Soixante-dixième session,
27e séance - matin
AG/EF/3435

La Deuxième Commission examine les moyens de rendre les villes et les établissements humains ouverts à tous, sûrs, résilients et durables

Dans la perspective d’un avenir où, d’ici à 2050, la population urbaine représentera 70% de la population mondiale, la communauté internationale n’a pas d’autre choix que de bâtir des villes plus résilientes.  C’est la question qui a intéressé la Commission économique et financière (Deuxième Commission), ce matin, alors qu’elle examinait l’application des décisions prises par la Conférence des Nations Unies sur les établissements humains (Habitat II) et le renforcement du Programme des Nations Unies pour les établissements humains (ONU-Habitat).

L’urbanisation durable est une question de grande actualité, ont déclaré les délégations qui, en soulignant une croissance démographique rapide, ont souhaité que l’examen de cette question soit placé dans le contexte du Programme de développement à l’horizon 2030, adopté lors du Sommet mondial sur le développement durable, le 25 septembre dernier.  Les intervenants ont notamment mis l’accent sur les moyens d’aligner le Programme pour les établissements humains de l’ONU sur le Programme de développement durable à l’horizon 2030, en particulier son objectif 11 qui demande à la communauté internationale de veiller à ce que « les villes et les établissements humains soient ouverts à tous, sûrs, résilients et durables ».

En Amérique latine et dans les Caraïbes, 80% de la population vivent déjà dans des zones urbaines et cette population urbaine atteindra 85% d’ici à 2030.  Le représentant de l’Équateur, au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), a prévenu que des villes comme Lima, Bogota et Santiago deviendront d’ici à 2025 des mégalopoles avec une population d’au moins 10 millions de personnes, et rejoindront ainsi Mexico, Buenos Aires et Sao Paulo parmi les villes les plus peuplées du monde.

C’est d’ailleurs à Quito, la capitale de l’Équateur, une ville classée comme faisant partie du patrimoine mondial de l’humanité, que la Conférence des Nations Unies sur le logement et le développement urbain durable (Habitat III) se tiendra du 17 au 20 octobre 2016.  Le représentant de ce pays a demandé aux États Membres de saisir cette occasion pour engager une réflexion sur le développement urbain durable.

Le délégué du Brésil a, quant à lui, fait écho en invitant les États Membres à accorder plus de temps aux processus préparatoires et aux débats qui se poursuivront à Quito.  Il a ainsi souhaité que la résolution sur les établissements humains, qui sera adoptée au cours de la présente session de la Deuxième Commission, mentionne expressément la nécessité d’appuyer Habitat III, en encourageant, notamment, la participation de la société civile à la Conférence.

Dans l’optique de ces discussions, les délégations ont reconnu la nécessité d’examiner l’habitat humain sous l’angle des trois dimensions du développement durable -économique, sociale et environnementale- et de façon transversale.  Il faudrait aussi garder à l’esprit que les zones urbaines et les zones rurales sont interdépendantes, a fait remarquer le représentant de la Colombie, tout en avertissant que les mesures prises en faveur des villes affectaient directement la dynamique de toutes les zones, qu’elles soient urbaines ou rurales. 

Pour le Groupe des 77 et la Chine, la réalisation du onzième objectif de développement durable exige également des mesures dans des domaines comme les transports, l’énergie, l’eau, les services de santé, et l’éducation.  Les villes de l’Asie du Sud-Est sont résolument déterminées à préserver l’environnement de manière durable, a assuré, pour sa part, le représentant de l’Indonésie, qui intervenait au nom de la l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN).

Certaines délégations ont insisté sur la nécessité d’utiliser les outils technologiques disponibles pour améliorer la qualité des établissements humains.  Le Gouvernement de l’Inde, par exemple, entend construire 100 villes dites « intelligentes » qui feront usage des nouvelles technologies de l’information et des communications afin d’améliorer la qualité de vie des habitants.  De son côté, Singapour a lancé, l’an dernier, le projet « Virtual Singapore » qui présente un modèle de ville dynamique et rend les données accessibles à tous.

En ce qui concerne les actions menées par l’ONU en faveur d’un urbanisme durable, les délégations ont, dans l’ensemble, réaffirmé leur soutien à ONU-Habitat, à l’instar de la Chine qui avait accueilli un évènement pour célébrer la première Journée mondiale des villes à Shanghaï, le 31 octobre 2014.

Certains intervenants, comme le représentant du Groupe des 77 et la Chine, ont appelé à modifier la structure de gouvernance de cet organisme afin de garantir davantage de transparence et de s’acquitter des nouveaux mandats qui lui seront confiés.  D’autres voix se sont fait entendre pour demander aux partenaires du développement de fournir à ONU-Habitat un appui financier et technique adéquat, certaines regrettant le manque de prévisibilité des ressources dont souffre cet organisme.

La Deuxième Commission reprendra ses travaux demain, mercredi 4 novembre, à partir de 15 heures.  Elle abordera le point de son ordre du jour intitulé « Vers des partenariats mondiaux ».

APPLICATION DES DÉCISIONS PRISES PAR LA CONFÉRENCE DES NATIONS UNIES SUR LES ÉTABLISSEMENTS HUMAINS (HABITAT II) ET RENFORCEMENT DU PROGRAMME DES NATIONS UNIES POUR LES ÉTABLISSEMENTS HUMAINS (ONU-HABITAT)(A/70/8, A/70/210, A/70/264 ET A/C.2/70/2)

Déclaration liminaire (via liaison vidéo)

M. JOAN CLOS, Secrétaire général adjoint et Directeur exécutif du Programme des Nations Unies pour les établissements humains (ONU-Habitat), a présenté les rapports dont était saisie, aujourd’hui, la Deuxième Commission.  Il a donné des précisions sur la situation financière de ce Programme pour lequel il est prévu d’allouer 55,4 millions de dollars pour la période budgétaire biannuelle 2014-2015, ainsi que 314,2 millions de dollars pour les ressources réservées à certains projets.  Il a également donné un aperçu des activités et des évènements qui ont eu lieu cette année sur ces questions, comme la célébration de la Journée mondiale des villes à Milan en même temps que l’exposition universelle « 2015 World Expo ».

Le rapport du Secrétaire général (A/70/210) sur l’Application des décisions prises par la Conférence des Nations Unies sur les établissements humains (Habitat II) et sur le renforcement du Programme des Nations Unies pour les établissements humains (ONU-Habitat) contient plusieurs recommandations en ce qui concerne les activités liées à l’urbanisation et aux établissements humains.  Les États Membres sont notamment invités à accorder l’attention nécessaire à ces questions dans le cadre de la mise en œuvre du programme de développement pour l’après-2015 et aux objectifs de développement durable, aux niveaux national et infranational.  Ils doivent aussi fournir une aide financière à ONU-Habitat par des contributions volontaires accrues et accorder la priorité au versement de contributions au fonds à des fins générales de la Fondation pour l’habitat et les établissements humains, en vue d’assurer un financement pluriannuel prévisible.

Ce rapport explique aussi que, grâce à la mise en place des groupes des politiques et l’organisation des réunions régionales et thématiques de haut niveau, Habitat III progressera vers les engagements et les mesures au niveau des politiques. Les groupes des politiques mobiliseront des expertises de haut niveau pour examiner la recherche et l’analyse de pointe, identifier les bonnes pratiques et les enseignements tirés de l’expérience et élaborer des recommandations indépendantes sur les politiques concernant des questions particulières en matière de développement urbain durable.

Il recommande en outre aux États Membres d’accélérer l’élaboration des rapports nationaux, notamment par les autorités locales, le secteur privé et les ONG, dans le cadre des activités préparatoires d’Habitat III et l’organisation des forums urbains nationaux et des campagnes urbaines nationales.  Ils doivent aussi fournir des observations écrites sur les documents de réflexion et d’orientation, à titre de leur contribution à l’avant-projet de document, qui doit être prêt six mois au plus tard avant la Conférence.

Par une note intitulée « Mise en œuvre coordonnée du Programme pour l’habitat » (A/70/264), le Secrétaire général transmet à l’Assemblée générale le rapport sur la mise en œuvre coordonnée du Programme pour l’habitat (E/2015/72), pour examen à sa soixante-dixième session au titre du point 21 de l’ordre du jour provisoire, en application de la décision 2015/35 du Conseil économique et social (ECOSOC).

Le rapport du Conseil d’administration du Programme des Nations Unies pour les établissements humains sur les travaux de sa vingt-cinquième session (17-23 avril 2015) (A/70/8) contient en annexe sept résolutions et deux décisions adoptées à cette session.  Le Conseil d’administration se compose de 58 membres, élus chacun pour un mandat de quatre ans par l’ECOSOC.

Débat général

Mme ADURTHY (Afrique du Sud), s’exprimant au nom du Groupe des 77 et de la Chine (G-77), a  estimé que, comme 70% de la population mondiale vivraient dans des villes d’ici à 2050, il serait donc important de bâtir des villes plus résilientes.  Elle a fait observer que les villes dans les pays en développement sont maintenant confrontées aux problèmes de la pauvreté et de la faim, qui jusque-là affectaient surtout les zones rurales.  Elle a souligné que la réponse aux problèmes et défis des établissements humains doit tenir dûment compte de questions comme celles des transports, de l’énergie, de l’eau, des services de santé, et de l’éducation.  La représentante a ensuite appelé à modifier la structure de gouvernance d’ONU-Habitat afin, a-t-elle expliqué, de tenir compte des nouveaux mandats qui seront confiés à cet organisme.  Elle a insisté sur l’urgence de cette réforme qui, a-t-elle dit, doit être engagée avant la tenue de la Conférence des Nations Unies sur le logement et le développement urbain durable en octobre 2016.  Ainsi, a-t-elle estimé, ONU-Habitat sera plus transparent et plus à même de rendre compte de ses activités.

S’exprimant au nom du Groupe des États d’Afrique, M. VANDI CHIDI MINAH (Sierra Leone) a noté l’urbanisation « sans précédent » du monde, dont la moitié de la population vit désormais dans les villes, en particulier en Afrique et en Asie.  Dans un tel contexte, a-t-il plaidé, des efforts doivent être déployés pour assurer le développement des zones rurales et y créer les services sociaux et les opportunités économiques en l’absence desquels leurs habitants seront tentés par un exode vers les villes.  Une attention tout aussi importante doit être accordée à la revalorisation des villes pour leur permettre de faire face à cet afflux de populations.  De plus, des services destinés aux populations marginalisées, y compris les pauvres, les jeunes, les femmes et les personnes âgées, doivent être mis en place, a poursuivi le représentant, avant de souligner  que l’Afrique aurait besoin du soutien des partenaires de développement pour réaliser de tels investissements.  À cet égard, il s’est félicité de la collaboration entre ONU-Habitat et l’Union africaine en vue de promouvoir l’initiative continentale sur l’urbanisation comme « force de transformation » du développement africain, en conformité avec l’Agenda 2063 de l’Union africaine et le Programme de développement durable à l’horizon 2030.

M. AHMED SAREER (Maldives), qui s’exprimait au nom de l’Alliance des petits États insulaires, a rappelé que d’ici à 2050, on estime que 70% de la population mondiale vivraient en milieu urbain.  Il a mis l’accent sur les spécificités des petits États insulaires en termes d’urbanisation durable, en expliquant que ces pays sont souvent éloignés d’autres États, qu’ils ont des populations souvent éparpillées sur une multitude de petites îles, ou encore qu’il s’agit parfois de cités-États.  Il faut tenir compte de ces circonstances particulières dans les mécanismes relatifs aux établissements humains et l’urbanisation viable, en particulier dans le contexte du Programme de développement durable à l’horizon 2030.  C’est un point sur lequel ont insisté les petits États insulaires lors des négociations de ce Programme, a rappelé le représentant des Maldives. 

Comment peut-on aligner le Programme de l’ONU pour les établissements humains sur le Programme de développement durable à l’horizon 2030, en particulier sur son objectif 11 selon lequel la communauté internationale doit faire en sorte que « les villes et établissements humains soient inclusifs, en sécurité, résistants et durables », a demandé le représentant, pour qui la question de l’impact des changements climatiques et des catastrophes naturelles est cruciale compte tenu de leurs effets sur la croissance économique.  Les petits États insulaires ont besoin de se doter d’infrastructures robustes mais doivent également apporter des solutions aux logements abordables, a-t-il précisé.  À cet égard, l’Association des petits États insulaires salue la prochaine tenue de la Conférence Habitat III qu’elle considère comme une occasion pour réexaminer l’urbanisation pour toutes les catégories d’établissements humains.

S’exprimant dans un premier temps au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), M. ESTEBAN CADENA (Équateur) a indiqué que, selon la Division de la population des Nations Unies, l’Amérique latine et les Caraïbes formaient, depuis 2014, l’une des régions les plus peuplées du monde, avec 80% de sa population vivant dans des zones urbaines et 85% d’ici à 2030.  En outre, des villes comme Lima, Bogota et Santiago deviendront d’ici à 2025 des mégalopoles avec une population d’au moins 10 millions de personnes, et rejoindront Mexico, Buenos Aires et Sao Paulo dans le groupe des plus grandes villes du monde, a fait observer le représentant.  Il a souligné que la Conférence des Nations Unies sur le logement et le développement urbain durable (Habitat III), que l’Équateur accueillera du 17 au 20 octobre 2016, sera la première conférence majeure des Nations Unies à être organisée après la Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques prévue à Paris à la fin de ce mois.  Habitat III, a-t-il ajouté, sera l’occasion d’engager une réflexion sur le développement urbain durable, a précisé M. Cadena, avant d’inviter toutes les parties prenantes à se mobiliser.

S’exprimant ensuite en sa capacité nationale, M. Cadena a appelé à des politiques urbaines complètes et holistiques.  Il a ainsi plaidé pour l’inclusion urbaine, tout en déplorant la ségrégation urbaine qui aggrave la pauvreté.  Il a ensuite salué les efforts entrepris par la ville de Quito, classée comme faisant partie du patrimoine mondial de l’humanité, et qui accueillera, en octobre prochain, la Conférence des Nations Unies sur le logement et le développement urbain durable (Habitat III).

M. DESRA PERCAYA (Indonésie), s’exprimant au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a rappelé que plus un pays compte de zones urbaines, plus il est à même de contribuer au produit intérieur brut (PIB) mondial.  Il a ainsi souligné que selon les données d’ONU-Habitat, les 2 000 plus grandes villes du monde comptent pour 75% du PIB mondial.  Le représentant a précisé que ce n’est pas la quantité de villes qui est importante, mais bien leur qualité, expliquant ainsi que les villes doivent être à la fois inclusives, sûres, plus résilientes et durables.  Il a souligné que les inégalités de développement entre les villes et les zones rurales, notamment dans les pays en développement, avaient créé un fossé entre les revenus des populations urbaines et celles vivant en zones rurales, ce qui a favorisé ainsi le phénomène de l’exode rural.  M. Percaya a ensuite fait valoir que si les villes étaient gérées de manière durable, elles pourraient constituer un facteur crucial permettant d’accélérer la réalisation des objectifs de développement durable.  Il a assuré que les villes de l’Asie du Sud-Est étaient résolument tournées vers la préservation durable de l’environnement.

M. CARLISLE LLEWELLYN RICHARDSON (Saint-Kitts-et-Nevis), parlant au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), s’est félicité de ce que le 31 octobre soit proclamé la Journée mondiale des villes.  Il a également salué la discussion de haut niveau organisée sur le thème « espaces publics », le 5 octobre dernier.  ONU-Habitat, a-t-il dit, joue un rôle fondamental dans la plateforme de développement durable, y compris dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Il a expliqué que les petits États insulaires en développement (PEID) étaient dépassés par les défis à relever dans ce domaine, avec une forte croissance démographique et une augmentation du nombre de taudis, de la pauvreté et le manque d’accès aux services de base.  L’habitat humain doit être examiné sous l’angle des trois dimensions du développement durable -économique, sociale et environnementale- et avec une approche intégrée, a recommandé le représentant.  Il faudrait ainsi adopter des politiques que les pays puissent adopter et appliquer eux-mêmes dans des domaines tels que l’eau et l’assainissement, l’éradication de la pauvreté, la fourniture de services énergétiques et de collecte des ordures abordables, a-t-il précisé.

La CARICOM estime aussi que le renforcement des capacités devrait se faire à tous les niveaux, grâce notamment au partage d’expériences.  D’ici à 2030, la majorité de la population de l’Amérique latine et des Caraïbes vivra en zone urbaine, a aussi fait remarquer le représentant en soulignant l’urgence de l’examen de cette question.  Il a invité les partenaires au développement à fournir à ONU-Habitat l’appui financier et technique nécessaire pour accompagner les efforts des pays en développement.  Avant de conclure, il a déploré que les ressources nécessaires ne soient pas accordées à cet organisme, en rappelant le problème que pose le manque de prévisibilité des ressources.

M. THIBAULT DEVANLAY, qui s’exprimait au nom de l’Union européenne, a rappelé que les États membres de l’Union européenne étaient des partenaires importants d’ONU-Habitat et qu’ils étaient déterminés à faire avancer la question des établissements humains et du développement durable.  L’Union européenne préconise une approche holistique de l’urbanisation croissante visant à ce que les villes soient économiquement prospères, sûres, inclusives socialement, écologiques  tout en utilisant les ressources de manière optimale.  Dans ce contexte, l’Union européenne salue l’adoption récente du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et, en particulier, son objectif 11 qui porte précisément sur ces questions.  Le fait qu’il y ait un objectif spécifique alloué à ces questions, montre, a estimé le délégué de l’Union européenne, qu’il y a une forte prise de conscience politique des défis de l’urbanisation.  « Pour la première fois, les décideurs, les planificateurs, la société civile et la communauté du développement sont appelés à faire des villes des acteurs importants de la lutte contre la pauvreté et du développement durable », a souligné M. Devanlay. 

Les États membres de l’Union européenne sont activement engagés dans la préparation de la troisième Conférence des Nations Unies sur le logement et le développement urbain durable (Habitat III) de 2016, qui devrait définir un nouveau programme urbain essentiel pour la mise en œuvre des engagements pris dans ce contexte.  Habitat III doit relancer l’engagement international pour une urbanisation durable et la lutte contre la pauvreté et contribuer à identifier les défis majeurs ainsi que les réponses à y apporter, a poursuivi le délégué de l’Union européenne qui souhaite qu’il y ait une large participation à cette Conférence.  Il a ensuite passé en revue les politiques de l’Union européenne dans ce domaine, notamment la Charte de Leipzig de 2007 sur les villes européennes durables.

Pour l’Union européenne, la mise en œuvre d’Habitat II et le travail préparatoire d’Habitat III ne peuvent être réalisés par les gouvernements nationaux à eux seuls.  Le nouveau programme urbain doit être défini et mis en œuvre en veillant à une participation inclusive et une collaboration avec les autorités locales et la société civile, a-t-il dit.

Mme JACLYN SEOW (Singapour) a salué l’objectif de développement durable 11 qui prévoit de « faire en sorte que les villes et les établissements humains soient ouverts à tous, sûrs, résilients et durables ».  Elle a expliqué que l’urbanisme durable était une question de nature transversale pouvant contribuer à la réalisation des autres objectifs de développement durable.  Singapour, a-t-elle donné comme exemple, a été une des rares villes à forte densité capables d’atteindre des normes de vie élevées.  Elle a parlé, à cet égard, du plan durable de Singapour 2015 lancé cette année.  Singapour, a-t-elle ajouté, partage son expérience en matière de planification urbaine avec d’autres pays en développement comme l’Inde.  Soulignant en même temps les nouveaux défis qui se posent en matière d’urbanisme, la représentante a insisté sur l’utilisation des outils technologiques.  À cet égard, elle a mentionné le lancement du projet « Virtual Singapore » en décembre 2014 par la Fondation nationale de recherche de Singapour, qui offre un modèle de ville dynamique et des données accessibles à tous.  En ce qui concerne la Conférence Habitat III prévue en octobre 2016, elle a souhaité que le « nouvel agenda urbain » soit basé sur une qualité de vie élevée, une économie compétitive et un environnement durable.

M. SERGEY B. KONONUCHENKO (Fédération de Russie) a déclaré que la croissance démographique dans les villes posait de sérieux problèmes aux efforts entrepris en matière de développement durable.  À cet égard, sa délégation salue les préparatifs en cours pour la Conférence Habitat III prévue l’an prochain, dont l’objectif est d’adopter un programme visant à transformer les villes et les habitats urbains en centres durables en termes économique et social.  La Fédération de Russie présentera son rapport national à cette Conférence, a-t-il indiqué, avant de citer les priorités de son gouvernement dans ce domaine, comme garantir à la population un logement de qualité, des services de logement ou encore un système de logement souple prenant en compte les différents modes de vie aux niveaux national et régional.  Il a plaidé en faveur du renforcement de l’aide financière et technique aux États Membres qui en ont besoin dans ce domaine.  Notant les efforts de réforme du Programme ONU-Habitat, il a apprécié la proposition visant la création d’un comité de représentants permanents auprès du Groupe de travail sur le programme et le budget, en estimant que cela allait dans le sens du renforcement de l’efficacité du Programme.

M. SÉRGIO RODRIGUES DOS SANTOS (Brésil) a rappelé que le phénomène d’urbanisation était très poussé en Amérique latine, en ajoutant que selon des prévisions, 91,4% de la population des villes de la région vivraient dans les villes d’ici à 2050.  Il a estimé que des plans d’urbanisation intégrés étaient essentiels pour permettre aux villes de pleinement jouer leur rôle dans la réalisation du développement durable.  Le Brésil est conscient de ce fait, et c’est pourquoi il a adopté des politiques d’urbanisation orientées vers l’inclusion sociale et économique et axées sur la préservation durable de l’environnement, a-t-il assuré. 

Le représentant a ensuite estimé que la plupart des solutions pour atteindre un développement durable devaient être trouvées dans les villes.  Compte tenu de l’importance de la Conférence des Nations Unies sur le logement et le développement urbain durable (Habitat III), le délégué a souhaité qu’il soit accordé plus de temps aux processus préparatoires et aux discussions qui auront lieu à Quito.  Il a ainsi souhaité que la résolution sur les établissements humains, qui sera adoptée au cours de la présente session de la Deuxième Commission, mentionne expressément la nécessité d’appuyer Habitat III, notamment en encourageant la participation de la société civile à la Conférence.  « L’avenir des villes et de leurs populations ne peut se décider sans la contribution de ces derniers », a-t-il fait valoir.

Mme TOMOKO ONISHI (Japon) a souligné que la Conférence des Nations Unies Habitat III devrait être un instrument solide pour la mise en œuvre des engagements qui seraient pris à la COP21 à Paris en décembre prochain et dans le cadre du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et des Conférences de Sendai et d’Addis-Abeba.  Elle a préconisé d’adopter une approche holistique pour rendre les villes et les établissements humains inclusifs, sûrs, résilients et durables, et plus précisément une approche centrée sur la personne.  En tant que pays hôte de la troisième Conférence internationale sur la réduction des risques de catastrophe, le Japon est fier des résultats obtenus, en particulier les engagements pris concernant les mesures pour une plus grande résilience des communautés aux catastrophes naturelles, y compris le concept de « reconstruire mieux » (build back better) qui est basé sur l’expérience japonaise dans ce domaine.  La représentante a assuré que son pays prendrait activement part au processus préparatoire de la Conférence Habitat III, notamment par la remise de son rapport national intérimaire et des contributions d’ordre technique en détachant deux experts techniques japonais.

M. CARLOS ARTURO MORALES LÓPEZ (Colombie) a indiqué que la proportion de la population urbaine dans son pays devrait passer de 76% en 2010 à 90% en 2050.  C’est pourquoi, a-t-il dit, il est important d’œuvrer en faveur d’un urbanisme durable tant pour les villes que pour les agglomérations péri-urbaines et rurales.  Le représentant a aussi souligné l’importance de prendre en compte les trois dimensions du développement durable, à savoir économique, sociale et environnementale.  Il faudrait, a-t-il prôné, promouvoir le développement économique local et la fourniture de services sociaux de qualité, dans le cadre d’une gouvernance transparente et efficace.  Pour sa délégation, l’urbanisation durable doit reconnaître que les villes et les zones rurales sont interdépendantes.  Ceci explique pourquoi les mesures prises pour les villes affectent directement la dynamique de toutes les zones urbaines et rurales.  Il est donc nécessaire de renforcer les infrastructures rurales et de fournir des services pour réaliser un développement durable sur l’ensemble du pays.  Enfin, il a rappelé la Déclaration de Medellin, adoptée en 2014, recommandant d’assurer une justice sociale tant dans les villes que dans les zones rurales.

M. RAHUL KASWAN (Inde) a salué le fait que la communauté internationale ait établi un objectif de développement durable spécifique aux questions relatives aux établissements humains.  Il a estimé que si les villes étaient bien gérées, elles pourraient servir de catalyseur pour la réalisation d’un développement qui soit durable.  Pour ce faire, il a souhaité que les politiques urbaines soient adoptées en tenant compte de la situation économique mondiale, et en prenant aussi en considération les liens qui existent entre les villes et les zones semi-urbaines et rurales.  M. Kaswan a plaidé pour des politiques d’urbanisation inclusives et qui tiennent compte à la fois des particularités des pays développés et de celles des pays en développement.  Il a par ailleurs indiqué que le Gouvernement indien entendait construire 100 villes dites intelligentes, des villes qui feraient usage des nouvelles technologies de l’information et des communications afin d’améliorer la qualité de vie des populations.

M. GERSHON KEDAR (Israël) a indiqué que la question d’un développement urbain soutenable était de la plus haute importance, compte tenu notamment de l’augmentation constante, dans le monde, de la population vivant en milieu urbain.  Israël est engagé à atteindre l’objectif 11 du Programme de développement durable à l’horizon 2030 relatif à un urbanisme durable, a-t-il assuré.  À cette fin, il a rappelé que son pays avait accueilli une série de réunions thématiques en septembre dernier, dont les résultats contribueront au nouveau programme urbain qui sera adopté lors de la Conférence Habitat III.  Son pays verra prochainement la tenue de la Conférence Akko sur les questions de l’urbanisme et lancera, un peu plus tard au cours de ce mois, le Forum urbain d’Israël, qui vise à promouvoir l’inclusion urbaine en associant les gouvernements, les municipalités, les milieux universitaires, les ONG et le secteur privé, a indiqué M. Kedar avant de conclure.

Mme XIE ZHENGWEI (Chine) a appelé à renforcer la coopération en matière d’établissements humains, afin de rendre ceux-ci inclusifs et durables.  La communauté internationale doit accorder toute son attention au Programme de développement durable à l’horizon 2030 qui comprend cet objectif, a-t-elle recommandé, en précisant que cela exigeait tout d’abord d’éradiquer la pauvreté.  Il faudrait, a-t-elle ajouté, promouvoir l’intégration des zones rurales et des zones urbaines, car les problèmes qui affectent les deux sont étroitement liés.  Elle a aussi recommandé une bonne planification urbaine afin d’accompagner au mieux la population rurale qui, de plus en plus, se déplace vers les villes.  Elle a ensuite appelé à renforcer la coopération internationale en matière d’établissements humains, en invitant, à cet égard, les pays développés à renforcer les capacités des pays en développement à atteindre les cibles établis dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Il faudrait en même temps, a-t-elle précisé, respecter le droit de chaque pays de mener ses propres politiques en fonction de ses circonstances particulières.  La représentante a ensuite parlé de l’urbanisation chinoise qui a été la plus rapide de l’histoire au cours des 20 dernières années, passant de 55% à 64%.  Avant de conclure, elle a réaffirmé l’appui de sa délégation à ONU-Habitat et rappelé que la Chine avait accueilli, à Shanghai, la conférence pour la première célébration de la Journée mondiale des villes, le 31 octobre 2014.

M. BUNNAG (Thaïlande) a souligné que sur une population totale de 64 millions, 9,4% vivent à Bangkok, la capitale du pays, soit une densité de 16 200 habitants au kilomètre carré.  Il a souligné que le droit à un logement décent était fondamental dans l’optique du développement.  Il a aussi souhaité que les villes soient davantage résilientes aux catastrophes et autres phénomènes extrêmes liés aux changements climatiques.  Il a ainsi estimé que l’adaptation et l’atténuation aux changements climatiques doivent commencer dans les villes, d’autant plus que les villes sont responsables de la moitié des émissions de gaz à effet de serre.  La Thaïlande a ainsi adopté un plan national visant à faire réduire les émissions de gaz à effet de serre produites en milieu urbain.  Le délégué a aussi indiqué que la mobilité urbaine était très importante dans la gestion des villes.  Il a expliqué que tous les résidents des villes devraient pouvoir se déplacer facilement dans leur espace urbain.  Forte de ce constat, la ville de Bangkok vient d’introduire un système de paiement unique qui donne accès aux transports par voies terrestre, fluviale et ferroviaire, s’est félicité le représentant.

M. ARTHUR A. ANDAMBI (Kenya) a indiqué qu’au Kenya, les activités économiques en zones urbaines représentaient la grande majorité du PIB national.  Il a souligné que 32% de Kényans vivaient dans des villes et que ce chiffre devrait dépasser les 50% d’ici à l’année 2030.  Fort de ce constat, il a déclaré que les autorités nationales avaient établi un plan de développement à l’horizon 2030 qui tient compte de la nécessité pour les 47 districts du pays d’être plus compétitifs et tournés vers le développement, notamment avec la contribution du secteur privé. 

Mme AL ATEIBI (Émirats arabes unis) a indiqué que les Émirats font partie du Comité préparatoire d’Habitat III, avant de présenter l’approche adoptée par son pays en matière d’urbanisation qui est basée sur l’énergie propre.  Les Émirats arabes unis ont adopté une nouvelle politique et importé de nouveaux instruments en application des mesures prises, a-t-elle expliqué.  La déléguée a fait remarquer que la question de l’énergie propre n’avait pas été couverte par la Conférence Habitat II, alors que les sources d’énergie renouvelables peuvent contribuer à promouvoir un développement urbain durable.  Les Émirats arabes unis accueilleront, en janvier 2016,la première réunion préparatoire d’Habitat III sur l’énergie renouvelable, a-t-elle annoncé.  La représentante a ensuite suggéré d’encourager des partenariats entre le secteur public et le secteur privé dans ce domaine.  En outre, les Émirats travaillent actuellement à 100 projets dans 40 pays pour l’établissement des principales structures urbaines.  L’exposition universelle, qui se tiendra à Dubai en 2020, sera une occasion sans précédent de présenter ce qui peut être accompli dans le domaine de la durabilité et des partenariats entre le secteur public et le secteur privé, a-t-elle estimé.

Mme INGRIT PRIZRENI (Albanie) a exposé les grandes lignes de la réforme territoriale et administrative menée dans son pays pour renforcer la cohésion territoriale, qui se base sur la reconnaissance du rôle des zones, petites et moyennes, dans le contexte du développement national.  Cette réforme est aussi guidée par le principe de réduction du nombre des municipalités et des unités locales, afin de les rendre plus efficaces en termes de gouvernance et de collecte des impôts.  Les villes en développement ont besoin de définir des cadres de développement urbain durable, a-t-elle rappelé, avant de souligner également, à cet égard, l’importance de l’autonomisation des femmes et des filles.  La réforme est axée aussi sur les autres groupes vulnérables comme les personnes handicapées, a-t-elle ajouté.  La déléguée a aussi recensé les nouveaux défis que posent, en termes d’urbanisation durable, le marché de l’immobilier et les nouvelles constructions.  Les technologies de l’information et des communications (TIC), a-t-elle assuré, sont très importantes dans la gestion des villes.

Mme GRACE REBEKAH TEH MEI SHAN (Malaisie) a estimé que les gouvernements locaux efficaces jouaient un rôle clef pour mettre en œuvre efficacement des politiques urbaines.  Elle a indiqué qu’à travers sa politique nationale d’urbanisation, son gouvernement entendait renforcer ses engagements vis-à-vis des gouvernements locaux, les aidant ainsi à offrir des logements abordables, à mettre sur pied des systèmes de transport urbain efficaces et à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre.  Elle a indiqué qu’en application de son engagement en faveur de l’urbanisation durable, la Malaisie allait accueillir la neuvième session du Forum urbain mondial, qui se tiendra à Kuala Lumpur en 2018.

M. ADEOYE (Nigéria) a déclaré que les objectifs du développement durable pourraient permettre de se tourner vers une urbanisation durable.  Il a indiqué que le Nigéria avait mis en place une politique nationale d’urbanisation qui tient compte des femmes et des jeunes notamment.  Il a aussi fait mention de programmes pour la construction de logements urbains et la mise en place d’infrastructures d’assainissement avec le concours de partenaires au développement.  Pour réaliser une urbanisation durable, tous les partenaires doivent s’engager, notamment en contribuant aux activités d’ONU-Habitat comme le fait d’ailleurs le Nigéria, a-t-il estimé. 

Mme SANDIUK (Ukraine) a apprécié la décision de renforcer le rôle du Conseil d’administration d’ONU-Habitat et de son comité de représentants permanents, en créant un groupe de travail sur le programme et le budget.  Elle a déclaré que sa délégation attachait une grande importance aux processus d’urbanisation en cours dans le monde qui, a-t-elle fait remarquer, forgent le XXIe siècle.  L’agression militaire perpétrée contre l’Ukraine a causé de nombreux dégâts et la destruction d’infrastructures dans son pays, a-t-elle rappelé, tout en espérant un retour rapide à la normalité.  Elle a assuré que son pays était prêt à s’atteler à la reconstruction et a demandé que la communauté internationale puisse l’assister dans cet effort.

M. MARCELO ELISEO SCAPPINI RICCIARDI (Paraguay) a appelé à accorder une attention particulière, dans le processus préparatoire à la Conférence Habitat III, aux besoins des catégories les plus vulnérables de la population, c’est-à-dire les personnes handicapées, les femmes, les enfants et adolescents, les personnes âgées, les communautés locales, les migrants dans les zones rurales, les personnes déplacées et les populations autochtones.  Il faudrait aussi saisir cette occasion, a-t-il ajouté, pour explorer les moyens de renforcer les activités communes des secteurs public et privé dans le domaine de l’urbanisation durable, de développer un système de sécurité alimentaire efficace, et de renforcer les capacités nationales de collecte et d’analyse de donnés de manière à pouvoir donner des informations utiles sur les politiques publiques.  Le représentant a demandé aux États Membres de contribuer financièrement aux préparatifs de la Conférence Habitat III et a salué ainsi la générosité de l’Équateur, de l’Indonésie et de la Malaisie qui ont offert d’accueillir les réunions préparatoires et la Conférence elle-même.

M. ASHRAL EL NOUR, de l’Organisation internationale pour les migrations, a indiqué qu’à travers le monde, les migrations contribuaient à rendre les villes plus diverses avec la variété des gens qui s’y installent.  Il a ainsi estimé que les autorités urbaines devraient désormais tenir compte des dynamiques migratoires dans les plans d’urbanisation.  Il a aussi noté que les villes pourraient jouer un rôle crucial dans la gestion des migrations en adoptant des politiques appropriées à cet effet.  Il s’est dit convaincu que les migrants pourraient devenir de véritables agents de développement avec des politiques adéquates qui assurent la protection de leurs droits et facilitent leur intégration et leur participation.  Cela contribue, a-t-il dit, de lutter contre la montée actuelle de la discrimination, la xénophobie et le racisme.

Droit de réponse

Le représentant de la Fédération de Russie, exerçant son droit de réponse, a rejeté les allégations faites par le délégué de l’Ukraine, en rappelant que la Deuxième Commission n’était pas l’instance appropriée pour ce type de déclarations.  Il a accusé la délégation de l’Ukraine de transformer ainsi les séances de travail des Nations Unies « en scènes de marché », dans la continuité, a-t-il ironisé, de la révolution dite de Maïdan.  Ce terme, a-t-il expliqué, signifie « place de marché » en langue locale.    

 

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