Espagne a, pour sa part, appelé les membres du Conseil à faire preuve de la souplesse nécessaire à l’examen de certaines questions sensibles et à utiliser différents instruments, notamment les réunions en formule Aria, pour examiner les questions qui ont une incidence directe sur la paix et la sécurité à travers le monde.

« Les membres du Conseil de sécurité sont un groupe solide, et sont capables de se mettre d’accord et de trouver des consensus sur certaines questions », s’est-il notamment félicité.

Enfin, le représentant de la Malaisie a encouragé le Conseil de sécurité à continuer d’avoir recours aux vidéoconférences pour permettre à ses membres de dialoguer avec des gens qui sont sur le terrain des opérations et vivent directement les situations dans lesquelles le Conseil de sécurité intervient.

 

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