Soixante-neuvième session,
22e & 23e séances – matin & après-midi
AG/EF/3406

Deuxième Commission: les migrations sont un catalyseur du développement durable, à la fois dans les pays d’accueil et d’origine des migrants

Les délégations de la Commission économique et financière (Deuxième Commission) ont relevé, aujourd’hui, que les migrations peuvent être un catalyseur pour le développement durable, à la fois dans les pays d’accueil et d’origine des migrants, même s’il reste beaucoup à faire en ce qui concerne le respect des droits fondamentaux de ces derniers.

Au cours du débat sur le point de son ordre du jour relatif à la mondialisation et l’interdépendance, notamment à ses sous-thèmes portant sur les migrations internationales et le développement, et le rôle de la culture dans le développement durable, de nombreux intervenants ont souligné l’importance de voir la question des migrations être intégrée dans le programme de développement pour l’après-2015.

L’importance économique des migrants, dont le nombre est estimé à près de 232 millions dans le monde, est mise en exergue dans l’un des rapports* du Secrétaire général qui laisse voir qu’entre 2009 et 2013, la réduction des coûts des opérations de transferts de fonds a permis aux migrants et à leurs familles d’économiser plus de 40 milliards de dollars.  La Banque mondiale a établi, dans un rapport en date du 6 octobre dernier, que les transferts opérés par les migrants vers leur pays d’origine devraient atteindre 435 milliards de dollars en 2014, soit une augmentation de 3,4% par rapport à la précédente année. 

De nombreuses délégations ont néanmoins demandé la réduction des frais de transferts de fonds pour qu’ils élèvent à moins de 3% du montant transféré, et elles ont plaidé pour une élimination pure et simple des opérations de transferts de fonds dont les frais de virement atteignent plus de 5% du montant de la somme envoyée.     

D’autre part, ont souligné avec force des délégations de pays en développement, il serait mal venu de vouloir considérer les fonds privés envoyés par des travailleurs à leurs proches restés dans les pays d’origine comme des ressources financières pouvant être substituées aux investissements directs étrangers, aux mesures d’allègement de la dette ou encore moins, à l’aide publique au développement destinés au financement du développement, comme ont semblé le prétendre depuis quelque temps certains analystes et autres délégations.

Le représentant de l’Union européenne a, pour sa part, relevé la responsabilité partagée qu’ont les pays d’origine, de transit et de destination pour faire en sorte que les migrations soient sûres, bien organisées et se déroulent dans le plein respect des droits de l’homme.  Dans la même veine, l’observatrice de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a déploré que 40 000 migrants aient perdu la vie depuis l’an 2000 en tentant de traverser des frontières internationales.

Face aux injustices et autres crimes dont sont victimes les migrants, le représentant de la Bolivie, s’exprimant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a demandé que soit examinée la question de la possible élaboration d’une convention juridiquement contraignante sur la migration et le développement.

« La région de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC) vit une situation marquée par des drames humains permanents », a, quant à lui, indiqué le représentant du Costa Rica qui parlait au nom de la CELAC.  Il a également fermement condamné les actes, les préjugés, les manifestations, et les expressions et actes de racisme et de discrimination à l’encontre des migrants, et il a fait part de la préoccupation qu’éprouve la CELAC face au nombre croissant de femmes et d’enfants parmi les migrants.  Certains de ces enfants ne sont même pas accompagnés, et un grand nombre d’entre eux sont séparés de leurs parents, allant de frontière en frontière, à la recherche d’un bonheur qu’ils n’ont pas chez eux du fait des inégalités nationales, de la violence sociale et des effets causés par un système international que de nombreux intervenants ont qualifié de « profondément injuste ».

La majorité des interventions ont souligné que la mondialisation, sous sa forme actuelle, a contribué à la création d’injustices et d’inégalités criardes entre les pays et au sein même des États.  Les déficiences de la gouvernance financière et économique internationale, ainsi que des règles commerciales internationales inéquitables et injustes, sont une préoccupation majeure pour la communauté internationale, ont souligné des intervenants.  « L’Afrique estime que ce type de mondialisation n’est ni désirable ni durable », a souligné le représentant du Malawi, tandis que celui du Brésil déclarait « qu’il faut canaliser les effets de la mondialisation pour qu’elle profite à tous ».

La culture jouant un rôle de premier plan dans la mondialisation, le délégué de l’Inde a mis en garde contre la tentative d’imposer « un modèle unique », qui favoriserait la « circulation à sens unique des idées et des valeurs ».  Le représentant du Pérou, parlant au nom du Groupe des amis de la culture et du développement, a plaidé en faveur de l’importance du respect de la diversité culturelle et de la protection des savoirs traditionnels, ainsi que pour la reconnaissance et la préservation des expressions culturelles de chaque peuple dans le cadre du programme de développement mondial.

La prochaine séance plénière de la Deuxième Commission aura lieu demain, mardi, 28 octobre, à 10 heures.  Elle sera consacrée à l’examen du point de l’ordre du jour relatif au développement agricole, à la sécurité alimentaire, et à la nutrition.

*A/69/203, A/69/207 et A/69/216

MONDIALISATION ET INTERDÉPENDANCE

Vue d’ensemble actualisée des grands problèmes d’ordre économique et de politique générale à résoudre sur le plan international pour assurer une croissance économique soutenue et un développement durable qui soient équitables et partagés, ainsi que du rôle que pouvait jouer l’Organisation des Nations Unies à cet égard dans la perspective de l’instauration d’un nouvel ordre économique international

Rapport du Secrétaire général (A/69/203)

Le présent rapport présente une vue d’ensemble actualisée des grands problèmes d’ordre économique et de politique générale à résoudre sur le plan international pour assurer une croissance économique soutenue et un développement durable qui soient équitables et sans exclusive, ainsi que le rôle que pouvait jouer l’Organisation des Nations Unies à cet égard.

Le rapport indique que la déclaration concernant l’instauration d’un nouvel ordre économique international, adoptée par l’Assemblée générale à sa sixième session extraordinaire, tenue en 1974 [résolution 3201 (S-VI)], était un appel au principe de la responsabilité commune mais différenciée en faveur d’un développement équitable pour tous.  Dans la résolution, les États Membres lancent un appel en faveur d’un ordre économique « qui corrigera les inégalités et rectifiera les injustices actuelles, [et] permettra d’éliminer le fossé croissant entre pays développés et pays en développement et assurera dans la paix et la justice aux générations présentes et futures un développement économique et social qui ira en s’accélérant ».

Le Programme d’action concernant l’instauration d’un nouvel ordre économique international [résolution 3202 (S-VI)] demande l’égalité souveraine des États, tout en octroyant un traitement préférentiel et non réciproque aux pays en développement et en prévoyant, dans la mesure du possible, des mesures particulières pour les pays les moins avancés.

Le rapport examine aussi les problèmes posés aux pays en développement par l’environnement économique international du fait de la crise financière mondiale.  En outre, il met l’accent sur les mesures tendant à promouvoir une croissance soutenue, équitable et sans exclusive.

Le rapport appelle l’attention sur la montée des inégalités à l’échelle mondiale et examine plusieurs mesures de nature à réduire ces inégalités entre pays et au niveau national.  Il analyse aussi la relation entre inégalités des revenus et croissance économique, ainsi que les options offertes pour réduire les inégalités, notamment les mesures de redistribution, les programmes de protection sociale et la coopération internationale en matière fiscale.  Il souligne également l’importance de l’emploi et de l’emploi décent dans la promotion d’une croissance sans exclusive.

Par ailleurs, le rapport examine les problèmes à résoudre pour assurer un développement durable, et il se termine par l’examen du rôle central de l’Organisation des Nations Unies dans la gestion d’un développement durable à l’échelle mondiale pour tous.

Le Secrétaire général précise que le présent rapport contribuera notablement aux préparatifs de la troisième Conférence sur le financement du développement, prévue du 13 au 16  juillet 2015 à Addis-Abeba, qui devrait constituer un jalon important dans la recherche du consensus sur un partenariat mondial renouvelé pour le développement, en s’appuyant sur un cadre de financement global et intégré.

Migrations internationales et développement - Rapport du Secrétaire général (A/69/207)

Le Dialogue de haut niveau sur les migrations internationales et le développement de 2013 a été une manifestation marquante, note le Secrétaire général dans ce rapport.  En adoptant, le 3 octobre 2013, la Déclaration du Dialogue de haut niveau sur les migrations internationales et le développement (résolution 68/4 de l’Assemblée générale), l’Assemblée a ouvert de nouveaux horizons pour la prise en compte de la question des migrations internationales et du développement.  Le Dialogue de haut niveau traduisait une convergence sensible des vues entre les États Membres, le système des Nations Unies, d’autres organisations internationales pertinentes et la société civile.

Le programme d’action en huit points du Secrétaire général (A/68/190, sect. V), qui exprime la vision commune du système des Nations Unies et de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), s’inscrit dans la droite ligne de la Déclaration du Dialogue de haut niveau et des priorités fixées par la société civile.

Alors que l’Assemblée générale étudie la prise en compte de la question des migrations dans l’élaboration des buts et objectifs de développement durable du programme de développement pour l’après-2015, le monde est confronté à des défis sans précédent, note M. Ban Ki-moon.  Chaque jour, les périls associés à la migration sont évidents, notamment les pertes humaines chez les migrants, au point de destination, en route ou dans les pays de départ.

Le rapport souligne que seuls la coopération, les partenariats et le partage des responsabilités permettront de parvenir à protéger les droits fondamentaux des migrants, à garantir que la migration est entreprise par choix, et à faire en sorte que la migration « œuvre » en faveur du développement.  En travaillant ensemble, il est possible de réaliser la vision du Dialogue de haut niveau de 2013, note le Secrétaire général.

Il invite en outre l’Assemblée générale à envisager de tenir des dialogues de haut niveau sur les migrations à intervalles réguliers pour se pencher sur les progrès de l’application des engagements pris lors du Dialogue de haut niveau de 2013.  Il ajoute que ces manifestations pourraient être tenues tous les trois à cinq ans.

L’Assemblée générale est également invitée à envisager de tenir compte de la question des migrants, des migrations et de la mobilité au niveau international dans le processus relatif aux objectifs de développement durable pour l’après-2015.  Les États Membres ont déjà proposé des objectifs en la matière associés à divers buts, notamment concernant les moyens d’application et les partenariats mondiaux, la pauvreté et le travail décent.  Le rapport stipule qu’il devrait être fait explicitement référence aux migrants, réfugiés, apatrides et autres groupes vulnérables s’agissant du suivi d’objectifs relatifs aux migrations.

Culture et développement durable - Note du Secrétaire général sur la culture et développement durable (A/69/216)

Le Secrétaire général transmet à l’Assemblée générale le rapport sur la culture et le développement durable établi par l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO).

Le présent rapport, établi en consultation avec toutes les parties prenantes, expose les progrès réalisés dans la mise en œuvre de la résolution 68/223 de l’Assemblée générale intitulée « Culture et développement durable ».  Ce rapport reflète la position d’un groupe de plus de 600 organisations non gouvernementales, représentant 1 700 signataires de 120 pays.  Comme l’a demandé l’Assemblée, le rapport propose également des options concernant une approche intégrée des Nations Unies en matière de culture et de développement durable.

Le rapport contient des informations sur les progrès réalisés aux niveaux national et mondial dans la mise en œuvre de la résolution, tels qu’indiqués dans les réponses reçues des États Membres, des organismes des Nations Unies et des organisations non gouvernementales.  Il présente aussi les options qu’il est possible de dégager de ces communications quant à une approche intégrée des Nations Unies concernant le rôle de la culture dans l’élimination de la pauvreté et le développement durable, grâce au développement économique et social inclusif et à la durabilité de l’environnement.

Débat général

M. SACHA SERGIO LLORENTTY SOLÍZ (Bolivie), prenant la parole au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a reconnu que la science et les technologies ont un rôle crucial à jouer dans le développement.  L’ONU, a-t-il ajouté, en tant que seul organe universel, est bien placée pour renforcer la coopération internationale en faveur du développement dans le contexte de la mondialisation.  Il a souhaité que les Nations Unies développent une plus grande coopération et une meilleure interaction avec les institutions économiques et financières internationales, afin de garantir une cohérence avec le programme de développement pour l’après-2015.

M. Llorentty Solíz a demandé d’examiner les liens qui existent entre la migration et le développement de manière exhaustive, en gardant à l’esprit les dimensions économique, sociale et environnementales de la question.  Il faut, a-t-il notamment souligné, reconnaître le rôle et les responsabilités des pays d’origine des migrants, de transit et de destination.  Il a également recommandé de tenir compte des qualifications et compétences des migrants et de faciliter leur accès à des services financiers bon marché pour les envois de fonds qu’ils effectuent vers leurs pays d’origine.  Le représentant a demandé que soit examinée la question de la possible élaboration d’une convention juridiquement contraignante sur la migration et le développement, afin d’améliorer la gouvernance de la migration internationale et de protéger les droits de l’homme des migrants ainsi que leur contribution au développement.

Les envois de fonds à l’étranger constituent une ressource importante des flux de capitaux privés, a rappelé M. Llorentty Solíz.  Il a insisté pour que ces envois soient facilités par des services de transferts financiers moins coûteux qu’ils le sont aujourd’hui et des conditions d’envoi plus rapides et plus sûres, tant dans les pays d’où ils proviennent que dans ceux vers lesquels ils sont envoyés.  Il a précisément demandé la réduction des frais de ces transactions de manière qu’ils soient de moins de 3% du montant des fonds envoyés et d’éliminer l’imposition de tout frais d’envoi qui dépasse 5% de la somme transférée.  Il a aussi tenu à rappeler qu’il est hors de question de penser que ces envois de fonds privés puissent se substituer aux investissements étrangers directs, à l’aide publique au développement (APD), à l’allègement de la dette ou à d’autres sources de financement public du développement.  Il a aussi demandé aux États Membres de renforcer leurs lois afin d’éliminer les actes d’intolérance ou de xénophobie contre les migrants.

Le porte-parole du G77 et de la Chine a enfin parlé de la culture qui, pour les États membres de ce Groupe, est un élément essentiel du développement durable.  Comme source d’identité, de créativité et d’innovation, la culture est un facteur important d’inclusion sociale et d’élimination de la pauvreté, a-t-il expliqué.  Elle joue un rôle moteur dans l’économie en fournissant un travail décent pour beaucoup de gens, dont les jeunes.  M. Llorentty solíz a aussi fait le lien entre culture et biodiversité, saluant à cet égard la contribution positive des populations autochtones à la sauvegarde de la biodiversité dont elles ont une connaissance qui se révèle très utile pour combattre les défis environnementaux.  Il a demandé à cet égard de respecter et de protéger les identités, les connaissances et les traditions culturelles des autochtones dans chaque pays.  Le représentant a demandé à la Commission de faire en sorte que les questions de migration et de culture soient bien intégrées dans le programme de développement pour l’après-2015.

Mme INGA RHONDA KING (Saint-Vincent-et-les Grenadines), prenant la parole au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a souligné que la croissance des petits États insulaires de la région des Caraïbes avait été particulièrement affectée par la crise économique mondiale, le déclin des investissements étrangers directs, les déséquilibres commerciaux, les changements climatiques et le poids du service de la dette extérieure.  La CARICOM estime que le programme de développement pour l’après-2015 devra prévoir un partenariat mondial renforcé en matière de commerce, de migration, d’aide publique au développement (APD) et de transfert de technologies, afin de répartir plus équitablement les bénéfices de la mondialisation. 

Mme King s’est référée aux documents finaux de la récente Conférence de Samoa sur les petits États insulaires en développement et de la Conférence Rio+20.  La CARICOM, a-t-elle insisté, souhaite un régime commercial mondial juste et équitable, qui prenne en compte les questions qui sont importantes pour les petites économies vulnérables, et qui réduise les barrières entre les pays en développement.  Elle appelle également à une conclusion réussie du Cycle de négociations de Doha.

Par ailleurs, « les pays de la CARICOM sont fiers de leur culture », a ajouté a représentante.  Le rapport du Secrétaire général sur la culture et le développement durable reconnaît l’importance de la culture pour la région des Caraïbes, conformément à la Déclaration de La Havane.  C’est un moyen de promouvoir l’entreprenariat et de créer des emplois, tout en préservant l’héritage culturel.  Enfin, le concept de la Déclaration de la Grande Anse de 1989, qui a notamment éliminé les permis de travail pour renforcer l’intégration dans la région des Caraïbes, continue d’évoluer au fil des années, s’est félicitée Mme King.

M. JUAN CARLOS MENDOZA GARCÍA (Costa Rica), s’exprimant au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), a relevé que les migrations représentent un phénomène transversal auquel il faut apporter une réponse cohérente, globale et équilibrée, et qui tienne compte des trois dimensions du développement durable tout en veillant au respect des droits des migrants.  Il a souligné le besoin d’appliquer des coûts de transferts de fonds plus abordables, plus rapides et plus sûres en faveur des migrants, et ce, à la fois dans les pays d’accueil et dans les pays d’origine.  Il a aussi préconisé la réduction des frais de transferts de fonds à moins de 3% du montant transféré, et il a plaidé pour l’élimination des opérations de transferts de fonds qui appliquent un taux de frais de transferts de plus de 5% du montant de la somme envoyée.  Le représentant a par ailleurs souligné que les transferts de fonds des migrants ne peuvent pas être considérés comme un substitut aux investissements directs étrangers, encore moins comme des mesures d’allègement de la dette ou comme une source de financement du développement.

Il a en outre indiqué que la courbe des flots migratoires de la CELAC vers les pays développés est en train de s’inverser, notamment du fait du retour de nombreux migrants vers leurs pays d’origine, mais également parce qu’il y a aujourd’hui de plus en plus de migrants en provenance des pays développés qui s’installent dans les pays de la CELAC.  Il a noté que chaque gouvernement a la responsabilité d’élaborer et mettre en œuvre des lois régissant la question des migrations, il a en revanche déploré le fait que certains gouvernements adoptent des lois criminalisant la migration.  Le représentant a de ce fait indiqué que la CELAC condamne fermement les actes, manifestations, et expressions de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et d’intolérance à l’encontre des migrants, tout comme les stéréotypes dont ils sont victimes.  Il a demandé que les droits des migrants soient respectés, quel que soit leur statut migratoire, surtout quand il s’agit de femmes et d’enfants.  Il a fait part de la préoccupation de la CELAC face au nombre croissant de femmes et d’enfants parmi les migrants, dont certains ne sont pas accompagnés ou alors sont séparés de leurs parents, et qui migrent dans des conditions de grande vulnérabilité, parfois sans aucun document officiel requis.  Il a indiqué que la CELAC était disposée à renforcer les mesures visant à prévenir et combattre le trafic des personnes et l’exploitation des migrants, et il a souhaité le renforcement de la coopération entre États à cette fin.  Il a par ailleurs souligné l’important rôle que jouent les migrants dans le développement des pays d’origine, de transit et d’accueil.

Le représentant a en outre relevé que la CELAC est une région caractérisée par sa diversité culturelle, avec notamment, dans chaque pays, des communautés formées d’autochtones, de personnes d’ascendance africaine, et de populations venues d’Europe et d’Asie, entre autres.  Il a rappelé que la CELAC a tenu sa première réunion des ministres de la culture de la région en 2013, et que cette rencontre a donné lieu à l’adoption de la Déclaration de Paramaribo qui prône l’intégration culturelle au sein de la CELAC.  Il a plaidé pour l’intégration de la culture dans le programme de développement pour l’après-2015, ajoutant que des recherches devraient être menées en vue d’évaluer l’impact que la culture peut avoir sur le développement, et que cela pourrait conduire à la mise en place de systèmes d’information culturel afin de faciliter les échanges d’informations entre États.  Il a également prôné des financements pour les projets culturels, notamment pour la promotion de l’entrepreneuriat culturel.  Il a enfin fait part de la volonté des États de la région de préserver les savoirs traditionnels au sein de la CELAC, y compris en luttant contre le trafic illégal de biens culturels au sein de la région.

M. LIBRAN NUEVAS CABACTULAN (Philippines), s’exprimant au nom de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), a fait valoir que l’ASEAN était « un acteur dynamique pour le travail et la migration, avec une population de 600 millions d’individus, soit 8,8% de la population mondiale ».  Avec la Communauté économique de l’ASEAN, qui verra le jour à partir de 2015, le groupe régional représentera la sixième économie la plus large au monde.  La libre circulation des services et de la main-d’œuvre qualifiée auront un impact profond sur la migration et le développement dans la région, a dit M. Cabactulan.

Depuis l’adoption de la Déclaration de l’ASEAN sur la protection et la promotion de droits des travailleurs migrants en 2007, un cadre de protection est en place dans la région, a précisé le représentant.  Les gouvernements, les conseils syndicaux et la confédération des employeurs y participent de façon triangulaire.  De même, l’ASEAN prépare un cadre commun de référence pour l’évaluation des qualifications des travailleurs, y compris dans le secteur du tourisme.

En outre, l’ASEAN salue les initiatives des États Membres de l’ONU en vue de renforcer les capacités nationales pour aider les migrants qui se retrouvent bloqués dans un pays de destination ou de transit affecté par une crise humanitaire.  Par ailleurs, a poursuivi M. Cabactulan, l’ASEAN a coopéré avec l’Organisation internationale du Travail (OIT) pour créer une banque de données internationales sur les statistiques du travail.  Enfin, l’Association appuie un programme d’action pour prévenir la traite des femmes et des filles en Asie du Sud-Est, a souligné le représentant.

M. CHARLES P. MSOSA (Malawi), s’exprimant au nom du Groupe des États d’Afrique, a souligné qu’avec la mondialisation, l’interdépendance entre nations s’est accrue dans les secteurs économique, social et politique.  Il a regretté que la mondialisation conduisent à des inégalités, à la fois entre pays et au sein des pays.  Il a ainsi relevé que les déficiences de la gouvernance financière et économique internationale, ainsi que les règles commerciales internationales injustes, sont une préoccupation majeure pour la communauté internationale.  Il a déploré le fait que la richesse créée mondialement ne soit pas mieux répartie entre tous les pays, rappelant aussi que plus d’un milliard de personnes vivent dans la pauvreté à travers le monde.  « L’Afrique estime que ce type de mondialisation n’est ni désirable ni durable », a souligné M. Msosa.  Il a plaidé pour une mondialisation qui place les personnes au cœur de ses politiques et de ses actions, tout en respectant leurs droits élémentaires et leur identité culturelle.  M. Msosa a aussi souligné que la mondialisation requiert un système multilatéral plus solide et plus efficace, et il a de ce fait appelé à réformer le système des Nations Unies afin de le rendre plus démocratique, plus légitime et plus cohérent.

Le représentant a ensuite relevé que les migrations internationales sont au cœur de la mondialisation et que, de ce fait, la question des migrations devrait être prise en compte dans le programme de développement pour l’après-2015.  Il a plaidé pour la prise en compte des droits des migrants, particulièrement les femmes, les enfants et d’autres groupes vulnérables.  Notant ensuite que les migrants sont parfois victimes de diverses formes de discrimination, dont la discrimination raciale, il a appelé au respect des standards de l’Organisation internationale du Travail (OIT) en matière de travail des migrants.  Il a par ailleurs souligné que les transferts de fonds représentent une source importante de fonds, qui sont des fonds privés, et il a regretté que les Africains vivant à l’étranger paient plus de 1,8 milliard de dollars de charge excessive pour leurs frais de transferts de fonds, ce qui fait de l’Afrique la région du monde vers laquelle les frais de transfert de fonds sont les plus élevés.  Il a ainsi demandé que les conditions régissant les transferts de fonds vers l’Afrique soient revues et que ces opérations soient moins onéreuses, plus rapides et plus sûres, tant dans les pays d’accueil que dans les pays d’origine des migrants.  Il a salué les initiatives allant dans ce sens et mises en place notamment par le Fonds international de développement agricole (FIDA), la Commission européenne, la Banque mondiale et l’Union postale universelle (UPU).

M. Msosa a en outre relevé que la technologie et la recherche sont au cœur du processus de développement, et il a lancé un appel pour que soit comblé le fossé technologique entre pays riches et pays les moins avancés (PMA).  Il a plaidé en faveur de la mise en place de mécanismes financiers pour promouvoir ce développement technologique des pays en développement.  M. Msosa a également indiqué que la culture est un catalyseur pour la réalisation d’un développement durable, et il a souligné l’importance du respect de la diversité culturelle et de la protection des savoirs traditionnels, ainsi que celle des expressions culturelles de chaque peuple dans le cadre du programme de développement mondial.

M. JOHN BUSUTTIL, délégué de l’Union européenne, a appelé les États Membres à adopter une gamme de mesures pour à la fois tirer parti de la migration en faveur du développement et traiter les problèmes liés à ce phénomène.  Rappelant que 40 000 migrants avaient perdu la vie depuis 2000 au cours de leur voyage, il a souligné la responsabilité partagée qu’ont les pays d’origine, de transit et de destination pour faire en sorte que les migrations soient sûres et organisées et se déroulent dans le plein respect des droits de l’homme.  Dans le cadre de la Déclaration adoptée en 2013 lors du Dialogue de haut niveau sur les migrations internationales et le développement, l’Union européenne (UE) a pris des initiatives pour mettre en œuvre le plan d’action en huit points du Secrétaire général, a indiqué le représentant.  Il s’est félicité de ce que le Groupe de travail ouvert sur les objectifs de développement durable ait soulevé plusieurs questions pertinentes, comme celles portant sur les frais associés aux envois de fonds à l’étranger, la traite des personnes, les obstacles à la mobilité et le respect des droits des travailleurs migrants.  Il faudra aussi étudier comment le programme de développement pour l’après-2015 pourra encourager un partenariat mondial dans ces domaines, a préconisé le représentant de l’Union européenne.

Il reste encore des efforts à faire, a-t-il poursuivi, pour intégrer davantage la migration dans les stratégies de développement et pour tirer au mieux parti du potentiel de la diaspora.  Il a aussi conseillé de tenir compte des liens qui existent entre la migration et le développement dans des secteurs clefs comme la santé, l’éducation, les changements climatiques et l’emploi.  L’Union européenne a lancé, à cet égard, un projet avec le Centre de développement de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE)et l’Organisation internationale du Travail pour évaluer la contribution économique du travail des immigrés dans le développement des pays de destination du Sud, a indiqué le représentant.  Il a aussi expliqué que l’Union européenne renforce sa coopération avec les pays de la Corne de l’Afrique en matière de migration, par le biais de partenariats de migration signés avec la Jordanie, la Tunisie et l’Azerbaïdjan.  En ce qui concerne les déplacements forcés de population, l’UE, a-t-il indiqué, a mis en place un programme régional de développement et de protection au Moyen-Orient, et elle est en train d’élaborer des programmes semblables pour les régions de l’Afrique du Nord et de la Corne de l’Afrique.

M. GUSTAVO MEZA-CUADRA (Pérou), parlant au nom du Groupe des amis de la culture et du développement, a rappelé que, dans sa résolution 68/223 adoptée par consensus, l’Assemblée générale avait souligné la contribution importante de la culture aux dimensions économique, sociale et environnementale du développement durable.  Il a évoqué plusieurs moyens par lesquels la culture pouvait bénéficier au développement.  Ainsi, a-t-il expliqué, la préservation de l’héritage culturel promeut le tourisme et renforce le développement urbain durable.  Il a aussi remarqué que les industries culturelles et créatives permettent de diversifier et de dynamiser les économies, grâce à l’innovation qu’elles apportent et aux emplois qu’elles créent.

Les valeurs traditionnelles améliorent d’autre part la qualité de l’éducation, a souligné M. Meza-Cuadra.  Il a aussi relevé que les identités culturelles tendent à préserver les relations entre les individus, les communautés, et leur environnement.  De plus, la reconnaissance de la diversité culturelle et la promotion du dialogue interculturel entraînent une plus grande participation de la population dans la vie publique, a-t-il remarqué.  En outre, il a noté que l’accès égal des femmes et des hommes à la vie culturelle contribuait à une meilleure cohésion sociale.  Pour conclure son intervention, il a conseillé de reconnaître le rôle de la culture dans les objectifs, les cibles et les indicateurs du futur programme de développement pour l’après-2015.   

M. PALITHA T. B. KOHONA (Sri Lanka) a déclaré que les migrations créent la fuite des cerveaux, ce qui est déplorable pour les économies des pays en développement.  Il a néanmoins noté que les transferts de fonds des migrants contribuent grandement à l’économie des pays d’origine.  Il a rappelé ensuite que de nombreux pays développés ont bénéficié de l’apport des migrants pour se construire, une réalité qui est souvent ignorée ou passée sous silence, a noté le représentant.  Il a souhaité que le programme de développement pour l’après-2015 prenne en compte la question des migrations, et que des cibles y soient intégrées qui soient en rapport avec la protection des droits des travailleurs migrants.  M. Kohona a souligné qu’avec 1,7 million de ses ressortissants vivant hors de son territoire national, le Sri Lanka a reçu 6,4 milliards de dollars de transferts de fonds en 2013.  Il a précisé que tout Sri-Lankais qui veut quitter le pays reçoit une formation adéquate avant de s’expatrier, et il a appelé la communauté internationale à œuvrer à la protection des droits de ces migrants.

M. MATEO ESTREME (Argentine) a rappelé l’engagement de l’Argentine, depuis 10 ans, en faveur d’un développement inclusif dans tous les pays, grâce à des politiques favorables à la création d’emplois, et respectueuse des normes de sécurité sociale et de protection des droits de l’homme.  Nous croyons à l’utilité d’une réforme de l’architecture financière internationale, afin que les pays en développement soient mieux représentés dans leurs instances dirigeantes et de prise de décisions, a-t-il ajouté.  Abordant la question de la migration, il a indiqué que son pays offre le droit inaliénable de migrer à tous les migrants potentiels, avant de demander à tous les États de promouvoir les droits des migrants.  Soulignant que les causes profondes de la migration internationale se trouvent dans le sous-développement, il a plaidé en faveur de la mise en place d’un système international plus équitable et du développement de toutes les nations.  Il a d’autre part demandé à tous les États Membres de ratifier la Convention de 1990 sur les droits des migrants.  Enfin, sur la question de la culture, le représentant a noté le rôle important que doit jouer l’État pour intégrer cet élément dans les efforts de développement.  L’Argentine a enregistré un record historique dans la construction de l’espace culturel, a-t-il indiqué.  Il a dit que son pays apportait son appui à toutes les initiatives visant un développement inclusif et durable qui tienne compte du droit de toutes les personnes. 

Mme YANERIT MORGAN (Mexique) a rappelé que son pays avait, dans le passé, promu activement une nouvelle vision de la migration internationale, qui est centrée sur la personne migrante et le respect de ses droits de l’homme, sans oublier sa contribution courageuse au développement, à l’économie, à la culture et à la société des pays d’origine, de transit et de destination.  Elle a prôné une attitude de responsabilité mutuelle entre ces pays.  Elle a salué la Déclaration, adoptée en 2013, lors du Dialogue de haut niveau sur les migrations internationales et le développement, estimant qu’elle était une référence de base pour les mesures à prendre à cet égard par les gouvernements, les organisations internationales et la société civile. 

La migration internationale étant un facteur clef du développement, la représentante a conseillé de l’intégrer dans le programme de développement pour l’après-2015, en particulier en ce qui concerne la réduction des frais d’envois de fonds et la reconnaissance de la contribution des migrants aux sociétés des pays de destination.  Il faut aussi aborder la question de la migration sous l’angle des droits de l’homme et de la non-discrimination, a-t-elle aussi recommandé.  

Sur la question de la culture, la représentante a estimé qu’elle était un moyen de transmission des connaissances et de l’identité, de promotion de la paix, ainsi qu’un facteur de développement.  Elle a aussi souligné qu’elle contribuait à l’intégration sociale et à la préservation de la biodiversité.  C’est également, a-t-elle ajouté, un facteur essentiel pour le passage à des modèles durables de production et de consommation.  Elle a salué les travaux menés par le Groupe de travail ouvert sur les objectifs de développement durable pour intégrer ces éléments de manière transversale dans les futurs objectifs de développement durable.

M. ZAMRI KASSIM (Malaisie) a souhaité que la mondialisation tienne compte des besoins spécifiques des pays les plus vulnérables.  Il a partagé l’expérience acquise par la Malaisie sur trois éléments clefs qui permettent aux pays en développement de mieux faire face aux défis de la mondialisation.  La première a trait aux bénéfices de la science et des technologies, a-t-il dit, expliquant la nécessité de rendre ces outils abordables pour les pays en développement.  Il a ensuite lancé un appel à la conclusion rapide du Cycle de négociations commerciales de Doha, soulignant la nécessité de créer un environnement commercial plus équilibré.  Enfin, il a préconisé d’accélérer la réforme de l’architecture financière internationale.

La Malaisie estime, comme le Secrétaire général, que les Nations Unies doivent jouer un rôle central dans la gestion du développement durable pour tous, a dit M. Kassim.  Les Nations Unies resteront un maillon central dans la promotion du programme de développement pour l’après-2015, a dit le représentant.  Il a estimé que la croissance économique durable, inclusive et équitable était essentielle pour lutter contre les incidences négatives de la mondialisation.  Pour que la mondialisation bénéficie aux pays en développement, il a conseillé à ces pays de renforcer leurs infrastructures, ce qui exige que plus de ressources soient mises à leur disposition pour les aider dans ce domaine. 

M. PISAREVIC (Bélarus) a indiqué que les migrations sont une pièce essentielle des processus sociaux dans tous les pays du monde.  Il a noté le besoin de mettre en place des mesures de contrôle des flux migratoires, afin de lutter contre la traite des êtres humains et autres exploitations diverses dont sont parfois victimes les migrants.  Le représentant a relevé que la question des migrations est intégrée dans les politiques démographiques du Bélarus, notamment dans le but de s’assurer que le pays ne manque pas de main-d’œuvre qualifiée nécessaire pour son développement économique.  Il a également rappelé que le Bélarus, en partenariat avec l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), a mis en place un centre international de formation sur la question des migrations, afin de former des experts internationaux pour étudier les voies et moyens de rendre les migrations profitables à toutes les parties.

Mme ERIKA ALMEIDA WATANABE PATRIOTA (Brésil) a demandé à la communauté internationale de considérer et de mettre la personne humaine au centre des politiques économiques et non pas les marchés.  Les questions relatives à la mondialisation et au développement trouveraient des réponses positives à travers ce genre de démarche, a dit la représentante.  Elle a remarqué que les capitaux circulent rapidement d’un lieu à un autre, sans entrave, sans se soucier des masses de personnes qui ne peuvent pas y avoir accès, ce qui crée une « mondialisation à deux vitesses ».  Il faut canaliser les effets de la mondialisation pour qu’elle profite à tous, a-t-elle demandé, observant que les Nations Unies ont un rôle important à jouer à cet égard, notamment par le biais du Forum politique de haut niveau. 

La culture et les industries créatives ont été un facteur important d’inclusion sociale au Brésil, a poursuivi la représentante.  Elle a suggéré d’investir dans la culture pour changer les modes de production et de consommation, qui sont actuellement non viables.  Cela exige de modifier les modes de vie dans les pays du Nord, a-t-elle prévenu, avant de demander aux pays développés de jouer à cet égard le rôle de chef de file.

Enfin, sur la question de la migration, la représentante a assuré que le Brésil, en tant que pays de destination, était sensible aux droits des travailleurs migrants.  Elle a demandé à tous les États Membres d’appliquer pleinement les dispositions de la Convention de l’OIT sur la migration.  Elle a condamné la pratique instaurant la détention de mineurs migrants, se préoccupant du sort des enfants qui sont emprisonnés dans les pays où ils se trouvent en situation irrégulière.

M. AMIT NARANG (Inde) a jugé important de « façonner et maintenir un ordre international équitable qui respecte la diversité du monde ».  La répartition équitable des ressources doit également aller de pair avec des efforts concertés pour gérer ensemble la préservation de l’environnement et les moyens à mettre en œuvre pour faire face aux effets des changements climatiques.  De même, il a préconisé « une approche holistique » pour le traitement de la question des migrations internationales, compte tenu des « circonstances nationales » des pays d’origine, de transit et de destination.  À cet égard, il est urgent de libéraliser et de simplifier les procédures du Sous-Groupe technique chargé d’étudier le mouvement des personnes physiques (Mode 4), a estimé le représentant.  Toutefois, il faut adopter une action coordonnée pour combattre la migration illégale et la traite des êtres humains.

S’agissant de la mondialisation et de la culture, M. Narang a proposé aux pays et aux peuples d’embrasser les différences, célébrer la diversité et promouvoir le respect mutuel.  « Il n’existe pas de modèle unique », a-t-il insisté.  Dans le même esprit, la circulation des idées n’est pas à sens unique.  « L’Inde, en tant que civilisation millénaire, multiethnique, multireligieuse, multiculturelle et multilingue, et en tant que démocratie pluraliste, a beaucoup à contribuer pour enrichir le discours mondial », a déclaré le représentant.  À ce sujet, la tradition du yoga, qui repose sur l’harmonie entre l’homme et la nature, revêt une importance particulière, comme l’a souligné le Premier Ministre indien lors du débat général à l’Assemblée, a dit M. Narang.          

M. ABDELLAH BENMELLOUK (Maroc) a déclaré que l’ONU a un rôle central à jouer dans la promotion d’une approche basée sur les droits des migrants et le développement de partenariats en matière de migration.  Il a exprimé l’appui du Maroc pour une intégration de la question des migrations dans le cadre de développement pour l’après-2015, soulignant aussi que les migrations peuvent être un catalyseur pour le développement et contribuer à la réalisation des objectifs de développement.  Le représentant a également estimé que les questions ayant trait à la réduction des coûts de transfert de fonds, à la « portabilité » de la sécurité sociale, à la protection des droits de l’homme, aux partenariats mondiaux et au travail décent méritent une attention particulière.  Le représentant a relevé que les pays développés ne sont plus la seule destination privilégiée des migrants, et il a pris en exemple le Maroc, jadis pays d’origine et de transit et qui est devenu, progressivement, un pays de destination de migrants de toutes origines.  Il a précisé que le Maroc a toujours été « un carrefour migratoire », et a déclaré que la Constitution adoptée en 2011 garantit le principe de la non-discrimination, le droit d’asile, et l’égalité de droits entre les nationaux et les étrangers.  Il a conclu son intervention en précisant que la politique migratoire du Maroc est une politique d’intégration et d’insertion des immigrés, qui s’inscrit en droite ligne dans la politique de coopération Sud-Sud du royaume du Maroc dans l’espace arabo-africain.

M. YOSEPH KASSAYE YOSEPH (Éthiopie) a appelé la communauté internationale à apporter son assistance aux petits États qui ont été frappés de plein fouet par des chocs externes résultant notamment de la crise financière et économique mondiale de 2008.  Il a souligné que l’éradication de la pauvreté à l’horizon 2030 passe par des mesures ambitieuses qui devraient être adoptées à la troisième Conférence internationale sur le financement du développement, prévue en juillet prochain à Addis-Abeba en Éthiopie.  Il a ensuite indiqué qu’afin que la mondialisation ait un impact positif sur le développement des PMA, il faudrait que ces derniers bénéficient de l’ensemble des mesures commerciales adoptées à l’issue de la Conférence ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) tenue à Bali, en Indonésie, l’an dernier.  Il a ajouté que des mesures telles que l’allègement de la dette, la promotion des investissements directs étrangers, une délivrance adéquate et prévisible de l’aide publique au développement (APD), l’industrialisation et la mise en place d’infrastructures pourraient également favoriser l’essor des PMA.

Concernant les migrations, M. Yoseph a relevé qu’elles n’ont pas seulement un impact économique, mais aussi des implications sociales, culturelles et environnementales.  Il a plaidé pour la prise de mesures mettant fin à l’exploitation des migrants et aux discriminations dont ils sont victimes.  Il a également souhaité la baisse des coûts de transfert de fonds des migrants, et l’intégration de cette problématique dans les programmes de développement aux échelles nationale, régionale et mondiale.

Mme WANLING SHEN (Singapour) a expliqué que son pays avait « réussi à construire une économie forte en exploitant les effets positifs de la mondialisation », tout en préconisant le libre-échange et la transparence.  Aujourd’hui, Singapour est la deuxième ville la plus compétitive au monde, d’après le rapport sur la compétitivité mondiale du Forum économique mondial pour 2013-2014, a noté Mme Shen.  « Notre société est cosmopolite; elle a été construite par des immigrants de Chine, du sous-continent indien et de la péninsule de Malaisie, qui ont apporté avec eux des cultures, des langues et des coutumes uniques », a précisé la représentante.  Du fait de cette diversité, l’identité nationale de Singapour est profondément ancrée dans un multiculturalisme laïc.

Toutefois, a poursuivi Mme Shen, le fragile équilibre entre la diversité culturelle et la cohésion sociale est devenu de plus en plus difficile à préserver avec la mondialisation.  Avec une économie ouverte, Singapour attire un nombre croissant de personnes qu’elle doit s’efforcer d’intégrer, tout en formant une culture distincte singapourienne avec laquelle la population peut s’identifier. C’est pour renforcer la mémoire collective que sont lancées des initiatives comme la « Fête de l’héritage », qui a lieu chaque année, ou le Fonds d’affection publique pour l’art.  Enfin, la représentante a reconnu que l’économie créative est un secteur en pleine expansion. 

M. PAVEL FONDUKOV (Fédération de Russie) a reconnu le caractère pluriel des migrations internationales, ainsi que leur influence dans les pays d’origine, de transit et de destination.  Il a souhaité que la Commission débatte des possibilités qu’offrent ces migrations ainsi que des problèmes qu’elles soulèvent.  Il a appelé à régler le problème des migrations non organisées, afin d’assurer le plein respect des droits de l’homme des migrants.  Le représentant a proposé aux États Membres d’échanger les expériences réussies dans ce domaine et d’étudier de manière approfondie le phénomène de la migration, notamment celle concernant des personnes hautement qualifiées.

En 2013, la Fédération de Russie a accueilli plus de 12 millions de personnes migrantes, a indiqué le représentant en précisant que la plupart provenait de la Communauté des États indépendants.  Ces deux dernières années, la Russie a adopté plus de 40 lois et règlements qui permettent de réglementer les processus migratoires, sans cependant porter atteinte aux droits des migrants, a indiqué le représentant.  Il a assuré que les personnes migrantes, en Russie, jouissent des mêmes droits que les ressortissants russes, et que leurs enfants peuvent être inscrits dans les établissements scolaires. 

M. MD. MUSTAFIZUR RAHMAN (Bangladesh) a indiqué que les migrations occupent désormais une place centrale au sein de la communauté internationale, comme laisse voir la Déclaration du second Dialogue de haut niveau sur les migrations internationales et le développement des Nations Unies d’octobre 2013.  Il a souhaité que le programme de développement pour l’après-2015 prenne en compte cette question, pour réparer l’erreur commise par la communauté internationale quand elle a élaboré les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD).  Il a ensuite plaidé pour une « migration dans la dignité », afin de garantir des migrations sûres et humaines.  Il a rappelé que le Bangladesh va présider le Forum mondial sur la migration et le développement en 2016.  M. Rahman a par ailleurs noté que les transferts de fonds représentent une source importante de capitaux privés et que ces fonds ont impact dans la lutte contre la pauvreté, et il a appelé à la réduction des frais de transferts de capitaux des migrants.  M. Rahman a à cet égard suggéré que le taux des coûts de transfert soit inférieur à 3% du montant transféré, et il a demandé l’élimination des opérations de transfert qui appliquent des frais de plus de 5% du montant transféré.  Il a aussi précisé que ces fonds transférés par les migrants ne peuvent pas être considérés comme un substitut aux investissements directs étrangers, encore moins à l’APD, ou comme participant de l’allègement de la dette.  Des fonds privés ne peuvent remplacer aucune source officielle de financement du développement, a-t-il conclu.

M. MAGNUS LENNARTSSON (Suède) a indiqué que son pays avait présidé le Forum mondial en 2013, dont les travaux ont porté sur les façons d’utiliser le potentiel des migrations en faveur d’un développement inclusif.  Les discussions ont d’abord porté sur les moyens de rendre le Forum mondial plus axé sur le développement, a-t-il expliqué, ce qui a conduit à des améliorations de son processus et de ses méthodes de travail.  Il a ensuite parlé de la réunion organisée par la présidence suédoise à Stockholm, en mai 2014, qui a rassemblé 800 participants pour discuter de trois thématiques.  La première portait sur l’incorporation de la migration dans l’élaboration des nouveaux objectifs de développement durable.  La deuxième avait trait à la contribution de la migration au développement, tandis que la troisième se concentrait sur les liens entre migration et développement social.  Au cours des discussions, il est apparu que plus les migrants ont accès à des choix dans le pays de destination, plus ils pourront jouer un rôle actif dans leur pays d’origine.

En ce qui concerne le programme de développement pour l’après-2015, le représentant a mentionné les principes que le Forum mondial a reconnus à propos de la migration.  Ainsi, la migration a trait aux êtres humains, et le futur programme devra protéger leurs droits.  En outre, la migration a un fort potentiel pour le développement et doit être incluse comme facteur de développement dans le futur programme.  Il a aussi indiqué que le Forum mondial et la société civile avaient adopté le Programme de Stockholm de la société civile qui appelle à l’intégration de la migration dans le programme de développement pour l’après-2015.

M. YAROSLAV GOLITSYN (Ukraine) a expliqué que son pays s’était transformé au cours des 20 dernières années.  Alors que l’Ukraine connaissait auparavant un faible niveau de mobilité, elle est maintenant un pays d’origine, de transit et de destination pour les migrants, qui accueille actuellement plus de 330 000 ressortissants étrangers.  Le représentant a assuré que le Gouvernement ukrainien avait pris des mesures conformes au plan d’action en huit points du Secrétaire général pour traiter des problèmes que pose la migration, et qu’il offrait aux migrants les mêmes droits qu’aux nationaux.  Il a indiqué que l’accent était mis sur la protection des droits de l’homme de tous les migrants.

Le représentant ukrainien a mentionné l’organisation de séminaires qui diffusent les meilleures pratiques en matière d’intégration des migrants.  L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) appuie l’initiative « Diversité » qu’a lancée l’Ukraine, a-t-il aussi indiqué avant de parler des programmes qui utilisent les nouveaux médias pour combattre la discrimination à l’égard des migrants.  Nous avons aussi, a-t-il ajouté, pris des mesures pour lutter contre les formes modernes d’esclavage.  Le représentant a également parlé des effets adverses de la migration, notamment en ce qui concerne les risques de traite des personnes.  Il a appelé tous les pays à joindre leurs efforts pour combattre cette menace à la paix et à la sécurité internationales.

Mme ALDAANA MOHAMMED A.H. AL-MULLA (Qatar) a indiqué que le Qatar est en train de procéder à un amendement de sa législation du travail en vue d’y inclure des mesures en faveur des travailleurs immigrés présents dans le pays.  Elle a expliqué aussi que le Qatar a mis en place des projets qui favorisent l’épanouissement des travailleurs migrants, sans discrimination aucune.  Elle a noté que les travailleurs étrangers sont considérés comme essentiels au développement économique du Qatar, et que cette réalité est intégrée dans le Programme de développement du Qatar à l’horizon 2030.  Elle a ensuite relevé que la culture est essentielle au développement, et que cette question devrait figurer dans le programme de développement pour l’après-2015.  La représentante a dit que la culture participe du maintien de la paix et de la stabilité dans le monde, notamment par sa capacité à favoriser le dialogue et la réconciliation en temps de conflits.  La représentante a souligné en outre que depuis 2011, le Qatar fait la promotion des musées à travers le monde, et que Doha avait été choisie en 2010 pour servir de capitale culturelle du monde arabe.     

Mme SUYAPA CARÍAS (Honduras) a attiré l’attention des délégations sur la grave problématique des enfants honduriens et centraméricains qui émigrent vers les pays du Nord de l’hémisphère des Amériques, le plus souvent non accompagnés.  Cette situation alarmante a conduit le Président du Honduras, M. Juan Orlando Hernández, à décréter, en juillet dernier, une urgence humanitaire.  Au cours de la première moitié de l’année 2014, environ 13 000 mineurs non accompagnés sont ainsi entrés aux États-Unis par la vallée du Rio Grande, contre 2700 entre janvier et septembre 2013, a indiqué Mme Carias.  Cette augmentation sans précédent est causée par le fait que le Honduras est devenu un pays violent, « l’un des principaux champs de bataille du narcotrafic, pour une guerre qui n’est pas la nôtre, mais qui implique directement les pays consommateurs de drogue au Nord et les pays producteurs au Sud », a déploré Mme Carias.

Plutôt que d’intégrer des réseaux criminels, a-t-elle poursuivi, « des enfants et des adolescents préfèrent prendre la route de la migration illégale », en dépit des risques posés à leur intégrité physique.  La Force de travail sur l’enfant migrant, présidée par la première Dame du Honduras, Mme Ana Garcia de Hernández, a publié un rapport qui révèle que 70% des enfants et des femmes migrants sont victimes de violences sexuelles.  Le Honduras a pris une série de mesures, notamment pour rapatrier dignement les mineurs, les réinsérer dans leurs familles, leurs communautés et leurs établissements d’enseignement.  El Salvador, le Guatemala et le Honduras préparent, à la Troisième Commission, un projet de résolution sur les enfants et les adolescents migrants, a annoncé Mme Carias.

M. RUBÉN IGNACIO ZAMORA RIVAS (El Salvador) a regretté qu’un grand nombre de pays de destination évitent encore d’aborder la question des droits des personnes migrantes et celle des causes profondes de la migration, et d’ignorer les contributions de ces personnes à l’économie, le drame humain des familles séparées et les risques associés à la migration illégale.  Il a déploré la détention, chaque année, dans des conditions inadéquates, de centaines de migrants, y compris des enfants.  El Salvador appuie la proposition du Secrétaire général d’envisager la possibilité d’organiser à intervalles réguliers des dialogues de haut niveau sur la migration, a dit M. Zamora Rivas. 

D’après le représentant, la communauté internationale doit définir des instruments de protection pour les enfants migrants non accompagnés.  En même temps, il est indispensable de travailler avec les communautés d’origine pour augmenter les investissements dans l’éducation, la santé et l’emploi.  Pour sa part, El Salvador s’efforce d’améliorer les conditions de vie de ses citoyens, d’offrir des opportunités aux nouvelles générations, et de conscientiser la population sur les risques de la migration illégale.  Au niveau international, il est temps de dépasser les politiques qui préconisent la fermeture des frontières ou la pénalisation des migrants, a conclu le représentant.

M. KHALED AL-OTAIBI (Arabie saoudite) a estimé qu’il fallait préparer des études concrètes et réalistes sur toutes les questions et défis liés à la migration et établir des définitions des migrants « qui n’incluent pas les travailleurs étrangers, qui forment une catégorie totalement à part ».  L’Arabie saoudite n’est pas un pays de destination en termes de migration, a-t-il fait valoir.  « C’est un pays qui a recours au travail temporaire » et contribue par là même à hauteur de 40 milliards de dollars par an aux économies des pays qui fournissent cette main-d’œuvre.

L’Arabie saoudite partage la préoccupation de la communauté internationale à propos des questions de migration, en particulier la migration illégale qui force les États à changer leurs plans de développement, en plus du fardeau financier qu’engendre le traitement de ce phénomène.  Enfin, a ajouté M. Al-Otaibi, il faut trouver des solutions pour résoudre les crimes liés au trafic de migrants.   

M. ALI HAJILARI (République islamique d’Iran) a demandé plus de coordination dans la définition et la mise en place des politiques économiques internationales afin de permettre notamment aux pays en développement de pouvoir faire face aux défis posés par le besoin de croissance économique et par leurs vulnérabilités face aux chocs externes.  Il a aussi relevé que la culture et le développement sont liés, ajoutant que le besoin d’un développement durable implique de facto une plus grande prise en compte du rôle de la culture.  Il a précisé que la culture est un élément essentiel du développement durable, une source d’identité, d’innovation, de créativité, et aussi un facteur important de construction de l’inclusion sociale et d’éradication de la pauvreté et un catalyseur du développement durable.  

Le représentant a ensuite plaidé pour l’intégration de la question de la culture à toutes les étapes de l’élaboration et de la mise en œuvre du programme de développement pour l’après-2015, et il a mis en garde contre toute tentative d’imposer une seule approche culturelle à tous les pays, précisant que la diversité culturelle devrait être prise en compte.  Concernant la question des migrants, il a souligné qu’un de leurs droits élémentaires est de pouvoir garder des liens étroits avec leur pays d’origine, et il a appelé à ne pas mettre en place des mesures visant à limiter ces liens.  Il a conclu son intervention en notant que pour avoir une mondialisation bénéfique à tous, il faudrait mettre sur pied un système d’échanges mondiaux plus équitable, plus transparent et mieux coordonné, et prévoir des objectifs de développement qui prendraient en compte les spécificités de chaque pays.  Il a indiqué que les Nations Unies représentent la seule organisation capable d’établir ce genre d’objectifs de développement à caractère universel.

Mme MERVE NEVA ÜNAL (Turquie) a rappelé que son pays avait pris la présidence du Forum mondial jusqu’en 2017.  Elle a rappelé que le Dialogue de haut niveau sur les migrations internationales et le développement, tenu à l’Assemblée générale en 2013, avait reconnu que ses travaux avaient tiré des bénéfices des résultats du Forum.  Le Forum est le lieu le plus large pour discuter de la question des migrations et du développement, a-t-elle estimé.  La représentante a souligné les bénéfices de la migration, qui enrichit la vie culturelle de toutes les sociétés et permet de lutter contre les effets du vieillissement des populations de certaines de ces sociétés.  Les migrants qui jouissent des droits de l’homme et qui sont bien intégrés dans le pays de destination sont en mesure de contribuer au développement de leur pays d’origine et du pays de destination, a-t-elle souligné.

La représentante de la Turquie a rappelé que les migrations ne peuvent pas être gérées par un seul pays, sans la participation de toutes les parties prenantes et en premier lieu de la communauté internationale.  Il faut, a-t-elle conseillé, établir des partenariats efficaces entre les pays d’origine et de destination, ainsi qu’avec les pays de transit.  Nous souhaitons que la communauté internationale reconnaisse la migration comme un facteur réel de développement, a-t-elle expliqué.  Elle a assuré que la Turquie y veillerait, surtout quand elle assurera la présidence du G20 en 2015 et quand elle accueillera le premier sommet humanitaire mondial en 2016.  Enfin, elle a souligné l’importance de la lutte contre le racisme et la xénophobie.  « Seul un environnement tolérant peut attirer des migrants qualifiés », a-t-elle fait remarquer.

M. RUSLAN BULTRIKOV (Kazakhstan) a indiqué que le Kazakhstan est davantage un pays de destination de migrants que de départ, et que les autorités nationales ont adapté les législations nationales pour renforcer le respect des droits des travailleurs immigrés.  Il a également souligné que le Kazakhstan partage ses politiques d’immigration avec les autres États d’Asie centrale et avec d’autres pays membres de la Communauté des États indépendants.  Il a précisé que les pays de la Communauté des États indépendants ont mis en place, en 2012, un espace commun d’immigration, ce qui a permis de créer des conditions favorables aux déplacements des travailleurs migrants dans cet espace, tout en y améliorant la coopération dans le domaine des migrations.

M. JULIO XAVIER LASSO MENDOZA (Équateur) a fait remarquer que le migrant est un « acteur politique et économique mondial ».  Il a proposé de prévoir une « citoyenneté universelle », afin de garantir l’inclusion et l’inculturation des migrants sur leur terre d’accueil.  Le programme de développement pour l’après-2015 devra être axé sur l’accès des migrants au travail décent, ainsi qu’aux services de santé et d’éducation, a-t-il demandé.  Cela fera avancer le principe de leur citoyenneté, qui comporte des droits et des devoirs sur un pied d’égalité.  À ceux qui se plaignent de la charge que représentent les migrants pour les États de destination, il a répondu que la contribution des migrants au développement se révèle davantage dans les pays de destination que dans les pays d’origine.  C’est pour cela que la communauté internationale doit prendre la migration au sérieux, a-t-il lancé, l’invitant à organiser à intervalle régulier des dialogues de haut niveau sur cette question.

Mme TILANA GROBBELAAR (Afrique du Sud) a appelé les États Membres à assurer la protection des droits de l’homme des migrants.  Elle a rappelé que l’Afrique du Sud considère que les migrations sont un outil de développement qui pourrait favoriser la réalisation des objectifs de développement durable.  Elle a appelé au renforcement des relations entre l’ONU  et l’Organisation internationale pour les migrations, afin, a-t-elle souhaité, de promouvoir le respect des droits des migrants.

Mgr BERNARDITO AUZA, Observateur permanent du Saint-Siège, a fait remarquer que la mondialisation, lorsqu’elle permet de rapprocher les personnes sur un pied d’égalité, pouvait engendrer des bons résultats.  Dans le cas inverse, a-t-il prévenu, elle peut au contraire accentuer les inégalités, la marginalisation, l’exploitation et l’injustice.  Passant à la question de la culture, l’Observateur permanent du Saint-Siège a vanté les mérites du tourisme culturel, qui représente 40% des recettes du tourisme mondial.  Outre cet aspect financier, cette forme de tourisme ouvre des horizons et approfondit les connaissances des visiteurs sur les peuples et les lieux, et promeut une compréhension mutuelle entre nations, ainsi qu’une plus grande inclusion sociale.  Ce tourisme permet aussi de mieux préserver l’héritage culturel et les traditions, a souligné Mgr Auza.  Il a donc appelé à ne pas réduire la culture à une logique de marché.  « La culture ne doit pas être privatisée ou exclusive », a-t-il estimé en invitant plutôt à la partager et à en faire une occasion de dialoguer.

Sur le sujet de la migration, Mgr Auza a remarqué que ce phénomène affecte le monde entier.  Il s’est inquiété en particulier des cas de traite des personnes, ainsi que des formes modernes d’esclavage, qui concernent 27 millions de personnes dans le monde selon les statistiques.  Il a indiqué qu’environ deux millions de femmes sont victimes chaque année de la traite sexuelle et que beaucoup sont victimes du trafic d’organes.  Il a aussi parlé de ceux qui travaillent de longues heures dans des arrières boutiques avec un salaire de misère.  Le pape François a déclaré que ces formes modernes d’esclavage constituent un crime contre l’humanité, a rappelé Mgr Auza.  Conscient des complexités juridiques de la migration, le pape n’en a pas moins rappelé sa face humaine en soulignant la nécessité de respecter la dignité des personnes.  « Si la mondialisation a réduit le monde à un village, profitons-en pour devenir de bons voisins », a conclu l’Observateur permanent du Saint-Siège.

Mme JANE STEWART, de l’Organisation internationale du Travail (OIT), s’est exprimée en tant que chef du Groupe mondial sur la migration, qui regroupe 17 entités onusiennes et l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).   Elle a déclaré que le Groupe reconnaît le besoin de placer la personne humaine au centre du développement durable et de faire face aux causes profondes des migrations.  Elle a salué le fait que le Groupe de travail ouvert de l’Assemblée générale sur les objectifs de développement durable ait établi des cibles spécifiques en rapport avec le phénomène des migrations, et elle a dit que le Groupe mondial sur la migration souhaite que cette question soit intégrée, de manière transversale, dans les programmes de développement nationaux.  Mme Stewart a en outre salué la mise en place de nouveaux mécanismes devant promouvoir un bon usage des transferts de fonds des migrants, par exemple à travers le développement de produits financiers comme des sociétés de micro-assurances.  Elle a également invité les autorités des pays d’accueil de migrants à assurer le plein épanouissement de ces migrants, quel que soit leur statut.  Elle a enfin plaidé afin que les droits des travailleurs migrants soient pleinement respectés, notamment dans les pays d’origine et de destination, et que tous les États ratifient les conventions pertinentes de l’OIT à cet effet.

Mme MICHELE KLEIN SOLOMON, Observatrice de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), a indiqué que le premier Dialogue de haut niveau sur les migrations internationales et le développement, tenu à l’Assemblée générale de l’ONU l’an dernier, avait permis de faire le bilan des progrès enregistrés depuis 2006 en matière de migration.  Elle a apprécié la convergence d’avis qui avait alors permis d’adopter à l’unanimité la Déclaration, ainsi que le plan d’action en huit points proposé par le Secrétaire général.  Cela prouve que l’on peut trouver des terrains d’entente dans ce domaine au niveau mondial, a-t-elle remarqué.

Rappelant que 40 000 migrants avaient perdu la vie depuis 2000 en tentant de traverser des frontières internationales, elle a salué l’appel lancé par le Secrétaire général à tous les pays pour qu’ils mettent en œuvre le plan d’action en huit points.  L’OIM met en place des initiatives dans chacun des domaines d’intervention, comme la lutte contre la traite humaine, l’amélioration des perceptions qu’on se fait des migrants, et le renforcement de la collecte de données. 

Pour intégrer la migration au sein du programme de développement pour l’après-2015, elle a suggéré de formuler des recommandations orientées vers l’action sur la bonne gestion de la migration et de la mobilité humaine.  Pour qu’il soit réellement inclusif et ne laisse personne à la traine, il faut, a-t-elle ajouté, que le futur programme de développement inclue de manière explicite la protection des droits des migrants.

Mme Klein Solomon a espéré que la Deuxième Commission réaffirmerait son engagement à inclure les migrants et la migration dans le texte préparé par le Groupe de travail ouvert sur les objectifs de développement durable.  Enfin, elle a indiqué que l’OIM avait plaidé de manière constante en faveur de mesures visant à promouvoir les partenariats de mobilité en faveur du développement, protéger les droits de l’homme de tous les migrants et, enfin, pour réduire les conséquences des migrations forcées.

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