7351e séance – matin
CS/11717

Le Conseil de sécurité appelle à une action collective pour combattre le terrorisme associé à la criminalité organisée

Le Conseil de sécurité a souligné, aujourd’hui, qu’une action collective doit être menée pour prévenir et combattre le terrorisme associé à la criminalité transnationale organisée.  Ce second débat public du mois intervenait deux jours après l’attentat de Peshawar, qualifié d’acte « odieux, monstrueux et lâche » par le représentant pakistanais.  Le deuil dans lequel est plongé le pays ne fera que renforcer la détermination sans faille du Pakistan à poursuivre sa lutte antiterroriste, a-t-il assuré. 

Président du Conseil de sécurité pour le mois de décembre, le Ministre tchadien des affaires étrangères, M. Moussa Faki Mahamat, a convoqué cette réunion pour lancer « un examen stratégique » et voir si l’interdépendance de la criminalité transfrontalière et du terrorisme a des incidences sur les initiatives de prévention et de règlement des conflits du Conseil de sécurité, en particulier en Afrique, et pour évaluer les outils à la disposition de ce dernier pour réduire la marge de manœuvre dont disposent les groupes terroristes grâce à la criminalité transfrontalière.

L’Observateur permanent de l’Union africaine, M. António Téte, a cité la situation au Mali où les groupes terroristes ont exacerbé les tensions politiques.  Il a parlé de la région du Sahel où Boko Haram, MUJAO, AQMI ou Ansaru ont substantiellement profité des enlèvements contre rançons, « une véritable industrie dont les organisations terroristes sont le cœur, aux côtés de toute une chaîne d’intermédiaires, de groupes criminels, de membres de tribus et de sympathisants ».  Il n’a pas oublié la République centrafricaine où la LRA est de plus en plus impliquée dans la contrebande de l’ivoire.

Quelle que soit leur idéologie, les groupes terroristes sont guidés par l’appât du gain, constamment à la recherche de sanctuaires pour survivre et financer leurs activités.  L’Observateur a d’ailleurs relayé la volonté du « G-5 Sahel » (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad) de contribuer au renforcement de la Mission de l’ONU au Mali (MINUSMA) via une force d’intervention rapide qui participerait à la lutte contre les groupes terroristes et criminels armés.

Dans la résolution adoptée aujourd’hui par consensus à l’issue d’un débat auquel ont pris part une quarantaine de délégations, le Conseil de sécurité souligne qu’une action collective doit être menée pour prévenir et combattre le terrorisme.  Il engage les États et les organisations compétentes à améliorer les stratégies visant à empêcher les terroristes de tirer profit d’activités de criminalité transnationale organisée et à se donner les moyens de sécuriser les frontières. 

Le Conseil se félicite des mécanismes de coopération régionale créés en Afrique dont le Processus de Nouakchott, relatif au renforcement de la coopération en matière de sécurité et à l’opérationnalisation de l’Architecture africaine de paix et de sécurité dans la région sahélo-saharienne.  Il salue la création de l’Organisation africaine de coopération policière (AFRIPOL).  Il demande aux entités des Nations Unies concernées et aux autres organisations internationales et régionales compétentes d’appuyer le renforcement des capacités des institutions nationales et régionales contre le terrorisme associé à la criminalité transnationale organisée.

Plusieurs pays d’Amérique latine ont douté du lien « intrinsèque » entre terrorisme et criminalité transnationale organisée.  Le terrorisme a un caractère spécifique qui a son propre régime juridique, distinct de la Convention de Palerme qui régit la lutte contre la criminalité transnationale organisée, a fait observer le représentant de l’Argentine.  « Présumer que le terrorisme et le crime transnational organisé sont automatiquement liés est non seulement imprécis, mais dangereux », a renchéri son homologue du Guatemala car cela voudrait dire que « toutes les activités transfrontières illicites relèvent du mandat du Conseil de sécurité.  Il faut d’ailleurs saluer ce dernier pour avoir privilégié le terme « criminalité transnationale organisée » plutôt que celui « trop flou » de « criminalité transfrontalière », a estimé le représentant du Brésil.   

Le rapport du Secrétaire général, dont a été saisi le Conseil de sécurité, a été présenté par son adjoint aux affaires politiques, M. Jeffrey Feltman, qui n’a pas manqué de rendre hommage aux victimes de « l’attentat ignoble de Peshawar » ayant coûté la vie à 136 enfants.  Les terroristes « s’en sont pris à nos âmes », a déclaré le représentant du Pakistan, en faisant le serment que le deuil dans lequel est plongé son pays ne fera que renforcer sa détermination sans faille à poursuivre sa lutte contre ce fléau qui touche aussi la Libye, la Syrie et l’Iraq, comme l’ont rappelé leurs représentants aujourd’hui.   

Dans sa résolution, le Conseil de sécurité prie le Secrétaire général de lui présenter, dans six mois au plus tard, un rapport sur l’action menée par les entités des Nations Unies pour empêcher que des terroristes tirent profit d’activités de criminalité transnationale organisée dans les régions touchées, en s’appuyant sur les contributions de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme, l’Équipe d’appui analytique et de surveillance des sanctions et les autres entités concernées participant aux travaux de l’Équipe spéciale de lutte contre le terrorisme.

Le rapport doit contenir des recommandations sur des moyens concrets de renforcer les capacités des États Membres et sur les activités des Nations Unies visant à réduire les effets néfastes du terrorisme lié à la criminalité transnationale organisée, l’accent étant mis sur la sécurité des frontières, le financement de la lutte antiterroriste et la lutte contre le blanchiment d’argent.

Le Conseil rappelle qu’il a demandé à l’Équipe d’appui analytique et de surveillance des sanctions un rapport sur la menace que représentent les combattants terroristes étrangers recrutés par l’État islamique d’Iraq et du Levant, le Front al-Nosra et tous les groupes, entreprises et entités associés à Al-Qaida, lequel rapport doit aussi porter sur les tendances liées au fait que des combattants terroristes étrangers rejoignent les rangs de tous les groupes terroristes inscrits sur la Liste relative aux sanctions contre Al-Qaida.

MENACES CONTRE LA PAIX ET LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES LE TERRORISME ET LA CRIMINALITÉ TRANSFRONTALIÈRE

Rapport du Secrétaire général sur les efforts déployés par le système des Nations Unies pour aider les organismes nationaux, sous-régionaux et régionaux en Afrique à lutter contre le terrorisme (S/2014/9)

Lettre datée du 4 décembre 2014, adressée au Secrétaire général par le Représentant permanent du Tchad auprès de l’Organisation des Nations Unies (S/2014/869)

Texte du projet de résolution

      Le Conseil de sécurité,

      Rappelant qu’il a la responsabilité principale du maintien de la paix et de la sécurité internationales,

      Réaffirmant que le terrorisme, sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations, constitue une des menaces les plus graves contre la paix et la sécurité internationales et que tous les actes de terrorisme sont criminels et injustifiables, quels qu’en soient les motivations, le moment et les auteurs,

      Réaffirmant également que le terrorisme ne peut et ne saurait être associé à aucune religion, nationalité ou civilisation,

      Soulignant que le terrorisme ne peut être vaincu qu’à la faveur d’une action suivie et globale, fondée sur la participation et la collaboration actives de l’ensemble des États et organismes internationaux, régionaux et sous-régionaux et visant à contrer, affaiblir, isoler et neutraliser la menace terroriste,

      Gravement préoccupé par le financement des terroristes et par les ressources financières et autres qu’ils obtiennent, et soulignant que ces ressources leur permettront de financer de futures activités terroristes,

      Réaffirmant la nécessité de prévenir et de réprimer le financement des actes de terrorisme,

      Constatant avec inquiétude que, dans certaines régions, des terroristes tirent profit de la criminalité transnationale organisée, notamment le trafic d’armes, de stupéfiants et d’objets et la traite de personnes, et du commerce illicite des ressources naturelles, dont l’or, d’autres métaux précieux et les pierres précieuses, les minerais, les espèces sauvages, le charbon de bois et le pétrole, ainsi que d’enlèvements à des fins de rançon et d’autres crimes, dont l’extorsion et le cambriolage de banques,

      Soulignant que la création et le bon fonctionnement de systèmes de justice pénale équitables et efficaces doivent être le fondement de toute stratégie de lutte contre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée,

      Prenant note du communiqué issu du Sommet du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine sur la lutte contre l’extrémisme violent et le terrorisme, tenu à Nairobi le 2 septembre 2014, et demandant aux entités des Nations Unies s’occupant de lutte antiterroriste, agissant dans les limites de leur mandat, ainsi qu’aux États Membres, d’aider l’Afrique à lutter contre l’extrémisme violent et le terrorisme et à renforcer ses capacités en la matière,

      Vivement préoccupé de constater que des personnes, groupes, entreprises et entités associés à Al-Qaida et frappés de sanctions continuent parfois de tirer profit d’activités de criminalité transnationale organisée, et soulignant à cet égard que les mesures énoncées au paragraphe 1 de la résolution 2161 (2014), qui constituent un précieux instrument de lutte contre le terrorisme, doivent être rigoureusement appliquées,

      Priant instamment tous les États Membres de participer activement à la tenue et à l’actualisation de la liste établie en application des résolutions 1267 (1999), 1333 (2000) et 1989 (2011) (« la Liste relative aux sanctions contre Al-Qaida » ou « la Liste ») en fournissant toutes informations supplémentaires utiles concernant les personnes et entités inscrites, en présentant des demandes de radiation lorsqu’il convient et en identifiant et en désignant pour inscription sur cette liste d’autres personnes, groupes, entreprises et entités justiciables des mesures visées au paragraphe 1 de la résolution 2161 (2014),

      Rappelant que, dans sa résolution 2170 (2014), il a récemment condamné tout échange commercial direct ou indirect avec l’État islamique d’Iraq et du Levant, le Front el-Nosra et tous les autres individus, groupes, entreprises et entités associés à Al-Qaida et réaffirmé que ce type de transactions pourrait être considéré comme un appui financier à des entités désignées par le Comité faisant suite aux résolutions 1267 (1999) et 1989 (2011) (« le Comité ») et pourrait conduire celui-ci à inscrire de nouveaux noms sur la Liste,

      Constatant avec une profonde préoccupation que les groupes terroristes qui tirent profit de criminalité transnationale organisée pourraient contribuer à affaiblir les États touchés, en particulier y saper la sécurité, la stabilité, la gouvernance et le développement social et économique,

      Réaffirmant qu’une attention accrue doit être accordée à la question des femmes, de la paix et de la sécurité dans tous les domaines thématiques dont il est saisi, y compris les menaces que les actes de terrorisme font peser sur la paix et la sécurité internationales, et notant qu’il importe de prévoir la participation des femmes et des jeunes dans les stratégies de lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent,

      Soulignant que les facteurs favorisant la progression du terrorisme doivent être combattus,

      Soulignant que le terrorisme, l’extrémisme violent et la criminalité transnationale organisée, lorsqu’ils se conjuguent, peuvent exacerber les conflits dans les régions concernées, dont l’Afrique, et notant que les groupes terroristes tirant profit d’activités de criminalité transnationale organisée peuvent, dans certaines situations et certaines régions, entraver les efforts de prévention et de règlement des conflits,

      Gravement préoccupé, à cet égard, par les attentats récents dirigés contre le personnel des Nations Unies par des groupes terroristes, notamment des groupes tirant profit de la criminalité transnationale organisée,

      Rappelant sa résolution 2133 (2014), condamnant fermement les enlèvements et les prises d’otages perpétrés par des groupes terroristes, quel qu’en soit le but, y compris obtenir des fonds ou des concessions politiques, et se déclarant déterminé à prévenir les enlèvements et les prises d’otages perpétrés par des groupes terroristes et à faire en sorte que les otages soient libérés sains et saufs sans qu’il soit versé de rançon ou accordé de concessions politiques, dans le respect du droit international applicable,

      Notant les initiatives prises récemment, aux niveaux international, régional et sous-régional, en vue de prévenir et de réprimer le terrorisme international, prenant note des travaux du Forum mondial de lutte contre le terrorisme, en particulier l’ensemble de bonnes pratiques en matière de lutte contre le phénomène des combattants terroristes étrangers qu’il a adopté il y a peu et les autres documents-cadres et recueils de bonnes pratiques qu’il a publiés, notamment sur les thèmes de la lutte contre l’extrémisme violent, de la justice pénale, des prisons, des enlèvements à des fins de rançon, de l’appui aux victimes du terrorisme et de la police de proximité, pour aider les États intéressés à appliquer concrètement les dispositions juridiques et les politiques adoptées par les Nations Unies dans le domaine de la lutte antiterroriste et pour compléter les travaux menés dans ces domaines par les entités des Nations Unies chargées de la lutte antiterroriste,

      Réaffirmant qu’il faut combattre par tous les moyens, dans le respect de la Charte des Nations Unies et du droit international, notamment du droit international des droits de l’homme, du droit international des réfugiés et du droit international humanitaire, les menaces que les actes de terrorisme font peser sur la paix et la sécurité internationales, et soulignant à cet égard le rôle important que l’Organisation des Nations Unies joue dans la conduite et la coordination de cette action,

      Sachant qu’une démarche globale, fondée sur une action nationale, régionale, sous-régionale et multilatérale, est nécessaire pour vaincre le terrorisme,

      Notant l’importante contribution que les partenariats entre le secteur public et le secteur privé peuvent apporter pour ce qui est de prévenir et de combattre les activités criminelles, dont la criminalité transnationale organisée, la corruption et le terrorisme,

      Réaffirmant son respect pour la souveraineté, l’intégrité territoriale et l’indépendance politique de tous les États, conformément à la Charte,

      Réaffirmant que les États Membres ont l’obligation de prévenir les déplacements des terroristes et des groupes terroristes, conformément au droit international applicable, notamment en instituant des contrôles efficaces aux frontières,

      1.    Souligne qu’une action collective doit être menée pour prévenir et combattre le terrorisme sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations, y compris le terrorisme associé à la criminalité transnationale organisée;

      2.    Demande aux États Membres de renforcer la police des frontières afin d’empêcher les déplacements des terroristes et des groupes terroristes, y compris ceux qui tirent profit de la criminalité transnationale organisée;

      3.    Demande instamment et de façon pressante aux États Membres de ratifier les conventions internationales en la matière, dont la Convention unique sur les stupéfiants de 1961, telle qu’amendée par le Protocole de 1972, la Convention de 1971 sur les substances psychotropes, la Convention des Nations Unies de 1988 contre le trafic illicite de stupéfiants et de substances psychotropes, la Convention des Nations Unies de 2000 contre la criminalité transnationale organisée et les Protocoles y relatifs, la Convention des Nations Unies de 2003 contre la corruption et les conventions et protocoles internationaux relatifs à la lutte antiterroriste, d’y adhérer et de les appliquer;

      4.    Prie les entités compétentes des Nations Unies d’aider les États Membres qui en font la demande, dans la limite de leur mandat et de leurs ressources, à appliquer les instruments juridiques internationaux relatifs au terrorisme et à développer les moyens dont ils disposent pour intervenir efficacement, prévenir les actes de terrorisme, enquêter à leur sujet et en poursuivre les auteurs;

      5.    Souligne l’importance d’une bonne gouvernance et la nécessité de lutter contre la corruption, le blanchiment d’argent et les flux financiers illicites, notamment dans le cadre de l’application de la Convention des Nations Unies contre la corruption et des normes internationales détaillées que constituent les Quarante Recommandations révisées du Groupe d’action financière sur la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme et de la prolifération, en particulier à la faveur de l’adoption et l’application effective de mesures législatives et réglementaires qui permettent aux autorités nationales de geler, saisir, confisquer et administrer les avoirs des criminels pour lutter contre les activités financières illicites, dont le financement du terrorisme et le blanchiment d’argent, et engage les États d’Afrique à se mobiliser davantage dans le cadre d’organismes régionaux s’apparentant au Groupe d’action financière (GAFI), tels que le Groupe intergouvernemental d’action contre le blanchiment d’argent en Afrique de l’Ouest, le Groupe antiblanchiment de l’Afrique orientale et australe (GABAOBA) et le Groupe d’action financière du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (GAFIMOAN);

      6.    Rappelle les obligations énoncées à l’alinéa e) du paragraphe 2 de sa résolution 1373 (2001), en particulier dans le contexte des attentats terroristes dirigés contre le personnel, les Casques bleus et les installations des Nations Unies;

Coopération internationale et régionale

      7.    Souligne qu’il importe de renforcer la coopération transrégionale et internationale, sur le fondement du principe de la responsabilité commune et partagée, afin de lutter contre le problème mondial de la drogue et des activités criminelles qui y sont associées, et souligne que ce problème doit être traité de façon globale, équilibrée et multidisciplinaire;

      8.    Engage les États Membres et les organisations compétentes à améliorer, selon qu’il conviendra, la coopération et les stratégies visant à empêcher les terroristes de tirer profit d’activités de criminalité transnationale organisée, ainsi qu’à se donner les moyens de sécuriser les frontières de façon à pouvoir enquêter sur les terroristes et leurs complices au sein des groupes criminels transnationaux et les poursuivre en justice, notamment grâce au renforcement des systèmes nationaux, régionaux et mondiaux de collecte, d’analyse et de partage de l’information, y compris l’information émanant des services de police et de renseignement;

      9.    Se félicite, à cet égard, des mécanismes de coopération régionale créés en Afrique, notamment l’Unité de centralisation du renseignement et de liaison du Sahel, le Processus de Nouakchott, relatif au renforcement de la coopération en matière de sécurité et à l’opérationnalisation de l’Architecture africaine de paix et de sécurité dans la région sahélo-saharienne, l’Initiative de coopération régionale pour l’élimination de l’Armée de résistance du Seigneur, dirigée par l’Union africaine, et la Force spéciale mixte multinationale de la Commission du bassin du lac Tchad et son Unité régionale de centralisation du renseignement, ainsi que la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest et les initiatives  de renforcement de la sécurité et de la police des frontières en Afrique du Nord;

      10.   Se félicite également des initiatives prises pour renforcer la sécurité et la police des frontières en Afrique du Nord et dans la région sahélo-saharienne, dont le Plan d’action pour la sécurité des frontières, adopté à la première conférence ministérielle régionale, tenue à Tripoli en mars 2012, le centre régional de formation consacré au renforcement de la sécurité des frontières créé à la deuxième conférence ministérielle, tenue à Rabat en novembre 2013, et d’autres initiatives sous-régionales appuyées par l’Organisation des Nations Unies;

      11.   Exhorte tous les États Membres, en particulier ceux du Sahel et du Maghreb, à coordonner les efforts qu’ils déploient pour contrer la menace grave que les groupes terroristes qui passent les frontières et cherchent refuge dans la région du Sahel font peser sur la sécurité internationale et régionale, et à renforcer la coopération et la coordination afin d’élaborer des stratégies inclusives et efficaces devant permettre de combattre de façon globale et intégrée les activités des groupes terroristes, d’empêcher ces groupes de prendre de l’ampleur et de limiter la prolifération des armes de petit calibre et l’expansion de la criminalité transnationale organisée;

      12.   Salue et appuie la création de l’Organisation africaine de coopération policière (AFRIPOL) et prend note de l’élaboration d’un mandat d’arrêt africain pouvant être décerné aux personnes poursuivies pour actes de terrorisme ou reconnues coupables de tels actes;

      13.   Demande aux États Membres d’Afrique d’appuyer la mise en œuvre du Plan d’action de l’Union africaine sur la lutte contre la drogue (2013-2018);

Renforcement des capacités et coordination des activités des Nations Unies

      14.   Demande aux États Membres d’en aider d’autres, s’il y a lieu, selon qu’il convient et sur demande, à renforcer les moyens dont ils disposent pour faire face à la menace que constitue le terrorisme associé à la criminalité transnationale organisée, se félicite que les États Membres fournissent une assistance bilatérale afin d’aider à renforcer ces moyens aux niveaux national, sous-régional et régional, et les encourage à le faire;

      15.   Sait que beaucoup d’États Membres rencontrent de sérieux problèmes de capacités et de coordination dans la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent, et la prévention du financement du terrorisme, du recrutement et des autres formes d’appui aux organisations terroristes, dont celles qui tirent profit de la criminalité transnationale organisée, salue les travaux que mènent le Comité contre le terrorisme et sa direction exécutive pour recenser les lacunes et faciliter l’apport d’une assistance technique afin que les résolution 1373 (2001) et 1624 (2005) soient mieux appliquées, engage les États Membres à continuer de coopérer avec le Comité et sa direction exécutive en vue de l’élaboration de stratégies globales et intégrées de lutte contre le terrorisme aux niveaux national, sous-régional et régional, souligne le rôle important que les entités participant aux travaux de l’Équipe spéciale de lutte contre le terrorisme, en particulier l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime et le Centre des Nations Unies pour la lutte contre le terrorisme, ainsi que les autres entités qui offrent une assistance en vue du renforcement des capacités ont à jouer dans la fourniture d’une assistance technique, et prie les entités compétentes des Nations Unies à tenir compte, lorsqu’elles fournissent une assistance technique dans le domaine de la lutte contre le terrorisme, selon qu’il convient et dans la limite des ressources disponibles, des éléments nécessaires à la lutte contre le terrorisme associé à la criminalité transnationale organisée;

      16.   Demande aux entités des Nations Unies concernées et aux autres organisations internationales et régionales compétentes d’appuyer le développement et le renforcement des capacités dont disposent les institutions nationales et régionales pour lutter contre le terrorisme associé à la criminalité transnationale organisée, en particulier celles des services chargés de l’application des lois et de la lutte antiterroriste, et note à cet égard le rôle consultatif que joue la Commission de consolidation de la paix, comme le prévoit son mandat;

      17.   Engage l’Équipe spéciale de lutte contre le terrorisme à envisager d’étendre son Initiative d’assistance intégrée pour la lutte antiterroriste aux pays du G5-Sahel et aux pays d’Afrique centrale qui le demandent;

      18.   Réaffirme que les missions de maintien de la paix et les missions politiques spéciales des Nations Unies peuvent, s’il les en charge, aider les gouvernements hôtes qui en font la demande à renforcer les capacités dont ils disposent pour s’acquitter des obligations imposées par les instruments mondiaux et régionaux existants et pour lutter contre le trafic d’armes légères et de petit calibre, notamment en mettant en place des programmes de collecte d’armes, de désarmement, de démobilisation et de réintégration, en améliorant les pratiques de protection physique et de gestion des stocks, ainsi que les capacités d’enregistrement et de traçage, en élaborant des dispositifs nationaux de contrôle des exportations et des importations, en améliorant la sécurité des frontières et en renforçant les institutions judiciaires, les services de police et les autres organes chargés de veiller au respect de la loi;

      19.   Engage les représentants spéciaux du Secrétaire général, le Département des opérations de maintien de la paix, le Département des affaires politiques, la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme, l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime, l’Équipe spéciale de lutte contre le terrorisme et le Programme des Nations Unies pour le développement à se partager l’information, dans les limites de leurs ressources et de leurs mandats, pour favoriser l’adoption d’une démarche globale et intégrée dans la lutte contre la criminalité transnationale organisée, le terrorisme et l’extrémisme violent qui risque de conduire au terrorisme;

Communication de l’information

      20.   Prie le Secrétaire général de lui présenter un rapport sur l’action menée par les entités des Nations Unies pour empêcher que des terroristes tirent profit d’activités de criminalité transnationale organisée dans les régions touchées, dont l’Afrique, dans le cadre de la communication de l’information sur les questions dont il est saisi et en s’appuyant sur les contributions des entités compétentes des Nations Unies, y compris l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime, la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme, l’Équipe d’appui analytique et de surveillance des sanctions et les autres entités concernées participant aux travaux de l’Équipe spéciale de lutte contre le terrorisme;

      21.   Demande que le rapport contienne des recommandations sur des moyens concrets de renforcer les capacités des États Membres, notamment sur le financement de projets et d’activités visant à améliorer les capacités à l’aide des ressources et des contributions des organismes des Nations Unies, et sur les activités des Nations Unies visant à réduire les effets néfastes du terrorisme lié à la criminalité transnationale organisée, y compris celles qui s’inscrivent dans le cadre de ses efforts de règlement des conflits, que l’accent soit mis sur la sécurité des frontières, le financement de la lutte antiterroriste et la lutte contre le blanchiment d’argent, et que ledit rapport lui soit présenté six mois au plus tard après l’adoption de la présente résolution;

      22.   Rappelle qu’il a demandé à l’Équipe d’appui analytique et de surveillance des sanctions, agissant en étroite collaboration avec toutes les entités des Nations Unies participant à la lutte contre le terrorisme, de faire rapport dans les 180 jours au Comité faisant suite aux résolutions 1267 (1999) et 1989 (2011) au sujet de la menace que représentent les combattants terroristes étrangers qui sont recrutés par l’État islamique d’Iraq et du Levant, le Front el-Nosra et tous les groupes, entreprises et entités associés à Al-Qaida visés dans la résolution 2178 (2014), et répète que le rapport demandé devrait aussi porter sur les tendances liées au fait que des combattants terroristes étrangers rejoignent les rangs de tous les groupes terroristes inscrits sur la Liste relative aux sanctions contre Al-Qaida et se mettent à leur service, qu’un exposé oral devrait être fait au Comité et que le Comité devrait lui faire, lors de la prochaine séance d’information ordinaire sur la lutte antiterroriste, un exposé sur les groupes qui opèrent en Afrique.

Déclarations

M. JEFFREY FELTMAN, Secrétaire général adjoint aux affaires politiques, a déclaré que l’attentat odieux de Peshawar avait rappelé la nécessité de ne ménager aucun effort pour éradiquer le fléau du terrorisme.  Après avoir rendu hommage aux 126 enfants tués par les Taliban pakistanais, il a souligné que le terrorisme représentait aujourd’hui une menace « centrale » à la paix et à la sécurité internationales.  Il a ajouté que le terrorisme était alimenté par le crime transnational, qui fournit armes, argent et soutien logistique aux insurgés, l’accent devant être mis sur le démantèlement du lien entre les deux activités.  Citant le rapport du Secrétaire général (S/2014/9) sur les efforts déployés par le système des Nations Unies pour aider les organismes nationaux, sous-régionaux et régionaux en Afrique à lutter contre le terrorisme, il a souligné que le lien entre terrorisme international et criminalité transfrontalière menaçait la paix internationale en ce qu’il sape l’autorité de l’État et déstabilise des sociétés entières.  Les efforts internationaux ne porteront pas leurs fruits si l’on n’associe pas l’usage de la force au renforcement de la bonne gouvernance, de l’état de droit et des droits de l’homme, a insisté M. Feltman. 

Rappelant que la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies prône une approche globale pour s’attaquer aux causes socioéconomiques qui conduisent au terrorisme, le Secrétaire général adjoint a invité les États Membres à agir sur deux fronts: analyser la menace et évaluer les besoins; et mettre en place de projets de renforcement des capacités.  Sur ce dernier point, il a salué les activités exemplaires conduites par l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), qui s’efforce, en Afrique notamment, d’adapter les cadres juridiques des pays ainsi que les moyens de coopération et de surveillance des frontières.  Il a également noté les travaux du Centre des Nations Unies pour la lutte contre le terrorisme, qui encourage les pays d’Afrique centrale et australe à mutualiser leurs efforts en élaborant des stratégies régionales de contreterrorisme liant le combat contre les groupes terroristes et le crime transnational organisé. 

M. Feltman a déclaré qu’il était important que les composantes pertinentes du système des Nations Unies appréhendent mieux les implications de la collaboration entre criminels et terroristes afin d’apporter des réponses systématiques, en premier lieu dans les pays les plus affectés.  Pour le Secrétaire général adjoint, le terrorisme doit être une question abordée de manière approfondie et sous tous ses aspects dans les discussions relatives aux missions politiques spéciales, aux opérations de maintien de la paix et aux équipes de pays.  La planification de toutes les activités de l’ONU sur le terrain doit inclure l’examen de cette question, et celle du lien entre terrorisme et criminalité, a-t-il insisté.  M. Feltman a déclaré que les agissements de Boko Haram, Al-Qaida et Daesh montraient chaque jour et « de sinistre manière » les ravages causés par le lien entre terrorisme et criminalité transnationale, qui alimente les conflits, empêche leur règlement et sape tout espoir d’une paix durable.  Il a conclu en déclarant que la famille des Nations Unies doit utiliser l’ensemble des moyens dont elle dispose de façon coordonnée pour mettre hors d’état de nuire ces groupes, et ce faisant, protéger des civils innocents, résoudre les conflits et promouvoir activement les principes et les valeurs de l’ONU.

M. TÉTE ANTÓNIO, Observateur permanent de l’Union africaine, a rappelé que les activités criminelles transnationales contribuaient à l’apparition des conflits en Afrique tout en compliquant les efforts pour les résoudre.  Il a cité la situation au Mali, où les groupes terroristes qui y avaient trouvé refuge ont exacerbé les tensions politiques ayant conduit à l’insurrection que le pays a connue.  Dans la région du Sahel, les groupes terroristes comme Boko Haram, MUJAO, AQMI ou encore Ansaru ont substantiellement profité des rançons découlant de l’enlèvement d’étrangers et de riches nationaux, a-t-il poursuivi.  « Les enlèvements contre rançons dans la région du Sahel constituent désormais une véritable industrie dont les organisations terroristes sont le cœur, aux côtés de toute une chaîne d’intermédiaires, de groupes criminels, de membres de tribus et de sympathisants. »  M. António a également cité la situation en République centrafricaine comme autre exemple de ce dangereux faisceau de menaces, indiquant que la LRA était de plus en plus impliquée dans la contrebande de l’ivoire.

« Face à ces menaces, l’Union africaine ne reste pas inactive », a-t-il déclaré. Il a expliqué que l’opérationnalisation de l’Architecture de paix et de sécurité africaine dans la région du Sahel, connue sous le nom de Processus de Nouakchott, faisait fond sur une approche multidimensionnelle à même de répondre, de manière collective et durable, aux menaces transnationales.  « Les Chefs des services de renseignement de la région se sont rencontrés à six reprises afin de renforcer leur coopération, y compris avec la Mission de l’ONU au Mali ».  Il a également expliqué que les participants au Sommet de Nouakchott, qui s’est tenu hier, ont affiché leur volonté de contribuer au renforcement de la MINUSMA, via l’établissement d’une force d’intervention rapide qui participerait à la lutte contre les groupes terroristes et criminels armés et faciliterait le bon achèvement des efforts de stabilisation au Mali.

Le représentant de l’Union africaine a cité les raisons qui ont conduit à l’émergence et au redéploiement des groupes terroristes en Afrique, et en particulier dans la région du Sahel, commençant par les importants taux d’analphabétisme, de pauvreté et de chômage parmi les jeunes, « ce qui les rend vulnérables aux messages manipulateurs et aux promesses de gains faciles des groupes terroristes ».  Il a également mentionné la corruption des forces de l’ordre en raison de leurs conditions de travail dégradées, ainsi que l’immensité des territoires, dont le maillage administratif et sécuritaire est en outre insuffisant.  Parmi les autres facteurs avancés par M. Tête, figuraient également la faiblesse des institutions gouvernementales et la porosité des frontières.

« L’Initiative de coopération régionale pour l’élimination de la LRA est l’une des approches innovantes les plus récentes de l’Union africaine », a-t-il poursuivi, indiquant que son organisation œuvrait au renforcement de la résilience des populations touchées par les exactions de la LRA. Ces efforts incluent la réintégration des anciens combattants, a-t-il ajouté.  Au niveau opérationnel, M. António a expliqué que la Commission de l’Union africaine participait activement à la mobilisation des États membres en vue de la pleine mise en œuvre du cadre antiterroriste de l’Union africaine.

Le représentant a rappelé que la lutte contre la criminalité transnationale dans les situations de conflit devait être une priorité, en particulier lorsque ces activités criminelles peuvent conduire à l’exacerbation du conflit.  Il a en conséquence demandé l’adoption d’une approche inclusive rassemblant tous les États concernés de la région en vue de l’élaboration des mesures permettant de faire pièce à l’internationalisation et à la prolongation des conflits.

« Les communautés vivant le long des frontières sont notre premier rempart contre les activités criminelles et terroristes transnationales », a-t-il ensuite affirmé.  Il a souligné la nécessité de mettre en place des projets ayant un impact immédiat et des stratégies de développement sur le long terme au bénéfice de ces communautés, et ce, afin de diminuer l’attrait que peuvent exercer sur elles les groupes terroristes et criminels.  « Nous devons souligner ici le besoin critique qui s’attache à l’établissement et la restauration de la confiance entre l’État et les communautés frontalières. »

M. António a enfin rappelé que les groupes terroristes, indépendamment de l’idéologie à laquelle ils adhèrent, demeuraient des entités guidées par l’appât du gain, constamment en recherche de sanctuaires pour survivre et financer leurs activités.  Les régions frontalières mal gouvernées, où les communautés qui y vivent avec des choix limités et qui sont le théâtre d’activités criminelles transfrontalières florissantes, constituent pour ces groupes terroristes un choix optimal, a-t-il rappelé.  « Nous devons en conséquence renforcer nos systèmes d’alerte précoce afin d’identifier les situations de conflit potentiel susceptibles d’être exploitées par les groupes terroristes. »

« Soyons clairs, l’Union africaine ne se fait pas l’avocat de la fermeture des frontières ou de la restriction des déplacements transfrontaliers, pas plus qu’elle ne cherche à empiéter sur la souveraineté des États en ce qui concerne la gestion de leur territoire », a-t-il continué. « Si la porosité des frontières en Afrique a longtemps permis de réunir les communautés, de faciliter les échanges commerciaux et de contribuer à la prospérité économique, cette porosité ne doit pas se traduire par des menaces et des risques d’activités criminelles et terroristes. »  Il a expliqué que la Convention de l’Union africaine sur la coopération transfrontalière adoptée en juin 2014 visait précisément à une gestion plus efficace et plus intégrée des frontières et à une réponse collective aux activités criminelles et terroristes transfrontalières.

En conclusion, le représentant a rappelé que les mesures traditionnelles de résolution des conflits étaient rendues inopérantes par le profit considérable retiré des activités criminelles transnationales.  « Nous avons donc besoin d’approches inclusives, innovantes et coopératives, emmenées par les États concernés dans un climat de confiance mutuelle et de transparence, et sans que des restrictions ou des obstacles soient posés à la licite circulation transfrontalière des hommes et des biens. »

M. MOUSSA FAKI MAHAMAT, Ministre des affaires étrangères et de l’intégration africaine du Tchad, s’est félicité de l’adoption à l’unanimité par le Conseil de sécurité de la résolution 2195, la première à identifier clairement les liens entre terrorisme et criminalité organisée.  Il a d’autant plus salué cette décision que des groupes terroristes aussi divers que les Chabab en Somalie, Boko Haram dans le nord du Nigéria ou encore Al-Qaida au Maghreb islamique, qui opère au Sahel, menacent les acquis africains en matière de paix et de développement.  Face à l’ampleur de ces menaces, a-t-il dit, l’action entreprise par les pays et les organisations régionales et sous-régionales du continent doit être renforcée, notamment au travers de l’activation des mécanismes de coordination de l’Union africaine.  

Lors du dernier Sommet en date de l’Union, des initiatives ont été prises en ce sens, notamment celle qui proposait la création d’un « fonds spécial de lutte antiterroriste » et la mise en place d’« unités spéciales interpolices de lutte antiterroriste », a relevé le Ministre.  Rappelant qu’une des principales sources de financement du terrorisme sont les enlèvements, le Ministre a affirmé que les terroristes continuaient de profiter directement ou indirectement de cette activité, ainsi que du trafic de stupéfiants et d’êtres humains, de l’exploitation illégale des ressources naturelles et du blanchiment d’argent, qui sont « autant d’obstacles au développement ».  

Il a rappelé l’atterrissage en plein désert au nord du Mali du vol surnommé « Air Cocaïne » avec à son bord six tonnes de stupéfiants, d’une valeur estimée à 2 milliards de dollars.  La menace posée par les « barbares » de Boko Haram ou la guerre asymétrique menée par Al-Chabab exigent donc une action renforcée, a martelé M. Mahamat, qui a fait valoir que le Tchad avait par exemple, « de concert avec le Soudan », dépêché des patrouilles mixtes à ses frontières avec son voisin.  En outre, notre pays est engagé en faveur du processus de Nouakchott en vue de l’opérationnalisation de l’Architecture de paix et de sécurité de l’Union africaine au Sahel, a relevé le Ministre.

M. AMINU WALI, Ministre des affaires étrangères du Nigéria, a insisté sur le caractère transnational des activités criminelles en cours en Afrique, notamment dans l’ouest du continent, et du terrorisme qui lui est étroitement lié.  Un plan d’action a donc été lancé par les États membres de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) pour formuler des stratégies holistiques, sous peine d’échouer dans leurs efforts.  Au Nigéria, une commission économique et financière, ainsi qu’une unité du renseignement financier, ont été établies par le Gouvernement, conscient du fait que l’argent reste « le nerf de la guerre ».  

En outre, l’assistance de l’ONUDC a permis de renforcer les efforts déployés au niveau national, a souligné le Ministre, qui a également reconnu la contribution du Comité contre le terrorisme et de sa Direction exécutive.  M. Wali a assuré que son pays coopérait avec ses partenaires régionaux pour défaire Boko Haram, convaincu qu’une action collective et concertée est le seul moyen d’y parvenir.  Alors que les bandes terroristes cherchent constamment des failles dans la réponse des États, il est de notre devoir de maintenir une vigilance avec l’ensemble de nos partenaires, a-t-il conclu.

M. JEAN ASSELBORN, Ministre des affaires étrangères et européennes du Luxembourg, a constaté que l’on assiste à une « évolution profonde » de la menace terroriste, les groupes terroristes cherchant à contrôler des pans entiers de territoires, notamment au Mali, en Iraq et en Syrie.  Il a estimé que le Conseil de sécurité doit se préoccuper au plus haut point du fait que le crime organisé transnational accroît l’espace stratégique dont les terroristes disposent pour opérer.  Le Ministre a notamment fait observer que les criminels et terroristes prospèrent là ou l’État est faible ou absent et qu’ils profitent de l’instabilité et de l’économie de guerre; ils ont donc un intérêt particulier à prolonger les conflits.  Cette menace transnationale exige une réponse coordonnée aux niveaux international, régional et national, une meilleure coopération et une assistance accrue aux États confrontés à cette double menace, a-t-il affirmé.

M. Asselborn a expliqué que le Luxembourg avait appuyé une formation mise en place par la Cellule nationale de traitement des informations financières au Sénégal et financé, en mai 2014, à Tunis, un atelier sur le gel des avoirs terroristes.  Le Ministre a jugé nécessaire de renforcer les institutions en charge du maintien de l’ordre et du contrôle des frontières tout comme les structures judiciaires.  Il a estimé que la Commission de consolidation de la paix peut jouer un rôle important à cet égard.

Il s’est également inquiété de ce qu’en raison de leur vulnérabilité, les enfants sont des proies faciles pour les terroristes.  En conséquence, les enfants associés aux groupes extrémistes doivent être avant tout traités comme des victimes.  La détention prolongée d’enfants pour leur association, réelle ou présumée, à un groupe extrémiste expose les enfants à des traitements dégradants et inhumains.  Il nous faut lutter de concert contre cette tendance néfaste, a-t-il souligné.  M. Asselborn a présenté ses condoléances au Gouvernement et au peuple du Pakistan et a condamné dans les termes les plus fermes l’attaque terroriste du 16 décembre contre une école à Peshawar.

Mme SAMANTHA POWER (États-Unis) a déclaré que les motivations des terroristes et des criminels étaient différentes mais que les souffrances infligées étaient « tout à fait semblables ».  Terroristes et criminels prospèrent en semant la peur et coopèrent à cette fin, levant des millions de dollars grâce aux enlèvements ou encore à la vente d’armes et de matières premières.  L’« État islamique d’Iraq et du Levant »  gagne un million de dollars par jour en vendant illégalement du pétrole, a-t-elle alerté, déclarant que ces nouvelles sources de financement pérennisaient les activités meurtrières de nombreux réseaux et organisations terroristes.  Pour Mme Power, le Conseil de sécurité doit mieux comprendre leurs tactiques pour trouver des réponses efficaces, l’accent devant être mis sur l’amélioration de la coopération internationale. 

Afin de combattre ce double fléau, les États Membres, sous l’impulsion du Conseil, doivent mettre en œuvre les instruments existants, en particulier en systématisant l’échange d’informations et d’analyses sur le terrorisme.  Les États-Unis considèrent que la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée et les accords bilatéraux doivent être appliqués de concert.  Saluant l’adoption de la résolution 2195, qui appelle au renforcement de l’expertise sur le lien entre terrorisme et criminalité transnationale organisée, la représentante a rappelé l’importance d’éradiquer la corruption et l’impunité qui accroissent la vulnérabilité d’États déjà fragiles au fléau du terrorisme.  À cet égard, elle a prôné la mise en place de systèmes de gouvernance plus solides.  Il convient, a-t-elle ajouté, d’utiliser tous les outils de justice pénale dont nous disposons pour lutter contre l’impunité et identifier les lacunes en utilisant la documentation de l’ONUDC.  Concluant son intervention, Mme Power a reconnu la nécessité de faire davantage pour prévenir les « odieuses attaques qui visent des enfants », en affrontant collectivement les réseaux criminels qui alimentent les groupes terroristes.

M. EUGÈNE-RICHARD GASANA (Rwanda) a constaté qu’il y avait longtemps que le lien étroit entre terrorisme et crime transnational organisé avait été établi.  Et pourtant, il n’existe toujours pas d’organisme spécialisé des Nations Unies pour aborder de manière conjointe ce double phénomène, a-t-il dénoncé.  M. Gasana a déclaré, qu’en Afrique, le crime organisé sape la gouvernance et les structures de responsabilité, ouvrant la voie au développement des groupes terroristes.  Le Rwanda espère que le rapport du Secrétaire général demandé par la résolution 2195 permettra au Conseil de sécurité d’évaluer de manière approfondie le lien entre les deux types d’activités, en vue d’élaborer des réponses adaptées en matière de prévention.  Mettant l’accent sur l’importance de systématiser les échanges d’informations et de renseignements, il a, à son tour, appelé à une coordination accrue entre les différentes entités pertinentes des Nations Unies. 

M. Gasana a souligné l’urgence de combler les lacunes en matière de contrôle des mouvements et des activités aux frontières et d’optimiser l’utilisation des mandats du Conseil de sécurité et des outils de contreterrorisme pour identifier les réseaux terroristes et criminels ainsi que leurs modes opératoires.  Pour les démanteler et prévenir les attaques terroristes, il est nécessaire, a-t-il estimé, que nous disposions de méthodes communes de collecte et d’analyse de l’information.  Il a relevé que « là où est déployée l’ONU se trouvent les terroristes, en Somalie et au Mali par exemple ».  Il a donc recommandé d’adapter les mandats de maintien de la paix de l’ONU aux situations spécifiques, en tenant compte de l’ampleur des menaces terroristes là où elles existent. 

M. EDUARDO ZUAIN (Argentine) a observé avec préoccupation « les tentatives visant à confondre terrorisme et crime transnational organisé », comme s’il y avait nécessairement une relation entre eux.  Or, le terrorisme a un caractère spécifique et le régime de droit international qui le combat prévoit des mesures adaptées.  De même que la Convention de Palerme et ses Protocoles constituent le cadre pour lutter contre la criminalité transnationale organisée, les conventions internationales des Nations Unies contre le terrorisme décrivent des conduites qualifiées d’actes terroristes, même si la communauté internationale n’a pas encore trouvé une définition du terrorisme universellement acceptée.

L’Argentine, qui a elle-même souffert du terrorisme, plaide pour que les mesures que les États adoptent pour combattre le terrorisme respectent le droit international, en particulier les droits de l’homme, le droit international humanitaire et le droit des réfugiés.  Ces mesures doivent également respecter les principes consacrés par la Charte des Nations Unies, à savoir l’intégrité territoriale, l’indépendance politique des États et la non-ingérence dans les affaires intérieures des États. 

M. ALFREDO LABBÉ (Chili) a reconnu les liens intrinsèques qui existent entre les phénomènes du terrorisme et de la criminalité transnationale organisée, avant de dire que l’attaque terroriste meurtrière commise le 16 décembre contre une école au Pakistan est « une attaque contre la communauté internationale dans son ensemble ».  Cette interaction a un impact dévastateur sur l’édification d’un monde sûr, a accusé le représentant, attirant l’attention sur les problèmes de corruption et de bonne gouvernance qu’elle pose. 

Dans ce contexte, a-t-il dit, les Nations Unies jouent un rôle fondamental, notamment par le biais de la mise en œuvre des instruments de lutte contre le terrorisme à leur disposition.  M. Labbé a estimé qu’il faut aussi que les États Membres échangent leurs pratiques optimales pour resserrer encore davantage le maillage des réseaux de lutte antiterroriste.  Pour sa délégation, l’éducation, la réduction des inégalités et l’aide aux groupes les plus marginalisés de la société sont des éléments fondamentaux de réponse aux causes profondes du terrorisme.  Il s’est enfin félicité de la « révision stratégique » initiée par le Tchad en vue de mieux évaluer les liens existants entre terrorisme et activités criminelles.

M. FRANÇOIS DELATTRE (France) a rappelé que son pays a pris toutes ses responsabilités en intervenant au Mali pour éviter la progression de terroristes qui menaçaient Bamako.  Aujourd’hui, la France dispose d’une nouvelle stratégie pour la zone sahélo-saharienne, visant à traiter à la fois les questions de sécurité, de développement et de gouvernance.  Cette stratégie couvre la coopération avec six pays (Sénégal, Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger et Tchad) et a notamment vocation à renforcer les capacités des États pour leur donner les moyens de lutter contre le terrorisme et les grands trafics mais également à lutter contre la radicalisation ou encore à faciliter la coopération régionale.  La stratégie sahélo-saharienne française représente plus de 400 millions d’euros d’aide bilatérale au développement chaque année.

En outre, a aussi rappelé le représentant, l’opération militaire française Barkhane lancée en 2014 à la demande de cinq pays du Sahel représente la contribution de la France à la lutte contre le terrorisme et à l’amélioration de la sécurité au Sahel.  Mais bien sûr, a-t-il reconnu, il est indispensable de trouver des « réponses africaines » aux différentes crises.  Il s’est félicité de la tenue du Forum international de Dakar sur la paix et la sécurité en Afrique, en ajoutant que la diversité des initiatives sur le Sahel dont la Stratégie des Nations Unies ou encore celle de l’UA ou de l’UE, est le signe d’une forte mobilisation de la communauté internationale.  Le représentant a aussi salué la création du G-5 Sahel qui vise à coordonner les efforts des principaux pays concernés. 

À l’ONU, il a salué les travaux de la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme sur la question des frontières au Sahel ainsi que les projets d’assistance intégrée « I-ACT », conduits par l’Équipe spéciale de lutte contre le terrorisme.  Les actions conduites par l’ONUDC sont également d’une grande importance.  Le renforcement des capacités doit être une priorité pour les Nations Unies, a-t-il insisté, en citant aussi l’aide au renforcement de la coopération entre les États du Sahel et les organisations africaines.  Le représentant a dit soutenir l’opérationnalisation de ces initiatives, dans le cadre de l’Architecture africaine de paix et de sécurité.

M. OH JOON (République de Corée) a affirmé qu’il était temps que la communauté internationale intensifie ses efforts pour couper le lien néfaste qui existe entre les fléaux que sont le terrorisme et la criminalité transfrontière.  « Il est impératif d’interrompre efficacement les activités criminelles dont profitent les groupes terroristes », a-t-il dit.  Il s’est à ce titre félicité de l’adoption de la résolution 2170 (2014) et a indiqué que des délibérations étaient en cours au sein du Comité 1267 en vue de l’adoption de recommandations concrètes concernant le financement de « l’État islamique » et du « Front el-Nosra ».  « Ces efforts doivent maintenant être mis en œuvre pour assurer leur succès », a-t-il affirmé, avant d’appeler à la bonne application des conventions pertinentes des Nations Unies pour prévenir et combattre le financement des groupes terroristes via les activités criminelles transfrontalières.

« Nous devons nous attaquer aux failles structurelles dont les terroristes profitent », a-t-il poursuivi, citant parmi celles-ci la porosité des frontières et la faiblesse des institutions.  Il a demandé aux États de renforcer leurs capacités institutionnelles et juridiques, notamment en ce qui concerne le contrôle des frontières.  Il a également exhorté les entités de l’ONU, y compris la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme et l’ONUDC, d’approfondir leur coopération.  Enfin, le délégué a souligné la nécessité de remédier aux causes sous-jacentes des activités criminelles et terroristes.  « Les pays en proie à la pauvreté et aux conflits sont plus vulnérables aux menaces convergentes de la criminalité transnationale et du terrorisme. »

M. LIU JIEYI (Chine) s’est ému de la multiplication des attaques terroristes dans le monde, qui représentent une menace pour la paix et la sécurité internationales.  C’est la raison pour laquelle il a encouragé les États Membres à partager leurs expériences et à mettre en place des missions conjointes.  Il a toutefois affirmé que la lutte contre le terrorisme doit être menée dans le respect de normes très strictes et à l’abri des politiques de « deux poids, deux mesures ». 

C’est en Afrique qu’il faut agir le plus résolument, a observé le représentant, pour qui cela est dans l’intérêt de la communauté internationale. Celle-ci devrait donc aider activement les pays africains à renforcer leurs capacités dans la mise en œuvre des mesures prévues par la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations unies, avec le concours de la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme du Conseil de sécurité, et dans un souci d’appropriation nationale.  En outre, la communauté internationale devrait se mobiliser davantage contre le cyberterrorisme, a préconisé M. Jieyi.

Mme RAIMONDA MURMOKAITĖ (Lituanie) a parlé de l’importance de combattre le blanchiment d’argent et les flux financiers illicites dans le cadre des efforts de lutte contre le terrorisme.  Elle a aussi parlé de la nécessité, pour les États, de prévenir les mouvements transfrontaliers de liquidités, de faire face aux nouvelles tendances en matière de financement des activités criminelles et de poursuive les organisations caritatives qui financent le terrorisme.  Elle a appelé à la pleine mise en œuvre des normes établies par le Groupe d’action financière (GAFI) et au renforcement des liens avec les organes régionaux correspondants. La représentante a jugé nécessaire de combattre les activités illicites génératrices de revenus comme l’exploitation illégale des ressources naturelles, le trafic de drogues, la traite des êtres humains ou encore les enlèvements contre rançon.

Mme Murmokaitė a constaté que les stratégies et les méthodes de recrutement des terroristes évoluent plus rapidement que la réponse à la menace qu’ils posent, et que le flux illicite d’armes est en train de changer l’environnement sécuritaire.  Elle a appelé au contrôle efficace des frontières, au partage d’informations et à l’application effectives des sanctions et des embargos. Faisant observer que le système de l’ONU avait acquis une vaste, mais distincte, expertise en ce qui concerne le terrorisme et la criminalité transnationale organisée, elle a jugé nécessaire pour les différentes entités du système qu’elles exploitent leur expertise respective.  Lorsqu’il s’agit de démanteler les réseaux terroristes, l’Unité d'action de l’ONU est plus que valable, a souligné Mme Murmokaitė qui a  averti que la fragmentation des efforts n’apportera rien à la lutte contre le terrorisme ni au règlement des conflits. La représentante a aussi insisté sur l’importance d’une approche régionale, citant notamment l’Initiative de coopération régionale de l’Union africaine, le Processus de Nouakchott et les activités de la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO).

M. MARK LYALL GRANT (Royaume-Uni) a considéré que la résolution 2195 (2014) abordait un point essentiel, à savoir le financement du terrorisme découlant du crime transnational organisé.  La complicité entre terroristes et contrebandiers accroit les risques et la complexité des activités terroristes, a-t-il dit.  Il a salué le fait que la résolution rappelle « opportunément » l’obligation faite aux États de lutter contre tout financement du terrorisme et de mieux appréhender le lien entre terrorisme et criminalité transfrontalière.  Il a également souligné la nécessité d’appliquer les sanctions de l’ONU « mises en place au titre du Chapitre VII » et de mutualiser les efforts en vue de couper les voies des trafics organisés d’êtres humains, de drogues, d’armes et de ressources naturelles.  La résolution demande à juste titre de fournir une assistance aux pays les plus touchés par le terrorisme et la criminalité transfrontalière afin qu’ils soient en mesure de consolider l’état de droit et d’adapter leurs arsenaux juridiques nationaux à la lutte contre le terrorisme sous tous ses aspects, a encore noté le représentant.  Il a estimé qu’au lieu d’en créer d’autres, il faudrait plutôt exploiter de manière optimale les outils existants tels que la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme et l’ONUDC, qui sont déjà des centres d’analyses et d’expertise. 

M. MAHMOUD DAIFALLAH MAHMOUD HMOUD (Jordanie) a appelé tous les États Membres à lutter contre le financement du terrorisme en s’attaquant aux différents trafics pointés du doigt dans la résolution 2195.  Déjà, de nombreuses organisations criminelles dans de nombreux pays s’inspirent des méthodes de l’« État islamique d'Iraq et du Levant »  ou encore de Boko Haram, a-t-il relevé.  Pour le représentant, la riposte doit être organisée en mettant en place des systèmes de justice pénale efficaces  et en luttant plus activement contre le recrutement et le financement des groupes non étatiques.  À cette fin, il a plaidé pour un élargissement des listes récapitulatives des comités de sanctions de l’ONU aux individus et entités sur lesquels pèsent des doutes sérieux.  INTERPOL a un rôle important à jouer en la matière, a-t-il précisé. 

M. EVGENY T. ZAGAYNOV (Fédération de Russie) a estimé qu’un dispositif international pour tarir les sources financières des groupes opérant de part et d’autre de la frontière entre l’Afghanistan et le Pakistan aurait peut-être pu éviter des attaques sanglantes comme celles commises par des Taliban mardi dernier contre une école à Peshawar.  Seule une action concertée de la communauté internationale, sous l’égide des Nations Unies, pourrait être couronnée de succès.  S’agissant plus précisément de l’Afrique, le représentant s’est félicité des efforts déployés par la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme pour soutenir ses États Membres et les aider à prendre des mesures efficaces pour bloquer l’accès des groupes terroristes aux sources de financement, notamment l’exploitation illégale des ressources naturelles. 

Le représentant a salué la nouvelle résolution du Conseil de sécurité, qui prévoit des mesures visant à consolider la coopération existante et souligne l’importance du partenariat public-privé.  Il a espéré qu’elle serait maintenant suivie de mesures concrètes de la part des pays et des organisations internationales pertinentes.

M. GARY QUINLAN (Australie) a estimé que le Conseil de sécurité n’avait pas accordé suffisamment d’attention au lien entre terrorisme et criminalité transnationale et à son impact « tragique » sur les conflits.  Il a appelé le Conseil de sécurité à affiner deux de ses principaux outils, à savoir les missions de maintien de la paix et les missions politiques spéciales.  Le représentant a fait observer que 8 des 11 pays lourdement menacés par les groupes affiliés à Al-Qaida accueillent des missions de l’ONU et a jugé nécessaire de renforcer le mandat de ces dernières en matière de lutte contre la criminalité transnationale organisée.  Les missions doivent avoir les outils et la formation nécessaires pour collecter des informations, analyser l’ampleur de la menace et aider les pays hôtes à mettre un terme aux activités illicites.  M. Quinlan a parlé du rôle que pourrait jouer la composante « police de l’ONU » dans cette formation et a appelé au déploiement de plus d’unités spécialisées dans les crimes graves.  Mais l’appui des missions de l’ONU doit aussi aller aux systèmes judiciaires et s’agissant de la tâche la plus difficile qu’est la gestion des frontières, le représentant a estimé que le Conseil doit se demander où l’ONU peut jouer un rôle efficace.

Le représentant a souligné le mérite des sanctions, l’un des instruments les plus efficaces dont dispose le Conseil de sécurité.  Il a demandé à ce dernier de faire en sorte que les États aient la capacité technique de mettre en œuvre un régime de sanctions.  Les États peuvent faire beaucoup, a insisté M. Quinlan: ratifier et mettre en œuvre les principaux traités contre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée, mieux aligner leurs réponses à la nature et à l’ampleur des menaces en recourant plus efficacement aux évaluations de l’ONUDC et mettre en place les capacités techniques nécessaires au maintien de l’ordre, au contrôle des frontière et à la justice pénale.  Le représentant a ajouté à cela « la capacité de tracer l’argent » qui peut être un moyen aussi efficace pour réduire les incitations au crime que l’arrestation des criminels eux-mêmes.  Enfin, il a jugé fondamental le renforcement des partenariats bilatéraux et régionaux, citant en exemple le Réseau de lutte contre la criminalité transnationale de la région du Pacifique.  Paraphrasant l’ONUDC, il a dit: « il faut un réseau pour combattre un réseau ».  Il a donc insisté sur le renforcement de ces réseaux, le recours le plus efficace possible aux instruments disponibles et une adaptation constante à la nature changeante de la menace.

M. MOHAMED ELHADI DAYRI, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale de la Libye, a déclaré que le thème du débat se trouve être également une priorité de son propre gouvernement confronté à la menace terroriste et à l’emprise de la criminalité organisée aux frontières.  Il est devenu évident au cours des derniers mois, que les défis que ces deux phénomènes posent sont « immenses », comme en témoigne le fait que des groupes affiliés à Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) ont pris le contrôle de villes entières.  L’attaque, perpétrée le 13 décembre, par des milices contre le « croissant pétrolier », au cœur de la Libye, n’avait pour objectif que de s’emparer d’un « centre économique névralgique » afin d’assurer une autosuffisance financière. 

Aussi est-il important, a pressé le Ministre, de renforcer la coopération internationale, régionale et sous-régionale.  Il faut mettre au point des mécanismes de coordination dans la lutte contre les activités criminelles et terroristes et la traduction en justice de leurs acteurs.  En dépit de ses capacités limitées sur le plan militaire, la Libye, a assuré le Ministre, a été en mesure de prendre des mesures de sécurité collectives avec tous les pays voisins.  Les opérations menées par certains groupes armés libyens au nom de la « Conférence nationale dissoute » ne relèvent en réalité que de l’instrumentalisation de la violence à des fins politiques, a accusé le Ministre.  Il a demandé que la communauté internationale renouvelle son soutien à son pays et l’aide à rétablir son autorité sur l’ensemble du territoire, sous peine de voir la Libye devenir une « cellule cancéreuse » dans la région. 

M. BHAGWANT SINGH BISHNOI (Inde) a attiré l’attention sur le fait que les groupes terroristes qui défraient la chronique figurent déjà sur les listes de sanctions des Nations Unies.  Tous bénéficient donc pour perdurer d’importantes sources de financement, et il semblerait que le Conseil ne puisse pas faire grand-chose dans l’état actuel des choses, a-t-il constaté.  Il a ainsi demandé aux membres du Conseil de sécurité de réfléchir de manière approfondie à des mesures spécifiques pour couper toutes les voies de financement des groupes terroristes, l’accent devant être mis dans l’immédiat sur le renforcement des capacités de contrôle aux frontières.  La Somalie, le Mali et la Libye n’ont pas les moyens de lutter contre le crime transfrontalier et les organisations terroristes prospèrent dans des zones de non-droit, a-t-il souligné.  M. Bishnoi a considéré que l’ampleur du double phénomène nécessitait que l’ensemble des États Membres de l’ONU soient consultés, y compris les non-membres du Conseil de sécurité.

M. KAIRAT ABDRAKHMANOV (Kazakhstan) s’est alarmé des liens de plus en plus étroits entre les organisations terroristes et celles liées à la criminalité transnationale organisée qui permettent aux uns et aux autres de renforcer leur pouvoir de nuisance et de déstabilisation.  Il s’est inquiété de l’influence idéologique des terroristes sur les jeunes grâce aux medias sociaux.  Il a aussi appelé à reconnaître le danger que représente l’accès des terroristes à la technologie nucléaire.  Ces défis, a-t-il prévenu, exigent une coopération internationale, mais aussi la promotion des droits de l’homme et de la tolérance.  Un rôle particulier doit être assumé pour les organisations régionales et sous-régionales, a-t-il dit en expliquant que son pays appliquait de nombreux cadres régionaux en matière de lutte contre le terrorisme.  Nous travaillons de manière étroite avec le bureau régional de l’ONUDC, a-t-il aussi dit avant de préciser que son pays a adopté en 2013 un programme national pour contrer l’extrémisme religieux et le terrorisme au Kazakhstan pour la période 2013-2017, en y affectant 600 millions de dollars.

M. SABRI BOUKADOUM (Algérie) a mis l’accent sur la dégradation de la sécurité dans la région du Sahel en raison du terrorisme violent et de ses conséquences que sont la traite des êtres humains, le blanchiment d’argent et la criminalité transfrontalière organisée.  Le terrorisme et la criminalité transfrontalière se renforcent mutuellement dans une course à la menace à la paix et à la stabilité.  Il a estimé que davantage de pays d’Afrique risquent d’être de plus en plus déstabilisés par des activités terroristes qui risquent de mettre la main sur des ressources stratégiques comme le pétrole et les diamants.

Le risque de rechute est accru dans les pays sortant d’un conflit, compliquant la protection des civils.  C’est pourquoi, le représentant a appelé à des discussions pour savoir comment utiliser au mieux les capacités de l’ONU.  En améliorant la protection des frontières, les États pourraient mieux prévoir la criminalité transfrontalière, a-t-il insisté avant d’appeler à une lutte contre le terrorisme respectueuse de la souveraineté et de l’intégrité territoriale des États.  Il a indiqué que l’Algérie a déployé son armée pour préserver non seulement sa sécurité mais aussi celle des pays voisins.  Il a souligné l’importance du Groupe de travail sur le Sahel coprésidé par l’Algérie et le Canada.  Il a indiqué que l’Union africaine a demandé une réunion de haut niveau sur la lutte contre le financement du terrorisme afin de trouver des moyens innovants pour faire face à ce problème.  Il a précisé que l’Algérie était prête à accueillir un tel sommet. 

Intervenant au nom des pays nordiques (Danemark, Finlande, Islande, Norvège et Suède), M. PER THÖRESSON (Suède) a rappelé que 1,5 milliard de personnes vivent dans des pays affectés par des conflits et que 80% de la pauvreté mondiale sera d’ici à 2030 concentrée dans des États fragiles et affectés par des conflits.  Il a dit que lutter contre le terrorisme et la criminalité organisée était crucial pour lutter contre la pauvreté.  Il a précisé que les pays nordiques, qui étaient des contributeurs importants de l’aide humanitaire et du développement, souhaitaient l’inclusion dans les objectifs de développement d’après-2015 d’un objectif intitulé « Sociétés pacifiques et inclusives, libérées de la violence ». 

Il a dit que l’entrée en vigueur ce mois-ci du Traité sur le commerce des armes offrira un nouvel outil puissant pour combattre la violence liée à la circulation des armes illicites.  Il a ajouté que le meilleur moyen de lutter contre la propagande de haine et d’intolérance des terroristes était de s’engager sans concession dans la promotion de la démocratie, des droits de l’homme et de l’égalité.  Les pays nordiques accordent une grande importance aux efforts des Nations Unies visant à renforcer la résilience des États contre le terrorisme et la criminalité organisée.  Le représentant a souligné l’importance de l’ONUDC et de la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies et a invité l’ONU à explorer des voies innovantes pour lutter contre ces phénomènes. 

Mme MARA MARINAKI, de l’Union européenne, a souligné que l’Union privilégiait une approche intégrée en matière de sécurité, où les stratégies de lutte contre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée sont étroitement liées entre elles.  L’Union européenne soutient également la mise en œuvre des régimes de sanctions des Nations Unies, en particulier celui prévu par la résolution 2170 (2014) dont l’un des objectifs clairs est de tarir les sources de financement de l’« État islamique d’Iraq et du Levant (EIIL) », a expliqué la représentante.  Les recommandations émises par le Groupe d’action financière revêtent une importance particulière à cet égard, a-t-elle ajouté, saluant également les travaux du Forum mondial de lutte contre le terrorisme sur les enlèvements contre rançon. 

Parties à la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée, ainsi qu’à la Convention des Nations Unies contre la corruption, les États membres de l’Union européenne sont également déterminés à mettre en œuvre la Stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies, a assuré la déléguée.  Mme Marinaki a par ailleurs rappelé l’engagement de longue date de l’Union à promouvoir la sécurité et le développement en Afrique, en particulier au Sahel, où elle soutient actuellement les stratégies antiterroristes du Mali, du Niger et de la Mauritanie.  L’Union prête également une assistance aux pays d’Afrique de l’Ouest dans leurs efforts visant à juguler le trafic de stupéfiants et la criminalité transnationale organisée, tandis qu’en Somalie, elle est l’un des principaux soutiens de la Mission de l’Union africaine (AMISOM) dans ses efforts de lutte contre l’extrémisme violent, a précisé la représentante.

M. OSAMA ABDELKHALEK MAHMOUD (Égypte) a dénoncé l’attaque odieuse qui a pris pour cible « des enfants sans défense » à Peshawar, au Pakistan, ainsi que le siège terroriste de Sydney, en Australie, estimant que de tels incidents démontrent l’importance de l’unité dont doit faire preuve la communauté internationale face au terrorisme.  Il a constaté que les trafics transfrontaliers illicites permettent de financer les activités terroristes, dans la région du Sahel notamment, et a salué les mécanismes de coopération régionale en Afrique, à commencer par le Processus de Nouakchott.

Pour faire face aux menaces, le représentant de l’Égypte a appelé les États Membres à échanger des informations sur les mesures prises contre le trafic transfrontalier de drogues, la traite des êtres humains, la cybercriminalité ou encore le blanchiment d’argent et le trafic d’armes.  Il les a également engagés à partager leurs meilleurs pratiques en matière de lutte contre le terrorisme et à fournir un appui bilatéral aux États les plus touchés afin de renforcer leurs capacités.  La coopération entre les autorités pertinentes, notamment dans les domaines judiciaires et de l’état de droit est également importante, a-t-il ajouté.

M. Aboulatta a aussi appelé au respect des principes d’égalité souveraine, d’indépendance politique et d’intégrité territoriale des États.  Il a réclamé une augmentation des ressources de l’Équipe spéciale de lutte contre le terrorisme (CTITF), de la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme (DECT) et de l’ONUDC.

M. LEVENT ELER (Turquie) a rappelé que son pays avait toujours souligné le lien entre terrorisme et crime transnational organisé.  Face aux menaces posées par Daesh et el-Nosra, la Turquie a pris toutes les mesures nécessaires à ses frontières pour lutter contre le trafic et les réseaux de contrebande venant du côté syrien.  Toutefois, ces organisations terroristes ont réussi à se renforcer et à s’emparer de territoires du fait de la crise en Syrie, où le régime, profitant de l’inaction de la communauté internationale, continue de cibler son propre peuple. 

Par ailleurs, la Turquie estime que le phénomène des « FTF » en Afrique ne peut pas être abordé de façon isolée et qu’il faut se concentrer sur les « FTF » qui partent d’Afrique du Nord pour joindre Daesh.  Les « FTF » posent de graves dangers aux pays d’origine, de transit et de destination.  Dans les pays en développement, et en particulier en Afrique où AQMI, Boko Haram et Al-Chabab ont gagné du terrain, un des aspects clefs de la lutte contre le terrorisme nourri par le crime transfrontalier réside dans le renforcement des capacités, a ajouté le représentant. 

Depuis 2008, près de 4 500 personnes de 14 pays africains ont participé à des programmes de formation organisés par la police turque.  De même, les autorités turques compétentes offrent des formations à des pays dans la Corne de l’Afrique.  L’Académie internationale turque contre les drogues et le crime organisé, établie en coopération avec l’ONUDC, a également joué un rôle important dans la région.  Enfin, lors du second Sommet Afrique-Turquie, qui s’est tenu à Malabo le mois dernier, la Turquie a réitéré son désir de continuer à collaborer dans tous les domaines de la paix et de la sécurité.

Mme MÓNICA BOLAÑOS PÉREZ (Guatemala) a reconnu les liens qui existent entre le terrorisme et les facteurs déstabilisants comme le crime transnational organisé ou le trafic des drogues.  Elle a toutefois estimé que le document de réflexion abordait tous ces phénomènes en bloc en ignorant que leur interconnexion doit être traitée au cas par cas, et qu’elle varie de région à région.  « Présumer que le terrorisme et le crime transnational organisé sont automatiquement liés est non seulement imprécis, mais dangereux », a-t-elle ajouté.  Cela voudrait dire que « toutes les activités transfrontières illicites figureraient à l’ordre du jour du Conseil de sécurité » et constitueraient une menace à la paix et à la sécurité internationales.

La lutte contre le terrorisme, a fait valoir Mme Bolaños, se distingue de la lutte contre le trafic des drogues ou contre les groupes criminels organisés.  « Les motivations d’un terroriste sont différentes de celles de quelqu’un qui participe à des activités criminelles organisées. »  Pour le Guatemala, le crime transnational organisé est un fléau qui doit être combattu par la coopération entre les États Membres.  À trop mettre l’accent sur des mesures coercitives et sur les contrôles et les réglementations, « nous courrons le risque de provoquer une approche défensive de la part des États souverains », a averti la représentante.

M. GUILHERME DE AGUIAR PATRIOTA (Brésil) a indiqué que son pays a adhéré à 14 instruments juridiques internationaux de lutte contre le terrorisme.  Nous nous sommes aussi lancés dans des initiatives de prévention du terrorisme aux niveaux national, régional et international, a dit le représentant.  Il a ajouté que le Brésil était partie à tous les traités régionaux et internationaux relatifs à la lutte contre la criminalité transnationale organisée et a mis l’accent sur l’importance de la Convention de Palerme de 2000 et de ses Protocoles.  Il a appuyé la décision du Conseil de sécurité de privilégier le terme « criminalité transnationale organisée » plutôt que celui de « criminalité transfrontalière » jugé trop flou.  Il n’y a pas de lien automatique entre terrorisme et criminalité, a-t-il dit, avant de préciser que si ce lien peut devenir une réalité dans certaines circonstances, on ne doit pas le considérer comme une « réalité universelle ».  Nous sommes partisans de la centralité de l’ONU pour coordonner la lutte contre le terrorisme international, a-t-il dit avant d’appeler à une réponse pluridimensionnelle.   

M. BASHAR JA’AFARI (Syrie) a fustigé les États qui ont adopté le terrorisme comme outil de leur politique extérieure au mépris de la stabilité internationale. Si les groupes terroristes ont pu prospérer, ces dernières années, en Syrie et dans la région, c’est à cause des politiques et des pratiques de certains gouvernements qui s’évertuent à prolonger la crise syrienne en apportant leur soutien à ces groupes.  Il s’est inquiété des pillages de sites archéologiques par les groupes terroristes ainsi que du démantèlement de centaines d’entreprises.  Il a fustigé le comportement de trois membres permanents du Conseil de sécurité qui ont, durant des années, empêché toute action contre ces mouvements terroristes.  Le pétrole et les œuvres archéologiques se sont frayés un chemin à travers les frontières jusqu’à leurs clients au vu et au su des services de renseignement des gouvernements qui parrainent les groupes terroristes.  Il a demandé à tous les pays qui soutiennent ces groupes en Syrie de mettre fin à leurs pratiques.  Il a affirmé que son gouvernement a transmis au Comité 2167 la liste de tous les combattants étrangers tués en Syrie.  Il a aussi attiré l’attention sur un rapport publié à Washington sur le financement par le Qatar d’activités terroristes en Syrie et dans le monde entier.

M. MIGUEL CAMILO RUIZ (Colombie) a dit que s’il faut reconnaître que le crime transnational organisé peut porter atteinte à la stabilité et à la sécurité des États, il faut également souligner que ses manifestations et ses effets ne sont pas uniformes partout dans le monde et qu’ils ne relèvent pas nécessairement de la compétence du Conseil de sécurité.  C’est pour cette raison que « le Conseil doit éviter de simplifier un thème qui doit être abordé au cas par cas ».  Pour éliminer le crime transnational organisé, a estimé M. Ruiz, il faut des mesures intégrales et équilibrées qui abordent tous les liens entre les activités illicites, qui reconnaissent les droits et les responsabilités souverains des États et qui respectent les obligations internationales.  Il a souhaité que l’ONU concentre ses efforts sur l’assistance financière et technique aux États qui ont besoin de renforcer leurs capacités humaines et institutionnelles. 

M. HEIKO THOMS (Allemagne) a déploré la violence croissante propagée par le terrorisme international et souligné le lien entre terrorisme et criminalité transnationale organisée.  « Les groupes terroristes ont besoin d’argent et d’armes et recourent au trafic transfrontière », a-t-il indiqué.  Il s’est félicité en particulier des efforts déployés pour lutter contre le trafic de drogues en Afrique.  Il a également estimé que le trafic des espèces sauvages et le braconnage en Afrique exigeaient « une riposte efficace, globale et coordonnée ».  En tant que coprésident du Groupe des Amis sur cette question, l’Allemagne souhaite l’adoption d’une résolution de l’Assemblée générale.

Le représentant a ajouté qu’il fallait stopper l’accès des terroristes aux armes qui affluent vers l’Afrique du Nord.  À cette fin, a-t-il expliqué, l’Allemagne étend ses efforts en Lybie et dans d’autres régions du Sahel.  Elle a alloué des sommes substantielles au financement de projets et revu à la hausse ses contributions pour 2015.  L’Allemagne accorde également une grande importance à cette question dans le cadre de sa présidence du G-7.  Enfin, l’Allemagne a financé des projets à hauteur de 200 millions de dollars au cours des six dernières années pour renforcer les capacités de l’Union africaine et son Architecture de paix et de sécurité. 

M. SAHEBZADA AHMED KHAN (Pakistan) a souligné que ce débat intervient après l’acte de terrorisme « odieux, monstrueux et lâche » qui a eu lieu le 16 décembre dernier à Peshawar.  « Nous allons vaincre le terrorisme », a-t-il assuré, en souhaitant envoyer un message « haut et fort ».  Le deuil dans lequel est plongé le pays ne fera que renforcer la détermination sans faille du Pakistan à poursuivre sa lutte contre le terrorisme.  Les terroristes, a-t-il insisté, « s’en sont pris à nos âmes ».  La directrice, les professeurs et les enfants de l’école attaquée ont agi « en héros », a-t-il dit, avant de souligner que le Pakistan est à la tête de la guerre internationale contre le terrorisme.

Le représentant a voulu que l’on maintienne une distinction claire entre criminalité transnationale organisée et terrorisme, même si les terroristes peuvent tirer parti de la faiblesse du contrôle des frontières.  D’après lui, une stratégie efficace doit tenir compte du fait que les États sont au premier chef responsables du contrôle frontalier et qu’il faut adapter les mesures aux problèmes régionaux spécifiques, tout en renforçant les capacités des États confrontés à ces problèmes.  Le représentant a appelé au respect de la souveraineté nationale et de l’intégrité territoriale des États.  Il a voulu que l’on évite tout chevauchement avec des activités déjà entreprises par les institutions onusiennes.  Il a, une fois de plus, promis « l’annihilation totale des terroristes et de leurs idéologies obscures ».

M. JIM MCLAY (Nouvelle Zélande) a appelé les États Membres à s’assurer que l’architecture de la lutte contre le terrorisme de l’ONU permette d’appuyer la mise en œuvre des principaux outils à disposition dont la résolution 1373, de manière à pouvoir véritablement réagir aux défis actuels du terrorisme.  Il a prévenu qu’une approche de « taille unique » ne saurait être efficace, faisant observer que si les trafics de minéraux, de diamants et plus récemment de cocaïne se trouvent au cœur des conflits en Afrique de l’Ouest, en Afrique centrale, c’est le braconnage transfrontalier qui contribue à la dynamique des conflits.

Le représentant a insisté sur la nécessité de veiller à la souplesse des mécanismes, citant notamment en exemple le dernier rapport de l’équipe de suivi du Comité 1267/1989, lequel dresse une liste de mesures supplémentaires pour combattre la menace que pose l’EIIL et le Front al-Nosra, en prenant notamment pour cible le trafic de pétrole brut et d’objets archéologiques.

M. Mclay a aussi appelé les États Membres à éviter de créer des silos, « en dépit de leurs avantages administratifs », soulignant que le terrorisme et le crime transnational organisé nécessitent une réponse coordonnée et complète.  La coordination bilatérale et régionale est essentielle, de même que le partage d’informations et la création de mécanismes nationaux intégrés pour faire face à ces défis, a-t-il ajouté.  Il a aussi appelé la communauté internationale à renforcer les capacités nationales.

M. DAVID YITSHAK ROET (Israël) a dit que les prières du peuple israélien sont tournées aujourd’hui vers les familles des victimes pakistanaises.  Il s’est inquiété de la capacité des groupes terroristes de prospérer, en indiquant que l’EIIL représentait aujourd’hui une entreprise d’une valeur d’un milliard de dollars.  « Sa rapide montée en puissance n’est qu’une illustration du potentiel de ce terrorisme 2.0 », a insisté M. Roet.  Les images obsédantes des terroristes ne vont cesser de hanter nos esprits, a dit le représentant d’Israël devant les écoliers assassinés par les Taliban en Afghanistan, les journalistes décapités par l’EILL, les Chrétiens massacrés par Al-Chabab, sans oublier les innombrables civils tués par les attentats du Hezbollah et du Hamas.  Pour lutter contre le terrorisme 2.0, la communauté internationale doit examiner tous les moyens par lesquels ces groupes s’installent et se développent.  Il faut investir dans le contreterrorisme 3.0, soit une approche triple consistant à prévenir, anticiper et détruire le terrorisme.

Il faut d’abord, a conseillé le représentant, couper les chaines de ravitaillement alimentées par les réseaux de la criminalité organisée.  Il a ainsi affirmé que le Hezbollah se finance par le trafic de drogues et de fausses devises.  Il faut ensuite que le Conseil de sécurité s’attaque aux parrains du terrorisme, a-t-il poursuivi, en accusant le Qatar de financer « agressivement » les Taliban en Afghanistan, al-Nosra en Syrie et le Hamas à Gaza.  Il a précisé que le porte-parole du bras armé du Hamas a publiquement remercié le Qatar et l’Iran pour leur soutien.  L’Iran soutient aussi le Hezbollah, a dit le représentant, en citant une somme de 200 millions de dollars par an.  Il a prévenu que la paix continuera d’échapper au Moyen-Orient tant que le Conseil n’aura pas « démasqué » ces États voyous et ne les aura pas obligés à cesser d’appuyer le terrorisme.  Il faut enfin, a conclu le représentant, que la communauté internationale élargisse et renforce les sanctions contre les groupes terroristes.  Des mécanismes peuvent être mis en place pour geler leurs avoirs et les empêcher de passer de pays en pays.  Toutes les démocraties, a-t-il conclu, jouent à l’équilibriste entre les libertés individuelles et l’état de droit.  Ce n’est pas facile mais on ne saurait laisser les terroristes prendre la main, a estimé le représentant, qui a dit avoir pris comme « une injustice » faite aux victimes des attaques terroristes du Hamas, la dernière décision de la Cour européenne de justice.

M. FODE SECK (Sénégal) a indiqué que la criminalité transnationale organisée faisait le lit d’activités mafieuses, « participant ainsi à cette entreprise cynique de déstabilisation des États et subséquemment d’annihilation des sociétés humaines ».  Le terrorisme s’accommode, à bien des égards, de cette criminalité, a-t-il poursuivi, citant la saisie de camions-citernes par « l’État islamique » ou le « Front al-Nosra », le trafic de stupéfiants par les Talibans ou encore les enlèvements suivis de demandes de rançons menés par Boko Haram et Al-Qaida.  Face à ce double défi, M. Seck a invité à réexaminer « les paradigmes sur lesquels repose notre système de sécurité collective suivant une approche plus holistique et inclusive ».  Dans ce contexte, il a rappelé que s’est tenu hier, le premier Sommet des pays participant au processus sur l’opérationnalisation de l’Architecture africaine de paix et de sécurité.  Les résultats atteints à la suite de ce Sommet montrent la haute priorité que constitue pour le continent africain la lutte contre le terrorisme entrant dans le cadre d’une stratégie globale visant à assurer la paix et la sécurité, condition sine qua non de son développement, a-t-il affirmé.

Le délégué a aussi jugé nécessaire de renforcer l’efficience des opérations de maintien de la paix et autres missions politiques spéciales, avant de suggérer une accentuation des sanctions ciblées, « pour autant qu’elles épargnent les populations civiles ».  M. Seck a affirmé que la stratégie de lutte contre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée devrait être inclusive et participative.  « Elle devrait amener les États et les populations, dans un élan solidaire, à s’approprier la cause de la lutte contre ces deux fléaux, en suscitant un véritable éveil des consciences, particulièrement chez les jeunes. »  En conclusion, le délégué du Sénégal a indiqué qu’une telle lutte, quoique résultant de la responsabilité principale des États, méritait d’être inscrite au cœur des activités de maintien de la paix et d’être articulée autour d’une véritable stratégie préventive. 

Mme SITI HAJJAR ADNIN (Malaisie) a indiqué que le gain retiré des activités criminelles renforçait l’audace des groupes terroristes, faisant de ces derniers de formidables rivaux pour les États.  Elle a affirmé que la réponse des Nations Unies face à ce défi serait plus robuste si elle incluait toutes les agences onusiennes concernées.  En faisant sienne une approche holistique et synchronisée, l’ONU a la capacité d’apporter un véritable appui aux pays les plus vulnérables, a-t-elle poursuivi.  Elle a souligné la nécessité de s’attaquer aux causes profondes du terrorisme et de la criminalité transnationale, telles que la pauvreté, les violations des droits humains, les discriminations ethniques, nationales et religieuses, l’exclusion politique et la marginalisation socioéconomique.  « Les groupes et individus en proie à la pauvreté sont des candidats potentiels à la radicalisation », a-t-elle rappelé.  Si elle a reconnu le droit souverain des États sur la sécurisation de leurs frontières, elle a dans le même temps souligné le rôle de chef de file et de coordination de l’ONU dans la riposte aux défis du terrorisme et de la criminalité transnationale. 

Les entités pertinentes de l’ONU, y compris l’ONUDC, le Département des affaires politiques, le Département des opérations de maintien de la paix, le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et INTERPOL devraient renforcer leur coopération afin d’empêcher les groupes terroristes de tirer des bénéfices de leurs activités criminelles.  En conclusion, la déléguée a affirmé que la coopération entre les États Membres, les organisations internationales et régionales pertinentes pourrait être approfondie par les échanges d’informations, le transfert de technologies et le renforcement des capacités.

M. HIROSHI MINAMI (Japon) a rappelé que son pays organisait la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD) depuis plus de 20 ans.  L’un des piliers de la TICAD a été de consolider la paix et la stabilité en s’attaquant aux causes profondes des conflits et en promouvant la bonne gouvernance.  Le mois dernier, le Japon a également organisé un atelier sur la coopération régionale en matière de justice pénale contre le terrorisme en Afrique du Nord et au Sahel.  M. Minami s’est dit d’avis que le Conseil de sécurité devait être engagé non seulement dans des discussions spécifiques et opérationnelles, mais aussi dans des discussions stratégiques et transversales, en gardant à l’esprit la dimension plus large de la prévention et du règlement des conflits.  Il a suggéré d’examiner la question des liens que les activités de maintien de la paix et des missions politiques spéciales peuvent nouer avec d’autres opérations spécifiques entreprises par les Nations Unies.  Dans cet esprit, il a appuyé l’idée soulevée dans le document de réflexion de procéder à un examen stratégique.

Enfin, le représentant a évoqué un projet concret qu’entreprend le Japon en Afrique.  Intitulé « The One-Stop Border Post », le projet vise à éliminer les procédures frontalières fastidieuses et à les remplacer par un système de haute technologie efficace recoupant les formalités de douanes, d’immigration et de transport.  Un tel système devrait permettre de promouvoir le commerce en réduisant le temps de transit des marchandises aux frontières.

M. MOHAMED ALI ALHAKIM (Iraq) a dit que l’Iraq est un parfait exemple des problèmes que peut rencontrer un pays qui fait face aux conséquences des liens entre les groupes terroristes et la criminalité transfrontalière organisée.  Il a précisé que l’EILL est l’organisation criminelle la plus riche au monde notamment en raison de sa maîtrise des champs pétrolifères en Iraq.  Il a cité la traite des êtres humains et des organes comme autres sources de financement de cette organisation terroriste.  Les lacunes dans le contrôle des frontières liées à la crise syrienne ont multiplié le nombre des réseaux criminels organisés, a-t-il dit. 

Le représentant s’est particulièrement inquiété du pillage des sites archéologiques.  Il a rappelé aux États la pertinence de la résolution 1483 du Conseil de sécurité et notamment de son paragraphe 7 qui demande à tous les États Membres de prendre les mesures voulues pour faciliter la restitution, en bon état, aux institutions iraquiennes des biens culturels iraquiens et des autres objets ayant une valeur archéologique, historique, culturelle, scientifique ou religieuse, qui ont été enlevés en Iraq.  Il a exhorté le Conseil de sécurité à prendre des mesures vigoureuses pour lutter contre toute la complexité de la structure Daesh et souhaité aussi que l’on mette sur une liste noire les entreprises et individus associés à cette organisation. 

M. KAREL VAN OOSTEROM (Pays-Bas) a indiqué que son pays et le Maroc président le nouveau Groupe de travail du Forum mondial de lutte contre le terrorisme, lequel traite du problème des combattants terroristes étrangers.  Il a fait savoir que sa réunion inaugurale s’était tenue cette semaine à Marrakech, au Maroc, avec pour but d’établir un plan de travail.  M. Van Oosterom a dit avoir constaté que de nombreuses activités criminelles constituent un mécanisme de financement important pour le terrorisme.  Il s’est aussi inquiété de la prolifération des armes après la déstabilisation de la Libye.

Les Pays-Bas prennent cette menace très au sérieux et sont donc un important contributeur de troupes à la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA).  Le représentant a aussi appelé les États à recourir davantage au Groupe de travail du Forum sur la Corne de l’Afrique, lequel traite également de questions du Sahel, pour centrer davantage leur attention sur les dimensions régionales du terrorisme dans cette partie de l’Afrique.

M. Van Oosterom a également jugé nécessaire de collecter davantage de données sur les liens entre crime transnational organisé et terrorisme, l’ONUDC étant, a-t-il estimé, particulièrement bien équipé pour ce faire.  Il a aussi prôné un usage plus intensif de la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée afin de combattre ce fléau, en Afrique notamment.  Faisant observer que les effets de cette criminalité se font également ressentir en Europe, « destination fréquente pour la traite des personnes et le trafic de drogues », il a insisté sur la nécessité d’établir de nouveaux partenariats entre les pays d’Afrique et d’Europe.  Il a annoncé que sa délégation organisera, le 25 janvier 2015, une manifestation spéciale sur les effets adverses de la criminalité transnationale organisée sur le développement durable.

M. OMAR HILALE (Maroc) a dit que le lien se confirme davantage, chaque année, entre le trafic de drogues, la criminalité transfrontalière, les groupes armés, les mouvements séparatistes, les groupuscules terroristes et le financement du terrorisme.  Des narcotrafiquants et trafiquants d’armes ont rejoint les rangs d’Al-Qaida et sa filière au Maghreb islamique (AQMI).  L’ensemble des réseaux criminels s’entremêlent et se nourrissent de plus en plus mais aussi se mondialisent pour augmenter leur capacité de déstabilisation.  Il a dit que le Maroc a été l’un des premiers pays à alerté la communauté internationale sur la réalité de ces connections dangereuses et a appelé à une action concertée des États de la région du Sahel pour faire face aux liens entre terrorisme et criminalité transfrontalière organisée. 

Il a indiqué que le Maroc a développé sa propre stratégie nationale basée sur la gouvernance sécuritaire et la mise au niveau du cadre juridique, la lutte contre la précarité sociale et la réforme du champ religieux.  Le représentant a ajouté que la mise en œuvre de la Stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel nécessite à la fois son appropriation par chacun des États membres de la région et un accompagnement de la communauté internationale.  Il a précisé que le Maroc a organisé les 28 et 29 octobre 2014, à Rabat, la Conférence régionale sur la Déclaration de Genève relative à la violence armée et au développement dans la région.

M. BOUBACAR BOUREIMA (Niger) a remarqué lui aussi qu’il ne fait aucun doute que terrorisme et criminalité transfrontalière organisée sont étroitement liés et posent un obstacle considérable au développement.  « Les États membres de la Commission du Bassin du Lac Tchad en sont bien conscients, eux qui sont confrontés à de graves atteintes à la paix et à la sécurité dans leur région », a-t-il noté.  Le représentant a lancé un appel à la coopération internationale afin de dégager une stratégie de lutte plus appropriée.  « Une telle réflexion est d’autant plus indiquée que l’ONU elle-même s’apprête à revoir ses opérations de maintien de la paix », a-t-il plaidé.  Selon lui, la note de cadrage contient d’ores et déjà des éléments quant à la piste à suivre.  Il a conclu en disant que les activités de Boko Haram dans le nord du Nigéria et les incursions de ces groupes armés dans les pays voisins avaient provoqué des vagues de déplacement sans précédent, y fragilisant les efforts de développement en cours.

M. TEKEDA ALEMU (Éthiopie) a déclaré que les liens entre terrorisme et criminalité organisée constituaient une source de préoccupation pour les pays de la Corne de l’Afrique, où opèrent les milices Chabab, qui profitent de la piraterie, des enlèvements contre rançon et du détournement de charbon exploité illégalement pour financer leurs activitésIl a estimé que l’échange d’informations et le partage d’expériences et de pratiques optimales constituaient autant de moyens de renforcer la coopération en matière de lutte contre le terrorisme.  Lui aussi a plaidé pour que les Nations Unies et ses partenaires réévaluent les efforts actuellement déployés pour renforcer les capacités nationales des États.  Il a terminé son intervention en appuyant les recommandations figurant dans la note de réflexion présentée par la présidence du Conseil de sécurité, qu’il a félicitée pour l’adoption de la résolution 2195.

M. HOSSEIN DEGHANI (République islamique d’Iran) a fustigé les agissements « brutaux et sauvages » des groupes terroristes takfiris, dont l’idéologie et les activités représentent une menace sérieuse à la paix et à la sécurité au Moyen-Orient et au-delà.  Nous rejetons les stéréotypes attachés au nom de l’islam pour décrire les actes sanglants commis par des organisations inqualifiables comme Al-Qaida, l’EILL, les Talibans, les Chabab ou encore Boko Haram.  Ces organisations ne sont rien d’autre que des groupes terroristes nés du chaos et des soutiens qu’ils continuent de recevoir, a encore affirmé le représentant.  Il a appelé les pays voisins de l’Iran à tarir les sources de financement des entités terroristes, en intensifiant les contrôles aux frontières le long desquelles le trafic de stupéfiants est pratiqué chaque jour.  Il a fustigé les pratiques israéliennes dans le Territoire palestinien occupé, estimant qu’elles étaient un facteur favorable du développement des groupes terroristes les plus violents dans la région.  Réagissant à l’intervention de son homologue israélien, il a rappelé que le Hezbollah faisait partie intégrante de la vie politique libanaise.

M. ROMÁN OYARZUN MARCHESI (Espagne) a appelé les États Membres à œuvrer de concert, comme leur invite la résolution, pour mettre fin « de manière responsable » au fléau du terrorisme.  Il serait bienvenu de condamner le recrutement d’enfants pour des attaques indiscriminées, a-t-il ajouté.  Pour le représentant, le terrorisme est une menace globale qui exige une réponse résolue et coordonnée tout aussi globale.  Après avoir noté la nécessité de renforcer les capacités des États dans la lutte contre le financement des entités terroristes, le représentant a rappelé que l’État devait être partout le garant de la sécurité et de la primauté du droit.  Or, dans bien des cas, les organisations terroristes se substituent à l’État dans les zones de non-droit.  La communauté internationale et les accords bilatéraux doivent riposter en axant leurs efforts sur la prévention, le renforcement des capacités et le traitement adéquat des victimes, a-t-il répété.  Il a conclu en indiquant qu’il y a quelques heures, la police espagnole a arrêté trois jeunes gens qui s’apprêtaient à rejoindre la Syrie pour y mener le djihad.  Nous devons coordonner, au plan européen, nos mesures de prévention, a-t-il dit.

M. INIGO LAMBERTINI (Italie) a réitéré la nécessité d’une stratégie de lutte antiterroriste globale et coordonnée aux niveaux international et régional.  À cette fin, les Nations Unies, les organisations régionales et sous-régionales et la société civile doivent travailler de concert.  Simultanément, il est fondamental de prendre des mesures visant à prévenir et réprimer les activités criminelles et terroristes, notamment par la pleine mise en œuvre de la Convention de Palerme sur la criminalité transnationale organisée et de ses protocoles, en particulier celui relatif au trafic illicite des migrants par terre, air et mer.  Cet engagement a été réaffirmé par une résolution omnibus présenté lors de la soixante-neuvième session de l’Assemblée générale, dont l’Italie s’est portée coauteur, a précisé le représentant.

M. KINTU NYAGO (Ouganda) a demandé aux États Membres de chercher à comprendre les raisons de la prévalence du terrorisme en Afrique.  Les raisons se trouvent aussi, a-t-il estimé, dans les conséquences du colonialisme, les groupes terroristes les plus actifs du continent ayant vu le jour dans des pays à faible développement économique et souvent isolés.  La balkanisation du continent africain dans le contexte de la faiblesse des institutions publiques constitue un autre encouragement à l’essor des groupes terroristes, a-t-il ajouté.  Le représentant a souligné que la contrebande, qui alimente les réseaux terroristes, « dévaste notre économie et notre culture, comme le montre l’extinction des éléphants ».  Pour régler le problème du terrorisme en Afrique, il a plaidé pour un appui renforcé aux efforts d’intégration des pays de la CEDEAO et d’autres instruments régionaux, afin d’améliorer leur viabilité politique et économique. 

M. SEKOU KASSÉ (Mali) a parlé de l’approche holistique privilégiée par son pays pour lutter contre le terrorisme, une approche qui englobe toutes les questions connexes, comme le trafic de stupéfiants, d’armes et les prises d’otage.  « À l’échelle nationale, nous avons la loi du 23 juillet 2008 portant répression du terrorisme et de la criminalité transfrontière et la loi du 30 décembre 2010 relative à la lutte contre le financement du terrorisme », a expliqué le représentant, qui a également dit que son pays avait signé et ratifié la plupart des instruments juridiques universels de lutte contre le terrorisme et la criminalité transfrontière organisée. 

Au plan régional, a ajouté M. Kasse, le Processus de Nouakchott a permis de prendre d’importantes mesures pour faire face à la montée en puissance du terrorisme dans la zone sahélienne.  Pour son gouvernement toutefois, « tant qu’on n’aura pas résolu le problème du sud-libyen, il n’y aura pas de paix dans la région ».  Par ailleurs, s’est enorgueillie la délégation, le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie et le Tchad ont mis en place le « G-5 Sahel », une instance de coordination des politiques de développement et de sécurité au sein de cet espace commun.  Aujourd’hui même, au Sommet du G-5 qui se tient à Nouakchott, des décisions importantes relatives à la lutte contre le terrorisme sont prises par les chefs d’État et de gouvernement, a-t-il annoncé.

Oui, a déclaré M. MOHAMED KHALED KHIARI (Tunisie), il existe un lien complexe entre terrorisme et criminalité transnationale organisée, ce qui exige un engagement renouvelé de la part de la communauté internationale.  La Tunisie, a-t-il assuré, est partie à 14 des instruments internationaux juridiquement contraignants existant dans ces deux domaines étroitement liés entre eux.  Notre pays, a ajouté le représentant, a par ailleurs conclu un certain nombre d’accords bilatéraux sur l’élimination du terrorisme et les services de renseignements.  Il a salué les efforts déployés par l’ONUDC et la Direction exécutive du Comité contre le terrorisme auprès des pays ayant besoin d’une assistance technique.  M. Khiari s’est également félicité du lancement du Processus de Nouakchott.

M. ABULKALAM ABDUL MOMEN (Bangladesh) a rappelé que son pays avait pour principe d’interdire l’installation sur son territoire de tout individu ou entité terroriste.  Il a ajouté que le Bangladesh maintenait un régime strict de prévention du blanchiment d’argent et se faisait fort de participer activement aux activités des Comités de sanctions contre le terrorisme ou la prolifération d’armes de destruction massive. 

M. ANDRIY TSYMBALIUK (Ukraine) a déploré le regain de violences terroristes constatées à travers le monde, comme celles perpétrées par l’État islamique d’Iraq et du Levant (EIIL) ou Boko Haram.  Il a déclaré que son pays s’était joint aux efforts internationaux, notamment ceux déployés sous l’égide de l’ONU, afin de lutter contre le terrorisme.  Malheureusement, le problème du terrorisme existe également en Ukraine, alors que cette menace avait été considérée « comme extrêmement faible » par des experts avant la violation de notre territoire par des forces étrangères.  Le représentant s’est ainsi dit très préoccupé par les actes de violences liés au fait qu’un certain nombre de pays ne respectent pas les résolutions du Conseil de sécurité, « notamment la Fédération de Russie ».  L’Ukraine, a-t-il conclu, réitère sa volonté de coopérer à tous les niveaux à la lutte antiterroriste à travers le monde.

Réagissant, M… (Fédération de Russie) a noté que la discussion d’aujourd’hui montre que « nos collègues ukrainiens voient du terrorisme là où d’autres n’en voient pas ».  Il a reproché à l’Ukraine de faire une utilisation abusive du débat et lui a demandé de renoncer à utiliser la tribune du Conseil « à des fins de propagande » et de contribuer plutôt à une discussion constructive.

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.