Soixante-dixième session,
6e séance – matin
AG/EF/3423

Des délégations proposent de nouvelles méthodes de travail visant à permettre à la Deuxième Commission de jouer un rôle actif en faveur du développement durable

Après avoir achevé, ce matin, le débat général de sa soixante-dixième session, la Deuxième Commission a mené une discussion sur ses méthodes de travail qui a illustré à la fois le désir de conserver à cette Grande Commission toute son autorité et la nécessité d’assurer l’efficacité de sa contribution au Programme de développement durable.

« L’objectif ultime de la Deuxième Commission, a expliqué le représentant de l’Afrique du Sud, qui s’exprimait au nom du Groupe des 77 et la Chine, est de poser les fondements de la mise en œuvre des engagements » du Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement, du Cadre de Sendai sur la réduction des risques de catastrophe, du Programme de développement durable à l’horizon 2030, ainsi que des programmes d’action concernant les pays en situation particulière.

Aligner les travaux de la Deuxième Commission sur ces objectifs, ont souligné les délégations, est une priorité.  Si le Groupe des 77 a souhaité que la Deuxième Commission prenne la direction des discussions sur le suivi et l’examen de la mise en œuvre des programmes susdits, il a en même temps tenu à souligner le rôle central du Forum politique de haut niveau pour superviser ce suivi au niveau mondial et promouvoir la cohérence des activités de développement durable de l’ONU.

C’est ce qui a conduit le Groupe des 77 à recommander la prudence, en conseillant à la Deuxième Commission de ne pas amender son ordre du jour à ce stade au risque de ne pas recueillir le soutien de tous les États Membres, en particulier celui des pays en développement.  Ce groupe, qui rassemble 134 États Membres de l’ONU, estime que la discussion d’aujourd’hui ne constitue qu’une première étape d’un débat plus complet.

Les délégations ont tenu à replacer les travaux de la Deuxième Commission dans le contexte de l’architecture des Nations Unies.  Comme certaines l’avaient déjà exprimé au cours du débat général qui a marqué ces deux derniers jours, les délégations ont lancé des appels pour que l’on veille à éviter des chevauchements avec les travaux du Conseil économique et social (ECOSOC) ou de la Troisième Commission.

Parmi les nombreuses propositions formulées pour rationaliser les travaux de la Deuxième Commission, le représentant du Canada, au nom du groupe CANZ (Canada, Australie et Nouvelle-Zélande), a proposé de regrouper les sujets examinés sous trois grands points, de même que pour les projets de résolution. 

Le délégué de l’Union européenne a également suggéré de n’examiner certaines questions que tous les deux ou trois ans.  La délégation de Cuba a émis des réserves sur la pertinence de cette idée.

Cette discussion nécessite à l’évidence un débat plus approfondi, comme l’a noté le représentant de la Suisse, et de toutes les façons tout changement important qui pourra être décidé ne prendra pas effet avant la prochaine session, a prévenu son homologue de la Norvège.

La Deuxième Commission poursuivra ses travaux lundi 12 octobre, à partir de 10 heures, pour aborder la question des activités opérationnelles de développement.

Suite du débat général

M. CALEB OTTO (Palaos) a déclaré que le Programme d’action d’Addis-Abeba devrait aller au-delà de la réaffirmation des engagements qui ont été pris auparavant.  Il doit d’être suivi d’initiatives concrètes pour canaliser les flux financiers des pays développés vers les pays en développement, faciliter l’accès au financement pour les pays à revenu intermédiaire et mettre en œuvre des moyens innovants de financement, en particulier dans le domaine du transfert de technologies et du renforcement des capacités nationales, a précisé le représentant, qui a appelé les pays développés à s’acquitter de leur engagement de consacrer 0,7% de leur produit intérieur brut (PIB) aux pays pauvres.

Il a ensuite indiqué que les Palaos avaient lancé des initiatives qui considèrent l’éthique pour le développement comme un élément central pour assurer le succès de la mise en œuvre des objectifs de développement durable.  Comme les changements climatiques sont un obstacle pour le développement, il est essentiel que la Conférence de Paris sur le climat, qui se tiendra en décembre prochain, parvienne à conclure un accord juridiquement contraignant et équilibré, qui assurerait une aide financière pour l’atténuation, l’adaptation et les pertes et les dégâts, et qui reconnaîtrait les circonstances spécifiques des petits États insulaires en développement.  Il a souligné l’importance de l’objectif 14 relatif à la préservation des océans et des mers comme étant une part essentielle pour un meilleur futur et les générations à venir.

M. PETER THOMSON (Fidji) a conseillé de préserver l’unité des nations et la volonté politique pour mettre en œuvre le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  À la Deuxième Commission, a-t-il recommandé, nous devons travailler sur des éléments plus solides et faciliter les liens avec les autres instances afin de favoriser les progrès.  Outre l’élimination de la pauvreté, nous devons réaliser tous les autres objectifs, a-t-il souhaité en soulignant qu’il était essentiel de réaliser ces objectifs de manière universelle.  Le représentant a souligné que les petits États insulaires en développement (PEID) étaient confrontés à une série de défis sur la voie du développement.  Il a aussi souhaité que la Conférence des États Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP21) soit un succès.  « Nous avons les 15 prochaines années pour sauver le monde, a-t-il rappelé en demandant qu’un suivi solide des mesures d’application des engagements soit mis en place.  Il a suggéré de prévoir la création d’un mécanisme de mise en œuvre de l’objectif 14, qui vise à assurer « la conservation et l’exploitation de manière durable des océans, des mers et des ressources marines ».  Il a proposé l’organisation de conférences triennales sur ce sujet, la première étant déjà prévue à Fidji l’an prochain.

M. RAMZI LOUATI (Tunisie) a regretté le fait que les pays les moins avancés (PMA) figurent parmi les plus affectés par les changements climatiques.  À ce propos, il a émis le vœu que la vingt et unième Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP21), qui se tiendra à Paris en décembre prochain, sera en mesure d’adopter un accord ambitieux sur le climat.  Il a aussi souhaité que cet accord prenne compte du principe de responsabilité commune mais différenciée.  Il a appelé à un engagement ferme des pays développés en matière de financement pour la lutte contre les changements climatiques.  Le représentant de la Tunisie les a également invités à respecter leur engagement de consacrer 0,7% de leur produit intérieur brut (PIB) à l’aide publique au développement (APD).  Le représentant a, par ailleurs, plaidé en faveur du transfert des technologies et du renforcement des capacités en faveur des pays en développement.  Le développement durable, a-t-il précisé, doit se faire en fonction des priorités propres à chaque pays.  Le délégué a, en outre, souligné que le respect des droits de l’homme, ainsi que l’égalité des sexes étaient des facteurs clefs du développement durable.

M. ABDULLAH ABU SHAWESH (État de Palestine) a plaidé pour que la Convention contre la corruption soit pleinement appliquée, afin que les fonds pillés dans les pays en développement leur soient restitués.  Il a également appelé au respect du principe de responsabilité commune mais différenciée, dans le cadre de l’accord qui est attendu à la COP21, à Paris en décembre prochain.  Il a ensuite fait observer que la Palestine est constituée de trois agglomérations: Jérusalem-Est, la Cisjordanie et Gaza.  On ne peut pas parler de développement de la Palestine quand on sait que ces trois territoires sont séparés les uns des autres, a-t-il fait remarquer.  « Nous n’avons pas accès aux marchés extérieurs, ni à nos ressources qui sont confisquées », a-t-il regretté, avant d’ajouter que l’État de Palestine n’a pas sa propre monnaie.  Dans ces conditions, nous ne pouvons donc pas parler de développement de la Palestine, a-t-il dit.  « Si nous pouvions avoir accès à nos richesses, nous pourrions avoir une économie florissante et ne plus dépendre de l’assistance internationale », a—t-il encore fait valoir.

M. Shawesh a, en outre, invité la communauté internationale à agir face au non-respect, par Israël, du droit international et du droit international humanitaire.  Il a ainsi salué le fait que le Brésil ait refusé d’accréditer un « colon » qui avait été désigné par le Gouvernement d’Israël comme ambassadeur auprès du Gouvernement du Brésil.  Il a aussi appelé à boycotter les produits israéliens qui sont produits dans des colonies de peuplement, en prônant également un embargo sur les armes en direction d’Israël.

Mme YERA ORTIZ DE URBINA, Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA), a affirmé que l’énergie renouvelable était devenue une tendance et que nous sommes maintenant à un tournant dans la transformation de notre système énergétique.  Dans ce contexte, a ajouté la représentante, IRENA, dans l’objectif d’aider les pays à élaborer leur programme d’action afin d’atteindre leurs objectifs de développement, a lancé une feuille de route, en conformité avec l’objectif 7 de développement durable, qui étudie la possibilité réelle de doubler la part de l’énergie renouvelable dans les sources mondiales d’énergie avant 2030.  La représentante a indiqué que 40 pays qui comptent pour 80% de l’utilisation mondiale d’énergie se sont engagés dans cet exercice.  Il est possible de doubler la part de l’énergie renouvelable dans le monde avant 2030, a-t-elle estimé.

La représentante a expliqué que les technologies étaient disponibles et abordables et qu’il était ainsi possible de réduire les émissions annuelles de CO2 de 8,6 gigatonnes avant 2030.  Elle a fait observer que, déjà en 2014, quelque 9,2 millions de personnes avaient été employées par le secteur.  Si des étapes sont prises vers le doublement de la part de l’énergie renouvelable avant 2030, l’emploi peut croître de près de 17 millions de personnes au niveau mondial.  En particulier en Afrique, les analyses montrent que le continent pourrait générer près du quart de ses besoins énergétiques en croissance rapide par l’utilisation de l’énergie renouvelable locale et propre avant 2030, a estimé la représentante avant de conclure.  

M. AJAY MADIWALE, Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR), a rappelé que près de 250 millions de personnes étaient affectées par les crises humanitaires dans le monde, des dizaines de millions d’autres affectées par des conflits prolongés, épuisant ainsi les capacités et l’imagination des organisations humanitaires.  La Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge salue cependant l’accent mis sur la résilience dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Cependant, si l’on veut qu’il ne laisse personne de côté, il doit répondre aux besoins des personnes affectées par les crises humanitaires.  L’élimination de la faim et de la malnutrition, la couverture médicale universelle, l’éducation universelle, l’accès aux services d’assainissement et l’eau ne seront possibles que si une attention particulière est accordée à la prévention, à la réponse et au relèvement après la crise.

Cela demande un changement d’approche qui va de la lutte contre les incendies à la gestion des risques, a estimé M. Madiwale.  Une plus grande coopération est nécessaire entre les organismes humanitaires et les acteurs du développement -traditionnellement séparés par secteurs, approches, organisations- et même les grandes commissions.  Nous avons besoin de trouver des moyens innovants pour établir un rapprochement entre action humanitaire et action de développement, dans la mobilisation des ressources financières, les programmes et dans notre approche aux communautés elles-mêmes.  Cette implication des communautés doit prendre place à tous les niveaux, dans la prise de décisions, la définition des cibles et, en particulier, l’allocation des ressources, a suggéré le représentant. 

Mme CARLA MUCAVI, Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a rappelé que 800 millions de personnes dans le monde ont faim malgré le fait que la production alimentaire mondiale suffit à nourrir l’humanité entière.  Pour assurer la sécurité alimentaire, nous devons adopter une approche globale, comprenant le renforcement de la protection sociale, qui doit être une part intégrante de nos efforts complétant les investissements en faveur des pauvres et l’augmentation durable de la production, en particulier des petits producteurs, agriculteurs, a insisté la représentante.  Mme Mucavi a rappelé qu’il était également nécessaire de tenir compte des petites exploitations agricoles et des fermes familiales qu’il faut aider à s’adapter et à être plus résilientes. 

L’année internationale des sols en 2015, a-t-elle rappelé, a attiré l’attention sur la nécessité de la gestion durable des ressources naturelles.  Une question souvent posée est le coût de la faim, a fait remarquer la représentante qui a indiqué que, selon un rapport publié conjointement par la FAO, le Fonds international de développement agricole (FIDA) et le Programme alimentaire mondial (PAM), un investissement supplémentaire annuel de 267 milliards de dollars pour la période 2016-2030 serait nécessaire pour soustraire chaque individu de la faim.  Elle a également déclaré que la faim n’était pas l’unique forme de malnutrition.  Alors que la sous-alimentation baisse, l’obésité devient une source de préoccupation dans beaucoup de pays, y compris dans les pays à revenu intermédiaire et les pays développés.  La nécessité de s’attaquer à la malnutrition sous toutes ses formes, le rôle central des gouvernements et l’importance de la coopération internationale avaient été soulignés lors de la deuxième Conférence internationale sur la nutrition, a-t-elle indiqué. 

Droits de réponse

Exerçant son droit de réponse, le représentant d’Israël a indiqué que l’Observateur permanent de l’État de Palestine avait profité de cette instance pour accuser, une nouvelle fois, Israël de tout ce qui ne va pas bien chez eux.  Il a souhaité que les autorités palestiniennes s’engagent davantage au développement et à l’essor de leur peuple.

L’Observateur permanent de l’État de Palestine, répondant à ces commentaires, a déclaré que le représentant d’Israël parlait « comme un disque rayé ».  Il a souligné que le développement d’Israël, dont se targue le représentant de ce pays, se fait sur le dos des Palestiniens dont les ressources naturelles sont exploitées. 

Revitalisation des travaux de l’Assemblée générale

Débat sur les méthodes de travail

Les délégations se sont engagées dans une discussion sur les méthodes de travail de la Deuxième Commission en répondant aux questions posées par son Président, M. ANDREJ LOGAR (Slovénie), qui les a encouragées à soumettre des propositions par écrit avant le 23 octobre.  Comment le programme de travail de la Deuxième Commission peut-il soutenir l’intégration des trois dimensions du développement durable?  Est-ce que notre programme de travail couvre tous les aspects du Programme de développement durable à l’horizon 2030?  Ce sont certaines des questions auxquelles une douzaine de délégations ont tenté de répondre.

Pour que le développement durable devienne une réalité, « les pays en développement doivent travailler avec les pays développés », a posé comme principe le représentant de l’Afrique du Sud, qui s’exprimait au nom du Groupe des 77 et la Chine.  À l’instar des autres délégations intervenues au cours de la discussion, il a recommandé à la Deuxième Commission de s’appuyer sur les priorités de développement fixées par la communauté internationale, notamment celles du Programme d’action d’Addis-Abeba sur le financement du développement, du Cadre de Sendai sur la réduction des risques de catastrophe, du Programme de développement durable à l’horizon 2030, ainsi que sur les priorités des programmes d’action concernant les pays en situation particulière.  L’objectif ultime de la Deuxième Commission, a-t-il expliqué, est de poser les fondements de la mise en œuvre de tous ces engagements.

« Nous devons nous assurer que la richesse de la Deuxième Commission ne soit pas perdue au prétexte de l’efficacité », a demandé le porte-parole du Groupe des 77, un argument qui a été repris par le représentant des Maldives, au nom de l’Alliance des petits États insulaires en développement (AOSIS).  Beaucoup d’intervenants ont, dès lors, souligné l’importance de bien préparer la discussion sur les méthodes de travail de la Commission et de procéder à un examen minutieux de chaque élément.

Notant qu’il y a déjà des projets de résolution en cours de rédaction sur cette question, le représentant du Groupe des 77 a souhaité que ces textes soient mis à jour afin d’aligner les travaux de la Commission sur le Programme de développement durable à l’horizon 2030.  Il a assuré que sa délégation voulait que la priorité soit accordée par la Deuxième Commission au suivi systématique de la mise en œuvre de ce Programme dans les semaines à venir.

Si nous devons réfléchir à l’ordre du jour actuel de la Deuxième Commission, « cela ne veut pas dire qu’il faut faire une croix sur le passé », a poursuivi le représentant du Groupe des 77.  Il a rappelé que le suivi du nouveau Programme devrait se faire à travers des plateformes et des processus qui existent déjà.  Il a estimé que la Deuxième Commission devrait prendre la direction sur ces questions de suivi et d’examen en alignant ses projets de résolution sur les priorités de mise en œuvre des Programmes d’Addis-Abeba et de développement durable.  De cette façon, la Commission apportera systématiquement son soutien et des informations utiles au Forum politique de haut niveau sur le développement durable.  Le représentant du Nigéria a également souhaité que la Deuxième Commission continue à faire preuve de leadership sur les questions de développement durable.

Le représentant du Groupe des 77 a aussi rappelé que l’Assemblée générale était le seul organe intergouvernemental qui garantit la participation universelle nécessaire au suivi et à l’examen de la mise en œuvre du nouveau programme.  Le Conseil économique et social (ECOSOC) constitue également, à ses yeux, une autre plateforme importante pour discuter de cette question.  L’ECOSOC tiendra d’ailleurs, dans quelques jours, la nouvelle phase de ses dialogues sur le positionnement à long terme du système de développement des Nations Unies, dans le contexte du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et du segment des activités opérationnelles.  À ce sujet, le représentant des Maldives, au nom de l’Alliance des petits États insulaires en développement (AOSIS), a espéré que l’Examen politique quadriennal complet des activités opérationnelles de développement, qui aura lieu l’an prochain, permettrait de réfléchir sur un meilleur alignement des travaux du système de l’ONU sur le Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Le représentant du Groupe des 77 a, en outre, recommandé d’explorer les synergies possibles entre les travaux de la Deuxième Commission et du système de développement des Nations Unies avec ceux du Forum politique de haut niveau dont le rôle central est de superviser un réseau de processus de suivi et d’examen au niveau mondial.  Ce Forum est aussi chargé de promouvoir la cohérence à l’échelle du système entre les différentes politiques de développement durable.

Il serait prudent, a estimé le représentant du Groupe des 77, que la Deuxième Commission examine les recommandations émergeant de ces discussions avant de prendre des décisions sur ses propres méthodes de travail.  Pour lui, la discussion d’aujourd’hui n’est que la première étape d’un débat plus complet.  Il a donc recommandé de ne pas amender l’ordre du jour de la Deuxième Commission à ce stade car on risquerait de ne pas recueillir le soutien de tous les États Membres, en particulier celui des pays en développement.

Enfin, il a fait remarquer que l’ampleur du Programme de développement durable à l’horizon 2030 allait au-delà du champ de compétences de la Deuxième Commission, ce qui implique de réfléchir à la complémentarité des travaux des autres commissions et du Forum politique de haut niveau.  C’est aussi ce qu’a recommandé le représentant des Maldives, au nom de l’Alliance des petits États insulaires en développement (AOSIS).  Si l’on débat des méthodes de travail de la Deuxième Commission, il faudra prendre en compte celles de toutes les commissions concernées par l’Agenda 2030, a tranché son homologue de la Suisse.

« La Deuxième Commission n’existe pas de façon insulaire, mais elle fait partie de l’architecture des Nations Unies », a renchéri le représentant du Canada, qui intervenait au nom du groupe CANZ (Canada, Australie et Nouvelle-Zélande).  Il a souhaité, lui aussi, faire la chasse aux chevauchements.  Plusieurs intervenants ont fait écho à cette demande, notamment la délégation des États-Unis et celle de l’Union européenne, en lui demandant d’éviter des chevauchements ou des doubles emplois avec la Troisième Commission et l’ECOSOC.

Le représentant du Nigéria a recommandé, en particulier, une meilleure collaboration entre les Deuxième et Troisième Commissions.  Son homologue du Brésil a attiré l’attention, à cet égard, sur les questions inscrites à l’ordre du jour des deux Commissions, comme l’égalité entre les sexes.  Pour la délégation du Japon, il sera important de discuter de la question des chevauchements avec d’autres organes de l’ONU.

Plusieurs propositions concrètes ont été formulées au cours de ce débat en vue de rationaliser les travaux de la Deuxième Commission, tant au niveau des questions débattues que des textes produits par la Commission.  Le délégué de l’Union européenne, qui s’est dit favorable à l’idée de regrouper les questions à l’ordre du jour de la Commission par thème, a également proposé une « biennalisation » voire même une « triennalisation » de l’examen de certaines questions.  Cette dernière proposition n’a pas reçu un bon accueil de la part de la délégation de Cuba qui n’a non plus adhéré à l’idée de remplacer le format classique de débats sur les questions à l’ordre du jour par des débats interactifs.  Pour le délégué des États-Unis, c’est le débat général qui serait superfétatoire, d’autant plus que les sujets qui y sont débattus reviennent au cours des travaux de la Commission.

S’agissant des rapports examinés par la Commission, la représentante du Japon a souhaité qu’ils soient consolidés afin de faire des gains de temps et de travail.

En ce qui concerne les projets de résolution élaborés par la Deuxième Commission, le groupe CANZ a proposé de les regrouper dans trois grands chapitres, une idée reprise par la représentante du Mexique.  Ces points seraient les suivants: activités organisationnelles et opérationnelles; examens thématiques; et suivi des conférences des Nations Unies.

Favorable à cette proposition, le délégué de l’Union européenne a argué que le regroupement des résolutions permettrait des gains en temps, en personnel et en logistique.  Il a appelé le Bureau de la Commission à faire des propositions en vue de la mise en place d’un processus de négociation de résolutions, tel que suggéré par l’Assemblée générale. 

La représentante du Mexique a conseillé, pour sa part, d’identifier les résolutions qui pourraient être combinées avec les résolutions existantes.  Elle a aussi proposé de suivre l’exemple donné par d’autres commissions, comme la Quatrième Commission qui adopte une série de résolutions « techniques ou de procédure » avec un contenu similaire chaque année.  Pour illustrer la nécessité de rationaliser les textes adoptés, le représentant des États-Unis a relevé qu’il y avait, cette année, trois projets de résolution sur le tourisme durable.

Le délégué de l’Union européenne a également proposé que le Bureau accorde une attention accrue au respect des délais en ce qui concerne la soumission ou l’examen de projets de résolution et autres documents.  Le représentant de Cuba a estimé qu’il faudrait éviter d’imposer des délais trop stricts, en faisant valoir le temps nécessaire à un groupe comme le sien, qui regroupe 134 États Membres, pour mener des négociations.

Pour la délégation de l’Union européenne, la Deuxième Commission doit informer les États Membres assez tôt de probables implications financières des projets de résolution en cours de négociations.  De l’avis du délégué du Guyana, il faudrait que le Bureau de la Commission fournisse des directives très claires aux facilitateurs des projets de résolutions sur les questions d’incidences budgétaires.

On pourrait aussi désigner la Deuxième Commission sous un autre nom que celui de « Commission économique et financière », ont suggéré les représentants du groupe CANZ et des États-Unis.  Ce dernier a appelé de tous ses vœux une redynamisation de la Deuxième Commission, en qu’elle puisse décider d’inscrire de nouveaux points à son ordre du jour ou d’en retirer d’autres quand le besoin se fait sentir. 

De son côté, le représentant du Guyana a invité à respecter le règlement intérieur de la Deuxième Commission, en rappelant qu’elle devrait conserver son statut d’organe intergouvernemental important. 

Compte tenu de l’ampleur de la tâche pour l’Assemblée générale et ses commissions, le représentant de la Suisse a suggéré à l’Assemblée générale de tenir un débat plus approfondi sur les méthodes de travail, qui pourrait prendre la forme d’un dialogue plus approfondi et plus structuré entre les États Membres.  La représentante de la Norvège a fait remarquer que les changements importants qui pourraient être décidés ne prendraient pas effet avant la prochaine session.

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