Soixante neuvième session
6e séance – matin
CPSD/558

Quatrième Commission: l’Afrique divisée sur la question du Sahara occidental

Les délégations appellent l’ONU à impliquer davantage l’Union africaine dans le règlement de ce différend

« Le problème est que le Maroc essaye d’imposer une proposition d’autonomie qui nie le droit à l’autodétermination des Sahraouis et ne leur offre pas la possibilité de choisir leur destinée par référendum » a déclaré, ce matin, le représentant de l’Afrique du Sud devant la Quatrième Commission chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation, qui poursuivait son débat sur les questions de décolonisation. 

Ses homologues du Lesotho, de la République-Unie de Tanzanie et de la Namibie se sont ralliés à ces propos rappelant, entre autre, que l’Assemblée générale des Nations Unies avait reconnu le droit inaliénable des Sahraouis à l’autodétermination et à l’indépendance, et que la Cour internationale de Justice (CIJ) avait rejeté les prétentions territoriales du Maroc dès 1975. 

D’autres intervenants africains, comme le Gabon, la Guinée, le Sénégal, le Burundi, ainsi que le Bahreïn, se sont toutefois penchés en faveur du plan d’autonomie avancée pour le Sahara occidental présenté par le Maroc en 2007.  Cette proposition représente à leurs yeux une option réaliste et viable susceptible de parvenir à une solution politique équilibrée et mutuellement acceptable par les parties à ce conflit.

Indépendamment de l’approche préconisée pour trouver une solution juste et durable à cette question, tous les intervenants ont semblé reconnaître que la détérioration de la stabilité et de la sécurité dans la région sahélo-saharienne et à sa périphérie appelait de toute urgence le règlement du contentieux du Sahara occidental.  Si le Burundi a averti que les moyens militaires et sécuritaires ne suffiraient pas pour mettre fin aux manifestations de l’extrémisme et qu’il fallait s’attaquer à ses causes profondes, le représentant du Sénégal a quant à lui souligné que les pays du continent africain étaient en train de renforcer leurs liens d’intégration, et que le dossier du Sahara occidental continuait de peser lourdement sur le Maghreb et la construction de l’Union du Maghreb arabe (UMA).

Étant donné que la République arabe et démocratique sahraouie est un membre fondateur de l’Union africaine (UA), certains pays africains ont estimé que l’UA avait l’obligation morale d’appuyer la lutte du peuple sahraoui.  Ils ont été nombreux à suggérer qu’il fallait que l’ONU implique davantage l’UA dans les efforts de règlement de ce différend, dernière situation coloniale en Afrique.  Témoignant de sa volonté de participer activement au règlement de ce contentieux colonial, l’Union africaine a nommé cette année l’ancien Président du Mozambique, M. Joaquim Chissano comme son Envoyé spécial pour le Sahara occidental.    

La Quatrième Commission se réunira demain, mardi 14 octobre à 10 heures pour achever son débat général et adopter une partie des projets de résolution relatifs aux questions de décolonisation.

DÉBAT GÉNÉRAL SUR TOUTES LES QUESTIONS RELATIVES À LA DÉCOLONISATION: POINT 55 (A/69/23, CHAPITRES VII ET XIII, A/69/69); POINT 56 (A/69/23, CHAPITRES V ET XIII); POINT 57 (A/69/23, CHAPITRES VI ET XIII, ET A/69/66); POINT 58 (A/69/67), ET POINT 59 (A/69/23 CHAPITRES VIII, IX, X, XI, XIII ET A/69/189)

Déclarations

M. ALBERT SHINGIRO (Burundi) a estimé que la montée de l’instabilité et de l’insécurité au Sahel et à sa périphérie appelle de toute urgence le règlement du contentieux du Sahara occidental.  Face à la montée du terrorisme, du trafic de stupéfiants et des êtres humains, et de la criminalité transfrontière, les moyens militaires et sécuritaires ne suffisent pas pour mettre fin à ce fléau.  « Ils doivent être accompagnés de programmes d’éducation à la culture de la paix et à la tolérance afin de faire face aux causes profondes de la propagation de l’extrémisme », a estimé le représentant.  Pour sa délégation, le conflit au Sahara occidental doit être traité dans le cadre d’une stratégie régionale plus large pour le Sahel.  En effet, a-t-il rappelé, la prise en compte de la dimension régionale, notamment au travers de l’Union du Maghreb arabe, dans toute approche visant à trouver une solution politique mutuellement acceptable à cette situation est primordiale.

S’agissant des droits de l’homme, il appartient à toutes les parties d’en garantir le respect, a affirmé M. Shingiro.  Il s’est félicité à cet égard de la coopération du Maroc avec les titulaires de mandat au titre des procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme et qu’il maintienne à leur intention une invitation permanente à se rendre dans le territoire.  Il a également salué la récente décision de Mohammed VI d’entériner la recommandation du Conseil national marocain des droits de l’homme selon laquelle les civils ne devraient pas être jugés par des tribunaux militaires.  En conclusion, le Burundi a considéré que le plan d’autonomie présenté par le Maroc constitue une option réaliste et viable susceptible d’offrir la « meilleure chance » de parvenir à une solution politique équilibrée et mutuellement acceptable du conflit.

Mme KARLA GARCIA LOPEZ (Honduras) a estimé primordial que les Nations Unies continuent à s’impliquer dans le processus d’autodétermination et d’indépendance des 17 territoires non autonomes, ce qui suppose un dialogue permanent entre puissances administrantes, le Comité spécial de la décolonisation et les peuples de ces territoires.  À l’instar des autres pays d’Amérique latine et des Caraïbes, sa délégation reconnait le droit légitime sur les Îles Malvinas de l’Argentine et salue les efforts du Secrétaire général afin de trouver une solution pacifique à ce conflit. 

En tant que pays contributeur de troupes à la MINURSO, le Honduras appelle à la protection des populations déplacées pour garantir leurs droits de l’homme.  Il appuie les efforts de l’Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Sahara occidental, et invite les parties à collaborer afin de trouver une solution pacifique et acceptable par toutes les parties.

M. VU VAN MIEN (Viet Nam) a affirmé que la Commission devrait utiliser des moyens différents pour renforcer sa coopération avec les Puissances administrantes et assurer la participation active des populations des territoires non autonomes à la détermination de leur avenir.  Il a appelé les territoires non autonomes et les puissances administrantes à s’engager dans la voie d’un dialogue constructif et à régler leurs différends par des moyens pacifiques.  « Ma délégation exhorte les Nations Unies à faire en sorte que les activités économiques et autres des Puissances administrantes n’affectent pas les intérêts des peuples des territoires non autonomes », a-t-il conclu.

M. FODE SECK (Sénégal) a déclaré qu’au moment où les pays du continent renforcent leurs liens d’intégration, le dossier du Sahara occidental continue de peser lourdement sur le Maghreb.  « Une situation d’autant plus regrettable que ce conflit pourrait faire le lit de menaces sérieuses à la paix et à la sécurité internationales alors que la région sahélo-saharienne est confrontée à la montée de la criminalité transfrontalière organisée, au trafic de stupéfiants et au terrorisme. »  Aussi le Sénégal, a dit le représentant, voudrait, « une fois de plus », exprimer son soutien à la proposition marocaine formulée en avril 2007 et visant à accorder une large autonomie au Sahara occidental dans le cadre du respect de la souveraineté du Maroc.  Selon lui, cette initiative pourrait contribuer à une sortie de crise tant elle offre les meilleures perspectives pour une solution politique définitive et mutuellement acceptable par les parties.

M. RAMADHAN M. MWINYI (République-Unie de Tanzanie) a réaffirmé le soutien de son pays aux aspirations des populations qui vivent sous domination coloniale à exercer leur droit à l’autodétermination.  Il a réitéré qu’une coopération renforcée entre le Comité spécial et les puissances administrantes était importante pour le bien des territoires non autonomes.  Pour ce qui est du Sahara occidental, il a insisté sur la nécessité de trouver un statut final à cette question et réaffirmé son soutien indéfectible au peuple sahraoui et à son droit à l’autodétermination.  La Tanzanie salue les efforts et l’engagement du Secrétaire général et de son Envoyé spécial et lance un appel à toutes les parties pour poursuivre les pourparlers sans conditions préalables en vue d’une solution pacifique et durable à ce conflit, a conclu le représentant.  

M. PHILIP TAULA (Nouvelle-Zélande) a assuré que son gouvernement souhaitait répondre aux aspirations de Tokélaou et que « c’est la raison pour laquelle nous œuvrons en ce sens avec les représentants de l’archipel ».  À la suite des référendums d’autodétermination de 2006 et 2007, les habitants de ces trois atolls ont décidé que les conditions n’étaient pas encore réunies pour un changement constitutionnel de statut.  Tokélaou, habitée par 1 411 personnes, est confrontée à de nombreux défis de développement que la Nouvelle-Zélande s’efforce de l’aider à surmonter dans le cadre de partenariats, a-t-il précisé, évoquant le plan quinquennal qu’elle avait lancé en vue d’améliorer les services publics essentiels et la résilience communautaire dans les îles.

Il a également fait part des efforts déployés dans le cadre des transports, sachant que le trajet de Tokélaou depuis Samoa par voie maritime ne prenait pas moins de 29 heures.  « Aussi, sommes-nous engagés en faveur de l’ouverture d’une nouvelle ligne qui devrait être fonctionnelle en début d’année prochaine », a annoncé M. Taula.  Après avoir évoqué les actions prises dans le domaine éducatif, il a assuré que son pays œuvrait à maximiser les opportunités en matière de développement économique durable, notamment dans la gestion commune des zones exclusives de pêches, qui demeure la principale source de revenus de l’archipel.  Il a conclu en disant que le bouquet énergétique de Tokélaou était à 93% composé de matériaux renouvelables.

M. FRANCOIS XAVIER ZABAVY (Côte d’Ivoire) a mis l’accent sur la « délicate » question du Sahara occidental qui demeure l’unique territoire non encore autonome en Afrique.  Sa délégation encourage les parties à explorer, à travers le dialogue, empreint de flexibilité, les pistes d’une solution politique, juste, pacifique, durable et mutuellement acceptable.  Même si les tensions régionales ont baissé par rapport à 2013 avec la résolution de la crise malienne, les derniers développements de l’actualité montrent que le spectre de la violence n’est pas encore définitivement éloigné et incite à plus de vigilance, a-t-il dit.  Dans cette perspective, le représentant a salué les efforts du Secrétaire général des Nations Unies et de son Envoyé spécial pour la nouvelle approche consistant à initier des contacts discrets et confidentiels en vue de trouver un compromis à la situation au Sahara occidental.

M. SEKOU CAMARA (Guinée) a exprimé son soutien à la proposition d’autonomie du Maroc, telle que présentée par le Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon en 2007, proposition mutuellement acceptable par les parties et qui a le mérite d’être ancrée selon lui dans un vaste processus de consultations englobant la société marocaine dans son ensemble, « sans exclure bien sûr les provinces du sud, et les pays voisins ».  Pour la Guinée, tous les espaces de dialogue doivent être judicieusement explorés, notamment dans le cadre d’une prise en compte des vues des États de l’Union du Maghreb arabe.  La Guinée s’est déclarée en conclusion confiante dans ce processus, sous les auspices de l’ONU, du Secrétaire général et de la communauté internationale.

M. KELEBONE A. MAOPE (Lesotho) a rappelé qu’il y avait moins de conflits armés, plus de croissance économique et plus de développement quand les peuples soumis à la domination coloniale exerçaient leur droit à l’autodétermination.  Il a souligné que « la colonisation perpétuelle efface l’identité des peuples colonisés », avant de déplorer que le Sahara occidental reste « la seule colonie du continent africain » et que le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui soit « nié ».  Le représentant a dénoncé « les rapports troublants faisant état de violations des droits de l’homme » et « l’exploitation des ressources naturelles » du Sahara occidental, qualifiant cette situation de « grande injustice » pour le peuple sahraoui.  Il a conclu en saluant les efforts déployés par le Secrétaire général des Nations Unies et son Envoyé spécial pour trouver « une solution pacifique et durable au problème du Sahara occidental ».

M. KINGSLEY MAMABOLO (Afrique du Sud) a souligné que la lutte du peuple sahraoui était « une lutte pour l’autodétermination qui se fonde sur les principes de la décolonisation, la promotion des droits de l’homme, la légalité internationale et la stabilité du continent africain ».  Déplorant que le Sahara occidental soit « la dernière colonie d’Afrique », il a rappelé que l’Assemblée générale des Nations Unies avait reconnu le droit inaliénable des Sahraouis à l’autodétermination et à l’indépendance, conformément aux principes inscrits dans la Charte des Nations Unies, et que la Cour internationale de Justice avait rejeté les prétentions territoriales du Maroc dés 1975.  « La République arabe et démocratique Sahraouie est un membre fondateur de l’Union africaine », a souligné le représentant, avant d’appeler les États Membres à soutenir « les aspects cruciaux identifiés par l’Envoyé spécial du Secrétaire général et relatifs à la recherche d’une solution politique mutuellement acceptable visant l’autodétermination du peuple sahraoui ».

« Le problème est que le Maroc essaye d’imposer une proposition d’autonomie qui nie le droit à l’autodétermination des Sahraouis et ne leur offre pas la possibilité de choisir leur destinée par référendum », a poursuivi M. Mamabolo.  Il a par ailleurs énoncé les attentes de son pays sur la question du Sahara occidental: fin de l’exploitation illégale des ressources naturelles, fin des violations des droits de l’homme, élargissement du mandat de la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental pour y inclure une composante droits de l’homme, fin du silence médiatique imposé pour empêcher la communauté internationale de voir la réalité de la misère quotidienne des Sahraouis et accroissement de l’aide humanitaire aux réfugiés qui continuent de vivre dans des conditions précaires.

Plusieurs décennies après l’adoption, par l’Assemblée générale, de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux, le monde compte toujours 17 territoires non autonomes, a déploré Mme MWABA PATRICIA KASESE-BOTA (Zambie).

En tant qu’ancienne colonie, la Zambie continue d’affirmer le droit des peuples à l’autodétermination comme étant le principe légal et politique fondamental de la décolonisation, a affirmé la représentante, notamment sur le continent africain où la colonisation est toujours une réalité.

Les récents évènements sanglants à Gaza sont une source de préoccupation majeure, a poursuivi Mme Kasese-Bota, estimant que la reprise des négociations entre Israéliens et Palestiniens devrait ouvrir la voie à une paix durable dans la région.  À cet égard, la représentante a affirmé l’appui de la Zambie au droit inaliénable du peuple palestinien à l’autodétermination et à l’indépendance sur la base d’un règlement du conflit israélo-palestinien prévoyant deux États, tout en garantissant la sécurité de chacune des parties.

La représentante s’est par ailleurs félicitée des progrès récents réalisés par le peuple somalien, notamment via le renforcement de son gouvernement national et de l’état de droit en Somalie. 

En dépit des appels à une mise en œuvre complète de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux, il reste toujours 17 territoires non autonomes dans le monde, a déploré M. FREDERICK M. SHAVA (Zimbabwe), insistant notamment sur la question du Sahara occidental, « le dernier vestige colonial en Afrique ».

Rappelant les prises de position renouvelées de l’Assemblée générale en faveur du droit inaliénable du peuple sahraoui à l’autodétermination et à l’indépendance, M. Shava a dénoncé l’occupation continue du Sahara occidental comme une violation des principes de la Charte de l’ONU et de l’autorité de l’Organisation.

Tout en se félicitant de la tenue de négociations directes entre le Front Polisario et les autorités marocaines, le représentant s’est inquiété de l’absence de progrès significatifs engendrés par un tel processus.  Il s’est également dit préoccupé par les rapports fréquents faisant état de violations des droits de l’homme à l’encontre du peuple sahraoui et a appelé le Conseil de sécurité à élargir le mandat de la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO) pour y inclure une composante droits de l’homme.

Au sujet de « la lutte de longue date du peuple palestinien contre l’occupation et la brutalité israélienne », M. Shava a rappelé que l’instauration d’une paix durable au Moyen-Orient passait nécessairement par une solution des deux États fondée sur le principe des frontières de 1967.

M. FAISAL EBRAHIM AL ZAYANI (Bahreïn) a salué le rôle des Nations Unies dans le processus de décolonisation depuis les années 60, notamment par le biais de son Comité spécial de la décolonisation.  Le maintien du colonialisme entrave la coopération sociale, culturelle et économique des peuples non autonomes, a-t-il encore souligné, faisant ainsi le lien avec les OMD et le soutien renouvelé de la communauté internationale aux aspirations des peuples vivant toujours sous le joug colonial.  S’agissant de la question du Sahara occidental, le Bahreïn a appuyé les efforts des Nations Unies et du Maroc pour trouver une solution durable à ce différend.

Évoquant la situation du Sahara occidental, Mme MARIANNE BIBALOU (Gabon) a appuyé les efforts menés exclusivement sous l’égide de l’ONU pour parvenir à une solution concertée, durable et mutuellement acceptable au différend régional sur le Sahara occidental.  « Alors que la situation régionale est marquée par des défis sécuritaires, il nous faut œuvrer pour que la situation au Sahara ne vienne exacerber ces défis, y compris le terrorisme », a-t-elle dit, en faisant référence à Al-Qaida et Boko Haram.

Elle a jugé important d’insuffler une dynamique nouvelle aux négociations en cours sur cette question.  « C’est pourquoi mon pays salue et encourage l’initiative marocaine d’autonomie qui présente des perspectives crédibles permettant non seulement de mettre fin à l’impasse actuelle mais aussi de parvenir à un accord définitif. »  En conclusion, Mme Bibalou s’est félicitée des mesures que le Maroc continue de prendre dans les domaines des droits de l’homme et de la situation humanitaire dans le cadre du processus politique au Sahara.

M. COLLIN BECK (Îles Salomon) a déploré l’absence de progrès et de discussions entre la puissance occupante et le Front de libération nationale kanak socialiste (FLNKS) de la Nouvelle-Calédonie.  Cette absence de progrès depuis des années a des conséquences négatives sur l’organisation d’un référendum en conformité avec les principes universels et les pratiques sur l’autodétermination rappelés par les résolutions pertinentes de l’Assemblée générale, a-t-il affirmé.  À son avis, la solution résiderait dans la mise en œuvre complète de l’Accord de Nouméa, au besoin avec une médiation des Nations Unies.  Le Comité spécial, dont le rôle devrait être renforcé pour résoudre les différends entre puissances coloniales et territoires non autonomes devrait pour sa part recevoir un paragraphe opérationnel additionnel en ce qui concerne la Nouvelle-Calédonie, a dit le représentant. 

Les Îles Salomon continuent par ailleurs de soutenir le droit à l’autodétermination de la Polynésie française, a poursuivi le représentant, exprimant l’espoir que les membres du Comité de la décolonisation pourraient se rendre dans ce territoire, en pleine coopération avec la France, puissance administrante et les autres parties prenantes.  Dans ce contexte il a déploré le fait que la puissance occupante tarde à communiquer des informations relatives à ce territoire et à publier le rapport sur les conséquences des essais nucléaires dans ces territoires.

M. WILFRIED EMVULA (Namibie) a annoncé que sa délégation soutiendrait les résolutions sur le Sahara occidental, y compris le projet de texte prochainement présenté par l’Algérie et a jugé « inacceptable que le peuple sahraoui continue de souffrir de la domination coloniale du Royaume du Maroc, un pays africain qui exploite les ressources de ce territoire ».  Cette exploitation ne pourra s’arrêter qu’avec la fin de cette domination, a poursuivi le représentant. 

La Namibie, qui est favorable à la création d’une composante droits de l’homme au sein de la MINURSO, rejette en outre les tentatives du Maroc, puissance occupante, de présenter le Front Polisario qui se bat pour le droit à l’autodétermination, comme une organisation terroriste, a également déclaré le représentant.

Dans ce contexte, il a appelé la communauté internationale à exercer des pressions diplomatiques sur le Maroc pour que ce pays respecte les résolutions du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale visant la mise en œuvre du droit inaliénable des sahraouis à l’autodétermination, notamment par la voie du référendum.  Le Maroc doit pleinement coopérer avec les entités mandatées par les Nations Unies, notamment l’Envoyé spécial du Secrétaire général, M. Christopher Ross, et avec la MINURSO, a-t-il estimé.  Il appartient aux Nations Unies d’aider ce peuple à exercer son droit, y compris en coopérant avec le Représentant spécial de l’Union africaine pour le Sahara occidental, M. Joaquim Chissano, a conclu M. Emvula. 

Mme BIBI SHELIZA ALLY (Guyana) a réaffirmé le principe du droit à l’autodétermination de tous les peuples et a soutenu que c’était le principe qui devait être à la base des efforts de décolonisation des Nations Unies.  Elle s’est félicitée que plus de 84 colonies aient acquis leur indépendance depuis la création de l’ONU, tout en regrettant qu’en 2014 la tâche de cette Commission demeure inachevée et que la liste des territoires non autonomes s’allonge depuis l’année dernière avec l’inclusion de la Polynésie française.

Pour faciliter le processus de décolonisation, sa délégation estime qu’il faut établir un dialogue constant entre le Comité spécial de la décolonisation, les puissances administrantes et les territoires concernés.  Les États de la CARICOM ont donné l’exemple dans ce domaine, bien qu’il reste encore des territoires non autonomes dans cette région comme les Îles Turques et Caïques.  Pour ce qui est du Sahara occidental, sa délégation a réaffirmé le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination et déclaré soutenir les efforts du Secrétaire général et de son Envoyé spécial pour parvenir à une solution juste, durable et mutuellement acceptable par les deux parties.

Mme SHORNA-KAY RICHARDS (Jamaïque) a, en tant que représentante d’une ancienne colonie, réitéré son soutien au processus de décolonisation en cours dans 17 « pays » du monde, qui ne sont toujours pas en mesure d’exercer leur droit à l’autodétermination.  Elle a appelé les puissances administrantes à prendre les mesures nécessaires pour faciliter ce processus, en tenant compte des particularités de chaque territoire non autonome.  Elle a par ailleurs apporté l’appui de sa délégation aux efforts déployés par le Secrétaire général et son Envoyé personnel pour le Sahara occidental pour réaliser l’autodétermination de ce territoire.  C’est la raison pour laquelle la Jamaïque estime que l’organisation d’un référendum sur place est essentielle pour parvenir à une solution juste, mutuellement acceptable pour les parties, et conforme aux résolutions du Conseil de sécurité et à la Charte des Nations Unies.

Par ailleurs, en tant que membre de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), notre pays est préoccupé par le sort des Îles Turques et Caïques, a souligné Mme Kay-Richards.  Elle a toutefois salué la nomination récente d’un Comité de huit membres chargé d’examiner l’ordre constitutionnel de ce territoire non autonome et de faire des recommandations pour des réformes internes.

M. LOIS YOUNG (Belize) a appelé la communauté internationale à envisager une approche plus proactive dans le réexamen des méthodes de travail des mécanismes de décolonisation.  L’adoption, chaque année, des mêmes résolutions sans un suivi est inacceptable, a-t-il déclaré, estimant que des initiatives pour la mise en œuvre de ces résolutions devraient être développées en accord avec les aspirations des groupes lésés. 

Il a souligné que son pays appuyait les propositions concrètes comme la nomination d’un rapporteur spécial pour la décolonisation la revitalisation des initiatives du Plan de mise en œuvre du mandat de décolonisation de 2006, ajoutant que Belize continuait de plaider pour que le peuple sahraoui puisse exercer son droit à l’autodétermination de manière équitable, libre et démocratique. 

Il a également attiré l’attention du Comité sur la situation des Îles Turques et Caïques et a appelé pour que des efforts continus soient déployés pour s’assurer que la voix de leur peuple soit entendue et qu’elle soit associée aux efforts pour sécuriser son avenir politique et économique.  Il s’est également prononcé pour une solution définitive à la question des Îles Falkland (Malvinas), George du Sud et Sandwich du Sud. 

Dans son intervention, M. WAHNON FERREIRA (Cabo-Verde) a rappelé que, par sa résolution 2152 en date du 29 avril 2014, le Conseil de sécurité avait réitéré les paramètres fondamentaux d’un règlement du différend autour du Sahara occidental, qui exige plus que jamais une solution de compromis entre les parties au conflit.  Pour sa délégation, une telle solution contribuerait à la stabilité de la région sahélo-saharienne.

M. JAIME HERMIDA CASTILLO (Nicaragua) a salué le rôle du Comité spécial des 24 dans la promotion du processus de décolonisation et l’a encouragé à poursuivre le dialogue avec les puissances administrantes et les représentants des territoires non autonomes.  Il est impératif, pour sa délégation, de traiter de la question des Îles Malvinas pour réaffirmer la souveraineté légitime de l’Argentine sur ces îles ainsi que sur les eaux environnantes, dénonçant le refus du Royaume-Uni de donner suite aux appels de la communauté internationale à reprendre les négociations en vue d’une solution pacifique durable qui mette fin à l’occupation militaire illégale de ces îles.  Il s’agit d’une situation coloniale spéciale à laquelle le principe d’autodétermination ne s’applique pas, a-t-il affirmé, avant de dénoncer l’exploitation unilatérale des ressources naturelles de ces îles par le Royaume-Uni.

En outre, a poursuivi le représentant, la militarisation de l’Atlantique Sud par le Royaume-Uni est un motif de préoccupation pour l’Amérique latine et les Caraïbes ainsi qu’un défi à la volonté de paix de cette région.  L’Argentine s’est toujours dite prête à la négociation, a-t-il encore souligné.

Il a par ailleurs déclaré que son pays souhaitait un règlement de la question du Sahara occidental et a salué la nomination du Représentant spécial de l’Union africaine pour cette région.  Sa délégation est en faveur de l’exercice du droit à l’autodétermination du peuple sahraoui, a conclu le représentant.

M. LUIS MAURICIO ARANCIBIA FERNANDEZ (Bolivie) a déclaré que depuis l’adoption, en 1960, de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et peuples coloniaux, la communauté internationale avait été le témoin de la manière dont les puissances dominantes continuaient d’exercer leurs activités coloniales.  Il a réaffirmé son soutien à Porto Rico dans l’exercice de son autodétermination, exhortant les États-Unis à prendre des mesures pour permettre au peuple de l’île de décider librement de son sort.  Le représentant a également demandé la libération d’Oscar López Rivera, âgé de 71 ans et qui a passé 33 ans dans une prison américaine, « en l’absence de la moindre preuve de sa culpabilité présumée dans les faits qui lui sont reprochés ».

Par ailleurs, a poursuivi M. Fernandez, il est grand temps que le Royaume-Uni et l’Argentine parviennent à un règlement de leur différend s’agissant des Îles Malvinas (Falkland).  Il s’est déclaré préoccupé par la « spoliation » des ressources naturelles de l’Atlantique Sud par la puissance occupante, soulignant que la militarisation de la région est un autre motif d’inquiétude grandissant pour l’ensemble des pays voisins.  Le représentant a demandé en conclusion au Royaume-Uni de respecter le droit international et les résolutions existantes de l’Assemblée générale, rappelant le vaste soutien qu’elles avaient gagnées au fil des années.

M. ANTONIO GUMENDE (Mozambique) a réaffirmé le droit à l’autodétermination de tous les peuples, et a estimé honteux qu’il y ait encore 17 territoires non autonomes dans le monde au XXIe siècle.  En ce qui concerne la question du Sahara occidental, il a déclaré que sa délégation défendait le droit du peuple sahraoui à l’exercice de son droit à l’autodétermination et à l’indépendance qui passe, selon lui, par un référendum juste et démocratique.  Il s’agit d’une situation concrète autour de laquelle l’ONU et l’Union africaine doivent renforcer leur coopération et joindre leurs efforts en vue d’une solution durable qui contribuerait à la paix, à la stabilité et au développement durable de la région, a estimé le représentant.  À ce titre, sa délégation encourage le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale à appuyer les efforts du nouvel Envoyé spécial de l’Union africaine pour la question du Sahara occidental, M. Joaquim Chissano, a conclu le représentant.

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