Soixante-neuvième session,
86e, 87e & 88e séances plénières - matin & après-midi
AG/11641

L’Assemblée rend hommage aux victimes de la guerre de 40-45 et renforce les liens entre l’ONU et les organisations régionales, « idéalement placées » pour comprendre leur région

À l’occasion du soixante-dixième anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’Assemblée générale a tenu aujourd’hui « une séance extraordinaire solennelle » en hommage à toutes les victimes de cette Guerre.  Elle a aussi adopté une Déclaration politique sur le renforcement de la coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales et sous-régionales, « idéalement placées » pour comprendre les problèmes de leur région. 

Le soixante-dixième anniversaire de la fin de la guerre de 40-45, qui a infligé « une peine indicible » à l’humanité, est d’une importance particulière pour les Nations Unies dont les fondations s’enfoncent dans les cendres de ce conflit féroce, a déclaré le Président de l’Assemblée générale, M. Sam Kutesa.  Les Nations Unies ont été créées pour assurer unité et harmonie entre nations et pour sauver les générations futures du fléau de la guerre.  Durant les dernières sept décennies, la guerre a non seulement façonné la mission de l’Organisation mais ses enseignements continuent de guider le travail de l’ONU à travers le monde.

Même si les dernières décennies ont révélé que ce système n’est pas idéal, il a quand même sauvé le monde d’une nouvelle catastrophe mondiale, a estimé le représentant de la Fédération de Russie, en prévenant que ceux qui tentent aujourd’hui de justifier ou de glorifier les collaborateurs nazis ne peuvent rien contre « le verdict incontestable de l’histoire ».  N’oublions jamais les heures les plus sombres de l’histoire européenne, « qui virent le totalitarisme, le despotisme, la haine, l’intolérance, le racisme et l’antisémitisme conduire à une déflagration mondiale qui apporta un chagrin indicible à l’humanité pour la seconde fois en une génération, a acquiescé le représentant de l’Union européenne.

Il a rappelé que l’Europe a dû attendre novembre 1990 et la « Charte de Paris pour une nouvelle Europe » pour se proclamer de nouveau libre et unie.  Qui aurait cru que l’Europe, le champ de bataille du XXe siècle, surmonterait ses divisions et se transformerait en une communauté prospère et pacifique, promoteur de la paix et de la sécurité internationales? a demandé le représentant de l’Allemagne.  Qui aurait cru que 20 ans seulement après l’Holocauste, Israël tendrait la main à l’Allemagne, le pays des bourreaux, pour établir des relations diplomatiques?   

Mais aujourd’hui, a alerté le représentant israélien, la liberté est une nouvelle fois attaquée.  Les islamistes radicaux marchant dans tout le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord sont tout aussi déterminés et dangereux que les forces nazies qui ont marché sur toute l’Europe.  Le mal se porte bien et pas seulement au Moyen-Orient mais au cœur de l’Europe civilisée: des foules en colère chantent « gazez les Juifs », des bombes sont lancées contre des synagogues, des jeunes gens ont peur de marcher dans la rue avec une kipa et une épicerie kasher est attaquée. 

Ceux qui étaient considérés comme des alliés hier, a renchéri son homologue de l’Ukraine, apportent aujourd’hui le chaos et la mort, arment et financent les bandits qui cultivent la terreur dans des régions qui étaient encore en paix il y a un an.  Le représentant ukrainien a appelé le monde à ne pas fermer les yeux devant la tentative de certains leaders de créer et de maintenir de nouveaux foyers d’instabilité et de nous plonger dans les abysses d’une nouvelle guerre mondiale qui pourrait d’ailleurs être la dernière.  Il est particulièrement décevant, a ajouté le représentant de la Géorgie, qu’un membre fondateur de l’ONU et membre permanent du Conseil de sécurité, censé être un gardien de la paix, soit en violation du droit international et continue de saper les fondements même de la Charte des Nations Unies en annexant les territoires de ses voisins, dont 20% de la Géorgie.

L’échec de la Société des Nations, ancêtre de l’ONU, fournit quatre enseignements, a indiqué le représentant de la France, et tout d’abord qu’un traitement uniquement sécuritaire des conflits n’est pas suffisant.  Ensuite, la capacité d’action de la communauté internationale est liée à la légitimité de ses institutions, d’où la nécessaire réforme du Conseil de sécurité pour renforcer sa crédibilité.  Enfin, la lutte contre l’impunité des crimes les plus graves doit rester au cœur de l’action pour rendre la paix durable.  Cette exigence de justice vaut évidemment pour la Syrie, où les responsables de crimes de masse devront être poursuivis devant la Cour pénale internationale (CPI).

Pour couronner le débat de haut niveau qu’il a tenu hier sur la coopération entre l’ONU et les organisations régionales et sous-régionales, en présence du Président de l’Ouganda, M. Yoweri Museveni, l’Assemblée a adopté aujourd’hui une « Déclaration politique » par laquelle les États se disent conscients que ces organisations, grâce à leur proximité géographique, culturelle et historique, sont « idéalement placées » pour comprendre les problèmes de leur région, les dynamiques et les informations.  Les États estiment qu’il est d’une « importance stratégique » de renforcer les partenariats afin de promouvoir les avantages comparatifs des unes et des autres et leur complémentarité.

Ils encouragent la mobilisation de l’appui international afin de renforcer la capacité des organisations régionales et sous-régionales et insistent sur la nécessité de rendre plus prévisible, durable et souple le financement de celles qui entreprennent des activités de maintien de la paix au titre d’un mandat du Conseil de sécurité.  Ils encouragent l’ONU à soutenir l’action visant à lutter contre le terrorisme et contre l’extrémisme violent et encouragent la tenue régulière de consultations sur la manière de renforcer davantage la coopération, les échanges de vues, d’informations et de données d’expérience et d’améliorer la coopération, la coordination, la cohérence et la complémentarité.  Le Président de l’Assemblée générale s’est félicité de l’appui unanime à une Déclaration politique qui couvre une des questions prioritaires de cette session.

La prochaine réunion de l’Assemblée générale sera annoncée dans le Journal des Nations Unies.

SOIXANTE-DIXIÈME ANNIVERSAIRE DE LA FIN DE LA DEUXIÈME GUERRE MONDIALE: SÉANCE PLÉNIÈRE EXTRAORDINAIRE SOLENNELLE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE EN HOMMAGE À TOUTES LES VICTIMES DE LA DEUXIÈME GUERRE MONDIALE

Déclarations

M. SAM KAHAMBA KUTESA, Président de la soixante-neuvième session de l’Assemblée générale, a marqué le soixante-dixième anniversaire de la fin d’un conflit qui a infligé « une peine indicible » à l’humanité.  Cet anniversaire est d’une importance particulière pour les Nations Unies dont les fondations s’enfoncent dans les cendres de cette guerre féroce qui avait fauché des millions de vies.

Nous honorons aujourd’hui les innombrables victimes et cette session extraordinaire nous offre l’occasion de rappeler la ferme détermination de l’Assemblée générale de tout faire pour prévenir et atténuer les souffrances humaines pendant les conflits.  N’oublions jamais la responsabilité de la communauté internationale de se lever contre les tyrans, les despotes et tous ceux qui essayent d’étouffer l’esprit humain.

Ayant survécu à cette catastrophe, l’humanité a cherché de nouveaux moyens de prévenir de tels événements tragiques: les Nations Unies ont été créées pour assurer unité et harmonie entre nations.  Les Nations Unies ont été créées pour sauver les générations futures du fléau de la guerre et durant les dernières sept décennies, la guerre a non seulement façonné la mission de l’Organisation mais aussi ses enseignements continuent de guider le travail de l’ONU à travers le monde.

Aujourd’hui, nous sommes solidaires des principes directeurs sur lesquels cette Organisation a été fondée, y compris la non-agression, le règlement pacifique des différends et la nécessité de protéger les droits de l’homme.

Alors que la Seconde Guerre mondiale a provoqué misère et souffrances indicibles, elle a aussi été un moment où on a pu voir des actes de bravoure extraordinaire.  Grâce aux efforts collectifs et héroïques des hommes et des femmes, la victoire a prévalu sur la tyrannie et le mal.

Aujourd’hui, nous nous remémorons et honorons ceux qui ont perdu la vie dans ce fléau cruel de la Seconde Guerre mondiale et nous rendons hommage à ceux qu’on ne devrait jamais oublier.

M. VITALY CHURKIN (Fédération de Russie) a rendu hommage aux vétérans de la Seconde Guerre mondiale présents à la cérémonie d’aujourd’hui, en précisant que son pays en compte actuellement environ 200 000 qui, avec leurs camarades, ont écrasé les trois quarts des forces nazies sur le Front Est de la guerre, aux batailles de Moscou, de Stalingrad et de Koursk, décisives pour la victoire.  Le représentant a rappelé que l’Armée rouge a libéré l’URSS le 1er novembre 1944 mais elle a dû continuer à se battre pour libérer d’autres pays, sacrifiant de nombreuses vies.  Les corps de quelque 600 000 soldats russes reposent en Pologne, 140 000 en République tchèque et en Slovaquie, d’autres encore en Hongrie, en Roumanie et en Autriche.  La victoire n’aurait pas été possible sans l’héroïsme de ces soldats, a-t-il souligné en rendant hommage à leur courage et à leur sacrifice.

Nous commémorons aujourd’hui, a-t-il dit, la valeur des soldats de la coalition anti-hitlérienne, la fraternité d’armes et la coopération sans précédent des alliés.  Rappelant que la guerre ne s’est pas cantonnée à l’Europe, comme l’illustrent les pertes énormes en Chine et ailleurs, il s’est attardé sur les batailles qui se sont déroulées sur le continent africain.  Les hostilités ont touché 40 pays, a-t-il insisté.

M. Churkin a dénoncé l’ambition mondiale des Nazis et les moyens mis en place pour mettre en pratique leur théorie de suprématie raciale, déclarant publiquement leur objectif d’exterminer des groupes ethniques entiers comme les Roms, les Juifs et les Slaves.  Le représentant n’a pas manqué de rappeler que ce sont les soldats soviétiques qui ont libéré le camp d’Auschwitz. 

Il est évident que l’importance historique de la victoire sur le fascisme ne saurait tolérer d’agitation politique opportuniste, a souligné le représentant.  C’est l’opposition claire entre les forces du bien et celles du mal, entre la coalition anti-Hitlérienne et les puissances de l’Axe qui est à la base de la Charte des Nations Unies et des procès de Nuremberg, a-t-il souligné.

Ceux qui tentent aujourd’hui de justifier ou de glorifier les collaborateurs nazis ne peuvent rien contre « le verdict incontestable de l’histoire », a déclaré le représentant.  Il a rappelé, à cet égard, la dizaine de résolutions de l’Assemblée générale qui a condamné de telles postures.  Insistant sur le lien direct entre la fin de la Seconde Guerre mondiale et la création des Nations Unies, le représentant a conclu: même si les décennies passées ont révélé que ce système n’est pas idéal, il a quand même sauvé le monde d’une nouvelle catastrophe mondiale.  « Notre devoir est de préserver ces acquis. »

M. THOMAS MAYR-HARTING, Union européenne, a voulu que l’on n’oublie jamais les heures les plus sombres de l’histoire européenne, « qui virent le totalitarisme, le despotisme, la haine, l’intolérance, le racisme et l’antisémitisme conduire à une déflagration mondiale qui apporta un chagrin indicible à l’humanité pour la seconde fois en une génération ».  Il a rappelé que l’Europe a dû attendre novembre 1990 et la « Charte de Paris pour une nouvelle Europe » pour se proclamer de nouveau libre et unie.  « Certes, depuis 1990, la nouvelle Europe de la démocratie, de la paix et de l’unité a essuyé des revers très douloureux mais l’Union européenne comprend aujourd’hui 28 membres déterminés à promouvoir ces objectifs. »  Le délégué a également rappelé qu’aucune frontière internationalement reconnue ne saurait être modifiée par la force.  « La commémoration d’aujourd’hui doit nous inciter à redoubler d’efforts en vue du règlement pacifique des différends », a conclu M. Mayr-Harting.

M. MAHMADAMIN MAHMADAMINOV (Tadjikistan), au nom de l’Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC), a rendu hommage à la mémoire des dizaines de millions de ses compatriotes morts aux fronts et des travailleurs et héros qui ont contribué à une victoire également rendue possible par la participation de nombreux autres peuples.  Le sacrifice de nos compatriotes a fait de cette victoire une affaire collective. 

Les membres de l’OTSC condamnent toute tentative de réécrire l’histoire de la Seconde Guerre mondiale notamment celle de glorifier le nazisme et le nationalisme excessif.  Nous condamnons aussi toute tentative d’ériger en héros nationaux ceux qui ont combattu avec Hitler.  Tous les pays doivent lutter contre le retour du chauvinisme, du nationalisme et de toute idéologie révisionniste en particulier chez les jeunes générations. 

Convaincu que le règlement pacifique des différends est le seul moyen de préserver les générations futures du fléau de la guerre, le représentant a également rappelé que le processus de Nuremberg a jeté les bases du droit international notamment dans la prévention des atrocités et des abus des droits de l’homme.  Il faut préserver cet héritage, a-t-il appelé. 

M. MARGUS KOLGA (Estonie), au nom de la Lettonie et de la Lituanie, a affirmé que l’engagement de la communauté internationale à ne pas utiliser la force contre l’intégrité territoriale et la souveraineté d’un État doit sortir renforcé de la commémoration d’aujourd’hui.  « Nous devons également redoubler d’efforts pour régler les différends de manière pacifique.  Le délégué a rappelé que pour de nombreux pays européens la fin de la Seconde Guerre mondiale n’avait pas apporté la liberté mais davantage d’oppression, d’injustice et de crimes contre l’humanité.  « Les États baltes ne figurèrent pas parmi les fondateurs des Nations Unies parce qu’ils furent occupés d’abord par les soviétiques, puis par les nazis puis, de nouveau, par les troupes soviétiques. »  Au temps de la création de l’ONU, les pays baltes avaient été illégalement annexés par l’Union soviétique avant de se libérer des décennies plus tard.  « Ceci est notre histoire, elle ne peut être niée, édulcorée au point d’en perdre sa pertinence, et elle ne peut être faire l’objet d’une réécriture de l’histoire, comme certains essayent de le faire. »  M. Kolga a déclaré que ses pensées vont à toutes les victimes des régimes d’occupation nazi et soviétique.

Mme HENRYA MOŚCICKA-DENDYS, Sous-Secrétaire d’État aux affaires étrangères de la Pologne, a affirmé que son pays avait subi le pire de la « folie idéologique » d’Hitler et de Staline.  Le génocide, les assassinats politiquement motivés, le nettoyage ethnique et la destruction physique firent partie intégrante de la vie dans la Pologne occupée.  « C’est la région où le nazisme et le communisme soviétique sont devenus alliés avant de s’affronter et de montrer leur pire visage. »  Quelque 6 millions de Polonais, y compris 3 millions de Juifs, ont péri pendant la guerre.  « Un Polonais sur cinq a perdu la vie. »  Les soldats polonais qui ont combattu sur tous les fronts n’ont jamais pu goûter à la liberté.  En effet, « la Pologne est restée sous le joug soviétique jusqu’en 1989 ».  La moitié de l’Europe s’est libérée en réduisant pendant 50 ans l’autre moitié en esclavage, a dit la représentante en paraphrasant la journaliste Anne Applebaum.  En 2014, un autre conflit tragique a éclaté à nos portes sans que les Nations Unies ne puissent y apporter une réponse appropriée.  La déléguée a souligné la nécessité d’agir en conformité avec les principes de la Charte des Nations Unies.  « Nous le devons à tous ceux qui ont perdu la vie pour la paix et un avenir meilleur. »

Mme CARMEN BURLACU (Roumanie) a rappelé la contribution de son pays à la lutte contre les nazis.  Les idéaux et l’esprit qui ont inspiré la création des Nations Unies sont encore loin d’être traduits dans la réalité, a-t-elle dit, estimant que la résurgence de conflits dans de nombreuses parties du monde, en particulier au cours des dernières années au Moyen-Orient, et la montée en puissance des acteurs non étatiques guidés par des idéologies extrémistes mettent une pression importante sur le système de sécurité internationale.

Si l’on ne s’attaque pas aux racines des conflits, notamment ses aspects économiques, sociaux et politiques, on ne sera pas en mesure d’atteindre une paix durable, a-t-elle dit, soulignant la nécessité d’intégrer toute intervention dans des actions à long terme et citant l’ancien diplomate roumain Nicolae Titulescu, qui fut président à deux reprises de la Ligue des nations.  La Roumanie, a-t-elle affirmé, continue de plaider pour une vision de paix durable qui repose sur un sens partagé de la sécurité, en assurant la stabilité et en renforçant la confiance et la compréhension mutuelles entre les nations.

Mme SAMANTHA POWER (États-Unis) a commencé son intervention en rappelant la libération du camp de Mauthausen par les troupes américaines qui rassemblait des Juifs, des Roms, des républicains espagnols, des communistes et des membres de la brigade internationale de Tchécoslovaquie et d’autres pays.  Elle a rappelé les horreurs des chambres à gaz et cité le journal d’une fillette, Tatiana, qui a noté, jour après jour, la date de la mort de ses proches.  Pour chaque habitant de Dresde, il y avait 42,8 mètres cubes de ruines, a-t-elle aussi rappelé.

Nous devons nous souvenir de ces morts, a demandé la représentante américaine avant de rappeler que cette guerre avait pour but de redonner leur dignité aux êtres humains.  Elle a souligné que l’idée des droits égaux et inaliénables de tous les membres de la famille humaine est un des éléments de base de notre ordre mondial.  Le système de justice internationale nous aide, aujourd’hui, à demander des comptes aux dictateurs.  Mais nous devons nous demander si nous en faisons assez pour défendre les principes pour lesquels ils se sont battus, a dit Mme Power.  Elle a ainsi appelé à veiller à ce que ceux qui utilisent la violence, comme en Syrie, le sachent. 

M. LIU JIEYI (Chine) s’est félicité qu’au final, les alliés dont la Chine aient vaincu le fascisme.  Le Gouvernement chinois organisera d’ailleurs des activités de grande ampleur pour commémorer cette victoire et aussi la victoire de la Chine sur le Japon.  La guerre de la Chine contre le Japon a duré plus longtemps que la Seconde Guerre mondiale.  Le peuple chinois a fait des sacrifices immenses, perdant 35 millions de personnes, sans compter des pertes économiques de 100 milliards de dollars.  Mais la guerre de résistance de la Chine a permis d’aider les autres pays sur d’autres fronts et la Chine n’oubliera jamais l’appui de ses amis contre le Japon et les martyrs de nationalités différentes qui ont perdu la vie sur le champ de bataille en Chine.  La victoire a certes constitué un lourd tribut mais le passé doit être une source d’enseignements.  Le représentant a mis en garde contre toute tentative d’oublier l’histoire, de la modifier ou de la réécrire.  Les victimes ne l’accepteront jamais car il faut se souvenir de la guerre et de ses victimes pour se souvenir du caractère sacré de la paix.  Depuis 70 ans, le monde a beaucoup changé et une ère où tous les peuples du monde veulent connaître le développement, la paix et la sécurité.  La Chine est prête à travailler avec tous ses amis, dans le respect mutuel en faveur de la coopération et de la paix.

M. ANDREI DAPKIUNAS (Bélarus) a rappelé les évènements de 1945, tant sur le front qu’à San Francisco.  Il a regretté la guerre froide et le rideau de fer qui ont non seulement divisé en deux le continent européen mais aussi fait prévaloir la logique de l’affrontement comme règle de politique internationale.  Nous nous étions habitués à l’idée que le jeu des antagonismes était le seul moyen possible de coexistence, a-t-il remarqué, regrettant aujourd’hui les doutes de certains sur les acquis de la victoire après la Seconde Guerre mondiale.

Pourquoi faut-il commémorer le souvenir de la guerre?  Par devoir moral envers les victimes.  Aujourd’hui, a-t-il mis en garde, la tolérance et l’écoute sont toujours considérées comme des signes de faiblesse, tandis, qu’on admire le recours à la force.  Nous ne pouvons pas vraiment dire que nous avons tiré les leçons de la Seconde Guerre mondiale, a-t-il estimé, avant d’attirer l’attention sur une exposition sur les victimes de la guerre, organisée au Siège de l’ONU, pour appeler les États à faire renaître le véritable esprit des Nations Unies, « l’esprit de l’Elbe ».

M. MATTHEW RYCROFT (Royaume-Uni) a demandé que l’on n’oublie jamais les services et le sacrifice des femmes et des hommes qui ont défait le fascisme.  Nous n’oublierons jamais non plus la bravoure de nos alliés, y compris les 8 millions de citoyens du Commonwealth qui ont combattu.  Des cendres de ce conflit s’est érigé une Organisation dédiée à la promotion du meilleur de l’humanité, engagée à défendre les droits humains fondamentaux, la dignité et l’égalité entre les femmes et les hommes, et à préserver la paix et la sécurité internationales.

Winston Churcill a dit que l’homme d’État qui recourt au conflit n’est plus maître de sa politique mais esclave d’évènements imprévisibles et incontrôlables.  Nous avons vu de tels événements inimaginables dans la brutalité de Bachar Al Assad et l’émergence de groupes comme l’État islamique en Iraq et au Levant.  Il est triste que les attaques aériennes de ce régime contre son peuple aient duré plus longtemps que le blitz de Londres.  Au milieu des nouvelles menaces, des défis à l’intégrité territoriale et à la souveraineté des États continuent comme il y a 70 ans.  Nous devons aussi reconnaître qu’aux frontières de l’Europe, un flagrant mépris de la souveraineté persiste dont un qui a amené la violence et l’instabilité dans une grande partie de l’Europe.  Il est important d’être à la hauteur des valeurs de la Charte des Nations Unies.  Au moment où nous commémorons la mémoire de ceux qui ont perdu leur vie pendant la Seconde Guerre mondiale, nous devrions nous fonder sur la force, la détermination et l’unité d’objectifs pour apporter la liberté en Europe.  Ce faisant, nous nous assurerons que les Nations Unies restent le juste héritage des sacrifices.

M. KAIRAT ABDRAKHMANOV (Kazakhstan) a donné l’exemple des membres de sa famille qui se sont battus et ont quitté le Kazakhstan après la guerre.  À la fin de la guerre, a-t-il rappelé, plus de 60 millions de personnes de la société multiethnique de l’Union soviétique ont été tuées, dont 7 millions de Kazakhs.  La guerre a également coûté cher en termes d’efforts: pour chaque combattant au front, 5 à 8 personnes ont travaillé en héros inconnus.  Il a donc invité à rendre hommage à tous ces combattants et héros, en s’engageant sur la voie de la paix.  Nous ne devons pas permettre qu’éclatent de nouveaux conflits dans le monde, ni que reprenne la guerre froide, a-t-il exigé. 

Nous devons notre liberté, a déclaré M. RON PROSOR (Israël), au courage et à la détermination des armées alliées, les États-Unis, la Grande Bretagne, l’Union soviétique, le Canada, la France et d’autres, qui ont combattu pour restaurer la liberté en Europe.  Les pertes étaient immenses, les Russes ont perdu 20 millions de citoyens.  Pour Israël et le peuple juif, la Seconde Guerre mondiale est synonyme d’Holocauste.  Des familles ont été déchirées, des communautés vibrantes détruites et un Juif sur trois, y compris un million d’enfants, tués.

Nous sommes hantés par la dévastation.  Les numéros tatoués sur les bras de nos parents et grands-parents sont un souvenir ineffaçable des horreurs qu’ils ont subies, à une époque où l’homme était un nombre plus qu’un père, un frère ou un fils.  Aujourd’hui, la main du temps menace d’assombrir la mémoire collective.  Chaque année, le nombre des survivants, des vétérans et des témoins diminue et il nous revient de veiller à ce que les leçons de l’histoire soient léguées aux futures générations. 

La liberté est une nouvelle fois attaquée.  Les islamistes radicaux marchant dans tout le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord sont tout aussi déterminés et dangereux que les forces nazies qui ont marché sur toute l’Europe.  Il y a 75 ans, des femmes, des hommes et des enfants ont été tués à cause de leur foi, de leur origine, de leur apparence et de leur amour.  Les mêmes crimes sont commis aujourd’hui au Moyen-Orient: des militants et des opposants sont réduits au silence, des homosexuels sont pendus et des chrétiens sont décapités. 

Le mal se porte bien et pas seulement au Moyen-Orient mais au cœur de l’Europe civilisée: des foules en colère chantent « gazez les Juifs », des bombes sont lancées contre des synagogues, des jeunes gens ont peur de marcher dans la rue avec une kipa et une épicerie kasher est attaquée.  L’histoire nous a appris que les vies juives ne peuvent être confiées à un autre peuple ou une autre nation.  Nous devons toujours être capables de nous défendre nous-mêmes.  L’État d’Israël est la concrétisation de cette promesse.  Jamais les Juifs ne seront plus déplacés comme du bétail vers leur mort.  Jamais le monde ne devra penser que les Juifs peuvent être pris pour cibles en toute impunité, a prévenu le représentant.   

M. TIGRAN SAMVELIAN (Arménie) a rappelé que les Arméniens figurent parmi les peuples qui ont connu le plus de pertes au cours de la Seconde Guerre mondiale; 500 000 ayant participé à la guerre dont près de la moitié ont payé le prix de leur vie.  Beaucoup de soldats arméniens ont atteint un rang élevé dans l’Armée rouge, a-t-il rappelé, en précisant que les soldats arméniens constituaient alors le quatrième groupe ethnique le plus représenté dans les forces soviétiques.  Les citoyens arméniens ont aussi été actifs dans la résistance, a-t-il ajouté, avant de parler également de la contribution des membres de la diaspora à l’effort de guerre d’autres pays comme les États-Unis ou la France.  Il est essentiel de préserver et de respecter la mémoire des victimes, a conclu le représentant en citant à ce propos le préambule de la Charte des Nations Unies.  Nous devons tous résister à la guerre, au génocide et autres crimes contre l’humanité.  Il a demandé aux États de se réengager, de tirer les leçons de l’histoire et d’adhérer au principe de règlement pacifique des conflits.

Les armes se sont tues en mai 1945, laissant un monde en ruines, a déclaré M. HARALD BRAUN (Allemagne).  L’Europe était dévastée, piégée entre la défaite et le recommencement, la victoire et les déplacements, la joie et le désespoir, l’indépendance et la captivité, la reconstruction et l’infinie lassitude.  Une guerre lancée par l’Allemagne nazie a apporté une souffrance indicible à ses voisins, et en conséquence, à ses propres citoyens.  « Le nom de mon pays restera à jamais lié à cette tragédie humaine. »  Aujourd’hui, nous nous inclinons « humblement » pour rendre hommage aux millions de victimes de la Seconde Guerre mondiale.  L’Allemagne a reconnu sa responsabilité pour ces crimes, une responsabilité qu’elle assumera toujours.

« La mémoire n’a pas de date d’expiration », a déclaré Noach Flug survivant d’Auschwitz.  Cette pensée devrait nous guider en Allemagne et ailleurs.  Il est de notre responsabilité de garder la mémoire vivante alors que le nombre des survivants et des témoins diminue.  Nous remercions les pays réunis aujourd’hui qui ont libéré l’Allemagne du régime national-socialiste inhumain.  Lorsque le défunt Président Richard von Weizsacker a parlé de cette « libération », il y a 30 ans, il a ouvert un nouveau chapitre pour les Allemands, les réconciliant avec leur passé: ce n’est pas en supprimant un souvenir honteux mais bien en embrassant vraiment notre histoire que nous nous construirons une nouvelle identité. 

L’année 1945 a marqué un nouveau départ.  Qui aurait cru en mai 1945 que la France, la première ennemie de l’Allemagne pendant des décennies, deviendrait l’alliée et l’amie la plus proche aujourd’hui?  Qui aurait cru que l’Europe, le champ de bataille au XXe siècle, surmonterait ses divisions et se transformerait en une communauté prospère et pacifique, promoteur de la paix et de la sécurité internationales?  Qui aurait cru que 20 ans seulement après l’Holocauste, Israël tendrait la main à l’Allemagne, le pays des bourreaux, pour établir des relations diplomatiques?  Cette année, nous célébrons le cinquantième anniversaire de ces relations diplomatiques. 

Qui aurait cru qu’en 1973, les deux Allemagnes seraient autorisées à adhérer aux Nations Unies, pour embrasser, protéger et promouvoir les principes essentiels de la Charte, des valeurs et des principes que l’Allemagne nazie avait violés allègrement.  Et qui aurait cru que la réunification de l’Allemagne en 1990 serait appuyée par ses anciens ennemis?  Nous sommes humbles et pleins de reconnaissance devant le pardon que vous nous avez accordé.  Mais la reconnaissance ne suffit pas.  La réconciliation implique des responsabilités, celle de renforcer et de défendre l’ordre international afin de maintenir la paix et la sécurité internationales, et celle d’aider à surmonter les conflits et les divisions par des moyens pacifiques. 

Lorsque nous disons avec d’autres « plus jamais ça » aujourd’hui, cela signifie « plus jamais agir dans l’isolement ».  Notre « plus jamais ça » impliquera toujours un engagement ferme aux Nations Unies qui ont été créées sur les cendres de la Seconde Guerre mondiale. 

M. YURIY SERGEYEV (Ukraine), s’exprimant en français puis en anglais, a fait part de son immense respect et de sa profonde reconnaissance envers tous ceux qui se sont sacrifiés lors de la Seconde Guerre mondiale.  Il a honoré la mémoire des libérateurs en assurant que le peuple ukrainien ne cesserait jamais de se souvenir des leçons de la tragédie passée.  L’Ukraine a payé un lourd tribut pour l’abolition de la dictature fasciste en Europe, a-t-il souligné, indiquant que 7 millions d’Ukrainiens ont pris part aux combats dont 29 ont reçu le titre de Héros de l’Union soviétique.  D’après l’évaluation des historiens de guerre, l’Ukraine a perdu 8 millions de personnes.  Il a aussi indiqué que plus de 2 millions d’Ukrainiens ont été envoyés dans les camps de travaux forcés en Allemagne. 

Le représentant ukrainien a cependant regretté que l’on n’ait pas tiré les leçons du passé.  Il a dénoncé le vide spirituel, la perte de la foi dans la valeur absolue de la vie humaine et les ambitions de dirigeants autoritaires qui forment la base d’un extrémisme politique exportant de nouvelles formes de conflits artificiels, d’intolérance ethnique et de radicalisme.  Il a regretté que ceux qui ont combattu le fascisme aux côtés de son pays, ceux qui étaient considérés comme des alliés, apportent aujourd’hui le chaos et la mort en Ukraine, arment et financent les bandits qui cultivent la terreur dans des régions qui étaient encore en paix il y a un an.  Il a appelé ceux qui veulent polluer la mémoire des millions de personnes mortes pour leur propre ambition, à reprendre leurs esprits.  Il a appelé le monde à ne pas fermer les yeux devant la tentative de certains leaders de créer et de maintenir de nouveaux foyers d’instabilité et de nous plonger dans les abysses d’une nouvelle guerre mondiale qui pourrait d’ailleurs être la dernière.

M. BHAGWANT S. BISHNOI (Inde) a constaté qu’en dépit des progrès de l’humanité enregistrés, la guerre était encore loin d’être éliminée.  Les estimations montrent, a-t-il dit, que la mortalité causée par les conflits avait cru de manière importante, de 1,6 million au XVIe siècle à près de 110 millions au XXe siècle.  Aujourd’hui, le terrorisme s’est imposé comme une des plus grandes menaces de l’humanité, a-t-il dit, soulignant que ce phénomène mondial ne pourrait être traité que par une action mondiale.  Le représentant indien a en outre mis l’accent sur la nécessité de réformer les institutions nées dans le sillage de la fin de la Seconde Guerre mondiale, citant à cet égard l’intervention hier du Président de l’Ouganda, M. Yoweri Museveni.  Il a exprimé l’espoir de l’Inde de voir l’Organisation prendre des mesures concrètes en vue de s’adapter aux réalités contemporaines.

M. MOTOHIDE YOSHIKAWA (Japon) a déclaré: notre action a causé des souffrances aux peuples d’Asie et nous regarderons toujours la vérité en face.  Liberté, démocratie droits de l’homme et état de droit, tels sont les parties inhérentes à l’identité du peuple japonais aujourd’hui, a affirmé le représentant.  La voie que le Japon a choisie en tant que nation éprise de paix est la fierté de son peuple et cela ne changera jamais même si les circonstances mondiales changent drastiquement.  Le Japon est déterminé à faire d’autres contributions positives à la paix en se fondant sur le principe de la coopération internationale.  Il le fera avec les Nations Unies, a promis le représentant.

Mme AKSOLTAN ATAEVA (Turkménistan) a rejeté toute tentative de réécrire l’histoire de l’agression et de la tyrannie des Nazis.  Nous nous unissons aux efforts de la communauté internationale pour combattre ce genre de menace, a-t-elle dit.  Elle a rappelé que son pays avait perdu 20 millions de citoyens dans cette guerre.  Les femmes et les enfants travaillaient dans les usines et les fermes, pendant que les hommes étaient au front, a-t-elle souligné.  La représentante a rendu hommage aux alliés qui ont combattu le nazisme.  Elle s’est félicitée de ce que, le 22 novembre 2004, l’Assemblée générale ait proclamé les 8 et 9 mai Journées de la mémoire et de l’armistice.  Il faut rendre un hommage éternel aux millions de victimes du régime nazi, a-t-elle estimé en espérant que ce serait la dernière guerre.  Elle a aussi apprécié qu’on ait planté un « arbre de la paix » aujourd’hui à l’ONU. 

M. RODOLFO REYES RODRÍGUEZ (Cuba) a estimé que le fascisme était l’aboutissement de la pensée réactionnaire, bourgeoise et matérialiste.  Plus de 20 millions de soviétiques ont perdu la vie dans cette guerre, a-t-il souligné en rappelant aussi la persécution subie par les communistes, les Juifs, les Gitans, les homosexuels et les handicapés.  La victoire contre le fascisme n’a cependant pas constitué la panacée, a-t-il estimé, en soulignant la bipolarité qui a prévalu dans le monde pendant des décennies.  Les Nations Unies affrontent actuellement d’immenses défis et menaces, a-t-il dit en citant l’ingérence impérialiste dans les affaires souveraines des États, l’aggravation des changements climatiques, le sous-développement et la pauvreté, la faim et l’analphabétisme, les dominations hégémoniques, la remise en question de l’autodétermination des peuples, l’ordre économique et financier international injuste, sans compter l’existence de 16 000 armes nucléaires.  Il a rappelé les Nations Unies à leur devoir de réfléchir à partir des leçons tirées de la Seconde Guerre mondiale.  « Gloire éternelle aux héros de la lutte contre le fascisme et le militarisme! » a-t-il lancé en conclusion.

Mme CATHERINE BOURA (Grèce) a affirmé que son pays avait enregistré en 1940 la première victoire contre le fascisme.  « En 1944, la Grèce était un pays détruit et ruiné, ayant perdu 10% de sa population, dont 86% de sa communauté juive », a-t-elle indiqué.  La Grèce était au nombre des 50 pères fondateurs des Nations Unies déterminés à créer un monde de paix et de réconciliation.  La fin de la Seconde Guerre mondiale a ainsi permis la mise en place du plus ambitieux projet de paix de l’histoire, la création des Communautés européennes qui ont réuni les anciens ennemis au sein d’une même famille européenne.  Elle a ajouté que ce n’est pas un hasard si l’Union européenne avait reçu en 2012 le prix Nobel de la paix.  La grande famille des Nations Unies, forte de 193 membres, a-t-elle conclu, doit continuer d’honorer la mémoire de tous ceux qui se sont battus si vaillamment pour la liberté.

M. MAHLATSE MMNELE (Afrique du Sud) a souligné l’engagement de son pays à œuvrer avec tous les autres membres des Nations Unies pour éliminer le fléau de guerre qui a dévasté le monde il y a 70 ans.  « La commémoration d’aujourd’hui doit nous inciter à redoubler d’efforts en vue du règlement pacifique des différends », a-t-il dit.  Il a invité la communauté internationale à faire fond sur les progrès enregistrés depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale en vue de promouvoir les valeurs démocratiques, les droits humains et les libertés fondamentales.  Évoquant le soixante-dixième anniversaire de la création de l’ONU qui sera célébré en septembre prochain, il a affirmé qu’il était crucial de se donner le temps de la réflexion sur le chemin qui a été parcouru depuis cette guerre.  « Prenons le temps pour nous souvenir des belles âmes qui sont tombées », a-t-il dit.

M. ANTONIO DE AGUIA PATRIOTA (Brésil) a déclaré que le rôle héroïque joué par le peuple russe et d’autres contre le fascisme ne sera jamais oublié.  Le Brésil est fier de sa contribution à la cause des alliés qui est la cause des Nations Unies durant le conflit et en temps de paix.  Le représentant a rappelé les détails de cette contribution pour souligner que le Gouvernement du Brésil a aussi pris part aux réunions régionales et internationales qui ont façonné le nouvel ordre mondial dans le but d’assurer la paix et la coopération et qui ont culminé avec la conférence de San Francisco où le Brésil était père fondateur de l’Organisation.

Le monde a connu des changements complexes et profonds depuis 1945.  De nouveaux défis ont émergé et qui n’ont pas été anticipés par les Pères fondateurs de San Francisco.  Ils menacent de dysfonctionnement notre système multilatéral.  Pour renouveler notre engagement aux principes et objectifs de l’ONU, nous devrions être aussi ambitieux que les hommes d’État qui ont conçu le nouvel ordre mondial basé sur des valeurs universelles.  Au cœur de cet effort se trouve l’impératif de renouveler le cadre pour le maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Saisissons ce soixante-dixième anniversaire de la création des Nations Unies pour réaliser un résultat concret sur cette question décisive.  Reformer le Conseil de sécurité pour qu’il soit adapté aux nouveaux défis devrait être l’ultime hommage rendu à la génération de millions de victimes de la Seconde Guerre mondiale dont nous honorons la mémoire aujourd’hui.

M. AN MYONG HUN (République populaire démocratique de Corée) a regretté la persistance des velléités de domination et d’ingérence destinées à détruire la souveraineté et à bloquer le développement indépendant des pays.  Mon gouvernement, a-t-il dit, doit faire tout pour assurer la paix et la sécurité d’une péninsule qui a été artificiellement divisée, certes libérée du militarisme japonais, mais exposée aux tentatives constantes d’agression et aux sanctions des forces extérieures.  Aujourd’hui, la péninsule est un des « points chauds » le plus dangereux du Globe, devenant une source de grave préoccupation pour le monde.  On ne saurait dire quand la guerre va éclater, a dit craindre le représentant, compte tenu de la politique « hostile et anachronique » des États-Unis, qui ne sauraient cacher leur intention de mener une attaque surprise derrière de prétendus exercices de guerre nucléaire, en essayant de former une alliance militaire avec le Japon et la République de Corée.  Face à la menace nucléaire « cruelle » et au chantage du premier État nucléaire au monde, depuis plus d’un siècle, la RPDC n’a eu d’autres choix que de se doter de l’arme nucléaire, a expliqué le représentant.

Le Japon, a-t-il poursuivi, n’a pas encore « de manière clairement convaincante » reconnu ses crimes, présenter des excuses et offert des réparations.  Le fait que le Japon soit trop ambitieux, « trop colérique » dans son approche de la réforme du Conseil de sécurité, et trop difficile à satisfaire s’agissant de la situation des droits de l’homme en RPDC s’explique par son objectif « sinistre et impudent » d’enterrer ses crimes passés et de se débarrasser de l’image d’État ennemi par tous les moyens possibles.  Le Japon doit liquider le passé en renonçant à son ambition de revenir à un militarisme toujours vivace dans son esprit.  L’histoire criminelle du Japon ne sera jamais amoindrie ni effacée, a prévenu le représentant.

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a affirmé que l’échec de la Société des Nations, ancêtre de l’ONU, fournissait quatre enseignements.  Tout d’abord, a-t-il dit, un traitement uniquement sécuritaire des conflits n’est pas suffisant.  L’ONU dispose de puissants leviers d’action pour venir en aide aux populations démunies et marginalisées, terreau de tous les conflits.  Cet enseignement doit nous guider dans notre travail de définition du nouveau programme de développement pour l’après-2015, a-t-il estimé.  Deuxièmement, notre capacité d’action est liée à la légitimité de nos institutions.  Ainsi, la réforme du Conseil de sécurité est plus urgente et vitale, a-t-il souligné, précisant que la France était favorable à son élargissement dans les deux catégories de membres, permanents et non permanents, et soutenait l’Allemagne, le Japon, le Brésil, l’Inde et une représentation africaine.

Le représentant a également mis l’accent sur la nécessité de renforcer la crédibilité du Conseil de sécurité, ses membres permanents ayant pour responsabilité, a-t-il par exemple insisté, de s’abstenir, volontairement et collectivement, d’avoir recours au veto dans les situations de crimes de masse.  Enfin, selon la délégation française, la lutte contre l’impunité des crimes les plus graves doit rester au cœur de notre action pour rendre la paix durable et éviter le retour de la guerre.  Cette exigence de justice vaut évidemment pour la Syrie, où les responsables de crimes de masse devront être poursuivis devant la Cour pénale internationale (CPI).

M. RAFAEL DARÍO RAMÍREZ CARREÑO (Venezuela) a formé le vœu que la Seconde Guerre mondiale soit la dernière.  Nées des cendres de ce fléau, les Nations Unies ont été créées notamment pour préserver la paix et la sécurité internationales, le développement et le respect des droits fondamentaux.  Le Venezuela est une terre de paix.  Il n’a jamais attaqué aucun de ses voisins ni aucun pays étranger.  Mais 70 ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, le pays constate le retour des idéologies fascistes, révisionnistes et racistes.  Des guerres continuent aujourd’hui dans diverses parties du monde, en faisant des millions de victimes.  C’est un défi pour l’humanité.  Le représentant s’est aussi posé des questions sur l’intérêt qui se cache derrière des arsenaux nucléaires capables de faire disparaître l’humanité tout entière.  Il a insisté sur le désarmement et la non-prolifération nucléaire et aussi dénoncé l’interventionnisme et le financement du terrorisme, preuve qu’il reste beaucoup à faire pour parvenir à une paix durable.  La non-ingérence dans les affaires intérieures des États, le respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale, et le développement économique et social relègueront les menaces d’une autre guerre mondiale dans les pages de l’histoire.

Mme MARÍA CRISTINA PERCEVAL (Argentine) a invité à voir cette commémoration non pas comme une rupture avec le passé mais plutôt comme un engagement vers l’avenir.  Elle a demandé d’honorer les victimes de la guerre -hommes, femmes et enfants-, tout en rendant hommage aux nombreux combattants.  Elle a appelé à s’opposer au discours totalitaire d’aujourd’hui qui promeut différentes formes d’intolérance et de racisme.  Nous devons respecter les promesses et les engagements que nous avons pris dans la Charte des Nations Unies, a-t-elle ajouté.  Mme Perceval a affirmé que la guerre ne pouvait avoir aucune justification morale ou politique.  Elle a dénoncé le fanatisme religieux qui recoure à la guerre, ainsi que la traite des êtres humains.  Nous devons agir parce qu’il y a trop de personnes qui souffrent de la faim, parce que des milliers d’êtres humains quittent leur pays pour émigrer mais finissent naufragés, a-t-elle expliqué.  Nous devons agir parce que nous sommes face à des catastrophes climatiques.  Nous devons agir maintenant, a-t-elle averti en condamnant toute indolence ou tout scepticisme.

M. GHOLAMHOSSEIN DEHGHANI (Iran) a rappelé l’une des tragédies oubliées de la Seconde Guerre mondiale qui sont l’invasion et l’occupation de l’Iran, avec des répercussions négatives sur le développement économique et politique, des milliers de victimes et des dégâts énormes causés aux infrastructures.  Le 4 septembre 1939, trois jours après le début de la guerre, l’Iran a déclaré sa neutralité, une position réaffirmée, une nouvelle fois, le 21 juin 1940, cinq jours après que l’armée allemande eut attaquée l’Union soviétique.  Cette position de neutralité n’a pas été respectée par les parties au conflit, a dénoncé le représentant.  Les Alliés ont envahi l’Iran le 25 août 1941 par le nord, le sud et l’ouest et ont occupé le pays.  Ils se sont grossièrement ingérés dans le système politique et provoqué des changements radicaux au plus haut niveau du Gouvernement.  Ils ont violé le droit de l’Iran à la neutralité, sa souveraineté et son droit à l’autodétermination du pays.  Utilisé comme un instrument des puissances étrangères, l’Iran a été dévasté et plongé dans la misère.  La Seconde Guerre mondiale n’aurait pas eu lieu s’il y avait de la part de toutes les parties un engagement à respecter la souveraineté, l’intégrité territoriale et l’indépendance politique des États, à régler tous les différends par des moyens pacifiques et à s’abstenir de la menace ou de l’utilisation de la force dans les relations internationales. 

M. YASHAR ALIYEV (Azerbaïdjan) a rendu hommage à ceux qui ont combattu lors de la Seconde Guerre mondiale pour la paix, la liberté et la dignité humaine, commémorant aussi les nombreux millions de victimes.  Il n’y a pas une seule famille en Azerbaïdjan qui n’ait pas été touchée, a-t-il indiqué, rappelant que l’armée de son pays avait mobilisé plus de 600 000 soldats, dont la moitié avait péri.  Son pays, a-t-il ajouté, a aussi contribué à la victoire en produisant des munitions et des armes, ainsi qu’en accueillant des industries relocalisées à cause de la guerre.  En outre, le peuple de l’Azerbaïdjan a travaillé nuit et jour pour produire du pétrole à Bakou.  M. Aliyev a ensuite rappelé que l’ONU avait été créée avec l’intention de sauver l’humanité du fléau de la guerre.  L’ONU joue un rôle central, a-t-il rappelé, pour éviter le recours à la force ou à la menace de la force dans les relations internationales.

M. VLADIMIR DROBNJAK (Croatie) s’est remémoré l’ère inoubliable de la Seconde Guerre mondiale qui a à la fois engendré des souffrances sans précédent et fait ressortir le meilleur des hommes – le courage, l’héroïsme et la persévérance.  Le soixante-dixième anniversaire est une occasion de se souvenir de millions d’hommes et de femmes qui ont péri sur le champ de bataille, dans les camps de concentration, chez eux, en mer ou dans les airs.  La Croatie a été durement touchée par cette guerre, a-t-il dit tout en se félicitant que l’antifascisme soit inscrit dans la Constitution du pays comme un des piliers de l’État moderne.  Il a souhaité qu’on se souvienne des atrocités infligées aux victimes de la Seconde Guerre mondiale, afin d’éviter qu’une telle tragédie ne se renouvelle.  Il a en même temps reconnu que les esprits étaient focalisés sur l’avenir, en s’appuyant sur le respect du droit international et du principe de règlement pacifique des conflits, ainsi que celui de l’inviolabilité des frontières reconnues sur le plan international.  Les Nations Unies, a-t-il ajouté, devraient rester à l’avant-garde de la lutte contre le totalitarisme, le racisme, l’antisémitisme, la haine, l’intolérance, les violations des droits de l’homme, la discrimination et la xénophobie.

M. KAHA IMNADZE (Géorgie) a dit qu’alors que nous célébrons le soixante-dixième anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale et condamnons tous les crimes commis, notre humeur festive est éclipsée par des défis de sécurité sans précédent auxquels nous devons faire face dans différentes parties du monde.  Le système international continue d’être secoué par les violations continues des principes fondamentaux du droit international, y compris l’usage de la force contre la souveraineté et l’intégrité territoriale des États Membres de l’ONU.  Il est particulièrement décevant qu’un membre fondateur de l’ONU et membre permanent du Conseil de sécurité, censé être un gardien de la paix, soit en violation du droit international et continue de saper les fondements même de la Charte des Nations Unies en annexant les territoires de ses voisins, occupant 20% de la Géorgie, et menant une agression contre la souveraineté de l’Ukraine.  « L’espoir est toujours le dernier à mourir », comme on dit, et je forme le vœu, a conclu le représentant, que le soixante-dixième anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale servira de rappel à la communauté internationale pour qu’elle défende fermement les principes consacrés dans la Charte des Nations Unies, pour la paix et la stabilité dans le monde, et que les transgresseurs retourneront au droit international. 

M. TALAIBEK KYDYROV (Kirghizistan) a déclaré que nous ne pouvons pas oublier le prix qui a été payé pour obtenir la victoire à l’issue de la « Grande Guerre patriotique ».  Nous ne devons pas non plus oublier les victimes de la guerre et en particulier les victimes de l’Holocauste.  La Grande Guerre patriotique a vu la participation d’un enfant kirghize sur cinq et plus de 150 000 soldats tués ou blessés au front.  Nous ne devons non plus sous-estimer le rôle des millions de personnes qui ont soutenu les efforts de guerre dans les usines et dans les campagnes en particulier les femmes et les personnes âgées qui ont soutenus les combattants.  Le Gouvernement du Kirghizistan a pris des mesures en faveur de ces individus et a décidé de leur apporter un financier.  Cet anniversaire doit être aussi une occasion de se tourner vers l’avenir et de renouveler notre attachement aux principes de la Charte.  Nous le devons aux millions de personnes qui sont aujourd’hui victimes de la guerre dans le monde.  

M. MILAN MILANOVIĆ (Serbie) a estimé que ce que nous sommes de plus en plus appelés à combattre aujourd’hui sont le terrorisme endémique, la haine, la xénophobie, la violence et les exécutions insensées et brutales qui violent les valeurs que nous avons consacrées dans la Charte de notre Organisation.  Dans le même temps, nous sommes arrivés à un point où, pour la première fois dans l’histoire, l’humanité a la possibilité réelle d’éliminer les fléaux si des mesures sont prises d’urgence pour prévenir le changement climatique et créer les conditions du développement durable.  Et, comme nous marchons sur la route du nouveau siècle, nous devons renforcer notre respect des droits de l’homme et de la dignité humaine pour les hommes qui sont tués pour des raisons les plus infâmes, les enfants kidnappés et les filles et les femmes brutalisées, sans accès à l’éducation. 

Pour rendre l’ONU plus efficace et plus adaptée aux nouvelles donnes et défis du 21e siècle, nous devons la réformer et pour ce faire, rechercher l’appui sincère et sans faille de tous.  Présidente cette année de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), la Serbie, a dit le représentant, saisit cette occasion et cette obligation pour examiner les défis et contribuer à leurs solutions.  La Serbie entend tirer parti de son expérience de dialogue, de compréhension et de respect des intérêts de tous.

M. ANDREJ LOGAR (Slovénie) a jugé important de se souvenir de la contribution de chaque individu affecté par les ravages de la guerre.  Les Nations Unies ont été fondées sur la base de principes auxquels de nombreux pays pouvaient s’identifier, a-t-il rappelé, affirmant que ce sont des valeurs communes à l’épreuve du temps qui restent incontestables.  Il a aussi rappelé qu’on commémorait cette année le quarantième anniversaire de l’Acte final d’Helsinki.  Constatant que, 70 ans plus tard, le monde était devenu plus complexe et plus incertain encore, M. Logar a constaté les difficultés auxquelles sont confrontées les organisations internationales pour réagir efficacement aux crises majeures.  Il a appelé les nations à rechercher ensemble des solutions, soulignant la nécessité plus grande que jamais auparavant d’établir des partenariats. 

Mme OH JOON (République de Corée) a souligné le devoir qui incombe à la communauté internationale de rester vigilante face aux menaces à la paix et à la sécurité internationales, l’incitant également à renouveler ses efforts collectifs pour éviter qu’une telle guerre totale ne se reproduise.  Il est important de ne pas oublier les tragédies effrayantes infligées à l’humanité et d’examiner les causes de la guerre, a-t-elle ajouté.  La reconnaissance et le remords sont les premiers pas pour éviter que ne se renouvelle la guerre.  Alors qu’on célèbre cette année le soixante-dixième anniversaire des Nations Unies, elle a espéré que, dans 70 ans, on pourrait dire qu’un monde avec l’ONU a été meilleur qu’un monde sans l’ONU.

Droits de réponse

Le représentant du Japon, réagissant à la déclaration de la RPDC, a dénoncé une déclaration critique au cours d’une cérémonie qui rend hommage à toutes les victimes de la Seconde Guerre mondiale.  Le Japon, compte tenu de son profond remord, a respecté tous les principes et objectifs de la Charte des Nations Unies, a-t-il réaffirmé, insistant sur la démocratie, les droits de l’homme et la liberté. 

Le fléau de la guerre perdure en Asie, a rétorqué le représentant de la RPDC qui a pointé le doigt sur « les agissements des autorités japonaises ».  Le Japon est décrit comme un État vaincu et un État responsable de crimes inimaginables mais il ne l’a pas reconnu de manière clairement convaincante ni présenté d’excuses. 

La position de mon pays est suffisamment claire, a répondu le représentant du Japon, en dénonçant plutôt, après la Seconde Guerre mondiale, la persistance des violations des droits de l’homme et du droit humanitaire dans certains pays.

Le Japon devrait prendre des décisions politiques pour faire le solde des crimes du passé, a insisté le représentant de la RPDC en demandant, une nouvelle fois, des excuses.  Le Japon, a-t-il ajouté, devrait renoncer totalement à certaines de ses ambitions car ses crimes ne sauraient être effacés. 

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