Soixante-dixième session,
25e & 26e séances - matin & après-midi
AG/EF/3434

Deuxième Commission: des délégations proposent d’axer les efforts sur une agriculture durable, dans les pays en développement, pour lutter contre l’insécurité alimentaire et la malnutrition

« De tous les points de l’ordre du jour de la Deuxième Commission, celui relatif à l’agriculture et à la sécurité alimentaire est central pour les efforts visant l’éradication de la pauvreté », c’est par ces mots que la représentante de l’Afrique du Sud, s’exprimant au nom du Groupe des 77 et de la Chine (G77), a ouvert le débat d’aujourd’hui sur le développement agricole, la sécurité alimentaire et la nutrition.

La déléguée a ainsi expliqué que des investissements en faveur d’une agriculture durable permettant d’assurer une sécurité alimentaire devraient avoir des retombées bénéfiques sur la réalisation d’autres objectifs de développement durable (ODD). 

En présentant le rapport du Secrétaire général sur la question, la responsable de la Division du développement durable au Département des affaires économiques et sociales (DAES), Mme Marion Barthelemy, a affirmé que près de 795 millions de personnes, soit « une sur neuf » dans le monde, souffrent toujours de faim chronique, et n’ont pas une nourriture suffisante pour mener une vie active et saine.

Elle a aussi souligné que les avancées en matière de lutte contre la faim étaient inégalement réparties, notamment avec la sous-alimentation qui persiste en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud, malgré les succès enregistrés avec l’initiative « Défi Faim zéro », lancée par le Secrétaire général lors de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable, qui s’est tenue à Rio de Janeiro, au Brésil, en 2012.

Pour parvenir à des résultats plus probants, il est établi que la communauté internationale doit investir 267 milliards de dollars par an, soit un investissement supplémentaire de 160 dollars par personne en situation d’extrême pauvreté au cours des 15 prochaines années.

Ces investissements doivent tenir compte des aléas climatiques qui affectent les petits États insulaires en développement (PEID) et une grande majorité de pays en développement, ont rappelé des délégations dont celle de Guyana, qui parlait au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM).

Il ne faut pas oublier, a réagi la déléguée des États-Unis, que l’agriculture est aussi un élément du problème car elle est responsable du quart des émissions des gaz à effet de serre de la planète.  L’agriculture contribue ainsi considérablement au réchauffement de la Terre et aux changements climatiques qui, à l’inverse, affectent négativement l’agriculture, a-t-elle précisé. 

Les technologies écologiquement propres, transférées à des conditions souples aux pays en développement, pourraient leur permettre de mieux répondre aux changements climatiques, ont plaidé plusieurs orateurs.  Ils ont aussi fait valoir que ces technologies pourraient aider à stimuler la productivité agricole dans les pays en développement et permettre ainsi de mieux lutter contre la faim et la malnutrition.  Des délégations ont également suggéré que les petits exploitants agricoles soient soutenus, notamment les femmes qui sont les plus impliquées dans l’agriculture.

De nombreux intervenants ont aussi déploré le gaspillage alimentaire qui conduit à la perte du tiers de la production alimentaire mondiale.  Ce paradoxe du gaspillage alimentaire se manifeste, en particulier, dans des pays développés où, selon la FAO, le niveau de gaspillage serait de 100 kilogrammes par habitant et par an.  Dans les pays en développement, a expliqué le représentant du Bénin, des quantités énormes de produits alimentaires sont, au contraire, perdues après la récolte, faute de moyens suffisants pour leur conservation, alors même que ces pays sont exposés à l’insécurité alimentaire et la malnutrition.

Par ailleurs, face à la volatilité des prix des produits agricoles et les distorsions douanières, le représentant de la Sierra Leone, intervenant au nom du Groupe des États d’Afrique, a suggéré la mise en place d’un système commercial équitable, « sans distorsions », afin de permettre aux produits provenant des pays en développement de s’écouler au niveau international.

D’autres délégations, comme celle de l’Australie, qui s’exprimait au nom des 19 pays agricoles exportateurs du Groupe de Cairns, se sont dites déçues par l’échec des négociations sur le commerce agricole engagées dans le cadre du Cycle de Doha.  Elle a dénoncé le manque de volonté politique de la part de certains membres de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).

La Deuxième Commission reprendra ses travaux demain, mardi 3 novembre, à partir de 10 heures.  Elle examinera le point de son ordre du jour relatif à l’application des décisions prises par la Conférence des Nations Unies sur les établissements humains (Habitat II) et du renforcement du Programme des Nations Unies pour les établissements humains (ONU-Habitat).

DÉVELOPPEMENT AGRICOLE, SÉCURITÉ ALIMENTAIRE ET NUTRITION (A/70/92, A/70/92/CORR.1, A/70/333, A/70/129 ET A/C.2/70/2)

Rapport du Secrétaire général sur le développement agricole, la sécurité alimentaire et la nutrition (A/70/333)

Dans ce rapport, le Secrétaire général affirme qu’il est possible d’améliorer durablement la production alimentaire pour nourrir toute la population de la planète.  Toutefois, assure-t-il, des centaines de millions de personnes n’ont toujours pas les moyens d’accéder à une alimentation suffisante pour satisfaire leurs besoins énergétiques alimentaires et nutritionnels.

Afin de pouvoir atteindre les objectifs fixés en matière de sécurité alimentaire, de nutrition et d’agriculture durable, note le rapport, des seuils de protection sociale universelle devraient être établis pour tous, et des efforts doivent être entrepris pour assurer des moyens de subsistance et de résilience durables.

En dépit des insuffisances relevées dans la réalisation de la cible 1.c des Objectifs du Millénaire pour le développement et de l’incapacité à se rapprocher de la réalisation de l’objectif du Sommet mondial de l’alimentation consistant à réduire de moitié le nombre de personnes souffrant de la faim, indique aussi le Secrétaire général, les dirigeants du monde sont désormais prêts à renouveler leurs efforts à travers la cible 2.1 des objectifs de développement durable.  Celle-ci consiste, d’ici à 2030, à « éliminer la faim et faire en sorte que chacun, en particulier les pauvres et les personnes en situation vulnérable, y compris les nourrissons, ait accès tout au long de l’année à une alimentation saine, nutritive et suffisante ».

La cible 2.2 des objectifs de développement durable, quant à elle, engage la communauté mondiale, d’ici à 2030, à « mettre fin à toutes les formes de malnutrition, y compris en réalisant d’ici à 2025 les objectifs relatifs aux retards de croissance et à l’émaciation parmi les enfants de moins de 5 ans arrêtés à l’échelle internationale, et répondre aux besoins en matière de nutrition des adolescentes, des femmes enceintes ou allaitantes et des personnes âgées ».  Cette cible reflète l’ensemble des six cibles mondiales en matière de nutrition, énoncées dans le plan d’application exhaustif concernant la nutrition chez la mère, le nourrisson et le jeune enfant, tel qu’approuvé par la soixante-cinquième Assemblée mondiale de la Santé.  

Le Secrétaire général rappelle en outre qu’un rapport publié conjointement par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le Fonds international de développement agricole (FIDA) et le Programme alimentaire mondial (PAM), en juin 2015, estime à 267 milliards de dollars par an le montant des investissements nécessaires pour éradiquer la faim.  Cela implique, en moyenne, un investissement supplémentaire de 160 dollars par personne en situation d’extrême pauvreté au cours des 15 prochaines années.

À cette fin, le Secrétaire général recommande, entre autres, l’accroissement des investissements en faveur des pauvres, le renforcement de l’engagement politique, et le renforcement de la participation sociale, en particulier des petits exploitants et des agricultrices.

Débat général

Mme PINKIE MOLEKO (Afrique du Sud), s’exprimant au nom du Groupe des 77 et la Chine, a estimé que de tous les points de l’ordre du jour de la Deuxième Commission, celui relatif à l’agriculture et à la sécurité alimentaire était central pour les efforts visant à l’éradication de la pauvreté.  Elle a salué les avancées en matière de lutte contre la faim à travers le monde, tout en se félicitant de ce que la proportion des pauvres à travers le monde ait diminué entre 1981 à 2011.  La représentante a ensuite indiqué que les enseignements tirés des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) montraient que la croissance économique, tout en étant importante, ne semble pas être suffisante pour lutter contre la faim.  Elle a ainsi déclaré que la croissance doit s’accompagner d’une volonté politique forte pour éradiquer la faim, notamment par des mesures par lesquelles la croissance économique pourrait également bénéficier aux plus pauvres.

La déléguée a par ailleurs souligné que les investissements en faveur d’une agriculture durable et de la sécurité alimentaire devraient avoir des retombées bénéfiques sur la réalisation d’autres objectifs de développement durable (ODD).  Elle a ainsi prôné le renforcement du secteur agricole dans les pays en développement, notamment par l’autonomisation des populations autochtones, des communautés rurales, des petits exploitants agricoles et des pêcheurs, ainsi que par l’assistance financière et technique et le transfert des technologies.

S’exprimant au nom du Groupe des États d’Afrique, M. SHEKU MESALI (Sierra Leone) a rappelé que l’agriculture et la sécurité alimentaire étaient au centre des priorités de l’Afrique pour éradiquer la pauvreté et la famine.  Deux tiers de la population du continent, a-t-il précisé, en dépendent.  Comme ce secteur est dominé par de petits exploitants qui cultivent 80% des sols arables, les capacités de ces agriculteurs devraient être renforcées par des formations plus nombreuses, une aide financière élargie et des infrastructures adéquates, à commencer par des systèmes d’irrigation et des routes pour améliorer l’accès des produits aux marchés, a expliqué le représentant.  Il s’est ensuite déclaré préoccupé par le problème persistant de la malnutrition infantile en Afrique, dont le fardeau pèse lourdement sur les épaules des familles et des communautés africaines.  Le Groupe des États d’Afrique a ainsi lancé un appel aux partenaires internationaux pour qu’ils s’appuient sur les conclusions de l’initiative « Coût de la faim en Afrique » et élaborent des stratégies pour réaliser les objectifs de la Stratégie régionale africaine pour la nutrition et de l’Initiative africaine renouvelée contre l’arrêt de croissance prématurée: son objectif est de faire baisser de 10% la malnutrition chez les enfants âgés de moins de 10 ans et de 5% chez les enfants en bas âge d’ici à 2025.  Le Groupe plaide pour la mise en place d’un système commercial équitable, « sans distorsions », afin de permettre aux produits provenant des pays en développement de s’écouler au niveau international, a indiqué M. Mesali, avant de conclure.

Prenant la parole au nom du Groupe des pays les moins avancés (PMA), M. ANDALIB ELIAS (Bangladesh) a indiqué que ces pays avaient plus que jamais besoin de l’aide publique au développement pour réaliser leur développement agricole et éradiquer l’extrême pauvreté.  Il est également essentiel que les pays développés respectent leurs engagements d’importer tous les produits des PMA « sans frais de douane, ni quotas », a plaidé M. Elias, qui a également demandé l’aide des institutions du système des Nations Unies et autres organisations internationales.  « Le système des Nations Unies doit aider les PMA à renforcer leurs capacités dans les domaines de l’agriculture, du développement rural et de la sécurité alimentaire et nutritionnelle », a insisté le représentant avant de conclure.

S’exprimant au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), M. GEORGE TALBOT (Guyana) a rappelé que les États membres de ce groupe déploient des efforts concertés pour répondre aux défis qui se posent dans le développement de leur agriculture.  Ainsi, lors de la réunion spéciale du Conseil du commerce et du développement des 8 et 9 octobre dernier, la CARICOM avait mis l’accent sur l’autosuffisance et la sécurité alimentaires et le renforcement de l’industrie agroalimentaire, ainsi que sur le contrôle sanitaire dans le secteur agroalimentaire.  La CARICOM, a poursuivi M. Talbot, considère que la protection sociale et le développement agricole allaient de pair dans la lutte contre la malnutrition et dans les efforts visant à garantir un développement durable et inclusif.  Dans ce contexte, les pays de la région continuent de coordonner leurs efforts grâce à la politique régionale de sécurité alimentaire et de nutrition de la CARICOM qui repose sur une approche multidimensionnelle et sectorielle, a expliqué le représentant.  Les pays membres de la CARICOM, dont plusieurs sont de petits États insulaires en développement, sont cependant confrontés à des obstacles résultant de catastrophes naturelles et des changements climatiques, a fait observer M. Talbot.  C’est la raison pour laquelle la communauté internationale devrait renforcer son soutien pour aider les pays de la région à garantir des moyens de subsistance durables, notamment à travers des prêts à des conditions favorables et des investissements, comme le prévoit le Programme de développement durable à l’horizon 2030.

S’exprimant au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), M. KYAW TIN (Myanmar) a rappelé que les dix États membres formaient un  « grenier » régional, qui reste cependant tributaire des changements climatiques.  L’ASEAN, qui compte au total 600 millions d’habitants, est parfaitement consciente de la nécessité d’assurer une sécurité alimentaire, d’autant que celle-ci a été fortement affectée par la flambée des prix alimentaires mondiaux à la suite de la crise financière de 2008.  Elle a ainsi adopté un plan stratégique d’action pour la sécurité alimentaire à long terme, visant à améliorer le sort des agriculteurs, a souligné le représentant.  En outre, le plan-cadre révisé pour la période 2015-2020 a fixé cinq priorités: sécurité et soutien alimentaires en cas de pénurie; développement d’un commerce alimentaire durable; système d’information intégré sur la sécurité alimentaire; innovation dans l’agriculture et développement d’une l’agriculture visant à renforcer la nutrition.  L’ASEAN a enfin créé un mécanisme d’urgence de réserve de riz, a poursuivi le représentant.

L’objectif « Faim zéro », a-t-elle cependant souligné, exige le soutien de tous au sein des gouvernements, du secteur privé et une coopération internationale, les restrictions commerciales et les distorsions de concurrence sur les marchés agricoles constituant un frein et une menace à la sécurité alimentaire.  C’est pourquoi, l’ASEAN réclame la suppression des restrictions et des subventions accordées aux productions agricoles, ainsi qu’un soutien technologique avant et après les récoltes alors qu’environ 40% des productions sont perdues dans les pays en développement.  Avec une population amenée à passer de 7 milliards aujourd’hui à 9,6 milliards d’êtres humains d’ici à 2050, garantir une alimentation suffisante pour tous est un enjeu essentiel, a prévenu le représentant avant de conclure.

M. BARRY O’SULLIVAN (Australie) a rappelé que les 19 pays agricoles exportateurs du Groupe de Cairns plaidaient depuis longtemps en faveur d’une réforme du commerce des produits agricoles.  Soulignant l’importance du secteur de l’agriculture pour le développement, dont dépendent les populations dans les pays en développement, il a insisté sur la nécessité de trouver des solutions aux déséquilibres mondiaux dans ce domaine.  Il s’est dit déçu par l’échec des négociations sur le commerce agricole engagées dans le cadre du Cycle de Doha, en dénonçant le manque de volonté politique de la part de certains membres de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) à aller de l’avant dans les réformes du commerce agricole. Le délégué a espéré qu’à Nairobi, où se tiendra la prochaine réunion ministérielle de l’OMC, des mesures sur l’agriculture seront prévues.  Il a assuré que le Groupe de Cairns était déterminé à discuter à Nairobi en vue d’aboutir à un résultat en matière de concurrence à l’exportation.  Cela permettra de mettre en œuvre l’objectif de développement durable 2.b, a-t-il expliqué. 

M. EYAL SELA, Ministre des affaires étrangères d’Israël, a rappelé que 842 millions de personnes dans le monde, soit « une sur huit », ne savent pas à quel moment elles pourront avoir le prochain repas.  Les changements climatiques, la sécheresse et la désertification sont quelques-uns des défis qui se posent à la production agroalimentaire, a-t-il fait remarquer.  C’est pourquoi, il est particulièrement important d’améliorer la productivité et la résilience des systèmes de production familiaux, qui restent responsables de la plupart des sources d’approvisionnement modernes. Si les petits exploitants agricoles dépassent rarement le niveau de la subsistance, c’est principalement parce qu’ils ne peuvent accéder au crédit, aux technologies et à une formation qui leur permettraient ainsi d’augmenter leurs rendements et leurs revenus.  M. Sela a cité l’exemple d’Israël qui, au cours des 60 dernières années, avait transformé son système de production agricole.  Il est passé de petites unités de subsistance, caractérisées par des pénuries et l’insécurité alimentaire, à une agriculture industrialisée basée sur l’innovation et la technologie, a-t-il précisé.  La production agricole a été multipliée par sept en augmentant à peine la consommation d’eau en raison des conditions climatiques dans la région. Israël a réussi à développer son agriculture  dans le désert, a-t-il souligné.

L’Agence israélienne pour la coopération internationale en faveur du développement (MASHAV) a envoyé des ingénieurs et des enseignants à travers le monde pour partager leur savoir-faire, a assuré le Ministre, pour former les futurs formateurs et aider les pays à développer leurs capacités nationales.  C’est ainsi que des fermiers en Équateur ont introduit une nouvelle variété de bananes développée par un kibboutz, exempte de Sigatoka, un parasite qui détruit les cultures.  D’autres succès ont été enregistrés sur d’autres continents a-t-il indiqué, en soulignant que l’éradication de la pauvreté et de la faim exigent des des efforts conjoints et coordonnés.

Mme PATRICIA BAJAÑA (Nicaragua) a appelé à redoubler d’efforts dans la lutte contre toutes les formes de protectionnisme agricole.  Il faudrait, a-t-elle recommandé, que la communauté internationale adopte des mesures multidimensionnelles pour promouvoir le concept holistique de systèmes alimentaires.  Pour sa délégation, la sécurité alimentaire ne peut être garantie que par une croissance économique équitable, la création d’emplois et de revenus, ainsi qu’avec des avancées technologiques dans le secteur agricole.  L’innovation technologique, a-t-elle expliqué, favorise le développement durable et contribue à une augmentation de la productivité.  Les technologies permettent aussi aux pays qui en sont dotés de mieux répondre aux changements climatiques.  La représentante a ensuite détaillé les mesures prises par son pays pour soutenir les petits exploitants agricoles, comme l’offre d’une assistance technique et la livraison de colis alimentaires aux familles victimes des conséquences dévastatrices des changements climatiques.  Le Nicaragua a mis en place un Conseil interuniversitaire de sécurité alimentaire qui regroupe 16 universités, a-t-elle indiqué.

M. IGOR MISHKORUDNY (Bélarus) a déclaré que sa délégation accordait beaucoup d’importance aux travaux des institutions du système des Nations Unies oeuvrant en faveur du développement agricole.  La communauté internationale, a-t-il recommandé, doit poursuivre sa riposte à tous les niveaux à la crise alimentaire mondiale.  Le délégué ensuite expliqué qu’un secteur agricole très productif non seulement permettait de garantir la sécurité alimentaire, mais constituait aussi un facteur crucial pour la création d’emplois, le développement de l’entreprenariat et le renforcement des capacités technologiques.  Le Bélarus s’est engagé dans ce sens, a-t-il assuré en précisant que c’est le principal producteur agricole parmi les pays de l’ex-Union soviétique.  Le Bélarus, a-t-il ajouté, partage son expérience dans ce domaine avec les pays en développement qui en ont besoin.  En ce qui concerne sa coopération avec les organisations de l’ONU, il a mentionné un projet de création de parc agroalimentaire que le Bélarus met en œuvre conjointement avec l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI). 

Mme CINDY EU (Singapour) a regretté que la production agricole mondiale soit en baisse, notamment en raison d’un sous-investissement dans le secteur et des changements climatiques et autres phénomènes naturels extrêmes.  Un système commercial multilatéral ouvert et réglementé, placé sous les auspices de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), constituerait, de l’avis de sa délégation, la pierre angulaire de la réalisation de la sécurité alimentaire.  À ce propos, la déléguée a appelé à la mise en œuvre du « paquet de Bali » adopté à la neuvième Conférence ministérielle de l’OMC en décembre 2013.

La déléguée s’est ensuite félicitée de ce que Singapour soit classé en deuxième position, après les États-Unis, dans l’index mondial de la sécurité alimentaire en 2015.  Elle a précisé que Singapour, cité-nation souffrant du manque d’espaces cultivables, importait 90% des produits alimentaires, ce qui rend ainsi le pays vulnérable aux fluctuations des prix de ces produits.  Elle a expliqué que son pays avait réalisé la sécurité alimentaire de sa population en diversifiant ses fournisseurs et en assurant des stocks de denrées permettant de faire face à toute rupture d’approvisionnement.  Elle a enfin souligné que bien que Singapour ne soit pas un pays agricole, il contribue tout de même aux efforts visant une sécurité alimentaire dans le monde, notamment à travers la recherche et le développement et le partage d’expériences avec d’autres pays.

M. PAVEL FONDUKOV (Fédération de Russie) a salué le fait que l’Accord de Rome sur la sécurité alimentaire mondiale avait été pris en compte à la fois dans le Programme d’action d’Addis-Abeba et dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Il a ensuite plaidé pour la réduction des pertes alimentaires.  La Fédération de Russie, a-t-il dit, continuera d’apporter son assistance aux pays souffrant de la faim.  Il a également déclaré que son pays contribuait à la lutte contre la faim en versant des contributions financières au Programme alimentaire mondial (PAM). 

M. RODIGUES DOS SANTOS (Brésil) a rappelé que son pays ne figurait plus, depuis l’an dernier, sur la « carte de la faim dans le monde », mise à jour par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), et ce, grâce aux efforts qu’il a déployés en matière de sécurité alimentaire et de protection sociale.  Il a rappelé le consensus grandissant selon lequel les petits exploitants agricoles jouent un rôle de premier plan dans la lutte contre la pauvreté et la faim, dans l’amélioration des moyens de subsistance et dans la réalisation du développement durable.  Pour sa part, le Brésil a lancé des programmes en vertu desquels les établissements scolaires n’utilisent que des produits alimentaires provenant de l’agriculture locale, a expliqué le représentant.  Il a ensuite indiqué que le Gouvernement du Brésil et le Programme alimentaire mondial (PAM) avaient établi, il y a trois ans, un « Centre d’excellence contre la faim » qui sert de plateforme à la coopération Sud-Sud et au développement de solutions durables contre la faim.

M. HAMAD AL-KHAYARIN (Qatar) a souligné l’importance du droit de toute personne de vivre à l’abri de la pauvreté et de la faim, citant à cet égard la Déclaration universelle des droits de l’homme.  Il a appelé à accorder une attention particulière dans ce domaine aux plus vulnérables comme les personnes âgées, les personnes autochtones et les personnes handicapées.  Au Qatar, a-t-il dit, nous luttons contre la sécheresse, la désertification et la dégradation du sol, afin de garantir la sécurité alimentaire.  Il a aussi assuré que le Qatar était disposé à aider les pays en développement à en faire de même.  Le représentant a cité, à cet égard, la coalition mondiale lancée par le Qatar pour lutter contre la sécheresse.   Les efforts visant à éliminer la pauvreté et la faim, a-t-il estimé, doivent également être entrepris dans les domaines de la culture, de la parité, de l’éducation, de l’assainissement, de l’eau et de l’énergie.  Avant de conclure, il a assuré que son pays entendait éradiquer la pauvreté en s’engageant fermement en faveur d’un développement durable du secteur de l’agriculture.

M. NILUKA PRABHATH KADURUGAMUWA (Sri Lanka) a fait valoir que les pratiques agraires du Sri Lanka, dont certaines vieilles de deux millénaires, avaient permis de lutter contre la faim.  Il a, par exemple, fait observer que son pays était l’un des tout premiers à avoir établi un système de canaux et de réservoirs afin de conserver l’eau servant pour l’irrigation des terres agricoles, notamment dans des zones arides.  Il a ensuite indiqué que l’agriculture était la fondation de l’économie du pays où 70% de la population vivent en zones rurales et dépendent ainsi de l’agriculture.  Le représentant a par ailleurs salué les mesures nationales prises par son gouvernement pour améliorer la production agricole, en assurant que cela avait permis à son pays d’assurer des réserves de riz suffisantes pour la consommation de l’ensemble de la population.  Cette céréale constitue l’aliment de base pour la population nationale, a-t-il précisé.  Il a aussi souligné qu’en vue de promouvoir la sécurité alimentaire, le Sri Lanka avait déclaré le mois de juin « mois pour la nutrition ».

M. OMER DAHAB FADL MOHAMED (Soudan) a déclaré que l’élimination de la faim et de la pauvreté était des cibles parmi les plus importantes du programme de développement international.  Il a estimé que la lutte contre la faim passait par la mise en place de plans nationaux efficients.  Au Soudan, le secteur agricole représente plus de 40% du produit intérieur brut national, a-t-il fait observer.  Le délégué a ensuite déploré que des obstacles comme de faibles infrastructures rurales et les effets dévastateurs des changements climatiques sapent les efforts nationaux visant à améliorer le secteur agricole et à assurer la sécurité alimentaire pour tous.  En outre, les sanctions économiques unilatérales imposées à son pays ont un impact très négatif sur le développement de l’agriculture du Soudan, a-t-il ajouté. 

Mme NICOLA BARKER-MURPHY (Jamaïque) a indiqué que les pays de sa région souffraient toujours de malnutrition, problème qui est exacerbé par les difficultés liées à leur situation géographique.  Les catastrophes naturelles se sont en effet intensifiées ces dernières années, a-t-elle dit, avant de souligner également une faible production alimentaire.  Les effets néfastes de la malnutrition sur la famille et l’éducation ont amené le Gouvernement de la Jamaïque à accélérer les efforts pour lutter contre la faim, a-t-elle expliqué.  La représentante a ainsi mentionné les programmes mis en place avec l’aide de la FAO pour améliorer la nutrition dans les écoles grâce à la distribution de repas équilibrés.  Le défi de la famine chronique dépasse les frontières, a-t-elle aussi fait remarquer, en plaçant son espoir dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et le Cadre de Sendai pour les petits États insulaires en développement (PEID).  « Nous devons faire preuve de détermination pour mieux répondre aux changements climatiques », a-t-elle insisté avant de souhaiter que la COP21, qui se tiendra dans quelques semaines à Paris, puisse adopter un accord ambitieux pour lutter contre ce phénomène.

Mme LILLY STELLA NGYEMA NDONG (Gabon) a déclaré qu’un engagement politique soutenu au plus haut niveau était nécessaire pour renforcer la lutte contre la faim dans le monde.  Il est donc important, a-t-elle souligné, de placer le développement agricole, la sécurité alimentaire et la nutrition au cœur des politiques de développement.  Le Gabon, a-t-elle indiqué, a réalisé avant la date fixée le premier OMD qui visait à réduire de moitié la proportion de personnes souffrant de la faim, ce qui lui a valu une distinction de la FAO.  La représentante a expliqué que ce résultat était le fruit de la promotion, depuis 2009, d’une agriculture intensive, durable et compétitive.  La stratégie agricole du Gabon, a-t-elle précisé, repose sur quatre axes: la promotion d’une agriculture périurbaine, la transition vers une agriculture en zone rurale, la création d’une industrie d’exportation durable et créatrice d’emplois, et une politique de formation, de recherche et d’encadrement.  La déléguée a aussi énuméré les programmes adoptés, en particulier le dernier en date -appelé GRAINE-, qui vise à garantir la sécurité alimentaire par l’industrialisation du secteur agricole et qui prend en compte les petites exploitations agricoles.

M. ANTÓNIO GUMENDE (Mozambique) a rappelé qu’environ 800 millions de personnes continuaient de souffrir de faim chronique, en particulier en Afrique subsaharienne.  Il a demandé d’accorder une attention particulière dans ce domaine aux pays en situation particulière dont les capacités et ressources sont inadéquates pour développer un secteur agricole intégré.  La synergie qui résulte à la fois du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et du Programme d’action sur le financement du développement d’Addis-Abeba peut contribuer à promouvoir une agriculture durable en tant que facteur primordial de développement.  Cela exige, a-t-il souligné, une volonté politique pour renforcer les partenariats, y compris la coopération Sud-Sud et le transfert de technologies.  Au Mozambique, a indiqué le représentant, le secteur agricole emploie plus de 75% de la population et contribue à 25% du PIB, selon les chiffres de 2014, grâce à une série de mesures adoptées par le Gouvernement, citant notamment le Plan stratégique de développement du secteur agricole pour la période 2011-2020 et la Stratégie et le Plan d’action pour la sécurité alimentaire et la nutrition pour la période 2008-2015.

Mme XIE ZHENGWEI (Chine) a plaidé pour l’amélioration de la productivité agricole, afin de répondre à la demande croissante de produits alimentaires à travers le monde.  Elle a également plaidé pour l’élimination des subventions agricoles, tout en soulignant qu’il faudrait réglementer les marchés pour mieux faire face aux fluctuations des prix des produits alimentaires.  La représentante a aussi prôné pour que la coopération Sud-Sud accompagne la coopération Nord-Sud afin d’améliorer le secteur de l’agriculture dans les pays en développement.  Elle a souligné que la Chine y contribuait à travers des projets qu’elle met en oeuvre dans des pays en développement.  La Chine, qui est le pays le plus peuplé du monde avec 1,3 milliard d’habitants, a-t-elle indiqué, contribue activement aux efforts entrepris dans le monde pour assurer une sécurité alimentaire pour tous.

M. SEVERIN BUCHWALD (Vanuatu) a mis l’accent sur les problèmes que font peser les changements climatiques sur les petits États insulaires en développement comme le sien, en détruisant les récoltes, comme ce fut le cas en mars 2015 à Vanuatu avec le cyclone Pam.  Compte tenu du fait que la majorité de la population mondiale vit à proximité du littoral, la communauté internationale devrait parvenir à un accord ambitieux à la Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, qui se tiendra à Paris à la fin de ce mois, afin de prévenir que le secteur de la pêche ne soit gravement affecté.  Le représentant a par ailleurs souligné l’importance de la protection sociale pour faire face aux changements climatiques extrêmes auxquels les populations sont exposées.

M. PEMABHUTI (Thaïlande) s’est déclaré convaincu que la fourniture d’une protection sociale et la poursuite d’un développement agricole intégré renforcerait la résilience des communautés rurales et conduirait à briser le cercle de la pauvreté en milieu rural.  Pour sa part, le Gouvernement thaïlandais a développé et mis en œuvre une approche qui garantit un zonage très strict des terres arables et un soutien aux petits exploitants.  Cette approche prévoit également de placer l’autosuffisance des communautés rurales au centre des priorités, a précisé le délégué.  « Nous travaillons également à l’amélioration de la qualité des produits issus de l’agriculture, pour la santé et la nutrition des consommateurs, tout en respectant les normes internationales en vigueur qui s’appliquent pour les exportations », a assuré M. Pemabhuti en concluant son intervention.

M. YOSHIYUKI MIKAMI (Japon) a préconisé que, compte tenu de de la malnutrition et de la sous-alimentation dans le monde, il serait important que les produits agricoles ne soient pas gaspillés ou qu’ils ne perdent pas de leur qualité avant qu’ils n’arrivent sur la table des consommateurs.  Le Japon, pour sa part, est en mesure d’assurer la sécurité alimentaire dans le pays grâce à un système allant de la production à la distribution alimentaire.  Il a déclaré qu’en vue de faire face à la demande croissante de nourriture à travers le monde, il faudrait augmenter la quantité de la production alimentaire, tout en veillant à en améliorer la qualité.  Le délégué a aussi appelé à tenir compte des situations spécifiques des pays et régions.  Il a ainsi souligné que les importations de riz avaient augmenté de 63% au cours des cinq dernières années, en Afrique, passant ainsi à 14 millions de tonnes par an.  Compte tenu de cette situation, le délégué a expliqué que le Japon soutenait une initiative dénommée « Coalition pour le développement du riz africain », qui vise à doubler la production de riz en Afrique sur la période 2008-2018. 

Comme l’agriculture est le socle de l’économie de plusieurs pays en développement, il faudrait, a estimé le représentant, renforcer ce secteur afin d’éradiquer la pauvreté et de contribuer à la croissance économique de ces pays.  Dans ce contexte, il a souligné que le secteur privé pourrait jouer un grand rôle dans les investissements en faveur du secteur agricole.  Il a cité, à cet égard, l’exemple d’un partenariat entre l’entreprise japonaise Ajinomoto et le Programme alimentaire mondial (PAM), qui a permis de créer, en 2014, une base de données sur la nutrition en milieu scolaire au Ghana.

M. MISHAAL K. ALBANNAI (Koweït) a indiqué que le Fonds koweitien pour le développement économique arabe avait fait des contributions considérables au cours des 50 dernières années, en soutenant les secteurs agricoles dans plusieurs pays d’Afrique, d’Asie, d’Amérique latine, des Caraïbes et du Moyen-Orient.  Ce Fonds, spécialisé dans l’assistance au développement, a financé plus de 86 projets pour un montant de 4,18 milliards de dollars dans 104 pays depuis 1961, a précisé le représentant.  Par ailleurs, a-t-il ajouté, le Koweït avait accueilli, à la fin de l’année 2013, le troisième Sommet arabo-africain, qui a permis de réfléchir aux moyens de relever les défis de développement et de sécurité alimentaires. Enfin, a souligné le représentant, le Koweït a réalisé des avancées notables en matière de sécurité alimentaire.  Grâce à des partenariats avec le secteur privé, le taux de production alimentaire locale a sensiblement augmenté, a-t-il précisé.

Mme HMWAY HMWAY KHYNE (Myanmar) a estimé que l’agriculture durable était le moyen clef pour éradiquer la pauvreté et la faim, créer des emplois, promouvoir le développement rural et la sécurité alimentaire dans les pays en développement.  Elle a assuré que l’agriculture contribuait pour 23% du PIB national et représentait 20% des exportations nationales, employant en outre 61,2% de la population active du pays.  Elle a déclaré que le Gouvernement du Myanmar avait mis en place des mesures de promotion de l’agriculture, notamment en facilitant l’accès aux terres pour les paysans, en augmentant les prêts en faveurs de ces derniers et en menant des recherches dans le domaine agricole.  La déléguée s’est aussi félicitée de ce que le Myanmar fasse partie des pays qui ont été identifiés comme étant en voie de réaliser « l’objectif faim zéro » à l’horizon 2025.  Elle a rappelé que ces efforts risquaient cependant d’être réduits à néant à cause des conséquences dévastatrices des changements climatiques, notamment les cyclones et autres inondations qui ont frappé le Myanmar ces derniers mois.  Dans ce contexte, elle a appelé la communauté internationale à continuer à faire preuve de solidarité avec son pays.

M. WILFRIED EMVULA (Namibie) a indiqué que le Ministère namibien de l’agriculture, de l’eau et de la foresterie avait mis en place un programme de production agricole qui vise notamment la production des terres arides.  Le principal objectif de ce programme est de promouvoir la production grâce à l’irrigation, a-t-il précisé.  Le gouvernement, a-t-il ajouté, a aussi déclaré la période 1993-2002, décennie consacrée à l’alimentation et à la nutrition.  La sécurité alimentaire et nutritionnelle ne pourra être assurée, a-t-il cependant averti, que si les programmes de production sont assortis de programmes de développement agro-industriel.  Le délégué de la Namibie a rappelé en outre que la production agricole dans de nombreux pays africains risquait d’être rudement touchée par les changements climatiques.  Cette production risque d’être réduite de moitié à cause de la sécheresse.  Pour accroître la production agricole et améliorer la compétitivité de ce secteur dans les pays en développement, il faudrait établir un système commercial juste et ouvert, a-t-il préconisé.  Il a également souhaité que ces pays puissent bénéficier des technologies permettant au secteur de l’agriculteur de se développer et de faire face aux conséquences des changements climatiques.

M. JEAN-FRANCIS ZINSOU (Bénin) a souligné les quatre piliers de la sécurité alimentaire, que sont la disponibilité, l’accès, l’utilisation et la stabilité.  Il a expliqué que de nombreux pays les moins avancés (PMA) comme le sien étaient confrontés au paradoxe de perte considérable de produits agricoles post récolte, faute de moyens suffisants de conservation, alors même qu’ils font face au problème de sécurité alimentaire et de nutrition.  En Afrique, a-t-il aussi indiqué, nous sommes confrontés à une double problématique de « sous-nutrition » et de « surnutrition » qui est une forme de malnutrition associée à un régime de piètre qualité ancré dans l’indisponibilité alimentaire, la famine et la pauvreté.  Le délégué a invité à veiller à l’équilibre de la trilogie « agriculture, sécurité alimentaire et nutrition » en mettant un accent particulier sur le développement de l’agriculture et en s’attaquant aux défis majeurs que constituent les changements climatiques et la dégradation des terres.  Il a ensuite parlé des résultats positifs atteints après la première décennie de mise en œuvre du Programme de développement de l’agriculture africaine.  Le Bénin, a-t-il assuré, a mis un accent particulier sur la diversification agricole, en mettant en œuvre un partenariat entre l’État, les producteurs, les petits producteurs, le secteur privé et les pays développés pour promouvoir une meilleure gouvernance du secteur agricole.  M. Zinsou a également parlé du Centre d’expérimentation et de formation agricole mis en place dans son pays, qui sert de modèle pour d’autres pays africains.

M. SAAD ALARJANI (Arabie saoudite) a assuré que son pays avait contribué aux efforts visant à résoudre le problème de la sécurité alimentaire dans le monde, ayant notamment mobilisé 500 millions de dollars pour soutenir les efforts du PAM en 2008.  Il a aussi indiqué que l’Arabie saoudite soutenait l’entreprenariat agricole dans les pays en développement.  Il a souhaité que ces pays adoptent des lois d’investissement stables pour attirer les investisseurs étrangers.  L’Arabie saoudite, a ajouté le délégué, appuie les programmes de la FAO en matière de sécurité alimentaire.  Il a ensuite recommandé d’adopter des plans de développement qui mettent en œuvre les stratégies et les programmes de sécurité alimentaire par le biais de programmes de production agricole durable.  En Arabie saoudite, a-t-il dit, nous avons créé un comité national qui a mis en place des procédures pour limiter les pertes alimentaires. 

M. CARLOS ARTURO MORALES LÓPEZ (Colombie) a plaidé en faveur de politiques de développement rural et agricole qui intègrent les trois dimensions du développement durable (économique, social et environnemental).  Il a expliqué que les modèles de production et de développement durables étaient au cœur d’une démarche de développement agricole.  Il a également prôné le transfert de technologies vers les pays en développement, en particulier celles respectueuses de l’environnement, et ce à des taux préférentiels.  Il a recommandé de promouvoir des systèmes d’irrigation efficaces.  Enfin, M. Lopez a invité à adopter des politiques de protection sociale pour les zones rurales, donnant ainsi l’exemple de son pays où des politiques de logement, d’éducation et d’inclusion financière ont été décidées, en mettant l’accent sur les petits exploitants, les femmes et les jeunes des zones rurales. 

Mme JILL DERDERIAN (États-Unis) a assuré que les États-Unis fournissaient une aide alimentaire à plus de 50 pays.  Elle a ajouté que son pays contribuait à plus de 22% du budget de la FAO.  Le Programme « Nourrir l’avenir », initié par son gouvernement permet par exemple de fournir des vivres à des millions d’enfants à travers le monde, a-t-elle argué.  La déléguée a ensuite parlé de la nouvelle alliance pour la sécurité alimentaire et la nutrition, lancée par le G-8 en 2012, qui met en coopération les gouvernements, les Nations Unies et le secteur privé, avec pour objectif « d'améliorer la sécurité alimentaire et la nutrition en aidant quelque 50 millions de personnes en Afrique subsaharienne à sortir de la pauvreté d’ici à 2022 ». 

La représentante a également estimé que le secteur agricole était responsable du quart des émissions des gaz à effet de serre de la planète, contribuant ainsi considérablement au réchauffement de la Terre et aux changements climatiques qui, d’un autre côté, affectent négativement l’agriculture.  La déléguée a aussi regretté que le tiers de la production alimentaire mondiale soit gaspillée.  Toute discussion sur la sécurité alimentaire devrait tenir compte de la place et du rôle des océans, des fournisseurs de denrées alimentaires, qui souffrent d’une surexploitation de leurs ressources et du phénomène d’acidification résultant des changements climatiques, a-t-elle souhaité.

M. JAVAD MOMENI (République islamique d’Iran) a regretté que le rapport du Secrétaire général, portant sur la question débattue aujourd’hui, n’ait pas assez tenu compte de la place du commerce sur le développement agricole.  Il a ainsi estimé que la conclusion du Cycle des négociations commerciales de Doha permettrait de régler un certain nombre de problèmes liés à l’insécurité alimentaire.  Le représentant a aussi salué les progrès que son pays a connus dans le cadre de la réduction de l’insécurité alimentaire, déplorant néanmoins que les phénomènes tels que la sécheresse, la dégradation des sols et les tempêtes de sables constituent des obstacles à l’agriculture durable en République islamique d’Iran.  Il a par ailleurs noté que les partenariats internationaux joueraient un très grand rôle pour lutter contre l’insécurité alimentaire.  La croissance économique doit être véritablement mise à profit pour lutter contre la pauvreté et l’insécurité alimentaire, a-t-il estimé.

M. DIANGUINA dit YAYA DOUCOURE (Mali) a indiqué que le développement de l’agriculture était inscrit au cœur des priorités du Gouvernement du Mali où ce secteur occupe plus de 80% de la population active et contribue en moyenne pour 40 à 45% au PIB.  Les efforts déployés par le Mali lui ont permis de réduire de moitié le nombre de personnes souffrant de faim et de malnutrition, a-t-il assuré, en précisant que cela avait été reconnu par la FAO.  Cela a été possible grâce aux progrès techniques enregistrés dans les systèmes de production agricole, au développement de la mécanisation et à la transformation des produits.  Le délégué du Mali a ajouté que le pays ambitionnait également de se hisser au rang des plus grands producteurs ouest-africains de viande, de lait et de poisson d’eau douce.  Le Gouvernement se propose de faire du Mali le grenier à céréales de l’Afrique de l’Ouest et une puissance agro-industrielle, a-t-il indiqué avant de mentionner une loi d’orientation agricole et une politique nationale de nutrition assortie d’un plan d’action.  Le représentant a aussi indiqué que 15% du budget de l’État était consacré à l’agriculture.  En ce qui concerne le financement de ce secteur, il a mentionné l’initiative UNITLIFE, source innovante qui affecte, à la lutte contre la malnutrition une part infime, des immenses richesses venant des ressources extractives d’Afrique.  Cela permet à la mondialisation de la solidarité de répondre à la mondialisation de l’économie, a-t-il précisé.

M. FREDERICK MUSIIWA MAKAMURE SHAVA (Zimbabwe) a indiqué que le secteur agricole fournissait des moyens de subsistance à 70% de la population de son pays, en ajoutant qu’il contribuait également à 40% des recettes des exportations et entre 15 à 25% du PIB.  Le programme national dans ce domaine, a-t-il dit, vise à parvenir à une économie agroalimentaire d’autosuffisance, notamment en favorisant la production agricole par l’installation d’exploitants agricoles sur des terres arables.  Le problème des sécheresses constantes est un défi majeur pour notre pays, a-t-il ajouté, en se plaignant de pertes considérables allant de 35 à45 % pour les cultures de maïs, ce qui a une incidence sur la sécurité alimentaire nationale.  Le Gouvernement du Zimbabwe a donc lancé un programme d’irrigation en utilisant des bassins d’eau disponibles dans le pays, ainsi qu’un programme de mécanisation couvrant tout le cycle de la récolte.  En outre, faisant part des difficultés d’accès aux engrais du fait de leur coût élevé, le représentant a mentionné les programmes mis en œuvre par son pays pour remédier à cette situation.  L’aide internationale au développement doit soutenir le développement agricole dans les pays en développement et en particulier en Afrique, a-t-il souligné, avant de demander d’achever le Cycle de négociations commerciales de Doha pour donner un meilleur accès des produits agricoles des pays en développement aux marchés internationaux.

Mme SUPRIYA SULE (Inde) a prévenu que parmi les mesures nécessaires pour éliminer la faim et la malnutrition, il faudrait adopter des mesures qui conduisent au doublement de la productivité des petits exploitants agricoles.  Elle a aussi préconisé l’adoption de modèles de production alimentaire durables, tout en plaidant pour le renforcement de la résilience dans le domaine de l’agriculture afin de mieux répondre aux conséquences des changements climatiques, ainsi que pour l’amélioration de la qualité des sols.  Elle a aussi regretté que le tiers de la production alimentaire mondiale soit gaspillé chaque année, en faisant observer que, selon la FAO, le niveau de gaspillage serait de 100 kilogrammes par habitant et par an dans les pays développés. 

L’Inde nourrit 17% de la population mondiale avec 5% des ressources mondiales en eau et moins de 3% des terres arables, a-t-elle affirmé.  La déléguée a salué le fait que son pays soit aujourd’hui capable de répondre aux besoins alimentaires de sa population, en ajoutant que l’Inde était disposée à partager son expérience en la matière avec d’autres pays du Sud.  Elle a, à ce propos, rappelé qu’au Sommet Inde-Afrique qui vient d’avoir lieu à New Dehli, l’agriculture était l’un des sujets phares des discussions.  Elle a aussi précisé que pour réaliser la sécurité alimentaire, il faudrait placer l’égalité des genres et l’autonomisation des femmes comme une priorité, notamment en favorisant l’accès des femmes aux opportunités économiques et aux ressources du monde rural.

M. SUKHBOLD SUKHEE (Mongolie) a déclaré qu’en Mongolie, l’agriculture compte pour 14% du PIB et le secteur emploi 28,6% de la population active.  Il a salué les politiques mises en place par le Gouvernement de la Mongolie, permettant ainsi d’assurer une production de blé qui répond aux besoins du pays.  Le représentant a ensuite souligné que la majorité des aliments consommés en Mongolie étaient importés, ce qui rend le pays vulnérable aux fluctuations des taux de change et des coûts de transport de la nourriture, dans la mesure où le pays n’a pas d’accès à la mer.  Il a indiqué que ces facteurs rendaient les produits alimentaires prohibitifs dans son pays, conduisant ainsi à la malnutrition qui affecte notamment les enfants.  Il a aussi noté que la sous-alimentation et l’obésité étaient deux fléaux qui posent maintenant un sérieux problème à la santé des personnes en Mongolie. 

M. FEDERICO ALBERTO GONZÁLEZ FRANCO (Paraguay) a parlé des programmes sociaux centrés sur la pauvreté extrême qui ont contribué à lutter contre l’insécurité alimentaire dans son pays.  Il a ainsi mentionné la loi « Alimentation scolaire et contrôle sanitaire » qui intègre l’éducation alimentaire nutritionnelle et la promotion de l’agriculture familiale grâce à des achats simplifiés de produits alimentaires à des petits producteurs locaux.  Ce programme offre des petits déjeuners et des goûters à 90% des élèves paraguayens et des déjeuners à 15% d’entre eux, d’un montant total de 95 millions de dollars.  Il a fait part des progrès accomplis dans le pays en termes de scolarisation qui a atteint un taux quasi universel.  Le représentant a ensuite plaidé en faveur de la lutte contre les changements climatiques et leurs effets, en soulignant par exemple les conséquences des sécheresses sur la productivité agricole.  Il a demandé notamment de garantir l’accès à l’eau, la promotion du développement de l’énergie renouvelable, la mise en place de systèmes d’alerte rapide et de programmes d’assurances pour faire face aux catastrophes naturelles. 

Mme INGRIT PRIZRENI (Albanie) a déclaré que, pour répondre efficacement à la question du gaspillage alimentaire, son gouvernement s’était engagé à soutenir les petits exploitants agricoles en créant un système intégré de collecte et de redistribution des récoltes. Il cherche également à assurer une cohérence entre la ville et la production rurale, mais aussi entre la chaîne de distribution alimentaire et la distribution des produits agricoles, a souligné la représentante.  Les autorités albanaises, a-t-elle dit, ont également pris des mesures concrètes pour développer un système alimentaire viable sur le plan économique pour plusieurs générations, notamment en sensibilisant à la nécessité du compostage et du recyclage des eaux usées.  Cette prise de conscience, a affirmé Mme Prizreni, est d’autant plus importante que les zones rurales forment l’essentiel du pays.

M. ISSIAKOU ABDOU (Niger) a indiqué que son gouvernement avait fait porter ses efforts sur la recherche de l’autosuffisance et de la sécurité alimentaires à travers plusieurs politiques et stratégies, dont la dernière en date est l’Initiative 3N, « Nigériens nourrissent Nigériens ».  Elle s’appuie, a-t-il expliqué, sur les acquis de la dernière Stratégie nationale de développement rural, tout en s’inscrivant, aux plans régional et sous-régional, dans le processus de mise en œuvre du Plan de développement détaillé pour l’agriculture en Afrique de l’Union africaine, de la Politique agricole commune de la CEDEAO et de la Politique agricole de l’Union économique et monétaire ouest-africaine.  Son objectif global est de mettre les populations nigériennes à l’abri de la famine et de leur garantir les conditions d’une pleine participation à la production nationale et à l’amélioration de leurs revenus, a précisé M. Abdou.  Il a par ailleurs soutenu l’idée de renforcer l’investissement dans l’agriculture, comme celle d’opérationnaliser la banque de technologies, qui ouvrira la voie à la transformation et à la croissance économiques indispensables à la réalisation des objectifs de développement durable.

M. ANTONY ANDANJE (Kenya) a indiqué que l’agriculture, qui génère 45% des recettes fiscales et emploie 60% de la population, était le pilier de l’économie de son pays.  Il a signalé l’adoption d’une stratégie nationale de développement de ce secteur qui contribue, à lui seul, à 10% de la croissance économique annuelle.  Des mesures ont été prises pour subventionner les exploitations agricoles, améliorer les infrastructures agricoles, développer les marchés agricoles ruraux et revitaliser les programmes d’irrigation.  Malgré cela, la spéculation continue à exacerber l’insécurité alimentaire, a-t-il regretté avant de plaider en faveur d’un marché régulé.  Le représentant a aussi fait part des efforts menés par son pays pour augmenter la productivité agricole et diversifier les produits de ce secteur, notamment en renforçant les capacités des petits exploitants agricoles.  Un plan national d’action pour la nutrition, a-t-il dit, est en cours de finalisation.  Avant de conclure, M. Andanje a lancé un appel à la communauté internationale pour qu’elle consacre davantage de ressources aux projets de développement agricole dans les pays qui restent à la traîne, en particulier les pays les moins avancés (PMA) en Afrique.

M. LEULSEGAD TADESSE ABEBE (Éthiopie) a apprécié que le rapport du Secrétaire général mette l’accent sur le renforcement de la production des petits exploitants agricoles.  L’agriculture est le pilier de l’économie éthiopienne, a-t-il souligné en présentant sa stratégie de développement agricole par l’industrialisation.  Il a assuré que l’Éthiopie avait ainsi enregistré des progrès encourageants dans la production et la productivité des petits exploitants agricoles.  Nous continuons en outre à attirer les investisseurs privés afin de mieux commercialiser les produits agricoles, a-t-il ajouté, avant de passer à la question de la nutrition.  L’Éthipoie a établi un programme national de nutrition qui insiste sur le rôle clef des aliments les plus nutritifs pour la santé de la population.  Il a aussi parlé du transfert de technologies qui a permis de vulgariser l’utilisation de ces outils dans la production agricole.  L’Éthiopie a aussi introduit les TIC dans le secteur agricole pour fournir aux exploitants des services sur les marchés et des informations sur le climat.  Le développement agricole durable reste au cœur du deuxième plan de transformation du pays pour la période 2015-2020, a-t-il ajouté.

M. HARRY IRAWAN (Indonésie) a fait observer que la main-d’œuvre agricole diminuait du fait de l’exode rural qui touche surtout les jeunes gens des campagnes, conduisant à ce qu’il a appelé la « féminisation des zones rurales » que connaissent maintenant de nombreux pays en développement.  Il a aussi fait remarquer que les catastrophes affectaient de plus en plus les pays en développement, en particulier dans le secteur agricole.  Il a ainsi plaidé pour le renforcement de la productivité agricole, notamment en recourant à des technologies appropriées.  Le délégué a en outre appelé à stabiliser le marché des produits alimentaires afin de mieux contrôler la volatilité des prix.  Il est important, a-t-il souligné, de prendre en compte les ressources marines dans le cadre de la lutte contre l’insécurité alimentaire.  Il faudrait aussi renforcer de la coopération internationale dans le domaine agricole, a-t-il ajouté.

Mme MARTHA AMA AKYAA POBEE (Ghana) a indiqué que l’agriculture demeurait le principal instrument utilisé par son pays pour parvenir à la sécurité alimentaire, mettre un terme à la faim et contribuer à la diminution de la pauvreté.  « Nos capacités agricoles sont limitées en raison de systèmes d’irrigation obsolètes, d’une mécanisation suffisante, d’un financement inadéquat et d’un manque de développement technologique, a-t-elle expliqué.  La déléguée a déclaré que des investissements dans le secteur agricole de son pays permettraient de concrétiser les objectifs du Programme de développement à l’horizon 2030.  La révolution verte ne s’est pas véritablement produite en Afrique, a-t-elle regretté, en ajoutant que l’utilisation d’une technologie appropriée et celle d’engrais permettraient d’améliorer la productivité agricole et de réduire le taux de chômage.  Enfin, la déléguée du Ghana a appelé les parties prenantes à intensifier leurs efforts afin de promouvoir le développement agricole et la sécurité alimentaire en Afrique.

Mme CRISTINA RODRÍGUEZ PIÑEDA (Guatemala) a indiqué que son pays avait pu progresser dans la lutte contre la pauvreté extrême, malgré les catastrophes naturelles qui frappent son pays.  Elle a fait part des autres défis auxquels le Guatemala est confronté, comme la migration qui touche en majorité les hommes et réduit ainsi la population active dans le secteur agricole.  Cela a des conséquences sur la production agricole, a-t-elle expliqué.  La représentante a aussi souligné les problèmes que connaissent les régions à forte population autochtone rurale, qui est davantage touchée par la malnutrition et la faim.  Passant ensuite en revue les mesures prises par son pays, elle a indiqué qu’une aide avait été apportée à 758 734 familles grâce aux efforts du vice-ministère de la sécurité alimentaire et de la nutrition.  Pour l’avenir, elle a compté sur la mise en œuvre du programme adopté à la Conférence sur le financement du développement d’Addis-Abeba. 

M. CLAUDE BOUAH-KAMON (Côte d’Ivoire) a indiqué qu’en Côte d’Ivoire, le secteur agricole occupait près de 10 millions de personnes sur une population totale estimée à 23 millions d’habitants, contribuant en outre pour plus de 40% des exportations du pays.  Il a indiqué que le Gouvernement avait établi le programme national d’investissement agricole pour réduire l’insécurité alimentaire et stimuler le tissu agro-industriel afin de transformer au moins 50% des produits agricoles locaux.  Le Gouvernement entend ainsi moderniser l’agriculture en recourant à l’utilisation des technologies et en stimulant les investissements privés dans le secteur de l’agriculture.  Le délégué a estimé que l’agriculture ne pourrait efficacement jouer son rôle dans la lutte contre la pauvreté que si le commerce multilatéral était véritablement juste et équitable.

Mme SEWA LAMSAL ADHIKARI (Népal) a souligné que l’agriculture était le socle de l’économie népalaise, en ajoutant que ce pays sortant de conflit, enclavé et vulnérable aux catastrophes naturelles plaçait l’agriculture au centre de ses efforts de développement.  Elle a estimé que les pays les moins avancés, pour sortir de cette catégorie, devraient développer une agriculture moderne et durable.  Elle a aussi souligné le rôle majeur que les nouvelles technologies pourraient jouer pour réaliser cet objectif, avant de souhaiter que la banque de technologies en faveur des PMA soit mise en place rapidement.  La déléguée a noté que le manque de terres arables au Népal rendait la réalisation d’un développement agricole durable plus difficile. 

M. ALAIN WILFRIED BIYA (Cameroun) a rappelé que le secteur agricole employait près de deux tiers de la population africaine.  « C’est dire combien de fois la révolution de ce secteur par les nouvelles technologies agricoles pourrait améliorer les conditions de vie de nombreuses familles et stimuler considérablement les conditions de vie sur le continent », a-t-il fait remarquer.  Le délégué a ainsi expliqué pourquoi les chefs d’État d’Afrique avaient décidé de consacrer au moins 10% du budget de chaque pays au secteur agricole, comme le prévoit le « Programme détaillé pour le développement de l’agriculture africaine » (PDDAA), adopté à Maputo en 2003.  Une déclaration relative au développement de ce secteur pour une prospérité continentale commune a également été adoptée à Malabo, en juin 2014, lors du vingt-troisième Sommet de l’Union africaine.  Il a ensuite expliqué que son gouvernement avait lancé de grands chantiers et réévalué le budget du Ministère de l’agriculture et du développement rural.  Le Cameroun s’est aussi doté d’un plan d’investissement agricole pour la période 2014-2020, afin de réaliser les objectifs du PDDAA.  Il a en outre rappelé les efforts entrepris pour former les populations les plus vulnérables, en particulier les femmes et les jeunes, aux métiers du secteur de l’agriculture.  De nombreux instituts de formation agricole ont ainsi été ouverts, tandis qu’une banque vient d’être lancée pour faciliter le financement de projets dans le domaine de l’agriculture.

M. USMAN SARKI (Nigéria) a plaidé pour que la communauté internationale apporte son soutien à l’initiative d’une « valeur existentielle » que représente la construction d’une « grande muraille verte », entre l’ouest et l’est de l’Afrique, afin de contenir l’avancée du désert du Sahara.  Il a ensuite évoqué des programmes nationaux pour la promotion de l’agriculture au Nigéria, citant en particulier l’initiative de financement des diplômés des universités qui souhaitent travailler dans ce secteur.  Le Nigéria possède d’immenses terres arables, ce qui a guidé le Gouvernement à investir dans le renforcement des capacités des agriculteurs et la mise en place d’infrastructures en vue de développer le secteur de l’agriculture, a-t-il indiqué.  Le délégué a aussi plaidé pour le renforcement de la coopération entre pays confrontés aux mêmes défis en matière de développement agricole.

M. ETSRI HOMEVOR (Togo) a indiqué que son gouvernement avait adopté une stratégie de relance de la production agricole, ainsi qu’un programme national d’investissement agricole et de sécurité alimentaire.  Les actions menées dans ce cadre, a-t-il dit, portent sur l’appui à la production végétale et animale, l’amélioration de la pêche maritime, le soutien à la redynamisation de l’aquaculture et de la pisciculture, le renforcement du dispositif d’encadrement technique et de formation agricole et rurale, ainsi que le développement des instruments financiers dans le secteur agricole.  La mise en œuvre de ces différentes initiatives gouvernementales a permis des progrès sensibles en termes d’amélioration de productivité et d’augmentation de la production, a assuré le délégué du Togo.  Il a ainsi précisé que son pays était passé d’un bilan céréalier déficitaire de l’ordre de 13% entre 2005 et 2008 à un bilan excédentaire de plus de 13% entre 2009 et 2012 et qui s’est établi de plus de 16% en 2015.

Mme GAZIZULINA (Kazakhstan) a indiqué que son pays était déterminé à soutenir le développement durable aux niveaux régional et mondial, en promouvant les sources d’énergie renouvelables qui feront l’objet d’une présentation lors de l’EXPO17, qui aura lieu à Astana en 2017.  Elle a ensuite rappelé que le Président du Kazakhstan avait annoncé son intention d’établir dans la capitale un centre international pour le développement des technologies et les projets d’investissements verts, sous les auspices des Nations Unies.  « Le site d’EXPO17 servirait de fondation à ce centre », a précisé la représentante, en assurant que son pays resterait impliqué dans les délibérations en cours sur les politiques macroéconomiques, le commerce international et le système financier, la viabilité de la dette extérieure ou les matières premières.

M. YAROSLAV GOLITSYN (Ukraine) a indiqué qu’en dépit des conditions difficiles résultant de l’occupation de la péninsule de Crimée et de l’« action militaire » dans l’est du pays, son pays continuait de figurer parmi les producteurs les plus significatifs du marché alimentaire mondial.  « Bien que l’Ukraine ne soit pas en mesure d’exploiter les sols des territoires actuellement occupés, les récoltes de céréales dans le pays ont atteint, cette année, 54 millions de tonnes », s’est félicité le représentant.  Il a précisé que 27 millions étaient destinées à l’exportation et le reste suffisait à répondre aux besoins de la population nationale.  Par ailleurs, dans le cadre de son accord d’association avec l’Union européenne, et sur la base d’une stratégie nationale de développement durable, l’Ukraine, a indiqué le délégué, a lancé une série de réformes agricoles pour être en conformité avec les normes européennes et créer les conditions nécessaires à l’environnement.

Mgr JOSEPH GRECH, Observateur du Saint-Siège, a fait remarquer qu’une large proportion de personnes qui souffrent de la faim vit dans les pays d’Asie du Sud et d’Afrique subsaharienne, en particulier dans les régions touchées par les conflits.  Le pape François, a-t-il rappelé, a souligné le paradoxe de l’abondance dans un monde où il y a assez de denrées alimentaires  pour tous mais où tout le monde ne mange pas à sa faim.  Le pape François a en effet dénoncé le gaspillage, la consommation excessive et l’utilisation d’aliments pour d’autres objectifs, a déclaré Mgr Grech.  L’observateur du Saint-Siège a montré du doigt les politiques de stabilisation du marché qui obligent à détruire les stocks de denrées alimentaires.  Il a aussi fait remarquer que la faim était exacerbée par l’exclusion.  Le défi d’éliminer la faim et la malnutrition n’est donc pas seulement une question économique ou scientifique, mais aussi une question qui a une dimension éthique et anthropologique, a-t-il ajouté en invitant les gouvernements à élever leur niveau de conscience.  Enfin, il a estimé que les exploitations agricoles familiales faisaient partie de la solution, en soulignant que la famille était le lieu principal où on apprend la solidarité, un moyen de s’écarter de la « culture du jetable » et de la « mondialisation de l’indifférence ».

M. SAHAR ABUSHAWESH, Observateur de la Palestine, a rappelé que l’occupation des territoires palestiniens et la présence de milices israéliennes entravaient les capacités de la Palestine pour développer le secteur de l’agriculture.  Évoquant le projet de résolution présenté par Israël qui demande de favoriser les petits exploitants agricoles des pays en développement, il s’est plaint des mesures prises par ce pays qui détruisent les capacités palestiniennes dans ce domaine.  Il a accusé Israël de faire pression sur 700 000 bédouins palestiniens pour les obliger à quitter leurs lieux de logement et leur confisquer leurs terres.  En 2014, Israël a ainsi confisqué 700 000 kilomètres carrés de terres agricoles, a-t-il dit.  L’observateur s’est demandé comment, dans ces conditions, Israël prétend favoriser les petits exploitants agricoles.  Il a aussi dénoncé les bombardements intensifs contre Gaza qui ont causé la destruction de maisons, de milliers d’arbres et de 47 000 hectares de terres agricoles.

M. ZAK BLEICHER, du Fonds international pour le développement agricole (FIDA), qui s’exprimait aussi au nom du Programme alimentaire mondial (PAM) et de l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), les trois institutions du système des Nations Unies basées à Rome, a rappelé que 73% des 129 pays en développement avaient atteint dans les temps l’OMD 1 visant l’élimination de la faim.  Après l’adoption du Programme de développement durable à l'horizon 2030, ces trois institutions sont déterminées à faire leur possible pour ne laisser personne à la traîne, a-t-il dit.  M. Bleicher a souligné l’énorme potentiel des petits exploitants agricoles pour contribuer à ces efforts.  Pour lui, un monde à l’abri de la faim exige une approche intégrée qui inclut notamment des investissements publics et privés, ainsi qu’un meilleur accès aux terres, aux services, aux technologies et aux marchés.  Cette approche doit aussi prévoir des mesures pour promouvoir le développement rural, autonomiser les jeunes et les femmes, garantir une alimentation adéquate et la protection sociale, tout en faisant face aux problèmes liés aux changements climatiques.  Les investissements sont cruciaux, a-t-il souligné, en avançant le chiffre de 267 milliards de dollars qui sont nécessaires chaque année pour éliminer complètement la faim au cours de la période 2016-2030.

Droits de réponse

La représentante de la Fédération de Russie a dénoncé le caractère politique de la déclaration de son homologue de l’Ukraine, en estimant que c’était une tentative d’accuser la Russie de la mauvaise situation dans laquelle se trouve l’Ukraine dans l’industrie agroalimentaire.  La situation actuelle est le résultat de la politique des pouvoirs en place en Ukraine, a-t-elle affirmé.  La Fédération de Russie a envoyé 43 convois humanitaires dans le sud-est de l’Ukraine, a-t-elle indiqué, en précisant que chacun contenait des médicaments et des produits alimentaires, y compris pour les enfants.  En outre, la Russie a envoyé des convois humanitaires transportant des engrais pour que les habitants de la région du sud-est puissent semer au moment des semences et faire les récoltes avant l’hiver.  Elle a aussi regretté les accusations de l’Ukraine concernant la presqu’île de Crimée, en précisant qu’un scrutin démocratique avait eu lieu.  La Deuxième Commission n’est pas le lieu adéquat pour faire ce type de déclarations, a tenu à rappeler la représentante russe.  Elle a enfin remercié les délégations qui ont aujourd’hui exprimé leurs condoléances et leur tristesse à la suite du tragique crash d’avion en Égypte, qui a causé la mort de nombreux ressortissants russes.

Le représentant d’Israël a dénoncé la tentative de politisation de la déclaration faite par l’observateur de la Palestine.  Il a demandé à cette délégation de reprendre la voie des négociations.  Nous appuyons des programmes bilatéraux et trilatéraux dans la région, a-t-il assuré, avant d’indiquer que certains agriculteurs palestiniens tirent profit du savoir-faire israélien pour améliorer leur production agricole.

Le représentant de l’Ukraine a assuré que sa délégation avait exposé uniquement des faits qui ont une incidence sur le développement agricole dans son pays et dans d’autres pays.  Selon lui, plusieurs actes illégitimes de la Russie n’auraient pas eu lieu si ce pays n’avait pas eu certains agissements dans la presqu’île de Crimée.

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