Première partie de la reprise de session,
36e séance – matin
AG/AB/4153

Cinquième Commission: le Secrétaire général adjoint à la gestion présente une situation financière de l’ONU qu’il juge « saine » malgré des impayés importants

Le Secrétaire général adjoint à la gestion, M. Yukio Takasu, a présenté ce matin à la Cinquième Commission, chargée des questions administratives et budgétaires, une situation financière de l’ONU qui, a-t-il déclaré, « a été saine en 2014, même s’il a fallu recourir au Fonds de réserve et au Compte spécial pour couvrir des déficits apparus en fin d’année ».  Les délégations de la Cinquième Commission, qui présenteront leurs commentaires sur cette question à une date ultérieure, ont aussi examiné aujourd’hui les questions transversales relatives au financement des opérations de maintien de la paix (OMP) des Nations Unies et à la Base de soutien logistique des Nations Unies à Brindisi (Italie).

La Commission était également saisie des rapports sur le financement de quatre missions: la Force intérimaire de sécurité des Nations Unies pour Abyei (FISNUA); l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI); la Force des Nations Unies chargée du maintien de la paix à Chypre (UNFICYP); et le Bureau d’appui de l’ONU pour la Mission de l’Union africaine en Somalie (UNSOA).

Présentant les états financiers de l’Organisation, au 30 avril 2015, M. Yukio Takasu a indiqué que la trésorerie onusienne était positive pour le budget ordinaire, les opérations de maintien de la paix, et les tribunaux pénaux internationaux.  Il a cependant signalé que, conformément à la résolution 69/274, il faudrait recourir au Fonds de réserve et au Compte spécial pour couvrir les dernières dépenses et les dépassements du budget initial du plan-cadre d’équipement relatif à la rénovation du Siège de l’ONU, dont le montant était de 1,87 milliard de dollars.

M. Takasu a salué les efforts déployés par de nombreux États pour soutenir l’ONU financièrement, même s’il a fallu puiser dans les réserves de liquidités du budget ordinaire pour boucler les dépenses du dernier trimestre 2014.  Il s’est toutefois inquiété du niveau trop élevé de contributions impayées par des États Membres au 30 avril 2015 –soit 2 milliards de dollars au titre des OMP, et 1,57 milliard au titre du budget ordinaire– tout en notant qu’en fin de compte ces impayés sont le fait d’un petit nombre de pays.

Au cours de sa séance de travail, la Commission a examiné en particulier le financement des opérations de maintien de la paix des Nations Unies, dont le montant prévu pour 2015/2016 est de 8,49 milliards de dollars, soit une légère hausse par rapport à l’an dernier.  Pour l’exercice 2013/2014, ce montant était de 7 520,3 millions de dollars, a indiqué la Sous-Secrétaire générale et Contrôleur de l’ONU, Mme Bettina Tucci Bartsiotas.

Actuellement, environ 120 000 membres du personnel en tenue et du personnel civil sont en poste dans 16 opérations de maintien de la paix.  Malgré un climat d’austérité budgétaire, la demande en opérations de maintien de la paix des Nations Unies n’a cessé d’augmenter, signale le Secrétaire général dans son rapport.

Tout en constatant le montant record du budget proposé pour 2015/2016, plusieurs délégations se sont opposées à toute coupe budgétaire non justifiée.  La délégation de l’Afrique du Sud, au nom du Groupe des 77 et de la Chine (G77), s’est inquiétée de la tendance consistant à vouloir limiter les budgets des OMP alors que celles-ci font face à des défis de plus en plus complexes. 

La Stratégie globale d’appui aux missions, dont la période de mise en œuvre de cinq ans arrive à terme, a permis de gagner en efficacité et de faire des économies d’échelle dans les OMP, notamment aux niveaux de la chaîne logistique et du partage des services, s’est félicité le Secrétaire général adjoint à l’appui aux missions, M. Atul Khare.  Il a aussi présenté les propositions que fait le Secrétaire général pour aller plus loin dans ce sens, comme celles de doter le Centre de services régional d’Entebbe de son propre budget et de créer un deuxième centre de services partagés. 

En ce qui concerne les « questions transversales », c’est-à-dire qui sont communes à toutes les OMP, les délégations ont espéré qu’un consensus positif se dégagerait enfin à la Cinquième Commission, après deux années passées sans accord sur le sujet.  Concernant la question du « Modèle global de fourniture de services », la porte-parole du Groupe des 77 et de la Chine a espéré qu’elle serait examinée lors de la soixante-dixième session de l’Assemblée générale.

Alors que l’Organisation des Nations Unies a perdu hier deux Casques bleus qui étaient en poste à la Mission de l’ONU pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO), le Groupe des 77 et la Chine ont relevé l’urgence qu’il y a à traiter des moyens et ressources nécessaires pour garantir la sécurité du personnel en tenue.

Il faut aussi s’attaquer aux difficultés systémiques rencontrées par les pays fournisseurs de contingents militaires et de police dont les dépenses engagées ne sont pas remboursées dans les délais prévus, ont plaidé plusieurs intervenants.  Le montant dû par l’ONU à ces pays devrait cependant se réduire en 2015, a indiqué M. Takasu, pour passer de 779 millions de dollars à la fin 2014 à 561 millions de dollars à la fin 2015.

Concernant les problèmes d’exploitation sexuelle et d’abus sexuel, dont le nombre de cas déclaré a diminué, le représentant des États-Unis a souligné la nécessité de prendre des mesures spéciales de protection des populations.  « Il faut que tous les maillons de la chaîne de commandement des troupes et de personnels opérant sur le terrain soient tenus responsables des actes posés par ces soldats ou par le personnel civil », a exigé la déléguée du Costa Rica. 

Enfin, examinant le budget proposé pour la FISNUA, le représentant de l’Éthiopie a estimé que la proposition ne tenait pas suffisamment compte des difficultés que rencontre la Mission ni de la réalité objective de la situation de la région.

La prochaine séance officielle de la Cinquième Commission sera annoncée dans le Journal des Nations Unies.

AMÉLIORATION DE LA SITUATION FINANCIÈRE DE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES

Présentation de la situation financière de l’Organisation des Nations Unies

M. YUKIO TAKASU, Secrétaire général adjoint à la gestion, a articulé son intervention autour de quatre indicateurs financiers principaux: les contributions à verser par les États Membres au budget de l’ONU (quotes-parts), les contributions impayées, les réserves de liquidités, et les sommes dues aux États, dont il a présenté les états au 31 décembre 2014, comparés à ce qu’ils étaient au 31 décembre 2013.  Il a également présenté ces états au 30 avril 2015, en les comparant à ce qu’ils étaient au 31 avril 2014.

Le niveau de contributions non acquittées par les États est plus bas au 31 décembre 2014 qu’au 31 décembre dans tous les domaines, sauf pour ce qui concerne le budget ordinaire, a dit M. Takasu.  Si le solde de liquidités est positif dans tous les postes budgétaires, il y a des tensions au niveau du budget ordinaire et du plan-cadre d’équipements, a-t-il prévenu.

À la fin avril 2015, le niveau des contributions non acquittées était plus élevé pour le budget ordinaire et le budget des opérations de maintien de la paix, mais plus bas en ce qui concerne les contributions aux budgets des tribunaux, ceci, comparé à la situation qui prévalait au 31 avril 2014.  Si le montant des sommes dues aux pays contributeurs de troupes et de matériel était plus élevé à la fin de 2014, ce montant a été réduit de manière importante au premier trimestre 2015, a précisé M. Takasu.  

S’agissant du « budget ordinaire », le Secrétaire général adjoint à la gestion a précisé que le montant des contributions non acquittées était de 1,57 milliard de dollars au 30 avril 2015, soit 175 millions de dollars de plus qu’il n’était au cours de l’exercice précédent à la date du 31 avril 2014.  Il a remercié les 144 États Membres qui avaient réglé en totalité leur contribution au titre du budget ordinaire pour l’année 2014.  M. Takasu a présenté aux délégations de la Cinquième Commission une projection des états financiers montrant que l’essentiel des contributions non acquittées provient d’un certain nombre d’États Membres dont les États-Unis (1 milliard de dollars); le Brésil (156 millions); l’Italie (121 millions); le Mexique (50 millions); et le Venezuela (35 millions).  M. Takasu a expliqué que ces retards de paiements étaient liés à la spécificité et au calendrier des processus budgétaires nationaux de chacun de ces pays    

Le niveau des contributions à verser au budget ordinaire a été fixé à 2,771 milliards de dollars pour l’année 2015, contre 2,612 milliards pour 2014, a ajouté le Secrétaire général adjoint à la gestion.  

Les liquidités disponibles pour le budget ordinaire comprennent le Fonds de réserve opérationnelle, à hauteur de 150 millions de dollars, et le Compte spécial, a indiqué M. Takasu.  Il a ajouté que les insuffisances de liquidités observées fin 2014 ont été couvertes par le Fonds de réserve entre septembre et décembre 2014, mais aussi par le Compte spécial en novembre.  Il a précisé que l’année budgétaire 2014 s’est terminée avec un déficit de 81 millions de dollars qui a été couvert par le Compte spécial.

M. Takasu a rappelé que l’Assemblée générale a décidé, par la résolution 69/274, de compenser le déficit de 154,9 millions du plan-cadre d’équipement au moyen de ressources provenant du Fonds de réserve et du Compte spécial.  Compte tenu de ces versements, les réserves du budget ordinaire cette année seront réduites à 348,4 millions de dollars, dont 150 millions pour le Fonds de réserve et 198,4 pour le Compte spécial.  Rappelant que le budget ordinaire a atteint des niveaux de déficit de l’ordre de 174 millions au début du mois de novembre 2014, puis de 162 millions à la mi-novembre et de 136 millions à la fin janvier 2015, M. Takasu a prévenu que la situation financière de l’ONU à la fin de l’année 2015 dépendra largement des paiements que feront les États Membres. 

Pour ce qui est des « opérations de maintien de la paix » (OMP), M. Takasu, a rappelé la spécificité du budget des OMP allant du 1er juillet au 30 juin.  Il a précisé que le niveau de contribution non acquittée était de 1,28 milliard de dollars à la fin 2014, soit une amélioration significative par rapport aux 2,2 milliards d’obligations non remplies que ce budget a connue au 31 décembre 2013. 

Au 30 avril 2015, le niveau des contributions budgétaires non acquittées aux profits du budget des OMP s’élevait à 2 milliards de dollars et était le fruit des manquements d’un petit nombre d’États Membres.  Le document budgétaire dont étaient saisies les délégations montre que ces arriérés de contribution sont surtout le fait des États-Unis (1,1 milliard de dollars), de l’Ukraine (130 millions) du Brésil (100 millions), de l’Italie (98 millions), et de la Fédération de Russie (89 millions)

M. Takasu a précisé que le montant des liquidités disponibles pour le budget des opérations de maintien de la paix s’élevait à 4,3 milliards de dollars, dont 3,84 milliards au titre des missions actives, 294 millions au titre des missions terminées et 138 millions disponibles dans le Fonds de réserve des opérations de maintien de la paix.    

Abordant la question des montants à rembourser aux États Membres contributeurs de troupes, le Secrétaire général adjoint a indiqué que les montants dus se sont élevés à 779 millions au 31 décembre 2014 et devraient diminuer pour atteindre 561 millions au 31 décembre 2015.    

Concernant les « tribunaux internationaux », les impayés étaient, à la fin 2014, de 40 millions de dollars, contre 54 millions de dollars à la fin de 2013.  À la fin 2014, 112 États étaient responsables d’impayés, soit le même nombre qu’à la fin de 2013.  Au 30 avril 2015, 57 États Membres avaient déjà payé leurs contributions aux Tribunaux pour l’ex-Yougoslavie et pour le Rwanda, ainsi qu’au Mécanisme international appelé à exercer les fonctions résiduelles des Tribunaux pénaux.

Quant au « plan-cadre d’équipement », au 30 avril 2014, le gros des contributions a été reçu et il ne reste plus que 700 millions de dollars en souffrance, a déclaré M. Takasu, précisant que 174 États Membres avaient entièrement payé leurs contributions à ce titre.

Au 30 avril 2015, 180 États Membres avaient réglé la totalité des contributions dues au titre du plan-cade d’équipement, dont le coût a été initialement estimé à 1,87 milliard de dollars.  M. Takasu a indiqué que le plan-cadre souffrait d’un déficit depuis décembre en précisant que le Fonds de réserve couvrira l’ensemble du déficit d’ici à la fin 2015, notamment en affectant un montant de 154 millions de dollars au plan-cadre. 

Dans ses conclusions, le Secrétaire général adjoint à la gestion a évoqué une situation financière qui était généralement saine à la fin de 2014, même s’il a fallu avoir recours au Fonds de réserve et au Compte spécial au cours des derniers mois de l’année.  Il s’est félicité de l’augmentation du nombre de pays qui ont réglé dans leur totalité les contributions dues au budget ordinaire pour 2015, par rapport à ce qu’était cette même situation en 2014.  Si les contributions encore dues demeurent à un niveau élevé, elles sont le fait d’un petit nombre d’États Membres, a-t-il précisé.  Face aux difficultés, il a assuré que le Secrétariat continuera de gérer de la manière la plus prudente le niveau des liquidités.     

Réagissant à cet exposé du Secrétaire général adjoint à la gestion, le représentant du Brésil a dit que son pays était engagé à assumer ses obligations financières vis-à-vis de l’ONU.  Il a indiqué que le Brésil fera tout son possible pour régler d’ici à la fin de ce mois de mai ses arriérés aux budgets des missions de maintien de la paix de la MINUSTAH et de la MONUSCO, ainsi qu’aux Tribunaux pénaux internationaux.

Le représentant du Cuba a demandé pourquoi il manquait déjà 23 millions au Fonds de réserve et 25 millions au Compte spécial, alors que les états présentés ne s’arrêtent qu’au 30 avril 2015

ASPECTS ADMINISTRATIFS ET BUDGÉTAIRES DU FINANCEMENT DES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX DES NATIONS UNIES

Questions transversales (A/69/751/Rev.1, A/C.5/69/21, A/69/651, A/69/779, A/C.5/69/18, A/69/839, A/69/874et A/69/308 (Part II))

Aperçu général du financement des opérations de maintien de la paix des Nations Unies: exécution des budgets de l’exercice allant du 1er juillet 2013 au 30 juin 2014 et budgets pour l’exercice allant du 1er juillet 2015 au 30 juin 2016 (A/69/751/Rev.1)

Ce rapport, qui a été présenté par Mme BETTINA TUCCI BARTSIOTAS, Sous-Secrétaire générale et Contrôleur de l’ONU, indique que, pour l’exercice allant du 1er juillet 2013 au 30 juin 2014, le montant total des dépenses s’est établi à 7 520,3 millions de dollars, alors que le montant approuvé avait été de 7 833,2 millions de dollars, hors contributions volontaires en nature budgétisées.  Bien que la Stratégie globale d’appui aux missions, en tant que cadre de mise en œuvre, se termine en juin 2015, le Secrétariat demeure résolu à préserver et renforcer le dialogue stratégique de fond avec les États Membres sur les questions d’appui aux missions, et à continuer d’œuvrer en faveur de l’amélioration constante de l’appui aux missions des Nations Unies, à l’échelle mondiale.

      La Cinquième Commission était également saisie ce matin du rapport qui présente les Montants budgétaires prévus pour les opérations de maintien de la paix pour l’exercice allant du 1er juillet 2015 au 30 juin 2016 (A/C.5/69/21).  Ce rapport contient un tableau récapitulant les besoins budgétaires prévus de chaque opération de maintien de la paix, de la Base de soutien logistique des Nations Unies à Brindisi (Italie) et du compte d’appui aux opérations de maintien de la paix pour la période allant du 1er juillet au 30 juin.

M. ATUL KHARE, Secrétaire général adjoint à l’appui aux missions, a présenté le cinquième rapport annuel sur l’état d’avancement de la stratégie globale d’appui aux missions (A/69/651) dans lequel le Secrétaire général, M. Ban Ki-moon, assure que l’appui aux missions continuera de répondre à un ensemble d’objectifs prioritaires équilibré défini avec les États Membres dans le cadre de réformes stratégiques.  M. Khare a relaté ses récentes visites au Mali et en Somalie, où il a pu constater par lui-même les difficultés qui se posent sur le terrain en termes de sécurité, de logistique, de communications et, en conséquence, de besoins financiers.  Il a expliqué que les opérations d’appui aux missions s’étaient généralement améliorées en termes de coût-efficacité et de rapidité par rapport à il y a cinq ans.

M. Atul Khare a recensé les progrès accomplis, en particulier grâce à l’amélioration de la chaîne logistique, à l’adoption d’une méthodologie de modules prédéfinis (pour la MINUSS et la MINUSMA), et au partage des services qui permet des économies d’échelle.  Le Secrétaire général propose notamment d’étendre le système de services partagés afin de couvrir toutes les missions de terrain soutenues par le Département d’appui aux missions (DAM). 

En ce qui concerne le Centre de services régional d’Entebbe, le Secrétaire général propose de le doter de son propre budget.  Il propose également la création d’un deuxième centre de services partagés, en prévoyant que les deux centres travaillent de manière symétrique.  Cette mesure permettrait notamment de faire de nouvelles économies d’échelle et d’offrir rapidement un appui aux missions en cours de démarrage, ainsi que de tirer parti de l’expérience passée et des investissements consentis pour la mise en place du Centre de services régional d’Entebbe.

Mme CAROLE WAMUYU WAINAINA, Sous-Secrétaire générale au Bureau de la gestion des ressources humaines, a présenté le rapport du Secrétaire général intitulé « Dispositions spéciales visant à prévenir l’exploitation et les atteintes sexuelles » (A/69/779).  Elle a relevé que le nombre de nouvelles allégations d’exploitations et d’abus sexuels documenté recensé en 2014 à travers le système des Nations Unies est de 79, en comparaison aux 93 cas recensés en 2013.  Elle a relevé que bien que le nombre d’allégations ait diminué, même une seule allégation est une allégation de trop qui peut avoir des conséquences sur la victime présumée, la communauté dans laquelle elle vit, et sur la réputation et la capacité de l’ONU à délivrer son mandat.

Mme Wainaina a rappelé qu’en 2012, le Secrétaire général avait lancé un programme d’action pour lutter contre l’exploitation et les abus sexuels, et qu’en 2013, une équipe indépendante d’experts avait visité quatre missions de maintien de la paix réputées avoir le plus grand nombre d’allégations, afin d’identifier les facteurs contribuant à ce phénomène.  En outre, en 2014, un groupe de travail interagences et interdépartements a évalué les recommandations de l’équipe d’experts.  Les recommandations faites par le groupe de travail, et couvrant des aspects tels que la prévention, la mise en application des lois et des mesures correctives avaient été l’objet d’une réunion de direction présidée par le Secrétaire général en janvier dernier. 

À la suite de la réunion de haut niveau, il avait été dit que dans le domaine de la prévention, des activités doivent être menées pour sensibiliser davantage les personnels des Nations Unies.  Un module de formation en ligne sur la question est en cours d’élaboration par le Département de l’appui aux Missions.  Il devrait être obligatoire pour les personnels des missions dans un premier temps, avant d’être étendu à tout le personnel onusien.  Il a également été décidé que des efforts seront faits pour faciliter les plaintes des victimes et pour veiller à ce que toute enquête soit conclue au plus tard six mois après son déclenchement.  Pour le cas des troupes déployées dans les missions, il est prévu que des rapatriements ou des amendes sanctionnent des écarts de conduite ayant un lien avec l’exploitation ou les abus sexuels.  Dans le cadre des mesures correctives par contre, il est prévu d’établir un fonds d’affectation spéciale de soutien aux victimes d’exploitation ou d’abus sexuel ou aux enfants qui naîtraient du fait de tels actes.

La Cinquième Commission était également saisie d’une note du Secrétaire général contenant l’édition 2014 du Manuel relatif au matériel appartenant aux contingents (A/C.5/69/18).

Mme CARMAN LAPOINTE, Secrétaire générale adjointe aux Services de contrôle interne, a présenté le rapport du Bureau des services de contrôle interne (BSCI) sur les activités de ce Bureau concernant les opérations de maintien de la paix pendant la période allant du 1er janvier au 31 décembre 2014 (A/69/308 Part II), qui contient 495 recommandations.  La Division des investigations a publié 115 rapports et s’est employée à mettre la dernière main à sa restructuration et à pourvoir les postes d’enquêteurs dans les bureaux extérieurs.  De plus, elle a déployé des efforts considérables pour élaborer une stratégie de formation et organiser des activités de formation à l’intention des enquêteurs et de non-spécialistes n’appartenant pas au BSCI nommés pour enquêter sur des conduites prohibées.  Des ressources considérables en matière d’enquête ont été consacrées à ces efforts.

Des allégations d’exploitation ou d’atteintes sexuelles ont continué à entacher la réputation des efforts de maintien de la paix, sachant en plus qu’il y a un phénomène de non-signalement des incidents.  Il est nécessaire que l’Organisation conçoive d’urgence des stratégies efficaces et instaure des partenariats à l’échelon de la collectivité, adaptés à chaque milieu, aux fins de recevoir de telles allégations.  Ces mesures doivent également être associées à des messages et à des activités d’information systématiques et vigoureuses, à l’intention du personnel et des communautés qu’ils desservent, concernant le comportement acceptable et le comportement répréhensible de la part du personnel en tenue et du personnel civil des Nations Unies.  En raison de cet impératif, une évaluation de l’efficacité de la protection contre l’exploitation et les atteintes sexuelles sera prochainement achevée et publiée.

Dans le rapport du Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) sur les observations et recommandations sur les questions concernant les opérations de maintien de la paix en général (A/69/839), présenté par M. CARLOS RUIZ MASSIEU, Président du CCQAB, le Comité estime que le rapport du Secrétaire général est devenu récemment « un document démesuré, qui manque de cohérence et de précision et qui ne sait plus mettre en évidence les changements de politiques ayant un impact transversal sur les différentes opérations de maintien de la paix ».  De plus, il remarque que le Secrétaire général ne cherche à obtenir aucune décision ou directive sur les initiatives et les politiques qui y sont décrites.

Le Comité consultatif recommande par conséquent à l’Assemblée générale de prier le Secrétaire général de lui présenter à l’avenir un rapport plus synthétique axé sur les nouvelles évolutions, les changements de politiques et les problèmes de gestion auxquels sont confrontées les opérations de maintien de la paix, en mettant en évidence tous ceux qui appellent des mesures ou des décisions claires de la part de l’Assemblée, ainsi que leurs incidences sur le budget des opérations concernées.

Le CCQAB estime que les réaffectations de ressources entre catégories de dépenses et rubriques budgétaires devraient être limitées autant que possible afin de maintenir la discipline et le contrôle budgétaires voulus.  Il note en outre que le contrôle de l’Assemblée générale sur la nature et l’ampleur de ces réaffectations se limite actuellement à l’examen des rapports sur l’exécution du budget, qui se fait longtemps après.  À son avis, le système Umoja, mis en service récemment, devrait permettre de produire plus rapidement des informations financières à cet égard.

Afin que les projets de budget soient transparents et que les coûts soient correctement répartis, de la manière la plus appropriée possible, le CCQAB recommande que les futurs rapports dans lesquels un aperçu général du financement et le budget des opérations de maintien de la paix seront présentés contiennent des explications détaillées justifiant l’allocation de ressources au titre des coûts indirects liés à des projets transversaux, sur la base d’un ensemble clair de principes directeurs.  Il préconise aussi des efforts supplémentaires pour garantir le respect et le strict contrôle des engagements souscrits par les chefs des missions auprès du Secrétaire général dans leur contrat de mission en matière d’application de la politique de tolérance zéro envers l’exploitation et les atteintes sexuelles.

Le CCQAB fait ensuite des recommandations sur les propositions du Secrétaire général.  En ce qui concerne par exemple le projet de gestion de la chaîne d’approvisionnement, il recommande, compte tenu de la nature préliminaire et de l’absence de détails concrets sur les avantages spécifiques de ce projet, que l’intégralité du montant des crédits demandés, à savoir 4 millions de dollars, soit retranchée des projets de budget des missions au titre de 2015/16, au prorata.

S’agissant des activités relatives aux technologies de l’information et des communications dans les opérations de maintien de la paix, il souligne qu’il faut se faire une idée détaillée et complète de l’enveloppe globale de ressources nécessaires au niveau régional, afin que ces dépenses soient convenablement budgétées et couvertes par les missions qui utilisent ces services.  En outre, il se demande s’il faut continuer d’acheter de nouveaux ordinateurs alors qu’un grand nombre de ces appareils ne sont pas actuellement affectés à des fonctionnaires dans les missions.

Par ailleurs, le CCQAB attend avec intérêt de recevoir, dans le prochain aperçu général, des informations plus détaillées sur les différentes initiatives lancées pour améliorer différents aspects des opérations aériennes.  Il note que la mise en service du système de gestion de l’information relative aux transports aériens dans l’ensemble des opérations de maintien de la paix dotées de moyens aériens sera l’aboutissement d’un processus lancé en 2008.

Le Président du CCQAB a également présenté le rapport du CCQAB sur le cinquième rapport annuel sur l’état d’avancement de la stratégie globale d’appui aux missions (A/69/874).  Le CCQAB recommande à l’Assemblée générale de le prier de fournir des renseignements détaillés sur les progrès enregistrés quant à la réalisation de l’objectif ultime de la stratégie globale d’appui aux missions, en ce qui concerne tous les piliers de celle-ci.  Il recommande aussi à l’Assemblée générale de prier le Secrétaire général de faire figurer dans son rapport final une évaluation de la pertinence des modalités de gouvernance et de gestion de projet mises en place aux fins de la stratégie globale d’appui aux missions, en vue d’en tirer les enseignements pour l’avenir.

Parmi ses constatations et recommandations, le Comité consultatif note la nécessité de poursuivre les efforts engagés pendant l’élaboration du modèle de financement afin d’analyser et de standardiser les paramètres de coûts.  Il estime néanmoins que l’approche adoptée pour établir le budget de démarrage de la MINUSCA, qui tient compte des spécificités telles que les calendriers de déploiement effectifs et prévus du personnel et des ressources de chaque mission en phase de démarrage, pourrait constituer une solution plus souple et adaptable que le modèle de financement standard.

Financement de la Base de soutien logistique des Nations Unies (BSLB) à Brindisi (Italie) A/69/585, Corr.1, A/69/733/Rev.1, A/69/839/Add.9;

Le Président du CCQAB a présenté le Rapport du CCQAB sur le financement de la Base de soutien logistique des Nations Unies (A/69/839/Add.9).  Sur le budget de 71 696 000 dollars proposé par le Secrétaire général pour 2015/2016, le CCQAB recommande d’approuver le montant de 68 410 442 dollars, soit une réduction de 3 285 558 dollars due notamment à des réductions recommandées de 10% des dépenses prévues au titre des voyages, de 10% des ressources proposées au titre des communications et de 5% des ressources prévues au titre des consultants et des fournitures, services et matériel divers. 

Parmi ses recommandations, le Comité consultatif propose de mettre en place des méthodes efficaces et fiables, pour examiner les plaintes et mesurer le degré de satisfaction du client, et d’intégrer aux cadres de budgétisation axée sur les résultats du Centre de services mondial des indicateurs de succès pertinents en vue d’évaluer les résultats et de mesurer les progrès dans la prestation de services aux clients.

En ce qui concerne la proposition de création d’une section des finances et du budget qui serait issue de la fusion des activités budgétaires et des activités de l’actuelle Section des finances, le CCQAB estime que la fusion de ces deux fonctions présenterait des possibilités de consolidation et d’optimisation de l’utilisation des ressources.

Le Comité consultatif ne voit pas d’objection à la formule proposée et recommande à l’Assemblée générale d’approuver la proposition du Secrétaire général d’unification des sections jumelles du Service à Brindisi et Valence (appui aux réseaux, appui aux liaisons par satellite, appui au centre informatique et appui aux infrastructures technologiques).

En vue d’assurer la continuité de la fourniture de services d’appui technologique, le Comité consultatif ne voit pas d’objection à la proposition du Secrétaire général de créer 20 emplois de temporaire à l’appui de la MINUSMA et de la MINUSCA en 2015/16.

Présentation et débat général

Au nom des États membres du Groupe des 77 et de la Chine, Mme KAREN LINGENFELDER (Afrique du Sud), a souligné l’intérêt que revêt l’examen des questions transversales en appelant à garder à l’esprit l’importance du travail qui est entrepris par le Groupe de travail indépendant de haut niveau sur les opérations de maintien de la paix.  Elle a espéré que la question du « Modèle global de fourniture de service » sera examinée lors de la soixante-dixième session de l’Assemblée générale.   

Parmi les questions urgentes à traiter, Mme Lingenfelder a cité celles concernant les moyens et ressources nécessaires pour garantir la sécurité des Casques bleus.  Elle a aussi souhaité que les budgets de maintien de la paix ne soient plus adoptés de manière arbitraire, mais soient examinés au cas par cas afin de s’assurer que les missions disposent des moyens nécessaires à la mise en œuvre des mandats à elles confiés.  Dans ce contexte, elle a appelé à garantir la plus grande transparence dans les processus budgétaires des missions.  Elle a appelé à l’examen minutieux du cinquième rapport annuel portant sur la mise en œuvre de la Stratégie globale d’appui aux missions du Secrétaire général en même temps que l’on applique toutes les mesures d’adaptation liées à la mise en œuvre des Normes IPSAS et du progiciel de gestion intégré Umoja.

La représentante du Groupe des 77 et de la Chine a aussi appelé à mettre l’accent sur la mise en œuvre financière et budgétaire de la coopération intermission et sur les mécanismes y afférents, dans le souci de s’assurer que cette coopération soit mise en œuvre dans le respect des règles édictées par l’Assemblée générale dont celle relative à l’interdiction de recourir à des financements croisés issus de budgets de missions actives.  Mme Lingenfelder a aussi signalé l’urgence qu’il y a à s’attaquer aux difficultés systémiques et toujours non résolues rencontrées par les pays fournisseurs de contingents militaires et de police.

Elle a insisté sur le fait que la préparation du budget des missions de maintien de la paix doit être guidée par le principe que chaque mission a un mandat spécifique et distinct et que la définition de son budget doit prendre en compte ces paramètres.  Tout en notant la nécessité pour l’ONU de réagir de la manière la plus rapide aux crises émergentes, la porte-parole du Groupe des 77 et de la Chine, a estimé que cette urgence ne devait pas être prise comme prétexte pour ne pas respecter les règles de l’Assemblée générale et celles relatives aux principes et procédures budgétaires.

Elle a souhaité que la coopération intermission ne porte pas atteinte à l’indépendance de chaque mission. 

Mme Lingenfelder a regretté que le Bureau des services de contrôle interne (BSCI) mène des enquêtes qui vont au-delà de son mandat.  Dans ce contexte, elle a demandé que le rapport publié sous la cote A/68/787, relatif à la mise en œuvre de mandats de protection des civils ne soit pas abordé au cours des discussions de la Commission.  « Le Groupe des 77 et la Chine souhaiteraient souligner l’intérêt qu’ils accordent à la fois aux mandats militaires et civils confiés aux OMP », a-t-elle indiqué.  Elle s’est inquiétée de la persistance de tendances consistant à vouloir limiter les budgets des opérations de maintien de la paix qui font pourtant face à des défis de plus en plus complexes.  Elle a rappelé que les missions de maintien de la paix qui ont déjà subi un examen de leur composante civile ont déjà connu une réduction sévère de cette composante. 

M. FRANCESCO PRESUTTI, de la délégation de l’Union européenne, a souhaité qu’après deux années passées sans pouvoir adopter une résolution sur les questions transversales, les délégations de la Cinquième Commission « utilisent l’atmosphère positive qui prévaut actuellement pour mieux coopérer afin de permettre à la Commission de parvenir à des résultats ».  Nous sommes ouverts à une approche pragmatique, a-t-il dit, proposant aux délégations de se concentrer sur les domaines pour lesquels la Commission est en mesure de parvenir à un consensus.  Notant le chiffre record atteint par la proposition budgétaire pour le cycle 2016/2015 concernant le financement des OMP, il a estimé que faire preuve de discipline budgétaire serait plus nécessaire que jamais pour garantir une utilisation efficace des ressources.  Cela implique d’examiner de près les budgets proposés, en nous éclairant par la prise en compte des observations du CCQAB, du Comité des commissaires aux comptes et du Bureau des services de contrôle interne, a précisé M. Presutti.  Il a notamment préconisé d’examiner à la loupe la composante civile des OMP, et a dit que l’Union européenne attendait avec intérêt les résultats de l’examen que mène le Secrétariat sur ce personnel.

Le représentant a également souhaité que la Commission examine de près les dépenses budgétisées.  Il a estimé à cet égard qu’on pouvait encore faire des économies sur les frais de transport aérien, ainsi que sur les dépenses de formation, de carburant, de construction, d’alimentation et de gestion des coûts.  Il a également suggéré des réductions de coûts grâce à la mise à jour des ratios d’équipement.  M. Presutti a dit que l’UE attendait avec intérêt des informations sur la mise en place d’Umoja dans les missions et l’impact que cela aurait sur les résultats.  Il faudrait, a-t-il aussi préconisé, déployer des efforts plus cohérents de réduction des coûts dans toutes les missions et confectionner à cet effet des directives au niveau du Siège.  Il a aussi jugé crucial de suivre des procédures budgétaires efficaces pour obtenir des budgets durables, prévisibles et abordables.  Il a, à nouveau, exprimé sa préoccupation de voir que des décisions concernant la réduction du nombre de personnels en tenue des missions, prises par le Conseil de sécurité, ne soient pas rapidement reflétées dans les pratiques budgétaires.  M. Presutti a enfin réaffirmé le soutien de l’UE à la Stratégie globale d’appui aux missions en espérant qu’on tirerait les leçons de sa mise en œuvre, qui a eu lieu durant les cinq dernières années.  Il a estimé que le Centre d’Entebbe devrait parvenir à de meilleurs résultats.  Enfin, concernant la question de l’exploitation et des abus sexuels, il a dit que l’UE espérait voir des améliorations en matière de prévention et de conduite d’enquêtes.

M. SHO ONO (Japon) a souligné qu’en tant que pays contributeur de fonds et de troupes aux opérations de maintien de la paix de l’ONU, le Japon accorde une importance majeure aux conditions de travail de tous les soldats de la paix.  Il a exprimé la déception qu’éprouve son pays de voir qu’au cours des deux dernières années, il n’y ait pas eu de résolution portant sur les questions transversales qui se posent aux OMP, souhaitant que cela soit fait cette année, et qu’un tel texte soit adopté par consensus.  M. Ono a suggéré, en droite ligne de l’amélioration des méthodes de travail de la Cinquième Commission et dans l’optique de parvenir à un consensus en temps opportun sur des projets de texte, que des discussions initiales aient lieu sur les principes de base, au lieu de soumettre un texte contenant des centaines de paragraphes qui ne sera pas adopté.  Il a ajouté qu’il est important de tenir des négociations sur des aspects spécifiques des OMP en se basant sur des textes simplifiés.

Au sujet de rapports extrêmement détaillés, le représentant a suggéré que la Commission aborde les sujets en les priorisant, à la lumière des recommandations des rapports du CCQAB, à défaut de répéter les débats « philosophiques » tenus les années précédentes.  Sur la question des personnels civils des opérations de maintien de la paix, M. Ono a souhaité que le Secrétariat des Nations Unies tienne compte des recommandations des rapports publiés sur la question, et il a insisté notamment sur la nécessité d’avoir des rapports réguliers sur les besoins en personnels des missions, tout en promouvant la contractualisation des personnels nationaux.

S’agissant des dépenses opérationnelles, le représentant du Japon a noté que cet aspect représente environ 34% des propositions budgétaires et il a souhaité que les diverses réformes administratives en cours, telles que celles concernant le logiciel Umoja, les normes comptables IPSAS et AIMS, soient mises à contribution.  Il a aussi proposé que le Manuel des coûts et coefficients standard (SCRM) soit utilisé afin d’éviter les coûts additionnels.  M. Ono a en outre appelé le Secrétariat à effectuer des projections budgétaires avec plus de précision, et à les mettre en œuvre en tenant compte des plafonds budgétaires propres à chaque secteur et groupe d’activités.  Pour le cas précis des prévisions budgétaires des opérations de maintien de la paix, il a dit que le Japon soutenait les recommandations du CCQAB, qui a prescrit d’appliquer dans tout calcul les derniers taux de change monétaire afin d’éviter la surbudgétisation.

M. CASTRO CORDOBA (Costa Rica) a constaté que le rapport publié sous la cote A/69/799 par le Secrétaire général cite une légère diminution des accusations et allégations d’abus et d’exploitation sexuelle portées contre les personnels de l’ONU en 2014.  Le représentant du Costa Rica a néanmoins déploré que persistent encore les formes les plus atroces d’abus et d’exploitation sexuelle, exercées notamment par des personnels onusiens ou par des acteurs travaillant sous un mandat de l’ONU à l’encontre de mineurs.  Il a noté que quatre missions de maintien de la paix étaient particulièrement concernées par les accusations d’abus sexuel et d’exploitation sexuelle d’enfants et de personnes mineures.  Malgré les efforts de l’ONU pour prévenir ce type de comportements sur le terrain, nous ne pouvons malheureusement estimer que ces phénomènes ont été éradiqués, a déploré le représentant. 

Il a salué les efforts menés par le Secrétaire général pour améliorer les mécanismes de prévention.  Il a rappelé que les activités quotidiennes de l’ONU menées dans le cadre des missions de maintien de la paix et des missions politiques spéciales doivent se dérouler dans le plus grand respect des droits de l’homme des populations locales.  Il a jugé indispensable de mener des enquêtes sur les auteurs de tous les abus et il a demandé qu’il soit mis fin à l’impunité dont jouissent les auteurs de ces actes.  Il faut que tous les maillons de la chaine de commandement des troupes et personnels opérant sur le terrain soient tenus responsables des actes posés par ces soldats ou personnels civils.  Alors que l’ONU représente souvent la dernière lueur d’espoir pour les populations victimes de conflits, il est fondamental d’empêcher que des membres de l’ONU viennent, par leur attitude, porter atteinte à l’image de notre Organisation, a insisté le représentant costaricien.   

M. GUO XUEJUN (Chine) a espéré qu’un consensus positif se dégagerait à la Cinquième Commission sur les questions transversales relatives aux OMP.  Il a souhaité que les discussions se déroulent d’une manière qui soit coordonnée avec la conduite de l’Examen stratégique des OMP en cours, et avec les activités de suivi que mène l’Assemblée générale.  Le représentant a plaidé en faveur d’une meilleure efficacité dans l’utilisation des ressources affectées aux OMP. 

Indiquant que la Chine était opposée à toute coupe budgétaire non justifiée, le représentant a exprimé la préoccupation que ressent sa délégation en ce qui concerne le montant record atteint par le projet de budget des opérations de maintien de la paix (OMP) qui augmente sans cesse.  Le représentant de la Chine a d’autre part demandé le paiement intégral des sommes dues aux pays fournisseurs de contingents, estimant que ces arriérés envoient un mauvais message.  Il a également soutenu l’appui stratégique fourni aux OMP.  Alors que la mise en œuvre de la Stratégie globale d’appui aux missions touche à sa fin, il a espéré que le Secrétaire général en ferait une analyse exhaustive afin de tirer les leçons de cette expérience.  Le représentant de la Chine a enfin rendu hommage au personnel des missions de maintien de la paix, en particulier aux deux Casques bleus de la MONUSCO qui ont perdu la vie hier.

Mme JAESIN KO (République de Corée) a déclaré que globalement, le niveau du budget de maintien de la paix a considérablement augmenté au cours des dernières années et a atteint la somme historique de 8,46 milliards de dollars pour l’exercice financier 2014-2015.  La délégation de la République de Corée est heureuse que la proposition de projet de budget 2015-2016 de maintien de la paix, dont la Commission est saisie, soit d’un montant de 8,49 milliards de dollars, soit une légère hausse par rapport à l’an dernier, a dit Mme Jaesin Ko.  Toutefois, nous avons encore des doutes sur la viabilité du budget de maintien de la paix en raison des contraintes budgétaires et des difficultés économiques que connaissent des États Membres qui généralement sont de gros contributeurs aux financements du maintien de la paix.  Il est donc temps de trouver des solutions créatives et pragmatiques sur l’amélioration de l’efficacité des opérations de maintien de la paix, ceci sans qu’il y ait d’effets négatifs sur la mise en œuvre effective de leur mandat, a dit Mme Jaesin Ko. 

La représentante a noté que le Système mondial d’appui aux bureaux extérieurs (GFSS) sera réalisé avec succès à la fin de juin, et elle a espéré que le Système permettrait de réaliser des gains d’efficacité tangibles, et de réaliser 400 millions de dollars d’économies.  Nous soutenons et encourageons le Secrétaire général à continuer d’accélérer les efforts qui permettraient à l’ONU de parvenir à plus d’efficacité à travers l’usage de mécanismes établis, comme les modèles standard de financement, la prestation de services partagée, la gestion de la chaîne d’approvisionnement et autres mesures pertinentes, a-t-elle dit.  « Ma délégation a également des préoccupations en ce qui concerne l’approche progressive à adopter en matière budgétaire. »  Nous réitérons l’importance de l’examen périodique à mener sur la dotation en personnels civils et sur les activités en cours de chaque mission, a dit Mme Ko.  Nous tenons à examiner la pertinence de la prédiction sur les indicateurs économiques communs que sont, par exemple, le prix du pétrole et les taux de change monétaires, a déclaré la représentante.  Elle a observé que la Cinquième Commission a échoué à adopter une résolution sur les questions transversales ces deux dernières années.  « Cette année, nous espérons adopter une résolution efficace sur les questions politiques grâce à une meilleure coopération entre États Membres. »

M. BRIAN CONROY (États-Unis) a estimé que les rapports examinés aujourd’hui sont une occasion offerte à la Commission pour qu’elle fournisse des directives stratégiques destinées à l’amélioration de la gestion et de l’efficacité des actions des OMP.  M. Conroy a appelé les États Membres à renforcer encore plus les capacités des OMP afin de leur permettre d’améliorer la manière dont elles mettent en œuvre leurs mandats.  Il a souligné l’importance de la Stratégie globale d’appui aux missions, qu’il a qualifiée de « contribution importante apportée aux quatre piliers que sont le cadre financier et les ressources stratégiques; la gestion des ressources humaines; les services partagés; et la gestion de la chaine d’approvisionnement ».  Il a reconnu les progrès déjà observés en matière d’intégration des services, de renforcement de la redevabilité, de sécurité et d’amélioration de la qualité de vie du personnel des OMP et de réduction de l’impact de ces opérations sur l’environnement.

Tout en notant la réduction du nombre d’accusations concernant des cas d’abus sexuel, le représentant des États-Unis a rappelé que tous les cas n’avaient pas toujours pu être documentés.  Il a dit qu’il est nécessaire de prendre des mesures spéciales de protection des populations et de prévention des actes d’abus et d’exploitation sexuelle par les soldats et personnels des missions et a exhorté toutes les parties à faire davantage d’efforts à cet égard.  M. Conroy a dit que les États-Unis soutiennent les vues du CCQAB s’agissant du rapport portant sur les questions transversales.   Il a notamment indiqué que sa délégation apportait son appui au point de vue selon lequel ce genre de rapport doit fournir des recommandations stratégiques pour les OMP, notamment en matière d’utilisation plus efficace et efficiente des ressources.  Le représentant des États-Unis a salué les efforts et accomplissements du Secrétaire général en ce qui concerne l’amélioration des pratiques de gestion des OMP. 

M. SANCHEZ AZCUY (Cuba) a rappelé que son pays avait toujours honoré ses obligations financières à l’égard des Nations Unies et en particulier des opérations de maintien de la paix de l’ONU (OMP).  Le représentant a estimé que le Bureau des services de contrôle interne (BSCI) était allé au-delà de son mandat en rédigeant son rapport, publié sous la cote A/69/167.  Cuba estime que le BSCI devrait plutôt se consacrer à des efforts visant à améliorer les taux de vacance de postes qui subsistent.  Les ressources seraient mieux utilisées si elles étaient destinées à clore les dossiers en attente, a dit le représentant.  En outre, le texte du rapport contient des jugements de valeur qui prêtent à polémiques, a-t-il déploré.   Il a dit que la Cinquième Commission ne pouvait être mêlée à ce genre d’activisme et d’analyse à caractère politique, alors qu’il existe un Comité spécial sur les OMP et une Commission chargée des questions spéciales et de la décolonisation (Quatrième Commission).  Nous partageons certains avis du Département des opérations de maintien de la paix et du Département de l’appui aux missions qui apparaissent en annexe dudit rapport, a ensuite précisé le représentant.

Le représentant de Cuba a en outre regretté que dans ses écrits le BSCI suive une approche qui est proche du concept non consensuel de la « responsabilité de protéger », alors que l’Assemblée générale ne s’est pas prononcée sur un tel principe.  La responsabilité de protéger la société civile incombe en premier chef aux autorités nationales de chaque État et ne saurait être perçue comme faisant partie du champ du maintien de la paix, a rappelé le représentant avant de demander de ne pas oublier le principe de neutralité qui, aux termes de la Charte, doit régir les OMP des Nations Unies.  Le recours à la force, sauf en cas de légitime défense, n’est pas permis à une opération de maintien de la paix des Nations Unies, a rappelé le représentant.

FINANCEMENT DES OPÉRATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX

Le responsable de la Division du financement des opérations de maintien de la paix au Département de la gestion, M. PEDRO GUAZO, ainsi que le Président du Comité consultatif sur les questions administratives et budgétaires (CCQAB), ont présenté les rapports ayant trait aux quatre missions suivantes: Force intérimaire de sécurité des Nations Unies pour Abyei; Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire; Force des Nations Unies chargée du maintien de la paix à Chypre; et Bureau d’appui de l’ONU pour la Mission de l’Union africaine en Somalie.

Financement de la Force intérimaire de sécurité des Nations Unies pour Abyei (FISNUA) A/69/611, Corr.1, A/69/740, A/69/839/Add.16

Rapport du CCQAB sur le financement de la FISNUA (A/69/839/Add.16)

Sur le budget de 279 920 400 dollars proposé par le Secrétaire général pour 2015/2016, le CCQAB recommande d’approuver le montant de 278 374 300 dollars, soit une réduction de 1 546 100 dollars due notamment à la suppression de deux postes de travail et à des économies au titre de l’informatique et des voyages recommandées par le CCQAB.

Parmi ses recommandations, le Comité demande à nouveau que la FISNUA s’emploie plus activement à regrouper les réunions qui doivent se tenir au même endroit et à réduire autant que possible le nombre de personnes autorisées à voyager pour y assister.  Le CCQAB réaffirme que l’augmentation de la diversité des moyens de communication devrait entraîner des réductions de dépenses.

Déclaration

M. AMAN HASSEN (Éthiopie) a salué le rôle que joue la Force intérimaire de sécurité des Nations Unies pour Abyei (FISNUA) depuis 2011 pour faciliter le retour des habitants dans un cadre leur garantissant la sécurité, assurer la protection des civils et garantir le mécanisme de surveillance des frontières.  Notant que le niveau de dépenses prévu est de 255,4 millions de dollars pour l’exercice allant du 1er juillet 2014 au 30 juin 2015, soit un taux d’utilisation de 77,6% des ressources mises à la disposition de la mission, M. Hassen a demandé une amélioration des procédures d’utilisation des ressources octroyées à la FISNUA au cours des prochaines années.  Il a noté que le projet de budget proposé par le Secrétaire général se monte à 279 920 400 pour l’exercice 2015/2016 soit une réduction de 39 millions (12%) par rapport à l’année 2014/2015.  Il a estimé que cette proposition budgétaire ne tenait probablement pas compte de toutes les difficultés que rencontre la Mission.  Il s’est particulièrement inquiété de la diminution proposée -d’un montant de 21 867 800 dollars- du montant des ressources qui auraient dues être dévolues à la mise en place d’installations et d’infrastructures en estimant qu’une telle réduction mettrait en danger le personnel de la FISNUA.  Il a appelé la Cinquième Commission à reconsidérer cette proposition de réduction budgétaire et de tenir compte de la réalité objective de la région.   

Financement de l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI) A/69/621, A/69/743, Corr.1, A/69/839/Add.13

Rapport du CCQAB sur le financement de l’ONUCI (A/69/839/Add.13)

Sur le budget de 418 241 800 dollars proposé par le Secrétaire général pour l’ONUCI pour l’exercice 2015/2016, le CCQAB recommande d’approuver le montant de 412 757 200 dollars, soit une réduction de 5 484 600 dollars due notamment à l’absence de création d’un poste de conseiller du personnel, à la suppression de deux postes vacants depuis plus de 32 mois, et à la réduction de 5% des dépenses liées aux voyages.

Financement de la Force des Nations Unies chargée du maintien de la paix à Chypre (UNFICYP) A/69/587, A/69/741, A/69/839/Add.7, Corr.1

Rapport du CCQAB sur le financement de l’UNFICYP A/69/839/Add.7, Corr.1

Sur le budget de 54 374 700 dollars proposé par le Secrétaire général pour 2015/2016, le CCQAB recommande d’approuver le montant de 54 218 100 dollars, soit une réduction de 156 600 dollars liée en partie à des réductions des frais de voyage et de carburant.

Le Comité consultatif félicite la Force des efforts qu’elle fait pour réaliser des gains d’efficience.  Il considère par ailleurs que les groupes électrogènes qui ont dépassé leur durée de vie utile devraient être progressivement retirés du service.  Chaque fois que possible, il recommande de relier les installations de la Force au réseau national de distribution d’électricité et, lorsque ce n’est pas possible, de remplacer les groupes électrogènes des installations concernées par des groupes plus économes en fioul, comme l’ont fait d’autres missions, dont la FINUL.

Financement du Bureau d’appui de l’ONU pour la Mission de l’Union africaine en Somalie (UNSOA) A/69/592, A/69/728, A/69/839/Add.14-

Rapport du CCQAB sur le financement de l’UNSOA (A/69/839/Add.14)

Sur le budget de 525 377 500 dollars proposé par le Secrétaire général pour 2015/2016, le CCQAB recommande d’approuver le montant de 517 341 400 dollars, soit une réduction de 8 036 300 dollars du fait, par exemple, de sa recommandation de ne pas créer un poste de spécialiste des ressources humaines.  Le Comité fait également des recommandations concernant les voyages: certains voyages devraient être combinés ou regroupés dans un souci d’efficacité.  En outre, il recommande de réduire de 5% le montant des ressources proposées au titre des services de construction pour l’exercice 2015/16.

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