ECOSOC/6640

Ouverture du Forum pour la coopération au développement de l’ECOSOC: les participants plaident en faveur d’une coopération adaptée aux priorités des pays

10/7/2014
Conseil économique et socialECOSOC/6640
Département de l’information • Service des informations et des accréditations • New York

Conseil économique et social

Session de 2014

37e & 38e séances

matin & après-midi


OUVERTURE DU FORUM POUR LA COOPÉRATION AU DÉVELOPPEMENT DE L’ECOSOC: LES PARTICIPANTS

PLAIDENT EN FAVEUR D’UNE COOPÉRATION ADAPTÉE AUX PRIORITÉS DES PAYS


Le respect par les États des engagements pris en matière d’APD, incitera les autres acteurs

à s’engager davantage en faveur des pays en développement, indique le Secrétaire général


Le Forum pour la coopération en matière de développement s’est ouvert, ce matin, par des appels à concevoir et mettre en place un véritable partenariat pour le développement qui soit adapté aux besoins des pays récipiendaires, à élever le niveau encore insuffisant de l’aide publique au développement (APD) et à s’appuyer sur toutes les autres sources de financement.


« Ce Forum fait partie de la nouvelle vision que la communauté internationale a de l’ECOSOC », a rappelé le Président du Conseil économique et social, M. Martin Sajdik (Autriche), en expliquant le rôle du Conseil en faveur de la coopération en matière de développement, alors que le Forum politique de haut niveau sur le développement durable, dont la première réunion s’est conclue hier, se penche sur les questions transectorielles du développement.


M. Sajdik a invité les États Membres et les autres acteurs du développement à mettre en place un cadre unique pour le financement du développement après 2015, avant d’appeler les participants à réfléchir au rôle des différentes parties prenantes en matière de coopération.


Les débats de ce jour étaient répartis en trois tables rondes auxquelles ont participé plusieurs ministres et autres représentants de haut niveau, et se sont basés sur le rapport* du Secrétaire général intitulé « Tendances et progrès en matière de coopération internationale pour le développement », dont M. Wu Hongbo, le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a présenté les principales conclusions.


Un an avant la troisième Conférence sur le financement du développement, qui se tiendra en juillet 2015 à Addis-Abeba (Éthiopie), ce rapport indique que l’aide publique au développement (APD) demeurera essentielle en matière de financement du développement, mais que son utilisation devra être « adaptée à de nouvelles exigences et à un programme de développement pour l’après-2015 unique et universel » dans sa conception et sa mise en œuvre.  Après avoir connu une baisse pendant deux années, le niveau de l’APD est revenu à la hausse et a atteint 134,8 milliards de dollars en 2013, a-t-il été noté dans le rapport. 


Le document estime aussi que « les progrès enregistrés dans la réalisation de l’objectif de l’ONU consistant à ce que les pays allouent 0,7% de leur revenu national brut à l’APD doivent être amplifiés ».  En effet, à ce jour, seuls cinq pays donateurs ont atteint cet objectif.


« L’appui au développement doit être flexible et adapté aux besoins et aux réalités de chaque pays », recommande aussi le Secrétaire général dans le rapport.  Cet argument a été repris par plusieurs intervenants qui ont insisté sur la nécessité d’assurer de la souplesse à l’aide.  M. Robert Chambers, membre de l’Institut d’études sur le développement de l’Université du Sussex au Royaume-Uni, s’est inquiété du risque qu’il y a de voir les procédures d’attribution de l’aide devenir un carcan et a suggéré leur simplification radicale.  En ce qui concerne l’adaptation aux priorités des pays, le Ministre de la planification du Togo a remarqué que les institutions des pays donateurs viennent trop souvent identifier elles-mêmes les projets et programmes récipiendaires de l’APD. 


Du côté des bénéficiaires de l’APD, la Ministre de la planification du développement de la Bolivie, qui parlait au nom du Groupe des 77 et de la Chine (G77), a demandé de veiller à la transparence et à l’efficacité de l’aide.  De nombreux autres intervenants ont partagé ce point de vue et ont plaidé en faveur d’une gestion optimale des ressources de l’APD.  Le Ministre de l’environnement et de l’énergie renouvelable du Sri Lanka, parmi d’autres, a insisté sur l’importance d’assurer le suivi, à tous les niveaux, de l’utilisation de ces ressources et il en a été de même du Sous-Directeur général de l’Agence de coopération pour le développement de la Suisse, qui a recommandé de prêter plus d’attention à la reddition de comptes.


Pour certains participants, comme la représentante du Costa Rica, qui parlait au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), l’APD devra rester une source essentielle de financement du développement.  Mais cette forme d’aide ne pourra pas répondre à elle seule aux besoins de financement du développement après 2015, ont relevé plusieurs autres intervenants au cours de la journée.  À cet égard, le Secrétaire général de l’ONU a appelé les États Membres à mobiliser d’autres sources de financement, aussi bien aux niveaux national qu’international.


Si les investissements étrangers directs (IED) restent la source de financement privée la plus importante dans les pays en développement, il faut aussi promouvoir les autres formes d’aide et de mobilisation de ressources.  Le représentant de la France en a énuméré quelques-unes: les dons, les prêts concessionnels, les prêts moins concessionnels, les prêts aux conditions du marché qui, certes, ne relèvent plus de la catégorie de l’aide, ou encore les fonds privés catalysés par les fonds publics.


Enfin, comme l’a rappelé le Président de l’ECOSOC à l’ouverture du Forum, il est important de mettre en place un partenariat renouvelé en faveur du développement.  Le Secrétaire général recommande à cet égard de parvenir à un accord au niveau intergouvernemental, en y impliquant l’ensemble des partenaires du développement.


Cette journée de débats a aussi été l’occasion pour les participants de vanter les mérites de la coopération Sud-Sud qui a mobilisé entre 16,1 et 19 milliards de dollars en 2011.  Mais certains ont averti que cette coopération venait compléter ce qui existait déjà et ne devrait en aucun cas être perçue comme remplaçant la coopération Nord-Sud.


Le Forum poursuivra ses travaux demain, vendredi 11 juillet, à partir de 9 heures.


*     E/2014/77


FORUM POUR LA COOPÉRATION EN MATIÈRE DE DÉVELOPPEMENT (E/2014/77)


Déclaration liminaire


M. MARTIN SAJDIK (Autriche), Président du Conseil économique et social (ECOSOC), a rappelé que l’aide publique au développement (APD) n’a pas encore atteint un niveau suffisant pour pouvoir répondre aux besoins qui existent en matière de financement du développement.  Dès lors, a-t-il souligné, d’autres sources de financement sont nécessaires, comme l’aide internationale et les ressources qui pourraient provenir du secteur des entreprises.  Il a appelé à mettre en place un partenariat renouvelé en faveur du développement, en prenant le Consensus de Monterrey comme point de départ.  Le Forum pour la coopération en matière de développement est bien placé pour examiner ces questions, tandis que le Forum politique de haut niveau sur le développement durable sous les auspices de l’ECOSOC se penchera sur les questions transectorielles du développement, a-t-il expliqué, avant de rappeler que la prochaine Conférence sur le financement du développement se tiendra en juillet prochain en Éthiopie.


Il faudra mettre en place un cadre unique pour le financement du développement après 2015, a estimé M. Sajdik, avant d’appeler les participants à réfléchir au rôle des différentes parties prenantes en matière de coopération en faveur du développement pour l’après-2015.  Il a demandé aux États Membres d’être ambitieux et précis dans les discussions.  Plusieurs délégations ont déjà échangé sur ce sujet, lors de réunions préalables, comme celle qui s’est tenue récemment à Berlin.


Présentation du rapport du Secrétaire général (E/2014/77)


M. WU HONGBO, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a présenté le rapport du Secrétaire général intitulé « Tendances et progrès en matière de coopération internationale pour le développement ».  Ce rapport a conclu que la coopération au développement devait être réorientée pour relever des défis qui ont évolué sur le terrain.  L’aide publique au développement (APD) continue à être une source essentielle du financement du développement, a-t-il aussi remarqué, et elle le sera encore plus après 2015.  Selon le rapport, l’APD a atteint 134,8 milliards de dollars en 2013, le niveau le plus élevé après deux années de baisse.  L’APD des pays membres du Comité d’aide au développement représente 0,3% de leurs revenus nationaux bruts cumulés.  Le rapport précise en outre que seulement cinq pays donateurs atteignent l’objectif de consacrer 0,7% de leur PIB à l’APD.  Par ailleurs, la part d’APD dirigée vers les pays les moins avancés (PMA) a baissé au cours des dernières années.  En 2012, l’APD fournie aux pays les moins avancés représentait 0,09% du PIB des pays donateurs, ce qui reste bien en deçà de l’objectif de 0,15% à 0,20%.


Le rapport remarque que les conditions qui accompagnent l’APD sont parfois trop nombreuses et trop détaillées.  Le Secrétaire général avertit qu’il faudrait mobiliser toute une série de ressources pour le développement, ressources aussi bien nationales qu’internationales.  Il énumère aussi les défis à relever.  Il note, par exemple, que les pays en développement sont confrontés à de grandes difficultés pour collecter les recettes publiques.  Il faut que ces pays aient recours à des financements innovants, recommande-t-il, car ils peuvent générer un montant de financement significatif et prévisible à long terme.  Mais les investissements étrangers directs (IED) restent la source de financement privée la plus importante dans les pays en développement.  Le rapport recommande aussi d’adopter des politiques publiques efficaces afin de garantir des retombées positives pour la population.


En ce qui concerne la coopération Sud-Sud, le rapport indique que les ressources qu’elle mobilise ont oscillé entre 16,1 et 19 milliards de dollars en 2011, un montant qui devra être augmenté, car cette forme de coopération continue de démontrer son utilité.  Pour être efficace, l’APD doit être plus ciblée, explique aussi le rapport.  Selon le Secrétaire général, le respect des engagements en matière d’APD pousserait les autres acteurs à renouveler leur confiance et à s’engager davantage en faveur des pays en développement.  Il conseille de prévoir une coopération au développement souple, et adaptée aux priorités et aux spécificités des pays.  Un partenariat mondial renouvelé pour le développement devra faire l’objet d’un accord au niveau intergouvernemental, et il faudra y impliquer l’ensemble des partenaires du développement, recommande aussi Ban Ki-moon dans ce rapport.  Ce partenariat devra se concentrer sur l’éradication de la pauvreté.  Il devra rassembler « Monterrey » (financement du développement) et « Rio » (développement durable et moyens de mise en œuvre).  Il faudra aussi renforcer l’égalité homme-femme, indique le Secrétaire général dans ce rapport qui souligne également le rôle important que doivent jouer les parlements.


Après cette présentation de rapport, M. WU HONGBO a ensuite lu le message du Secrétaire général, M. Ban Ki-moon, adressé aux participants au Forum pour la coopération en matière de développement.  M. Ban leur a rappelé que l’APD ne pourra pas répondre à elle seule aux besoins de financement du développement après 2015, appelant à mobiliser d’autres sources de financement.  Il faut aussi étudier les différentes manières qu’il faudra utiliser pour gérer et investir ces ressources de la façon la plus efficace.  Nous allons aider les pays qui accusent le plus de retard dans la réalisation des OMD, a assuré le Secrétaire général.  Il a souhaité que la coopération soit à la hauteur des besoins des pays, ceci grâce à un échange des connaissances et au renforcement des capacités.  Les échanges commerciaux constituent une forme motrice du développement, a-t-il aussi remarqué.


Le Secrétaire général, dans son message, a demandé aux gouvernements de mieux coordonner leurs politiques.  La coopération Sud-Sud et entre régions, ainsi que la coopération avec le secteur privé, sont des processus et des mesures de plus en plus actifs, s’est-il réjouit.  Il a invité à définir un ensemble de cibles à atteindre et à établir un partenariat renouvelé pour le développement, ainsi qu’un cadre d’examen pour promouvoir la reddition de comptes.  Le Secrétaire général a aussi posé des questions aux participants au Forum.  Comment le cadre de financement de l’après-2015 peut-il fonctionner en pratique?  Comment instaurer plus de cohérence dans le débat sur les moyens de mise en œuvre?  Comment suivre les mesures mises en place et favoriser la confiance et l’apprentissage mutuels afin que les engagements soient respectés, les ressources utilisées au mieux et les résultats garantis?  Les résultats du Forum figureront dans un rapport de synthèse et contribueront à la troisième Conférence internationale sur le financement qui se tiendra en juillet 2015 à Addis-Abeba en Éthiopie. 


M. ROBERT CHAMBERS, de l’Institut d’études sur le développement de l’Université du Sussex, au Royaume-Uni, a souligné que les relations de pouvoir sont indirectement liées au financement, ce qui déforme de nombreux rapports de force, notamment dans le cadre de la coopération pour le développement.  Il a estimé que le G7+ a beaucoup à apprendre aux États Membres.  Il a ainsi cité en exemple les conseils apportés par ce groupe au Timor-Leste et en Guinée-Bissau en matière de relèvement après un conflit, faisant observer que cette coopération n’avait pas subi de déformation par un quelconque lien ou rapport avec l’argent.  Lorsqu’il y a une relation verticale de financement, celle-ci peut avoir une influence sur la répartition des pouvoirs entre les parties, mais des malentendus voient alors le jour, et les gens ont dès lors tendance à penser que l’argent est par nature corrupteur, s’est-il expliqué.


M. Chambers a ensuite fait observer que pendant les années 1990, les pauvres étaient de véritables parties prenantes au dialogue, mais que pendant les années 2000, un changement de paradigme a eu lieu, et le travail est dorénavant davantage axé sur les choses matérielles que sur les personnes.  Cela transparait dans l’approche utilisée actuellement, a-t-il ajouté.  M. Chambers a notamment indiqué que la Déclaration de Paris, considérée comme la « déclaration sacro-sainte » sur l’utilisation de l’aide au développement, ne mentionne jamais les mots « accord », « évolution » ou « négociation ».  On ne parle jamais de la personne humaine dans cette Déclaration, a-t-il déploré.


Il a aussi relevé que les mots les plus fréquemment utilisés lors des derniers travaux de l’ECOSOC étaient « partenariat », suivi de « reddition de comptes » et de « transparence », entre autres.  Pourquoi ne mentionne-t-on jamais les mots « local », « inégalité », « égalité », « moral », « complexité » ou « attitude »?  Ce n’est pas une critique, a dit M. Chambers, mais il importe d’avoir conscience du fait que la terminologie employée est en train de changer progressivement, s’est-il expliqué.


M. Chambers a ensuite indiqué que le Royaume-Uni avait récemment adopté le concept de « paiement pour résultat » et a fait part de certaines réserves qu’il a exprimées et que lui inspire cette notion, car elle illustre une « vision newtonienne » de la réalité.  Il a relevé que l’on exige à présent des partenariats capables de fournir des résultats, ce qui est une notion qui n’existait pas il y a 10 ans, alors que ce qui importe, c’est de faire preuve de plus de souplesse.


Poursuivant son intervention, M. Chambers a conseillé aux délégations de faire une étude sur les effets concrets qu’ont, au niveau local, les conditionnalités attachées à l’aide.  Il leur a également recommandé la lecture des livres « Time to Listen: Hearing People on the Receiving End of International Aid »; et « Turning the World Upside Down », qui porte sur le système de santé mondial, ainsi que « Reality Check Bangladesh 2011 ».


Il s’est par ailleurs inquiété du fait que le mot « partenariat » est de plus en plus souvent utilisé comme un euphémisme comme on le voit dans la phrase « les donateurs et leurs partenaires ».  Il s’est aussi inquiété du risque que les procédures ne deviennent un carcan.  Est-t-il juste d’imposer aux récipiendaires de l’aide une course d’obstacles et d’exiger qu’elle se déroule dans un sac?  Une simplification radicale s’impose et elle est possible à condition de rétablir la confiance, a-t-il affirmé.  M. Chambers a aussi dénoncé le fait que la dimension personnelle avait été négligée et a insisté sur la nécessité, pour les agences de développement notamment, de recruter des personnes capables d’écouter, de prendre le temps de réfléchir et de passer du temps sur le terrain.  Il s’est inquiété du fait que les agences pour le développement réduisent de plus en plus leur personnel alors qu’elles augmentent leur budget.  Le personnel, a-t-il souligné, est essentiel pour garantir l’efficacité de l’aide.  Il faut des gens passionnés, convaincus et courageux, car ce sont ces personnes-là qui pourront faire une véritable différence dans le monde.  Le slogan devrait dorénavant être « Demandez-leur et écoutez-les », a-t-il lancé.  Et pour pouvoir écouter, il faut d’abord apprendre à se taire, a-t-il fait remarquer.



Session 1 « Promotion d’un programme unifié et universel pour le développement »


Mme VIVIANA CARO HINOJOSA, Ministre de la planification du développement de la Bolivie, qui parlait au nom du Groupe des 77 et de la Chine (G77), a souhaité que le Forum pour la coopération en matière de développement permette une participation large des acteurs clefs en matière de développement au débat.  Elle a rappelé que les problèmes financiers qui se posent aux pays en développement ont une incidence énorme sur leur capacité à atteindre les OMD et, plus tard, les objectifs de développement durable.  Il faut que la communauté internationale leur fournisse un appui plus prévisible et stable, ceci sans leur imposer de conditions draconiennes, a-t-elle demandé, se disant également favorable à un partenariat mondial renouvelé.  Les institutions de Bretton Woods et les partenaires bilatéraux devraient reconnaitre l’appropriation à laquelle ont droit les pays en développement et aligner leurs programmes de coopération sur les stratégies nationales de développement, a-t-elle aussi souhaité.  La Ministre a, par ailleurs, demandé de renforcer la coopération technologique entre les pays du Sud, attendant avec intérêt le mécanisme qui sera proposé à cet égard.


Nous sommes impatients de discuter de ces questions au sein du Forum politique de haut niveau, a poursuivi la Ministre de la Bolivie, indiquant qu’elle espérait qu’il serait tenu compte des débats menés au Forum pour la coopération en matière de développement.  Ce dernier devrait se concentrer sur des actions prioritaires et des résultats concrets, a-t-elle suggéré avant de proposer également que le Forum débatte de la transparence et de l’efficacité de l’aide.  Elle a réaffirmé l’importance de la coopération Sud-Sud, phénomène dynamique qui est nécessaire pour relever les défis auxquels les pays de cet hémisphère sont confrontés.  Mais cette forme de coopération ne devrait pas remplacer la coopération Nord-Sud et devrait seulement la compléter, a-t-elle précisé.  Elle a aussi défendu l’idée de la coopération triangulaire, souhaitant qu’elle soit renforcée. 


La Ministre de la planification et du développement de la Bolivie a souligné l’importance du renouvellement des engagements des pays développés en matière de coopération internationale en faveur du développement, constatant avec préoccupation que le partenariat en faveur du développement n’a pas été complètement mis en œuvre.  La Ministre a demandé que soit garantie la mise en place d’un système financier renouvelé, ceci afin de pouvoir terminer la mise en œuvre des programmes liés à la réalisation des OMD et ensuite le lancement de ceux relatifs aux objectifs de développement durable.  Elle a aussi rappelé l’importance du principe de responsabilité commune mais différenciée dans le futur programme de développement durable.  L’éradication de la pauvreté doit être l’objectif numéro un à réaliser dans ce futur programme, et il faut y parvenir d’ici à 2030, a-t-elle souhaité.


La représentante de Costa Rica, qui parlait au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), a jugé nécessaire de définir les caractéristiques de la coopération en faveur du développement afin de progresser vers une véritable alliance pour le développement.  Il faut mettre en place une stratégie efficiente de développement durable, afin de garantir un financement efficace des programmes qui proviendrait de sources privées et publiques, nationales et internationales, a-t-elle préconisé.  Elle a aussi souligné le rôle important de l’APD, qui devra rester une source essentielle de financement du développement, comme cela a été le cas avant 2015, en particulier pour les PMA.


La représentante a exprimé sa préoccupation face à la volonté de certains pays de redéfinir l’utilisation de l’APD.  Elle a craint que cet exercice n’aboutisse à un gonflement artificiel du volume de cette aide.  L’APD a des objectifs spécifiques qui correspondent à des responsabilités historiques, a-t-elle rappelé.  L’APD doit aussi contribuer à la mobilisation de l’investissement étranger direct (IED) et à la création d’un environnement international propice au commerce, ainsi qu’au transfert de technologies, à la transparence et à la reddition de comptes, a-t-elle souligné.


La représentante a salué la coopération Sud-Sud et les avantages qu’elle représente, comme celui de permettre à certains pays de jouer un rôle plus actif sur la scène internationale.  Cette forme de coopération doit être gérée par les pays du Sud, sans condition préalable ni ingérence dans leurs affaires intérieures, a-t-elle exigé, avertissant en outre que cette coopération ne doit pas remplacer la coopération Nord-Sud.  Nous voulons une véritable alliance mondiale pour le financement du développement, fondée sur Monterrey, Doha et Rio+20, a-t-elle conclu.  Cela exige de mener une réforme des institutions financières internationales en vue d’améliorer leur cohérence.  Elle a aussi demandé de réduire les inégalités tant entre les pays qu’au sein des pays. 


Mme MARIA ANDREA ALBAN(Colombie) a jugé nécessaire de repenser le rôle des pays à revenu intermédiaire et les engagements des pays développés.  Elle a souligné que le niveau de revenu des États ne doit pas être calculé uniquement sur la base du revenu moyen par tête d’habitant car, a-t-elle indiqué, cela ne permet pas de prendre en compte des asymétries qui peuvent exister au sein d’un pays.  Il faut au contraire, a-t-elle souligné, adopter une approche globale.  La représentante a réclamé la création d’une alliance mondiale solide et capable de relever les défis qui se posent en matière de développement.  Elle a aussi jugé nécessaire d’établir des mécanismes de coordination entre les différentes instances mondiales, citant notamment en exemple les cinq mécanismes régionaux de coordination qui existent en Amérique latine.  Elle a aussi voulu que soit élaboré un programme mondial pour le développement, sans y inclure de conditionnalités.  Il faut mettre un terme au système actuel, qui est en fait une évaluation des pays en développement par les pays développés, a-t-elle souligné.


Débat avec les délégations


Au cours de ce débat, les délégations ont notamment débattus du rôle que peut jouer le secteur privé dans le domaine du développement durable.


S’inquiétant du fait que les engagements pris en matière d’APD n’ont pas été tenus, le représentant du Bangladesh s’est interrogé sur la provenance des ressources pour le financement du développement, tandis que la représentante de l’Institut nord-sud du Canada a estimé que l’on ne prend pas suffisamment en compte les limites de l’efficacité de l’aide.


Le représentant du Rwanda a indiqué qu’on ne saurait sous-estimer le rôle du secteur privé, en matière de création d’emploi notamment, d’où la nécessité pour les pays en développement de créer un environnement favorable aux investissements.  Le secteur privé doit être sur les lignes de front de la lutte contre la pauvreté, car les ressources mobilisées sur le plan nationale et les APD ne suffiront jamais, a-t-il affirmé.


Certes, a acquiescé le Ministre du Togo, mais le rôle des entreprises multinationales doivent tenir compte des intérêts des pays dans lesquels elles travaillent en associant davantage le secteur privé local.  C’est ainsi que les populations pourront véritablement profiter de l’élan donné par ces multinationales et au lieu de se contenter de récolter les quelques miettes qu’elles laissent.  L’appropriation nationale est essentielle, a-t-il ajouté.


Le Directeur général de l’Institut mondial des ressources a toutefois fait observer que le secteur privé ne contribuera pas à la lutte contre la pauvreté tant que des conditions favorables n’auront pas été mises en place.  On doit d’abord se préoccuper de la création d’un environnement qui lui est favorable.


La représentante de l’Afrique du Sud a dit l’importance de respecter le caractère intergouvernemental des délibérations sur le développement durable.  Le partenariat Sud-Sud ne peut pas remplacer le partenariat Nord-Sud.


La représentante de la Colombie a fait observer que les pays à revenu intermédiaire ont encore besoin d’aide pour progresser sur la voie du développement.  Elle a aussi voulu que le programme de développement pour l’après-2015 soit exempt de conditions.  Les pays, a-t-elle ajouté, disposent déjà de stratégies qu’il faut utiliser.


À ce propos, le Sous-Directeur général de l’agence de coopération pour le développement de la Suisse, a indiqué que la Suisse ne fait pas de distinction entre les différentes catégories de pays en développement car, a-t-il affirmé, ce n’est pas la quantité de l’aide qui compte mais sa qualité.  Il a aussi appelé les partenaires à se réengager dans le processus des APD et à élaborer les partenariats qui mettent l’accent sur les connaissances acquises en matière de développement.  Outre la mobilisation de ressources, a-t-il encore affirmé, il importe aussi de savoir comment les utiliser au mieux.


Le Ministre du Sri Lanka a quant à lui insisté sur l’importance d’assurer le suivi à tous les niveaux.


Cette table ronde était animée par Mme AMINA MOHAMMED, Conseillère spéciale du Secrétaire général pour la planification du développement pour l’après-2015.


Session 2 « Le rôle crucial de l’aide publique au développement dans la coopération pour le développement après 2015 »


Pour lancer ce débat, Le Président du Conseil économique et social a invité les participants à examiner les raisons pour lesquelles le niveau de l’aide publique au développement (APD) doit augmenter pour répondre aux défis du développement durable.  Cette séance de travail du Forum pour la coopération en matière de développement était animée par M. STÉPHANE DUJARRIC, Porte-parole du Secrétaire général de l’ONU.


Discours liminaire


Mme JUDITH RANDEL, Directrice exécutive des Initiatives pour le développement du Royaume-Uni, a appelé les participants à réfléchir à l’importance que revêt une plus grande mobilisation de l’ensemble des ressources qui pourraient être actuellement disponibles.  En 1995, a-t-elle rappelé, les chefs d’État ont reconnu pour la première fois qu’éliminer la pauvreté était possible.  Aujourd’hui, on se rend compte qu’on peut vraiment y arriver, et ce, d’ici à 2030.  Il y aura à cette date, selon les prévisions, un peu plus de 300 millions de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté à travers le monde.  Mme Randel a indiqué que le Royaume-Uni, comme d’autres pays, avait atteint le niveau de 0,7% de son PIB qu’il s’était engagé à consacrer à l’APD.  Les ressources nationales, a-t-elle noté, sont considérées comme la « colonne vertébrale » du financement de l’élimination de la pauvreté.  Mais, a-t-elle remarqué, au vu des besoins et des ressources existantes, cela représente des « sommes microscopiques ».  Elle s’est donc interrogée sur les autres ressources qui pourraient être disponibles pour aider les pays dans le besoin.  « Comment faire parvenir l’aide là où elle est nécessaire? » a-t-elle aussi demandé en suggérant qu’on crée et utilise à cet effet des critères d’éligibilité.  Mme Randel a ensuite recommandé de veiller à ce que l’aide ait un impact sur la vie des plus pauvres, afin notamment qu’ils bénéficient des services de base.  Elle a mis l’accent, à cet égard, sur les données, qui permettent de mesurer les progrès accomplis.  Voulant attirer l’attention sur les autres ressources, elle a invité les délégations à ne pas seulement parler des investissements directs étrangers (IED), mais aussi des flux de ressources qui existent et peuvent être promus entre les pays. 


Intervenants


M. FULBERT AMOUSSOUGA GÉRO, Ministre à la présidence de la République du Bénin, chargé de la coordination des politiques et de la mise en œuvre des objectifs du Millénaire pour le développement et des objectifs de développement durable, a affirmé que l’APD restera une source importante de financement du développement dans les pays concernés.  Il a cependant appelé à sortir de la logique de l’assistanat.  Pour les pays en développement, a-t-il remarqué, la contrainte budgétaire qu’ils subissent est telle que la production de certains biens publics mondiaux, y compris la lutte contre certaines maladies, est reléguée au second rang.  Il a toutefois remarqué que la plupart des pays en développement avaient fait des progrès pour se fixer des politiques réalistes.  Tous ces pays aspirent à aller plus loin dans la croissance inclusive, a-t-il ajouté.  Il leur faut pour cela recevoir des investissements privés, mais ceux-ci sont truffés de conditionnalités relatives à l’existence de bons services publics.  Dans nos pays, les marchés financiers sont encore embryonnaires, a-t-il aussi souligné.  Il a conclu son intervention en conseillant de se laisser guider non pas par des considérations politiques mais plutôt par le facteur humain. 


« Nous sommes la première génération qui a les moyens d’éliminer la pauvreté », a estimé à son tour M. ERIK SOLHEIM, Président du Comité d’aide au développement (CAD) de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).  Il a noté que l’éducation, dans un pays comme le Viet Nam, est aussi bonne que celle que les enfants reçoivent dans son pays, la Norvège.  Aucun pays ne croit au communisme ou à l’économie de marché à tous crins, a-t-il aussi remarqué en notant qu’on recherche, de nos jours, des systèmes économiques qui donnent des résultats.  L’APD a augmenté en 2013, a-t-il remarqué en saluant le Royaume-Uni, qui a été le premier pays donateur à atteindre à cet égard le seuil de 0,7% de son PIB.  M. Solheim a recommandé de cibler l’APD afin qu’elle soit dirigée autant vers les pays les plus vulnérables que vers les pays les moins avancés (PMA).  Nous devons venir en aide aux pays qui sont prêts à mobiliser leurs ressources nationales, a-t-il ajouté.  Il a donné l’exemple du secteur de la santé, qui peut être financé par les recettes fiscales nationales, sachant que l’APD aide ces pays à mettre en place de meilleurs systèmes fiscaux.  Les efforts menés en faveur de la paix peuvent également être renforcés par l’APD, a-t-il préconisé.  Il a enfin invité à mieux reconnaitre la valeur de la coopération Sud-Sud.


M. JOSÉ ANTONIO ALONSO, Professeur à l’Universidad Complutense, de Madrid, a expliqué qu’il y avait deux options: maintenir une perspective intégrale avec un programme différencié selon les conditions circonstancielles des pays; ou adopter des politiques ciblées à destination des pays fragiles.  Évoquant la rareté des ressources en matière d’aide au développement, il a proposé d’opter pour la deuxième approche, tout en estimant qu’elle offrait une vision trop étroite de l’aide au développement.  Cette approche évite aussi aux pays de se responsabiliser, a-t-il estimé.  Il a donc recommandé d’adopter un système de coopération au développement dans le cadre d’un environnement politique complexe.  Le monde en développement est très hétérogène, a-t-il noté, invitant la communauté internationale et le Forum à prendre en compte ces différences.  Si la réduction de la pauvreté extrême au cours des 50 dernières années laisse penser que l’élimination totale de ce phénomène est réalisable, on risque cependant de laisser des poches de pauvreté intouchées, a-t-il prévenu.  Il a aussi noté que les pays qui ont besoin d’une aide sont confrontés à des obstacles importants sur la voie du développement.  La coopération au développement doit permettre de remédier aux faiblesses qui affectent ces pays notamment, entre autres, sur les plans institutionnel et technologique.


M. NGUYEN THE PHUONG, Vice-Ministre de la planification et des investissements du Viet Nam, a indiqué que cumulée aux dépenses publiques l’APD jouera un rôle catalyseur pour attirer des investissements étrangers permettant de lutter contre la pauvreté, de faire face aux catastrophes naturelles et de contribuer au développement économique.  Il a aussi évoqué l’importance que revêt le transfert de technologies dans la lutte contre les changements climatiques.  Les investissements privés doivent être facilités, et des réformes institutionnelles lancées, a-t-il dit.  Il a souligné que les modalités de l’APD doivent être adoptées aux besoins des pays en développement.  Ce faisant, a-t-il affirmé, l’APD pourra jouer un rôle essentiel dans le cadre du financement du développement durable.


Principale participante


Mme MARÍA EUGENIA CASAR, Administratrice associée du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a dit que l’APD demeurera un élément essentiel des ressources mobilisées pour financer le programme de développement pour l’après-2015.  Elle a appelé les donateurs traditionnels à honorer leur engagement de verser 0,7% de leur PIB à l’APD, s’inquiétant notamment du déclin des montants de cette forme d’aide qui a été enregistré depuis 2009.  Mme Casar a estimé que des indicateurs plus précis doivent être utilisés pour mieux cibler l’aide.  Au lieu d’utiliser le revenu par habitant comme baromètre, a-t-elle expliqué, il conviendrait d’utiliser d’autres indicateurs pour avoir une vision plus globale de la situation économique des pays.  Elle a proposé d’utiliser les ressources de l’APD pour financer des partenariats public-privé.  Elle a également mis en garde contre la surconcentration de l’aide dans certains pays et dans certains secteurs.


Discussion interactive


Pour lancer le débat, un représentant du Parlement du Bangladesh a demandé aux panélistes ce que serait un « financement adéquat » du développement durable et les moyens de mise en œuvre.  Le représentant du Fonds monétaire international (FMI) a proposé d’éviter d’accorder des ressources d’aide publique au développement à un pays lorsqu’elles aboutissent au versement de subventions à la consommation d’énergies nuisibles à l’environnement.  Le Président du CAD de l’OCDE a indiqué, à cet égard, qu’aujourd’hui les subventions à la consommation de carburants fossiles représentent le double du PNB d’un pays comme la Colombie.  On ne peut pas continuer à dépenser les fonds publics de cette façon, a-t-il prévenu.  Cependant, a rétorqué le Ministre à la présidence de la République du Bénin, le retrait soudain des subventions expose les pays à l’instabilité sociale créée par des soulèvements populaires.


Le représentant de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a rappelé que l’APD finance également certaines fonctions des institutions multilatérales, notamment le système de l’ONU, par le biais de contributions volontaires.  Le Professeur Alonso, de l’Universidad Complutense de Madrid a remarqué, pour sa part, que les capacités de redistribution sont très réduites sur le plan international.  Nous avançons vers un monde où le système international aura besoin d’incitation pour progresser sur le plan économique, a-t-il prévenu.


Le Vice-Ministre de la planification et des investissements du Viet Nam a indiqué que son pays est considéré comme un de ceux qui utilisent l’APD de la manière la plus efficace.  Il faudrait que chaque pays puisse établir des rangs de priorité pour les domaines nécessitant des fonds de l’APD.  Au Viet Nam, par exemple, les ménages les plus pauvres et les minorités ethniques qui vivent de manière géographiquement isolée sont prioritaires.  On doit pouvoir financer des moyens d’accès vers ces communautés, a-t-il expliqué.


Cependant, a remarqué le représentant du Rwanda, une fois qu’un pays a atteint un certain niveau de PNB, les pourvoyeurs d’aide y mettent fin de manière abrupte et l’accès aux prêts devient extrêmement onéreux.  Il a demandé quelle ouverture et quelle soupape de sécurité étaient possibles pour limiter les chocs auxquels sont exposés les pays qui avancent sur la voie du développement.


De son côté, le représentant de la France a invité à réfléchir à l’équilibre possible entre la fonction de redistribution de l’aide et sa fonction d’appui à la croissance économique.  L’aide n’a pas toujours la même nature, a-t-il remarqué, énumérant les différentes formes et catégories dans lesquelles elle s’inscrit: les dons, les prêts concessionnels, les prêts moins concessionnels, les prêts aux conditions de marché qui, alors, ne relèvent plus de la catégorie de l’aide, ou encore les fonds privés catalysés par les fonds publics.  Pour les PMA, il faut des dons très fortement concessionnels, a-t-il recommandé.


« Comment vendre l’APD aux électeurs dans les pays développés? » a demandé le modérateur de la réunion.  Pour répondre à cette question, le Président du Comité d’aide au développement (CAD) de l’OCDE a répondu qu’il valait mieux avoir recours à des prêts, plutôt qu’à des dons, lorsqu’il s’agit de financer des infrastructures commerciales.  Au représentant du Rwanda, il a répondu que du point de vue du CAD, les pays en développement devraient bénéficier de prêts aux conditions du marché.


Enfin, une représentante de la société civile a regretté que la discussion n’ait pas abordé les structures qui seraient nécessaires pour que l’APD cible en priorité l’élimination de la pauvreté. 


Session 3 « Tirer les enseignements de la coopération Sud-Sud à l’avenir »


En guise d’introduction, Mme MARIA EMMA MEJÍA VÉLEZ (Colombie), Vice-Présidente du Conseil économique et social, a souligné que la coopération Sud-Sud complète mais ne remplace en aucun cas la coopération Nord-Sud.  La première citée doit au contraire être conçue comme une manifestation de solidarité.



Discours liminaires


M. AIQING FANG, Vice-Ministre du commerce de la Chine, a indiqué que la coopération Sud-Sud a récemment joué un rôle croissant dans la promotion du développement durable.  Cette coopération, a-t-il indiqué, présente des avantages uniques en ce qu’elle protège la souveraineté des États, dont elle est respectueuse, et n’est pas assortie de conditionnalités.


Il a indiqué que la coopération Sud-Sud contribue à une croissance économique sensible dans les pays en développement.  Il a expliqué que l’assistance de la Chine aux autres pays du Sud s’est concentrée en majorité sur la réduction de la pauvreté en mettant l’accent sur l’agriculture, l’accès à l’eau et à l’assainissement.  La Chine a aussi renforcé sa contribution à la protection de la faune et de la flore pour aider d’autres pays en développement à faire face aux effets des changements climatiques, a souligné le Vice-Ministre.


La coopération Sud-Sud aide les pays en développement à avancer sur la voie d’un développement indépendant et respecte l’appropriation nationale s’agissant notamment de l’élaboration de modèles de développement qui correspondent à leurs vrais besoins.  Aucun pays ne peut atteindre le développement à lui seul, a-t-il souligné.  M. Aiqing Fang a ensuite fait savoir que depuis 2008, la Chine est le plus grand marché d’exportation pour les biens et produits des PMA, et qu’en 2015 elle compte lancer des initiatives destinées à appuyer davantage le développement des PMA avec lesquels la Chine entretient des relations diplomatiques.


M. MARTIN RIVERO, Directeur exécutif de l’Agence uruguayenne de coopération internationale, a fait observer que ces dernières années ont vu une multiplication d’évènements relatifs à la coopération Sud-Sud.  Cependant, il n’existe pas de chiffre d’ensemble sur la contribution de la coopération Sud-Sud au développement, a-t-il noté.  Il a souligné que cette coopération doit être caractérisée par des relations intergouvernementales horizontales.  Il a aussi suggéré la rédaction, en 2017-2018, d’un rapport d’ensemble sur la méthodologie et les termes techniques agréés afin de permettre aux États Membres du Sud de suivre une méthode graduelle élaborée sur la base de leurs propres méthodologies.  Pour se faire, M. Rivero a appelé les États Membres à convenir des principes directeurs de ce rapport, à lui consacrer suffisamment de ressources et à élaborer des structures de gouvernance et d’administration appropriées.  La qualité de notre coopération doit être améliorée, et nos citoyens et peuples méritent de savoir sur quoi nous travaillons, sans compter qu’un tel rapport nous permettrait d’améliorer la qualité de l’aide Sud-Sud, a-t-il indiqué.


Intervenants


Mme MARIA ANDREA ALBAN, Directrice chargée de la coopération internationale, du Ministère des relations extérieures de la Colombie, s’est félicitée du fait que la coopération Sud-Sud n’est pas assortie de conditionnalités venues d’ailleurs.  Elle a expliqué que la Colombie cherche à diversifier ses activités dans le domaine de la coopération Sud-Sud, qui y est financée à hauteur de 8 millions de dollars par an.  Des stratégies spécifiques ont par ailleurs été élaborées à l’intention de l’Afrique, de l’Asie et des Caraïbes avec pour objectif ultime la lutte contre la pauvreté, a-t-elle précisé.  Elle a indiqué que la coopération traditionnelle avec les pays du Nord doit néanmoins se poursuivre et que la multiplication des défis, comme par exemple les changements climatiques et les catastrophes naturelles, exigent une augmentation des ressources de l’APD.


M. FERNANDO JOSE DE ABREU, Directeur de l’Agence brésilienne de coopération du Brésil, a fait observer que l’expérience commune des pays du Sud leur permet d’identifier avec plus de facilité des solutions communes à leurs problèmes.  Il a cité en exemple un projet de culture de plusieurs variétés de coton brésilien dans différents pays d’Afrique.  En Jamaïque, une initiative a aussi été lancée pour combattre la drépanocytose, ou anémie à hématies falciformes, en s’inspirant de l’expérience brésilienne.  Le Brésil privilégie la coopération en nature, et ne recrute pas de consultants, ce qui lui permet de réduire ses frais d’opérations de 10%, a-t-il indiqué.


M. MOHAMMED AL-JASSER, Ministre de l’économie et de la planification du Royaume d’Arabie saoudite, a indiqué que depuis 1974, son pays avait contribué 100 milliards de dollars au développement de plus de 95 pays en développement, ce qui représente environ 6% de son PIB annuel.  Il a appelé les organisations internationales à disséminer les bonnes expériences de pays en pays, afin de renforcer l’efficacité de l’aide.  Les banques de développement ont un rôle  particulièrement important à jouer en la matière, a-t-il ajouté.  Le Ministre de l’économie saoudien a souligné que la stabilité est un élément préalable et nécessaire au développement.  Il a aussi souhaité que le programme de développement pour l’après-2015 soit sensible aux différences culturelles et sociales entre les peuples et les pays.  M. Al-Jasser a ensuite mis en garde contre une imposition fiscale trop importante de l’énergie dans les pays pauvres, et il a estimé nécessaire d’examiner la question des subventions agricoles qu’accordent les pays développés à leurs agriculteurs et exportateurs de produits alimentaires.  Il faut passer d’une économie du développement à une économie de l’efficacité afin de pouvoir accorder plus d’attention à l’efficacité plutôt qu’au montant de l’aide, a-t-il par ailleurs recommandé.


M. MEHEMET SÜREYYA ER, Vice-Président de l’Agence turque de coopération et de coordination, a résumé les messages issus des réunions du « Core Group of Southern Partners ».  Il a tout d’abord expliqué que, malgré la diversité des pratiques en matière de coopération Sud-Sud, il existe une base et un terrain qui sont communs.  C’est une coopération sans conditionnalités, qui est de nature volontaire, qui se fonde sur la demande et qui respecte les principes de justice sociale et la souveraineté des pays.  Nous avons partagé les méthodologies et les moyens de suivi de cette coopération, a-t-il aussi indiqué.  Il a aussi été noté, au cours de ces réunions, que la coopération Sud-Sud n’est ni supérieure ni inférieure à la coopération Nord-Sud, a souligné M. Sureyya Er.  Le « Core Group » a aussi souligné qu’il fallait évaluer cette forme de coopération avec certaines méthodes, tout en facilitant les échanges d’informations et de connaissances.  Cette réunion a donné aux participants l’occasion de mettre l’accent sur les principes communs de la coopération Sud-Sud et sur son caractère très utile pour l’aide au développement. 


Principaux participants


M. KUMAR TUHIN, Secrétaire adjoint du Partenariat pour les relations économiques et le développement au Ministère des affaires extérieures de l’Inde, a souligné que la coopération Sud-Sud couvre un large éventail de questions.  La tentation d’adopter une approche uniforme ne doit pas masquer les disparités qui existent dans ce domaine, a-t-il dit.  Il a plaidé en faveur des sources traditionnelles d’APD, auxquelles s’ajoutent les ressources de la coopération Sud-Sud. 


M. THOMAS FUES, Chef du Département de formation, de l’Institut allemand de développement, a indiqué que cet Institut compte de nombreux enseignants qui viennent de pays en développement.  Il a constaté que les donateurs d’aide du Sud sont réticents à financer des études empiriques conceptuelles.  Il a insisté sur la nécessité de financer les analyses de la coopération Sud-Sud, et a appelé les pays du Sud à financer la publication d’un rapport d’ensemble sur la coopération Sud-Sud. 


M. PAOLO ESTEVES, Superviseur au Centre de politique du Groupe BRICS, a constaté que la coopération en matière de développement est marquée par deux tendances, à savoir la visibilité croissante de la coopération Sud-Sud et la pertinence croissante des investissements privés.  Il s’est interrogé sur la meilleure façon de renforcer les relations entre le développement et les investissements privés avec l’aide de la coopération Sud-Sud.  Il a par ailleurs constaté que de nombreux projets lancés en Afrique connaissent des faiblesses de mise en œuvre, car ils ne bénéficient pas de l’appui du public et sont donc souvent voués à l’échec.


Débat avec les États Membres


Le représentant du Mexique a fait observer que certaines initiatives avaient déjà été lancées pour rédiger un rapport d’ensemble sur la coopération Sud-Sud.


La représentante d’El Salvador a insisté sur l’importance de la participation citoyenne, ainsi que sur la nécessité de renforcer la coopération horizontale entre les pays.  La représentante de l’Équateur a estimé de son côté que la contribution de la coopération Sud-Sud au développement dans un contexte régional est particulièrement importante.  Il n’y a pas que des ressources financières à mobiliser, mais aussi d’autres formes de capitaux, comme le savoir, a-t-elle commenté.


De son côté, le représentant du Royaume-Uni a fait observer que les pays du Nord peuvent eux aussi bénéficier de l’expérience des pays du Sud dans certains domaines.


Cette table ronde était animée par Mme AFAF KONJA, Porte-parole du Président de l’Assemblée générale, qui a fait observer que la coopération Sud-Sud permet de renforcer la confiance, mais qu’elle ne pourrait cependant pas fonctionner dans l’autonomisation de tous les êtres humains, dont les femmes et les jeunes.


Dans ses remarques de clôture, la Vice-Présidente de l’ECOSOC a estimé qu’il faudra privilégier à l’avenir une coopération non plus unidirectionnelle mais multidirectionnelle.  Elle s’est aussi félicitée du lancement, la semaine prochaine, par les BRICS, de la nouvelle Banque de développement BRICS, qui est un nouvel instrument de mobilisation de fonds pour le financement du développement.


*   ***   *

À l’intention des organes d’information • Document non officiel
À l’intention des organes d’information. Document non officiel.